Aoki était bizarre ? Non, Aoki était lucide, très clair, naturelle. Elle avait été dans son enfance un exemple pour les parents Japonais typique. Calme, bonne élève, douée dans tout ce qu'elle faisait que ce soit par pur talent ou à la sueur de son front, elle avait été parfaite. Mais elle n'avait du coup pas profiter de sa jeunesse, les joies du sexe, même les plus innocentes, elle ne les avait découvert que bien plus tard, à plus de dix-huit ans. Et en rattrapant ce retard, elle a vite fini emporté par ce torrent, finissant par devenir ce qu'elle était aujourd'hui, une perverse qui s’assume mais qui se cache aussi. Compréhensible, elle n'allait pas serrer la main d'une inconnue lors d'un rendez-vous et lui proposer un collier et une laisse qui irait bien avec son tailleur.
Allongée sur le lit, elle savourait ce verre comme une victoire. Soyons honnête, même en étant une maîtresse, ce n'est pas tout le monde qui irait faire ce qu'elle a demandé dans sourciller. Elle laissait donc Doutzen se coucher contre elle, un verre dans une main, des cheveux qu'elle caressait dans l'autre. Aoki était douée, pas parfaite sinon elle ne se serait pas faite piéger par Reto mais elle était douée. Elle savourait ce silence qui accompagnait bien son petit cocktail qu'elle but avec un sourire. Comment décrire ce goût ? C'était une chose impossible, certes le whisky, c'est du whisky, mais la mouille... c'est comme vouloir décrire un nuage, tous sont similaires et tous sont différents à la fois. C'est pousser la comparaison loin mais comme comparer un ADN, en apparence, c'est pareil mais il n'en existe pas deux identique.
Elle laissa à Doutzen une petite fleur, l'occasion pour elle de vouloir peut-être demander quelque chose de plus classique ou d'audacieux ? Même si en vérité, elle comptait voir où ses envies allaient l’amener, dépassant ou non la bonne grâce d'Aoki. La belle demoiselle se blottissait un peu plus contre elle avant de poser une question qui l'étonnait. Aoki avait quelqu'un dans sa vie ? Oui et non... Elle était amoureuse, elle avait envie d'aller plus loin avec Félicia mais... elle avait fait le premier pas avec Hitomi et elle avait tout gâché alors elle ne voudrait pas que cela recommence une nouvelle fois...
Doutzen parlait, évoquant non pas qu'Aoki dévoile ce qu'elle pourrait cacher mais plutôt l'envie de rester avec elle, de continuer ce chemin, sa formation, ses rêves... Elle gardait un regard sur elle, sans insister, sans changer de ton, d’expression, elle la laissait parler en caressant doucement ses cheveux d'or. Aoki resta silencieuse un petit moment, même une fois que Doutzen avait fini de parler, réfléchissant à tout cela. C'est vrai que former, c'est son métier, son boulot, sans parler sexe bien sûr, elle faisait en sorte de faire grimper des jeunes vers les étoiles, qu'ils tentent de faire briller la leur plus longtemps possible. Et Doutzen avait vraiment du potentiel, ce serait dommage de jeter une telle chose... Elle évita de parler de ses histoires de cœur pour le moment, peut-être un piège de Reto – même si Félicia saurait se défendre – mais aussi, elle n'avait pas envie de repenser à ses peines de cœurs.
« Je ne veux pas être une personne extérieure à son système, je veux que nous soyons des personnes extérieures à son système Doutzen. Il n'est peut-être pas ton vrai père, je ne peux pas m'empêcher de trouver ça ignoble la façon dont il se sert de toi. Tu n'as pas sourcillé une seule fois avec tout ce que j'ai fait, proposer, tu... tu es si jeune et pourtant, tu as jurement vécu bien que ça ce soir... Tu n'a pas mérité tout ce que tu as vécu, tu mérites mieux... »
Aoki la gardait contre elle, dans ses bras en posant sa tête sur ses cheveux. Il n'était plus question de domination là mais... de quelqu'un, d'une présence, de la rassurer.
« Tu as du talent Doutzen, tu veux devenir une star de cinéma, tu le pourras ma chérie, je ferrais tout pour que tu réussisses ton rêve, je te le promets. Tu sais quoi ? Je ne vais pas être ta maîtresse sur la durée, enfin oui mais non. Je serais ta maîtresse jusqu'à ce que tu sois vraiment célèbre, que les producteurs s'arrachent ton nom que ce soit pour une pub ou un grand rôle ! Comme un oisillon avant son premier vol, je prendrais soin de toi de A à Z, quand tu seras une star... je ne serais plus ta maîtresse. Mais jusqu'à ce que ce jour arrive, je veux une chose de toi Doutzen, une seule chose... Je veux être l'unique maîtresse à tes yeux, l'unique personne qui te dira quand rire, quand pleurer, quand sourire, quand t’énerver, quand jouir... Je ne veux pas que Reto se serve de toi, cela a trop duré, tu as assez donné pour lui. S'il t'aime vraiment comme sa fille, il doit dire oui et te laisser prendre ton envol. Je ne te dis pas de le renier... même si personnellement, je verrais cela d'un bon œil. Je te dis juste que dorénavant, tu n'es plus sa chose... tu es la mienne Doutzen... »
C'était étrange, Aoki se montrait à la fois très protecteur et très... maîtresse justement. À la fois libre et sa possession. Elle ne savait pas sur quel pied danser... Il était évident que cet abruti de Reto ne risquait pas de lâcher Doutzen comme ça mais Aoki aimerait tant que ce soit le cas, pas pour vraiment en faire sa chose, pour qu'elle soit libre d'être une jeune femme. De vivre selon son envie. Doutzen était comme Aoki en sa jeunesse, en son opposée. Aoki avait été baigner par l'éducation, privilégiant les études avant tout le reste et Doutzen avait été un objet pour son père, pour ses affaires, faisant passer son argent avec sa « famille ».
« Je ferais en sorte que ton rêve se réalise ma chérie... »
Oui, loin de ce gros porc, quitte à ce qu'elle enfonce elle-même le couteau et le dénonce. Doucement elle passa sa main sous son menton pour lui faire redresser le visage, la regardant dans les yeux.
« Suis-je ta seule Maîtresse désormais ? »
Il est évident que désormais, elle va tout faire pour obtenir Doutzen, tant pour que son rêve devienne réalité que pour en profiter aussi. Joindre l'utile à l'agréable. Et puis en toute franchise, si Doutzen venait à refuser ses avances un jour, elle comprendrait et s'en ficherait. Elle était là pour l'aider, pas pour profiter de son corps.