Quand elle avait avoué ne pas connaître cette "Double-Lune", qui était certainement un nom de code d'ailleurs, Raphaël avait alors parlé d'une Andizia. Cela devait être le véritable nom de cette personne. L'emploi du féminin suggérait d'ailleurs qu'il s'agissait d'une femme, tout autant que son nom. Lucy ne savait pas exactement les informations qu'on connaissait sur elle. Sa seule certitude était qu'on avait demandé à un membre de sa famille d'adoption, certainement Kouta ou Nana. Car seuls eux étaient au courant de la bi-personnalité de la diclonius. Son choix se porta plus sur Kouta, car apparemment, on n'avait pas parlé aux jumeaux de la malédiction. Et c'était parfaitement une attitude digne de lui de la protéger.
Raphaël semblait tout aussi fatigué qu'elle, sinon plus. Ses yeux commençaient à se fermer tout seuls, tandis qu'il baillait ouvertement sans essayer de se cacher.
A sa demie-provocation, Nathalie lui répondit :
Désolée si tu t’es sentie insultée, c’était pas fait pour. Bonne nuit.
Lucy avait alors soupiré bruyamment. Il était clair qu'elle sous-estimait totalement le niveau de dangerosité des diclonius, et se mit à craindre pour sa vie. Elle se promit qu'elle en toucherait un mot à Raphaël dès que possible. Mais pour l'instant, dodo ! L'homme qui pouvait bien être le chef de cet "ordre" se leva alors, confirmant le sentiment de fatigue que Lucy avait tantôt remarqué, et les guida vers la porte par où on avait emmené Nathan. Il parla rapidement avec lui, puis avec Nathalie qui resterait finalement ici un moment. Le groupe, alors amputé des deux jumeaux, changèrent de pièce et se retrouvèrent dans un long couloir au premier étage. Il devait bien y avoir une vingtaine ou une trentaine de chambres, sinon plus. Elle fut surprise devant la taille de l'infrastructure.
Il montra aux filles une des portes. La n°5.
Celle-là est libre. Et si vous voulez faire chambre séparée, euh…celle-là, là-bas, est libre aussi. Voilà. Si vous avez des questions, je suis dans la 1.
Il avait alors montré la n°7, contiguë à la n°5. Il repartit alors en sens inverse, rejoignant sa propre chambre. Lucy et Amélie se retrouvèrent alors seules. Cela tombait bien, il fallait qu'elles parlent. Lucy invita alors la Neko dans sa chambre. Leur discussion dura une bonne heure, pendant laquelle on pouvait entendre à travers la porte quelques éclats de surprise, tantôt de la part de la Neko, tantôt de la part de la mutante. Elles se racontèrent mutuellement leur histoire, et ce qui les avaient mené ici. La discussion se termina lorsque Amélie embrassa rapidement Lucy sur les lèvres. Cette dernière, surprise, l'avait alors gentiment éconduite, peu habituée à des telles marques de tendresse. Elle passa alors une nuit réparatrice d'une douzaine d'heures.
Amélie, quant à elle, avait été déçue que la mutante la repousse ainsi. Elle avait alors dit que, sur Terre, les preuves d'amour comme cela engageait souvent les personnes. Mais elle s'était déjà engagée en acceptant de devenir son élève. Elle ne voulait peut-être tout simplement pas... Pas grave, elle se débrouillerait et retenterait sa chance à un moment plus favorable. Car elle était tombée amoureuse de la mutante qui l'avait sauvée, tel un coup de foudre. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle avait pris l'initiative de l'aider pour la malédiction. Et elle savait que la Neko ne l'indifférait pas, car elle ne l'aurait pas sauvée dans ce cas. Il lui fallait juste attendre le moment propice. Elle gagna sa chambre, se déshabilla totalement, et se glissa sous la couette. Elle s'endormit immédiatement, écrasée par sa soudaine liberté.
Ce fut cette dernière qui se réveilla en première. Elle bailla, s'étira longuement, s'habilla, et sortit de la chambre. Elle croisa alors un humain qu'elle ne connaissait pas et qu'elle salua brièvement. Elle toqua à la porte de la diclonius, qui ne semblait pas réagir. Elle rentra alors dans la pièce, et la vit en train de dormir. Elle fut émue. Elle était très belle dans son sommeil. Comme apaisée. Elle la réveilla d'un doux baiser sur la joue et avec des chuchotements disant qu'il fallait se lever. Tout d'un réveil agréable selon l'ancienne esclave. Quand celle-ci ouvrit finalement les yeux, elle la remercia de l'avoir réveillé, puis l'enjoint de sortir le temps qu'elle s'habille. Celle-ci s'exécuta, se rappelant de leur discussion de la veille. A peine deux minutes plus tard, la mutante la rejoint à l'extérieur. Les deux jeunes femmes allèrent alors au rez-de-chaussée et retournèrent vers le bar.