Justement, c'est ce que je reproche à l'humanité, cette incapacité de se mêler de ses affaires et point. C'est quelque chose que l'animal peut faire et que l'homme ne peut pas faire. La preuve est que je m'occupe des affaires des autres. Avec dégoût et mépris, soit, mais je m'en occupe quand même. L'humain est une créature qui ne peut pas vivre sans société, ou alors difficilement. En soi, l'asocial fait partie de la société aussi, peu importe à quel point il aimerait ne pas en faire partie.
On combat un ennemi artificiel, créé par nous-mêmes. Je suis bien d'accord. Rares sont les personnes qui peuvent se regarder dans le miroir et se dire "Non, je n'ai rien à changer, je suis parfait comme je suis" et juste repartir. Si un jour ce trait de s'occuper des autres pour se sentir mieux disparait, on reprochera alors à l'Homme de ne pas assez s'occuper des autres. Nous ne sommes pas imparfaits : nous sommes l'imperfection même.
Et c'est tant mieux, sinon on s'ennuierait quand même sec. A moins que l'ennui ne soit un défaut, auquel cas on trouvera un moyen de supprimer ce besoin de s'occuper. Alors nous deviendrons tous plus ou moins des larves ne vivant que pour vivre, comme l'animal. Inconscient du fait qu'il va mourir un jour, sans angoisse, sans peur. Sans gêne, non plus. Et sans notion d'être gêné, non plus. Alors il ne s'occupera pas d'autrui, mais autrui sera trop occupé avec lui-même pour le lui reprocher.
On ne sera jamais parfaits, justement parce que nous avons une conscience aussi développée de nous-mêmes. On se trouvera toujours un défaut que l'on voudra corriger, et qui laissera place à un autre défaut. Parce que les goûts changent selon les personnes. Une personne se trouvant parfaite ne sera jamais parfaite pour quelqu'un d'autre. Mettons que quelqu'un ne se trouve pas assez sérieux, et fasse de son mieux pour devenir plus sérieux. Alors quelqu'un qui considère le sérieux absolu comme un défaut sera déçu.
Evidemment que j'aurai toujours une raison d'être misanthrope, si la perfection n'existe pas. Ma misanthropie est d'ailleurs un défaut qu'il me faudrait corriger, si on suivait cette logique. Mon mépris pour l'Homme vient de l'Homme lui-même, évidemment. Puisque tout existerait sans l'Homme, et pourtant rien n'existerait pour autant. L'être humain est une créature fascinante, et pourtant détestable.
Je me considère souvent comme un grand misanthrope, détestant la race humaine pour tous ses défauts. Mais il y a une part de faux dans cette définition : je suis également intéressé par tous ces défauts, et intéressé par le fait que nous sommes seuls créateurs d'un des plus grands paradoxes de ce monde. On recherche la perfection, on souhaiterait toujours devenir meilleurs. Et pourtant, cette quête de la perfection n'apportera que plus de différences, plus de défauts.
Il est chose hypocrite que de détester l'humain pour ce qu'il est, sachant que c'est ce qui nous constitue également. Bien évidemment. Mais j'ai envie de dire, c'est comme ça et c'est tout. C'est l'une des nombreuses tares de l'humain. Que je continuerai à mépriser, mais que je ne chercherai pas à changer.
14:31
Ca faisait longtemps que j'avais pas fait un pavé pareil sur l'HP, tiens...