« Mais tu peux me le dire, tu le trouves mignon ? Quoi que, tu es peut-être mariée ou un petit ami ? Moi je me suis dis que c'était pas la peine que je cherche ce genre de choses avec mon style de vie. »
Stéphanie esquissa un léger sourire, tout en veillant à adapter son allure. Avec un tel engin, c’est qu’il était assez facile de dépasser les limitations de vitesse, et elle ne tenait pas à donner le mauvais exemple à Ayane... Cette jeune femme était déjà bien partie dans cette voie-là. La voiture roulait rapidement, retournant vers la ville, et Stéphanie lui répondit assez rapidement.
« Je n’ai pas de copain, non... Et oui, Lloyd est craquant. Mais, si tu le dis à un homme, il va se faire des idées, et te prendre pour une fille facile. Parfois, il faut les laisser mariner un peu, afin qu’ils se donnent du mal. La séduction, Ayane, c’est important. »
Elle avait presque l’impression de parler à une hypothétique petite sœur. Cette comparaison la fit lentement sourire, alors qu’on apercevait les tours de la ville, de plus en plus proches. Stéphanie s’engagea sur le périphérique, tout en donnant à Ayane quelques informations sur le monde actuel. Elle ne pouvait pas tout voir, et balança des idées à la pelle. Le monde était en paix globale depuis la chute de l’URSS et la fin de la Guerre Froide, mais les menaces existaient toujours. Elles n’étaient plus sous la forme d’États, mais de groupuscules terroristes, soutenu par certains États. Les terroristes étaient la menace principale des dernières années, ainsi que la hausse des grands réseaux criminels, qui sévissaient un peu partout dans le monde. Elle lui expliqua que les satellites étaient des appareils électroniques qui flottaient dans l’espace, et gravitaient dans l’espace, à la manière du satellite naturel de la Terre, la Lune. Ils permettaient une transmission des informations à l’échelle mondiale en une période instantanée. Ceci l’amena naturellement à évoquer le grand changement de la fin du siècle dernier : les télécommunications.
« Grâce à l’essor de l’informatique, d’Internet, il est possible d’envoyer instantanément un message de Tokyo jusqu’à Paris, par exemple. »
Le monde rapetissait au fur et à mesure que les années passaient. En quelques heures, on pouvait désormais en faire le tour, alors que, jadis, à l’époque de Jules Verne, il fallait compter ça en mois. Elle lui expliqua sommairement ce qu’était l’informatique : une technologie qui remontait concrètement à l’aube des temps, depuis que les hommes avaient inventé des machines pour les aider à calculer. Un ordinateur était l’évolution moderne et complexe des bouliers et des calculettes, et l’invention de l’ordinateur pouvait remonter jusqu’à Alan Turing, un mathématicien qui, peu avant la Seconde Guerre Mondiale, avait théorisé le concept d’un ordinateur. L’informatique avait ensuite connu un formidable essor durant la Guerre Froide, bien que, à cette époque, les ordinateurs étaient réservés à des groupes d’érudits très fermés : des passionnés, des scientifiques, et l’armée.
« Depuis la fin des années 1990’s, l’ordinateur s’est répandu partout. C’est une véritable révolution technologique, Ayane. Le numérique est présent absolument partout, que ce soit au niveau des administrations, des entreprises privées, et même des particuliers. C’est le successeur de la télé, si tu veux. Ça, et Internet. »
Elle lui présenta Internet comme un immense réseau de télécommunications virtuel, initialement conçu par l’armée américaine pour faciliter la communication. Internet avait été privatisé, et constituait probablement la plus grande invention de l’humanité depuis l’invention du silex et du feu de camp.
« Le son et la vision, voici ce qu’un ordinateur retransmet, pour l’heure. Tout ça doit sans doute te paraître assez compliquée, mais tu as pu en avoir un aperçu, sur la console de jeux. Ce que tu as vu sur l’écran, c’était du numérique, et, à peu de choses près, les consoles actuelles ressemblent à des ordinateurs. »
Stéphanie sortit sur une bretelle d’autoroute, et s’engagea vers un grand complexe commercial situé à périphérie de la ville, avec de nombreux parkings, et différentes boutiques. Elle s’arrêta au premier étage d’un parking aérien.
« Bon ! Je t’en dirais plus tard, si tu le veux. En résumé, Ayane, il te faut quasiment oublier tout ce que tu sais du monde depuis les années 1980’s. En 40 ans, l’espèce humaine a connu un véritable bond technologique, et a progressé bien plus que l’humanité toute entière ne l’a fait en 400 ans. »
Naturellement, son exposé était loin d’être complet. Stéphanie avait évité de parler de ce qui se fâche, afin d’avoir un point de vue global : le creusement terrible des inégalités sociales, la hausse des problèmes écologiques, de la pollution, la disparition des animaux, les conflits militaires, l’existence de zones de non-droit, les massacres et les tueries... Elle aurait amplement le temps d’évoquer les côtés négatifs. Autant se concentrer sur les bonnes choses.
« Et tu veux des lunettes de soleil, donc ? Ma foi, il devrait y avoir moyen de te relooker à la mode du 21ème siècle ! »