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[Terminé] Le Fléau [Partie 2] [PV]

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Cirillia

Humain(e)

Re : Le Fléau [Partie 2] [PV]

Réponse 15 lundi 13 janvier 2014, 02:31:33

« Drôle de type, non ? »

Kynarth haussa les épaules. Ils se trouvaient dans le refuge de Nyoron. Dehors, la nuit s’était abattue comme une chape de plomb, et, en tendant l’oreille, Ciri’ pouvait presque entendre les hurlements des loups et des Wargs. L’épée du Roi de Meisa gisait dans un coin de la pièce, contre le mur, tandis que Nyoron vérifiait la consistance d’un feu. Le guide aurait bien utilisé sa magie, mais il faisait partie de ceux qui considéraient que, dans la mesure du possible, il fallait laisser les forces naturelles agir, afin de ne pas dépendre de la magie. Un feu déclenché par magie tiendrait, de fait, moins longtemps, qu’un feu naturel. Dans l’absolu, il utiliserait la magie pour faire démarrer les flammes. Près de l’âtre de la cheminée, il empilait de grosses bûches sous des brindilles et des morceaux de bois.

Ciri’ était assise à même le sol, dans un angle de la pièce, tandis que Kynarth nettoyait ses lames. Un léger silence planait dans le refuge, rompu par les craquements du bois quand Nyoron déplaçait les branches dans la cheminée. Il était tout à fait possible que les Wargs attaquent encore le Roi de Meisa, bien que ce soit, concrètement, peu probable. La meute qui les avait attaqués avait souffert, et il était peu probable qu’une autre meute ne débarque.

Hodor, quant à lui, était au fond de la cabane, pansant ses plaies avec des chiffons et des serviettes. Il avait saigné de manière impressionnante, mais la vitalité et la constitution du semi-géant étaient époustouflantes. Une véritable machine de guerre. Pour autant, Ciri’ sentait bien qu’il avait besoin de repos. La chasseuse de monstres ferma les yeux, en laissant ses pensées vagabonder. Du Roi de Meisa, elle passa vite aux Wargs. Elle en avait déjà affrontés plusieurs, au cours de ses pérégrinations, et ils étaient souvent utilisés par les Orcs. Ces derniers, curieusement, savaient comment les apprivoiser, et les utilisaient come montures. Ils étaient l’équivalent des chevaux, attrapant les pattes des étalons pour les déchiqueter. Des montures puissantes, rapides, et mortelles. Les Wargs existaient sous des pelages différents, et, dans la tradition de nombreux clans orcs, le chef d’un clan chevaucheur de Wargs portait un Warg blanc, créature massive, si lourde que certains conteurs affirmaient qu’on pouvait les confondre avec des ours.

« Tout ce que je sais, c’est que nous n’avons pas été assez rapides. Faire un feu en pleine nuit constituait une très mauvaise idée.
 -  Vous comprenez mieux pourquoi je vous enjoignais à partir le plus vite possible. Ces terres sont longues et périlleuses. »

Ciri’ se pinça les lèvres, et se releva alors. Elle remisa sa ceinture, tout en déambulant lentement. Le refuge comprenait une seule pièce : une table, et des lits de camp. La décoration était sommaire, presque inexistante. Il y avait un tonneau de provisions dans un coin, et une carte de la région. Ciri’ se rapprocha de cette dernière, tandis que Kynarth, de son côté, loucha sur le postérieur de la femme. Il rougit légèrement, et manqua de peu de se couper à l’une de ses dagues. Il grommela, espérant que personne ne l’avait vu. Nyoron pestait contre son feu, Hodor s’essuyait en baragouinant une comptine, et Ciri’ était occupée à regarder la carte. Avec un peu de chance, personne ne l’aurait vu.

En réalité, il ne pouvait pas voir que la jeune femme était en train de sourire.

Le feu se mit soudain à démarrer, et Nyoron se redressa, en souriant.

« Voilà qui fait plaisir ! »

La porte s’ouvrit alors. Les regards se tournèrent. Kynarth rangea sa dernière dague dans son encoche, avant de voir le Roi de Meisa... Qui n’était visiblement pas d’humeur à discuter. Ciri’, bras croisés, se rapprocha de la table. L’heure de manger allait sans doute venir, mais elle craignait que les denrées du tonneau ne soient vides ou épuisées. Une inquiétude bien fausse, en réalité, car Nyoron s’était chargé de les réapprovisionner, et s’imaginait déjà faire cuire la viande qu’il avait entreposé dans ce tonneau.

Comme pour empêcher Nyoron d’aller piocher dans ses provisions, Serenos tendit la main, et des denrées apparurent, comme par enchantement, sur la table.

« Sympathique, votre besace magique » commenta Kynarth.

Les quatre s’attablèrent. Hodor, de son côté, irait certainement manger un ou deux Wargs ce soir. Ils étaient plus consistants pour son estomac que la boustifaille étalée devant lui.

« Que pouvez-vous me dire sur Gregor, Kynarth ? demanda soudain Ciri’.
 -  Cette histoire vous intéresse ?
 -  Je vous avouerai ne pas savoir grand-chose là-dessus. »

Kynarth hocha lentement la tête, comme s’il comprenait la question de la femme, et entreprit de lui faire un compte-rendu. Gregor était le frère aîné de Sandor, et les deux étaient des Commandeurs. Ils étaient tous les deux nés à Sylvandell, et Sandor assurait la fonction de « Limier », un terme pour désigner le seul Commandeur qui devait perpétuellement rester à Sylvandell, afin qu’il y ait toujours au moins un Commandeur à Sylvandell. Gregor était un être massif, une véritable montagne, d’où son surnom de « Montagne ».

« Il est encore plus grand que notre Roi, c’est vous dire. Il porte un énorme maillet dans son dos, et se bat avec deux claymores.
 -  Deux claymores ?
 -  Gregor est tellement massif que cette longue épée, qu’on porte normalement à deux mains, peut être tenue dans une seule de ses mains. J’ignore ce qui a poussé Gregor dans la démence, mais ses exactions lors des raids et des campagnes militaires menées par Sylvandell irritaient de plus en plus la Commanderie Noire. C’est un être cruel et pervers, qui prenait un malin plaisir à égorger les civils. »

Kynarth lui expliqua ensuite que Gregor avait définitivement chuté quand la milice de Sylvandell avait réalisé qu’il avait commis plusieurs meurtres à Sylvandell, chez de jeunes femmes. Des femmes qui avaient disparu, et qu’on avait retrouvé dans sa maison. La milice avait tenté de l’arrêter, avec l’aide de deux Commandeurs, dont Sandor, mais Gregor avait réussi à s’enfuir.

« Il s’est enfui dans les terres sauvages, après avoir tué un Commandeur, et blessé Sandor... Sans parler des soldats. C’est une véritable brute, un monstre de guerre. En utilisant ses compétences et ses anciens contacts, il a fondé une compagnie de mercenaires. Je ne serais pas étonné qu’il ait juré allégeance à quelques forces obscures. »

Dit comme ça, ça paraissait presque aller de soi.
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Serenos I Aeslingr

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Re : Le Fléau [Partie 2] [PV]

Réponse 16 lundi 13 janvier 2014, 22:08:10

« Tiens, Hodor, mon ami. J’ai pensé qu’un peu de jus de pomme te conviendrait. »

Le Roi avait déposé devant le colosse un grand tonneau bien lourd. Il ne savait pas si le demi-géant appréciait l’alcool, mais après ce qu’il l’avait vu faire lorsqu’énervé, l’Immortel ne désirait pas réellement le voir perdre son inhibition et qu’il ne perde plus facilement patience, donc, du jus de pomme devrait lui faire plaisir. Il adressa à l’être un sourire aimable avant de revenir à table. Il ne s’offenserait pas si le demi-géant dédaignait son présent, mais il s’en voudrait de ne pas au moins lui montrer une pensée; un fier combattant devait être aussi bien nourri que désaltéré après être allé au-devant de ses ennemis, et après ce qu’il venait de dépenser comme énergie, il ne doutait pas un instant que le brave garçon aurait besoin de se rassassier. Et puis, du jus de pommes était toujours goûteux que de l’eau, et plus nutritif aussi.

Malgré son humeur, il ne désirait pas démoraliser ses compagnons outre mesure, aussi tenta-t-il de s’armer d’un sourire qui se voulait sympathique. Une fois à nouveau à table, il écouta ses camarades parler tout en agrippant une saucisse qu’il piqua du bout d’un bâton en fer pour la faire griller sur le feu. Il n’avait pas réellement besoin de se nourrir, et il le savait, mais il pensait que la nourriture, outre son côté nutritionnel, était extrêmement importante pour la santé mentale. Du moins, il était sûr qu’elle l’était pour la sienne, car manger était une fonction propre au genre vivant, et cela lui donnait l’impression de ne pas être complètement indifférent aux beautés de la vie. Alors qu’il faisait lentement tourner la saucisse au-dessus du feu, il écoutait les histoires de ses camarades. Gregor Clegane. Serenos ne connaissait pas beaucoup de choses au sujet des Sylvandins, mais il ne pouvait ignorer la réputation d’un être aussi exceptionnellement puissant dont le nom suffisait à faire lever les voix dans une discussion. Il avait déjà affronté des êtres puissants au cours de sa vie, des trolls et des orcs bâtis comme pas deux, mais si les rumeurs concernant la Montagne n’étaient pas que des exagérations voire des bêtises, il aurait apprécié affronter en combat loyal cet humain d’exception. Mais les gens comme Gregor ignoraient tout de l’honneur et la droiture, ce qui forçait leurs opposants à requérir à toute leur ruse et leur savoir du combat pour se tirer d’un duel contre lui sans trop de souffrance.

Lorsque Kynarth acheva de décrire l’infâme personnage, Serenos jugea approprier de prendre à son tour la parole.

« Parfois, lorsqu’une personne sent que ses talents ne sont pas suffisamment pris en considérations, ou lorsque plus aucun défi ne lui semble suffisamment demandant pour avoir son attention, il se peut qu’il décide de prendre des décisions aux répercussions dramatiques pour que par la suite, il puisse prouver sa supériorité. Mais je doute qu’une personne comme Gregor Clegane ne se lie à l’Obscurité, en partie par fierté, et aussi parce que l’obscurité est la voie de la facilité, et si son but est de prouver sa force, de prouver qu’il est au-dessus de tous, il veut également le faire par lui-même, pas grâce à une quelconque force magique ou subtile. Et puis, les mercenaires détestent l’idée d’avoir à rendre des comptes à qui que ce soit, c’est déjà étonnant qu’ils arrivent à se rassembler sous les ordres d’une personne. »

La démence était souvent une notion très subjective. Les fous étaient simplement ceux qui dérogeaient aux règles de la norme, ou qui n’avaient aucun contrôle sur leurs décisions, alors que pour eux, c’était les autres qui étaient fous en raison de leur conformisme et leur soumission. Serenos, par exemple, refusait d’entrer officiellement dans la guerre entre Ashnard et Nexus, tout en restant ouvertement hostile à l’Empire. Cependant, il n’hésitait pas à s’aventurer en territoire Ashnardien s’il le jugeait bon, et parfois même d’engager des combats en territoire ennemi. Certains donc le considéraient comme fou, mais de son côté, il avait ses propres motivations pour agir ainsi, et plus souvent qu’autrement, ses décisions étaient menés par des raisonnements parfaitement logiques, quoiqu’ils restaient difficiles à expliquer à autrui.

« Ce ne sont, malgré tout, que des spéculations, je l’admets. Peut-être que Gregor a effectivement perdu la raison et qu’aucune logique ne puisse expliquer ses actes. Mais d’expérience, ce genre de personnes est tout aussi difficile à cerner que rare en ce monde. Tout le monde veut quelque chose, et cette simple volonté suffit à expliquer pourquoi cette personne n’est pas folle, simplement différente. Pour les Sylvandins, -encore une fois, pardonnez-moi si je parle en stéréotype, je ne suis pas très informé sur vos lois et votre religion plus que ce qu’il ne s’en dit hors du territoire- il vaut peut-être mieux être tué par un Dragon que tuer un Dragon. En Meisa, si un Dragon s’en prend à une personne, cette personne a parfaitement le droit de lever les armes contre la créature qui en veut à sa vie. Cependant, il est interdit de tuer librement un dragon doté d’intelligence. Les Wyrms, par exemple, sont chassés pour leurs écailles et leur langue, qui secrète un venin qui est utilisé dans la plupart des médicaments, mais comme elles sont principalement guidés par leur instinct et sont parfaitement incapables d’un raisonnement logique, elles ne sont pas protégées, alors que les Senryus, les Longs Corps, sont parfois même beaucoup plus intelligents que bien des êtres humains, et donc protégés par la loi. »

Il avait fait la remarque sur les dragons en regardant Cirillia. Il savait reconnaître une chasseuse de dragon lorsqu’il en voyait une, et il ne doutait pas un seul instant qu’une personne comme elle, qui gagnait sa vie ou prouvait sa valeur en combattant les reptiles géants, avait été regardée, ou même continuait d’être regardée, comme une parfaite cinglée dans une société où les dragons étaient considérés comme sacrés. Il lui adressa néanmoins un sourire, comme pour l’assurer qu’il ne lui adressait aucune offense. Il continua un bon moment à parler avec ses camarades avant de remarquer que la nuit commençait déjà à décliner et qu’il serait important qu’ils prennent un peu de repos. Il annonça donc qu’il allait prendre le premier tour de garde et les encouragea à manger à leur faim pour aller dormir par la suite, avant d’agripper Ehredna et de s’installer devant le refuge.

Dehors, il déballa quelques petits bijoux de surveillance qu’il avait monté lui-même; il posa au sol de petites billes, difficilement visibles au milieu des feuilles, qu’il avait enchanté, autour du refuge, puis il alla se chercher une bonne grosse pierre qu’il installa près de la porte pour s’y asseoir et tirer de son manteau un petit paquet de tabac ainsi qu’une longue pipe qu’il avait acheté à un petit groupe de marchants semi-hommes. Enfournant le tabac dans la petite chambre, il se servir d’une petite flamme magique pour embraser les herbes. Fumer la pipe était une activité qui ne réclamait pas beaucoup d’énergie, mais qui, étonnamment, permettait de passer le temps, surtout lorsque le Roi s’amusait à faire des formes avec la fumée qui jaillissait de sa bouche après chaque bouffée. À la base une invention des Ashnardiens, la pipe s’était retrouvée comme étant un objet majoritairement masculin avant l’invention de la pipe à opium, où les femmes de la noblesse y trouvèrent l’addiction parfaite à leur position des plus oisives.

Seul, il se mit à réfléchir à sa progression. Malgré sa préoccupation à l’égard de la Sorcière Noire, il se rendait graduellement compte que beaucoup de problèmes qu’il n’avait pas envisagés entouraient le retour de son ancienne épouse dans le monde des vivants. Le Roi Cramoisi semblait avoir aussi trempé dans les troubles qui avaient frappé son royaume. Une fois qu’il aurait réglé le problème avec sa défunte femme et récupéré Shunya, il pourrait s’intéresser plus sérieusement aux anciennes menaces qui continuaient leurs méfaits dans le monde. Tout ce qui pouvait potentiellement affaiblir les forces d’Althénos était un point gagné en sa faveur et celle du monde des vivants. Il aurait voulu tout régler d’un coup, mais il connaissait les méfaits de l’empressement; plus on manquait de patience, moins on voyait le tableau d’ensemble, et des erreurs fatales étaient commises à ce moment-là.

Il décida de changer de sujet de réflexion pour se tourner vers celui de Cirillia. Une femme comme elle ne se marierait certainement jamais, beaucoup trop amoureuse de sa propre liberté pour laisser qui que ce soit lui mettre des chaines, sauf peut-être à un guerrier aussi farouche que brûlant de passion sauvage. Il ne put s’empêcher de se dire qu’elle et son propre fils Alexander, tout bâtard qu’il soit, formeraient un duo des plus intéressants. « Par contre, s’ils devaient s’engueuler, je n’aimerais pas être à la place de celui qui serait chargé de les séparer… Douce Althéa, j’aurais pitié du mobilier… ». Il se surprit à ricaner, mais il s’arrêta très vite pour ne pas alarmer ses compagnons; déjà que beaucoup doutaient de sa raison, il aimerait éviter de leur confirmer leurs pensées.

Cirillia

Humain(e)

Re : Le Fléau [Partie 2] [PV]

Réponse 17 mercredi 15 janvier 2014, 02:15:58

Gregor préoccupait assez peu l’esprit de Cirillia. Elle ne l’avait jamais rencontré, et ce n’était pas un homme qui avait ravagé son village natal. Les dragons, voilà de sacrées bestioles... De vraies saloperies. Se promener à côté de toute une meute n’était pas pour rassurer Ciri’. Si ça ne tenait qu’à elle, elle les chasserait tous. Certes, Cirillia était suffisamment alerte pour savoir que tous les dragons ne réagissaient pas pareil, et que celui qui avait ravagé son village natal appartenait à une catégorie spécifique de dragons, les dragons noirs. Les plus fourbes, les plus cruels, des êtres pervers et abominables, qui crachaient un souffle noir, à l’image de leur haine. Des flammes noirâtres, magiques, beaucoup plus corrosives que le feu habituel des dragons. Les dragons dorés étaient leur opposé, car, comme en chaque chose, la Nature se voulait duale. Une force négative s’opposait à une force négative. Ciri’ avait traversé une grande partie de Terra pour retrouver le dragon noir. Elle avait entendu parler des légendes sur les redoutables dragons. Il y avait Fafnir, mais aussi la Calamité de Gilead, un terrible dragon noir qui sommeillait dans les profondeurs du royaume-charnier. Cirillia avait hésité à se rendre à Gilead, et avait choisi .Entre Sylvandell et Gielad, elle avait préféré un royaume vivant, plutôt que cette terre maudite.

*Je me demande si j’ai bien choisi...*

Les Sylvandins lui avaient dit qu’il y avait peu de chances qu’ils arrivent à retrouver ce dragon noir. Avec un peu de chance, il était mort, ou avait choisi d’hiberner, et ne se réveillerait que dans quelques siècles, pour envahir à nouveau des régions désolées, répandant son souffle meurtrier et abominable. Cirillia y songeait, alors que le Roi de Meisa l’observait, en lui parlant. Ilparlait de dragons. Elle ne répliqua pas, estimant que lui dire d’aller se faire foutre avec ces sourires à la con ne ferait pas très respectable.

De son côté, Hodor avait inspecté le jus de pomme offert par Serenos. Il avait trempé un doigt avant de lentement le lécher du bout des doigts. L’alcool était une chose qu’Hodor appréciait, mais, effectivement, la liqueur de cerise lui menait rapidement à la tête, et il pouvait alors causer quelques dégâts matériels. Pour le décourager de boire, il avait fallu qu’Alice le gronde. Ce phénomène amusait toujours les gardes. Hodor, ce mastodonte invincible, s’affaissait devant la petite Alice, qui ressemblait à une espèce de gamine. Hodor, quand il se sentait coupable, tombait sur les fesses en tortillant ses doigts, regardant partout, la tête basse, sauf dans les yeux d’Alice. Même Ciri’ trouvait ce spectacle... Troublant. Surtout quand elle voyait les piètres performances guerrières de la Princesse.

Après avoir trempé son doigt, Hodor attrapa le tonneau entre ses doigts, et le but cul sec, en reversant une partie sur son pull. Il balança ensuite le tonneau vide, qui ricocha contre le mur, et se donna une grosse claque sur l’estomac, avant de roter.

« Hodor ! Hodor ! »

Hodor n’était effectivement pas un semi-géant très éduqué. Cirillia émit un soupir, tandis que le Roi annonça qu’il sortait monter la garde.

« Ce n’est pas nécessaire, glissa Nyoron. Je dispose de glyphes protecteurs... Et, de toute manière, il y a Hodor. »

Hodor, en entendant son nom, le répéta à plusieurs reprises. Il était évident qu’il allait dormir dehors, tout simplement parce qu’il préférait l’herbe au bois ou à la pierre. Nyoron posa son bâton sur le sol, et murmura une mélopée, puis le bâton émit une lueur bleuâtre, une sorte de vague circulaire, qui dressa autour du refuge un glyphe de protection. Si un individu s’approchait, le bâton les avertirait, et lancerait des sorts de paralysie, plus ou moins efficaces. Ciri’ retira son corset ainsi que son pantalon de cuir, puis se glissa dans l’une des couchettes, sous le regard admiratif de Kynarth, qui loucha sur les magnifiques jambes de Cirillia, ainsi que sur ses belles fesses musclées.

Elle avait décidément tout pour plaire.

Ensuite, la nuit s’abattit.



« Oui, Maître... Naturellement, Maître... Je traverserais Sylvandell, comme vous l’aviez exigé... »

Dans les terres sauvages de Sylvandell, dans les profondeurs d’une grotte sombre, la Dame Grise parlait, jambes fléchies, devant une sorte de boule de cristal d’où s’échappait une vive lueur rouge pourpre. Elle était seule dans les profondeurs de la grotte. Celle qui avait un jour servi Meisa, avant de choisir de prêter sa cause à un maître infiniment plus puissant, s’entretenait avec un être malfaisant et cruel.

« Malrünn sera réveillé bientôt, glissait une voix jaillissant du cristal. Versez le sang de l’Innocente pour alimenter le Cocon.
 -  Je veille sur elle, il ne lui sera fait aucun mal avant notre arrivée à Tor-Karath.
 -  C’est dans votre intérêt. »

La Dame Grise hésita encore un peu. Elle avait accompli ce que son Maître lui demandait, car elle savait que tout ceci était nécessaire pour permettre l’éclosion du Cocon, la Grand-Œuvre du Maître. Pour autant, elle restait, malgré tout, assez nerveuse. Se pinçant brièvement les lèvres, elle réfléchit, avant de poursuivre.

« J’ai... J’ai ressenti une présence familière. Le Roi de Meisa me poursuit... »

L’image dans le bocal se troubla, montrant une image troublante. Son passé, le passé commun qu’elle avait partagé avec Serenos...

« Ne soyez pas ridicule. Vous fûtes jadis impressionnée par la force de cet homme, mais elle est insignifiante, maintenant.
 -  Je m’étonne juste de sa capacité à me poursuivre.
 -  Les représentants de l’ordre ancien se noieront dans un océan de sang et dans les larmes écarlates que le Ciel versera lorsque nous l’ouvrirons en deux. Rejoignez Tor-Karath avec l’Innocente, et versez son sang. »

L’image disparut rapidement. Le brouillard rouge s’effaça pour ne révéler rien de plus qu’une boule de cristal. Lentement, la Dame Grise se redressa, se retourna, et s’avança dans un coin de la grotte. Deux hommes apparaissaient silencieusement dans son dos, louchant sur le confortable corps de la Dame Grise. L’Innocente était là, endormie dans un sarcophage en verre, entourée de fleurs. Elle était nue, et la Dame Grise promena sa main sur le verre, un sourire sur les lèvres.

« Bien, bien... Venez à moi, mes hommes... »

Et ils vinrent, obéissant sans difficulté.
DC d’Alice Korvander.

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Re : Le Fléau [Partie 2] [PV]

Réponse 18 vendredi 17 janvier 2014, 05:46:16

L’hostilité de Cirillia n’échappa pas au monarque. Il laissa donc tomber l’idée de faire la conversation avec cette personne. Ou avec un Sylvandin point. Meisa n’était peut-être pas le royaume le plus dangereux ou le plus hostile, mais au moins, les gens pouvaient discuter sans se faire lancer des regards agressifs pour une phrase. « Douce Althea, je croyais que les Nexusiens étaient hautains et les Ashnardiens agressifs, mais ces gens combinent les deux. » Il se contint dans un nouveau silence et se leva.

Malgré les dires de Nyoron, le Roi préférait veiller un temps à l’extérieur. Malgré les connaissances de l’homme, qu’il savait futé, il n’était pas sans connaître les nombreux défauts de la magie. Celle-ci était excellente lorsqu’il s’agissait de pièges mortels, car à moins d’être incroyablement chanceux, un sortilège meurtrier ne ratait jamais sa cible, mais lorsqu’il s’agissait de protéger des gens, il préférait ses propres yeux et son épée. Alors qu’il s’attendait à être encore un moment tranquille, Hodor sortit de la cachette et regarda autour avant d’aller se chercher un Warg mort quelque part plus loin. Le Roi étira malgré lui un sourire; la force phénoménale des géants mais l’intelligence des enfants. Les gens devaient croire ce grand nigaud dangereux, et même le rejeter, mais aux yeux de Serenos, il s’agissait d’un être dont la vie se résumait aux plaisirs simples et à une joie durable. S’il se fiait à son impression du géant, celui-ci ne devait probablement donner absolument aucune valeur à l’argent, et sa loyauté à toute épreuve envers sa Princesse en faisait une créature impossible à soudoyer. En tant que tel, Hodor était le meilleur protecteur qu’une personne puisse rêver d’avoir. Lorsque le géant revint après son casse-croûte, le Roi plongea sa main sous son manteau et en tira une énorme couverture en laine, la déposant près d’Hodor.

« Tuer ».

La vision du Roi se troubla et un voile rouge s’abaissa sur sa vue. Étourdi par une soudaine douleur au crâne, il porta la main à ses yeux et respira un peu plus fort, essayant de faire passer le mal de tête par l’oxygène. Aussi rapidement que la douleur apparut, elle se volatilisa, comme un mauvais souvenir. Le Roi secoua négativement la tête et laissa le géant seul à monter la garde, revenant à l’intérieur. Voyant que tout le monde était déjà couché, il s’approcha simplement du feu et continua de fumer la pipe. Il tira alors de sa poche un petit journal, une plume et un petit encrier. S’appuyant un bras sur la table, il se mit à écrire sa mémoire de ce jour. Il y fit un bref résumé des risques à rencontrer et de ses propres conclusions. Il avait la ferme conviction que si le Roi Cramoisi avait quelque chose à voir avec les récents événements, et que Kyrian lui prêtait main forte, c’est que ses intérêts, qu’il le sache ou pas, servait également les buts de l’Incarnation de la Mort. Il commençait même à se demander si le Roi Cramoisi n’était pas un Ashansha, ou du moins un des rares hybrides ne faisant pas partie de la Lignée du Sombrechant. Cela n’était pas complètement impossible, même si peu probable en raison du désir particulier des Ashanshas de ne laisser derrière eux que des héritiers mortels, et non pas des créatures comme Serenos qui survivraient et souffriraient des affres du temps. Une fois lassé de ses écritures, il laissa tomber sa plume, attendant que l’encre ne sèche, puis il referma son carnet avant de le ranger dans son manteau. En s’approchant d’une des couches libres, il accrocha celui-ci à un crochet avant de défaire les courroies qui maintenaient la partie supérieure de sa tenue de combat, révélant une musculature surprenante compte tenu de sa taille et surtout un nombre impressionnant de cicatrices. Certaines, profondes, formaient un relief sur sa chair. Pour un œil connaisseur, la plupart avaient été faites par de longues et laborieuses séances de tortures, alors que d’autres avaient été faites sur un champ de bataille. Il étira ses muscles endoloris par la route, puis il se laissa tomber assis sur le lit avant de retirer ses bottes et ses chaussettes, s’allongeant ensuite sans avoir réellement l’intention de dormir.

***

Du fait de sa carrière de serviteur du monde des morts, Kyrian était accoutumé à d’incroyables atrocités. Il avait même réalisé certaines d’entre elles sans même avoir ressenti le besoin de s’arrêter ne serait-ce qu’une fois parce qu’elles assuraient la progression de ses objectifs. Cette fois, par contre, cela n’avait rien à voir avec ses projets de prolonger sa propre existence en dehors du monde des mots; c’était du pur meurtre, une atrocité qui ne faisait que nourrir les dessins d’un homme purement malveillant, un être qui n’aurait même pas sa place dans le royaume du maître. Il avait regardé la Dame Grise un long moment parler avec cette maudite sphère pourpre avant de lui offrir son bras pour l’aider à se relever. Elle annonça qu’ils se mettaient en route et des huit êtres encapuchonnés qui les accompagnaient, quatre délaissèrent la formation pour s’emparer du sarcophage de verre et le soulever de terre, se flanquant sur les talons de leurs semblables. Quand ces derniers prirent la liberté de regarder le corps de sa maîtresse, le Chevalier leur adressa un regard particulièrement menaçant qui les dissuada de se permettre davantage. Une fois assuré de leur bon comportement, il dévisagea la Dame.

« Avec toutes ces discussions magiques, ma Dame, je crains que nous ne tombions très bientôt sur Serenos. Nous avions l’avantage en Meisa car il était seul, et que vos serviteurs ne sont pas de simples menus fretin, mais nous avons profité des effets de l’oisiveté de Meisa sur lui. Avec les embuches du chemin, il y a de grands risques qu’il nous pose de véritables problèmes à notre prochaine rencontre. S’il récupère sa vigueur combattive, je doute pouvoir lui tenir tête bien longtemps. »

Kyrian n’était pas d’un naturel nerveux. Ce qui arrivait à autrui ou même à lui-même ne lui importait que peu, mais il supportait très mal l’échec, et avec toutes ces conversations et l’usage constant de la magie, Serenos finirait par balayer le terrain et il n’aurait aucun mal à trouver le rassemblement de personnes mal intentionnées, même si grâce à la pureté de l’âme qui l’habitait malgré ses actes maléfiques, Kayla passait relativement inaperçue au radar de son ancien amant. Lorsqu’il regardait cette femme telle qu’elle était, le Chevalier semblait hésiter à la considérer comme une victime. La nécromancie était l’art de soumettre à son contrôle l’âme d’une personne, mais il était toujours possible à cette même âme de combattre le contrôle. Or, l’Âme de la Reine Sérénité ne luttait pas dans son armure de chair, elle attendait, patiemment, que le moment vienne. Quel moment? Il ne pouvait en être parfaitement sûr.

« Dites-moi. Que ferez-vous lorsque vous croiserez Serenos? Il ne reculera devant rien pour récupérer l’Innocente. Avez-vous élaboré une stratégie pour le neutraliser?

***

Le lendemain, le Roi maintint un silence de mort. Aglaë dirait que ce n’était que son humeur massacrante du matin, mais en toute honnêteté, il avait épluché tous ses sujets de conversation la veille, et avec les réponses qu’il recevait, il avait compris qu’il était inutile pour lui de chercher à se faire des amis en Sylvandell. « Je pourrais inventer des dictons, après cette expérience… » ronchonna-t-il mentalement en fixant le sol, la capuche sur la tête. Entre Tywill la brutasse, Kynarth le jeunôt, Nyoron le direct et Cirillia la susceptible, il n’y avait finalement qu’Hodor qu’il arrivait à apprécier. Mais il était inutile d’essayer d’engager une quelconque conversation avec celui-là; il n’était pas la Princesse; ses répliques basées sur son surnom ne pouvaient pas consister à une réponse à ses yeux. Pour une personne extérieure, lui adresser une parole reviendrait à essayer de lui parler au travers d’un mur de béton armé, et lorsqu’il était interrogé, il n’offrait qu’une réponse monosyllabique ou un grondement approbateur ou désapprobateur. « Tu es en territoire ennemi », voilà ce qu’il comprenait, et voilà tout ce que cette terre maudite par les Dieux lui faisait ressentir.

Silencieusement, et ce jusqu’à ce qu’ils atteignent les tribus, le Roi rêvassa du temps béni où Liam et lui parcouraient les territoires encore inexplorés de Meisa pour y découvrir soit des trésors incroyables ou des dangers des plus intenses, ce même temps où il serrait les doigts de Nöly ou parlait avec Jamiël et la petite Aglaë de la magie et des belles réalisations qu’il avait accompli à l’époque. Maintenant, le voilà qui courait derrière le fantôme d’une épouse défunte pour sauver une inconnue qui lui a préféré une traitresse pour arrêter une catastrophe dont il ne pouvait qu’entrevoir la gravité. Tout ça parce qu’une fois, Liam et Nöly lui avaient fait jurer de protéger Elena si quelque chose leur arrivait, et que du coup, tout ce qu’il pouvait faire pour protéger Elena, c’était éviter qu’une dégénérée ne mette le monde à feu et à sang simplement parce qu’une petite voix dans sa tête lui a dit de le faire. « Je croyais m’être débarrassé des nécromanciens depuis Owen… » grogna-t-il en pensée, alors qu’ils arrivaient à une première tribu. Soudainement, il s’immobilisa et renifla l’air.

« Ça sent le Sorceleur...  fit-il remarquer à mi-voix. »

Au cours de sa vie, le Roi de Meisa n'avait fait la rencontre que de trois sorceleurs, mais tous lui avaient rendu un fier service, avant de disparaître à la recherche de monstres à tuer. Ces moines guerriers aux capacités surhumaines avaient les compétences martiales presque qu'égales à ceux d'Alessa, la Matriarche de ses Meisaennes, mais possédaient un savoir, bien que réduit, de la magie, ce qui en faisaient des combattants redoutables. Des chasseurs de monstres professionnels, qui passaient leur vie sur les routes pour débarrasser le monde des créatures nuisibles, suivant un code relativement simple par rapport à qui et quoi ils étaient autorisés à tuer, ainsi qu'à des procédures de chasse particulièrement poussées. Si Serenos n'avait pas été Roi, il se serait peut-être même porté volontaire pour rejoindre cet ordre, qui remplissait parfaitement son rêve secret de liberté et d'excitation, mais Roi il était, Roi il resterait.
« Modifié: vendredi 17 janvier 2014, 05:59:47 par Roi Serenos de Meisa »

Cirillia

Humain(e)

Re : Le Fléau [Partie 2] [PV]

Réponse 19 dimanche 19 janvier 2014, 02:07:52

Ils partirent de bonne heure. La route était encore longue, et Nyoron ne voulait pas perdre trop de temps en palabres inutiles. Il espérait bien pouvoir regagner la tribu en fin de journée, en se dépêchant bien. Ciri’ fut également prête assez rapidement. Elle avait le sommeil léger, et il en fut de même pour Kynarth. Le Commandeur était aussi un militaire, et ces gens-là savaient se lever rapidement, sans faire traîner les choses.

« Vous pardonnerez votre odeur, vous pourrez prendre un bain une fois au village, annonça Nyoron. Pour l’heure, il nous faut avancer. »

Et ils avancèrent donc. Hodor avait dormi près de la cabane, et ferma, comme à son habitude, la marche, suivant le quatuor. Ils parlèrent peu, suivant Nyoron. L’homme connaissait la route, et, après plusieurs heures, le groupe quitta la forêt, pour s’engager le long de plaines glaciales, de sentiers escarpés filant le long de versants montagneux vertigineux. Cirillia finit par apercevoir des pics enneigés pointant dans le ciel. La température continuait à décroître, la faisant frissonner. En contrebas, au loin, par moment, elle pouvait apercevoir la rivière qui tirait sa source depuis le Lac, et qui serpentait à travers la montagne.

Le groupe traversa un pont à la fin de la matinée, les amenant, pendant de nombreuses minutes, à avancer dans un étroit dédale rocheux. Le vent sifflait le long des rochers, résonnant dans cette faille rocheuse. Mieux valait ne pas être claustrophobe. Hodor dut parfois se contorsionner pour réussi à passer, raclant la paroi, poussant des grognements, mais, après une demi-heure, le groupe réussit à passer. La faille rocheuse menait sur un autre sentier, au milieu des montagnes. Des dragons voletaient encore dans les airs, et Cirillia était de plus en plus convaincue qu’on les suivait. D’autres Wargs ? C’était tout à fait possible. Ce n’était pas dans leur style d’abandonner si facilement. Ces sales bêtes étaient têtues. Nyoron descendit un peu le sentier jusqu’à une sorte de plateforme avec des rochers, où ils firent la pause, se nourrissant rapidement de sandwichs.

« Votre connaissance de la région est fascinante, Nyoron.
 -  Il n’y a pourtant rien d’exceptionnel, rétorqua l’homme, modeste. J’ai grandi toute ma vie ici. Je connais ces sentiers comme ma poche. Nous menons bonne allure, c’est très positif. »

Ciri’ hocha la tête, rassurée. Nyroon avait confiance, et pensait qu’ils y iraient avant la fin de la journée. Lorsque le repas fut terminé, ils reprirent leur route, descendant le sentier. Ils longeaient un épais canyon, et empruntèrent un autre pont, qui semblait daté de plusieurs millénaires. Nyoron s’appuyait de sa canne, mais n’était pour autant guère lent, avançant sur une marche soutenue. L’air qu’il exhalait semblait lui faire du bien, et il ne s’inquiétait nullement, conservant une allure soutenue. Ils empruntèrent un long sentier filant le long de la montagne, en pente, particulièrement long. Le sentier les amena à apercevoir une autre forêt, où plusieurs dragons tournoyaient.

« Ils sont en train de chasser. »

On pouvait entendre les dragons rugir, forçant ainsi les animaux à sortir de la forêt, d’où ils venaient les faucher entre leurs serres, avant de remonter en hurlant, leurs griffes ensanglantées happant les bêtes capturées. Le groupe observa la scène, avant que Nyoron ne reprenne.

« Il nous faut traverser cette grotte. »

La route débouchait sur une grotte silencieuse. Nyoron se concentra, et le cristal de son bâton magique se mit à nouveau à luire, permettant de les éclairer. Ils avancèrent à travers une galerie glaciale, entendant le bruit d’une eau souterraine qui semblait jaillir des murs. La traversée de la grotte fut plus longue que ce que Cirillia pensait. Ils traversaient toute une montagne, et, parfois, des failles dans le plafond permettaient de voir des rayons de soleil. C’est ici qu’ils firent une pause, reprenant leur souffle pendant quelques minutes, avant de reprendre, jusqu’à pouvoir sortir de la grotte.

Le soleil avait alors bien diminué, mais, en sortant, on pouvait apercevoir, à proximité, un village. Il était entouré de murs en bois avec des miradors, et était à l’entrée d’une plaine enneigée. La température avait encore baissé, et la forêt s’arrêtait devant la neige, quelques arbres poussant lentement. De la fumée montait des cheminées, et, en observant bien, on pouvait voir des chariots traîner des rondins de bois.

« Nous y sommes » annonça fièrement l’homme.

Serenos se permit alors une remarque sur un sorceleur, ce qui amena Cirillia à tourner sa tête vers lui.

*Qu’est-ce qu’il veut dire par là ?*

La jeune femme en avait plein les bottes. Nyoron se mit à descendre, et elle le suivit, espérant bien pouvoir se reposer cette nuit. Le soleil était en train de descendre, et il leur fallut encore une demi-heure pour descendre le sentier, traverser la forêt, et se rapprocher ainsi du village, dont les portes étaient ouvertes.

Ils étaient arrivés.
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Serenos I Aeslingr

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Re : Le Fléau [Partie 2] [PV]

Réponse 20 mardi 21 janvier 2014, 05:53:08

Et ils n’y virent que la mort.

Le pressentiment de Serenos se démontra être véridique; quelque chose d’inhabituel devait se produire ou s’être produit dans ce village avant leur arrivée pour qu’un Sorceleur juge qu’il y avait du pognon à se faire. Le Roi devança ses camarades et s’approcha d’un cadavre, qu’il retourna prestement pour voir son visage. Lorsqu’il vit les traits du mort, tirés vers l’arrière comme sous une bourrasque de vent, et la façon dont son visage était écrasé sur lui-même, il sût que cette mort n’était pas de cause naturelle, mais bien magique; quelqu’un lui avait magiquement écrasé le visage pour l’empêcher de respirer. Et qui que ce soit, il se fichait bien de ceux qui pourraient découvrir ses ravages; il n’y avait aucune tentative de masquer les traces. Il se redressa puis observa les vêtements de l’homme avant de hausser un sourcil, puis d’agripper l’homme par le bras et de le tirer vers le centre du village. Il s’empressa de rejoindre un autre cadavre à grandes enjambées, de s’emparer de lui et de le ramener au centre à son tour, juste à côté de son concitoyen. Il répéta le processus avec plusieurs cadavres puis il leva les mains avant de magiquement faire disparaître les vêtements de ces pauvres bougres, révélant alors leurs corps ensanglantés. En suivant les blessures, ses camarades constatèrent par eux-mêmes la raison de son étrange comportement. Sur le cadavre de ces gens se trouvaient un message inscrit dans le sang des victimes.

« All Hail the Crimson King… » Prononça le Roi, les bras croisés sur sa poitrine. « C’est d’un mauvais goût… »

Le Roi regarda ses camarades et leur demanda de rassembler les morts au centre du village et si possible de préparer des rites militaires pour les défunts; ces rites étaient normalement les plus rapides et moins propices à la perte de temps, mais cela ne les privaient en rien de l’hommage adressé. Pour Serenos, ces funérailles étaient l’équivalent d’une poignée de main au moment d’un départ; c’était poli, mais sans plus, et adapté à ceux qu’il ne connaissait pas ou qui ne le connaissaient pas. Le Roi était néanmoins très strict sur les massacres; il ne fallait oublier personne; trouver chaque victime pour que tous aient droit à ces adieux. C’était une tâche laborieuse, qui nécessitait de considérer aussi les trajets de fuite de ceux qui auraient tenté de partir avant d’être sauvagement tué. Le Roi s’affaira, avec entêtement, à cet ouvrage, ignorant superbement ceux qui voudraient qu’ils pressent le pas. Une fois que tous furent rassemblés, incluant quelques chiens et chats également massacrés, le Roi éleva magiquement un bûcher funéraire, fournissant des vêtements aux morts ainsi qu’un sommaire nettoyage magique pour les rendre présentable, et il les plaça sur le bûcher. Grâce à différentes énergies, il put même reconnaître certains couples, bien que parfois, à son grand embarras, un homme ou une femme se retrouvait étrangement avec deux partenaires. Il grommela d’agacement et embrasa sommairement les cadavres.

Après plusieurs minutes de réflexion, le Roi établit qu’aucune de ces gens n’était le Sorceleur, ce qui voulait dire que celui-là devait encore être en train de rôder dans les environs. Il pourrait décider de le pourchasser pour lui arracher ses informations, mais il ne voulait pas perdre plus de temps que ce qu’il en avait déjà perdu pour chercher un tueur de monstres qui n’aurait rien à gagner dans un tel massacre, sauf de l’argent, mais très peu vont jusqu’à blesser des humains pour s’approprier leurs biens légitimes, quoiqu’ils n’avaient que très peu voir aucun scrupule à s’emparer des biens volés, soit pour en récupérer la récompense. Le Roi se tint debout devant les cadavres restants puis alors qu’il allait en faire glisser un autre dans les flammes, un objet tomba au sol. Surpris, l’homme se pencha pour récupérer ledit objet et l’examina. Il s’agissait d’un petit médaillon. Mais il n’était pas attaché au coup de celui qu’il allait balancer aux flammes; il l’avait dans la main au moment de mourir. Il fit tourner l’objet entre ses doigts pencha la tête pour poser l’objet contre son front. Il y détecta immédiatement de la magie, mais pas seulement; cette magie était très puissante, mais pas en elle-même; quelque chose lui donnait une intensité considérable. Il ouvrit alors son esprit à cette force étrange et capta une âme d’une incroyable pureté, sans être celle d’une Innocente. Le Roi blémit puis serra le collier contre lui, comme pour rassurer la malheureuse enfermée.

Il regarda alors les ravages environnants et comprit que ce n’était pas l’œuvre d’un seul mage noir; un véritable Confrérie s’était rassemblée sur ce territoire et s’était servi de ce village comme le fermier de sa ferme; ils avaient récupéré toutes les âmes qui y vivaient. Il comprit alors que quelque chose de sinistre se tramait, et pas simplement à cause de son ex-femme et de sa troupe de malfaiteurs; quelque chose de noir se tapissait en Sylvandell, quelque chose que les Sylvandins ne pouvaient ignorer mais qu’ils ne considéraient pas à sa juste valeur la menace que ce « quelque chose » représentait. 

Le Roi avait une véritable haine pour la magie noire, spécialement celle utilisée dans l’optique de faire le mal; lui-même avait déjà utilisé l’occulte pour saper les efforts de ses ennemis ou changer l’issue d’une bataille, mais jamais pour simplement faire le mal. Lorsqu’il voyait de tels massacres sous ses yeux, il n’arrivait pas à croire que tous les pays n’étaient pas fournis en magiciens compétents capables de tenir les mages noirs en respect lorsqu’ils tentaient une catastrophe. Même à Nexus, malgré la gestion horrible du Conseil de Régence, Serenos n’avait pas à faire trois descentes par semaine pour éliminer un mage noir, alors qu’en Ashnard, c’était presque une prérogative de magicien d’être capable d’infliger d’horribles supplices à ses ennemis. Mordred passait encore, mais il avait espéré qu’Altarmaroth était le seul endroit où les mages noirs proliféraient librement. « D’un côté, ceux qui asservissent les corps des hommes et des femmes, et de l’autre, ceux qui asservissent les âmes de ces mêmes personnes. Ce monde est une vraie manufacture, gérée par des monstres assoiffés de pouvoir. Et parfois, lorsqu’il se regardait lui-même, il se demandait s’il était réellement différent des personnes qu’il pourchassait.

Il se tourna alors vers ses compagnons et les regarda, froidement, aussi impérieux que possible, les poings serrés. Ils pouvaient remarquer ses efforts pour contrôler sa colère, mais il ne pouvait pas trouver de paroles moins glaciales pour s’adresser à eux. Il commençait sincèrement à suspecter les Sylvandins de ne pas être que des fanatiques de Dragons.


Cirillia

Humain(e)

Re : Le Fléau [Partie 2] [PV]

Réponse 21 mercredi 22 janvier 2014, 01:06:50

Les chariots, en réalité, ne traînaient pas des rondins de bois. Ils étaient à l’arrêt, et c’est ce que Cirillia nota en se rapprochant. Il y avait des cadavres sur le sol, probablement les bûcherons du clan.

« Seigneur, non ! » s’exclama Nyoron.

Ciri’ se rapprocha, la main sur la garde de son épée. Kynarth se sentait également nerveux. Devant la porte d’entrée du village, deux hommes avaient été crucifiés contre le mur en bois, et un sinistre drapeau flottait à l’entrée. Un drapeau blanc avec un signe et des lettres tracées avec du sang figurant dessus. Un signe qui fit frissonner Kynarth, car il lui évoquait bien des légendes ashnardiennes, des contes dont on n’osait pas parler trop, de peur d’effrayer ceux qui les entendaient :


Hommes, femmes, enfants, vieillards... Le clan était un mausolée, la ville un cimetière. Ils avaient tous été tués, massacrés par une quelconque force obscure. Vu les traces de sang coagulé, le massacre remontait à plusieurs jours, probablement juste après le trajet de Nyoron. Affecté, ce dernier avançait dans les maisons, observant les corps. Ciri’ et Kynarth s’approchèrent d’un cadavre dans une ruelle. Ils l’inspectèrent, et constatèrent rapidement qu’il n’avait pas été tué par des couteaux, ou par des poignards.

« C’est la magie qui les a tués... La magie noire est à l’œuvre ici, une magie puissante et sinistre. »

Cirillia sentit un frisson la traverser. La magie était un élément avec lequel elle était peu familière. Elle savait qu’elle avait des affinités magiques, comme en témoignait le fait qu’elle avait pu ingérer l’âme d’un dragon, afin de renforcer ses capacités, mais, pour autant, elle était loin d’être une magicienne. Kynarth, en tant que Commandeur, avait des affinités magiques renforcées, et maîtrisait même certains sorts. Lentement, il entreprit de rassembler les cadavres. Ciri’ décrocha ceux à l’entrée. Si certains avaient été égorgés, la plupart avaient tout simplement été tués par la magie noire, qui avait du faire rage ici. Le clan comprenait une cinquantaine d’âmes, et était désormais une ville fantôme, une ville qu’il allait falloir repeupler.

Nyoron était lourdement affecté, mais il savait qu’il fallait organiser un charnier. Les cadavres des morts ne pouvaient pas rester hors d’une tombe, car ils attireraient les créatures nécrophages. Il était, de fait, tout à fait possible qu’il y en ait déjà qui soient là, vu que les cadavres pourrissaient depuis plusieurs jours. Les cadavres regroupés, Kynarth et Cirillia essayaient également de savoir si les ennemis n’avaient pas laissé d’indices. Ils trouvèrent, dans la salle municipale, des coffres percés, ceux abritant les cartes de la région. Les agresseurs avaient du les ravir. Cependant, pourquoi avoir massacré tous ces gens ? Était-ce simplement par plaisir ? Kynarth semblait y réfléchir.

Le soleil vint à se décliner lorsque les cadavres furent empilés au cœur du village, sur un bûcher.  Malgré le froid ambiant de la région, Kynarth était tout de même en sueur. Cirillia déposa le dernier cadavre, le visage fermé. Cette scène lui rappelait une autre scène de son enfance, où les maisons brûlaient, et où il en restait plus que des cadavres et des cendres. Une image traumatisante, qu’elle retrouvait ici. Ces gens qu’ils traquaient étaient bien réels, et constituaient une menace sérieuse.

« Il va nous falloir des renforts, glissa-t-elle à Kynarth.
 -  Nous allons envoyer un corbeau pour avertir le Château de ce qui se trame ici. Ce ne sont pas que de simples brigands, des mages noirs sont impliqués dans un quelconque rituel sinistre. »

Kynarth allait poursuivre lorsque le Roi marcha vers eux. Nyoron était en train de réciter une prière pour les gens morts, et tourna la tête quand le Roi s’adressa à eux. Il semblait manifestement furieux, mais son ire n’était pas pour plaire à Kynarth. Devant le sous-entendu chargé d’accusation résidant dans ses mots, il se leva promptement, et posa une main sur son torse :

« Qu’osez-vous insinuer ? Que nous tuons nos propres hommes ? Les clans ont toujours été loyaux envers Sylvandell ! Il ne s’agit pas de ça.
 -  Ils n’ont pas été massacrés ainsi sans raison... Que cherchaient donc ceux qui ont commis ces atrocités ? »

Kynarth soupira, et secoua la tête.

« Kor-Tarath, lâcha-t-il. Je ne vois pas quel autre motif aurait pu les pousser à commettre telle abomination… »

Cirillia se mit à froncer les sourcils.

« Kor-Tarath ?
 -  Commençons par brûler les morts, et par nous assurer que le village soit vide. Ils sont là depuis plusieurs jours, il serait étonnant qu’il n’y ait pas des goules dans les environs. »

Cirillia n’avait jamais entendu parler de ce nom. Qu’est-ce que ça voulait dire ? Kynarth semblait savoir des choses, mais, pour le coup, se refusait à en parler, et préféra plutôt se diriger vers Nyoron. Ce dernier fit appel à sa magie, et une orbe de feu se matérialisa, avant de heurter les branches de bois, se mettant à répandre des flammes, qui se mirent à se répandre. Avec la magie, Nyoron s’assurait que les flammes ne débordent pas du bûcher. Et, tout en les brûlant, il se mit à prier à nouveau, priant pour que les aides des dragons guident les âmes des défunts vers les paradis éternels.

Il ne pouvait guère faire plus, de toute manière.
DC d’Alice Korvander.

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Serenos I Aeslingr

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Re : Le Fléau [Partie 2] [PV]

Réponse 22 vendredi 24 janvier 2014, 05:37:18

Les tuer tout simplement? Non. Mais peut-être les sacrifiez-vous pour alimenter les pouvoirs de vos mages noirs. Voilà ce que Serenos s’apprêtait à dire avant de percevoir dans le regard de Kynarth ce même désarroi, cette même colère que ce massacre lui suscitait. Le Roi savait qu’aucun dirigeant n’attaquerait son propre peuple sauf en cas de rébellion, car peu importe le pays, la caste ouvrière et marchande sont des parts importantes de la société. Seul Mordred avait suffisamment d’indifférence en lui pour sacrifier en vain ses gens pour des expériences de magie noire. Cependant, autant les Sylvandins étaient un peuple distinct, autant ils appartenaient à l'Empire Ashnardien, ce qui suffisait aux yeux du Roi à les considérer comme non seulement dangereux, mais également dénués de scrupules. Malgré toutes ses tentatives de voir quelque chose de bon, de positifs en Ashnard, il lui semblait que pour eux et leurs alliés, il n’y avait rien d’autres que de la corruption, de la malveillance pure et dure, ainsi qu’une bonne part de cruauté. Son regard se défit de ceux de ces gens avant de s’éloigner vers le cimetière du village. En cas de massacre, il n’y avait pas que les goules qu’il fallait suspecter, mais bien d’autres créatures, et particulièrement une qu’il n’était pas pressé de revoir en pleine puissance. Et ce n’était pas des goules qui l’inquiétaient; avec la forte concentration de magie noire qui résultait du massacre, et l’Étoile Sanglante dans le ciel, il sentait en lui la forte présence de la Mort. Dans ses veines, il sentait le sang de ses ancêtres brûler comme des flammes, et ses sens entrèrent en état d’alerte.

Lorsqu’il arriva à proximité du cimetière, ses oreilles captèrent un son de mastication, ainsi qu’une série de grattements sur le sol. En entrouvrant son esprit au flux de la magie, il détecta une puissante corruption. Il s’immobilisa devant le portail dudit cimetière et lâcha un soupir, un son de profond découragement et peut-être même de désespoir. Dans le cimetière, haut de trois mètres et demi, fouillant dans les tombes sa noire pitance, se trouvait un Dramkhër.

Les Dramkhëri ne sont pas une race. Il s’agit plutôt d’une catégorie des nombreuses créations d’Althenos, que le Grand Archimage Darimon Sombrechant avait répertoriées dans le Livre lors de la première tentative de la Seconde Purge, arrêtée prématurément par le Roi de Meisa lorsqu’il avait tué Owen Sombrechant, empêchant l’invocation qui aurait permis à la Championne du monde des morts de rejoindre la terre des vivants avec son armée. Le Dramkhër ci-présent ressemblait vaguement à un homme, à l'exception de bras plus massifs et des jambes courtes, ainsi qu’une mâchoire difforme qui lui donnait un profil allongé. De la tête à la moitié du dos, il arborait une crinière noire, par-dessus une peau grise légèrement violacée. Dramkhër se traduisait dans la langue commune comme un « Écraseur », dû à son habitude d’écraser les gens avec ses bras puissants; leurs victimes étaient ensuite dévorées encore chaudes et parfois encore vives, régénérant les forces de la bête de leur sang.

Serenos dégaina lentement Ehredna, sans détacher son regard de la bête. Celle-ci se retourna vers lui brutalement, grondant sourdement en le fixant.

« Dés…hé…ri…té… » Gémit-elle en s’approchant de lui, l’air soudainement très motivée.

Le Roi hocha de la tête, se reconnaissant dans cette appellation, avant de commencer à marcher vers elle à son tour, le regard franchement attristé, mais pas pour la créature; son apparition approfondissait son malaise, car elle annonçait la venue de d’autres problèmes qu’il aurait souhaité ne pas avoir à gérer sur le moment.

La bête poussa un rugissement semblable à celui d’une banshee avant de se jeter sur le Roi, qui s’élança pour sauter sur le bras de la créature au moment où elle s’apprêtait à frapper. Son pied se posa, léger comme d’une plume, avant de le propulser une nouvelle fois dans les airs. Il abaissa sa lame sur l’épaule droite de la créature, mais Ehredna rebondit sur celle-ci sans réussir à la percer. Sans Chaos à ses côtés, ce combat promettait de ne pas se solder par une victoire éclatante; il n’y avait que son vieux compagnon pour arriver à fendre la chair épaisse de cette créature. Le Roi leva l’autre main et invoqua une boule de flammes qu’il envoya s’écraser sur le dos de la bête. La chaleur intense sembla faire son effet, car la créature gémit de douleur et se mit à chercher l’endroit atteint de ses grosses mains, tombant sur le torse car ses jambes ne supportaient pas seules son poids. Elle se mit à gémir en tapotant son dos enflammé alors que le Roi se posait derrière elle, sur ses pieds. Il regarda sa lame et ferma les yeux. « Straghëré » ordonna-t-il mentalement. Aussitôt, répondant à sa commande, Ehredna changea de forme pour devenir une lance de deux mètres. Le Roi fixa son adversaire et se mit en garde.

Le monstre s’était déjà relevé quand le Roi reporta enfin son attention sur elle, et elle n’était visiblement pas très contente d’avoir été ainsi brusquée, mais le Roi ne se sentit nullement affecté par sa colère. Il se sentait en fait… plus calme, plus en contrôle, plus fort. Si serein que lorsqu’elle se rua sur lui pour l’attaquer, cette fois en refermant sur lui ses deux énormes mains, il ne se sentit aucunement alarmé; d’un pas sûr, il recula puis dressa devant lui, à la hauteur des épaules, Ehredna, à l’horizontale. Emportée par son élan, si la créature s’était rendue compte de ce qui se passait, elle n’avait pu empêcher ses mains de se refermer à temps, si bien que plutôt qu’écraser le monarque, qui avait relâché justement son arme pour faire un bond vers l’arrière, elle s’enfonça elle-même l’arme dans la main, comme un marteau sur un clou dans une planche de bois. La bête hurla de douleur, mais également de surprise; la première fois, elle avait été étonnée, mais la seconde, cela dépassait sa compréhension. Le matériau dont était composé Ehredna n’était rien qui puisse être trouvé sur cette terre, et elle était imprégnée d’une telle magie qu’elle en devenait très efficace contre toutes les créatures du monde des morts. Le Dremkhër tenta de retirer la lance de sa chair, mais rien n’y faisait; sa simple force brute l’avait fichée dans son os, ce qui rendait l’opération impossible. Mais le Roi leva la main et invoqua la magie qui unissait le Roi et son arme, et celle-ci s’extirpa dans un énorme bruit de l’os, des muscles et de la chair, arrachant au passage une bonne part de celle-ci. Lorsque les lambeaux se déchirèrent, un espèrerait voir un peu de sang, mais à la place, une épaisse fumée noire jaillit de la plaie, alors que les morceaux de peau se désintégraient en poussière. Le Roi fit tournoyer sa lance et frappa le sol du manche. Il attendait la prochaine attaque de la bête, mais plutôt que de reprendre les hostilités, le monstre se dressa sur ses bras avant et le fixa, avant de prendre la parole, surprenant légèrement le Roi de Meisa.

« Tu es bien changé, Déshérité.
-Althenos, cracha le monarque de Meisa en dressant sa lance devant lui, mesure plutôt vaine.
-Ah, enfin! Tu entends de nouveau le son de ma voix? J’en suis fort aise, mon enfant. »

La voix du Seigneur du monde des morts trahissait sa satisfaction, mais il ne faisait visiblement aucun effort pour cacher ce contentement. Tous deux savaient ce que signifiait le retour du talent unique que possédait Serenos de pouvoir converser avec l’Incarnation de la Mort, et cela signifiait que celui-ci avait gagné beaucoup plus de puissance, suffisamment pour se faire entendre dans le monde de sa rivale, et que le Roi perdait foi en les êtres dudit monde. Un autre aurait été étonné de voir le calme du roi, mais celui-ci n’ignorait d’aucune façon les changements qui se produisaient en lui, et spécialement le retour de son pouvoir d’antan, preuve indiscutable du retour de sa propre noirceur. Le monarque haussa les épaules, démontrant sa propre indifférence devant sa situation, avant de dévisager les yeux vides de la créature.

« Pardonnez mon insolence, mais ce plaisir n’est pas partagé, rétorqua froidement le Roi.
-  Vaines paroles, descendant des Ashanshas. Aussi vaines que ton obsession à me résister.
-  Je l’ai bien fait autrefois. Qu’est-ce qui vous fait croire qu’il en sera autrement cette fois-ci?
-  Autrefois, tu étais jeune. Ton désir de découvrir, ta curiosité et ton enthousiasme te protégeait de mon influence. Regarde-toi aujourd’hui. Tu es amer, désabusé, froid et méprisant. Tu t’accroches à ton passé pour justifier ton présent, plutôt que de te tourner vers l’avenir. Parce que tu sais qu’il n’y en a aucun pour toi. Laisse la Grise et ton autre moitié accomplir ce qui doit l’être, et je t’ouvrirai les portes du Repos Éternel, comme tu t’en languis.
-  Peut-être le ferez-vous, mais je ne coopérerai jamais avec vous, Althenos. Je ne suis pas un Ashansha; je ne suis loyal ni à vous, ni à votre compagne. Mais je refuse de laisser vos disputes de couple impliquer la vie des plusieurs milliards de personne qui vivent dans ce monde ou dans l’autre.
-  Pense à ce que je t’ai dit, mon garçon. Ma patience est infinie, j’attendrai que tu voies les choses telles qu’elles le sont.

Le Roi savait qu’au moment où Althenos relâcherait son contrôle sur la bête, celle-ci allait se jeter sur lui comme un chien enragé, donc il tourna les talons avant de partir au pas de course. Il n’eut pas fait dix pas que le Dramkhër se mit à sa poursuite. Le Roi ordonna à Ehredna de reprendre sa forme originelle et il la rengaina dans son fourreau avant de se concentrer sur sa fuite. La bête gagnait rapidement du terrain, mais le Roi étant plus petit et plus léger, il lui était nettement plus facile de changer de direction, aussi bifurqua-t-il vers la droite, alors que la masse de son ennemi l’entraina droit devant, heurtant une des granges du village alors que le Roi revenait rapidement vers ses compagnons. Il n’eut pour eux qu’un seul ordre; fuir. Les Écraseurs n’étaient pas les plus forts représentants des forces du monde des morts, mais ils restaient de redoutables adversaires en dehors de Meisa où le Roi peut accroître ses pouvoirs, et difficilement abattus par des gens ne possédant pas des caractéristiques hors du commun. Il aurait peut-être dû les propulser plus loin, mais le Dramkhër venait de se tirer de la grange. Au même moment, il sauta dans les airs, se maintenant brièvement en hauteur avec la magie, se retournant pour lancer un sort. Jaillissant de ses deux doigts tendus, un éclair de lumière pure frappa la bête en plein visage, alors qu’elle s’apprêtait à reprendre sa charge. Il se posa alors à la suite de ses camarades. Il comptait discrètement sur leur instinct de survie pour trouver l’intelligence nécessaire pour s’abstenir d’essayer d’opposer une force de résistance à cette créature surhumaine.

« Vous vouliez savoir ce qu’Althenos avait à voir dans cette histoire, Commandeur? s’exclama-t-il sans stopper sa course. Disons que notre ami ici présent nous prouve que son maître n’a pas l’intention de nous laisser nuire aux projets de la Dame Grise! Nyoron! Si vous en êtes capable, lâchez des runes piégées au sol! Ça devrait le ralentir! Mais surtout, ne vous arrêtez pas; il ne le fera pas, lui! »
« Modifié: samedi 25 janvier 2014, 17:54:31 par Roi Serenos de Meisa »

Cirillia

Humain(e)

Re : Le Fléau [Partie 2] [PV]

Réponse 23 dimanche 26 janvier 2014, 02:16:22

« C’est par ici, de mémoire. »

Se juchant sur sa canne, Nyoron s’avançait à travers le bâtiment central du village : la mairie. Une sorte de manoir avec une salle de réception, et des pièces annexes menant aux salles où on entreposait les documents administratifs, à savoir les cartes de la région. Des instruments dont Kynarth avait besoin pour déterminer la route à prendre afin de rejoindre Kor-Tarath. Cirillia suivait les deux hommes, suspicieuse. Il régnait une belle odeur de moisissure et de renfermé dans la mairie. Une belle accumulation de poussière. Elle remarqua la présence de bûches près d’une cheminée, et supposa que les villageois avaient été tués au moment où l’un d’entre eux avait escompté allumer un feu pour se réchauffer. Ciri’ suivit le duo dans une pièce. Il y avait une grande table au centre, et une bibliothèque remplie de rouleaux et de parchemins dans un coin. Nyoron posa son bâton sur le sol, qui se maintint en équilibre, sans que la gravité ne semble l’affecter. Son orbe magique diffusa alors une lumière blanche. Dehors, le bûcher crépitait. Ciri’ le vit farfouiller parmi les parchemins et les rouleaux, jusqu’à en sortir un, qu’il déposa sur la table, avant de le déplier.

C’était une carte assez précise de la région, relativement illisible, montrant une multitude de sentiers escarpés, de forêts, de pics montagneux. Nyoron et Kynarth l’observèrent silencieusement, avant de baragouiner entre eux.

« La route passe par là...
 -  Il nous faut monter le long du sentier... Ce pont-ci peut être praticable, mais j’ai des doutes, avec le temps...
 -  Il serait risqué de passer par les hauteurs, il vaut mieux rejoindre les cavernes du volcan.
 -  Le plus troublant est que la fumée noire n’ait pas encore émergé, si Kor-Tarath s’est réveillé...
 -  Voyez-vous une autre explication ? La Porte s’est ouverte, ce doit être l’œuvre de cette sorcière dont ce maudit roi nous a conté l’histoire... »

Cirillia n’y comprenait rien, si ce n’est que ces deux cinglés avaient visiblement envie d’aller se perdre dans un volcan. Autant dire que cette perspective n’enthousiasmait pas vraiment Cirillia, qui n’avait pas vraiment envie de se faire griller les fesses en venant au soutien de ces deux malades.

*Des dragons, de la magie noire, un volcan... La prochaine étape, c’est quoi ? Défier un Balrog au bras-de-fer ?*

Les deux hommes continuaient à parler, lorsque Cirillia leur rappela qu’elle n’était pas une plante verte. Elle s’éructa la gorge en croisant les bras, mettant un peu plus en valeur ses seins, délicieusement comprimés sous son corset. Kynarth releva la tête, et loucha à nouveau sur les magnifiques seins de la femme. Commandeur ou pas, il restait un homme encore fort peu aguerri de ce genre de choses.

« Et si vous arrêtiez votre délire, Messieurs, et que vous m’expliquiez clairement à quoi tout ce bordel rime ? »

Kynarth remua lentement ses lèvres, comme s’il était en train de réfléchir, avant de se redresser.

« Je suppose que vous avez droit à quelques explications. Kor-Tarath est un endroit maudit, qui a été scellé par Erwan Korvander lorsque ce dernier a fondé Sylvandell. C’est une forte... »

Kynarth s’interrompit en entendant des bruits de pas précipités. Il porta la main au pommeau de son épée, tandis que le bâton magique de Nyoron lévita comme par enchantement, afin d’atterrir dans le creux de sa main. Ciri’ se retourna.

« Qu’est-ce que c’est ?! »

Le trio sortit de la mairie, s’avançant sur le sol enneigé, pour voir le Roi de Meisa débarquer vers eux... Poursuivi par une sorte d’affreuse bête. Ciri’ n’y connaissait peut-être pas grand-chose sur les volcans, mais elle avait exploré Terra depuis suffisamment longtemps pour connaître la plupart des abominations qui vivaient ici. C’était un Écraseur. Il avait de puissants bras, qui étaient suffisamment puissants pour s’enfoncer dans une armure en plates. On en rencontrait généralement près de charniers, même s’ils étaient plutôt rares. Le défier au corps-à-corps serait pure folie, et le trio s’élança donc à la suite de Serenos, tandis que l’Écraseur s’avançait avec rage, bien décidé à les massacrer.

« Vers la sortie, vite ! »

Nyoron, malgré son âge avancé, ne les perdit pas de vue. Dehors, sur un terrain dégagé, il serait plus facile de défier cette créature. Kynarth fut le premier à sortir. Cirillia le suivit, avant d’utiliser, à défaut de ses épées, son arbalète à répétition. Son chargeur de carreaux se trouvait dessous, et elle se plaça sur ses deux jambes, tenant l’arbalète à deux mains, et balança une série de carreaux, qui atteignirent le monstre au torse. Plusieurs carreaux le frappèrent de plein fouet, mais sans vraiment l’arrêter. Nyoron attrapa alors son bâton, et visa l’entrée du village, envoyant alors une violente onde magique qui souleva la neige sur son passage. L’onde frappa le monstre de plein fouet, le repoussant comme un fétu de paille.

Cirillai entendit alors des grognements, et se retourna. Des bruits sauvages et précipités venaient de la forêt, faisant remuer les arbres.

« Merde » jura-t-elle.

Les Wargs qu’ils avaient chassé cette nuit étaient revenus, et jaillirent des arbres, se ruant à toute allure vers leurs proies.

C’est à cet instant que Cirillia remarqua qu’Hodor n’était plus là.
DC d’Alice Korvander.

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Serenos I Aeslingr

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Re : Le Fléau [Partie 2] [PV]

Réponse 24 jeudi 30 janvier 2014, 19:46:06

Le Dramkhër était énervé par les attaques de ses proies, ce qui le motivait davantage à les consommer et s’abreuver de leur sang. Mais le Roi et l’étrange magicien refusaient de le laisser gagner le moindre carré de terrain en le bombardant de ses projectiles magiques, lancés pour la plupart au jugé pendant qu’il poursuivait leur course. La bête avait donc abandonné l’idée de s’attaquer au puissant homme pour se tourner vers une proie plus humble, mais tout aussi appétissante; la jeune Cirillia. À nouveau debout, l’Écraseur s’élança à nouveau aux trousses du groupe, mais son regard rempli de malveillance s’était déjà fixée vers sa proie. Déviant légèrement sa trajectoire pour ne pas perdre son fragile équilibre de course, le monstre fonça droit sur la belle guerrière.

« Cirillia! »

Serenos savait qu’elle ne survivrait pas à un assaut direct avec la grosse bête, aussi avait-il cessé sa course pour laisser la jeune femme le dépasser alors qu’il levait une main en l’air, l’autre en diagonale en bas, offrant son dos à la bête, et invoquait un puissant bouclier magique sous forme de cercle arcanique. La bête fonça dans l’obstacle, incapable de s’arrêter, et le Roi, par un procédé magique connu de lui-même, renvoya toute la force cinétique produit au moment de l’impact contre la créature. La peau de celle-ci se déforma subitement sous la vague de puissance, alors qu’une onde lui parcourait la chair comme sur l’eau, la renvoyant une bonne trentaine de mètre vers l’arrière. Il se tourna alors vers Cirillia, ses yeux brillants plantés dans les siens l’espace d’un moment, avant de lever subitement la main dans sa direction et libérer un nouvel éclair qui frappa un Warg en pleine tête, le tuant sur le coup. Il fit signe à la jeune femme d’aller aider les autres avant de se tourner à nouveau contre la créature. Celle-ci, malgré ses dommages visibles par les nombreux trous provoqués par l’assaut magique, était à nouveau prête à combattre, et maintenant que les Wargs empêchaient ses cibles de fuir aussi aisément qu’elles l’avaient espéré, elle cessa sa poursuite et s’approcha lentement, se servant de sa masse pour heurter le sol à chaque pas, dans le but plutôt inutile d’intimider le Déshérité, qui tenait d’une main sa puissante épée alors que de l’autre, il avait invoqué un nouveau projectile enflammé.

Le combat reprit de plus belle lorsque le Roi balança une boule de feu dans le visage de la créature. À défaut de la blesser, il sût qu’elle aurait le réflexe naturel de fermer les yeux lorsque la lumière serait trop intense pour son regard. La bête se protégea le visage de ses mains, et le Roi y vit le moment parfait de passer à l’assaut. Le Roi profita de ce manque d’attention pour charger sa main d’une nouvelle énergie et la dressa brusquement devant lui, comme dans un coup de paume. Une légère explosion d’énergie bleutée se produisit alors au bout de ses doigts, et sous l’impact, la bête tomba sur le dos. Le Roi en profita pour bondir sur le ventre de la bête, son épée dressée en direction de l’abdomen à l’aide de ses deux mains, mais, comme prévu, son épée n’arriva pas à percer la peau, et il fit un bond vers l’arrière. Il éplucha rapidement toutes les options qui lui venaient en tête, passant d’un sort plus puissant à la tentative d’user de la magie noire pour en finir avec cette maudite créature. Finalement, décidant qu’il ne devait pas se reposer sur ses capacités les plus noires pour satisfaire son but de tuer cette sale créature, il rengaina son épée et joignit les mains. Autour de la bête, au sol, apparut alors un cercle magique. Des chaines apparurent alors, au-dessus des épaules, sur les flancs et entre les jambes, et se joignirent sur le ventre de la bête, avant de se resserrer d’elles-mêmes pour l’empêcher de bouger. Ce n’était qu’une solution temporaire, mais cela devrait suffire pour que le Roi et ses camarades pensent à ce qu’ils pourraient faire de cette abomination.

Le Roi se tourna alors vers les Wargs et en attrapa un qui s’apprêtait à sauter sur Kynarth à mains nues, le plaquant au sol avec force avant de poser sa main sur sa tête et imposer sa volonté à l’esprit de la bête. Sous le charme, la créature se calma et se redressa avant de regarder les trois compagnons du Sorcier avant de sauter avec colère sur un des camarades de celui-ci. Il examina alors les créatures et en compta plus d’une dizaine. Mais c’était sans compter les goules qui, attirées par le carnage, apparaissaient lentement parmi les assaillants. D’expérience, il savait que les goules n’étaient pas une menace lorsqu’elles étaient seules, car entre une cible vivante et capable de combattre et un cadavre, ces bêtes préféraient se tourner vers la seconde option, moins nutritive, mais leur sale habitude de sauter sur leurs proies et de les griffer pour leur arracher des lambeaux de chair les rendaient redoutables lorsqu’elles étaient en groupe. Le Roi jura en voyant le nombre d’opposants augmenter, et en évaluant la situation, il opta pour une autre option.

« Couvrez-moi une minute! » les commanda-t-il en prenant position au centre de ses camarades.

Le Roi leva les bras et invoqua le cercle de magie servant à canaliser son pouvoir. Avec la bête maitrisée pour le moment, malgré ses martellements et ses tentatives de force pour se défaire de ses liens, ils ne devaient que s’assurer que les goules et les Warg à maîtriser. Le Roi n’avait pas formé de clan avec qui que ce soit depuis Liam, et la douleur suscitée par sa mort avait été si écrasante qu’il s’en était abstenu par la suite, mais il savait que s’il voulait sauver ces gens, il n’aurait d’autre choix que de se soumettre à la nécessité. Alors, il ferma les yeux et tendit son esprit vers les leurs, avec la douceur d’un joaillier avec ses bijoux, il les toucha. Et lorsque leurs esprits s’effleurèrent, il laissa son incroyable pouvoir se déverser dans leurs corps, dans leurs esprits. Il leur donna sa force, son énergie, et quelque part, une partie de lui-même.

Le clan est une capacité propre aux sorciers d’autrefois, leur accordant la capacité d’améliorer les capacités d’un groupe cible. En temps de guerre, un mage était souvent attribué à un bataillon, ou à un commando suicide, pour obtenir un maximum de dégâts possibles avant l’éradication des forces. Les sorciers devaient se montrer aptes à gérer l’attribution des forces de façon à complémenter les défauts de chaque soldat; les plus forts devenaient plus rapides, les plus agiles plus puissants, les jeteurs de sort voyaient leurs besoins en énergie se réduire et les archers arrivaient à viser des cibles très éloignées avec beaucoup plus de précision. Cependant, dans le cas de Serenos, avec la réserve écrasante de pouvoir qu’il contenait dans son corps astral, ce n’était plus qu’une simple amélioration, car son pouvoir était également réparti entre quatre personnes.

« Quatre? »

L’absence d’Hodor rendait impossible la formation du clan en l’incluant, et pour que son pouvoir se retrouve vers une personne qu’il n’avait pas visé signifiait qu’il s’agissait d’une personne avec qui il avait déjà été lié. Le Roi de Meisa suivit alors le fil liant son âme à l’inconnu qui lui drainait à ce moment-là son énergie. Dans une des maisons du village, un homme laissait tomber un morceau de viande avant de sortir. Homme colossal s’il en était un, il dût se pencher bien bas pour pouvoir passer sous la porte. Suivi par un énorme loup blanc, qui mâchonnait encore un morceau de viande rouge, l’étranger se redressa une fois à l’extérieur. Facilement, ce type faisait près de deux mètre trente à tout casser, et encore, ce n’était pas une mesure exacte. L’homme tenait dans sa main droite une énorme épée en argent, l’autre tenant encore une pinte de cidre de pomme pleine, et à son cou pendait un médaillon représentant une tête de Dragon Noir. Les yeux inhumains des sorceleurs, brillants d’une couleur d’argent plutôt que d’or, se posa sur Serenos, dont le cœur s’emplit d’un profond sentiment de joie lorsqu’il le capta. Lorsque l’être souleva sa puissante arme, un seul mot vint aux lèvres du Roi. Un nom.

« Cahos! »

L’homme, suivit de son compagnon à fourrure, se jeta à son tour dans la mêlée, assénant sur le dos d’un Warg un coup d’épée qui le sectionna en deux aussi facilement qu’un couteau dans du beurre, avant de tourner à quatre-vingt-dix degrés en balancant son arme pour frapper un autre monstre sur la truffe du plat de la lame, l’envoyant valser contre un comparse alors qu’il venait prendre formation autour du Roi pour le protéger de ses assaillants. Le loup gronda à l’attention de ses opposants, attirant vers lui leurs regards et leur animosité. Le corps tendu, prêt à bondir sur un de ces hybrides monstrueux, le loup attentait impatiemment le moment du combat.

Des centaines de question affluaient dans l’esprit du Roi de Meisa. Cahos était mort il y a bien longtemps de vieillesse, dans une hutte loin de toute civilisation qui, de toute façon, n’avait plus besoin de ses services de chasseur de monstres; le Continent Inconnu était maintenant en paix, et suffisamment de guerriers et de mages pouvaient remplacer les chasseurs comme lui. Et pourtant, le voilà, aussi beau et fort que dans sa prime jeunesse, comme si toutes ces années de combat contre la maladie et la mort avaient été effacées de son corps.

« Serenos de Meisa. Même après ma mort, te voilà à attirer les foudres du Maître des Morts!
-  La mort ne semble pas t’avoir dépourvu de ton sens incroyable des circonstances!
-  Ha!
-  Occupes-toi du Dramkhër! Nous nous chargerons des Warg et des goules! »

Le colosse éclata d’un rire franc alors qu’il brisait déjà la formation pour se diriger vers l’écraseur. Le sort du Roi se brisa alors, laissant le monstre libre. Il s’apprêtait à se relever quand Cahos lui balança un coup de pied d’une force phénoménale dans le flanc, l’envoyant rouler plus loin comme s’il s’agissait d’un énorme caillou. En sifflotant, le revenant fit tournoyer son énorme épée avant de se mettre en garde et d’attendre que le Dramkhër se relève pour le charger, arborant un énorme sourire. Il regarda la sale bestiole en bandant les muscles de son bras, et lorsque la bête s’élança, le monstre de muscles sauta droit devant lui en propulsant son arme  vers la bête. La zweihander passa au travers des bras de la bête, puis de son abdomen avec aisance. Ceci était un fait réalisable que pour un homme possédant la force physique de manipuler une arme aussi lourde sans l’usage de la magie.

Pendant ce temps, le Roi s’acharnait à éliminer les goules grâce à ses éclairs de lumière, s’assurant qu’aucune n’arrive à s’attaquer à ses compagnons, mais leur laissa le plaisir de se faire des wargs par eux-mêmes; le plaisir du combat passait par sa propre participation, et non pas par la victoire. L’opposition n’était pas énorme, mais avec des Wargs, pour un humain normal, le manque d’attention pouvait s’avérer fatal. Le monarque espérait que ses compagnons appréciaient le petit coup de main magique qu’il leur offrait.

[HRP : Libre à toi de décider ce qui est amélioré par le clan. Le buffing dans les RPG est une bonne comparaison ^^]

Cirillia

Humain(e)

Re : Le Fléau [Partie 2] [PV]

Réponse 25 samedi 01 février 2014, 01:43:24

La bataille contre l’Écraseur dégénérait face aux Wargs, qui avaient rejoint les fuyards. Pris entre le marteau et l’enclume, les guerriers envisagèrent de se battre. Kynarth accueillit un Warg en fléchissant les jambes. Le Warg avait tenté de l’attraper à la tête, de lui sauter dessus. Par conséquent, afin de l’éviter, Kynarth se pencha vers le sol, et leva son épée, qui trancha la fourrure du monstre à hauteur de son ventre, faisant couler son sang. La bête blessée s’affala dans la neige. Kynarth se releva alors, tandis que le Warg se relevait lentement, sa fourrure écarlate, les mèches de poils tâchées par le sang. L’épée de Kynarth tournoya dans ses mains, et frappa un autre coup, tuant le monstre. Cirillia, quant à elle, constata l’inefficacité de ses carreaux d’arbalètes sur l’Écraseur. Quand les carreaux ne se brisaient pas contre l’épaisse carapace du monstre, ils ne semblaient guère le retenir. Elle se retourna contre les Wargs, balançant à nouveau ses carreaux. Un carreau atteignit ainsi la patte avant droit d’un Warg, l’envoyant rouler dans la neige, tandis qu’un autre se reçut un projectile dans l’œil, l’arme mortelle perforant sa rétine pour se planter dans son cerveau, tuant la bête sur le coup, qui dévala dans la poudreuse.

Cirillia tourna alors la tête en entendant des grognements, et vit plusieurs créatures supplémentaires s’avancer rapidement, leurs pas s’enfonçant dans la neige. Ils venaient depuis les cavernes : les goules. De sinistres créatures nécrophages attirées par les morts, et par la chair des vivants. Nyoron utilisait son bâton magique, alternant entre le combat à distance et à proximité, utilisant ce dernier pour repousser les Wargs. Fort heureusement, il n’avait pas vraiment à les affronter à proximité, car Kynarth le couvrait bien. Le jeune Commandeur était rapide et meurtrier. Cirillia vit alors un Warg foncer droit sur elle. Elle n’avait pas le temps de le tuer avec son arbalète, étant concentrée à tuer les nombreuses goules qui s’approchaient.

Elle ne ressentit pas le sort magique du Roi de Meisa... Pas consciemment, en tout cas. Le Warg était rapide, et Cirillia bondit dans les airs, l’évitant de justesse. Elle tournoya en hauteur, et en profita pour ranger son arbalète dans son dos, tirant pour cela sur la ficelle qui reliait l’arbalète à son corps, puis attrapa son épée en argent. Le Warg s’arrêta sur place, et se retourna en hurlant... Mais se reçut la lame à hauteur du museau, le fendant en deux. La bête s’affala sur le sol dans un couinement.

« Du vent, créatures du Diable ! »

Nyoron envoya une onde de choc qui repoussa trois Wargs, soulageant ainsi Kynarth, dont l’armure avait été entaillée de plusieurs griffes. Des éclaboussures de sang revenaient sur son visage et ses cheveux, lui donnant un air sauvage délicieusement excitant. C’est à cet instant qu’un nouvel individu se joignit à la bataille : une sorte de géant accompagné d’un loup blanc. Ciri’ vit ses pupilles : les yeux d’un sorceleur ayant utilisé un mutagène.

*Voilà qui n’est pas banal...*

Cahos ne lui disait rien, et elle soupçonna que cet homme devait appartenir à un ordre de sorceleurs qu’elle ne connaissait pas, elle-même ayant reçu une formation de leur part. Le sorceleur se heurta à l’Écraseur, tandis que Serenos essaya de repousser les goules. Malheureusement, la partie ne jouait pas en leur avantage, car les ennemis étaient nombreux, et les Wargs prudents. Ils avaient déjà affronté ce groupe hier, et savaient donc comment ils réagissaient.

Un Warg heurta Ciri’ sur le flanc, la couchant sur le sol, et elle roula sur le côté, évitant de justesse les crocs tranchants du monstre. Elle allait se relever, mais la patte avant du Warg la frappa à l’estomac, formant cinq lignes ensanglantées. Cirillia poussa un gémissement en sentant une onde de douleur la traverser, et le Warg la heurta alors, la couchant sur le sol. Elle vit sa gueule édentée, furieuse, ses babines claquantes, sa salive tombant sur son visage, et réagit par réflexe. Sa main attrapa la dague qu’elle tenait à a ceinture, et elle réussit in extremis, alors que les pattes du monstre l’écrasaient et la meurtrissaient, à la planter dans sa gorge, tranchant la carotide. Le sang jaillit de la gueule du monstre et de la plaie, éclaboussant le visage de Cirillia, qui usa alors de ses forces pour repousser la bête.

Nyoron se concentrait, yeux clos. Tandis que la bataille dégénérait, il murmurait des incantations, faisant trembler son bâton. Lorsqu’il les rouvrit, ses pupilles devinrent brièvement incandescentes, et il poussa un hurlement dans une langue arcanique, avant de taper le sol de son bâton. Ceci déclencha une réaction immédiate. La neige devint folle, et s’agita autour du groupe, avant de former comme un blizzard, une épaisse tornade qui se mit à les protéger, frappant les Wargs, les forçant à reculer. Dans des piaulements furieux et plaintifs, ces créatures s’enfuirent, retournant dans la forêt.

Cirillia, de son côté, s’était relevée, et attrapa une fiole d’Hirondelle, un élixir qui soignerait ses plaies. L’une de ses mains tenait les plaies. Elles étaient peu profondes, ne nécessitant pas de soins urgents, et elle avala tout le contenu de l’élixir, avant de jeter la fiole sur le sol.

Elle soupira lentement, retrouvant ses forces, et récupéra son épée.

« Vous savez où est passé Hodor ?
 -  Sûrement pas loin, le connaissant. »

Ciri’ ne pouvait que l’espérer.

C’est que le semi-géant était tout de même bien pratique.
DC d’Alice Korvander.

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    Le Roi des Trois Royaumes et le personnage le plus influent d'Ayshanra. Derrière ses allures détendues et son sourire charmeur, Serenos est un homme dangereux et incontrôlable, et une constante menace pour les royaumes continentaux. Son mépris pour le protocole lui ont attiré le titre de "Roi Fou".

Re : Le Fléau [Partie 2] [PV]

Réponse 26 lundi 03 février 2014, 23:34:24

Le sortilège était suffisamment stable pour que le Roi s’autorise à l’automatiser, créant ainsi un effet continu qui ne nécessitait pas qu’il accorde sa concentration mais qui consommait tout de même une part donnée de son énergie. Il pouvait ainsi se joindre à la mêlée sans risquer de dépouiller ses compagnons de leur maigre avantage sur leurs ennemis. Chargeant sa main gauche d’énergie purificatrice et agrippant Ehredna de la main droite, il s’élança sur une première goule, se séparant de ce fait du groupe pour attirer davantage l’attention des comparses de sa cible. Il l’agrippa à la gorge, et au contact de ses doigts, la créature damnée se mit à geindre de douleur et à se débattre, mais pas assez vigoureusement pour s’arracher à la prise du Roi, avant de tomber en poussière. Il fléchit subitement des genoux, évitant une de ces vicieuses sauteuses, mais ne fut pas assez rapide pour en éviter une seconde, qui s’agrippa alors immédiatement à sa tête et à ses cheveux. Le Roi la repoussa de son bras valide et lui tailla le dos, faute de pouvoir lui donner un bon coup de lame dans l’abdomen, et la douleur suffit à faire lâcher prise à la sale bête. Il l’agrippa alors par la peau et la plaqua sauvagement sur le sol dans une succession de coups, jusqu’à ce qu’elle se démontre incapable de bouger, posant sa main sur la tête du revenant pour la renvoyer dans sa tombe. Une autre de ces créatures se rua dans sa direction, et il exécuta un arc de cercle de sa lame, lui tranchant la tête à la moitié du visage. Pris de cours par un Warg, il fut sauvagement mordu au bras gauche, rendant celui-ci inutilisable alors que les os cédaient sous les puissantes mâchoires du cousin du loup géant. Il hurla de douleur, mais cela ne l’empêcha pas d’asséner à la boule de poils de bons coups d’épée sur le crâne, jusqu’à atteindre le cerveau, le tuant après le quatrième coup d’épée. Malgré la douleur, le Roi réussit à rester sur ses jambes, mais les Wargs avaient remarqué sa vulnérabilité et trois d’entre eux le ruaient déjà. Il put tout juste éviter les crocs du premier pour parer les griffes du second, alors que le troisième le mordait à la jambe, lui arrachant un nouveau cri. Incapable de bouger, le deuxième n’eut qu’à bondir une nouvelle fois pour arriver à le mordre à l’épaule, manquant de justesse son cou. En rugissant de rage et de douleur, il planta alors son épée dans l’abdomen de celui-ci, avant de lâcher Ehredna et de s’emparer de son poignard de ceinture pour trancher la gorge du troisième. Le premier lui sauta dessus, le renversant. Il n’eut néanmoins pas le temps de le mordre car Serenos lui asséna un puissant choc d’énergie électrique d’un contact de la main, grillant immédiatement les organes du monstre. La bête s’effondra alors sur le côté, libérant le Roi de sa prise. Lorsque son adversaire poussait son dernier soupir, ses compagnons prenaient la fuite, cédant la victoire au groupe des Sylvandins.

Peut-être avait-il surestimé ses capacités. Il ne connaissait pas de mortels qui pouvaient le vaincre en combat singulier, mais il se rendait graduellement compte que toutes ces années de réclusion en Meisa, dans l’oisiveté du Palais des Anciens et loin du monde, l’avait affaibli, comparativement au temps de la guerre, où ses journées étaient occupées par une seule pensée; comment il allait vaincre et ramener le plus grand nombre de ses hommes sains et saufs auprès de leurs familles. Ses réflexes étaient émoussés, ses mouvements étaient beaucoup moins rapides qu’auparavant et il ne jouissait plus de cet état de concentration brute, que certains guerriers appelaient la « zone », où tous ses gestes n’avaient qu’un but; frapper, tuer et vaincre. Se trainant sur sa seule main encore capable de supporter son poids, il se traina contre la carcasse de sa dernière victime et s’y adossa en grognant, les yeux clos. Il n’ouvrit les yeux que lorsqu’il constata que ses blessures ne se refermaient pas comme elles le faisaient normalement; plutôt que de reformer une peau lisse et nette, le sang continuait de couler et les ouvertures ne se cicatrisaient pas. Il aurait pu s’en inquiéter, mais son état d’Immortel le rendait particulièrement insensible à son état physique; il savait que peu importe combien de sang il perdrait, il ne gagnerait pas le repos, car son moment n’était toujours pas arrivé.

Cahos essuya son épée sur la fourrure d’un Warg pour la débarrasser du sang qui la souillait, évaluant d’un coup d’œil l’état des environs. Une fois assuré que la menace ne risquait pas de revenir de si tôt, il s’approcha du Roi et posa un genou en terre pour se mettre à son niveau. Le Roi n’ouvrit pas les yeux, pas même pour l’identifier, essayant de se reposer et de régénérer son pouvoir pour réparer manuellement les dommages de son corps; loin d’être un guérisseur de talent, il savait manipuler sa propre énergie pour accélérer les mécanismes de guérison; l’évacuation de l’infection, la coagulation du sang et la fermeture de la chair. Les dommages étaient considérables du point de vue d’un humain, mais pour avoir côtoyé le Roi pendant ces années folles où ils parcouraient les chemins, incessamment pourchassés par un ennemi qu’ils ne pouvaient combattre, l’ancien paladin ne considéra pas les blessures comme étant particulièrement importantes. Il lui asséna une petite tape sur le crâne avant de le laisser seul pour panser ses blessures; lui-même ne pouvait rien y faire.

« Connaissant la réputation de cet homme pour s’attirer les ennuis, je vous dirais bien de rentrer chez vous tant que vous le pouvez encore, mais après vous avoir vu vous défendre, je crois bien que ce ne sera pas nécessaire. Mon nom est Cahos Shermalam, un Sorceleur. Du moins en partie. »

En bon expert de monstres en tout genre, il leur expliqua alors ce qu’il savait sur la tragédie qui avait frappé le village. Deux jours avant leur arrivée, il était parti à la chasse aux monstres, des Stirges, plus exactement, qui sévissaient dans les environs depuis une petite période de temps en attaquant les villageois et les gens qui se promenaient dans les environs. Le maire lui avait promis une récompense de son choix à son retour, et il s’était donc hâté à la tâche pour toucher sa prime plus rapidement. Il avoua avoir été absent au moment de l’attaque, mais il les assura d’une chose; qui que fut celui qui avait « moissonné » ces gens, il était suffisamment habile pour l’avoir fait en moins de trois heures. Il leur déclara aussi qu’il n’était pas seul; les nombreuses traces de souffre et des traces de pas carbonisées indiquait que le mage noir était accompagné d’au moins un élémental de feu.

Il leur révéla également qu’il avait remarqué un plus grand nombre de monstres dans les environs. Sylvandell contenait son lot de créatures dangereuses, mais outre celles qui se reproduisaient à un rythme particulièrement effarant, certaines, annonça-t-il, n’avaient absolument aucune racine sur ces terres; il avait noté l’apparition d’un serpent géant quelque part dans les régions de l’Est, et surtout, l’arrivée surprenante de chauve-souris Sanguiris, créatrices de Goules Vampiriques, qui sont normalement trouvée dans les régions particulièrement froides du continent.

Après un long moment de silence, le Roi tourna la tête vers ses compagnons. Toujours incapable de bouger, il ne pouvait pas se rapprocher d’eux. Il tenta alors de les frôler de son esprit, seulement pour être sauvagement repoussé, mais pas par ses camarades; quelque chose le bloquait. Inquiet que quelqu’un tente d’entrer dans sa tête pendant que son esprit était ailleurs, il regagna immédiatement son territoire spirituel et s’y barricada solidement, à l’affût. Il se sentait étrangement vulnérable. Malgré l’effort que cela lui demandait, il étira le cou.

« Est-ce que quelqu’un pourrait aller chercher Hodor?... Je ne parviens pas à le capter, ca m’inquiète. Moi, je… je vais faire un petit somme, je crois. »

Il ne pouvait pas se mentir; il ne ferait pas un pas dans ces conditions. Cahos pourrait le porter, mais sa fierté ne lui permettrait pas de telles largesses. Il préférait rester là, au milieu des cadavres, et se reposer un peu.

Cirillia

Humain(e)

Re : Le Fléau [Partie 2] [PV]

Réponse 27 mercredi 05 février 2014, 01:37:35

La bataille avait été aussi rude qu’inattendue. Cirillia reprenait lentement son souffle, tout en se remettant de sa blessure. La guerrière avait mal au ventre, et il était certain que cette blessure ne disparaîtrait pas avant quelques heures. Le groupe allait maintenant sûrement se reposer dans le village. Se promener pendant la nuit était bien trop risqué pour être tenté. Cirillia finit par se relever, tandis que le sorceleur qui venait de débarquer, le géant Cahos, leur expliqua sa présence ici, et ses découvertes. Il était venu chasser des Stirges, probablement dans le cadre d’un contrat avec un mage ou un alchimiste, ce qui était le plus courant pour les chasseurs de monstres. Cahos continua à leur parler, à leur expliquer qu’il avait vu de curieuses choses ici, la présence de monstres qui n’avaient rien à faire ici, qui déréglaient l’écosystème... Il leur indiqua que les individus ayant massacré le village avaient du le faire simplement en trois heures. Cirillia exprima son scepticisme. Trois heures, seulement ? Tout ça lui semblait un peu rapide. Entre-temps, le Roi de Meisa restait silencieux. La lourde attaque avait également blessé l’homme, qui n’était plus trop en état de parler, et se reposait.

Cirillia écouta donc l’homme parler, puis allait ouvrir la bouche. Une question, en effet, continuait à la turlupiner : qu’était Kor-Tarath ? Pourquoi Nyoron et Kynarth en avaient-ils parlé ensemble ? Quel était le lien entre ce massacre de villageois, la recrudescence de monstres, et Kor-Tarath ? Alors que Ciri’ réfléchissait, Serenos demanda à ce qu’on aille retrouver Hodor.

« C’est inutile, répliqua rapidement Kynarth. Hodor connaît ces montagnes comme sa poche, et nous le retrouverons certainement sur notre route.
 -  Que veux-tu dire ? »

Kynarth se pinça les lèvres.

« Commençons par retourner au village, je dois m’enquérir de quelque chose. »

Cirillia le regarda en fronçant les sourcils, en croisant les bras. Il ne s’en tirerait pas aussi facilement, mais elle s’inclina, pour le moment. Le groupe remonta dans le village, et Kynarth s’avança dans un coin, vers une tour. Nyoron, de son côté, pénétra dans ce qui faisait office d’auberge, afin de l’allumer, et de la préparer pour le soir qui tombait. Cirillia, de son côté, suivait Kynarth, s’avançant dans de petites rues sombres et sinistres, maintenant que le village était mort. Elle arriva à côté du cimetière, et vit la tour. Une belle tour montée sur pilotis. Un escalier menait à une porte, et cette dernière était ouverte. Elle y alla également, grimpant le long des marches en bois, et pénétra dans une grande pièce avec de nombreuses cages... Et des corbeaux morts. Des plumes noires reposaient un peu partout sur le sol, et un tas de cendres dans un coin était tout ce qu’il restait du papier figurant dans le village.

« Qu’est-ce que ça signifie ? » s’étonna Cirillia.

Kynarth restait au milieu de la pièce, sur les planches branlantes en bois, et regarda autour de lui.

« Chaque village élève des faucons ou des corbeaux. Ils leur permettent de transmettre rapidement des messages vers Sylvandell, quand il y a une urgence à signaler. Nos meurtriers les ont massacrés, et ont, par mesure de précaution, au cas où il resterait encore des corbeaux dans la nature, brûlé les réserves de papier.
 -  De cette manière, nous ne pouvons pas demander des renforts...
 -  En effet. »

Ciri’ se pinça les lèvres, commençant à comprendre. Les ennemis étaient avisés, et ils ne pourraient pas bénéficier de renforts.

« Retournons voir les autres. Il est temps que je vous offre quelques explications. »

Dans l’auberge, Nyoron avait allumé un feu près d’une cheminée, en utilisant sa magie. Le soleil commençait à se coucher. Cirillia s’assit sur une chaise, et Kynarth, sans attendre plus longtemps, commença à s’expliquer.

« Je pense que nos ennemis se rendent vers le volcan de Sylvandell, un volcan éteint se trouvant au cœur de la chaîne de montagnes. Dans ce volcan, il existe une forteresse, Kor-Tarath. Pour comprendre ce fort, il faut remonter aux fondations de Sylvandell. »

Erwan Korvander, le Premier Roi, le fondateur de Sylvandell, avait conclu une alliance avec le Patriarche des dragons de Sylvandell, mais chacun avait du remplir des obligations. Le rôle fondamental de Sylvandell, comme l’expliqua Kynarth, était de défendre le royaume des menaces qui y résidaient, notamment Kor-Tarath. Le fort noir, à l’époque d’Erwan, était le refuge d’un puissant mage noir, quelqu’un qui envisageait d’utiliser Kor-Tarath pour ouvrir une faille vers les profondeurs du monde, afin d’y libérer un terrible fléau : un Dragon Ancestral, un dragon noir immense, qui aurait ravagé la région, et massacré tous les dragons dorés, et qui aurait assurément constitué une Calamité.

« Les dragons ne pouvaient pas venir à bout de ce mage, car il possédait un pouvoir magique extrêmement fort, et des sorts contre les dragons efficaces. De plus, il contrôlait, depuis Kor-Tarath, la lave du volcan, et toute attaque massive depuis le cratère aurait résulté en une éruption volcanique. Quand Kor-Tarath est habité par une force noire, le volcan fume continuellement, et creuse pour atteindre la prison du Dragon primordial. Erwan avait su cet éveil en tuant le mage noir, et en scellant Kor-Tarath. »

De cette époque, il ne restait qu’un seul survivant, l’Omniprêtre. Il avait secondé Erwan et les autres Sylvandins dans le siège de Kor-Tarath, et parlait assez peu de cette époque, si ce n’est pour en dire que ce siège avait été redoutable, et avait constitué l’ultime bataille d’Erwan Korvander. Le Premier Roi avait succombé à ses blessures en affrontant le seigneur de Kor-Tarath, mais ce dernier avait été terrassé. Cette bataille originelle avait été à l’origine du lien étroit unissant les dragons dorés aux Sylvandins, et le fort avait été abandonné, sombrant dans l’oubli.

« Donc, ces gens veulent réveiller Kor-Tarath ? En reprendre le contrôle ?
 -  Pas uniquement, nuança Nyoron. Tous ces gens n’ont pas été tués sans raison. Un puissant sortilège leur a ôté la vie... Je pense qu’ils ont été sacrifiés.
 -  Sacrifiés ? Dans quelle mesure ?
 -  De puissants sortilèges ont scellé Kor-Tarath, mais, le plus important à noter, c’est que ce fort se trouve au croisement de deux puissantes lignes cardinales magiques qui traversent Terra. C’est un haut lieu de résonance magique, et, comme notre ami sorceleur l’a mentionné, nous affrontons des ennemis puissants, bien organisés, et visiblement dotés d’un mage particulièrement puissant. Je pense que ces gens se rendent vers Kor-Tarath pour y accomplir un quelconque maléfice. »
DC d’Alice Korvander.

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Serenos I Aeslingr

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    Le Roi des Trois Royaumes et le personnage le plus influent d'Ayshanra. Derrière ses allures détendues et son sourire charmeur, Serenos est un homme dangereux et incontrôlable, et une constante menace pour les royaumes continentaux. Son mépris pour le protocole lui ont attiré le titre de "Roi Fou".

Re : Le Fléau [Partie 2] [PV]

Réponse 28 mercredi 05 février 2014, 17:19:43

Lorsque le groupe se dirigea vers la tour aux messages, Cahos s’était plutôt tourné vers Serenos, qui ne semblait toujours pas capable de se lever. Cahos nota que le visage du Roi s’était étrangement émacié, comme s’il avait pris un coup de vieux. Le Sorceleur grommela de désapprobation avant d’agripper le Roi et de le charger sur ses épaules. Son ami s’apprêta à protester quand il le fit taire d’une secousse des épaules et lui fit comprendre qu’autrement, il ne pourrait pas se déplacer. La faiblesse actuelle du Roi s’avérait plus préoccupante que ce que le chasseur de monstres l’avait d’abord pensé, et grand peine fut-il de se retenir de l’interroger sur son équilibre intérieur. Le puissant homme examina son ami et lui rabattit sa capuche sur la tête pour cacher son visage en le portant vers l’auberge, passant récupérer Ehredna dans la fourrure d’une de ces saloperies de Warg au passage. Une fois sur place, il parut presque surpris, limite offensé, que ces gens parlaient entre eux sans vraiment inclure le Roi dans leurs discussions. Il allait attirer leur attention sur eux pour signaler leur intérêt quand le Roi posa une main sur son épaule et lui fit signe qu’il était inutile d’essayer de les apostropher. Acceptant de se retenir, à contrecoeur, il se contenta d’écouter ce qu’ils se disaient. Ils en étaient à parler de Kor-Tarath, un nom qui semblait évoquer vaguement quelque chose au Roi, car il avait relevé la tête pour regarder ses compagnons parler entre eux.

Pour Serenos, Kor-Tarath tenait beaucoup plus de la légende qu’autre chose, qu’il avait pu lire une ou deux fois dans les nombreux livres traitant de lieux mythiques et maléfiques. Le rapport Édifications et Institutions des Mages Anciens, rédigé par le Conseiller de la Reine Maïwen de Nordgarde, Atius Pailethium, lui avait fournis quelques informations sur les sceaux anciens qu’Erwan Korvander avait mis en place pour protéger le monde d’une certaine menace, classée parmi les nombreuses « Calamités » supposées apporter une destruction massive sinon totale au monde si elles venaient à être libérées. Le Dragon Ancestral. Sincèrement, le Roi n’aimait pas l’idée qu’un Dragon puisse être enfermé dans les entrailles de la Terre, mais apparemment, celui-ci n’avait d’autres buts que de causer la destruction autour de lui, ce qui en faisait un ennemi du monde, un indésirable et un être dénué de raison. La puissance de la bête l’empêchait néanmoins d’être détruite par des moyens conventionnels, ce qui pouvait expliquer en partie la raison pour laquelle Erwan ne put s’en débarrasser définitivement. Ou alors le Premier n’osait pas mettre fin à un être aussi vieux et puissant, aussi maléfique soit-il. En cela, les deux monarques se ressemblaient beaucoup; combien de fois Mélisende s’était-elle retrouvée entre ses mains sans qu’il ne puisse se résoudre à lui planter sa lame dans la gorge et la laisser mourir une bonne fois pour toute?

« C’est un haut lieu de résonance magique, et, comme notre ami sorceleur l’a mentionné, nous affrontons des ennemis puissants, bien organisés, et visiblement dotés d’un mage particulièrement puissant. Je pense que ces gens se rendent vers Kor-Tarath pour y accomplir un quelconque maléfice. »

Subitement, le Roi s’agita vivement, incitant Cahos à le déposer sur le sol. Il laissa donc son ami se poser sur ses jambes. Son équilibre semblait vacillant, ce qui l’inquiétait beaucoup, s’empêchant à grand peine de lui offrir de l’aide. Marchant d’un pas chancelant, semblant sur le point de s’effondrer à tout moment, le Roi s’approcha d’une table. Cahos s’apprêta à lui donner à nouveau un coup de main quand il atteignit enfin une chaise et poussa sur la table un petit objet sphérique qui se positionna au centre de la table avant de s’envoler à quelques centimètre de celle-ci et d’irradier une puissante lumière qui finit par s’estomper, laissant place à une multitude de petits points lumineux partout dans la pièce. Le Roi agita rapidement les doigts en l’air et les petits points se déplacèrent à toute vitesse avant qu’une grosse sphère en forme de globe apparaisse devant les Sylvandins. Aucun doute possible, il s’agissait bien de Terra vue de l’espace. Grâce à la magie, la civilisation de Terra savait depuis déjà un bon moment que la planète était ronde en raison de la force gravitationnelle, et même les cultes les plus archaïques du monde reconnaissaient ce fait, pour la simple et bonne raison qu’il était impossible de l’ignorer une fois que la preuve visuelle était fournie. Le Roi s’adossa à la chaise et indiqua la boule d’une main.

« Voici Terra tel que nous la connaissons, les informa-t-il d’une voix rauque. Beaucoup d’eau, très peu de terres, mais nous avons compensé le manque de terrain par la création magique d’archipels flottants et cetera. Maintenant, Nyoron, je vous prie de m’assister dans mon discours en corroborant ou infirmant ce que je dirai. »

Le Roi, une nouvelle fois, agita les doigts et de nombreux petits points blancs se mirent à se manifester sur le globe, certains tout petits, d’autres beaucoup plus importants.

« Ces points représentent les points de concentration d’énergie magique naturel. On parle d’énergie vitale. Cette forme d’énergie est naturellement neutre. Cette neutralité est souhaitée par tous les magiciens dits mages blancs car l’équilibre est une variable très importante dans la magie, qui permet aux magiciens l’usage de sorts défensifs, offensifs ou même curatifs. Maintenant, voici une nouvelle information. »

Cette fois, aux gestes du Roi, plusieurs voiles noirs tombèrent sur les petits points blancs, qui devinrent noirs au contact de cette étrange matière.

« Ces voiles noirs sont la représentation que je me fais des endroits où la magie naturelle est déstabilisée par la magie noire. Nyoron, vous n’êtes pas sans connaître les règles de la magie, donc, corrigez-moi si je me trompe, mais cette magie noire est causée principalement par des massacres, les viols, les pillages, bref, des activités mordrediennes typiques. Et vous savez donc également qu’il est possible, en étant particulièrement habile, de concentrer cette énergie noire et la canaliser pour réaliser un fait magique hors du commun. »

Si Nyoron comprenait ce qu’il disait, le Roi ne lui donnait pas longtemps à comprendre également la nouvelle ampleur de la menace. Le Roi passa brièvement une main sur son visage en analysant les informations présentes devant lui. Il aurait voulu savoir combien de menaces exactement leurs opposants comptaient ramener à la vie et comment ils étaient supposés empêcher la réalisation de leurs plans. Il avait beau retourner la question dans tous les sens, mais à chaque fois, il se frappait aux différents murs qui se dressaient sur son chemin; leurs ennemis étaient organisés, rapides et surtout, ils ne perdaient pas de temps en provocations inutiles; ils ne cherchaient pas à les narguer; ils avaient un but, et ils comptaient bien le réaliser, ce qui les rendaient d’autant plus dangereux. Le Roi prit une grande inspiration et regarda Nyoron.

« Une cabale, mon ami. Nous faisons face à une cabale dont les nombreux membres ont dans leurs projets de réveiller le Mal sous toutes ses formes. Et ils se croient capable de le maîtriser et le garder sous contrôle. Mes démons, vos démons, ceux des Nexiens ou des Ashnardiens, cela n’a aucune importance pour eux; s’ils peuvent mettre la main dessus, ils le feront. Kynarth, vous vous souvenez de ce que je vous ai dit sur Althenos? Que je croyais qu’il était le maitre derrière les marionnettes? Eh bien, je n’en suis plus aussi sûr, désormais. Je crois plutôt que plusieurs entités maléfiques bien distinctes cherchent à se libérer de leurs liens et recommencer à sévir sur le monde. Et avec l’arrivée récente de mages noirs et la corruption qui gangrène le monde, ils ont les outils nécessaires à l’accomplissement de leurs objectifs. »

La fin du monde n’était pas vraiment ce que le Roi cherchait à sous-entendre, mais ce qui était sûr, c’est que s’ils n’arrivaient pas à reprendre les choses en mains très vite, sur plusieurs êtres du mal absolu, ils ne pourraient en prévenir que quelques-uns. Le Roi Cramoisi, Ankh’Anvrheim, le Dragon Ancestral, Mélisende et les dieux seuls savent encore combien d’êtres d’une puissance démesurée seraient libérés s’ils n’arrivaient pas à refermer la porte que cette cabale cherchait à enfoncer, et si l’inévitable devait se produire, ils devraient être préparés, ils devaient connaître ce qu’ils s’apprêtaient à affronter. Le Roi se tourna alors vers Cahos, un moment, et les deux amis, sans un mot, hochèrent de la tête. Pour avoir déjà affronté un Mal absolu à leur époque, ils savaient qu’ils ne pourraient pas faire front avec les ressources seules de Meisa. Il se tourna vers les trois Sylvandins et joignit les mains, s’accoudant sur la table.

« Nyoron, je sais que vous ne voulez pas faire tout le chemin vers l’Omniprêtre et risquer de ralentir notre progression, mais si le Commandeur Kynarth me donne l’autorisation d’user d’un sort de téléportation en territoire Sylvandin, je pourrai obtenir de votre mémoire les informations nécessaires à un déplacement instantané de notre groupe et nous économiser plusieurs jours de marche. Hodor est présentement absent, il nous faudra donc le retrouver avant de lancer le sort, mais si Kor-Tarath est sur le point d’être remis en état de fonctionnement, l’Omniprêtre est le seul érudit capable de nous dire ce que nous devons savoir pour être capable de l’arrêter; et nous gagnerons un temps considérable. Si nous atteignons Kor-Tarath avant nos ennemis… peut-être que nous pourrons les arrêter, avec une force suffisante … Et… »

Cette fois, il se tut. Pas qu’il ne savait pas ce qu’il voulait dire, mais sa vue s’était embrouillée et il avait perdu tout contrôle sur sa parole. Les derniers mots de sa phrase s’étouffèrent dans un étrange gargouillis avant qu’il ne se dégage la gorge d’une bonne toux, souillant la table d’une tache de sang. Cahos s’empressa de le rejoindre et de le remettre en position verticale. Le Sorceleur lui enfonça alors un fortifiant dont il avait le secret dans la bouche et le força à le boire, malgré les visibles protestations du monarque. Une fois qu’il eut ingurgité, le Roi fit une grimace incroyable de dégout; cette mixture avait une texture et un gout exécrable pour son palais. Il adressa un regard furibond à Cahos, qui lui souriait avec provocation. Les deux amis se dévisagèrent un long moment dans leurs airs respectifs avant qu’un rire ne raisonne dans la pièce; le Roi avait perdu son air froissé pour laisser place à un nouvel enjouement qui plaisait à voir. Le rire fut bref, mais il avait suffisamment allégé l’atmosphère pour que le Roi semble hors de danger. Le fortifiant lui avait rendu un peu de force physique, sans affecter son état magique, ce qui lui permettrait à plus d’autonomie.

Il ne s’attendait pas à beaucoup de collaboration de la part de ses camarades Sylvandins, mais il savait qu’ils ne laisseraient pas Kor-Tarath être réactivé les bras ballants. Si Erwan avait jugé nécessaire de conserver le Dragon Ancestral enfermé, c’est qu’il y avait une bonne raison qui ne laissait de doute pour personne. Et puis, de toute évidence, le Roi ne serait pas capable d’endurer un plus long voyage; il lui fallait récupérer des forces au plus vite sous peine de devenir complètement inefficace, et avec l’actuelle aura qui entourait cette partie du royaume, il ne risquait pas de récupérer de sitôt. Il avait juste assez d’énergie pour le sort de téléportation, mais il refusait de laisser Hodor seul dans les montagnes pendant qu’ils faisaient un bond magique à plusieurs lieues de distance.
« Modifié: vendredi 07 février 2014, 20:23:05 par Roi Serenos de Meisa »

Cirillia

Humain(e)

Re : Le Fléau [Partie 2] [PV]

Réponse 29 vendredi 07 février 2014, 00:40:12

Les flammes crépitaient dans l’âtre de la cheminée, formant un apaisant rideau de feu. Cirillia s’y réchauffait. On pouvait entendre les sifflements du vent. Le groupe parlait d’un fort maudit, Kor-Tarath, et elle, elle se demandait dans quelle histoire de cinglés elle avait encore débarqué. Ciri’ était chasseuse de monstres et de dragons, elle gagnait sa pitance à la manière des sorceleurs, en tuant des monstres, et éventuellement en remplissant des primes. Sa seule motivation était de retrouver le dragon noir qui avait ravagé sa ville natale, afin de pouvoir définitivement l’occire. Cette histoire de Dragon Ancestral avait l’air de légèrement dépasser ses attentes. Elle se moquait bien de ces vieilles prophéties ridicules. Pour elle, ce n’était que des contes et des fariboles qu’on inventait aux jeunes enfants pour les forcer à dormir la nuit et à faire leurs études. Il n’y avait là-dedans aucun fondement rationnel. Pour elle, il était plus logique de penser qu’il y avait une sorte de puissant pouvoir endormi dans ce putain de fort, et que les types qui avaient massacré ce village le recherchaient.

Le Roi de Meisa créa une représentation virtuelle de Terra, faisant flotter une petite boule avec d’autres petits points qui parcouraient sa surface, formant une série de lignes. La magie... Un art qui avait toujours été inconnu pour Cirillia. Elle avait rencontré bien des « mages » qui étaient en réalité des charlatans, et ne pratiquait pas la magie elle-même. À quoi bon vouloir se battre avec un bâton ? Une bonne arbalète, et un carreau bien placé, ça valait tous les sorts du monde. La magie était trop fluctuante, trop imprécise, pour qu’elle daigne lui faire confiance.

Serenos parlait d’une « cabale », et mentionna ensuite la possibilité de se téléporter pour rejoindre rapidement Kor-Tarath. Nyoron, qui s’était assis près du feu, son bâton planté devant lui, écoutait silencieusement. Kynarth se réchauffait les mains devant l’âtre de la cheminée.

« Si c’était si simple, nous n’aurions pas traversé cette région, nous nous serions directement téléportés depuis la Griffe. Bien trop de critères et de paramètres rentrent en jeu pour se risquer à une téléportation. Nous ne sommes pas au niveau du sol, il suffit d’une variation de quelques millimètres dans le transfert pour que nous nous retrouvions encastrés dans un élément de décor. De plus, vous ignorez tout de la topographie de la région. Se téléporter à l’aveuglette est le meilleur moyen de se retrouver dans un mur. »

Encore un domaine qui passait largement au-dessus de la tête de Cirillia. Il était absolument hors-de-question qu’elle laisse un mage la téléporter. Elle se souvenait de faits divers sinistres, où des mages s’étant risqués à la téléportation n’avaient pas transféré tout leur corps, et se retrouvaient avec une jambe en moins, ou se trompaient de quelques centimètres. Leurs pieds se retrouvaient alors là où la roche aurait du se trouver. Les membres éclataient alors. Ce genre d’accidents était souvent normal, et c’était la raison pour laquelle les mages préféraient se déplacer à travers des portails de téléportation, le long de couloirs sécurisés : les fameux miroirs des mages. Ils permettaient de transiter sur de grandes distances, conduisant d’un point A à un point B. La téléportation manuelle ne pouvait s’élaborer que dans des endroits parfaitement connus du mage, ou dans des espaces très clos. En tout cas, c’est ce que Cirillia avait retenu. Cependant, pour elle, ça ne changeait pas grand-chose. Miroir ou pas, elle ne faisait pas confiance à ces trucs de mages, et préférait la bonne vieille marche, à pied, ou avec un cheval.

« Vous savez comment vous rendre dans ce volcan ? demanda alors Cirillia.
 -  Le volcan se trouve dans le Territoire des Dragons. Nous pourrions y aller par la surface, mais les dragons nous attaqueraient. Et, vu l’endroit où nous sommes, seul un héritier d’Erwan pourrait les raisonner pour qu’ils ne nous attaquent pas.
 -  Donc, il faut passer par les grottes...
 -  C’est le seul moyen. Nos ennemis ont une légère avance, mais ces grottes sont un vrai labyrinthe, et je ne pense pas qu’ils aient avec eux un guide de la région. Ils doivent se repérer à l’aide des signaux magiques que Kor-Tarath émet. En d’autres termes, en choisissant soigneusement les bons passages, nous pourrons les rattraper. »

Cirillia hocha lentement la tête, se pinçant les lèvres.

« Des passages que vous connaissez, je présume ?
 -  Je ne les ai jamais empruntés, mais je les connais, oui, reconnut Nyoron.
 -  Et vous pensez que ces types cherchent à réveiller le dragon situé sous Kor-Tarath, Kynarth ? »

Kynarth était toujours près du feu, et se retourna. Son regard croisa celui de Cirillia. Le jeune homme était visiblement affecté. Il venait de voir tout un village mourir, il venait de voir la cruauté et la malfaisance à l’œuvre.

*Estime-toi chanceux, petit homme... Je n’avais pas une épée quand je ‘lai senti, et je sentais les flammes me picorer les cheveux...*

Kynarth hocha lentement la tête, réfléchissant.

« Je n’en ai pas la moindre idée. Les légendes disent que, jadis, quand le monde n’était que flamme et soufre, les Dragons vivaient, et alimentaient ce feu. Avec la transformation de la planète, ces immenses volcans se sont enfouis sous terre, emmenant avec eux les créatures des anciens temps. Ces antiques légendes justifient ainsi les éruptions volcaniques, en considérant que, quand un volcan entre en éruption, c’est parce que le souffle d’un de ces vieux dragons nous parvient. La vérité, c’est que nous ignorons si ces dragons ancestraux existent ou non, si ce ne sont que des fossiles dans la roche, ou des créatures réelles, emprisonnées dans les profondeurs du monde. La science tekhane a permis d’expliquer la création des séismes par les mouvements de plaque tectonique, et non par de quelconques Titans enchaînés par les Dieux, qui feraient tinter leurs chaînes au point d’en faire trembler le monde. »

Le Commandeur secoua la tête, en marchant lentement.

« L’expédition d’Erwan Korvander à Kor-Tarath n’est pas un récit historique avéré, vous savez. Il s’agit d’un genre de conte, et l’Omniprêtre n’est pas très prolixe sur ce genre de choses. Il est possible qu’il n’y ait même plus de fort dans le volcan, ou que cette histoire autour d’un Dragon Ancestral, d’une calamité, ait été inventée de toutes pièces... Ou soit une sorte de métaphore pour désigner le risque d’une éruption volcanique. J’ignore ce que ces gens veulent, mais, ce dont je suis sûr, c’est qu’un maléficien est avec eux, et qu’ils n’ont pas commis ce massacre gratuitement. »

Ciri’ hocha lentement la tête. Tandis que Kynarth parlait, elle avait sorti un couteau de chasse, et l’avait planté dans la table, jouant avec en le remuant, en le faisant tournoyer sur lui-même.

« Vous pensez à un sacrifice rituel ?
 -  C’est possible. »

Cirillia n’avait plus rien à dire, et s’humecta les lèvres.

« Nous partirons demain matin, de bonne heure. »
DC d’Alice Korvander.

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