James pressa le pas. Depuis qu'il avait reçu cet e-mail de Charles, il ne tenait pas en place ; partout où il allait il avait l'impression d'être observé. « Pour une raison que j'ignore, le S.H.I.E.L.D te surveille, pas de vagues, Logan ». Le X-man shoota rageusement dans une canette vide. Par « vagues », Charles faisait sûrement référence à sa fâcheuse tendance à tuer sauvagement ceux qui se mettaient en travers de sa route. Si le S.H.I.E.L.D le pistait et qu'un événement malheureux venait à se produire, il n'y avait aucun doute que cette bande de tarés n'hésiterait pas à lui tomber dessus pour le mettre hors d'état de nuire, voire le liquider. L'organisation n'aimait pas les éléments incontrôlables comme Logan. Et puis, il y avait eu cet affrontement avec les Avengers, à cause de Jean Grey ; peut-être que la pilule était mal passée du côté d'Iron man, et qu'il avait finalement décidé de faire jouer ses relations pour qu'on lui envoie une équipe de nettoyeurs. Mais pourquoi aussi tardivement ? Ca n'avait pas de sens. Désormais, il lui fallait prendre garde à agir le plus civilement possible et à se préparer à toute éventualité. Avant toute chose, il fallait quitter la ville, et disparaître quelque temps dans la montagne : la mission qui lui avait été confiée par Xavier attendrait bien quelques mois. Lorsqu'il arriva devant son hôtel, il leva les yeux vers sa chambre, au second. Le S.H.I.E.L.D savait probablement déjà qu'il créchait ici. Peut-être même qu'une demie-douzaine de types en costumes l'attendaient dans sa chambre, armés d'invraisemblables gadgets. En passant devant le comptoir de la réception, Logan dévisagea le majordome. Celui-ci le salua respectueusement, sans que sa physionomie ne trahisse un quelconque trouble. Peut-être sa chambre était-elle sûre, après tout ?
La sonnerie de l'ascenseur ramené Logan à la réalité. Sur ses gardes il fit tourner sa clé dans la serrure avec une infinie précaution. Son flair ne lui indiquait rien d'anormal, mais Logan savait que les nouvelles technologies pouvaient faire des merveilles ; dissimuler son odeur ne devait pas être un processus particulièrement difficiles. Néanmoins, un rapide coup d’œil circulaire dans la pièce lui confirma que son odorat ne l'avait pas trompé. Elle était vide, et sa valise, préparée quelques heures plus tôt n'avait pas été déplacée. De toute façon, elle ne contenait rien d'autre que des cartes routières, vêtements de rechanges et livre de voyage. Éviter de passer devant les fenêtres. Logan se saisit de son chapeau, attrapa sa valise et quitta rapidement la chambre. Peut-être qu'il n'avait pas encore été repéré, ou peut-être que le S.H.I.E.L.D le gardait simplement à l'oeil au cas où. « bip ». Logan jeta un rapide coup d'oeil à sa montre, alors que la porte de l'ascenseur s'entrouvrait. L'instant d'après, une douleur cuisante lui traversait la clavicule, puis une seconde, le poumon droit. Wolverine fit un pas en arrière ; trois hommes armés et en costume lui faisaient face, en joue. Il ne leur laissa pas le temps de réitérer. Malgré son physique trapu, le Wolverine était particulièrement rapide. D'un bond, il fondit sur son premier assaillant et lui plongea ses griffes dans le cœur, puis trancha la gorge du second avant qu'il ne lui vide son chargeur dessus. Quant au troisième, il l'envoya s'écraser contre le fond de l'ascenseur d'un coup de pied. Se saisissant immédiatement d'un glock tombé au sol, il tira, et l'homme s'effondra, le front percé d'une balle. Mais l'instant d'après, un nouveau projectile, bien plus épais lui transperçait le foie, et Wolverine tituba. Son facteur guérisseur pouvait remédier à des blessures parmi les plus graves, mais elle ne le rendait pas immortel. Néanmoins les dégâts subis n'étaient pas encore trop importants pour menacer sa survie, d'autant que ses premières blessures commençaient doucement à cicatriser. Il se rua donc, toutes griffes dehors sur le quatrième inconnu qui, à la différence des autres, était d'une stature tout à fait impressionnante. Grand, blond et pâle, il avait des yeux gris aciers qui ne reflétaient aucune émotion. Il esquiva le premier coup de griffe du Wolverine d'un habile mouvement de hanche, puis envoya la pointe de sa botte percuter le foie percé de Logan, avant de lui tirer dessus à bout portant dans l'abdomen, le faisant tomber à genoux. Néanmoins l'instant d'après, un cri inarticulé s'échappa de ses lèvres alors que le Wolverine lui déchirait la cuisse de ses griffes ensanglantés. Lorsque le russe, fou de douleur, s'abaissa à sa hauteur, sa gorge fut emporté par un nouveau coup de griffes.
Crachant des salves de sang, Logan se releva tant bien que mal, s'appuyant contre le mur du couloir pour avancer. L'affrontement n'avait duré que quelconque secondes, mais il avait été bruyant ; des bruits de pas précipités se faisaient entendre au dessus, et au dessous de lui. « La dernière chose dont j'ai besoin, c'est de me faire coffrer par les flics », grogna-il, en se dirigeant vers la sortie de secours. Logan avait reconnu le russe qu'il avait égorgé : son excellent mémoire visuelle le trompait rarement. Le type travaillait pour le S.H.I.E.L.D, il avait du le croiser deux ou trois fois dans les couloirs, des années plus tôt. Les doigts poisseux de son propre sang, il extirpa son téléphone portable de son jean-désormais inutilisable- et composa un numéro qu'il avait appris par cœur, depuis qu'il était arrivé au Japon.
« Allô, Hattori ? »
«James, c'est toi ? Tu m'as pas l'air très en forme, mon pote ! »
Logan ne put s'empêcher de sourire, le contact du professeur Xavier était un vrai bout-en-train, qui avait la furieuse manie de l'appeler James, alors que le monde entier le connaissait sous le surnom de Logan. Crachant le reste du sang qui lui restait dans la bouche, il ouvrit la porte de l'escalier de secours et se faufila au dehors. Au loin, il entendait déjà des sirènes de police.
« Ecoute moi attentivement, je n'ai pas beaucoup de temps devant moi. Le S.H.I.E.L.D m'est tombé dessus et il me semble bien qu'il se soient mis en tête de me liquider. J'ai besoin d'un moyen de pression, trouve moi quelque chose dans le quart d'heure. »
Avant même d'attendre la réponse de son interlocuteur, Logan raccrocha, et enfila une petite ruelle en titubant. Il n'avait pas fait cents pas que son téléphone vibra. Le SMS contenait une adresse, et un nom qui ne lui sembla pas tout à fait inconnu : « Rachel Hawkes ». Une fille. Avec probablement ce qu'il faut d'influence pour servir de monnaie d'échange. « Bouge pas ma grande, j'arrive ».
Quelque temps plus tard
Logan attendait depuis trois longues heures, à présent. Tapis dans l'ombre, derrière la porte de l'escalier de secours il guettait l'arrivée de Rachel, toutes griffes dehors. Ses organes internes étaient loin d'être encore cicatrisés, mais tout du moins, il ne saignait plus, et parvenait à respirer à peu près normalement. Soudain, son ouïe hypertrophiée lui signala un bruit de pas dans les escaliers de l'immeuble. C'était suffisamment léger pour être celui d'une femme, suffisamment rapide pour qu'il s'agisse de quelqu'un de jeune et en bonne santé. C'était Rachel Hawkes. Lorsqu'elle arriva devant sa porte pour chercher ses clés, le couloir était dans le noir complet : Logan avait pris soin de dévisser l'unique ampoule qui y figurait et il était plus de 23h. Il ne la voyait pas, mais contrairement à Rachel, privé de la vue il n'était pas sans défense. Le souffle et l'odeur de la jeune femme lui suffisait pour la localiser avec exactitude. Il se glissa dans le couloir, et attendit que Rachel n'entrouvre la porte de son appartement pour se rapprocher avec une infinie précaution. Lorsqu'il fut juste dans son dos, il plaqua sa grosse main calleuse contre la bouche de la jeune femme pour étouffer ses cris et l'attrapa par l'épaule avant de la pousser à l'intérieur sans ménagement, refermant la porte derrière eux d'un coup de botte. « Vous criez, vous êtes morte, vous vous défendez, vous êtes morte, entendu Mlle Hawkes ? A partir de maintenant vous allez faire exactement ce que je vous demande de faire. Je vais vous lâcher, et nous allons avoir une petite conversation, vous et moi. Inutile de vous préciser à quel point je suis dangereux, j'imagine ».
Sur ces derniers mots, il relâcha son étreinte de fer afin de laisser Rachel libre de ses mouvements. Comme il s'en doutait, elle ne représentait pas une grande menace pour lui. Qui plus est, c'était un sacré joli petit lot, cette Rachel Hawkes. « J'espère ne pas avoir à faire usage de la force avec vous, ça me fendrait le cœur d'abîmer un aussi joli minois », lança-il, sarcastique. Il sentait la transpiration, le sang et le tabac froid, et avait l'apparence d'une bête fauve blessée ; n'importe quelle jeune femme normalement constituée se serait évanouie en le voyant. Mais pas Rachel Hawkes, évidemment.