Chez la plupart des humains, le domicile était une sorte de lieu sacro-saint. Un endroit qu’on imaginait inviolable, comme votre heureux sanctuaire où vous pouviez vous réfugier après une journée harassante de boulot. Un endroit où, dès que la porte était close, on pouvait se laisser aller. C’était une bien curieuse philosophie que de se dire qu’on profitait pleinement de la liberté quand on était entre quatre murs. Plus personne ne pouvait normalement vous voir, tant que les rideaux étaient bien tirés. Vous pouvez vous promener à poil dans votre maison sans que personne ne trouve à y redire, vous pouvez vous masturber dans votre lit en pensant à votre secrétaire, ou, dans le cas présent, aux élèves que vous aviez pour soin d’enseigner.
Mélinda savourait cette petite maison. Deux étages... Ce n’était plus vraiment une petite maison, et elle avait du coûter une petite fortune à la prof’. Mélinda était curieuse de savoir comment elle la finançait, car elle était bien placée pour savoir que, à Seikusu, les apparences étaient souvent très trompeuses. Elle était rentrée en passant par une fenêtre, usant de sa grande agilité vampirique, et attendait l’arrivée de la prof’ de musique.
Kasja-senseï avait commis l’erreur de gêner Mélinda pendant que cette dernière, sur l’une des cours de repos du lycée, avait corrigé une petite blondasse qui l’insupportait, Laura. Laura avait deux belles couettes filant sur ses cheveux, et la vampire avait entrepris de tirer dessus pour les couper avec un ciseau. Laura ne l’aimait pas, et c’était réciproque. Mélinda était donc partie lui faire une leçon, mais avait été surprise dans ses agissements par Kasja-senseï, qui lui avait confisqué ses ciseaux, et l’avait grondé, en essayant de consoler Laura, la petite fille modèle qui pleurait comme une madeleine. Il fallait dire que Laura était une déléguée, une gaijin qui avait réussi à s’intégrer, une espèce de petite Princesse qui jouissait de son statut de fille-modèle pour obtenir ce qu’elle voulait des autres. Laura n’aimait pas Mélinda, car l’influence de cette dernière se répertoriait sur la petite blondasse. Des rumeurs circulaient, comme quoi Mélinda voulait être déléguée, ravissant la place de Laura. Laura avait essayé de libérer plusieurs des esclaves de Mélinda de son emprise, sans savoir sur qui elle était tombée. Mélinda l’avait humilié, mais, à cause de Kasja, elle n’avait pas pu terminer sa correction.
Il était donc temps de régler ce petit problème, avant qu’il ne devienne préoccupant. Pour entrer au lycée, Mélinda avait fait croire que ses parents étaient de riches hommes d’affaires en voyage dans un pays étranger et lointain pour une longue durée. Kasja pouvait enquêter, car elle semblait être le genre de prof’ du genre à emmerder les autres. Il était donc temps pour Mélinda d’agir en personne, car ses filles et autres servants n’avaient rien trouvé sur Internet. Aucun dossier compromettant. Kasja-senseï était lisse comme l’eau, et Mélinda comptait donc agir, afin de lui expliquer qu’il n’était pas bon de marcher sur ses plates-bandes.
Elle avait délaissé son uniforme de lycéenne pour sa longue robe dorée, et était assise sur le canapé du living room, jambes croisées, mangeant une pomme. Elle croquait tendrement dedans en observant l’heure.
*Kasja-senseï ne devrait plus tarder, maintenant...*
Elle continua à croquer dans sa pomme, impatiente à l’idée de la revoir, et de la corriger.
Fermant les yeux, elle se replongea dans les souvenirs de cette journée, histoire de se remémorer ce moment, ce moment qui justifiait sa présence ici.
Tout avait commencé en milieu de matinée...
« Je n’aime pas ton attitude, Mélinda ! Fiche-moi la paix ! »
Laura avait une petite voix stridente, une voix de blondasse, avec ses couettes insupportables. Elle s’était rendue vers son casier pour récupérer ses affaires, et était tombée sur Mélinda. Cette dernière avait senti le cœur de Laura s’emballer en la voyant. Elle n’était pas Japonaise, et avait clairement un teint occidental. Elle s’était plaquée contre son casier, nerveuse, regardant autour d’elle. Il n’y avait personne, car Laura était arrivée en retard, et tous les élèves étaient dans les salles, étudiant religieusement.
« Vraiment ? Je suis si repoussante que ça ?
- J’ai un cours, et je suis en retard ! »
Laura s’avança, et Mélinda posa sa main sur sa poitrine, la repoussant sèchement. Son dos heurta le casier, et Mélinda se mit à sourire, un sourire malicieux révélant ses belles dents cristallines.
« Comme ça, nous pouvons discuter entre nous... Entre filles, tu vois le genre ?
- Je... J’ai pas envie de discuter avec toi ! Pousse-toi ! »
Encore une fois, Laura avait tenté de passer, et Mélinda l’avait repoussé sèchement.
« Putain, salope, arrête de… »
Mélinda répondit en la giflant sèchement à hauteur de la joue. Laura avait poussé un petit couinement, et s’était retrouvée agenouillée sur le sol, la joue en feu, commençant à pleurer. Mélinda avait alors vu son sac. La trousse était sortie, permettant de voir ses ciseaux. Avec un sourire ravi, Mélinda les prit.
« Je vais t’apprendre à répandre toutes ces rumeurs sur moi, Miss-Magnifique. »
Elle approcha alors les ciseaux, essayant de découper les deux couettes de Laura. Toute à son œuvre, elle ne sentait pas la femme se rapprocher dans son dos...