Les Amazones n’étaient guère réputées pour être des femmes sociables. Guerrières et aventureuses, si elles s’aventuraient bel et bien dans Terra, elles liaient rarement connaissance. En effet, la Horde se considérait un peu comme une grande famille, où il n’y avait pas de secrets, ni même de réelle vie privée, tant ceci paraissait absurde. Au sein d’une famille, le secret était un ver qui rongeait petit à petit les fondations et la cohérence de n’importe quelle entité familiale. Par conséquent, quand une Amazone se rendait dans une autre société, la manière dont les rapports sociaux étaient tissés constituait généralement pour elle un blocage. Médisance, méfiance, hypocrisie, arrogance, danger... Il n’y avait rien de tout ça au sein de la Horde, car les Amazones étaient toujours éduquées avec l’idée que l’union était indispensable, et qu’il n’y avait pas d’union sans confiance... Et, sans honnêteté, il n’y avait pas de confiance. Ainsi, les Amazones connaissaient la loyauté, ce qui en faisait, sur le champ de bataille, des guerrières redoutables, car elles se complétaient naturellement, s’entraînant ensemble depuis leur plus jeune âge. Astrid protégeait sa famille, et avait brandi sa hache. Elle lisait la surprise dans les yeux de cette blonde, mais elle ne hurla pas, lui répondant calmement.
Samantha Carter... La Terre... Astrid connaissait ce monde parallèle étrange, où la magie n’existait pas, car plusieurs sœurs venaient de Terre, comme Charis. Astrid n’y avait jamais été, et, de manière générale, la Terre n’intéressait pas la Horde. La Déesse-mère n’y avait plus aucun sanctuaire, et il n’y avait donc aucune raison logique d’y aller. Le fait qu’elle se désigne comme un capitaine laissait entendre qu’elle était une militaire, ce que son uniforme, ainsi que son arme à feu, confirmait. Elle lui expliqua qu’elle était arrivée ici « par accident », probablement en traversant, comme Charis jadis, l’un de ces portails dimensionnels.
« Si vous pouviez retirer cette hache maintenant, ça serait encore mieux. »
Astrid fronça lentement les sourcils, étudiant cette possibilité... Puis se redressa lentement, libérant le cou de la femme.
« J’ai entendu parler de la Terre, répondit Astrid. Je m’appelle Astrid, et je suis une Amazone. Nos lois interdisent aux étrangers de s’approcher de la Horde sans passer par les éclaireurs. »
La protection de la Horde était fondamentale, car, vu sa taille, elle était assez vulnérable. Les ouvrières et les enfants ne pouvaient pas se battre, ce qui impliquait une vigilance permanente pour éviter les attaques surprises. Astrid avait manifestement manqué à ses obligations de vigilance et de surveillance, vu que la femme aurait tout à fait pu être une sorte d’éclaireuse avancée, et planifier un bombardement en donnant des coordonnées. Astrid savait que les Tekhanes pouvaient faire cela. À l’aide d’une radio, une soldate indiquait des positions précises à des artilleurs, qui faisaient alors un ravage. Mais cette femme n’avait pas de radio, et son uniforme n’était pas cet uniforme moulant et sexy qui caractérisait l’armée tekhane.
« Je te crois, Capitaine Samantha Carter de la Terre. »
On lui avait dut que la Terre était un monde dirigé par les mâles. Par conséquent, cette femme devait être douée. C’était une chose que les Amazones respectaient. Astrid prit donc sa décision :
« Je vais te conduire à notre Reine, Capitaine Samantha Carter. Tu as l’air épuisée, la Reine Andromaque s’occupera de toi. »
Elle devait être égarée depuis plusieurs jours, et, maintenant qu’Astrid la voyait de plus près, elle pouvait lire sur son visage les traces de la faim, et de la fatigue. Elle tendit la main vers elle, pour l’aider à se relever.
« Tu es notre hôte, Capitaine Samantha Carter. Durant ton séjour au sein de la Horde, conformément à ce qu’en disent nos lois et nos coutumes, c’est moi qui veillerais sur toi. Et je vais commencer par t’offrir à manger. »
Généralement, la Horde était perçue comme un peuple xénophobe, complètement fermé aux étrangers, attaquant à tout-và, pratiquant le cannibalisme sur les Amazones les plus faibles. La réalité était bien moins sinistre. L’hospitalité était important pour la Horde, peuple de nomades et de voyageuses. L’hospitalité était une importante coutume amazone, qui suivait quelques principes. Un visiteur voulant voir la Horde devait obligatoirement être sous la responsabilité de l’Amazone qui le croisait. L’hospitalité était théoriquement asexuée, ce qui faisait que même des mâles avaient le droit d’être hébergés au sein de la Horde, même si c’était toujours plus facile pour les femmes.