Le compliment semble avoir fait son effet, vu comme les joues de la maîtresse de maison rosissent, presque à en prendre un rouge délicat. Il est désormais si rare qu'une femme apprécie un compliment « objectif » et « courtois que Archangel en est même un peu surpris. Cette femme a de l'éducation, du savoir-vivre, de la culture. Juste un instant, il songe que « quand elle est dans un lit, elle fait comme les autres, elle écarte les cuisses ». Mais là n'est pas le sujet ; il ne sait à qui il a vraiment affaire, si ce n'est à une femme aux pouvoirs sensoriels a priori très développés ; autant éviter qu'elle ne puisse lire dans ses pensées.
Déjà qu'elle réagit au moindre mot, et que chaque syllabe modifie l'expression de son visage, selon qu'elle y ressent plaisir ou peine. Il songe que, jamais, ou alors très rarement, il a pris le temps de se poser auprès d'une femme, de mêle guetter la moindre réaction, et surtout d'en prendre grand soin. Combien de femelles n'a-t-il croisées, qui n'étaient que des exutoires, qu'il laissait ou égorgeait une fois son petit besoin satisfait ? Mais là, pas question de se précipiter... même s'il sent soudain une folle chaleur s'emparer de lui. C'est comme si la sage qui lui fait face lui murmurait « Prenons le temps de nous connaître, cher ami », tandis que la succube l'appelle sans détour « Allez, assez de simagrées, viens me baiser ! ».
La belle hôtesse porte une tunique délicate et raffinée, la succube est vautrée nue sur le divan les cuisses écartées. Le visage de l'une est doux, le visage de l'autre est un appel à la prendre sauvagement, sur le champ, sans se soucier ni des protestations de la prude, ni de ceux qui discutent plus loin. Il sent ses mains moites et des vibrations parcourent son corps en lui injectant de violentes décharges, il croise ses jambes pour tenter de dissimuler l'érection qui se manifeste de plus en plus mais le râpement du tissu lui fait vite reprendre la pose initiale.
« Con... Continuez ! Je vous en... Je vous en prie... Poursuivez, voulez-vous ! »
Continuer ? Est-ce la succube qui lui dit de ne plus dissimuler cette érection incontrôlable ? Est-ce la prude qui lui donne une dernière chance de reprendre pied dans une réalité posée et sans ambiguïté ? Il sent sa t^te qui tente de le maintenir en arrière comme pour le lier au divan ; mais son bas-ventre est en proie à une chaleur incontrôlable. Il n'a jamais ressenti cela, ce n'est pas de l'amour mais du désir charnel pur. Elle l'excite, oui c'est ça ; elle n'est plus maîtresse de maison qui reçoit un hôte avec éducation, elle est femelle offerte et n'attendant que le mâle. Le fil qui retient son ultime courtoisie est tendu à l'extrême ; il est si ténu désormais que, à tout moment, il peut rompre et que, toute distinguée que soit cette femme, cela le précipiterait sur elle pour la trousser comme la plus outrancière des catins...