Confrontation [La meute de Kraks]

C’était un petit temple perdu dans les montagnes. Discret et solitaire, il était coupé du monde, et accessible par un long chemin sinueux en montagne, rempli de lacets et de virages abrupts dans des passages étroits, vous donnant l’impression d’avancer dans des boyaux étriqués. Aucun panneau n’indiquait la présence de ce temple, car il ne cherchait pas la publicité. Il ne cherchait pas à accueillir les voyageurs itinérants qui se perdaient dans ces solitaires et dangereuses contrées, ni à vendre les biens que les frères et les moines produisaient dans ce temple. Ce temple était replié sur lui-même, fermé au monde extérieur, et ne voulait pas que le monde extérieur interfère avec son environnement. L’un des moyens les plus efficaces était encore la discrétion. Mais rien dans ce monde ne pouvait rester éternellement caché aux yeux des autres. Pas à ceux de Père, en tout cas.

Fendant l’air, la queue de Crying Wolf arracha la main de l’un des derniers moines encore en vie, le faisant hurler de douleur, un cri que le loup de métal et d’argent calma vite en bondissant sur sa proie, la renversant sur le sol. La capuche du moine battit en arrière, découvrant une tête au crâne rasé de près, le visage rempli de peintures noirâtres rituelles. Ses yeux exprimaient une terreur sincère, et l’énorme œil mécanique de Crying Wolf s’abattit sur sa proie, lui brisant le cou. Dans un dernier soupir, le moine se tut, et Crying Wolf s’écarta lentement. Dans un coin gauche de sa vision, un message s’afficha. L’armure ne détectait plus aucun signe de vie. Ils étaient tous morts. Cette petite communauté d’une vingtaine de moines avait été massacrée du premier au dernier.

Shaina retira alors son armure, et marcha silencieusement. Elle se trouvait dans le hall principal du temple, une pièce assez sombre, avec des colonnes sur les côtés, et, au centre, une grande statue au-dessus d’un bassin rempli de fleurs et de nénuphars. La statue représentait une divinité aquatique, dont les différents bras partant dans toutes les directions évoquaient le sens des marées. Elle était au centre d’une espèce de fontaine, de l’eau pure et propre filant dans le bassin. Elle se pencha vers cette dernière, et la caressa de ses doigts gantés.

*Tu n’es pas là pour ça, Shaina*, se sermonna-t-elle.

Tout comme elle n’était pas là pour satisfaire l’appétit de Crying Wolf, et ce quand bien même c’était tentant. Bien que l’armure soit de chair et d’acier, elle pouvait manger. Si Shaina n’était pas attirée par tous ces cadavres déchiquetés et démantibulés, quand elle revêtait l’armure, elle sentait un attrait bien différent à leurs égards. Père, après tout, leur avait expliqué que leurs armures n’étaient pas que de simples morceaux d’aciers. Elle avança le long de la pièce, vers l’arrière, où une porte à double battant avait été ouverte à la sauvage, l’une des portes ayant été arrachée de ses gonds. Sous l’effet du vent, l’autre claquait contre le mur. Il faisait nuit dehors, et un vent violent remontait dans les entrailles de Shaina.

Elle s’avança dans la cour, qui comprenait plusieurs établis, nécessaires à la vie en communauté, à l’entretien des meubles et des vêtements, et un puits, ainsi que quelques arbres dont les feuillages remuaient au vent, des feuilles s’envolant dans les airs. C’était un beau ciel étoilé, et elle le regarda silencieusement, ses cheveux filant dans un sens. Le froid ne la dérangeait pas, et elle trouvait la vue assez belle. Elle préférait regarder les étoiles, plutôt que le sol, où d’autres moines gisaient dans leur sang. Il y avait même des traces le long du puits, où elle avait balancé l’un des moines.

Contre elle, ils n’avaient eu aucune chance. Elle était passée par la montagne, évitant d’emprunter le sentier, gravissant la paroi, pour se retrouver en hauteur, dominant le petit temple, qui se résumait à deux bâtiments séparés par une cour : l’autel, et les quartiers communs. Pour se nourrir, les moines empruntaient un chemin à l’arrière, un petit sentier mené à une clairière clôturée, avec des vaches. Il était probable que Shaina s’y rendrait, car elle était du genre gourmande. La femme avait observé les moines. Certains priaient, d’autres étaient dans les quartiers communs, et elle avait attaqué. Elle avait frappé la première, en sachant que les moines ne l’auraient jamais laissé entrer. Ils avaient beaucoup de raisons de protéger cet endroit.

Shaina se rendit dans le deuxième bâtiment, ouvrant la porte en bois, qui émit un grincement. Le long de l’escalier, et contre les murs, il y avait de belles traînées écarlates. Ils appartenaient au moine qu’elle avait massacré en entrant par une fenêtre. Elle lui avait arraché la jambe, et il avait tombé le long de l’escalier, aspergeant son sang partout, avant de misérablement ramper sur le sol. L’une des pattes de Crying Wolf lui avait broyé la tête. Elle alla sur la gauche, sentant le parquet craquer sous ses pieds, et aperçut la porte menant au sous-sol. Elle descendit l’escalier en califourchon, et suivit un couloir sombre, qui la conduisit là où elle voulait aller : la bibliothèque des moines.

Leurs archives.

Un sourire victorieux perla sur son visage. Elle alluma les candélabres dans les coins, puis fouilla les manuscrits et les parchemins. Elle recherchait un parchemin en particulier. Celui que Père voulait, un parchemin qui, selon ses dires, permettrait d’avoir de précieuses informations au sujet d’un cristal magique que Père convoitait. Les moines de ce temple avaient dans leurs coffres des parchemins précieux, car ils exploraient beaucoup la région environnante. Cette dernière était très sauvage, et peu de gens s’y rendaient donc. Ils avaient donc consigner dans leurs cahiers bon nombre d’informations, et le cristal que Père recherchait se trouvait, selon ses recherches, dans cette région.

Il faudrait à Shaina des heures, voire même des jours pour mener ses recherches. Fort heureusement, elle avait de quoi se sustenter à l’étage. Elle était convaincue que personne ne viendrait la déranger ici, dans ce lieu si reculé.

Elle n’avait jamais eu aussi tort.

Se tenant en-avant de sa petite armée de vingt-quatre soldats-rats, entourée de Ankary, sa petite guerrière préférée, surtout lors des torrides nuits qu'elle lui offrait de temps en temps, et de Marlanx, son maître en explosifs, dont il avait espéré utiliser les talents pour ouvrir les portes que les moines auraient surement gardé fermés en les voyant arriver, Kraks entra le premier dans le hall qui se trouvait finalement être déjà ouvert, suivit de près par sa meutes de puants et terrifiants skavens. Contrairement à leur rivale qui était venu chercher la même chose qu'eux, les rats-humains ne s'étaient pas pris la peine de passer par des chemins détournés, ils avaient empruntés la route normale et avaient marchés droit vers le temple. Il n'était pas dans leur nature, quand ils attaquaient quelque-chose qu'il serait pour-eux facile de faire tomber, de se montrer discret : au contraire, ils aimaient que leurs ennemis sachent à l'avance qu'ils arrivaient... la peur les rendait plus faciles à vaincre, et son odeur excitait les skavens qui se battaient mieux que jamais. A l'arrière des cours du temple, on pouvait entendre les vaches crier de terreur en sentant leur mauvaise odeur... la troupe se lécha les babines : des vaches bien grasses, c'était délicieux !

Cependant, chez-eux, la déception était palpable : en-effet, tous avaient dégainaient leurs armes dans le but de pouvoir massacrer les humains, dans le but de s'amuser avec leurs corps, de sentir leurs os craquer, d'entendre leurs hurlements, d'observer leurs yeux se vider de leur âme... mais le temple était déjà vide de toute vie. Déjà, alors qu'ils arrivaient devant la fontaine représentant la statue de la divinité marine, ils purent voir des corps qui gisaient partout autour d'eux. Il n'y aurait pas de bataille, cette nuit, pas de massacre facile... quelqu'un leur avait déjà volé leur plaisir ! Les corps, dont certains étaient démembrés, et le sang étaient partout... la fièvre de la bataille les ayant quittée, cela donnait faim aux skavens. Ses guerriers attendant derrière-lui ses ordres, Kraks s'agenouille près d'une marre rouge, trempa ses doigts dedans et le porta à sa langue... il ne faisait pas cela que pour le goûter : il vérifiait sa température... le sang était encore tiède. Mh... intéressant...

La meute de Kraks avait été engagé par un homme étrange encapuchonné trois jours plus tôt, alors qu'ils faisaient escale près d'une ville. Kraks et quelques-uns de ses meilleurs guerriers étaient entrés dans une taverne pour se souler, peloter un peu les serveuses... et tout ravager lorsqu'ils seraient bien ivres, avant de partir sans payer leur note. Mais alors qu'ils buvaient leur première bière, cet homme était venu à leur rencontre... la présence des rats et leur mauvaise odeur le mettait visiblement mal-à-l'aise. Mais il parla d'une traite : il avait entendu parlé des "exploits" de la meute, et il voulait les embaucher pour un travail ; venir à ce monastère, et récupérer un parchemin bien particulier, qu'ils devraient lui ramener. Il n'avait pas voulu leur dire ce qu'il y avait dans sur ce parchemin... cependant, il leur avait payé d'avance une forte somme en pièces d'or, et leur en avait promis le double si ils menaient à-bien leur mission... les rats ne refusaient jamais un moyen simple de s'enrichir, et franchement, pour des créatures sanguinaires comme-eux, attaquer un temple et vaincre des moines, ce n'était pas la mers à boire...

Et c'était ainsi qu'ils s'étaient retrouvés ici, près à faire un massacre... un massacre qui n'aurait pas lieux. Kraks se redressa et regarda chaque corps un à un... les plaies avaient commencées à se couvrir de croutes, mais pas à cicatriser. Ankary, la seule skaven femelle de la meute, et officiellement la fiancée du chef, vint se placer près le lui, serrant contre-elle l'un de ses gros bras musclés, et observant le cadavre d'un frère particulièrement jeune...

-Mh, quel dommage, murmura-t-elle en bougeant sa tête avec son pieds pour mieux le regarder, faisant entrer deux de ses orteils crasseux dans sa bouche... j'aurais aimée jouer un peu avec celui-ci avant de l'envoyer rejoindre son dieu. Oh, mais attend... mon gros-rat, sa salive est encore tiède...
-Oui, tout comme le sang, répondit Kraks... c'est bien ce que je pensais.

Repoussant Ankary, il se tourna et fit face à ses hommes. Tous se turent tendis qu'il levait les bras, et qu'il s'exclama :

-Ceux qui ont fais ça sont toujours ici. Alors, mes frères, trouvez-les, et ramenez-les moi... je voudrais les remercier de nous avoir facilité la tâche. Et si vous trouvez cette bibliothèque, venez me le signaler.

Joyeux de pouvoir traquer, les skavens poussèrent des cris sauvages de guerres, faisant tourbillonner leurs armes en-l'air... puis presque toute la troupe de dispersa. Les rats partaient en courant à quatre-pattes, pour aller plus vite, traversant les portes brisées en reniflant bruyamment autour d'eux, cherchant l'odeur de leurs proies. Seuls Ouingra, Grogra, Roigra et Grassius restèrent en-arrière : ils étaient les cuisiniers de la meute, et ils rassemblaient les cadavres et les morceaux de corps des moines à l'extérieur... cette nuit, ils fêteraient leur victoire trop facile en se nourrissant de chaire humaine cuite à la broche, avant de continuer la fête avec leurs esclaves...

Son estomac ne tarda pas à gargouiller.

Entre l’armure et sa porteuse, il y avait définitivement un lien, quelque chose que Shaina aurait qualifié de symbiotique. Massacrer tous ces moines avait été, pour Crying Wolf, comme se tenir devant un restaurant, à en inhaler les délicieuses odeurs qui en sortaient, ces odeurs de grillades qui vous donnaient envie de filer immédiatement à l’intérieur. La comparaison était exactement la même : il lui suffisait de fermer les yeux pour revoir les corps démembrés, trempant dans leur sauce, se voyant les déchiqueter. Crying Wolf n’avait pas de bouche ni de dents, mais on trouvait toujours un moyen de s’arranger. Généralement, l’armure broyait la chair, et Shaina reprenait ensuite son apparence normale pour la manger. La chair restait encore potable, si on se dépêchait de la manger. Shaina le savait par expérience, et ce ne serait pas la première fois qu’elle le faisait.

Cette idée lui revenait constamment en tête, car il était difficile, pour elle, de se concentrer. Cet endroit sentait le moisi, l’odeur de renfermé, il y avait des araignées partout, les manuscrits étaient poussiéreux, et s’effritaient entre ses doigts. Ils racontaient la plupart du temps des choses n’ayant absolument aucun intérêt, qui lassaient très rapidement Shaina. Elle était censée trouver quelque chose d’utile dans ce bric-à-brac, mais ne tombait pour l’heure sur rien. Le dernier manuscrit qu’elle venait de lire concernait la fermentation du fromage. En voyant ces documents, on prenait conscience que cette communauté de moines était plutôt paisible. Xénophobe et hostile à l’égard du monde, certes, mais ils n’étaient pas dangereux. Ils ne pratiquaient pas de sacrifices rituels, élevant leurs pâturages en priant leur divinité aquatique. Elle était aussi tombée sur de nombreux manuscrits évoquant les prières. Elle admirait la prolixité de ces moines. Ils étaient capables de disserter pendant des heures sur ce qu’ils éprouvaient en étant assis en position de prière devant leur Déesse. Des documents sans intérêt.

Son estomac gargouilla encore, alors qu’elle entreprenait de lire un autre manuscrit.

Il concernait un « pèlerinage » effectué par l’un des moines. Quand elle était tombée sur le premier manuscrit parlant de ce pèlerinage, Shaina avait cru qu’elle trouverait enfin des informations, mais elle avait déchanté. Visiblement, tous les moines effectuaient à un certain moment un pèlerinage, consistant pour le moine à marcher seul, sans provisions, vers une grotte souterraine « sacrée ». Elle était décrite comme immense, avec une profonde rivière souterraine, et avec « des stalactites qui brillaient comme les étoiles, tels le manteau protecteur des Dieux ». Selon leurs récits, la vue de cette grotte plongeait les moines dans une situation de transe.

*Il est possible que le cristal magique se trouve dans cette grotte...*

À ce stade, elle ne pouvait toutefois pas se contenter d’une simple possibilité. Elle avait besoin d’une certitude. Elle choisit de conserver ce document dans un coin de la table, et allait en saisir un autre sur l’un des étagères, quand, pour la troisième fois, son estomac se rappela à elle. Shaina s’arrêta alors, et réfléchit. Ce n’était pas son genre de ne pas tenir compte des bruits de son corps, des plaintes silencieuses, mais non moins réelles, de ce dernier. Si son corps avait faim, elle se devait de le satisfaire. De toute façon, pour elle, personne ne pourrait venir la déranger. Elle avait donc bien le droit de se détendre un peu, de savourer la chair fraîche d’un humain. Père ne pourrait pas lui en valoir, c’était lui-même qui lui avait dit de satisfaire ses penchants, et de ne pas chercher à réfréner ses pulsions.

Décidée, Shaina sortit de la salle, et attrapa son propre cristal. Il se mit à luire entre ses doigts, et opéra rapidement. Shaina sentit sa colonne vertébrale changer, alors qu’une couche de métal, de circuits électriques et d’implants, la recouvraient. Elle dut se mettre à quatre pattes, et sentit immédiatement, alors que Crying Wolf se réveillait, un sentiment bestial l’envahir, ainsi qu’une faim dévorante. Crying Wolf grimpa rapidement le long des marches, retournant dans le bâtiment de repos des moines, et s’arrêta sur le cadavre près de l’escalier. Il était tout simplement parfait, et elle ne chercha pas loin.

Sa queue s’enroula autour de la cheville du cadavre, et elle grimpa à nouveau les marches tremblantes, le corps se traînant derrière elle, puis fila dans une chambre à la porte défoncée par ses propres soins. Elle déposa le corps au milieu du sol, ce dernier s’affalant mollement sur le côté, et elle entreprit, avec son museau, de le renverser, l’envoyant se coucher sur le dos. Son corps était parcouru de traînées sanglantes, et elle l’observa silencieusement, salivant devant ce buffet qui se tenait devant elle. Lentement, elle entreprit de le déshabiller. Le goût de fibres synthétiques dans ses lèvres n’était pas très bon. La première fois, elle avait été trop empressée. Les vêtements, c’était comme l’emballage protecteur de n’importe quel aliment : avant d’attaquer ledit aliment, il fallait les retirer. Elle déshabilla ainsi totalement l’homme, et entreprit de renifler le cadavre. La viande n’avait pas encore pourri, mais elle ne pouvait pas se permettre de traîner. Manger de la viande avariée, il n’y avait rien de pire. C’était à vous en donner des crampes à l’estomac !

Les pattes frappèrent le corps de l’homme, violemment, broyant les os, qu’elle entendait craquer, le corps se tortillant sur le sol. Elle continua son petit manège pendant un certain temps, avant de reprendre sa forme normale. Le corps était aplati, beaucoup moins solide, avec des plaies purulentes ici et là. Une vive odeur agressait ses narines, une odeur qui ne la repoussait pas, mais l’attirait frénétiquement. Son rythme respiratoire était accéléré. Si Crying Wolf ne voyait là que de la nourriture, comme n’importe quel prédateur, pour Shaina, il y avait... Autre chose. Elle ressentait une sourde et croissante excitation, et vint planter ses ongles dans une plaie, tirant sur cette dernière. La peau en elle-même n’était pas très bonne, car il y avait des poils, mais, ce qu’il y avait dessous. C’était de la viande, tout simplement. Elle aurait préféré la faire cuire, mais, à défaut, la viande crue lui allait aussi très bien.

Elle était tranquillement en train de dévorer les cadavres quand Shaina entendit du bruit. Elle se releva alors rapidement, réalisant qu’elle n’était pas seule. D’autres moines ?  Ceci n’avait rien d’impossible. Ses lèvres étaient trempées de sang, ainsi que ses mains, et une partie de son corps. Elle portait toujours sa combinaison, n’ayant pas eu le temps de la retirer. Elle se rapprocha d’une fenêtre, et vit plusieurs rôdeurs s’aventurer rapidement dans la cour.

*Des Skavens !*

Les Skavens étaient des hommes-rats qui, généralement, n’étaient pas franchement les bienvenus. Ils étaient sauvages, cruels, sadiques, vicieux. C’était un curieux hasard, que des Skavens viennent pile le même jour où Shaina se rendait dans le monastère. Elle fronça légèrement les sourcils. Un hasard... Vraiment ? Elle connaissait bien Père, et elle savait que, avec lui, les coïncidences n’étaient jamais totalement fortuites. Était-il responsable de l’envoi de ces Skavens ? Cette hypothèse ne pouvait pas être écartée. Elle vit plusieurs Skavens rentrer dans le bâtiment où elle se trouvait.

*Père me les aurait envoyés pour me mettre à l’épreuve ?*

Ceci lui ressemblerait bien. Dans tous les cas de figure, elle devait se débarrasser d’eux. Des rats... Que pouvaient-ils faire contre un loup ? L’un des Skavens monta rapidement l’escalier, reniflant l’odeur de sang, et s’arrêta sur le palier, sentant probablement quelque chose d’autre... Une odeur qui n’avait rien à voir avec celle d’un cadavre. Il se rapprocha plus prudemment de la porte, de la chambre où gisait, sur le sol, un cadavre baignant dans une mare de sang, avec de la peau retournée à hauteur du ventre, et plusieurs parties du corps en moins, à moitié déchiquetés, gisant sur le sol. Ce fut tout ce qu’il put voir pendant quelques secondes.

Ensuite, le mur de la chambre explosa, et Crying Wolf jaillit sur le Skaven. Elle ignorait les intentions des Skavens, mais c’était sans importance. La seule alliée d’une Beast était une autre Beast. Les autres n’étaient que des ennemis. Elle heurta le Skaven, repoussant ce dernier, qui passa contre la rambarde de l’escalier en bois, tombant sur le sol. Crying Wolf poussa un grondement électronique, et bondit vers le sol, poursuivant le Skaven.

C’était l’heure des grands fauves !

Lorsque le skaven brun de petite taille était entré dans la chambre à la porte défoncé du moine qui n'y reviendrait surement plus jamais, son épée à un tranchant brandit, attiré par le mélange étrange de plusieurs odeurs différentes... du sang et de la chair, l'odeur d'une personne encore en vie, mais également celles plus inattendues du métal et de l'huile... il s'était attendu à tout, sauf à tomber sur une telle... chose. Il avait d'abord été surpris de trouver ce cadavre réduit en miettes, déchiquetés par des coups de griffes de bêtes qu'il ne reconnaissait pas, et en parti dévoré... les envahisseurs du temple qui étaient arrivés avant-eux avaient-ils eux-aussi emportés des bêtes domestiques, comme eux avaient emportés des wargs ? Et c'est alors qu'il était en-train de se dire que ce mélange infâme de chairs et de sangs réduit en bouilli était en-tain de lui donner faim, que ça lui rappelait l'époque où sa maman lui faisait de la purée de cervelle-humaine, alors qu'il n'était encore qu'un tout petit rat, et qu'il en goûterait bien un bout... que la machine-loup surgit de sous les planches et l'attaqua, le faisant basculer par la balustrade.

Snuffar, le skaven de la meute particulièrement connu pour son flair infaillible, chuta de plusieurs mètres et s'écrasa dans la cour, entendant les os de son dos craquer, mais cependant ne mourant pas sur le coup. Il était en train de pousser des couinements de rat, des couinements qui avertissaient du danger, mais qui appelaient aussi à-l'aide. Il n'était plus capable de bouger, ses blessures l'ayant paralysé... lorsque la machine lui tomba dessus. Snuffar n'était plus. Il venait de mourir dans une série de coups de pattes qui avaient réduit son corps dans le même état de lambeau de celui du moine, plus-haut... cependant, contrairement à lui, il n'était pas certain Shaina aimerait goûter à la chair puante et avariée des skavens. Lorsque les intestins du cadavre se déversa sur le sol, elle put déjà voir que son régime de charognard... les skavens étaient comme les rats normaux, ils mangeaient n'importe-quoi. Ils s'en foutaient, ils étaient plus ou moins immunisés contre les maladies qu'il véhiculaient... l'avait rempli d'énormes vers qui grouillait dans sa chaire rouge et moisie. Le skaven puait encore plus mort que vivant, surtout après avoir été ouvert en deux.

Alertés par les cris de leur congénère en-train de se faire massacrer, tous les rats sortirent... certains entrèrent dans la cour, d'autres passèrent sur les balustrades des bâtiments qu'ils étaient en-train de fouiller... ce fut le cas de Kraks, suivit par Ankary, qui observa la bête de métal de haut. Une moue boudeuse se dessina sur le museau de la femelle... non-pas qu'elle s'intéressait au sort des autres qu'elle-même, mais quand-même :

-C'est dommage... nous sommes si peu nombreux.
-Oui, confirma le chef, en bandant un petit arc blanc, taillé dans des cotes attachées ensembles... cette créature va me le payer !

Il visa... les autres skavens qui avaient des arcs imitèrent leur chef. Généralement, ils se fichaient les uns des autres, ils vivaient ensemble parce que c'était dans leur nature, mais ils n'avaient d'amour pour personne... sauf peut-être pour leur seule femelle, ou les trois frères entre-eux... cependant, c'était en quelque-sorte une question d'honneur de venger leurs morts... on ne touchait pas à la meute de Kraks ! Une pluie de flèches grossièrement taillées tombèrent sur leur ennemi... mais elles se brisèrent presque toutes sur sa carapace de fer, et il ne fut pas blessé.

-Mh... c'est une machine, marmonna Kraks. Peut-être un gardien des moines... ou alors, nous nous sommes trompé, ce n'est pas une armée que les a décimé, et nous avons leur assassin sous les yeux. Très bien : aux grands maux les grands remèdes !

Kraks retira une trompe qu'il avait attaché autour de la taille de sa ceinture et souffla dedans. Il appela ainsi au-combat ses trois meilleurs assassins... ceux-ci, trois petits skavens montant chacun un warg grand et coriace, sautèrent par-dessus les toits et atterrirent dans la cour, entourant la machine-loup. Les cavaliers avaient chacun en main une corde avec un crochet, qu'ils faisaient tournoyer en l'air. Celui qui avait perdu une main se servait d'un crochet double pour la remplacer. Puisqu'ils combattaient une grande bête à quatre pattes, autant utiliser de grandes bêtes à quatre pattes eux-aussi. Les trois skavens lancèrent leurs crochet et chacun s'enroula autour d'une patte de l'adversaire... puis ils manœuvrèrent leurs wargs grognant et bavant pour les faire rapidement reculer, essayant de faire tomber la machine sur le ventre et de l'écarteler... ou au-moins de l'immobiliser.

Il s’agissait peut-être de charognards similaires aux goules. Un Skaven mangeait tout ce qui lui passait entre les dents C’est ce qui faisait que les rats étaient des porteurs de maladie. Grignoter la chair des cadavres ne les dérangeait pas, et, par expérience, Shaina savait que, dans ce monde, les cadavres attiraient certaines créatures, les nécrophages. Il s’agissait des goules, par exemple, qui hantaient les cimetières et les charniers, se nourrissant de la chair des cadavres. Il se pouvait que ces Skavens soient des créatures dangereuses habitant normalement la région, mais Shaina n’y croyait pas trop. Ils avaient des armes, et une organisation. Ce n’était pas une meute sauvage désorganisée. Ceux-ci étaient intelligents, suffisamment pour interagir avec la société, porter des armes et des vêtements. Elle en revenait à sa théorie initiale : ils étaient venus ici pour les mêmes raisons qu’elle, et elle était convaincue que c’était la même personne qui les avait rencardés. Ce serait bien dans le style de Père, après tout. Il aimait mettre ses filles à l’épreuve.

Elle n’avait laissé aucune chance au premier Skaven, qu’elle avait piétiné dans la cour, ouvrant son corps. Ses petits gémissements plaintifs n’avaient rien amené en elle. Aucune forme de pitié. De sa carcasse, elle voyait, avec un certain dégoût, des cadavres de vers, ainsi qu’une odeur terrifiante, particulièrement nauséabonde. Les Skavens n’étaient pas réputés pour leur alimentation saine, et lui ne ferait pas exception. Elle n’eut pas trop le temps de se féliciter de son massacre que, déjà, d’autres Skavens venaient. Toute la meute. Elle regarda autour d’elle, les analysant, son ordinateur intégré comprenant des capteurs qui établirent la liste des ennemis à une vingtaine de troupes. Ils sortaient contre elle des armes ridicules : des arcs et des flèches. Elle ne se donna même pas la peine de les esquiver, les flèches s’écrasant contre son armure. Crying Wolf tournait lentement, cherchant le chef de la meute. Elle repéra une femelle, qui était proche d’un Skaven. Dans les tribus primitives, où il n’y avait qu’une seule femelle, le mâle dominant se l’appropriait, et l’exhibait fièrement près de lui. Par déduction, elle en conclut donc qu’il devait s’agir du chef. Si elle le tuait, les autres Skavens seraient paniqués, et il lui serait plus facile de les tuer rapidement.

C’était bel et bien ce qu’elle avait prévu de faire, quand d’autres intervenants se joignirent à la bagarre. Sautant depuis le toit du temple, des Warg débarquèrent. Ils étaient trois, montés par des Skavens équipés de solides cordes et de crochets. Les Warg hurlaient et grognaient, claquant des mâchoires. Crying Wolf les observa. Ils étaient manifestement bien plus dangereux que de simples Skavens. Les Warg étaient des montures de guerre, qu’on utilisait même en Enfer, et, sur Terra, ils étaient généralement chevauchés par des Orcs, ou des gobelins. Le fait que des Skavens montent des Warg laissait entendre que c’était une meute plutôt douée.

*Je ne dois pas les sous-estimer... Père ne les aurait pas envoyés contre moi s’il ne s’était pas assuré qu’ils puissent représenter une réelle menace...*

Les cordes jaillirent, s’enroulant autour de trois des membres de Crying Wolf. Ils avaient des crochets autour, et cherchaient visiblement à tirer dessus. Crying Wolf réagit rapidement, et sa queue claqua, découpant l’une des cordes. Les Warg chargèrent en hurlant férocement, leurs gueules béantes crachant de la bave. Crying Wolf s’en reçut un, qui planta ses crocs contre l’armure, l’endommageant. Sa queue claqua encore, atteignant le Warg sur le flanc. Le sang se mit à gicler, et le Warg bondit en arrière, se repliant prudemment. Les deux autres bondirent également, et heurtèrent Crying Wolf sur le flanc, l’amenant à se coucher sur le sol, sous la puissance combinée des Warg. Deux crochets la maintenaient toujours, mais les Skavens les portant s’étaient rapprochés. Le premier Warg, celui qui était blessé, restait prudemment en retrait, tandis que la queue de Crying Wolf claquait sur le sol, furieuse. Les dents des Warg se heurtaient à sa cuirasse métallique, et cette dernière finit par réagir. Elle roula sur le sol, en arrière, et se redressa, tandis que la tourelle de combat sur son dos se mit en place, et se mit à faire feu, atteignant l’un des Skavens à la poitrine, le renversant, le faisant tomber de son Warg. Elle approcha ensuite sa tête de l’autre corde, puis choisit de bondir en arrière, optant pour un rapport de force entre elle et le Skaven. Ce dernier n’était qu’un homme-rat, et elle, une armure métallique de plusieurs tonnes. Il lâcha prise.

Crying Wolf était libérée, mais son armure était endommagé. Des fils électriques pendouillaient. Ces sales rats l’avaient prise par surprise, la plaçant dans une situation difficile.

*Je ne peux décevoir Père...*

Elle bondit encore en arrière, arrivant près du puits, observant les Warg. Ils étaient nerveux et agités, et celui qu’elle avait blessé ne serait pas en reste. Crying Wolf se mit à pousser un rugissement électronique, comme pour les impressionner, et courut vers eux. Sa queue siffla vers l’un des Warg, mais ce dernier l’esquiva prudemment, la queue électrique claquant dans le vide.

Ce ne serait pas aussi facile que ça.

Du haut de son balcon, Kraks avait l'impression d'assister à un combat de gladiateurs. Les wargs étaient à trois contre un seul, mais ce un-seul était bien plus puissant... chacun des deux ennemis prenait l'avantage à tour de rôle. Les autres skavens, bien qu'ils auraient pus venir en aide à leurs trois semblables, décidèrent de rester en arrière... ils les encourageaient en poussant des cris sauvages et en faisant tournoyer leurs armes... ils avaient l'air de beaucoup s'amuser à voir leurs semblables se faire blesser, ou tuer. Lorsque la tourelle sortit du dos de la machine-loup, l'un des rassemblement fuit pour ne pas être pris dans la trajectoire, et Krox, celui qui fut touché à la poitrine, tomba... il gargouilla un peu, et se tut. Krix, qui essayait toujours de maintenir leur ennemi en-place, et Krax, restant en-arrière avec sa bête blessée... avant leurs propres capacités, c'était le fait que les wargs ne leur obéissaient qu'à eux, qui faisait leur haut grade dans la meute, il fallait donc qu'ils en prennent soin... poussèrent des cris de colère perçant en voyant leur frère se vider au sol. De tous les rats de la meute, seuls les trois frères avaient un minimum de sentiments... en effets, ils s'aimaient entre-eux, même si ils n'aimaient personne d'autre.

Voyant l'un de ses meilleurs assassins tomber au combat, les dents jaunes de Kraks se dévoilèrent... cette maudite machine était forte ! Si ça avait été un animal normal, il aurait ordonner à ses hommes d'essayer de la capturer... même si il n'était pas certain que les deux derniers frères, poussés par un désirs de vengeance, ne lui obéissent... mais puisque ce n'était qu'un robot et que personne, dans sa meute, ne savait comment on reprogrammé un ordinateur, il comprit que la seule chose qu'ils avaient à faire, c'était de le détruire. Ce métal dans lequel il était construit était solide... ils pourraient faire des armures, avec. Mais en attendant, sa meute était en-train de réduire ! Il décida que ce soir, il sélectionnerait quelques esclaves plus fortes que les autres et qu'il les engrosserait lui-même... en effet, les skavens étaient compatibles avec bien des espèces. Généralement, leurs jouets perdaient les petits ou mourraient avant de tomber enceinte sous la violence des rats, mais si ils décidaient de mettre du sang neuf dans leurs rangs, ils mettaient les esclaves saillies de côté et les laissaient tranquille jusqu'à la naissance. Les petits skavens grandissaient aussi vite que les rats normaux, sous l'éducation brutale des adultes. Bien-sûr, le plus simple serait qu'il fasse ça avec Ankary... mais bon, pour ça, il fallait la convaincre.

Tendis que les deux derniers cavaliers essayaient de faire tomber cet ennemi, visant le petit endroit où l'armure avait été endommagée, une idée germa dans le crane du skaven albinos... cette machines pouvait résister aux flèches et aux lames... mais pouvait-elle supporter les explosions ?

-MARLANX !!! Appela-t-il.

Le skaven le plus étrange de toute la meute, car son pelage était couvert sur plusieurs partie de taches nues, d'endroits où le poil était partit et laissait en vue sa peau blanche et pelée, s'avança à trois balcons de lui. Les quelques coins de fourrures qui avaient tenus le coup étaient noircis et tellement hérissés qu'il ressemblait plus à un hérisson qu'à un rat. Il portait autour de la taille des ceintures où pendaient des petits sacs gris.

-Fait-nous un petit feu d'artifice, je te pris, lui dit-il en pointant la machine aux prises avec le warg d'un geste du museau... la partie endommagée de l'armure était visible de leur côté.

Un sourire de fou et un rire de hyène échappa à Marlanx tendis décrochait deux sacs de sa ceinture, les soulevant bien haut... et que les autres skavens qui l'entouraient reculaient, de peur que ça ne leur explose à la figure. Marlanx ne parlait jamais... il ne faisait que rire et baver, et avait toujours des gestes surexcités. Il était le spécialiste en explosif de la meute, et souvent, ses expériences lui pétaient à la gueule... on disait que toutes ces explosions avaient finis par détruire son cerveau, que c'était pour ça qu'il était devenu complètement fou. On disait aussi que son rêve était de mourir en se faisant exploser... mais ce ne serait pas pour aujourd'hui... pour le moment, se contenta de lancer ses sacs contre la machine.

En entrant en contact avec la surface solide, les sac explosèrent, de façon plutôt impressionnante vu leur taille. Le souffle sépara le warg et la machine dont les circuits et les câbles électriques pendaient maintenait d'une partis bien plus cassée de la machine qu'elle ne l'était tout-à-l'heure. Krix et son warg ne restèrent pas sonnés bien longtemps : ils profitèrent de cette diversion pour courir et frapper. Tout en poussant la machine en-arrière, la monture et son cavalier donnaient des coups de griffes et d'épées dans la partie endommagée. Restant à distance, le second frère en profita pour relancer un autre corde, avec un autre crochet, qui ce coup-ci s'enroula autour du cou de l'ennemi. Attachant la corde à sa selle pour ne pas la perdre, il fit reculer son warg pour qu'il le tire en-arrière. L'un le tirait, et l'autre le poussait droit vers le puits... ils espéraient en finir avec lui en le faisant tomber dans le trou.

Crying Wolf ne pouvait pas s’octroyer le luxe de les sous-estimer, de les traiter avec dédain. Certes, il ne s’agissait que de gros rats, mais ces Skavens étaient organisés, intelligents, et envisageaient des stratégies. Ils chevauchaient des Warg, et elle devait s’attendre à d’autres désagréables surprises. De plus en plus, elle était tentée de se servir de sa tourelle pour en finir, et ce d’autant plus que l’armure était endommagée. Elle devrait la réparer, ce qui nécessitait méditer, afin de procéder aux rites magiques de réparation, que Père lui avait appris. Son armure fonctionnait certes sur la technologie, mais aussi, et surtout, sur la magie. Elle ignorait exactement comment cette armure marchait, qui l’avait conçu, mais le résultat final était tout simplement bluffant. L’armure avait besoin de magie pour fonctionner, et donc aussi pour se réparer. Crying Wolf comptait bien le faire, mais après avoir supprimé les Skavens.

Un Warg bondit vers elle, la gueule claquant dans l’air, et Crying Wolf fléchit ses pattes avant, redressant ainsi son dos, et bondit sur le côté, sa queue claquant au milieu de la tête du Warg. Une ligne écarlate jaillit entre les yeux du Warg, qui poussa un couinement de rage. Un autre essaya de la prendre sur le côté, et elle déplaça sa tête, l’envoyant dans le cou du Warg, le repoussant. C’était le Warg blessé, qui, sous le choc, tomba sur le dos, avant de se redresser rapidement. Cyring Wolf se déplaça sur le côté, et orienta sa tourelle vers un autre Skaven... Quand deux espèces de sacoches lui tombèrent dessus, provoquant deux puissantes explosions.

« Aaaaaaaaaaaaaaahhh !! »

Le hurlement de Shaina mourut dans l’armure et dans la déflagration, mais son corps était relié à l’armure. Les deux explosions l’avaient pris par surprise, et Crying Wolf tituba. Devant ses yeux, des messages d’avertissement clignotaient dangereusement, l’avertissant que la situation était compliquée, tendue, et que des réparations étaient requises le long de son flanc gauche. Les articulations de ses pattes fonctionnaient encore, mais l’intégrité structurelle était menacée. Se battre était risqué, mais Shaina n’eut pas le temps d’y songer que les Warg la chargèrent. Ils visaient le flanc exposé, et Crying Wolf battit en arrière, avant que sa queue ne claque encore, amenant les Warg à se retirer... Un crochet s’enroula autour de son cou, et l’un des Skavens se mit à la tracter. Les pattes gauche de Crying Wolf étaient instables, et ceci eut pour effet qu’elle se coucha sur le flanc, sentant son corps se rapprocher du puits.

Crying Wolf se refusait à paniquer, et sa tourelle de défense se mit à tourner, et fit feu vers l’autre Skaven. Du fait de sa position, les tirs étaient très imprécis, et filèrent autour du chevaucher du Warg. Une balle l’atteignit à la main, effleurant sa peau.  Elle put ainsi se redresser, et sentit un Warg la heurter sur le flanc. Crying Wolf était près du puits, et se sentit basculer à l’intérieur. Le sol tremblait autour d’elle, et le Warg la frappa à nouveau, sur le flanc. Ce fut le coup qui fit basculer pour de bon la Beast. Crying Wolf bascula dans le vide, et tomba vers le fond du puits, raclant les parois, explosant le seau qui était à l’intérieur, arrachant la corde, ainsi que le haut du puits L’armure heurta violemment le sol, et le haut du puits, à savoir le treuil, s’écrasa sur l’armure.

*Aïe...*

L’armure était endommagée, et se rétracta automatiquement, avant de pousser un long hululement. Shaina avait la lèvre fendue, sa combinaison déchirée par endroits, et elle entreprit de se redresser lentement, une partie de son corps dans une eau boueuse. Elle s’appuya à une pierre qui pendait le long du mur, et leva la tête. On voyait les étoiles. Elle regarda autour d’elle, et arracha des pierres branlantes, jusqu’à pouvoir creuser un canal souterrain. Elle avait plutôt intérêt à se dépêcher, car elle savait que les Skavens ne la lâcheraient pas. Elle arrachait les pierres, écorchant ses doigts, tout en sentant qu’elle avait mal à la jambe gauche. L’os n’était pas cassé, fort heureusement, mais il était endolori. Elle commença alors à ramper, essayant d’échapper aux Skavens.

Elle avait échoué. Elle ne pouvait pas retourner voir Père dans cette situation. La guerre n’était pas encore terminée.

La meute de rats toute-entière poussèrent des hurlements de joie, sautèrent en l'air et frappèrent leurs armes sur le sol ou sur leurs boucliers. Ceux qui n'avaient pas d'armes avec lesquelles frapper faisaient une petite gigue en tapant des pieds. Leur petite fête faisait monter un nuage de poussière... en réalité, ce qu'ils acclamaient le plus, c'était la qualité du combat auquel ils venaient d'assister avant la victoire de leur camarade, et à part les deux frères, personne ne semblait attristé par la mort de l'un d'entre-eux. Krix et Krax était tout-deux descendus de leurs montures, et, accompagnés de Gryff, le warg de Krox, étaient agenouillés près de son cadavre, la tête baissée, lui rendant ainsi un dernier hommage. Il n'y aurait pas de funérailles, cependant... chez les skavens de Kraks, on n'enterrait pas les morts. Au mieux, on les laissait pourrir sur place, voir on les dévorait, carrément... cependant, ces deux frères ne laisseraient certainement pas la seconde proposition arriver, donc le cadavre resterait là, ainsi que celui du premier skaven mort, où ils pourriraient et rependraient puanteurs et vermines de leurs corps en compagnie des cadavres de moines.

Kraks descendit de son perchoir d'un bond, se réceptionnant au-sol sur ses pieds... certains l'imitèrent, et les skavens les moins forts préférèrent prendre les escaliers. Il s'approcha du puits complètement effondré sous le poids de la machine qui reposait maintenant au-fond... il faisait cependant trop sombre, il n'arrivait pas à voir ce qu'il s'y passait. Pourtant, il entendit des bruits étranges... il en déduisit que cette machine était toujours vivante, et qu'elle essayait maintenant remonter vers eux... pf, stupide robot incapable de comprendre que son programme informatique ne pouvait rien contre l'organisation de leur meute ! Ricanant toujours, ravi de ce qu'il avait fait avec seulement deux de ses sacs explosifs, Marlanx s'avança à-côté de son chef et regarda à son tour au fond du trou... Kraks lui donna une tape sur l'épaule et lui dit :

-Je t'en pris, finit-la.

La lueur de la folie s'alluma dans les yeux du skaven tendis qu'un gloussement qui ressemblait surtout à un gargouillement échappait de sa gorge, et qu'il détachait sa ceinture entièrement d'autour de sa taille, la fit pendre au-dessus du vide et laissa tout tomber... si seulement deux de ces choses pouvaient causer de tels dégâts, alors... ? Tous les skavens, excepté Marlanx, se replièrent... les sacs entrèrent en contact avec le sol provoquèrent une impressionnante explosion qui souffla plusieurs pierres en l'air. Marlanx fut soufflé par la déflagration et tomba sur le dos... sonné, il resta longtemps à-terre, continuant pourtant à rire en se mordant la langue. Kraks revint, l'observa, souffla un léger :

-Crétin...

... et s'approcha du trou. Krix et Krax le rejoignirent et observèrent eux-aussi... la lueur d'un désir de vengeance brillait dans leurs yeux noirs. Ça tombait bien, il avait besoin de volontaires pour descendre avec lui voir ce qu'il restait de la machine... quand aux trois wargs, ils étaient dans un coin de la cour. L'un d'entre-eux léchait ses blessures, et un autre était tout-contre la femelle, cherchant à la rassurer, car elle venait de perdre son cavalier.

-Krix, Krax, commença-t-il à ordonner, avec moi ! On descend là-dedans, on voit ce qu'il en est, et on achève le travail si besoin est.

Les deux petits skavens firent un signe affirmatif de la tête et sautèrent, disparaissant dans les profondeurs du puits, et furent vite suivit par leur chef. Il tombèrent sur leurs pieds, sur un sol humide et noir de suie... il y avait là des pierres encore rouges et chaudes, des petits morceaux de sac en toile carbonisés partout, une odeur de cramé... mais pas de trace la machine. Tendis que leur chef faisait le tour du petit puits et observait les murs, Krix et Krax commencèrent à se disputer... l'un disait que la machine avait tout-simplement était réduite en cendres, l'autre disait que vu sa taille, c'était impossible... par leur désaccord, les insultes ne tardèrent pas à fuser... et pendant ce temps, Kraks trouva le fameux trou. Trop petit pour que la machine ait pu fuir par-là... et pourtant...

Il remarqua des traces noires qui étaient de l'huile... et une trace rouge. Tendis que les deux frères commençaient à se donner des baffes, il passa deux doigts sur la trace rouge et la renifla...

-Vos gueules ! Ordonna-t-il à ses hommes, qui se turent aussi-tôt... il lécha ses doigts et ses soupçons se trouvèrent confirmés : du sang... du sang humain. Et il savait ce qu'il disait : les esclaves devenus inutiles était l'un des plats principale de la meute, et lui, il les préférait crus, avec le sang encore bien chaud pour l'abreuver. Cette machine nous apporte de plus en plus de surprise. Vous-deux, passez par ce trou, trouvez la personne qui saigne, et ramenez-la moi !

Pour les presser un peu, Kraks les fit entrer dans le trou à coup-de-pied dans le derrière, où les deux rats se mirent à ramper avec vitesse et aisance, et lui, étant de toute-façon trop gros pour s'y glisser, s'évertua à escalader le puits et rejoignit le reste de la meute...

Elle était blessée. Pas mortellement, mais suffisamment pour devoir abandonner le combat. Ce n’était pas lâche, de son point de vue. La situation n’était pas en son avantage, et, tandis qu’elle rampait dans le tunnel, en sentant les parois naturelles et rocheuses l’étrangler, tant l’endroit était étroit, elle ne pouvait s’empêcher d’analyser la bataille. Sa défaite tenait en un seul mot : l’orgueil. Un sentiment contre lequel Père l’avait toujours mis en garde. Elle était Crying Wolf, une louve, une prédatrice par excellente. Plus elle rampait, plus elle était convaincue que tout ceci portait sa marque. Qu’est-ce qu’un loup pouvait craindre de la part de rats ? Et, pourtant, ces maudits petits rats avaient endommagé son armure, la forçant à ramper, le corps trempant dans l’eau qui filait pour alimenter le puits. Elle se dépêchait, car elle savait que les Skavens ne la laisseraient pas partir aussi facilement... Pas après qu’elle ait tué plusieurs des leurs. La meute vengerait les siens, et elle devait réparer son armure. Shaina rampait donc, en crachant l’eau qui s’infiltrait dans sa bouche.

Shaina continuait à ramper difficilement, et les bombes des Skavens explosèrent alors. La déflagration fit trembler tout ce tunnel, et souffla Shaina. Elle roula sur le sol, son dos heurtant le mur, et elle avança plus rapidement. Le plafond s’effritait dangereusement, des blocs de pierre tombant sur son corps. Ce tunnel était sans fin, et une langue de feu remontait le long de cette dernière, filant droit sur elle. Le sol se mit à trembler sous elle, et elle se mit alors à tomber, disparaissant dans une sorte de trou, le feu filant au-dessus d’elle. Elle heurta les parois en descendant, poussant involontairement des cris de douleur, laissant quelques morceaux de sa combinaison sur les parois. Sa chute libre se poursuivit dangereusement, et Shaina défonça une sorte de plancher, avant de tomber dans le vide. Son corps s’écrasa dans une sorte de grand lac souterrain, et elle fut engloutie dans une eau glaciale, sentant des courants rapides la transporter. Elle se sentit transportée, et nagea rapidement, parvenant à faire sortir sa tête de la rivière souterraine. Le courant continuait à l’emporter, et elle s’agrippa contre des rochers, parvenant à retenir son corps, et s’extirpa hors de la rivière souterraine.

Ayant bu la tasse, Shaina se mit à tousser à plusieurs reprises, et commença à ramper faiblement, avant de réussir à se lever. Ses bras lui faisaient terriblement mal, et elle les malaxa lentement, avant de se retourner, et de s’asseoir sur les fesses. Elle respira longuement, essayant de retrouver un rythme respiratoire régulier. L’eau avait amorti sa chute. Cependant, elle ne pouvait pas rester là. Les Skavens avaient pulvérisé le puits, et, quand ils verraient qu’il n’y avait pas de cadavre, il la poursuivrait très certainement. Sa seule chance était de réparer son armure, mais, pour ça, elle avait besoin d’un puits magique. Une sorte de zone où la magie était forte, afin de régénérer son cristal, et permettre à ce dernier de reconstruire les morceaux brisés de l’armure.

*Pour ça, il faut que je sorte à l’air libre, afin de sentir les courants magiques...*

Elle sourit, et se redressa. Sa jambe lui faisait mal, et elle avança, tendant la jambe. Elle était un peu raide, et elle longea un chemin, jusqu’à approcher d’une galerie à gauche, avec des stalactites et des stalagmites. Shaina se mit à marcher, s’appuyant contre le rebord, et ne tarda pas à sentir l’air frais. Elle continua à marcher, lentement, jusqu’à voir, au détour d’un virage, une ouverture. Un trou dans la paroi, avec de la neige qui venait, balayée par des courants d’air. Elle sortit de la grotte, et vit qu’elle était sur un versant en pente d’une montagne, avec quelques sapins, et beaucoup de neige. Elle se laissa tomber, atterrissant dans la neige.

Dans le ciel, les étoiles brillaient de mille feux.

Malheureusement pour la membre du B.B. Corps, si les skavens étaient entrés bien après elle dans le tunnel qui alimentait le puits en eau, ils se déplaçaient cependant beaucoup plus rapidement qu'elle dans ce tunnel étroit et humide... déjà, Krix et Krax étaient à la base plus minces et plus vifs que leurs congénères, c'était ça qui faisaient d'eux de bons monteurs de wargs, car les bêtes ne les sentaient pas sur leurs dos, et qui faisaient d'eux de bons assassins... mais en plus, sous-terre, dans ces tunnels où flottaient les odeurs de la moisissure et de la mousse, et dans cet eau seulement un peu trop fraiche à leur goût, les rats étaient dans leur élément naturel... c'était leur meilleur terrain de chasse, et leur ennemie s'y était jetée la tête la première. Même là où tout était mouillé, un skaven pouvait suivre une trace. Obligés de progresser l'un derrière l'autre à cause de l'étroitesse du tunnel, les deux derniers frères se déplaçaient malgré-tout à très grande vitesse, et ils ne doutaient pas un instant qu'ils rattraperaient bientôt leur proie...

L'odeur de feu et de poudre rendait cependant leurs recherches plus difficile que prévu... ils espéraient que ce ne serait là qu'un simple tunnel droit, qu'il n'y aurait pas de croisement, ou ils craignaient de perdre la trace de l'assassin de leur frère. Il arrivèrent alors à une partie du tunnel qui descendait... ils avaient le choix entre aller tout-droit, ou descendre... le plus simple pour eux aurait été de se séparer, mais Krix trouva alors un morceau de tissus noir coincé dans la pierre, dans la descente. Il l'arracha et le renifla...

-Ça sens l'huile, dit-il... et la chaire. Il passa le tissus à son frère, qui le sentit à son tour et continua :
-Un humain. Non, attend... une femelle !

Les deux rats s'observèrent... ils commençaient alors à comprendre que la machine n'avait été autre qu'un véhicule, et que la tueuse de leur frère était en train de les fuir... un sourire illumina le museau de chacun : si cette créature était organique, alors elle pouvait souffrir... elle allait regrettée de s'en être prise à leur famille ! S'agrippant aux parois avec leurs griffes de façon très habile, les skavens réussirent à descendre le long de la cheminée sans se faire de mal. Il leur fallu un bon moment avant d'arriver au-bout... ils s’aperçurent alors, tendis qu'ils se suspendaient au plafond, qu'ils était au-dessus d'une rivière souterraine qui filait en hurlant dans le noir d'une caverne. Et en-dessous d'eux se trouvait une pond en bois qui traversait toute la caverne... celle-ci devait avoir un intéré quelconque pour les moines qui vivaient au-dessus, avant de mourir. Ils se laissèrent tomber souplement sur le pond... il était assez solide pour supporter leur léger poids de rats.

Ils se mirent à quatre pattes et flairèrent le bord du trou tel des loups en-chasse... au bout d'un moment, Krax dit :

-Elle est passée à travers !
-Ouai, en plein dans la rivière...
-Morte ?
-Pas forcément... elle a survécu aux bombes de Marlanx.
-Alors, on continue ?
-Surement emportée par le courant... suivons-le depuis ce pond.

Toujours dans la position à quatre pattes où ils étaient plus rapide, les deux skavens suivirent le courant en filant sur le pont en bois, surveillant du coin de leurs yeux noirs les berges rocheuses de la rivière...

Un peu plus loin, le pond bifurquait sur le gauche, et ils purent voir une grande porte qui fermait l’accès à la caverne. Ils voulurent l'ouvrir... elle était fermée. Krix et Krax sifflèrent de colère, sortirent les hachettes qu'ils avaient à la ceinture et frappèrent à tour-de-rôle sur la serrure... au bout d'une dizaine de minutes, elle finit par céder, et les deux frères purent ouvrir la grande porte d'un coup de pied... un vent gelé s'engouffra alors dans la caverne et balaya les deux frères qui sortirent en se protégeant le visage de leurs bras... dehors, c'était une forêt de sapin couverte d'un manteau blanc.

-Je déteste la neige ! Siffla Krix...
-LA !!! Répondit Krax, en pointant un doigt en-dessous de l'escalier sur lequel ils étaient arrivés.

Il y avait une silhouette sombre au-milieu de la neige... la proie qu'ils poursuivaient ! Enfin, ce fut ce qu'ils décidèrent croire, bien qu'ils n'en aient pas la preuve. Vifs, les deux frères sautèrent, et atterrirent chacun d'un côté de la fille. Leurs fourrures étaient hérissés et ils montraient les dents... l'un d'eux gifla férocement la fille, creusant quatre sillons sanglant sur sa joue, et l'envoya dans les bras de son frère qui la poussa au-sol...

-Alors c'est toi qui a tuée notre frère ! Où es ta machine ? Parle !

Il y avait une aurore boréale dans le ciel. Elle était vraiment de toute beauté, comme une sorte de longue ligne verdâtre avec des dégradés de rouge. Shaina, qui respirait lourdement, en remerciant sa combinaison étanche qui la protégeait du froid, l’observa, tout en continuant à descendre. Elle faisait attention à ne pas tomber dans la neige, un exercice difficile, en raison de la forte pente, et de l’état de sa jambe. Ces maudits Skavens l’avaient vraiment laissé dans un piètre état. La Beauty avait toujours du mal à croire que de simples Skavens aient pu la mettre dans un tel état, au point d’amener la Beast à devoir se régénérer. Shaina avançait lentement. Ses cheveux noirâtres remuaient dans tous les sens, et sa priorité était de trouver un endroit où se ressourcer. Elle fit quelques pas, et s’arrêta, avant de fermer les yeux, et d’étendre ses cercles de perception. Une technique indispensable à tout magicien, que Père leur avait apprise. Essayant de retrouver son calme, Shaina se mit à entamer des recherches autour d’elle, à la recherche de résonances magiques. Ce fut ainsi qu’elle trouva ce qu’elle cherchait : une résonance magique à proximité. Elle rouvrit les yeux, et recommença à descendre la pente. Elle dépasse les rocs à droite, ceux par où elle était sortie, pour voir la pente continuer à descendre.

*Visiblement, je me suis assez éloignée du monastère... Je me demande bien ce qu’il y a par là...*

La région était isolée du monde, et abandonnée. Officiellement, il n’y avait rien, et les informations de Père avaient été sibyllines. Il lui avait décrit un endroit dangereux, risqué, où vivait une communauté de moines. Quand elle avait vu et massacré les moines, elle avait été sceptique. Elle ne voyait pas comment de simples individus comme ça, sans aucun pouvoir particulier, auraient pu survivre dans la région, si elle était si dangereuse. Des réflexions qu’elle n’avait naturellement pas osé dire à Père. Elle ne devait pas douter de son jugement, et, maintenant, elle comprenait qu’elle aurait effectivement du ne pas en douter. Elle continuait à descendre, avant d’entendre, parmi les sifflements du vent, des bruits. Tournant la tête sur la droite, elle vit de petits cailloux tomber lentement. Un léger frisson la traversa, et il n’était pas lié qu’à ce froid ambiant. Était-ce les Skavens ? Ou autre chose ?

Elle continua à descendre. La pente devenait de plus en plus verticale, et elle dut finalement s’arrêter, celle-ci devenant trop raide, comme une espèce de ravin à pic. En contrebas, il n’y avait rien que des rochers et quelques arbres. Tournant la tête à gauche, elle remonta un peu la pente, en inspirant lourdement, pour avancer vers la suite du chemin, se dirigeant vers sa résonance magique.

*Maudite jambe !* se sermonnait-elle.

Shaina continuait sa marche, lorsqu’ils arrivèrent. Elle entendit les bruits, et un Skaven atterrit pile devant elle, comme une espèce de petit bolide, tandis qu’un autre débarqua dans son dos. Shaina brandit la main en avant, se protégeant la tête des jets de neige. Elle n’eut pas le temps de réagir qu’une gifle s’abattit violemment sur sa joue, l’autre Skaven la renversant sur le sol. Elle tomba dans la neige, sentant une vive douleur là où le Skaven, avec ses sales griffes répugnantes, l’avait frappé. L’un des Skavens se mit à lui hurler dessus, de cette voix de rat insupportable, lui demandant si c’était elle qui portait l’armure. Elle aurait pu mentir, mais ce serait agir lâchement. Un loup n’était pas lâche.

Elle réagit à vrai dire assez rapidement. Puisqu’elle était contre la neige, ses doigts s’étaient faufilés dans la neige, et elle décida de parler, afin de faire diversion.

« Nettoie-toi la gueule, ton haleine est une vraie infection ! »

Ses doigts se crispèrent, et elle balança alors de la neige vers les yeux du Skaven. Certes, sans son armure, Shaina était moins dangereuse, mais elle avait tout de même reçu une intense formation magique et physique. Les flocons de neige touchèrent les yeux du Skaven, dont sa prise fut moins assurée, Shaina en profitant pour faire une roulade. Elle savait qu’il y avait un autre Skaven, et lui tournait le dos, s’appuyant sur sa jambe qui n’était pas blessée. Elle attrapa de la neige, mais le second Skaven ne commit pas la même erreur que son allié. Habilement, il évita le jet, et bondit sur Shaina, toutes griffes dehors. Ils devaient compter sur l’élément de surprise, et devaient sous-estimer Shaina. Elle leva son pied valide, et l’envoya heurter la mâchoire du Skaven, le repoussant. Il s’affala dans la neige, mais ce coup ne l’avait nullement blessé, simplement retardé.

En d’autres circonstances, si elle avait été aussi douée que Père, Shaina aurait pu utiliser ce vent et cette neige pour créer une tempête, mais, dans les faits, elle en était incapable. Elle décida de jouer la carte du bluff.

« Je suis une femme, pas un loup. La créature que vous recherchez n’est pas loin. »

Elle espérait que ce serait suffisant pour les convaincre.

Pendant ce temps le long des versants, d’autres créatures approchaient. En affirmant à Shaina que cette région était dangereuse, « Père » n’avait pas menti, mais il n’avait pas eu forcément en tête les Skavens. Des monstres tout aussi redoutables se rapprochaient, et voyaient là un dîner facile.

De redoutables manticores.

Effectivement, les deux skavens, ne voyant là qu'une vulgaire humaine n'ayant pas la moindre arme sur elle, avaient sous-estimée la force de leur ennemi, pensant qu'ils pourraient la malmener, l'effrayer, la frapper à leur guise, jusqu'à ce qu'elle leur dise où se trouvait la machine qui avait tués deux de leurs semblables, dont leur frère adoré, ou qu'elle leur avoue que c'était elle, dans un véhicule, qui avait contrôlée cette machine. Il fallait avouer que les rats n'avaient pas l'habitude à ce qu'une femelle leur oppose de la résistance... à croire qu'ils s'étaient trop habitués à les dominer durant les nuits d'orgies avec leurs esclaves. Et même lorsqu'ils attaquaient des villages, généralement, ils n'avaient à affronter que peu de résistance... mais il fallait bien avouer qu'il s'attaquaient à des villages en paix et isolés, où les femmes n'avaient généralement pas reçu l'éducation militaire de Shaina. Et ils étaient toujours accompagnés du reste de leur meute, et montés sur le dos de leurs cargs... seuls, ces skavens étaient rapides et agiles, mais pas très puissants. Ils avaient surestimés leurs forces, et sous-estimés celles de la fille...

Cela leur valu à tout-les-deux d'être jetés à-terre une fois, l'un aveuglé par un jet de neige qui s'était écrasé dans ses yeux, et l'autre après s'être reçu un puissant crochet du pied dans le menton... une femelle du genre duquel ils avaient l’habitude de capturer et d'enfermer dans la grande cage n'aurait jamais eu le sang-froid pour faire une telle action. Krix et Krax se redressèrent, le premier se frottant encore les yeux... mais l'ennui, lorsqu'on était un homme-rat très sale, c'était qu'on avait souvent la fourrure pleine de terre, de vermines et autres immondices... plus il se frottait les yeux, plus il se mettait de saletés dedans, plus il avait mal. L'autre se redressa... il avait dégainé son épée et lui faisait face, en jouant de sa mâchoire inférieur pour calmer la douleur du choc. Il avait entendu ce qu'avait dit la fille... mais être un skaven ne voulait pas dire qu'il était stupide.

-Ne me prend pas pour un abruti ! Rugit-il : si tu n'es pas la machine-louve, tu as un lien avec elle, on a retrouvé ton sang près des tâches d'huile. Maintenant, si tu n'es pas cette machine, tu vas me dire où elle est, ou je te jure que tu vas regretter la mort qui viendra trop tard à ton goût.

Les skavens avaient beaucoup d'imagination lorsqu'il s'agissait de torturer les autres créatures, autant physiquement que mentalement, ils avaient un certain talent pour l'humiliation. Krax s'imaginait déjà tout ce qu'il pourrait faire avec le corps de cette jolie femme, et il regrettait de n'avoir pris que son épée, d'avoir laissé son fouet accroché à la selle de sa monture... il voulait la faire souffrir avant de la ramener à Kraks. Il avait songé à remplacé le frère qu'il avait perdu par un fils en engrossant une femelle... qu'elle le veuille ou non, si il parvenait à la récupérer, il avait une candidate toute-trouvée.

Krix commençait enfin à voir à nouveau normalement. Il siffla de colère, son haleine qu'elle trouvait si puante dessinant des nuages blancs dans l'air, et sortit à son tour son épée. Les deux frères s'approchèrent lentement de la fille, en se montrant bien prudents, cette fois-ci... il ne fallait pas qu'ils se reçoivent d'autres coups qui pourraient les envoyer au-tapis, ils ne se laisseraient plus avoir, cette-fois, ils ne la sous-estimeraient plus. La mort, cependant, ne vint pas d'eux, ni d'elle... il y eut un couinement de douleur à la gauche de Krax, qui se tourna rapidement... son frère avait disparu, et quelque-chose gigotait au-milieu des aiguilles de sapin.

Une seconde plus tard, la créature la plus hideuse que le skaven n'ait jamais vu, encore plus horrible de les wargs ou le stupide troll domestique de la meute, sortit des fourrais. Elle était aussi grande qu'on warg, haute et fière, avec un corps de reptile couvert d'une peau décharnée. Deux ailes de dragon couvraient son dos, et un rictus mauvais illuminait son visage de ses crocs pointus et aiguisés. Dans d'autres circonstance, un tel monstre aurait beaucoup plu au rat, qui se serait demandé comment le capturer pour faire de lui sa monture, mais ce fut sans-compter sur sa longue queue qui tenait en-l'air son frère, l'enroulant et l'étouffant comme un serpent constricteur. Oubliant temporairement son but principale, Krax sauta en l'air et faucha d'un coup d'épée la queue de la bête. Tranché, la queue tomba en fouettant l'air, et se desserra en mourant, tendis que son étrange corps poussait un cri strident dans sa douleur et se mettait à battre l'air de ses pattes... d'autres cris du même genre lui répondirent... il n'était pas seul.

Remit, Krix se releva et se plaça dos-à-dos avec son frère, chacun brandissant son épée... ils ne savaient pas ce qu'étaient ces créatures, mais ils étaient décidés à affronter ces prédateurs jusqu'à la mort ! Il ne périrait pas comme des rats dans un égout...

Face à l’épée, Shaina ne pouvait pas faire grand-chose. Sa jambe était blessée, et le cristal n’avait plus assez d’énergie pour permettre de reconstruire l’armure. Elle était désemparée, et devait rapidement trouver une solution, alors que l’ennemi se rapprochait. Mais, pour le coup, rien ne lui venait... Quand elle vit un monstre fendre le ciel, et attraper l’autre Skaven, celui à qui elle avait balancé de la neige. Le Skaven poussa un couinement de douleur, ce qui eut pour effet de surprendre l’autre. Il se retourna, en voyant son ami s’envoler dans les airs, avec le monstre qui l’avait pris. Shaina, bien qu’elle ne soit pas originaire de Terra, savait de qui il s’agissait. Il ne pouvait s’agir que des redoutables manticores, des prédateurs qu’on trouvait dans les régions reculées et sauvages. Leur présence amena encore Shaina à s’interroger. Des moines élevant des animaux auraient été massacrés depuis longtemps avec des manticores se trouvant si près. Il devait y avoir un secret dans le monastère, quelque chose qui repoussait les monstres... Shaina devrait sans doute y retourner par la suite.

Pour l’heure, elle profita de cette diversion pour envisager une autre fuite. La manticore ne devait pas être toute seule. Généralement, elles se déplaçaient en bandes. Il devait s’agir d’une éclaireuse, d’une diversion, et Shaina savait qu’ils n’avaient pas beaucoup de temps avant d’être massacrés. Tandis que le Skaven cherchait à venger son ami en attaquant la triple queue de la manticore, Shaina vit, dans la neige, quelque chose luire sous les reflets des étoiles. Il y avait une dague, celle que le Skven avait lâché en étant happé par la manticore. Un objet providentiel, que Shaina attrapa en se penchant. Elle vit alors que l’autre Skaven n’était pas encore mort. Elle aurait sans doute pu les aider à affronter les manticores, mais Shaina avait une autre solution. Elle ne leur sourit même pas, et se retourna, voyant le versant. Ce serait risqué, mais elle ne pouvait pas fuir en courant. Les manticores la mettraient en pièces.

La Beauty sauta le long du versant, et se mit à glisser, son corps étant happé par la gravité. En même temps, plusieurs manticores s’envolaient depuis les rocs pour fondre sur les Skavens. Ils ne pouvaient pas voler trop longtemps, se contentant plutôt de planer, mais deux d’entre elles poursuivirent Shaina, se laissant tomber dans le vide, courant le long du versant, bondissant dans les airs quand elles sentaient qu’elles prenaient trop de vitesse. La Beauty regardait droit devant elle, utilisant la dague pour tenter de ralentir sa chute. La neige était lisse, formant une espèce de verglas tranchant et glissant. Elle ne pouvait pas vraiment se diriger, et vit une sorte de ligne de rupture arriver, menant tout droit à un ravin et à un précipice mortel. Shaina se retourna, et enfonça la dague, espérant que l’acier serait assez résistant pour ralentir suffisamment sa chute... Mais l’acier de la lame se fêla, et la dague explosa, se coupant en deux. Shaina pesta, et atteignit le vide, passant à côté d’un arbre... Et parvint à s’agripper à des racines qui sortaient du sol. Son corps bascula dans le vide, les racines s’arrachèrent, et elle s’écrasa lourdement contre le mur, en manquant lâcher la racine.

« Aaaah... »

Shaina banda ses muscles, et regarda autour d’elle. Le vent lui fouettait les cheveux, et elle entendait les manticores hurler, flottant autour d’elle, battant des ailes en espérant se rapprocher. La Beauty n’espérait que ça. Elle retint son souffle, puis sauta dans le vide, et tomba sur une manticore, le chevauchant. La bête se mit à couiner, tombant en contrebas, se tortillant pour essayer de se débarrasser d’elle. Elle tint bon, et vit une sorte de plateforme se rapprocher rapidement. La manticore heurta douloureusement le mur, et se mit à tomber. Shaina tomba également, et son dos heurta une espèce de pilier en pierre, qui amortit sa chute, avant de la faire atterrir sur un sol froid, balayé par la neige. Elle s’écrasa sur le ventre, tandis que la manticore tomba à proximité.

La Beauty avait attiré dans des espèces de ruines anciennes.

Presque trois quarts d'heures étaient passés depuis que Kraks avait envoyé les deux frères à la poursuite de la fugitive, mais il n'était pas retourné auprès des siens pour se tourner les pouces... il avait uniquement compté sur Krix et Krax pour ne pas perdre sa piste, et pendant ce temps, toute la meute était descendu sur le flan de la montagne dans l'espoir de prendre la créature à revers. Le puits devait forcément puiser sa source dans la neige fondue des montagne, c'était le meilleur apport en eau de cette région... il n'avait donc pas eut de mal à deviner instinctivement où ils devaient aller pour trouver par où son ennemi serait sortie. C'est ainsi que tous les skavens se retrouvèrent les pieds dans la neige, à pourchasser une proie dont ils ne connaissaient même pas le visage. En commençant à monter la pente rocheuse, ils avaient été attaqué par les manticores, et avaient perdus encore trois autres rats avant de trouver une bonne position de défense... pour le moment, ces bêtes volantes leur tournaient autour, mais sans osé les approcher.

Il y avait une grosse flaque de sang sur le manteau blanc de la neige, assortis par quelques poils de rat bruns, et de deux épées abandonnées au sol... Krix et Krax n'avaient pas tenus longtemps face à la nuée de manticores. Les frères chevaucheurs de wargs n'étaient plus, désormais. Kraks s'agenouilla dans la neige, en-pris une poignée rougit par le flux des entrailles de ses semblables, et le goûta, afin de confirmer ses doutes... c'était bien du sang de skaven. Il cracha et frappa la neige du poing, rageur...

-Grrr, commença-t-il à grogner... je suis en-train de perdre mes meilleurs hommes !

La meute, derrière-lui, était inquiète. Marlanx et les archers arrivaient à tenir les manticores en respect en tirant une flèche ou en lançant une bombe sur ceux qui se rapprochaient de trop près... mais les carquois n'étaient pas infini, tout comme la poudre. Si les prédateurs ne trouvaient pas une stratégie leur permettant de les atteindre malgré leurs armes, ils seraient à leur merci si jamais ils ne trouvaient pas vite un abri. Par la suite, il faudrait qu'ils prennent des vacances ! La meute ne comptait à la base que vingt-quatre membres, et ils en avaient déjà perdus sept ! Si ça continuait comme-ça, ils allaient êtres exterminés ! Il leur faudrait arrêter les pillages et les missions au moins le temps de refaire les rangs... heureusement, la cage aux esclaves était pleine.

Ankary s'approcha du rat blanc, posant une patte toute tremblante sur son épaule... elle feignait bien la peur pour chercher sa protection, bien qu'elle se sente capable d'échapper à des manticores... elle préférait cependant jouer cette carte pour éviter de se retrouver sans meute.

-Que fait-on, mon seigneur ? Voulu-t-elle savoir.

Kraks se releva, résigné. Il n'aimait pas s'avouer vaincu, mais si il ne voulait pas qu'ils meurent tous, il fallait qu'il annonce la suite :

-On abandonne la traque. Que cette machine et son conducteur aille se faire bouffer les yeux par des corbeaux et les entrailles par les asticots ! De toute-façon, je pense que les manticores se seront occupés d'eux pour nous.
-J'ai vu une carte, dans un bureau, au monastère, annonça Grogra. Il y a des ruines, en-bas de cette montagne, on pourrait s'y abriter le temps que la neige se calme, pour se reposer et refaire le plein de flèches.
-Parfait, répondit Kraks. On va faire ça. En formation, à quatre pattes. On court vite et on ne s'arrête pas. Ceux qui seront à la traine, temps-pis pour vous... au moins, vous ralentirait les manticores !

Et la meute se mit à descendre la pente enneigée en courant sur leurs quatre fers, filant à travers les arbres, les bruits d'ailes de leurs poursuivants au-dessus d'eux. De temps en temps, un archer s'arrêtait pour décocher une flèche, tenant les manticores à distance, puis repartait de plus belle. Kraks avait accepté sa défaite et avait abandonné la traque... il serait surement surpris, et ravis, si il savait qu'ils se dirigeaient justement vers là où avait fuit son ancienne proie...

Étalée sur la pierre froide, Shaina entreprenait de lutter contre le froid qui remplissait son corps. Sa combinaison était déchirée ici et là, exposant sa peau aux mugissements du vent. La température hivernale était extrêmement froide, en-dessous du degré zéro. D’après Crying Wolf et ses capteurs thermiques, il faisait au moins -10° Celsuis, et la tempête de neige n’aiderait pas la situation à s’améliorer. Si Shaina restait dehors, outre les manticores, ses blessures, et les Skavens, le froid la tuerait. Secouant lentement la tête, Shaina la releva. Son dos et tout son corps lui faisait mal, et elle se félicitait de souffrir, car c’était la preuve qu’elle était encore en vie, et suffisamment réactive pour souffrir. Shaina s’appuya sur ses avant-bras, n’arrivant pas à se relever, et se coucha sur le dos. Sa respiration était lourde, et elle bascula tout son poids en arrière, s’appuyant sur ses omoplates, puis se releva rapidement, et réussit à s’asseoir. Shaina s’agrippa alors à un monticule de pierre, et s’en servit comme appui pour entreprendre de se relever.

Ses jambes lui faisaient mal, et elle soupira en tremblant, restant debout. Vu d’ici, face à cette énorme ruine, elle semblait extrêmement frêle. Il y avait une série de marches menant vers une grande porte. Shaina entreprit de gravir les marches du perron, jusqu’à atteindre la dernière plate-forme. La grande porte représentait une sorte de visage grimaçant.

*Marche, marche, et respire... Inspire et expire lentement...*

Fermant les yeux, Shaina s’imposait à avoir un rythme normal, et à avancer. Certaines bourrasques manquaient la renverser, mais, fort heureusement, les piliers en pierre entourant l’accès au temple coupaient le vent. Shaina continuait à marcher, manquant trébucher, et entendit alors des grognements derrière elle. Elle se retourna, et vit alors qu’une manticore s’avançait. Celle qui était tombée avec Shaina, et qui avait défoncé un pilier. Elle boitait également, avec de longues lignes de sang sur son corps, et une aile repliée. Elle était blessée, mais toujours en vie... Et regardait Shaina avec une lueur de haine et de rage. Shaina se retourna, la regardant, en réfléchissant à une stratégie, sentant une légère panique s’emparer d’elle. En temps normal, elle aurait pu s’enfuir, mais elle était trop blessée pour l’heure pour courir. Se mordillant les lèvres, Shaina vit alors la manticore courir vers elle, et regarda autour d’elle, cherchant un objet, quelque chose.

Elle ne trouva rien, et choisit de faire une roulade sur le côté, évitant de peu la gueule de la manticore. Le monstre heurta la Beauty, la renversant, et heurta un pilier. La créature rugit, et se retourna, tandis que Shaina, sous l’effet de l’adrénaline, puisait dans ses dernières forces. Elle se releva, alors que la manticore reprenait sa course. Shaina vit alors, à côté d’elle, un rocher tranchant, qui résultait du choc de la manticore contre le pilier, et l’attrapa. Elle visa soigneusement, et atteignit la patte blessée du monstre. Il poussa un couinement, et perdit son équilibre, s’affalant lourdement sur le sol, avant de descendre le long des marches, tombant en contrebas, et continua à rouler sur plusieurs mètres, avant que dos ne finisse par heurter un mur.

Shaina se retourna, et marcha rapidement vers la porte du temple. Sa jambe droite était complètement tendue, et elle la traînait derrière elle. Le froid lui perçait les os, et elle vit que la porte, immense et circulaire, était détruite par endroits, des failles permettant de se glisser. C’est ce qu’elle entreprit de faire, réussissant à se glisser à l’intérieur. Elle tomba contre des marches, et poussa un cri de panique en tombant à la renverse. Elle s’écroula sur le sol, et sentit l’écho de son cri.

*Je commence à en avoir marre de tomber !*

Elle entreprit de se relever, et sortit son cristal. Il se mit à luire, et une vive lumière blanche en sortit, lui permettant de voir autour d’elle. C’était une sorte d’immense hall circulaire avec d’anciennes statues en pierre, représentant des guerriers. Bon nombre de statues étaient détruites. Shaina regarda autour d’elle, voyant plusieurs portes, ainsi que, face à la porte d’entrée, d’où on entendait le vent siffler, un grand escalier menant vers une solide porte. Elle entendit alors la manticore rugir à l’extérieur. Elle était, fort heureusement, trop grosse pour passer par l’ouverture, mais Shaina ne doutait pas qu’elle finirait par trouver un autre chemin.

Reprenant lentement son souffle, elle commença à avancer. Si le cristal réagissait comme ça, c’est qu’il devait y avoir, à proximité, une source magique. Elle approchait du but, peut-être même de l’emplacement du cristal. Cependant, il y avait de nombreuses questions qu’elle se posait. Qu’était-ce ce temple ? Quelle était sa superficie ? Qui l’avait bâti ? Pourquoi ? Et que renfermait-il ? C’était certes un abri nécessaire contre le froid et les manticores, mais Shaina avait un mauvais pressentiment. Elle avait l’impression toute simple d’avancer de Charybde en Scylla.