« Je suis Tsuki.. Ce serait un plaisir de venir avec vous dans votre maison.. Bien sûr, j'espère que je ne vous ne gênerais pas... »
Shii lui sourit, un léger sourire, tandis que Clara haussa les épaules, avant de répondre :
« Une fille mignonne comme toi ne risque pas de beaucoup déranger. La beauté a tous les droits, Tsuki. »
C’était une grande vérité que Clara venait d’énoncer. Shii se redressa lentement, rangeant la boîte de premiers secours dans son sac, se retenant de faire un petit regard supérieur à Clara. Elle lui reprochait toujours de s’encombrer de choses inutiles... Mais, sans ses pansements, il n’aurait pas été possible de soigner Tsuki. Cependant, Clara avait horreur des Miss « Je-sais-tout », alors elle choisit de se retenir, même s’il était tentant d’agacer un peu sa belle partenaire.
« Par contre, il faudrait mieux y aller... La nuit va tomber. »
Clara hocha la tête, et mena la marche, Shii se glissant à côté de Tsuki, afin de l’aider, si jamais elle avait un problème quelconque. Leurs lampes-torches étaient bien utiles, car la luminosité ambiante diminua rapidement, la forêt nocturne commençant à s’imposer, avec sa faune spécifique. Des hululements dans la nuit, l’impression que des fantômes vous observaient... C’était le paradoxe de Blanche-Neige : la nuit, la forêt semblait hostile et agressive, faite d’arbres griffus cherchant à vous dévorer, et, le jour, elle paraissait paisible et resplendissante. Tandis que les femmes marchaient, Shii fit quelques précisions supplémentaires.
« Ce n’est pas notre maison, mais nous y sommes... Des locataires. »
C’était le mot le plus neutre qu’elle trouvait. Elle aurait pu dire « esclaves » pour être plus honnête, mais elle ne voulait pas faire peur à Tsuki. C’était un mot qui avait une connotation fortement négative, qu’on assimilait à « torture », alors que, en réalité, être l’esclave de Mélinda était tout, sauf une torture. Clara menait la marche, et elles aperçurent bientôt les quelques panneaux annonçant l’entrée dans une propriété privée, ainsi qu’une sorte de grille. Mélinda, pour renforcer la sécurité du manoir, avait mis une barrière tout autour. Elles longèrent donc cette dernière jusqu’à trouver une porte, que Clara ouvrit à l’aide d’une clef. La porte métallique émit un grincement, et Clara dut insister un peu. Elle se referma avec un claquement sonore, donnant l’impression d’entrer dans la cour d’une prison. Il y avait désormais des petits lampadaires le long d’un chemin serpentant à travers les arbres, et qui conduisait droit vers le manoir.
« La propriétaire de ce manoir s’appelle Mélinda. Mélinda Warren, précisa Shii. Elle est très gentille, et elle adore les nekos. »
Dire que Mélinda était « gentille » n’était sans doute pas le mot le plus adapté. La vampire était perverse, vicieuse, manipulatrice, cruelle, tortionnaire, mais tous ces vises, curieusement, s’assemblaient en une sorte de bienveillance maternelle. Très rapidement, on put voir l’épais manoir. Il était implanté à Seikusu bien avant l’arrivée de Mélinda, et avait changé d’architecture bien des fois. Il ressemblait à un manoir de l’époque victorienne, ces grands manoirs qu’on trouvait toujours dans les films sur les maisons hantées. Clara, Shii, et Tsuki entrèrent par une porte latérale, avec un balcon et des marches. Le manoir était en forme de U, avec des lumières aux fenêtres.
L’heure du souper n’était pas encore venue, et Mélinda était dans l’un des salons. Clara alla la voir la première, et la mit au courant. C’était un confortable salon, avec des fauteuils, un canapé, des poufs, des bibliothèques, et un délicieux feu crépitant dans l’âtre d’une cheminée. Mélinda était assise près d’une table, et reposa les papiers qu’elle remplissait. Tsuki entra dans la pièce, et Shii et Clara s’en allèrent. Mélinda lui sourit.
« Bienvenue chez moi, Tsuki. Je suis Mélinda. »
A choisir entre des bilans comptables et cette mignonne petite neko à forte poitrine, le choix de Mélinda était vite fait. Une lueur d’intérêt brillait dans ses yeux en voyant cette jeune neko, et une ombre de sourire commença même à perler sur ses lèvres.