Sex & others drugs {NEENA}

L'appart' était grand. L'écran plat de la télé aussi. Comme la baie vitrée qui s'ouvrait sur la ville et qui, en ce début de soirée, laissait apprécier les lumières des habitations et des néons qui illuminaient le ciel nocture de Seikusu. La déco de l'endroit était réduite à sa plus simple expression, c'est à dire rien d'autre qu'un immense canapé en cuir blanc qui trônait dans un salon qui, vide d'autres meubles à part la télé posée à même le sol, avait des allures de hall de gare désert.
Sur l'écran s'affichaient les candidats d'une de ces émissions stupides et délirantes que les japonais aimaient tant et le son bas des enceintes laissait passer les exclamations ahuries et mangaquesques des participants du jours. Un concours débile que Pills ne suivait que d'un oeil, avachi sur son assise, le bras posté sur l'accoudoir supportant sa tête. Sa chemise blanche était ouverte sur son torse et plus bas, entre ses cuisses, Neena s'activait sur sa verge raide dans un bruit de succion appliquée.
Elle ne se démerdait pas mal, loin de là. Elle connaissait son affaire pour avoir sucé cette queue sûrement plus de fois qu'elle ne saurait s'en souvenir et cette fois là était une parmi tant d'autres.

Pourquoi elle s'était pointée, déjà ? Pills ne s'en souvenait plus et il s'en foutait. Le joint qu'il avait entamé seul devant la télé avait été partagé -"Goûte moi ça ma puce, un nouvel arrivage d'Amérique du Sud"- avant qu'il n'ait envie de lui baiser la bouche et qu'il lui fasse savoir, sans lui demander son avis. Pour ce qu'il en avait à foutre, de son avis... Pourtant, Keith n'était pas plus motivé que ça, à présent. Il pensait à autre chose et comme souvent en présence de Neena, il pensait à voix haute.

"Faut que j'vise plus haut. Il me faut des noms, de nouveaux biz'. Si t'as une idée, c'est le moment de parler. J'aime pas quand tu parle avec plein de foutre dans la gueule et ça va pas tarder."

Elle non plus ne savait pas très bien pourquoi elle s'était pointée. Elle était tranquillement chez elle, tirant sur son joint comme une forcenée, s'agrippant à lui pour ne pas céder à l'ennui. Se faire chier défoncé valait toujours mieux que se faire chier sobre. Et puis elle causait à Edith, sur Skype. Edith, sous MD, qui divaguait vaguement et parlait à un chat qui n'existait pas. Il l'avait sonné, comme il le faisait tout le temps. Une tonalité, et il raccrochait. Toujours. Edith le savait autant que Neena, si bien que, comme une otarie obèse aux nageoires ligaturées, elle s'était approchée de son ordi. L'écran de l'ordi était tombé, et son amie avait mis une heure à le remettre en place. Le temps que Neena enfile ses Dr Martens roses flamboyantes assorties à ses cheveux, vissant ses jambes où étaient enfilés des collants verts d'eau. Une robe blanche, parce que la pureté, c'était drôle pour elle, qui n'en avait plus une once dans le corps.

- Il te sonne ?

- Mh, mh.

L'adolescente hocha la tête, enfila un perfecto noir usé.

- T'es pas sa chienne, hein.

- Mh, mh.

Elle entendit Edith soupirer bruyamment.

- Pourquoi tu ... ?

- C'pas ton problème. Savoure ton ecsta' et laisse moi.

Ecran rabaissé d'un coup, avant qu'Edith ait pu dire quoi que ce soit. Et Neena se retrouva bien vite dehors, dans le bus, le casque vissé sur les oreilles. Autant se mettre dans l'ambiance.

- Mark my, mark my, mark my chest.

Chantonna t'elle sur le chemin menant jusque chez lui, vérifiant si on ne la suivait pas. Neena n'était pas des plus discrètes. Et elle était connue, dans le coin. Dealeuse par excellence du lycée, proche du dénommé Kiss, celui qu'elle rejoignait, celui dont même Edith, sa meilleure amie, ignorait le nom. Pour elle, il était "lui". Pour Neena, il était ... C'est compliqué. Elle se remit la frange en place, alors qu'elle était devant la porte. Entra. Lui parla, un peu, à peine. Et se retrouva à le sucer, comme tant d'autres fois.

"Faut que j'vise plus haut. Il me faut des noms, de nouveaux biz'. Si t'as une idée, c'est le moment de parler. J'aime pas quand tu parle avec plein de foutre dans la gueule et ça va pas tarder."

Absorbée par son oeuvre, elle ne comprit qu'à moitié ce qu'il lui disait. Putain, ce qu'elle avait la bouche sèche. Elle se rincerait bien avec un whisky, tiens. Encerclant sa queue de sa main si douce, si précieuse, Neena la retira de sa bouche, s'éclaircissant silencieusement la gorge.

- Je gère que le lycée, p'tit coeur. Tu crois qu'y'a des ... Mh, putain.

Elle se massa le front. Le joint lui tapait sur l'esprit. Elle n'était pas habituée à lui lancer de "p'tit coeur" un brin niais, mais bon. Avec lui, elle se lâchait, elle ne se contenait pas. Tant pis si elle devait se manger une mandale après. Elle se considérait comme un spectre vivant, qui n'a plus rien à perdre que du vent.

- J'disais ... Tu crois qu'y'a des gens intéressants, là-bas ? Nan. Que des clients, qui vont rarement au-dessus de 20 balles.

Elle appliqua sa main, tiède, sur son torse, le regardant dans les yeux avec le peu de tendresse qu'elle pouvait encore lui offrir. L'espoir, dans les yeux de Neena, n'était qu'une braise timide étouffée par des cendres. Et encore, seulement quand elle était pétée, avec l'esprit étriqué, étripé, tordu en tous sens.

- ... Ou alors la banlieue, p'têt. J'connais deux-trois marchands d'arme avec qui j'ai ...

Neena se mordit la lèvre, et se remit à l'ouvrage. Oui, elle avait baisé avec beaucoup de gens. La moitié, elle n'en avait pas retenu le nom. Et puis elle n'avait rien à prouvé à Kiss. Le goût de la verte encore sur le palais, elle captura à nouveau entre ses lèvres le membre du jeune homme, offrant à nouveau des vas-et-vients réguliers, les lèvres resserrées pour mieux l'étreindre, sa langue remontant parfois le long de sa queue, pour mieux l'avaler ensuite.

Les définir ensemble revenait à tenter de disséquer une pilule d'ecstasy, à tenter de comprendre les noms foutrement compliqués des merdes qui composaient le cacheton au couleurs fadasses. Pills se branlait de savoir pourquoi ça marchait tant que ça faisait effet avec Neena. Elle l'avait vue passer de son squat miteux dans son vieux quartier pourri à cet appart' sans âme dans les beaux coins de Seikusu. Neena avait les clés, Neena avait accès à une bonne partie de la came, Neena pouvait se défoncer avec des sacs complets de Krystal si ça la démangeait. Mais Neena n'avait pas le droit de le décevoir, de lui dire non et ce pourquoi que ce fut. Tous ceux qui gravitaient autour de Kiss étaient dans le même sac qu'elle. Mais aucun n'avait la liberté dont elle jouissait, aucun n'avait le droit de réclamer qu'il la baise où qu'il lui file de la thune. Les contreparties étaient lourdes sur les épaules de la camée, mais elle jouissait d'un statut particulier. Plus qu'une pute, moins qu'une amante.
Neena, le petit cachet perso de Pills.

Son envie de whisky lui vint à l'esprit, littéralement. Pourquoi pas ? Sur un ordre mental, la bouteille posée à même le sol à côté d'eux vint se poser dans sa main et Keith attendit qu'elle abandonne sa queue pour y déverser un filet ambré qui coula le long de son vit bandé et déjà luisant de salive. La bouteille retrouva sa place initiale par le même chemin suspendu et Pills écouta Neena parler du marché médiocre du lycée. Des possibilités qu'elle pensait avoir, qui le laissèrent pensif. Il reporta son attention sur la télé et ses conneries, avant de passer sa main dans les cheveux de Neena, la forçant à quitter sa verge tendu parfumée au douze ans d'âge pour que cette dernière lui crache sa jouissance au visage. Sans avertissement, sans romantisme et sans grande âme. Les jets épais s'étalèrent sur sa face, s'y répandant alors qu'un dernier s'écrasait sur sa langue tandis qu'il réprimait un râle de plaisir entre ses dents serrées.
Il la relâcha, l'abandonnant un instant pour qu'elle finisse de nettoyer, qu'elle se débarbouille, qu'elle couine son mécontentement si ça lui plaisait. Kiss pensait à autre chose et la bouteille de whisky volante lui servait déjà un verre tandis que deux glaçons filerent rejoindre l'alcool depuis la cuisine. Un second verre fut préparé pour Neena, se posant tout à côté d'elle. Kiss se pencha alors vers elle, l'embrassant goulument, sa langue mêlée à la sienne partageant la semence qui y restait encore.

"Les marchands d'armes que tu as baisés n'm'interessent pas. C'pas un marché sûr, pas tant que je ne m'y suis pas interessé. Pour le lycée, tu t'en tire bien, ma puce. Mais ces petits connards ne veulent pas trop toucher au Krystal et ça, ça me casse les couilles. Tu vas me vendre ça un peu moins cher et en contre-partie, tu vas refiler la came à des couillons avec des parents interessants. Renseigne toi, enquête, suce qui tu veux pour avoir tes réponses mais trouve moi ce que je veux, pigé ?"

Il se réinstalla confortablement dans le canapé pour s'accorder une gorgée de Sky, la queue molle battant sur sa cuisse, ses yeux rivés sur Neena.

"Je veux qu'on tire les bonnes ficelles de ce putain de marché pour s'imposer dans le pays. On passera par les yakuzas, mais j'veux des appuis sûrs ici, chez moi. Je te monterais sur le trône. De toutes les façons où je pourrais te monter."

Un compliment ? Peut-être. Ou pas. Elle le prendrait comme elle le voudrait. Fouillant dans la poche de la veste de costume qu'il avait jetée à côté de lui en arrivant à l'appart', Keith tira un sachet de Krystal Sky qu'il ouvrit pour en tirer une gélule. Il la coinça entre ses lèvres en caressant le menton de celle qu'il convenait d'appeler son âme damnée.

"Viens la chercher si tu la veux, mais montre moi ce que t'as foutu en dessous de tes fringues. Ca me donnera peut-être envie de te baiser."

Il réprimait son plaisir, restant silencieux. Oh, qu'il s'étale sur son visage, ça ne l'offusquait pas tant que ça. Mais qu'il reste silencieux, bien décidé à ne rien laisser entendre de ses émotions*, putain, que ça pouvait l'agacer. Extirpant un mouchoir de la poche de sa veste, qui traînait non loin d'ici, l'adolescente s'essuya le visage. Si elle couina, c'est quand il s'approcha d'elle pour l'embrasser. Effectivement, sans romantisme, sans toutes ces choses mièvres qui tiédissent le palpitant. Comme si elle avait besoin de ça. Neena en était arrivée à un point où tant qu'elle avait son joint, elle était bien. Y'avait que cette sensation planante qui était véritable, et qui réchauffait vraiment son âme. Mon âme ... Elle secoua la tête. Pour ce qu'il en reste. Sa mère ne lui disait rien, son père non plus, mais elle percevait dans leurs regards qu'ils trouvaient qu'elle tournait mal. Et encore, il ne connaissait pas la partie immergée de l'iceberg. Les nounours de sa piaule avaient le ventre rempli de Krystal, de weed, de MDMA - souvent engloutie par Edith - et autres joyeusetés. Pourquoi tu penses à tes vieux ? Elle attrapa son verre de whisky. Elle aurait presque pu faire un cul-sec, mais le bon whisky ne se gâche pas en une gorgée. Comme le bon sperme, ricana sa conscience. Qu'elle fit taire. Les pouvoirs psys de Kiss l'émerveilleraient et la terrifieraient toujours.

Neena hocha sagement la tête aux directives de Pills. "Ma puce". Elle vendait bien, était une dealeuse de confiance, et restait prudente, malgré la dose de drogue quotidienne qu'elle s'enfilait. Non, elle ne s'était pas relevée. Elle était restée là, assise, face à lui, silencieuse comme l'est une sainte qui prit. Que pouvait-elle répondre ? Putain, envie d'une clope. C'est quand elle planta la sainte cigarette entre ses lèvres encore mouillées qu'elle le vit. Sortir du Krystal d'un pacson. Le caler entre ses lèvres. Putain. Si elle avait pu, elle serait devenue une flaque. Cette came avait le mérite de faire trembler son coeur. Plus fort que l'amour, et par conséquent meilleur que tout.

"Viens la chercher si tu la veux, mais montre moi ce que t'as foutu en dessous de tes fringues. Ca me donnera peut-être envie de te baiser."

Les nerfs de l'adolescente trépignèrent. Du chantage. Elle ne savait pas si cela devait l'exciter ou l'agacer. Agiter devant son charmant minois des choses qu'elle ne pouvait avoir que sous condition ... Mmph. Alors, sans tituber, envoyant paître son portable - et les énièmes sms d'Edith, inquiète, démontée, qui lui faisait la leçon - à l'autre bout de la pièce, elle se releva. Il heurta quelque chose. D'un geste aussi gracieux que possible, elle s'enfila une large rasade de whisky. Gorge immolée, esprit éteint. Il ne restait qu'un maigre fond. Le reste du cérémoniel ne tourna pas dans le vulgaire, malgré qu'elle commençait à être entamée. A force, elle avait appris à tenir l'alcool.

- Vos désirs sont des ordres, souffla t'elle, doucement provocatrice.

Le gilet noir qui se trouvait sous la veste fut expédié derrière elle, heurtant la télé. Les Dr Martens, pareillement. Elle les envoya bouler avec une grâce exquise, propre à elle. Un sourire non feint, celui de l'ivresse, flottait sur ses lèvres. Se déhanchant, elle retira ses chers collants, les effilant légèrement au passage. Tant pis. La robe blanche, quasi-transparente, coula à ses pieds en un éclair, dévoilant ce qu'il devait voir. Foutue vie. Elle faisait chaque jour attention à sa lingerie, parce qu'il pouvait l'appeler n'importe quand, et qu'elle ne devait jamais commettre aucune faute. Non, pas elle. Alors elle apparut devant lui dans ce qu'il pouvait y avoir de plus luxueux - lingerie volée oblige - sur le marché : soutien-gorge aux dentelles noires sur fond ivoire, légèrement transparent, aux bretelles de velours d'encre, et string du même acabit, noir et dentelé. Le tout sur un corps doux à la peau laiteuse. Pas de bas, aujourd'hui, parce que ça la faisait chier d'en porter.

Féline, elle s'approcha de lui, chopant le cacheton entre ses dents, prenant appui sur son buste, écartant sa chemise par la même occasion pour saisir sa peau. Et hop, avalé. Même pas de goût. Mais des sensations qui allaient la faire palpiter.






* Le garçon-dealer que j'aime fait ça éè niuniuniu

Il la regarda assurer le show tout en vidant tranquillement son verre de whisky. "Épave", pensa t'il sans un remord tandis qu'il observait ses fringues voler à travers la pièce, suivant le chemin qu'avait emprunté son portable avant eux. Neena n'était pas une mauvaise fille en soit, mais elle était pleine de failles qu'elle tentait de combler de came, d'alcool et de sexe. Des blessures dans lesquelles la gangrène nommée Keith n'avait pas tardé à s'immiscer pour les infecter dès leur première rencontre au lycée. Elle n'avait été qu'une cliente parmi d'autres, une cliente dans laquelle il avait vu quelque chose. Un coup facile, d'abord. Un bon dealeur, ensuite. Une personne de confiance, pour finir. Parce que Pills savait qu'il donnait à Neena ce dont elle avait besoin et pas uniquement en matos illicite. Il exploitait sans vergogne ses tares, la transformait parfois en bout de chair dans lequel il se vidait avant de la jeter comme la dernière des traînées avant de lui proposer de rester dormir avec lui dans la minute qui suivait.
Pourtant, Kiss n'aurait pas toléré qu'elle sombre. Elle était à lui et si quelque chose devait avoir sa peau, ça ne devait pas être la came. Il lui avait interdit l'overdose, lui avait interdit de présumer de ses forces face à ce qu'elle se mettait dans les veines. Pills la sauvait du naufrage pour mieux la faire sombrer lui-même.
Au moins lui démontrait il de l’intérêt.

Keith apprécia son corps et la lingerie agréable qui le sublimait, son sourire en témoignait très bien, comme le tréssaillement clair et excité de sa queue qui reprenait du poil de la bête peu à peu en se gorgant de sang. Neena approcha, se posa sur lui pour voler le Krystal dans un baiser. Pills attendit qu'elle avale la gélule du bonheur pour fourrer sa langue dans son palais afin de l'embrasser avec un appétit certain mâtiné d'une tendresse relative qu'il n'avait que trop rarement mais dont elle était jamais la seule à avoir profité.
L'une de ses mains passa entre leurs bassins, d'abord pour branler un peu sa queue afin d'achever de la raidir correctement, ensuite pour se glisser dans le string dans l'idée de caresser l'intimité de ses lèvres humides, les écartant du bout des doigts par petits à-coups répétés destinés à l'allumer davantage.

Bientôt, le Krystal agirait. Il lui ferait voir la vie en rose, la faisant pénétrer dans le plus paradisiaques des Edens artificiels. Et quand Pills la prendrait, à ce moment là, elle ne sentirait que peu la présence de sa queue, où qu'elle passe. Mais les sensations que Neena en retirerait seraient exacerbées, indescriptibles. Comme si le mot plaisir avait eu un dard bien réel qui l'aurait prise sans ménagement. Puis elle s'envolerait loin de lui tout en restant proche. Le Krystal faisait cet effet.

Kiss ne tergiversa pas longtemps. Le string fut écarté, la fente humide fut remplie d'un coup sec et puissant. Et le baiser perdurait, appliqué et naviguant entre les courants du vice et ceux du désir presque romantique, réduits à leur plus discrète expression.

Enfin, il souriait. La petite épave disloquée l'avait fait sourire. Et bander. Mais ça, c'était une toute autre histoire. Quant à elle, ses petites veines dansaient sous sa peau, accueillant la drogue, à regret. Weed, whisky, speed, Krystal. Grands dieux. Elle aurait pu se casser en trois cents morceaux. Mais, comme toujours, son corps fin, svelte, fragile encaissait. Plus de tares, plus de failles. Bientôt, elle le sentait, elle se sentirait vivante en oubliant qu'elle l'est. Et au-delà de toute pâleur. La poésie de Neena était toujours avide d'absolu. Un de ses ex avait dit qu'elle était un ange, un jour. Foutaises. Dés lors qu'il enfonça sa langue dans sa bouche, tous les souvenirs fondirent comme neige au soleil. Le Krystal commençait lentement à faire effet. Dieu merci, il ne s'apparentait pas à toutes ces drogues qui démarrent en deux heures de temps, tel les Xanax ou autres anti-dépresseurs-volés-à-maman. Un coup derrière la nuque, et hop, un envol. Quand ses doigts, putain ses doigts, vinrent jouer avec son sexe, elle crut tout bonnement exploser. Elle ne pouvait pas feindre l'indifférence, chose qu'elle considérait comme un défaut. Une de ses mains, sur le torse de Pills, se ferma, griffant sa peau au passage.

Elle le sentait, elle perdait pied. Baiser en étant défoncé restait un plaisir certain. Edith disait qu'on pouvait se considérer comme un drogué quand, lorsqu'on faisait quelque chose sobre, on pensait nécessairement à le refaire, mais sous substance. Récurent, chez Neena. Par réflexe, elle captura sa langue entre ses lèvres, la suçant pour l'attiser. Elle adorait ça. Ce n'est que quand il entra en elle, sans perdre de temps, qu'elle ressentit pleinement la puissance de la drogue.

- Mmmh ... Aah !

Elle avait cru se mordre la lèvre, mais avait mordu celle de Pills. Mmph. C 'était ça, les méfaits de la drogue ; être hors de contrôle. Plus de lueurs dans ses orbites que dans les cieux, assurément. Elle lui rendit un baiser vif, emporté, propre aux adolescentes. Ses mains prirent appui sur le buste et les épaules de son amant, lui évitant une chute probable. Elle se sentait comme sous poppers. Autant vous dire que son état était proche de l'extase. Sa poigne, même pas violente au vue de sa carrure, se referma sur lui. Oui, elle griffait. Légèrement, mais elle griffait.

Ce coup sec fut suivit de quelques ondulations du bassin de la jeune femme. Pas de mouvements hésitants, non, elle avait bien trop l'habitude de ça pour oser hésiter. Mouvements circulaires, puis coups vifs, profonds, où elle sentit sa queue s'enfoncer plus fort, plus loin en elle. Chaque coup de bassin qu'elle lui offrait était exacerbé par la drogue. Sa peau si pâle devenait tiède, puis ardente. La vie en rose. Stoppant parfois les baisers pour reprendre son souffle, incendiaire, elle n'en demeurait pas moins vivace. Une de ses mains quitta un moment l'appui qu'elle avait sur Kiss pour détacher son soutien-gorge, à l'arrière. Trop serré. Il lui faisait mal, à force.

Qu'elle le griffe ne le dérangeait pas. Il s'en servirait d'excuse plus tard pour la faire chanter, la faire se pencher sur une table en lui levant la jupe afin de la prendre sans préliminaires ni doigté. Pills n'avait pas besoin de prétexte, pourtant. Mais la saveur de ce jeu de la dette mettait dans leurs relations obscènes une pointe amusante, bien trop diluée dans les affres de la brutalité et de l'assouvissement instantané des envies. Si ces deux là avaient été des gens bien, des amants attentifs, nul doute qu'ils se seraient aimés et qu'ils auraient conjugué sexe et sentiments avec bonheur. Mais Neena et Keith ne s'aimaient pas. Ils dépendaient l'un de l'autre et trouvaient leur compte dans les vices qu'ils partageaient.

La succion de la langue, Pills adorait ça. C'était de cette façon qu'il voulait qu'elle l'embrasse quand elle merdait et qu'elle voulait se faire pardonner, c'était cette drôle de pratique qu'il voulait que Neena lui réserve tout en sachant qu'elle n'en ferait rien. La garce. Le coup de butoir qu'il donna pour ponctuer sa pensée fut violent et leurs chairs claquèrent trop fort pour que le bruit humide de sa fente encaissant son vit puisse être entendu. La douleur des dents qui pénétrèrent les chairs tendres de sa lèvres le firent grogner et le goût du sang se mêla bien vite à la salive que leurs langues échangeaient, mais quelle importance cela avait il ? Il baisaient et Keith en retirait du plaisir. Un peu de douleur pouvait bien être acceptée, surtout si c'était pour voir la jolie petite gueule de Neena se déformer sous l'effet des coups de reins qui la pilonnaient et s'associaient à la drogue qui lui montait enfin à la tête.

Elle savait y faire, lorsqu'elle était empalée sur une verge digne de ce nom. Ses mouvements de reins étaient étudiés pour que Neena y prenne un maximum de plaisir et de longueur de queue, ce à quoi Kiss répondait en assauts martelant profondément ses parois de son gland à la garde. Au départ, il avait simplement attrapé ses fesses pour les pétrir, pour laisser ses doigts venir ouvrir son anneau de velours. Puis l'accentuation du rythme l'avait obligé à arrêter ses mouvements devenus anarchiques, ce qui l'avait poussé à déplacer ses mains tandis que son épave surchauffée ôtait son soutif pour dévoiler sa menue mais agréable poitrine.
Lui avait décalé ses bras sous les jambes de Neena pour les relever un peu, approfondissant ainsi la pénétration qu'il lui infligeait et qu'elle avait le goût de magnifier en roulant du bassin, en se fourrant sur cette queue qui la connaissait par coeur. Keith assurait sa prise pour ne pas qu'elle bascule, ses dents plantées dans l'un des tétons de sa traînée préférée. Il la tétait tout en activant plus puissamment ses hanches, qui propulsaient bestialement son pilons dans l'antre détrempé de Neena.

Ce sexe là, le sien et celui auquel ils se livraient ensemble, cette baise décomplexée et bruyante restait la meilleure des cames. Même pour Pills, qui ne l'admettrait pas forcément.
Son dealeur du moment connaissait son affaire et le paiement qu'il lui proposait était agressif, furieux entre ses reins.

Boum. Cette explosion, dans les pensées, dans le corps entier, eut le mérite de l'achever. Le premier stade était atteint. L'explosion des sens était complète. La violence, dans chaque coup de butoir, la faisait gémir, chaque fois plus fort. A quoi bon se retenir, je vous le demande, à ce stade là ? C'était violent, bruyant. C'était bon. Sa seule réponse fut de lui offrir des coups de bassin puissant, en réponse aux siens. Elle se déhanchait à merveille, empalée comme elle l'était. Et le simple fait de sentir les dents de Keith plantés dans sa chair l'émerveillait, faisant frissonner toute son épiderme. Chaque fois que ses muscles menaçaient de la trahir, elle pouvait sentir qu'il la tenait, afin qu'elle ne tombe pas. Sensation royale, grisante. C'est comme pour le remercier de cette attention qu'elle redoublait d'effort. Sa bouche, qui trahissait sa respiration essoufflée, se logea un moment dans son cou, sa main trouvant appui contre sa nuque. Son corps tressautait entre ses mains, sous ses coups de butoirs.

N'importe qui aurait pu le dire : ce n'était pas de l'amour, non, qui les unissait. Juste une histoire de baise et de drogue. Et le nirvana, là, l'adolescente le touchait des doigts. Je ne sais pas si vous pouvez imaginer l'effet que ce Krystal avait sur son corps, son esprit : la peau était devenue brûlante, le sourire, indétrônable, et tout, tout avait une répercussion puissante sur elle. Cette baise agressive, cette queue qui la pilonnait littéralement, ces mains qui la touchaient, tout la faisait exploser.

Un nouveau déhanché, et elle se sentit renaître. Grands dieux. Elle brisa un moment le rythme, lui assénant des coups de bassin profonds, ondulant tout contre lui, d'avant en arrière. Sa bouche trouva son cou, qu'elle mordit, avant de revenir l'embrasser. Lui laisser une marque ? Elle aurait du le payer trop cher. Un jour, peut-être, elle lui ferait un suçon, pour le plaisir de voir sa réaction. Un jour ? Sa conscience, électrique, la somma de faire l'idiote. Ces lubies d'adolescente, là, elle en avait bien envie. Lui offrant une série de coups de bassins circulaires, afin qu'il s'enfonce davantage en elle, l'adolescente posa ses lèvres à l'aube de son buste, entre le cou et la clavicule. Et Neena aspira, doucement, ce morceau de peau qu'elle avait choisi de faire sien. Il fallut une courte minute à la peau pour se retrouver marquée, et elle en tira une légère satisfaction. Premier suçon qu'elle lui faisait, après autant de baises acharnées.

Et puis, elle se sentait presque fondre, là. Elle devenait une braise crépitante.

Il ne l'aimait pas, il la possédait toute entière. Il ne lui faisait pas l'amour, il la baisait sans complexe. Il ne la considérait pas, il s'attardait juste sur le morceau d'elle qui l’intéressait et le lui remplissait de toute l'épaisseur de sa queue dure et glissante, luisante du jus que Neena lâchait sous l'excitation et qui lui permettait de la faire sautiller comme une petite poupée désarticulée. Pills s'agitait sous l'adolescente, sans aucune considération pour ce qu'elle pouvait bien attendre ou ressentir. N'importait au dealeur que ce délice moelleux d'une chatte trempée engouffrant sa queue au rythme des coups de bassins conjugués. Neena aurait souffert de se faire ainsi laminer, Keith l'aurait faite simplement taire pour ne pas être dérangé par ses gémissements de gêne. Neena serait tombée enceinte alors qu'il lui avait craché dedans, il lui aurait intimé de se démerder avec le petit paquet et de se tenir prête à revenir ouvrir les cuisses dès qu'il la sifflerait.
Et pourtant, de petite chienne docile Pills n'en aurait voulu aucune autre. Mieux, le délinquant la réclamait et lui faisait confiance en (presque) tout. Bien mal avisé aurait été celui qui devant Keith aurait craché sur son petit Kleenex aux veines plus chargées qu'un sachet de poudre. Il fallait être l'un d'eux pour comprendre comment et pourquoi l'improbable duo, les Bonnie & Clyde les plus défoncés de ce côté du globe formaient un couple.

Ses mains aux doigts fins s'étaient appliqués à pétrir les fesses qu'elles soutenaient tandis qu'ils baisaient. De ses ongles, Kiss avait marqué la peau de Neena et l'avait râclée pour y laisser de véritables estafilades presque sanguines. L'offensive s'était avérée double, comme la junkie gémissante avait put s'en apercevoir : les doigts avaient gagné tant et si bien du terrain que son petit anneau anal avait été titillé, vaguement préparé à la pénétration digitale qui accompagnait maintenant le pilonnage vaginal brutal et désordonné.
Le jeune homme suait, à présent. Le tissu de ses fringues restantes lui collait à la peau, quelques mèches noires étaient plaquées sur son front. Et cette putain de sensation quand la peau de Neena adhérait à la sienne, quand il sentait ses petits seins s'écraser sur son torse luisant, quand l'humidité de leurs épidermes lui donnait la sensation que la fente de la défoncée ruisselait tant de mouille que ça lui gouttait abondement sur le bassin, comme dans un de ces hentai à la con.
Grisant. Jouissif.

- Petite salope...

Une vraie poésie. Une prose obscène qui venait du fond du coeur et du bout de la bite. Neena ne répondit rien, ses lèvres trop occupées à s'appliquer sur la base de son cou. Kiss ne réalisa d'abord pas ce qu'elle faisait, préférant s'abandonner à ces délicieuses vagues de plaisir qui montaient comme une marée de plus en plus pressante. Pour faire durer le plaisir, il avait même ralenti la cadence de son dard gorgé et avait préféré s'attaquer plus durement à son petit cul.
Finalement, dans un éclair de vague lucidité, il percuta qu'elle venait de lui laisser un petit cadeau. Pas le genre de Keith, pas le truc qui allait le faire fondre où seulement lui tirer un sourire, non. Une de ses mains remonta prestement vers les cheveux de Neena, s'y enfouissant avant de la saisir avec brutalité, quitte à lui arracher quelques mèches. Il stoppa tout après un coup de butoir si violent qu'il s'en fit mal à la queue mais ne la gifla pas ni ne l'insulta. Le dealeur préféra lui rendre la monnaie de sa pièce à sa façon, plantant ses dents dans le cou de Neena avant de les y refermer. Bien au milieu, que le poinçon vif qu'il apposait soit parfaitement visible. Il ne relâcha que lorsque le sang eu trop chargé sa gorge et que cela ne semble lui soulever le coeur.

Keith cracha sur ses seins, laissant la salive rougeâtre glisser en un filet épais sur le buste de Neena. La dégageant ensuite sans ménagement de sur lui, il la maintint avant de la faire se retourner dos à lui et lui fit mettre les mains sur la table basse tout en relevant son bassin. Lui se dressa et se cala derrière sa victime, guidant son vit d'une main sûre vers la fente qui semblait baver comme une bouche gourmande à l'approche d'une friandise et il enfila Neena comme d'autres des perles sur un filin soyeux. Ses mains solidement campées sur les hanches de la junkie, Keith la besogna vivement. Sa queue filait en elle avec passion, son membre droit et veineux ouvrant les parois de la matrice dans laquelle il se fourrait sans douceur dans un bruit humide, dans quelques claquements sec quand son aine percutait son cul tendu.

Son souffle se faisait court tant le tempo était soutenu et sur la table basse rendue instable par leur position, un des verres de sky tomba et explosa au moment ou Keith daigna enfin cracher. Les giclées chaudes s'étalèrent en elle comme des pulsations malsaines qu'il parvint à contenir le temps de la quitter, lâchant un dernier crachat blanc et gluant sur les fesses de Neena. Pour lui rappeler sa place, pour le plaisir de voir son foutre couler sur sa peau tendre.
Sans cérémonie, il s'écarta. Neena allait devoir redescendre et lui avait envie d'une clope. Et d'aller pisser par-dessus le balcon, ce qu'il alla s'employer à faire. Tenant sa queue d'une main, Pills couvait son petit Kleenex tant aimé du regard.

- Une clope, fit il simplement. Elle n'avait jamais besoin de plus pour obéir.

Redescendre, redescendre ... Elle aurait voulu l'y voir. Son corps retomba sur le sol, et elle peina à se hisser sur le canapé. Ses muscles semblaient avoir fondus, tous, un par un. L'adolescente se passa les mains sur le visage, dans les cheveux, un peu partout. Elle avait la sensation de n'être qu'une flaque. Comme chacune de leurs parties de jambes en l'air, Neena avait adoré. C'était la drogue, c'était Pills et elle. Une sorte d'alchimie franchement malsaine, mais néanmoins foutrement délicieuse. Ce n'était pas de l'amour, parce que ça aurait été trop pénible. La jeune femme s'était laissée faire, même quand il avait planté ses dents dans son cou, marquant sa peau, même quand il l'avait renversé et qu'elle avait faillie se manger la table basse. Un verre avait été brisé, au passage. Les vapeurs du whisky lui filèrent la nausée. La redescente, c'était le pire moment du trip. Et elle ne comptait pas trop sur lui pour la prendre dans ses bras et l'accompagner dans cette chute douloureuse.

A tâtons, les yeux fermés, elle chercha ses clopes, et alluma l'une d'elle frénétiquement. Tout prenait fin bien trop vite à son goût. Elle serait bien restée là, avec lui, à baiser. Oh, elle avait eu son petit orgasme, pas de soucis de ce côté. D'ailleurs, la jeune fille n'avait pas été la plus discrète du monde, à cet instant-là. Neena, quoi. Elle ne savait pas faire dans la demi-mesure.

- Putain ...

Elle avait mal, un peu. Bon, ça va passer. Ce qu'elle pouvait détester les fins de trips. Elle attrapa son paquet, réouvrant les yeux, et lui tendit dans un sourire. Qu'il se serve. Qu'il fasse voler ces clopes grâce à ses fabuleux pouvoirs. Grâce à l'argent de la drogue, elle pouvait se payer des indus' et ne se cantonnait plus aux roulées. Un grand luxe. Elle n'avait plus qu'à piocher dans un paquet, quand Edith devait se concentrer et rouler soigneusement sa cigarette. Neena souffla vivement, expulsant cette petite peine qui lui embrasait l'esprit.

- J'aurais aimé continuer des heures, comme ça.

Glissa t'elle, se redressant, pour mieux se caler dans le canapé. Elle parlait aussi bien de la baise que du trip chimique. Ses doigts se baladèrent un moment sur sa poitrine mise à nue, et elle entreprit d'essuyer la sueur et la salive avec sa propre robe. Boarf, elle la laverait en rentrant, pas trop de soucis à se faire de ce côté là. Il y avait bien longtemps qu'elle ne se souciait plus de ces préoccupations matérielles.

Ses doigts se tendirent pour attraper le verre d'alcool non brisé, qu'elle vida cul-sec. La redescente était passée. Seule demeurait cette mélancolie vivace, ce manque. Tout redevenait affreusement réel. Et pénible. Tout ce qu'elle s'évertuait à fuir lui revenait en plein dans la face. Elle chassa quelques pensées pénibles, jetant un oeil hagard vers la télé.

- J'ai pensé à un truc ... Par rapport à Edith, tu sais ?

Il les avait déjà vu ensemble, pour sûr. La moitié de Seikusu les pensait soeurs. Et Neena ne daignait la laisser que pour voir Pills.

- Elle a son propre réseau, et ... 'fin, on pourrait bosser ensemble, elle et moi. Et refourguer ce joli Krystal à beaucoup plus de personnes.

Un coup d'oeil interrogateur, pendant qu'elle s'allumait une seconde cigarette.