Adieu mon fils, tu emportes nos rêves et nos espoirs.
- Il sera un paria, mon aimé. Un monstre. Ils le tueront.
- Comment ? Il sera un titan pour eux..."Et si un enfant rêvait de devenir autre chose que ce à quoi la société le destinait? Et si, un enfant, aspirait à devenir quelque chose de plus grand.
Il n'aura sans doute pas le choix, cette fois.
Notre planète, Novalis, est une planète vieillissante dans laquelle nous avons ponctionné toutes ses ressources. Nous avons battu, cassé et reconstruis petit bout par petit bout notre monde en espérant gagner du temps. Mais du temps nous n'en avons plus. À l'heure où je vous parle, je suis devant la base de lancement d'une capsule. Je ne peux pas partir, et ma compagne non plus. Mais mon fils, lui, est trop jeune et nous y avons insufflé en lui nos seuls espoirs de faire perdurer notre civilisation. J'ai pu trouver une planète plus jeune, plus riche, et il deviendra ce qu'aucun d'entre nous pourra le devenir. Il aura notre tempérance, celle de la guerre, de l'honneur et de l'envie de vaincre, du gout du combat, et personne ne pourra lui faire ressentir une once de peur dans un cœur impassible.
Il est le premier mâle à être né de façon naturelle depuis des siècles. Il est la parfaite contradiction de ce que notre technologie destructrice a fait sur nos enfants, fabriqués et inséminés artificiellement. Ainsi je porte dans mes bras le petit Qalam, alors que notre intelligence artificielle nous décris sa future destination. Une jeune étoile dans un système tout aussi jeune. Ses cellules se nourriront de ses radiations. Eliel, sa mère, les yeux gorgés de sang, usé par les larmes accepte son sort mais avec beaucoup plus de réticence.
"
Et si le vaisseau flanchait? Il mourra dans l'espace, seul. Je n'y arriverai pas, je m'en croyais capable mais...
- Eliel.
- Maintenant qu'il est là...
- Novalis est condamné, c'est sa seule chance de vivre. Il est le seul espoir de notre peuple."Les séismes se font plus violents, d'un hublot nous pouvions voir notre monde périr dans les flammes, avalé dans des fossés obscurs, dévoré par les abysses de notre noyau terrestre. Dans une couverture verte, la couleur de notre famille, il rejoint le cockpit avant de quitter notre planète, pour une nouvelle pleine d'avenirs encore. Le cœur un peu plus léger, pourtant serré par une séparation injuste alors que nous le verrons jamais grandir.
Nous nous éteignons avec le reste de nos semblables, avec un dernier regard sur un petit vaisseau qui quitte notre système.
*
**
Un jour comme un autre dans ma ferme. Mayumi m'attendait à la maison alors que je moissonne mes champs de maïs, Kyôto baignait dans une météo estivale clémente et dégagée, l'air pénétrait difficilement dans ma cabine et la chaleur régnait en maître dans la ville; étouffante et brûlante. Je m'en rappel encore, je chantais sur une musique country comme si j'étais dans une campagne texane.
Absolument pas prêt de ce qui m'attendais.
Quelque chose brille dans le ciel. Comme une comète ou une météorite, jamais vu aussi gros et aussi près, peut-être tout simplement parce qu'il va dans ma direction. Curieusement, j'étais seul spectateur. J'arrête ma moissonneuse, avant d'ajuster mon chapeau et sort de la cabine pour la détailler davantage. Un vrombissement sonore remplissait le ciel, le sol tremble sous mes bottes, au rythme de cliquetis de la carrosserie de mon véhicule. L'objet extraterrestre accélère dans sa chute et l'impact fut violent, une énorme déflagration de flammes pique dans le ciel en claquant comme le tonnerre, le souffle de l'explosion me renvoie contre la carrosserie. En relevant les yeux, un peu sonné, je m'aperçois que la moitié de mon champ, soit plusieurs hectares, s'est retrouvé balayé par le phénomène.
Je saisis alors mon fusil de chasse caché sous le siège de la cabine et me mets en marche. Ma femme hurlera mon nom, elle me remarquera, rassurée avant de rejoindre mes côtés, complètement perdue, tout comme moi. En s'approchant, on peut voir le cratère, assez profond de quelques mètres, un objet métallique complètement détérioré se trouve encastré dans la terre, en fumée. Le métal n'avait rien d'humain, il était encore brûlant et fumant.
"Attends moi là"
Mayumi grelotait alors que nous étions en sueur, je retire le chien du percuteur, pointé vers le compartiment métallique. Compartiment qui s'ouvre.
Un enfant.
Ma compagne et moi-même sommes incapable d'avoir d'enfant, c'était la première chose que je m'étais dite. Un cadeau du ciel? Un pur hasard? J'avouerai ne pas être très croyant, restant estomaqué sur ce que je viens de voir. Je range le fusil malgré les mises en garde de Mayumi et saisit le gosse, un ou peut-être deux ans. Le crash l'a malheureusement mutilé à la joue, au torse et à l'épaule. Une couverture verte l'entourait, enfin elle devait être verte, pour l'instant carbonisé. Mais à l'instant ou je l'exposait au soleil, ses plaies se ferment en quelques minutes sous mon regard choqué par le phénomène. Je rejoins difficilement ma compagne et lui tends le petit, c'est dans son regard que je compris qu'il fallait le protéger. Car oui, les services secrets ou l'armée vont forcément enquêter.
Je parviens à sortir la carcasse métallique tandis que le nouveau-né rejoint la maison. L'épave de son "vaisseau" retrouvera la cave au plus vite après quelques heures avant de la couvrir d'un drap. Et ce qui devait arriver, arriva. L'armée arrive le lendemain matin. Le petit ne s'était toujours pas réveillé alors nous l'avons laissé dans la chambre d'ami tandis que nous accueillons des soldats accompagné d'un espèce d'officier, le regard froid et perçant. Après plusieurs fouilles, nous parvenions à passer à travers leurs regards inquisiteur et conclus que le projectile avait simplement été "dissout" à la suite du crash. En revenant à la maison, on a pu voir que le petit était éveillé, une nouvelle vie de famille s'offre à moi. Il avait un regard dur, déjà, à son âge, une crinière de lion le coiffait, et on pouvait voir qu'il avait attrapé un morceau, de la tête du lit.
Oui, un morceau. Et nous étions tellement pas prêt pour la suite.
*
**
Il avait grandi. Mon mari et moi concluons qu'il n'avait pas grand chose qui différait des humains si on occulte quelques détails.
Une force inégalable.
Aucun nom n'était écrit sur le vaisseau, aucun message, aucunes instructions. Alors Aizawa propose de l'appeler Héraclès, un nom qui collait bien avec la tempérance de notre garçon. Fort heureusement, Héraclès grandi épanoui, dans un cadre où les créatures, les méta-humains et les humains vivent en harmonie. Il a pu s'identifier à ces gens là, et c'était réconfortant. L'éducation que nous lui avons transmise était ce que n'importe quelle famille pourrait inculquer, même si c'était parfois compliqué. Mais l'avantage, c'est que la peur de le voir blessé était un vague souvenir, après les ciseaux cassés, du liquide vaisselle digéré sans problème, le soucis n'était pas qu'il se fasse mal, mais qu'il évite de détruire les pièces de la maison. Aizawa s'est montré très pédagogue et notre fils l'a eu en exemple, voulant à tout prix lui ressembler.
Mais arrivé à l'adolescence, arrive les premiers tourments de la puberté. Héraclès voulait des réponses, il savait bien que nous étions pas semblable, et il savait qu'il était adopté, mais il ne connaissait pas toute l'histoire. Son père décide alors que c'est enfin le moment.
Le moment de lui dire, du moins, ce que nous savons.
Derrière des caisses, dans la cave, nous y avons laissé son vaisseau. Je m'en rappel encore, Héraclès était terrifié, je ne l'avais jamais vu comme ça. Ses yeux étaient humides, défilant sans doute des milliers de scénarios possibles. Le drap tombe, dévoilant son cocon de métal, cocon qui lui appartient, cocon qui est le seul vestige de son peuple. Aizawa le rejoint, la voix douce et protectrice.
"Tu es la réponse, fiston. La réponse à "est-ce nous sommes seuls dans l'univers." Je suis persuadé que tu as été envoyé ici pour une raison. Et même si tu y passes le restant de ta vie, tu te dois de découvrir, quelle est cette raison."
Il s'effondra en larme, le regard suppliant, m'empoignant le cœur à l'idée d'imaginer ce qu'il endure, sa bouche s'ouvre, fébrile, timide.
"Et...Si j'continuais de faire comme si j'étais ton fils...?
- Tu ES mon fils."*
**
Mon vieux avait donné des réponses, mais pas à toute mes questions. Alors j'ai décidé d'analyser ce vaisseau pendant des années. A essayé de trouver une signature similaire avec les centaines de météorites qui bombardent notre planète.
Mais rien. Toujours rien.
Ma force grandissait, et d'autre capacités sont venus me tourmenter d'abord. Cette lueur, verte. Une espèce d'énergie qui m'entoure lorsque je pense à des émotions fortes. Cette force en moi grandissait. Essayant le tout pour le tout, je libère cette énergie, devant le vaisseau alors que mes parents dormaient.
Quelque chose s'active, une espace vide accueillant une petite place, et un hologramme apparait devant moi. Il paraissait presque tangible, il avait mes yeux, ma taille, mes épaules, une longue barbe. Et une tenue très atypique. Mon corps était comme tétanisé, impossible de bouger d'un millimètre.
" Te voir ainsi devant moi, devenu un adulte. Si seulement Eliel pouvait te voir elle aussi.
- Qui êtes-vous..?
- Je suis ton père, Qalam. Ou plutôt, une ombre de lui, sa conscience. Mon nom autre fois était Bardock.
- Et...Qalam, c'est mon nom?
- Oui.
- J'ai tellement de questions... D'où est-ce que je viens? Pourquoi m'as-tu envoyé ici?
- Tu viens de la planète Novalis. Un monde bien plus hostile que celui de la terre. Il y a bien longtemps, en pleine expansion, notre race a exploré les étoiles à la recherche de nouveaux mondes où s'établir. Nous avons envoyé des vaisseaux de reconnaissances pour coloniser ses mondes en utilisant des hypermachines pour créer une atmosphère viable pour nous. Pendant 100 000 ans, notre civilisation a été fleurissante, elle accomplissait des merveilles...
- Il s'est passé quoi ensuite?
- On a établit un contrôle des naissances artificiels, les avant-postes d'exploration spatiales ont été abandonnés, on a épuisé toute nos ressources naturelles. En conséquence, pour Novalis, c'est que son noyau est devenu instable. Il était déjà trop tard. Ta mère et moi avions prévus la catastrophe à venir, nous avions donc pris des dispositions pour assurer ta survie. Les enfants étaient dans des chambres génétiques; tout les Novalien étaient conçut dans des couveuses identiques. Chaque enfant était prédestiné à remplir une fonction dans notre société. Ouvrier, soldat, dirigeant, etcetera. Ta mère et moi avions pensé que Novalis a perdu quelque chose de précieux...Le libre-arbitre, le hasard.
- ...
- Et si un enfant rêvait de devenir autre chose que ce à quoi la société le destinait? Et si, un enfant, aspirait à devenir quelque chose de plus grand. Tu incarnes cette conviction, Qal', tu as été la première naissance naturelle depuis des siècles. Il fallait tout risqué pour te sauver.
- Pourquoi vous n'êtes pas venu avec moi...?
- On ne pouvait pas. Même si on le voulait de toutes nos forces. Même si on t'aimais de tout notre cœur. Mais ta mère et moi étions les mêmes fruits des erreurs de notre monde que le reste de la population. Nous étions lié au destin de Novalis.
- Alors je suis seul.
- Non...Aujourd'hui tu es autant un enfant de la terre qu'un enfant de Novalis. Tu peux incarner ce qu'il y a de meilleurs dans les deux mondes. C'est le rêve que nous avions passé notre vie à préserver. Les êtres de la terre sont différents de nous, c'est vrai. Mais finalement je crois que c'était une bonne chose. Il ne font nécessairement les mêmes erreurs que nous, si tu leurs montre le chemin. Si tu leurs apprends l'espoir."Il ouvre sa combinaison et dévoile un symbole.
"C'est ce que le symbole représente. Le symbole de notre Maison signifie "espoir". Et en lui réside cette conviction fondamentale que chaque personne a le potentiel d'être une force pour le Bien. Voilà, ce que tu peux leurs apporter.
- Pourquoi j'suis aussi différent?
- Le soleil de la terre est plus jeune et plus brillant que celui de Novalis. Tes cellules se sont nourris de ses rayons. Ce qui a renforcé tes muscles, et ta peau. La gravité terrestre est plus faible, pourtant son atmosphère est plus riche. Tu es devenu plus fort que je ne l'aurai jamais envisagé.
- Et cette énergie ?
- C'est ta force vitale qui s'émane énergétiquement. Cette force peut être dévastatrice pour toi et ton environnement. Notre seul héritage de notre civilisation. La seule manière de connaître ta force, c'est de t'entraîner, à tester tes limites. Tu donneras au peuple de la terre, un idéal à atteindre, ils se rueront sur tes pas, ils trébucheront, ils tomberont. Mais, le moment venu, ils te rejoindront dans le soleil. Le moment venu, tu les aideras... A accomplir des miracles."Puis il disparait comme il est venu. Ce jour là j'ai compris que je devais quitter la maison et me connaître vraiment.
*
**
J'ai pris un sac et je suis parti pendant deux ans, pour travailler, découvrir ce monde et le connaître pour essayer de me découvrir également. J'en ai appris plus sur mon pouvoir, et cette lueur verte, cette énergie, mais j'ai encore beaucoup de chemin. Mais de tout ce que j'ai compris, c'est qu'il fallait que j'devienne quelqu'un. Contribuer à vouloir changer le monde à mon échelle.