La nuit tombait déjà sur la grande ville de Nexus. A l’auberge du coucher de lune, l’ambiance allait bon train. Les hommes braillaient et picolaient sans compter, tandis que les « poulettes » gloussaient et cancanaient de table en table, relevant leur jupon et se faisant grassement fesser.
Ce brouhaha assourdissait Zuë, assise au sol dans un coin de l’auberge. Elle pouvait sentir l’excitation qui emplissait la pièce, entendre les chuchotements de blagues graveleuses et sans intérêt, autant que la pratique odieuse de coït à l’étage…
Elle n‘était pas seule dans son coin. D’autres esclaves se tenaient assis près d’elle, et elle pouvait entendre le cliquetis des chaînes qui entravaient certains. D’autres grignotaient des quignons de pain, précieusement gardés. Elle ressentait également la peur qui les tiraillait.
Ils étaient tous là mis à part comme des animaux à peine admis dans cette propriété. De temps en temps, les « propriétaires » venaient présenter leur nouvelle acquisition, car les esclaves étaient souvent prêtés pour être violés ou torturés selon les gouts… On se moquait d’eux, on les arrosait de bières ou on distribuait des coups. D’autres, baladaient leurs mains sur leurs maigres corps souffrants de la faim depuis plusieurs jours.
Après plusieurs heures ainsi, le propriétaire de Zuë s’approcha. La jeune femme reconnut le bruit de son pas mal assuré due à l’alcool ingurgité. C’était un homme de très petite taille et très gras. Il la violait rarement. Il se contentait souvent de la badigeonner de diverses mixtures sur différents endroits du corps qu’il léchait ensuite. Et elle n’était pas trop mal nourrie pour une fois.
Il la redressa d’un geste mal assuré et sans un mot la fit traverser la salle avant de lui faire monter les escaliers qui menaient aux chambre situées à l’étage. Il ouvrit une porte, la fit entrer et referma la porte derrière lui. Sans un mot, mais le souffle rauque, il déshabilla la jeune femme avant de la faire assoir sur la paillasse. Puis il entreprit d’ôter ses propres vêtements souillés de sueur, d’alcool et de nourriture. Lorsqu’il fut nu, il se dirigea vers elle et l’allongea. Il balada ses mains sur son corps pendant de longues minutes puis soudainement devint immobile. Quelques secondes plus tard… il ronflait. Zuë reprit son souffle, repoussa l’homme et se releva. Elle laissa ses sens la guider et se dirigea vers une des fenêtres de la pièce qu’elle ouvrit.
Il n’était pas vraiment question de s’échapper. De toute façon elle ne pourrait pas aller bien loin. Elle avait déjà tenté de s’enfuir mais était tombé dans les griffes d’un homme bien content de trouver là une friandise gratuite. Cet homme-là avait été affreux et horriblement sadique envers elle. Elle ne ferait pas l’erreur une seconde fois.
Toujours nue, elle enjamba le bord de la fenêtre et passa de l’autre coté .En tâtonnant, elle avança de quelques pas sur le toit où elle s’assit. Elle ferma les yeux et sentis les rayons de la lune caresser sa peau. Elle sentait les effluves des différents repas des habitations aux alentours et quelques voix dans la rue non loin. Au loin, bien plus loin, elle sentait l’odeur des pins de la forêt…