Je remets à jour ce petit topic pour vous faire part de deux romans que j'ai lu récemment.
- Erik Larson - Dans le jardin de la bête
Erik Larson est un journaliste américain qui, tout en étant un romancier, a écrit pour quelques grands journaux et magazines américains, comme "
The Wall Street Journal", "
The New Yorker", ou encore "
Time Magazine". N'ayant pas une grande activité littéraire (son premier livre date de 1992, et il n'en a écrit que six), seulement deux de ses livres, sauf si mes sources ne sont pas à jour, ont été traduites en français :
- "Le Diable dans la ville blanche" ;
- "Dans le jardin de la bête".
Chacun de ces deux livres est prévu pour être adapté au cinéma, vu le succès qu'ils ont rapporté. Le premier des livres, le plus vieux, s'est par exemple vendu à deux millions d'exemplaires. La grande particularité de ces livres est que, tout en adoptant la forme classique d'un thriller, Larson ne fait que rapporter des faits concrets, historiquement avérés. Concrètement, les livres de Larson sont des sortes de documentaires en forme de thriller, qui s'inscrivent dans un contexte historique précis, et délivrent une histoire riche, tout en étant exacte, puisque Larson consacre une bonne partie de son roman à relater ses sources, sa bibliographie s'étalant sur des dizaines et des dizaines de pages.
Pour en venir au vif du sujet, "
Dans le jardin de la bête" relate les aventures de William Dodd et de sa famille, notamment de sa fille, Martha Dodd, dans l'Allemagne de l'entre-deux-guerres.Nous sommes alors dans les années 1930's, et le président Roosevelt est embêté : personne ne veut devenir ambassadeur en Allemagne, la montée en puissance du nazisme rendant assez frileux la plupart des ambassadeurs. Presque en désespoir de cause, sur invitation d'un ami, Roosevelt finit par proposer à William Dodd un poste à Berlin. Dodd, qui ne connaît pas grand-chose de l'Allemagne nazie, a l'avantage d'avoir suivi ses études universitaires à Leipzig.Parlant donc allemand, il est un professeur américain se caractérisant par sa droiture d'esprit, et par une philosophie issue de Jefferson, l'invitant à penser que la raison finit toujours par l'emporter. Le rêve de sa vie est d'écrire une oeuvre majeure sur les États confédérés, ce que son poste de professeur universitaire ne lui permet malheureusement pas de faire. Pensant qu'il n'aura pas grand-chose à faire en Allemagne, et voyant Hitler comme une sorte d’hurluberlu qui disparaîtra d'ici quelques mois, il décide d'accepter le poste, avec comme mission principale de s'assurer que l'Allemagne s'acquitte de ses dettes à l'encontre des Américains.
Sur place, Dodd réalisera progressivement que le beau et noble pays qu'il a connu sombre petit à petit dans la démence, et qu'Hitler ne cesse de gagner de l'influence. Parallèlement, sa fille, Martha, qui enchaîne les amants, s'éprendra à la fois d'un espion russe qui envisagera de convertir Martha au communisme... Ainsi que du chef de la Gestapo, Rudolf Diels. William Dodd cherchera alors à essayer de lutter contre l'influence hitlérienne, et, surtout, à avertir le reste du monde, notamment son pays, du danger que représente le régime nazi.
C'est un roman que je recommande, car il traite de certains aspects du nazisme qui, à mon sens, ne sont pas souvent très envisagés quand on étudie la Seconde Guerre Mondiale. Larson s'étend beaucoup sur la manière dont les autres États envisageaient la montée du nazisme, ainsi que sur les faits que l'antisémitisme n'était pas une spécificité allemande ou italienne, mais se retrouvait très bien aux États-Unis, où les Américains de l'époque avaient presque tendance à considérer que les agissements des nazis étaient relativement acceptables, puisqu'ils portaient sur des Juifs. Parallèlement, le roman aborde aussi la manière dont la montée au pouvoir d'Hitler s'élabora, et des oppositions qu'il rencontra, notamment à travers des gens comme von Papen.
C'est un livre que j'ai d'autant plus apprécié qu'il ne raconte que des faits authentiques, et qu'il permet de voir des personnages qu'on ne connaît pas vraiment, comme William Dodd. Bien qu'il ait échouéà réussir à prévenir son gouvernement de la menace réelle que représentait le nazisme, beaucoup de gens le considèrent encore comme un héros, et comme le meilleur ambassadeur américain que l'Allemagne n'ait jamais eu, par ses méthodes anticonformistes, et par sa détermination à essayer d'amener son gouvernement à ouvrir les yeux.
- Stephen Hunter - Sept contre Thebes
Stephen Hunter est un romancier américain qui a écrit un certain nombre de thrillers assez noirs mettant généralement en scène des militaires, et des intrigues gouvernementales. De mémoire, un seul de ses livres a été adapté au cinéma, sous le nom de "
Shooter", avec Mark Wahlberg en acteur principal.
"
Sept contre Thebes" est un roman assez noir (dans tous les sens du terme), qui se déroule en 1951. Nous sommes donc au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, et deux amis, très liés entre eux, vont tous les deux se retrouver à affronter Thebes, une ferme pénitentiaire pour hommes de couleur située dans les profondeurs du Mississippi, en plein milieu du bayou. Aucune route ne permet d'accéder à cette prison, elle ne figure sur aucune carte, et les autochtones de la région ne sont guère loquaces à son sujet. Thebes entrera dans la vie de Sam, un avocat de l'Arkansas, quand un de ses confrères, originaire de Chicago, lui demande de s'y rendre pour authentifier, dans le cadre d'une succession, le décès d'une personne noire morte à Thebes. Peinant à aller à Thebes, il réalisera que la ville est dirigée d'une main de fer par les autorités locales, qui oppriment la population. Sam manquera de justesse de se faire pendre, et sera sauvé par son ami, Earl Swagger, un ancien Marine, héros de guerre. En cherchant à sauver Sam, Earl se fera malheureusement arrêter par les hommes de Thebes, et sera enfermé dans la prison.
Dès lors, chacun des deux hommes cherchera à lutter contre Thebes, Sam en utilisant la loi, et Earl, après avoir réussi à sortir de Thebes, proche de la mort, en décidant de mener une guerre.
C'est un roman qui m'a bien plu, car, outre être assez sombre, et rythmé, il présente aussi deux approches différentes d'un même problème, puisque, là où Sam cherchera à faire tomber Thebes par le biais de la loi, et réalisera que Thebes bénéficie d'appuis puissants, Earl estimera que la loi est ici insuffisante.
J'espère que ces petites présentations vous donneront envie de lire les livres