Identité : si la Bête eût un jour un nom, elle ne le connaît pas.
Âge : depuis quand est-elle là, à errer en ces bois ? La Bête ne s’en souvient pas.
Sexe : s’il devait être le représentant d’une espèce, alors il serait sans aucun doute possible un représentant mâle.
Race : à sa connaissance, la condition de la Bête est unique. Gigantesque loup bipède et cornu conviendrait en quelque sorte, mais ce n’est pas tout à fait ça. Du moins, cela ne semble pas exact. Sa musculature, évidemment disproportionnée de par le gabarit qu’est le sien, a tout de celle d’un homme. En était-il un autrefois ? (Dieu)
Sexualité : hétérosexuel, assurément.
Physique :
Peu d’hommes peuvent se targuer d’être capables de faire de la bête une description fidèle et pour cause, la plupart de ceux l’ayant croisé ne sont plus de ce monde.
Tapie dans le noir manteau de la nuit, l’immense chose guette, rôde et vagabonde le plus souvent sans être vue, tombant d’un coup d’un seul sur celui qui aura cru pouvoir débarrasser la forêt de son imposante présence, ce pour quelque maigre butin promis par les gens du coin…
Existe cependant un ordre, un culte érigé en ce seul but que celui d’approcher et de calmer la bête, un ordre uniquement constitué de femmes, de nonnes que la chasteté ne préoccupe nullement… mais cela, nous y reviendrons sans doute un peu plus tard. Continuons donc en décrivant la bête, telle qu’elle fut décrite par quelques-unes de ces religieuses l’ayant vue de près.
À les entendre, la chose qui se tapit dans les bois est un colosse parmi les hommes, une bête, haute et large, bâtie comme un géant. Pour autant que les nonnes aient à lever la tête pour tenter d’apercevoir la sienne, celles-ci disent de la chose qu’elle doit bien mesurer trois, voire quatre mètres au bas mot. Et à cela ajoutent-elles que celle-ci a le dos légèrement voûté. Ainsi pourrait-on penser que parfaitement tendue, l’être serait plus haut encore.
Couverte d’une épaisse fourrure noire, ou bien grise, foncée comme le charbon, le monstre a en cela quelque chose du loup. S’ajoute à cette idée la forme de sa gueule, allongée telle un museau animal… mais qui semblerait plus être celui d’un lion. Enfin, ça, nous ne le tenons pas des nonnes car des lions, elles n’en ont jamais vu aucun. Les chasseurs ayant eu le malheur de croiser sa route auraient toutefois pu le dire, s’ils étaient encore en vie : ses dents sont larges et longues, comme le sont ses « pattes », munies de doigts épais, tout aussi poilus et griffus comme le seraient ceux d’un ours, si ce dernier avait des doigts.
Certains eurent toutefois rapporté, pensant que c’était cette fameuse bête qu’ils avait aperçu, que celle-ci avait de grands yeux jaunes, perçants, qui luisent dans la nuit. Que c’est sans doute pour cela qu’elle peut si aisément traquer quiconque entre sur son territoire, même une fois la nuit tombée. Selon eux, la Bête voit, même dans le noir.
Les nonnes, celles qui l’eurent croisé de jour, rapportent peu ou prou la même chose, à cela près qu’elle ne font aucunement mention de yeux qui brillent. Ses grands yeux sont jaunes disent-elles, mais ils ont rarement l’air aussi menaçant que le disent les gens venus d’ailleurs, les colporteurs et autres conteurs d’histoires sordides.
Il est en tout cas sûr que la chose a des cornes. De grandes cornes, blanches comme l’ivoire.
Tenez, pour exemple des bêtises que l’on raconte, la bête n’a, en vérité, pas de queue fourchue. Elle n’en a du moins pas d’autre que celle que les nonnes ont pour vocation de… « voir », de temps à autre.
Bien sûr, ce… membre est caché, par convention et par pudeur, les nonnes, depuis qu’elles ont compris que la chose était douée de conscience et de logique, comme elle l’est de parole, ayant pris l’initiative de lui coudre un gigantesque pagne, dans la même soie que celle servant à leurs draperies. Nul besoin de préciser qu’il fallut sacrifier de nombreuses étoffes de soie, pour lui fabriquer un tel vêtement.
Avant de nous arrêter là pour ce qui est de l’allure qu’a la bête dont nous parlons, intéressons-nous donc à ce détail, dont semblent tant se préoccuper les religieuses de la forêt. Longue sur un mètre, à ce qu’elles disent, il est à se demander comment un tel engin ne finit pas constamment par traîner par-terre… Voilà encore qui nous donne une idée de la taille que doit faire cette Bête. Celles-ci disent également qu’elle est aussi large qu’elle paraît longue, semblable à une large bûche, ou bien au tronc d’un petit arbre. La chose étant dépourvue de fourrure à cet endroit, les femmes semblent contredire les conteurs quant à l’aspect monstrueux de ce sexe. D’après elles, hormis son aspect massif, hormis sa taille, celui-ci n’a rien de bien différent de celui d’un homme. Voilà, d’après elles, la Bête a une chose d’homme. Immense, certes, mais la chose d’un homme. Son corps est long, trop long comme il est trop épais, mais ses traits sont semblables à ceux d’autres. Ses bourses sont certes bien plus velues, mais voilà qui s’arrête là quant au jeu des différences.
Caractère :
Il est peu de choses à raconter à ce propos, tant la Bête n’a pas pour habitude de côtoyer grand monde, vous le comprenez bien. Chassée par les hommes des villages avoisinant les bois, on pourra évidemment dire d’elle qu’elle est un monstre, un effroyable monstre, dépourvu de pitié, d’âme et de sentiments. Assurément, la Bête tue, tue et tue encore, massacre pour se défendre, comme elle le fait pour se repaître de la chair animale. De par sa stature, les dégâts causés par la chose sur la nature comme sur la chair et les os, font d’elles une chose que l’on considère comme atroce, abominable et violente. Mais n’est-ce pas là la nature mise à l’œuvre ?
Loin de l’image qu’en donnent les gens du coin, les nonnes, elles, parlent de la bête comme d’un être sage et intelligent, aimant la nature et ces bois qui l’ont vu naître et qu’il défendrait contre vents et marées. Celles-ci disent même de l’être millénaire qu’il n’est autre que le père de ces bois sacrés, qu’une émanation physique de la nature elle-même, qu’il est l’équivalent d’un Dieu, bon et doux… qu’il est même gentil, avec celles et ceux qui, comme lui, témoignent du respect pour ces lieux.
Toutes s’accordent toutefois sur une chose : son appétit sexuel est démesuré, intarissable, comme si la Bête était constamment en proie au rut.
Elles ajoutent enfin ceci à son propos : il est plus doux encore après l’amour, comme si… il était reconnaissant du don que lui font ces femmes de leurs corps, maintenant qu’elles débordent de litres de sa sève.
Histoire :
Quelque part sur Terra, depuis des lustres déjà.
Tout est loin, et flou. La Bête n’a plus la moindre idée de depuis quand elle est ici, à errer en ces bois. Depuis toujours peut-être ? Pour une raison qui qu’elle ignore en tout cas, elle sait qu’elle ne peut en sortir, qu’elle ne DOIT en sortir. C’est chez elle, son territoire, son domaine… son temple. Et elle doit le défendre.
D’un temps lointain qu’elle garde encore en mémoire, la Bête se souvient que les hommes ont toujours été là eux aussi. En ce temps, les bois étaient morts, les fleurs fanées. La forêt était noire, lugubre et marécageuse… la vie n’existait pas, ou presque pas, pour ainsi dire. À travers l’amoncellement d’arbrisseaux morts, taillés à la hache par la main de l’homme pouvait-on voir leurs cahutes de pierres, leurs cheminées et leur feu. Depuis cette forêt morte pouvait-on les entendre rire, chanter et s’amuser, alors que leurs routes pavées commençaient à balafrer le paysage, dégagé de ses arbres.
Il fallut un temps certain pour que la nature renaisse, après que les hommes lui eurent porté ce coup fatal, après qu’ils l’eurent tant maltraitée des générations durant.
C’est en ce temps que les hommes connurent la Bête, pour la première fois. Elle les effraya, d’abord, puis dut en tuer quelques-uns, pour s’assurer que jamais ils ne reviendraient.
Mais l’Homme revient toujours.
Alors, d’autres générations durant, la Bête tua. Elle massacra, pour défendre les bois, mais finit même par se risquer à leur orée, pour défaire la pierre comme la paille des toits.
Mais l’Homme revint. Encore.
Attirés par le butin que pouvait receler les ruines des villages d’antan, de nombreux revinrent. Puis, après un temps, d’autres décidèrent de s’installer, de rebâtir. En ce temps là, la forêt semblait enfin avoir repris de ses couleurs, de sa beauté, et les hommes se dirent qu’il leur était possible d’en profiter… d’en abuser. Ils se servirent de l’eau du ruisseau qui courait en ces bois, puis se mirent à chasser… à chasser encore. Et plus ils chassèrent, plus ils y prirent du plaisir. Alors ils se mirent à commercer pour prospérer… et la Nature, blessée, redevint sombre et furieuse.
Alors la Bête tua. Et elle tua encore.
Lutter pour un ersatz d’équilibre fut long et éprouvant mais, un semblant de quelque chose naquit un jour, à l’initiative même des hommes… ou devrions-nous dire : des femmes.
Ce fut un petit groupe, tout d’abord. Une dizaine de femmes, missionnaires d’une église quelconque. Celles-ci bâtirent de leur mains frêles un autel pour apaiser la bête puis… des générations plus tard, ce fut une église.
Les tueries ralentirent un peu, sans que les hommes ne surent jamais pourquoi. La Bête fut oubliée de beaucoup, mais son nom resta toutefois dans la bouche de quelques conteurs, dans des récits d’antan, qui ne se transmettraient plus qu’oralement.
Au plus profond de la forêt, l’Ordre de femmes, qui avait vu le jour depuis des siècles désormais, continuait de garder le secret, d’entretenir la forêt. Leur présence calmait les folles ardeurs de la chose, et de leurs innommables et répétées unions naissaient de nouveaux animaux, venus courir les bois.
Pour chaque animal chassé dans ces bois, la Bête devait en offrir un autre au monde et procréer. Ainsi, un équilibre fragile fut retrouvé en ce petit éco-système.
Et c’est ainsi que, comme il y a des saisons plus propices à la chasse, il en est d’autres, devenues plus propices à de grandes messes rituelles, durant des jours, voir des semaines avant l’automne…
Autre :
La Bête n’a pas d’autres pouvoirs que ceux décelables entre les lignes, plus haut. Mais si besoin, j’y reviendrai.
Il vit dans une forêt, ni plus ni moins. Mais celle-ci est belle, très belle. Et, au beau milieu de celle-ci, à l’abri des yeux de l’Homme, se trouve une belle église, dont les pierres sont recouvertes de mousse. Avec le temps d’ailleurs, c’est plus une sorte de couvent, et les nonnes y sont nombreuses.
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