De vieilles légendes disaient que, jadis, avant que les humains ne pullulent et ne se multiplient comme la chienlit, Nexus et le Palais d’Ivoire étaient des constructions elfiques, élégantes et nobles, conçues pour durer dans le temps, à la manière des elfes, bien loin de l’incapacité des humains à construire quelque chose de sérieux. Cette belle propagande elfique, qui servait de fondement à réclamer des droits sur la direction actuelle de Nexus, trouvait volontiers à s’appliquer quand on avait le malheur de se rendre à une foire d’esclaves sur la Place Publique, cette vaste place concentrique faisant office de marché central. Sur les estrades, différentes guildes proposaient leurs articles, généralement des nekos paniqués ou des humains qui tremblaient sur place. Et, entre les acheteurs, il y avait aussi le public, dont certains n’hésitaient pas à y aller de leurs commentaires gras ou de leurs gestes lascifs, glissant leurs mains entre leurs cuisses pour serrer leurs sexes en tirant la langue exagérément, de manière obscène. Très rapidement, l’attraction principale de la soirée fut amenée par l’une de ces guildes, une guilde qui avait mis la main sur des navires, et chassait en pleine mer, ou dans les îles sauvages, afin de trouver des Terranides exotiques, ou, surtout, des sirènes. Étant rares et belles, elles se vendaient à un prix très élevé auprès des riches bourgeois nexusiens. Ils étaient donc particulièrement fiers de présenter cette belle sirène, et, assez rapidement, une grosse assemblée se forma autour de l’estrade.
De multiples gardes la surveillaient, et, là encore, entre les bourgeois regardant d’un œil avisé cette belle sirène, dont le vendeur avait retenu ses mains dans son dos, les badauds, eux, se laissaient aller.
«
Regardez la salope des mers ! -
Ce qu’elle est bonne ! -
J’veux la baiser !! -
Viens dans mon lit, chérie, je te ferais découvrir les plaisirs de la surface ! -
Baise-moi, chérie ! »
Autant dire qu’il ne fallait pas s’attendre à une quelconque lueur d’intelligence de la part de ces sauvages et de ces rustres... Ce qui était précisément la raison pour laquelle Mélinda abhorrait les êtres humains. En foule, ils étaient pire que des animaux en rut. Pour autant, le spectacle de cette belle sirène était tout simplement magnifique, et le vendeur comptait en vendre un très bon prix. Elle était paniquée, extrêmement nerveuse, ce que Mélinda pouvait voir... Et c’était une sirène. Une
sirène ! Chaque détail de son corps était effectivement une perfection.
La vampire venait parfois à Nexus. Elle y avait un accès beaucoup plus simple, maintenant qu’elle était en affaires avec un esclavagiste nexusien, Lenn Silvercoat, un Lycan qu’elle avait réussi à apprivoiser. Il était un partenaire commercial, et elle avait installé dans son manoir un miroir magique permettant de rejoindre instantanément le harem. Ainsi, quand elle apprenait que des esclaves intéressants allaient venir, elle pouvait plus rapidement venir. Ici, on l’avait informé de la présence d’une sirène, car le convoi l’amenant s’était arrêté à des auberges, et le bruit avait commencé à circuler.
«
Je comprends pourquoi vous n’aimez pas tant les humains, Maîtresse. Il y en a un qui m’a mis la main au cul... -
Oh, et tu es choquée, ma chère ? -
Non, mais... Je préfère quand ce sont vos mains, Maîtresse, pas celle d’hommes gras et gros qui puent... »
Mélinda ne put que sourire, en sentant ensuite les douces mains de la femme se poser sur ses épaules, ainsi que ses seins caresser sa tête.
Edessa n’était pas une esclave comme les autres. Mélinda l’éduquait depuis qu’elle était un bébé, et sa petite succube était une femme magnifique, une esclave particulièrement douée, ainsi qu’une experte en magie rose. Elle l’avait emmené ici, à Nexus, car Edessa voulait se renseigner auprès de l’Académie magique sur certains sorts de magie rose. Elles en profitaient donc pour faire ensemble les boutiques.
C’est ce que Mélinda faisait donc, et cette belle sirène la tentait bien.
«
Commençons les enchères... 65 000 pièces d’or pour cette poupée des mers ! -
70 000 ! -
75 000 ! »
Ce n’était pas la première fois que Mélinda assistait à des enchères, et elle attendit donc que les petits joueurs se calment, tandis que, pendant ce temps, la queue caudale d’Edessa se glissait contre ses jambes, le bout remontant pour titiller sa culotte, sous sa belle robe dorée. Elle se mordilla les lèvres. Edessa était une perverse, qui adorait faire le sexe en public, et qui savait que Mélinda adorait qu’on la masturbe ou qu’on lui fasse l’amour aux yeux de tous et de toutes.
«
Je veux cette sirène, décida alors Mélinda.
-
100 000 ! -
Vous allez encore vous ruiner, Maîtresse... -
Ma comptable n’aura qu’à me fouetter un peu... »
Edessa eut un sourire entendu, puis Mélinda laissa encore les enchères monter.
«
110 000 ! -
125 000 ! »
On commençait à atteindre des sommes vraiment exorbitantes, et cette dernière proposition instaura un léger silence au sein de l’assemblée, avant qu’Edessa ne lève la main, étant un peu plus grande que sa Maîtresse.
«
200 000 ! »
Il y eut de multiples regards incrédules, tandis que Mélinda commençait à mouiller.
Voilà une somme qui risquait bien de tous les mettre d’accord...