En attendant l’arrivée du chauffeur, et en laissant à sa Maîtresse le soin de se rhabiller, Alice traîna sur son téléphone portable. Un autre appareil avec lequel elle avait mis un temps fou à s’habituer. De fait, elle avait encore du mal à écrire rapidement des SMS, et était toujours sidérée de voir la vitesse à laquelle les Terriens filaient sur ses appareils. Mélinda ne le disait pas, mais elle avait son propre
ghost writer quand elle envoyait des SMS. Elle dictait à l’une de ses « esclaves », et celle-ci l’envoyait. Pour une esclavagiste, Mélinda offrait beaucoup de libertés à ses petites protégées, et c’était pour ça qu’Alice l’aimait beaucoup. De base, la Princesse était opposée à l’esclavage, opposée à l’idée qu’une personne puisse en dominer une autre et la faire souffrir sans avoir rien à craindre… Mais Mélinda était différente. Sa conception de l’esclavage était plus moralement acceptable, car elle voyait plus l’esclavage comme une sorte de contrat, où une personne offrait sa liberté en échange du bonheur. On pouvait évidemment trouver ça choquant, mais, après tout, l’Homme lui-même avait choisi, depuis qu’il s’était constitué en société, de remettre en cause sa propre liberté au profit de son bonheur. Mélinda ne faisait que perpétuer le vieux cycle. La voir amenait Alice à se dire qu’elle n’était donc pas, en soi, opposée à l’esclavage, mais plutôt opposée à une mauvaise conception de la servitude, qui permettrait à une personne de commettre des abus sur d’autres sans rien avoir à en craindre. Sur le principe, Mélinda était aussi condamnable que d’autres esclavagistes, car Alice savait très bien que, si jamais l’envie lui prenait, elle pourrait tuer ses esclaves… Mais Alice la connaissait suffisamment pour savoir que, sous ses airs, sous sa cruauté, Mélinda avait un cœur, et avait autant besoin de ses esclaves qu’elles avaient besoin d’elle. Bref, Alice lui faisait confiance, et, à l’idée de voir Tessia la rencontrer, elle en avait des frissons.
Mélinda allait-elle apprécier de la voir ? Assurément… Sur son téléphone, Alice essayait péniblement de lui dire que Tessia était une femme adorable, et qu’elle comptait venir avec elle. Elle envoya son message, et Mélinda ne tarda pas à lui répondre, en lui soufflant qu’il n’y aurait aucun problème, et qu’elle était même «
impatiente » à l’idée de rencontrer une «
aussi charmante personne ». Alice sourit lentement, puis reçut un autre texto’… Et rougit en lisant le contenu :
« Est-ce qu’elle t’a bien défoncé le cul ? »
Alice s’empourpra.
*
Il n’y a qu’elle pour me sortir ça !*
Sur le sexe, Mélinda avait une approche
totalement décomplexée. Même en classe, face à une prof’ qui lui plaisait bien, il lui arrivait de lui faire des avances à voix haute. On aurait pu croire que coucher depuis des siècles aurait pu la rassasier, mais elle se comportait toujours comme une véritable nymphomane en puissance. C’était très troublant… Et aussi très excitant, mais ça, Alice ne l’aurait jamais admis sans qu’on ne la force.
Tessia s’était préparée, enfilant une superbe robe chinoise, qui fit déglutir Alice. Oui… Elles avaient beau avoir couché ensemble pendant un long moment, Alice, en la voyant ainsi, avait encore envie d’elle. Elle se mordilla lentement les lèvres… Quand on sonna à l’interphone. Leur chauffeur venait d’arriver.
Gia était l’une des esclaves de Mélinda, qui était à l’université, et avait donc son permis de conduire. Elle était venue avec une voiture qui n’était pas très discrète, et qui témoignait de la fortune de Mélinda… Une belle
limousine noire était stationnée en plein milieu du parking. Elle leur sourit, et fit un clin d’œil malicieux à Alice, avant de leur dire que la voiture était prête.
«
Nous pouvons y aller, Tessia… Ne t’inquiète pas, la soirée chez Mélinda va être formidable. »
Alice en était intimement convaincue.
FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE