Alice obtempérait sans rechigner. Quand on connaissait son père, on comprenait tout à fait pourquoi elle agissait ainsi. Tywill Korvander, son père, était le Roi de Sylvandell. C’était un homme massif, faisant plus de deux mètres de haut. Il était extrêmement autoritaire, avec une voix bourrue, et ne pouvait pas prononcer plus de cinq mots sans y dresser une grossièreté. Alice avait toujours eu peur de lui, et, en conséquence, avait toujours vécu docilement, accomplissant les ordres de Tywill sans discuter, même si elle n’était pas très douée. Tywill avait voulu faire d’elle une Princesse guerrière, mais elle avait toujours été incapable de se battre à l’épée, de se battre avec ses poings, d’utiliser la magie, ou les arcs. Chaque échec l’avait amené à perdre davantage confiance en elle, au profit des hurlements furieux et frustrés de son père, incapable de comprendre ce qu’il allait bien pouvoir faire avec cette femme. Seule l’équitation était quelque chose qu’elle appréciait. Mais c’était bien insuffisant pour Tywill. En conséquence, Alice avait toujours grandi dans la docilité, et en manquant de confiance en elle-même, convaincue qu’elle était un déchet, et une honte pour sa famille. Elle avait commencé à retrouver sa confiance quand le Patriarche l’avait confirmé comme héritière d’Erwan Korvander, le Premier Roi de Sylvandell. Le Dragon d’Or avait fait d’Alice la future Reine de Sylvandell.
Sa confiance, elle l’avait ensuite retrouvé avec Cirillia, une chasseuse de monstres qui avait tenté de tuer un dragon de Sylvandell, un crime très important dans le royaume. Capturée, elle avait échappé à la mort en réussissant à se rapprocher d’Alice. Tywill avait chargé la Princesse de fouetter Cirillia, afin de la punir, et afin d’amener Alice à retrouver un peu de poigne. La tête blonde avait lamentablement échoué, et Cirillia avait réussi à vendre sa cause en devenant la formatrice d’Alice… Et en la violant. Mais un viol qui n’en avait pas vraiment été un, car Alice avait été consentante dès le départ. Il avait juste fallu la pousser. Avec Ciri’, Alice avait découvert qu’elle était une femme, et avait commencé à s’intéresser au sexe. Sa rencontre avec Tinuviel Lastrim, dans la foulée, avait confirmé cet attrait.
Et puis, sa route avait croisé celle de sa femme, Sakura, une esclave sexuelle qu’elle avait racheté, et avait décidé de se marier. Un choix politique courageux, et qui avait déclenché, au sein de la capitale impériale, une levée de boucliers hostile. Tywill Korvander avait approuvé ce choix. Lui ne voulait pas d’un sordide mariage politique avec l’une des puissantes familles de l’Empire, un mariage qui n’aurait eu que pour effet de dilapider Sylvandell en la vendant aux Impériaux. Ce mariage avait permis de protéger le royaume, et avait montré qu’Alice, quand il le fallait, n’hésitait pas à prendre des décisions courageuses.
Ensuite, et pour terminer le tableau, Alice avait croisé Mélinda Warren. La vampire était, depuis de nombreuses années, en affaires avec Sylvandell, qui lui vendait une partie de ses prisonniers de guerre. Elle se chargeait de les éduquer, puis en renvoyait ensuite une partie à Sylvandell. Elle était revenue dans le cadre d’une renégociation décennale des termes du contrat, et en avait profité pour se rapprocher d’Alice. Une relation intime et forte avait vu le jour entre les cuisses d’Alice ce soir-là, et, depuis lors, cette relation n’avait fait que se confirmer. Mélinda, en effet, ne voulait pas lâcher son amitié avec une Princesse, et Alice, elle, appréciait Mélinda. Même malgré tout ce que la vampire pensait et faisait, Alice était convaincue que, fondamentalement, elle avait bon fond.
Et voilà donc où elle se trouvait, devant Tessia, devant une femme surprise par la soumission rapide d’Alice. Une soumission qui n’était que la conséquence d’une vie. Alice aimait l’idée d’obéir à de belles femmes, comme avec Mélinda, dont le comportement fort et autoritaire était, pour elle, une source d’inspiration.
Tessia récupéra le martinet et les menottes, puis lui donna de nouveaux ordres. Observant la femme avec ses grands yeux bleus, Alice obtempéra, et bondit sur le lit, en se dépêchant. Faire la belle… Cet ordre l’excitait. Elle se mit donc sur ses jambes arrières, ou, plus exactement, sur ses genoux, et se dressa donc. Faire la belle, ça consistait à se redresser, et c’est ce qu’elle fit, faisant face à la femme. La « petite salope » avait les joues légèrement rouges, et les seins tendus. Autant de signes exprimant son fort plaisir.
« Est-ce que je vous plais comme ça, Maîtresse ? » demanda-t-elle, en écartant légèrement les mains.
Elle ignorait tout des projets de Tessia, mais elle était évidemment prête à les suivre.
Être soumise aux autres, c’était particulièrement agréable, en fait, surtout quand les autres étaient aussi belles.