Échappé. Fini les manigances de cette fichue sorcière, fini les faux enfants, fini toutes ces conneries que j'ai dû supporter pendant des années. Tomber dans un piège et me laisser séduire par ses beaux yeux, c'était enfin terminé, et j'allais pouvoir reprendre ma vie à zéro, refaire mes calculs pour que ma vie aille mieux, et ensuite, j'irai probablement récupérer ma maison, mon beau fief. Je regardai encore un peu la mer, et l'île où j'ai été séquestré pendant une décennie... cette même décennie que je n'ai pas vu passer, parce que moi comme les "enfants" de Mélisende, je ne vieillissais pas, et elle non plus. Je regardai mes mains qui grondaient d'énergie, cette même énergie qui m'avait été arrachée pour mieux me manipuler. Je regardai ce ciel bleu puis je me mis à rire, rire comme un détenu remit en liberté, comme un faux fou échappant à l'asile, comme un paysan découvrant une mine d'or, d'un rire heureux, rageur et follement long. Enfin en pleine possession de mes pouvoirs, enfin loin de cette foutue Melisende qui m'a piégé, enfin débarrassé des faux sentiments qui l'animaient à me garder à ses côtés.
Peu à peu, je récupérai le calme de mes sens. Je m'assis par terre, croisai les jambes, joignis les mains et je méditai. J'effacai de mon esprit la fatigue, la faim et la soif qui me tenaillent. Nager 20 kilomètres, c'était presque du suicide, et j'en avais une certaine fierté, mais si je laissais mon état actuel me dominer, je ne survivrai pas. Lentement, après avoir fixé mes objectifs dans ma tête, soit me nourrir et me déshydrater, je me relevai du sol et je me dirigeai vers la forêt. Qui dit grande forêt dit lac, qui dit lac dit eau douce, qui dit eau douce dit qu'il est possible de la rendre potable en la faisant bouillir. Je cherchai les environs à la recherche d'une source, qui ne fut pas longue à trouver, car la forêt y était plus clairsemée. Je m'approchai de l'eau et je me prépare un bol de terre cuite avec la magie, m'en servant pour recueillir de l'eau, puis je la fis bouillir avec un feu magique, pour l'économie du temps. Prenant le temps de m'abreuver, je cherchai du regard de la nourriture. Je marchai dans les bois un bon moment avant de trouver, grande chance à moi, des fruits et de la menthe.
Réjouis, je me nourris des fruits et rafraîchis mon haleine avec la menthe (forcément, l'eau salée ne donne pas une haleine plaisante à sentir) et lorsque rassasié, je passai une main dans mes cheveux pour en retirer une certaine quantité de sel et de sable qui s'y trouvait, je sondai magiquement les alentours. Je pus sentir la présence de prédateurs. Ceux-ci étaient affamés et je pouvais le sentir; si je restais là, je deviendrais leur prochain déjeuner, et disons que l'idée de finir dans la gueule d'un ours n'était pas dans mes plans d'avenir. Immédiatement, je fermai les yeux et je laissai les ombres me saisir et me transporter dans un lieu éloigné; les landes dévastées; mon monde de paix et de calme. Ni une ni deux, et torse nu, je me retrouvai dans l'eau d'une oasis perdue au milieu de nulle part... fort heureusement, loin de la montagne noire; l'eau y aurait été imbuvable. C'Est une jeune voix qui attira mon attention. À l'opposé de la marre se trouvait une bien jolie jeune femme, qui demandait s'il y avait quelqu'un. Embarrassé, mais trop honnête pour cacher ma présence, je la dévisageai, me relevai puis m'inclinai devant elle.
-Je crains que ce quelqu'un ne soit moi, milady. Pardonnez-moi, je ne savais pas que vous étiez là.
Nous n'étions séparé que de quelques mètres et j'évitai de la regarder, de crainte qu'elle ne soit nue et que je ne risque une sacrée engueulade; je n'aurais donc échappé à une sorcière pour me retrouvé coincé à trouver une excuse valable pour calmer cette femme.