Il faut dire que, pour le coup, la jeune Donna se sentait bien égoïste. Pourtant, ce n’était vraiment pas son genre de penser à elle en premier. De penser à elle tout court, en réalité. Toujours les autres d’abord. Sauf qu’elle était bien maladroite. Ca, on ne pouvait pas en dire le contraire. Ce Dick, qu’elle venait de rencontrer à l’instant, était assez perturbé. C’est vrai quoi ! Cette ressemblance avec une amie proche, à lui, qui n’est plus de ce monde aujourd’hui, le chamboulait, et sûrement pas qu’un peu. Et pourtant, c’est bien le jeune homme qui venait réconforter la demoiselle, et non l’inverse. Donna, bordel, remue-toi un peu ! Vas lui remonter un peu le moral ! Toi, on s’en fout ! C’est lui le plus triste, là, maintenant ! RIGHT NOW ! Lui qui a besoin d’être consolé, vu que ta simple plastique lui rappelle son amie défunte. Mh. Mais revenir sur ce sujet douloureux n’était pas forcément la meilleure idée qu’il soit. Autant ne pas remuer le couteau dans la plaie, n’est-ce pas ?
Ce n’est pourtant pas Donna qui détourna le sujet de conversation et partit sur autre chose, mais bel et bien Dick. Le base-jumping. Quelle était cette chose ? La jeune femme ne connaissait pas vraiment. C’est-à-dire que dans sa vie, avant sa transformation je veux dire, la belle brune n’avait jamais été tentée par les sports extrêmes. Le base-jumping en était bien, non ? Ouf. Alors non, ce genre de disciplines ne l’intéressait pas plus que cela, se disant que ça serait bête de trouver la mort durant une séance alors qu’elle était si jeune ! Aujourd’hui, avec ses pouvoirs, elle pouvait réaliser bien des choses et avait moins peur. Oui, moins. Car la brunette connaissait encore des choses qui l’effrayaient. Comme Dick. Elle se contrôlait comme elle le pouvait, mais, on ne se débarrasse pas d’une phobie si facilement ! Enfin, il souriait désormais et Donna se dit que c’était le principal. Elle passait après !
L’air un peu plus enthousiaste, le jeune homme expliquait calmement ce qu’était le base-jumping. D’habitude fait à l’aide d’un parachute, lui utilisait son grappin. Pourquoi ? Pour avoir la sensation de voler durant quelques secondes. Voler est le rêve de tout homme. Pour l’américaine, ce n’en était plus un, grâce aux modifications que son corps avait subi avec le bromure d’éthidium. Mais la jeune femme pouvait très bien comprendre Dick. Elle aussi, il lui était arrivée d’ouvrir les bras lors de grandes bourrasques de vent et d’avoir le sentiment de quitter terre, de se sentir légère et disparaître derrière les nuages. Les songes ressemblaient souvent à ça. Alors oui, elle pouvait très bien comprendre le jeune brun et son envie d’adrénaline quand il se lançait dans le vide pour se sentir flotter une, deux, trois secondes. Il suffisait de le voir, le voir sourire un peu plus franchement encore une fois, alors que…
Atchoum ! Ca, c’était à prévoir. Pauvre Dick. La pluie battait toujours et ruinait les costumes de nos deux super-héros, transformant leurs chevelures de jais en frisottis de moutons. Bêêêêê ! Attendez, non…Il n’était pas le seul à éternuer là. Même Donna pouvait entendre d’autres personnes aux alentours être prises par des quintes de toux. Le nez de l’américaine se mit à remuer aussi, légèrement, comme si elle avait sniffé du poivre et que celui-ci lui démangeait. Mais pas d’éternuement de sa part. D’autres bruits retentirent dans les rues alentours. De la carcasse métallique, des cris…Wonder Girl n’était pas vraiment ce qu’on pouvait appeler une super-héroïne mais, même si elle n’avait guère confiance en elle, elle essayait d’accomplir ses missions avec brio. Du moins, le plus qu’elle pouvait faire, et souvent, c’était le cas, heureusement. Dick semblait davantage plus confiant que sa compagne de ronde, tendant sa main vers elle pour que la demoiselle le suive dans sa chute, grappin prêt.
Un sourire fin sur ses lèvres pulpeuses, Miss Troy refusa la main du super-héros, avant de s’approcher du bord du toit, ses orteils déjà dans le vide. Son regard azur se planta un instant dans celui de son voisin, avant de finalement se laisser tomber lourdement dans le vide. Le sol s’approchait de plus en plus, mais Donna allait se rattraper. Pas d’inquiétude. À la dernière seconde finalement, mais elle voulait ressentir cette adrénaline que Dick cherchait avec l’aide du base-jumping. Se redressant et reprenant dorénavant de la hauteur, elle regarda un instant derrière elle si le jeune homme la suivait.
Son nez picotait de plus en plus au fur et à mesure que les deux ombres noires de Seikusu avançaient vers un quartier réputé de luxe. Arrivés sur place, la jeune femme mit pieds à terre. La ruelle semblait prise d’un épais brouillard, dense et chaud. Il y avait un…Un silence pesant, ici. Cette scène rappelait à Donna un film. Mince, quel était le titre déjà ? …Silent Hill ! Oui, c’est ça ! Avec son brouillard permanent dû à la pluie de cendres constante. L’épaisse fumée grattait la gorge de la demoiselle. Quelle sensation désagréable ! Mais qu’est-ce qui avait bien pu se passer ? Wonder Girl avança lentement, ouvrant grand ses oreilles pour capter le moindre son. Brr…C’est glauque.