Bip Bip Bip.
Une main fine et gracile se saisit du mobile qui bipe sur une table. Le son d'une touche que l'on presse. Puis une voix, enjôleuse. Suave.
«
Inspecteur Circé. J'écoute. »
«
On a des corps. Sur la Quatorzième, près de l'autoroute. A la banque West & Smith. Cambriolage qui a mal fini. Les trois vigiles, les deux guichetiers, le directeur de la banque et trois clients y sont restés. Ainsi que trois malfaiteurs. »
«
J'arrive. Je suis là dans deux.. Mh. Dix minutes. »
«
Parfait. On t'attends. »
Elle raccrocha.
Le miroir face à la porte reflète bientôt sa silhouette pulpeuse. Elle est nue. Elle sort de la douche. Un sourire carnassier étire ses lèvres généreuses. Un claquement de doigt plus tard, une brise tiède vint la sécher. Un autre, et sa crinière indomptable est démêlée. Elle se tourne vers une étagère, et un ensemble de sous-vêtement de dentelle noire (un tanga et un soutien-gorge) en sortent. Elle réitère son claquement de doigt, et un jean moulant en sort à son tour. Un corset noir le suit, ainsi qu'une ample chemise blanche décolletée. En quelques gestes savant, voilà la magicienne habillée à la mode d'ici, de ces temps modernes. Le corset mit par dessus la chemise lui donne un style un peu pirate et permet de soutenir sa poitrine en sus du sous-vêtement.
Satisfaite, elle chausse des bottes montantes, noires, qui se passent par dessus le jean bleu délavé. Elle prend sur la table son insigne et l'accroche à sa ceinture. Elle accroche aussi son holster d'épaule et y glisse un
Beretta 9mm. Puis elle passe une veste noire. Sorte de grand imperméable, mais usé. Genre pour faire cliché. Les mains dans les poches, elle marche vers la porte et... Disparaît. On entend plus que le tic-toc de l'horloge qui résonne dans la pièce. Le domaine de Circé ayant été réaménagé selon un goût plus moderne, on y trouve toute la nouvelle technologie. Mais elle a gardé une vieille horloge datant du 14ème siècle en France. Parce qu'elle aime le style.
A quelques lieues de là, Circé réapparaît dans une ruelle non loin du lieu du crime. Elle fait le reste du trajet à pied, et arrive derrière l'agent qui venait de l'appeler.
«
Alors ? »
«
Inspecteur Drew. Je ne vous croyais pas quand vous disiez 10 minutes. Vous êtes arrivée bien vite. »
«
Appelles-moi Circé, je te l'ai déjà dit. Et ne me tutoies pas. J'étais dans le coin, par ailleurs. »
«
Rendez-vous galant ? »
«
Plus ou moins. Et sinon, les corps ? »
«
Par ici. »
Circé suit l'agent Matthews qui la conduit jusqu'à un endroit où sont alignées des corps bâchés. La police scientifique ayant déjà fait son oeuvre, ils avaient prit la liberté de déplacer les cadavres et de les aligner.
«
Où se sont produit les meurtres ? »
«
Plus loin là-bas. Les tracés ont été fait. »
Elle s'approcha de l'endroit donné. Les petits cheveux sur sa nuque se dressèrent. Une énergie malfaisante avait été présente. Mais ça ne lui faisait pas peur. Elle inspira profondément, mémorisant la signature énergétique, et observa les lieux.
Elle resta un moment immobile. Elle semblait regarder dans le vague. Mais en vérité, elle se repassait la scène devant les yeux. Elle s'était assez imprégnée de l'endroit pour savoir comment ça c'était passé. Elle sourit.
Brisant son immobilité, elle retourna près des corps.
«
Y avait-il d'autres malfaiteurs en plus des trois tués ? »
«
Un seul. Il s'est enfui. »
«
Parfait. Amenez-les au labo, pour l'autopsie. Matthews, tu me représenteras. J'ai à faire. »
«
Bien Inspect- Circé. »
Elle salua les agents sur place d'un hochement de tête, et repartit. Elle semblait avancer au hasard. Mais en fait, elle suivait la trace qu'elle avait mémorisée. Elle suivait l'énergie du dernier malfaiteur en vie. Elle mit bien une heure à arriver au bout de la piste. Le soleil venait de se lever quand elle arriva devant une bâtisse sobre. Fin de la course. Elle ferma les yeux un court instant, et lorsqu'elle les rouvrit, la porte de devant explosa.
Se présentant devant l'encadrement de la porte, elle parla de sa voix aux accents sirupeux mais inflexibles.
«
Qui que tu sois, je t'arrêtes pour le braquage de ce matin et pour les meurtres commis. Une objection ? Une dernière volonté ? »