Face au Lycan, Rayne se concentrait. Elle pouvait sentir, à proximité, le sang animé de Lady, plus vif, ce qui signifiait qu’elle avait du se faire blesser... Et elle sentait également le groupe sanguin de l’autre loup, celui qui affrontait l’archère. Rayne devait se dépêcher, mais ce Lycan était prudent. Il savait qu’il n’avait pas affaire à une simple proie classique, mais à une guerrière, une vampire. Il ne faisait pas la différence entre un vampire et un Dhampir, et se contentait d’y voir là une proie intéressante, cruciale. Réfléchissant, Rayne se déplaçait lentement, mais le Lycan suivait, sur ses quatre pattes, grognant furieusement, découvrant ses crocs. La tunique de Rayne était partiellement déchirée, elle avait des traces de sang et des ecchymoses sur le visage. Le Lycan bondit alors en utilisant ses pattes arrière, les pattes avant tendues vers Rayne, griffes déployées. Cette dernière bondit en hauteur, et effectua un salto, en profitant pour frapper le dos du monstre avec ses lames. Le Lycan hurla, mais se retourna rapidement, et Rayne se mit à courir le long des arbres, évitant les branches et les souches d’arbres, tandis que le Lycan la poursuivait. Il était plus rapide qu’elle, et elle roulait parfois sur le côté, évitant la créature, ou s’agrippait à une branche, tournoyant ainsi dans les airs pour courir dans un autre sens.
Tout en fuyant, Rayne avait un plan, une stratégie : énerver le Lycan, afin de pouvoir le piéger. Ses armes ne se résumaient pas qu’à ses lames, et elle disposait aussi d’un long grappin métallique rétractile, qu’elle comptait utiliser. Elle courait au milieu des arbres, entendant les dents de la bête claquer. Les arbres l’entouraient, et Rayne décida d’agir. Elle rangea ses lames le long de ses bras, attrapa son grappin, et bondit contre un arbre. L’un de ses talons s’enfonça dans l’écorce, et elle s’en servit pour se retourner subitement, puis passa juste au-dessus du Lycan. Ses dents claquèrent près de ses fesses, et elle en profita pour tendre son grappin entre ses deux mains, et les placer à hauteur de la gorge du Lycan. Elle se retrouva sur le dos de la bête, dos contre dos, mais sa chaîne se plaqua à hauteur de sa gorge. Le Lycan, en sentant sa respiration lui manquer, poussa un grognement de rage, et entreprit de se débattre, avant de se mettre à courir, remuant de droite à gauche, en essayant d’amener Rayne à la lâcher. Cette dernière se tortillait sur le dos de la bête, et, tout en remuant le long de sa peau, ses lames raclaient contre la fourrure du monstre, maltraitant sa chair, faisant couler du sang. Elle se retrouva à traîner parfois sur le sol, ses bras massacrés. Une vive tension s’exerça sur ces derniers pendant de longues secondes, le Lycan se débattant à toute allure. Il ne voulait pas se laisser faire, Rayne le sentait, et elle pouvait le comprendre. Le Lycan poussa un rugissement haineux, et, alors qu’il courait à vive allure, s’arrêta subitement, déstabilisant Rayne qui passa par-dessus lui. Elle s’étala sur le sol, roulant à plusieurs reprises.
*Merde, saloperie de monstre !*
Le Lycan était furieux, les yeux injectés de sang, et bondit sur Rayne. Elle fut emportée par lui, et poussa un hurlement de douleur quand les crocs du monstre s’enfoncèrent dans sa chair. Réagissant plus par instinct qu’autre chose, elle déploya ses lames, qui s’enfoncèrent dans les cotes du Loup, s’enfonçant dans sa chair. La bête hurla en lâchant l’épaule de Rayne, se mettant à courir. Son sang aspergeait le visage de Rayne, et il claquait furieusement des dents en visant la tête de la tueuse, cherchant à la tuer. Cette dernière frottait le sol, ses pieds rebondissant entre les racines et le pelage du ventre de la bête. Ses lames solidement plantées dans sa chair la soutenaient, et elle savait que ce n’était plus qu’une question de temps.
Avec son dos raclant le sol, sous le corps du monstre, elle finit par revenir à hauteur de la falaise. Paniqué, le Lycan devait revenir vers le camp, probablement dans un réflexe de survie, et il trébucha sur un morceau de caisse, désordonné, et bascula dans le vide. Rayne tomba avec lui, et le dos du Lycan heurta à plusieurs reprises la paroi de la falaise, alors que les deux combattants se mirent à dévaler la pente. Rayne en lâcha le monstre, qui partit en premier. Elle filait le long d’une pente recouverte de cailloux et d’herbe, s’y coupant à de plusieurs reprises, incapable de retenir sa chute. Tout ce qu’elle put vaguement faire, ce fut envoyer son grappin, même si, en réalité, il devait plus s’agri d’un réflexe inconscient, conditionné par ses années de guerrières. Rayne était complètement désorientée, et arriva en bas de la pente, une chute libre vers des récifs escarpés et tranchants. Elle tomba sur plusieurs mètres, avant que le grappin ne la retienne. Soutenue par ce dernier, Rayne heurta la paroi de la montagne, et resta là pendant un certain temps, sonnée, les bras ballants. Ses yeux clignotaient lentement, et elle pouvait voir, en contrebas, par-delà les vagues recouvrant progressivement le récif, la carcasse désarticulée du Loup, bel et bien mort. En souriant, Rayne réussit à réunir suffisamment de force pour brandir un doigt à l’intention de ce dernier.
« Va te faire foutre, connard ! »
Elle reprit ensuite lentement son souffle, puis avisa le décor l’entourant, et repéra des failles rocheuses. Elle s’en servit pour planter ses lames en récupérant son grappin, et se laissa ainsi tranquillement descendre, arrivant à hauteur de la plage. C’était une petite crique, et la marée était en train de monter, lui arrivant à hauteur des genoux. Un trou dans la paroi menait à une grotte sombre, et elle s’avança un peu...
C’est à cet instant, alors que son autoguérison commençait à faire effet, pansant une partie de ses plaies, qu’elle vit le cadavre d’un autre Lycan, criblé de morceaux de flèches dans le corps, avec, à côté, un corps qu’elle reconnut.
« Merde ! »
C’était Lady! Rayne s’avança un peu, mais son épaule l’élança douloureusement, là où le Loup l’avait mordu. Elle trébucha sur el sol en se tenant ses plaies, essayant de les contrôler. Elle soupira lentement. Les battements de pouls de Lady étaient très faibles, et elle avait perdu beaucoup de sang. Rayne se releva lentement, pataugeant dans l’eau, et arriva à la rejoindre. Elle était couchée sur le dos, partiellement nue, grièvement blessée. Elle était tombée avec le Lycan. Quand ce dernier l’avait poussé, son élan l’avait emporté avec elle, et il lui avait servi de protection, heurtant à sa place les rochers. L’eau l’avait ensuite ramené vers le rivage, au lieu de l’emporter au large. Rayne la regarda silencieusement, clignant des yeux.
Si elle ne faisait rien, Lady allait mourir. Rayne la prit dans ses bras, et fila dans la grotte. Elle grimpa un peu, pour atteindre une caverne assez confortable, où elles seraient protégées de la montée des eaux. Là, Rayne installa la femme sur le sol, et prit son pouls. Elle avait été blessée, et avait une hémorragie, perdant du sang. Rayne arracha un morceau de sa tunique, et entreprit de panser sa plaie, rapidement.
*Il n’y a pas cinquante moyens de la sauver...*
Seul le facteur d’autoguérison des vampires pouvait lui permettre de survivre. Même dans ce scénario, ses chances restaient encore très maigres. Rayne n’hésita que quelques secondes. Elle n’avait jamais tenté ça sur une humaine, mais elle savait comment il fallait faire. Elle releva l’un de ses gants, découvrant son poignet, et griffa, tout en attrapant ensuite la tête de Lady. Elle lui pinça le nez, afin de contraindre ses belles lèvres à s’entrouvrir, et fourra son poignet dans sa bouche. Un peu de sang s’en échappa, et elle bascula la tête de l’archère en arrière.
« Bois... Bois, Lady, tu n’as pas d’autres solutions... C’est ça, ou la mort définitive, sans ticket retour. »
Rayne la laissa boire plusieurs litres, puis retira son poignet, et se fit un pansement rapide, afin d’empêcher l’effusion de sang, et reposa ensuite Lady. Son sang allait interagir avec son organisme meurtri. Elle était proche de la mort, ce qui faciliterait sa transformation... Mais il s’écoulerait quand même quelques heures. Tout son organisme allait être purgé et transformé par un sang neuf. Rayne allait soigneusement veiller sur elle, et, en attendant que les premières apparitions arrivent, elle amena la carcasse des deux Loups, les traînant, et s’en servit pour allumer un feu de camp, à proximité de Lady.
La transformation risquait d’être assez douloureuse. C’était comme une seconde naissance, et il fallait que ça se fasse dans la douleur, pour assurer la transformation. Rayne avait cependant confiance en Lady : c’était une battante, une guerrière. Et, si elle réussissait, elle deviendrait la sœur de sang de Rayne. Un solide lien allait les unir, car Rayne serait à la fois la mère, la sœur, et l’amante de Lady. Un lien aussi solide que l’amour entre un parent et son enfant, et entre deux amants. Le lien des vampires.