Le sang de Lady était onctueux. Il l’était d’autant plus que l’appétit de Rayne était ouvert, et qu’elle n’avait pas forcément l’habitude de goûter à un sang de bonne qualité. C’était une guerrière, une femme qui battait la campagne, et se nourrissait généralement du sang de bandits, de voleurs, de détrousseurs, de violeurs... Leur sang n’était souvent pas fameux. Bon, mais sans être particulièrement exquis. C’était comme la gastronomie. Il existait des plats moyens, et d’autres qui vous faisaient rêver. Le sang fonctionnait sur la même logique, mais il fallait être vampire, ou Dhampir, pour le réaliser. Crocs dans la nuque de l’archère, Rayne buvait donc tendrement, écrasée sur elle, lovée contre son corps, ce sang chaud giclant dans sa gorge. Elle soupirait et gémissait, excitée, commençant presque à sentir des gouttes glisser le long de ses cuisses. Les glandes qui secrétaient la cyprine s’activaient, sous l’effet de ce plaisir. Et elle sentait ce plaisir être renvoyée dans le corps de Lady. La peur initiale, légitime, normale, laissait placer à un autre sentiment, ce qui était souvent le cas. Les raisons, en revanche, étaient variables, et libres d’interprétation. Était-ce parce que le sujet réalisait que l’étreinte n’était pas aussi douloureuse qu’il le craignait ? Ou était-ce parce que cette subite perte de sang provoquait un effet euphorique, effet qui, combinée avec leur position, créait une sorte de confusion ? D’autres avançaient encore que la perte de sang avait un effet érogène, supprimant les inhibitions qui retenaient les pulsions des personnes. Quoiqu’il en soit, le résultat était le même, et, pour Rayne, ce fut un soulagement de voir que Lady se prenait au jeu.
La belle archère, et c’était indéniable, attirait Rayne depuis déjà quelques temps, tant pour son sang que pour son corps, ou ses qualités physiques. Elle sentit Lady se frotter un peu plus contre elle, avant de poser ses mains sur son dos, en glissant une près de son postérieur. Ce fut ces gestes qui amenèrent Rayne à cesser de faire sa gourmande. Elle se remua un peu, bougeant son bassin, et retira ses lèvres du cou de Lady. Lentement, elle s’écarta de ce dernier, restant toutefois assez proche, et passa sa langue dessus, essuyant le sang qui restait. Deux petits points rouges se formèrent sur le cou de Lady, mais sans effusion de sang. Rien ne venait entailler cette peau d’une pâleur et d’une douceur infinies. Rayne se déplaça ainsi devant Lady, et l’embrassa sur les lèvres, sans rien dire. Les mots étaient-ils nécessaires ? Elle ne le pensait pas. Les corps, le langage du désir, se suffisaient à eux-mêmes. Ils étaient suffisamment expressifs pour aller directement aux choses sérieuses. Les deux femmes s’embrassèrent ainsi, Rayne fermant les yeux pour mieux apprécier ce moment, frottant son nez contre celui de Lady. A part leurs gémissements, on ne pouvait guère entendre que les branches du feu de camp, qui crépitaient, le feu craquant, semblant les envelopper.
Ce fut un baiser assez long, et particulièrement agréable, du moins pour la Dhampir. Elle prit tout son temps, s’amusant parfois à se concentrer sur le nez, à le frotter contre celui de l’archère, avant de songer à ses lèvres. Le baiser fut au départ un simple frottement entre leurs lèvres, où Rayne prenait entre les siennes celles de l’archère pour les aspirer, ou laisser cette dernière faire l’inverse. Progressivement, au fur et à mesure que le désir de Rayne s’affirmait, et venait en croissant, elle glissa sa langue dans sa bouche, caressant les dents de l’archère, ses dents cristallines et pures, ayant toujours de plus en plus de mal à croire qu’elle était une simple humaine. Un tel charme se dégageait d’elle, une telle beauté. Rayne ne disait rien, absorbée par cette femme, et, tout en l’embrassant, ses mains caressaient son corps, se frottaient contre ce dernier. Elle posa une main sur l’un des seins de la femme, le pressant tendrement, le caressant, le remuant, tandis que l’autre se posait sur sa hanche, la maintenant contre elle.
« Je te sens fébrile, ma belle », finit par dire Rayne en écartant finalement ses lèvres.
Elle le sentait, à travers son baiser, ou à travers le sein de Lady, et remua un peu sur son corps, optant pour une position qui étoufferait un peu moins l’archère. Rayne était une femme très dominante, c’était sa philosophie, mais elle ne voulait pas que Lady se sente restreinte. L’archère avait également l’air d’avoir un fort tempérament.. Rayne frottait son bassin contre celui de la femme, afin de lui montrer que, comme elle, elle était impatiente, excitée. Ce fut donc sans surprise, et sans chercher une quelconque forme de romantisme, totalement absent de la vie de Rayne, qu’elle glissa :
« Fais-moi l’amour, Lady... »