Nom/Prenom/Surnom : Séraphina Algul
Age : 14 ans, l’âge de ce monde, il me semble.
Sexe : Féminin
Race :E.S.P.er
Orientation sexuelle: Bisexuelle, rien n’est trop bon ou trop mauvais…
Description physique :Séra est une femme plutôt belle. Ravissante, même, puisqu’après tout, elle est une création d’Aphrodite pour la servir ; la Déesse n’allait pas la faire imparfaite. Séraphina a de longs cheveux blancs. Ils lui descendent jusqu’aux fesses, elle les porte le plus souvent nattés. Bien que ce ne soit toujours pas aisé quand on est recherchée par les autorités des trois grandes puissances en place, elle attache une grande importance à les garder propres. Assi recherchée soit-elle, elle n’est pas connue dans l’autre monde, une des raisons pour lesquelles elle voudrait s’y rendre.
Elle fait un mètre soixante-dix, mince sans être maigre, elle a un corps ravissant, elle est plutôt pâle, mais pas à outrance pour autant. Bref, elle est dans un juste milieu.
Ses yeux, comme ses cheveux, sont ceux d’un albinos, bien qu’elle ne soit pas malade. Ils sont d’un rouge démoniaque, ou sensuel, selon le point de vue, mais indéniablement incarnats.
Quant à son visage, il est plutôt symétrique, et lisse, avec un menton pointu.
NB : Il est bon de noter que Séra est "née" telle qu'elle est aujourd'hui et n'a pas changé depuis, un peu en dehors du temps, en somme. Créature d'Aphrodite, quoi. Enfin, sa vieillesse a repris un cours normal depuis qu'elle est au couvent, mais ça ne fait pas assez longtemps pour que ce soit perceptible.
Caractère : Séraphina est quelqu’un de gentil. D’elle même, elle n’est pas du genre à chercher les ennuis. Mais en même temps, elle a une certaine fierté, comme pour compenser (tiens tiens…) son année de servitude. En bref, elle est totalement réfractaire à toute idée de soumission qu’on lui imposerait.
Elle peut sembler lunatique et rêveuse, mais en réalité, sans être particulièrement terre-à-terre, elle donne simplement cette expression en tenant des propos bizarres sur les autres mondes et les autres plans d’existence. Elle peut se montrer courtoise et mondaine, mais ce n’est pas sa vraie nature, elle est plutôt du genre volage, franche, mais aussi un peu naïve parfois, ou bien insensée, irresponsable. Pas qu’elle n’appréhende pas ce qui peut dépendre d’elle, plutôt qu’elle n’y attache pas beaucoup d’importance.
Peu patiente, elle supporte mal de rester longtemps sans bouger, ce qui fait d’elle une piètre chasseuse. En fait, elle tient plutôt de la boule de nerfs surexcitée, de l’électron libre, et surtout, de l’inconnu de n’importe quelle équation où elle se retrouverait impliquée, tant ses réactions peuvent parfois sembler illogiques ou encore irrationnelles.
Elle attache peu d’importance à la fidélité ou la loyauté. Non qu’elle n’estime pas l’amitié, mais elle juge avoir été suffisamment traquée pour considérer par défaut que les gens ne sont pas dignes de sa confiance. Bon, il y a des exceptions, sans doute, mais mieux vaut être prudente…
Elle aime le noir. Elle aime se sentir invisible, furtive, et même si elle n’a aucune patience, et aucun talent pour se cacher, elle est cependant extrêmement douée pour se mouvoir sans bruit. Mais elle aime aussi la foule, une de ses grandes hantises est la solitude, chose qu’elle n’a jamais expérimentée pendant très longtemps, et qu’elle souhaite à tout prix éviter.
Elle évite autant que possible de recourir à sa magie, lui préférant ses armes, bien qu’elle se résigne parfois à invoquer des esprits. C’est cependant une pratique à double tranchant à cause de cette idée de perte d’énergie.
Histoire : J’ai grandi sur les routes, entourée de mercenaires et de guerriers itinérants, dans un monde de sorciers, au sein de la grandiose Compagnie noire. J’ai vécu en retrait des champs de bataille, mais si peu que j’entendais le champ des armes et les cris des vaincus. Je me souviens du visage de mon père, et celui de ma mère, mais de leurs noms je suis oublieuse. On ne les nommait pas par leurs noms, jamais. Je vécus dans l’amour de mes parents, même si c’était une vie étrange pour une jeune fille. Ni école ni amies, mais des vieux de la vieille, sous leurs semelles avait défilé le monde. Mais rien n’est éternel, et moi qui étais encore une enfant, ou du moins du point de vue de ceux qui voyageaient avec moi, je me retrouvai devant l’horrible réalité, le sanglant carnage de toute la Compagnie lors de son ultime contrat. Un baroud d’honneur sans retentissement, sans chroniqueur pour en prendre note, sans barde pour le conter. Juste la fin, et une poignée de survivants. Dont moi. Pourquoi moi ? Comment une adolescente avait-elle pu s’en sortir là où des combattants expérimentés avaient laissé leur vie ? Grâce à ma magie propre. Celle des sorciers de la Compagnie était pure illusion plus que véritable danger. Invoquer les peurs de ses ennemis pour les affaiblir, et les passer ensuite au fil de l’épée, cela peut-il marcher ? La Compagnie noire était grandiose et ne l’était pas pour rien. Mais vint le temps où ça ne marcha pas, et les sorciers furent décimés, et moi, seule ou presque, usai d’un art qui me dépassait pour me protéger. L’esprit tua des dizaines de ces imprudents. Me laissant dans une marre de sang. Une rose tatouée sur le poignet. Et qui me lançait. Comme si les minuscules épines représentées s’enfonçaient effectivement et cruellement dans ma peau.
Ensuite vinrent les fuites, car ceux qui survécurent parlèrent de moi, et je devins une proie. Je réussis finalement à entrer dans l’Eglise de l’Ordre, et…
Non, en vérité, mon histoire est toute autre. Mais en ces temps où le monde était jeune, je ne me rappelais pas encore. Avant le couvent de l’Ordre, je ne me rappelais de rien, que des bribes de souvenirs, une amnésie presque totale qui ne laissait passer qu’une fragrance de passé, mais des bribes quand même, qui me permettaient de savoir que j’avais existé. En bref, je ne me rappelais rien de tout cela, pas même l’événement qui m’avait fait perdre la mémoire, sauf que je savais qu’il avait été violent…Brutal…
Ça pourrait s’arrêter là, n’est-il pas ? Ce serait déjà assez compliqué pour moi. Nenni… Je n’étais rien de tout cela. Ces souvenirs dont je n’avais que des bribes et que je tenais pour la seule trace de passé que je puisse avoir, n’étaient qu’illusion. D’ailleurs, ils remontaient bien avant la création du monde. Et avant la mienne. Ils n’étaient que poudre aux yeux pour que je survive dans l’ignorance, que je ne m’élève pas au-delà de ma condition. Même cette amnésie était feinte, car qui diable irait croire que des souvenirs qu’il devait batailler pour récupérer n’étaient en réalité pas les siens ?
A l’époque, je ne savais pas, et aujourd’hui encore, j’ai parfois du mal à démêler le vrai du faux. Mais l’essentiel de la vérité est là…Enfin je crois…
Je ne grandis pas au sein d’une compagnie de mercenaires ; cette fiction là est issue d’un roman que notre bonne Déesse aurait lu durant son séjour sur Terre. J’étais une prêtresse d’Aphrodite. D’aucuns nous appellent les mages rouges, ou les magiciennes rouges. J’en étais même une importante, et je savais. Bon sang, je savais tout, le Grand Jeu, l’histoire du monde, qu’Aphrodite m’avait créé, que je n’existais que pour son plaisir, que pour la servir, et qui s’en serait plein ? Ma vie était stupre, luxure et délectation, plaisirs de la chaire et incontinence encore. En ce temps, je ne pouvais imaginer vie plus jouissive que la mienne. Sans doute parce que j’avais été faite pour penser ainsi…
Et puis, ô malheur, je tombai amoureuse d’un humain. Le pauvre n’avait rien fait de plus que s’intéresser à moi pour mériter pareil sort. Rien ne lui fut pourtant épargné, et malgré le fait que les premiers temps furent encore plus beaux que tout ce qu’il m’avait été donné de vivre avant, la fin de notre histoire fut tragique. Au contact de cet homme qui se nommait Edwin, je m’humanisai, je perdis mon lien unique avec la Déesse et m’éloignai d’elle. La grande question, c’est : pourquoi cela l’a-t-il contrariée ? Pourquoi ne l’avait-elle pas prévu ? Elle, maîtresse du monde, était donc faillible dans sa propre création ? Imaginez un bambin se faire dévorer par un dinosaures en Lego…C’est la meilleure image qui me vienne, bien qu’en ce temps là, je n’avais pas l’ombre d’une idée de ce que pouvait bien être une brique Lego.
La réponse devait me venir de la bouche même de mon amant, et elle m’apporta la connaissance sur un point que la Déesse ne m’avait pas dit :
« Je viens d’un autre monde, dit Edwin. C’est aussi simple que cela. Je viens d’un endroit qu’on nomme la Terre, d’une contrée baptisée l’Angleterre, et je ne suis là que par erreur…
-Par erreur ? Ça veut dire que compte repartir ? »
Il resta sans rien dire quelques instants, son beau visage encadre de cheveux blonds se plissant en une moue comique.
« Je crois pourtant que j’ai trouvé ici une bonne raison de rester, non ? Je n’ai rien de particulier qui m’attire dans mon monde. Quand je suis ’passé’, j’étais dans une grande ville japonaise. C’est loin de mon pays, et tu sais ce que je faisais là-bas ? Je designais des affiches de pub. Et depuis les années que je fais ce boulot, je ne pouvais plus le supporter. Mais le plus important, c’est que j’abandonnerais n’importe quel monde pour rester ici avec toi… »
Je souris et me serrai contre lui. Il m’embrassa, d’abord sur le nez, puis sur les lèvres. Puis il me fit basculer sur le lit de la chambre que nous occupions à Nexus. Nous passâmes la fin de l’après-midi et une bonne partie de la nuit à faire l’amour. Ce qui était une expérience délectable. Et puis…
« Une illusion ? »
Edwin était sincèrement étonné. Le temps avait passé et j’avais complètement abandonné les ordres d’Aphrodite. Le cas était sans précédent, et je n’avais aucune idée de comment elle réagirait, mais dans le doute, je faisais en sorte de rester discrète tout en évitant d’avoir ostensiblement l’air de vouloir disparaître à ses yeux. Aphrodite était peut-être omnisciente, mais si je ne faisais rien qui sorte de l’ordinaire, il y avait une chance que je passe simplement inaperçue. Mais j’avais fait quelque chose qui sortait de l’ordinaire, ce jour-là.
J’avais raconté tout ce que je savais du Grand Jeu à mon aimé. Idiote…Mais à ce moment-là, je ne me rendis pas compte de ma bêtise.
« Oui, une illusion, ou un fantasme, lui répondis-je. Le fruit de l’imagination de la Déesse, celle que je servais avant de te rencontrer, tu sais, Aphrodite ?
-Oui, je vois, elle existe aussi dans notre monde.
-Hein ? »
Deux Aphrodite ? Je me demandais quel épisode j’avais manqué dans l’histoire de la Déesse, mais j’étais certaine qu’elle n’avait jamais mentionné d’ubiquité.
« Oui enfin, dans les légendes, elle n’existe pas vraiment, mais on le croyait, avant…
-Ah bon… fis-je, pas très convaincue.
-Ouaip. Mais c’est pas la question. Si ce monde est une illusion, comme tu dis – et je veux bien te croire, je ne suis pas sûr qu’un croisement entre un chat et un humain soit viable selon des critères purement rationnels – alors il faut que ses habitants le sachent ?
-Pourquoi ça ? »
Effectivement, je ne voyais pas tout à fait de bonne raison d’aller à l’encontre des desseins d’Aphrodite. Je savais que si je venais à raconter la vérité, ça ne lui plairait pas, et ça ne m’apporterait rien personnellement.
« Ben…Ces gens ici vivent tous dans le mensonge, tu vois ? Et ce n’est pas « bien »…Ils n’existent qu’à travers l’imagination d’une femme, même si c’est une Déesse, du coup, ils n’existent pas vraiment, c’est comme une vie par procuration, ce n’est pas une vie au sens strict du terme. Mais si tu leur apprends la vérité, ils ne seront plus les jouets d’Aphrodite. En fait, ils deviendront libres. Tu ne crois pas que ça vaut le coup ?
-Je ne crois surtout pas que ça serve à grand-chose. Quelle importance, si les gens sont soumis au bon valoir de la Déesse ? Ils ont la sensation d’être libre, ils n’ont aucune conscience de l’échiquier dont ils sont les pions. Qu’est-ce que ça leur apportera, de se savoirs
réellement libres ? D’ailleurs, qu’est-ce qui leur dira que ce n’est pas encore une illusion ? Et puis, comment tu réagirais si on te disait que tu n’existes pas pour de bon ? Que tu es le personnage d’une fiction qu’un quelconque anonyme est entrain de taper sur ce que appelles des « pécés » ?
-De la peine, convint l’amant de la prêtresse. Ça me ferait de la peine, de me dire que je n’existe que grâce à quelqu’un d’autre. Mais, bon sang, si ça me permettait de me libérer de ces chaînes, alors je voudrais bien l’apprendre ! »
J’ouvris la bouche pour répliquer, mais la refermai sans rien dire. Qu’y avait-il à rétorquer ? Il avait indéniablement raison. Je haussai les épaules et me laissai finalement convaincre.
« Ok, on va répandre la bonne parole et libérer les braves gens du coin du joug cruel et fourbe de la Déesse Aphrodite ? »
J’avais essayé de dire ça d’un ton ironique, mais une pointe d’angoisse pointait dans ma voix. Angoisse tellement justifiée. Quand je me levai le lendemain matin, mon aimé gisait à côté de moi. Il aurait pu dormir si j’avais senti son souffle contre ma peau, sa poitrine se soulever, tout contre mon flanc. Mais il était mort. Des larmes perlèrent à mes paupières en même temps que l’incompréhension à mon esprit. Pourquoi lui, et pas moi ?
« Pourquoi lui et pas toi ? C’est ce que tu demandes, pas vrai ? »
Je ne sursautai pas mas me tournai vers l’origine de la voix. C’était une voix magnifique, une voix belle en elle-même, mais la femme à qui elle appartenait la magnifiait encore.
« C’est toi qui a fait ça, Nadia ? »
Je parlais d’une voix éteinte. Nadia était une prêtresse d’Aphrodite elle aussi. Une formidable compagne dans un lit (ou n’importe où tant qu’on en venait aux plaisirs de la chaire), mais aussi, une âme entièrement dévouée à la Déesse. Dans ses mains, elle tenait un garrot, un nerf de bœuf aux extrémités gainées de cuir. Je m’assis dans le lit, la couverture glissant sur mes seins, dévoilant ma nudité, tandis que je regardais avec une tendresse maintenant inutile le coup de celui que j’avais aimé et qui l’avait payé de sa vie. Il portait une vilaine marque violacée. Cette fois, les larmes, non contentes de perler, roulèrent sur mes joues.
« Bien sûr que c’est toi…Pourquoi ? Parce qu’on a décidé de vivre comme on l’entendait ?
-Parce que tu voulais priver des braves gens de leur réalité, corrigea la prêtresse. Vous, devrais-je dire. C’est pour ça qu’on l’a puni. Sur cet homme, notre maîtresse n’a aucun pouvoir, c’est pourquoi il avait mieux le tuer rapidement, mais toi, ô Séraphina Algul, tu paieras ta traîtrise. Séraphina l’Invokeuse, tes pouvoirs, au nom d’Aphrodite de Terra, je te les retire. Prêtresse d’Aphrodite, au nom de la Grande Déesse, je te renie. Familière de la Vérité, tes souvenirs, au nom de notre Maîtresse à tous, je te les dérobe. »
Et au fur et à mesure qu’elle parlait, sa sentence s’appliquait. Je disparus, simplement, Séraphina Algul cessa d’exister, et Séraphina Algul débuta sa vie, loin de Nexus, dans un endroit qu’on appelait le couvent de l’Ordre, dans une partie du monde qui était les territoires de Tekhos.
« Mon père, s’il vous plait, je veux juste vous accompagner à Tekhos Metropolis. S’il vous plait…J’ai fait ce que vous m’avez demandé depuis que je suis là !
-J’ai dit non, rétorqua l’homme de foi. Tu sais bien que tu ne dois pas sortir du couvent, ma fille.
-Mais mon père, je ne dirai rien, et je porterai une cape, et personne ne me verra… »
Le père poussa un soupir. Il ne se laissa pas attendrir par le regard implorant d’une jeune beauté en tenue d’Eve assise à ses pieds, contre son bureau. J’étais une excellente compagne sexuelle, trouvait-il, mais je ne semblais pas bien douée pour comprendre les choses trop compliquées. Mais il se trompait, je comprenais très bien que des gens voulaient ma mort, hors des murs du couvent. Qui donc ? Allez savoir, le père ne voulait pas en parler. Il disait qu’il m’avait sauvée des griffes d’agresseurs. Et il refusait d’en dire plus…Avec un mouchoir en soie, il essuya des traces de sperme sur ma poitrine.
« Ma décision est prise. De toute façon, frère Narev te demande, va le voir.
-Bien mon père…Il est dans ses appartements ?
-Non. Il est dans une des chapelles. Je crois qu’il a prévu une orgie avec quelques autres frères et servantes. Ne le fais pas attendre. Et mets-toi quelque chose sur le dos, par l’Ordre ! »
Je sortis du bureau du père pour regagner mes appartements. Ils n’étaient pas loin, pour que je puisse venir le voir rapidement. Ça faisait…quoi…un an, que je vivais ici ? J’avais bien vite appris les règles locales. Ici, la pureté n’était que de façade, et si la dépravation des lieux restait masquée, je n’en faisais pas moins partie intégrante. J’étais leur jouet sexuel, même si en ce temps là j’avais l’impression d’être une domestique comme les autres. Mais en ce temps là, je croyais qu’ils m’avaient sauvé des griffes de ceux qui avaient tué mon père et ma mère et anéanti la Compagnie noire.
J’obéis aux ordres du père Correl et allai participer à l’orgie du frère Narev, parfaite esclave de ses désirs, mais intérieurement, je commençais à me lasser. Aujourd’hui et avec le recul, où que m’ait conduits les doigts de celui ou celle qui m’écrit, je comprends tout, tout ce que j’aurais dû faire, ou ne pas faire, mais je me demande encore s’il y a quelque chose dans toute cette histoire qui a finalement surpris la Déesse, ou si elle avait tout anticipé, comme cela semblait de prime abord. Tout était si bien agencé…Ce jour-là, alors que j’allais m’habiller – et les habits des servantes comme moi ne servaient pas à grand-chose d’autre que mettre en valeur tout ce qu’ils dénudaient – je pris la décision d’aller voir Tekhos Metropolis. Avec ou sans l’aide du père Correl. Jele fis au coucher de la nuit.
Mais l’excursion était mal préparée. Une fois dans les plaines de Tekhos, je découvris le monde extérieur exactement comme je ne me l’étais pas imaginé. Je dus traverser une alternance de collines et de vallons boisés et de plaines desséchées. Plusieurs fois je traversai des champs de bataille. Il y avait des cadavres humains, mais les autres, hé bien…Je ne savais tout simplement pas de quoi il pouvait bien s’agir.
Il me fallut toute la nuit et la moitié du lendemain pour rallier la ville, épuisée et assoiffée, mais je ne m’étais pas même accordée une pause pour enfin voir la cité de mes rêves le plus tôt possible. Le résultat fut un peu plus à la hauteur de mes espérances. Mais je n’y restai pas longtemps. Dieux que le hasard fit mal les choses ! Le père Correl me retrouva le soir même alors que j’errais dans les rues à la recherche d’un toit pour la nuit. Enfin, « recherche » était un bien grand mot, disons que j’attendais plutôt l’illumination, et, ne possédant pas, un sou en poche, et même si ça avait été le cas, n’ayant jamais entendu parler du concept d’hôtel ou même de location depuis mon arrivée au couvent où débutaient mes souvenirs. Heureusement pour moi, les habitants du cru étaient plutôt des gens civilisés, et mes vêtements trop provocateurs ne provoquèrent ni insultes, ni tentative de viole, ni problèmes avec les autorités. Simplement, ça ne devait pas être bien discret, car le lendemain matin, après une nuit passée en compagnie du père, menottée, d’ailleurs, pour éviter que je ne m’échappe, nous rentrâmes au couvent à l’aide d’un moyen de transport tel que je n’en avais jamais vu. Pendant ce voyage, j’eus l’occasion de voir pour la première fois de ma vie l’utilisation d’une arme à énergie. En fait, un fusil 2I, comme l’appelait le chauffeur qui nous conduisait, un fusil à impact ionique. Une arme qui envoyait une décharge ionisante sur les créatures qui nous attaquèrent. Je compris pourquoi le père avait insisté pour que nous engagions un garde du corps. Grâce à la vitesse de l’engin que nous utilisions, nous pûmes distancer les créatures de l’espèce de celle que l’impact ionisant avait mis KO – soit dit en passant, si vous vous imaginez qu’il s’agit d’une arme sub-létale, dites-vous que ce type était condamné à mourir d’un cancer ou d’une mutation mortelle de ses cellules, en quelques mois, mais le gros avantage des 2I était de ne pas consommer autant d’énergie que les armes laser – et nous regagnâmes le couvent.
« Tu m’as désobéi… »
Correl était furieux, ça s’entendait dans sa voix. Il avait le visage impassible, et la voix froide et neutre, mais on sentait la fureur qui rugissait en lui.
« Tu m’as désobéi, espèce de sale catin, pourquoi est-ce-que tu peux bien te prendre, bordel de merde ? »
La claque qu’il m’admonesta claqua sèchement dans son bureau, et je tombai au sol, les larmes aux yeux.
« A partir de maintenant, tu porteras ce collier, que je sache en permanence où tu es, dit-il en me jetant un anneau de métal du diamètre de mon cou. Mets-le ! »
Je regardai l’objet. Il était sans doute bourré d’une technologie invisible, mais pour moi, il ressemblait simplement à une chaîne de métal. Et puis tout d’un coup, je me rendis compte qu’on me traitait comme une chienne.
Le père m’attrapa par les cheveux et me souleva de terre, prenant le collier de l’autre main qu’il ouvrit de l’indexe. Je me débattis furieusement, sentant les larmes se mettre à rouler sur mes joues. Comme certain jour fatidique une éternité d’un an plus tôt…
« Lâchez-moi ! hurlai-je. Lâchez-moi ! Lâchez-moi lâchez-moi lâchez-moi… »
Ma voix se perdait dans mes sanglots et de ma main droite j’attrapai la sienne qui tenait le collier. Ça ne sembla pas le gêner plus que ça. Alors je lâchai tout. Le monde devint flou, je perdis la notion du temps, mais je sentis distinctement quelque chose qui lâchait en moi. Au demeurant, c’était aussi foudroyant, aussi
bon qu’un orgasme, et en même temps, aussi douloureux que dix coups de fouets. Je me retrouvais propulsée plus loin, sans comprendre ce qu’il m’arrivait, mais j’étais ailleurs. Il y avait une infinité d’êtres autour de moi. Mille et mille entités, et je sentais que si je poussais, je pourrais aller les trouver, dans d’autres lieux, d’autres mondes, d’autres réalités, peut-être que je pourrais devenir plus puissante qu’Aphrodite elle-même, pensai-je en l’instant. Peut-être cette nouvelle première fois loin de l’influence de la Déesse aurait pu se révéler bien plus fructueuse, avec tout l’acquis de mon ancienne vie sans les préjugés. Elle ne le fut pas. J’étais paniquée, et je perdis ma chance, je me claquai les portes au nez et attrapai la première entité qui passa à portée de main. Je la pris du bout des doigts et la trainai derrière moi. Je pourrais retourner en ces lieux, je le savais, mais jamais plus ma perspective ne serait aussi éloignée…aussi
infinie…je le savais. L’esprit que je ramenai au hasard, je l’injectai de toutes mes forces dans le corps de cet homme que je voulais tuer...tuer pour qu’il me lâche…tuer pour me venger…tuer. L’homme recula, ses yeux révulsés à tel point qu’ils n’étaient que deux globes blancs, et je chutai lourdement au sol, mais je ne le sentis pas vraiment, comme si c’était quelqu’un d’autre qui venait de heurter le dallage froid. Les mains de Correl s’agitaient en spasmes incontrôlés tandis qu’il venait heurter le mur du fond. Il chuta lui aussi, entrainant deux étagères dans un tintamarre assourdissant. Je regardais ça avec l’impression que quelqu’un d’autre que moi assistait à la scène. Mon bras droit me lançait sourdement, mes larmes me brûlaient comme de l’acide, et je ne pouvais m’empêcher de sangloter inconsidérément et de grelotter de froid en même temps, accompagnée de cette pensée : qu’est-ce qu’on doit avoir froid, quand on meurt. Le père eut un spasme, dans tout le corps cette fois, et se pencha en avant pour vomir. Un flot de sucs digestifs et de sang s’écoula de sa bouche grande ouverte, accompagné de fluides noirs et épais. Quel genre de défenses pouvait donc mettre en place le corps humain pour chasser un esprit ? L’homme s’effondra le visage dans la bouillie immonde et rougeâtre. Il cessa bien vite de bouger, et alors que je le regardais avec des yeux agrandis de terreur, je me mis à crier, de douleur, et de peur. Je la sentais se creuser dans mon bras…La rose…L’équilibre…Puis mon hurlement à la mort se mua en rire, hystérique, incontrôlable, fou même, et quelqu’un vint finalement voir ce qui pouvait faire un tel boucan dans le bureau du père Correl.
Il mourut, et une dizaine d’autres avec lui, et chaque fois, la douleur devenait plus insoutenable. Pour la deuxième fois en moins de deux jours, je m’enfuis du couvent de l’Ordre, cette fois, j’avais laissé un champ de cadavres derrière moi. J’avais fait des vendanges de sang…La rose d’un rose extrêmement pur, et les épines couleur émeraude le long de la tige s’étendaient sur toute la longueur de mon poignet. Les pétales, eux, s’étalaient sur la naissance de ma main.
Je rejoignis Tekhos, et là-bas, j’appris beaucoup de choses sur la vie à l’extérieur. J’eus quelques rares flashbacks de ce que je pensais être mon passé. Mais vraiment infime, juste assez pour me donner l’impression d’être sur la piste. Mais, surtout, j’en appris plus sur mon pouvoir. Cette idée d’équilibre me vint après une longue nuit blanche vouée à la réflexion. J’avais appris que dans cette ville où la technologie était tout, il n’était pas si difficile que ça de vivre. Mais je ne pourrais rester ici très longtemps. J’avais déjà vu des hommes d’église me chercher, j’avais eu quelques retours et devais me faire violence pour ne pas commettre de bêtises. Bien sûr, j’aurais pu expliquer toute la vérité à ceux qui me traquaient. Que j’avais assassiné la moitié du couvent sans être maîtresse de mes actes, que c’était la faute au père Correl qui avait voulu me passer un collier. Et puis on m’aurait répondu que j’avais été un objet sexuel pendant une année pleine sans jamais chercher à me rebeller, et on ne croirait pas à une telle fadaise.
La situation devint plus tendue que la rumeur selon laquelle j’étais une sorcière capable de tuer les gens en les touchant se répandit, et je dus prendre la tangente. Je quittai Tekhos et vinrent deux années d’errance et d’apprentissage, mais surtout, de fugue, car la recherche dont je ne faisais l’objet qu’aux alentours du couvent devint une traque généralisée. Je me rendis compte que je savais me battre, et même si aujourd’hui, alors que je vous narre cette courte histoire, je sais pourquoi, dans le présent de notre histoire, je n’y comprenais rien. Je me contentais de prendre ce qu’il y avait de bon dans mes capacités. Je me rendis compte que le plaisir compensait la douleur, l’invocation compensait la mort… Ainsi j’essayais autant que possible de ne pas tuer, car en compensation je devais invoquer un djinn et le libérer de ses entraves, et cela faisait grandir la tige de la rose. Et le sommeil ne compensait pas cette dépense d’énergie… Mais y avait-il quelque chose pour la compenser ? Car c’était elle-même qui compensait le fait que je donne la vie à des entités venues d’ailleurs. Et si j’avais dû compenser la compensation, alors la rose aurait noirci tout ce temps où je ne l’avais pas fait…
Au bout de ces deux ans d’errance, je pris une décision importante. J’avais entendu parler des tramées dans le monde, ces trous qui permettaient de rejoindre d’autres mondes. Je décidai donc de les explorer. Je partirais en quête de connaissance, et je chercherais à comprendre tout ce qui était lié à moi. Mon passé, et mon futur, cette rose sur mon bras, et mon complexe d’équité. Comment je savais me battre, et aussi pourquoi est-ce que je pouvais invoquer des esprits. Si je m’étai rappelé d’Aphrodite et du Grand Jeu, je lui aurais attribué la cause de tout cela. Car comment un tatouage aurait-il pu apparaitre spontanément sur mon bras sans que ce ne soit sa volonté ?
Situation de départ : Séraphina a passé les premières années de sa vie en tant que servante d'Aphrodite, donc dans un contexte forcément très charnel, elle a passé ensuite pas mal de temps avec son grand amour, et ils n'ont pas spécialement attendu le mariage pour faire crac-crac.
Ensuite, elle s'est faite régulièrement violer pendant un an, et a eu de sporadiques aventures - souvent, pour compenser la douleur - au cours de son errance. Donc, on peut dire qu'elle a une certaine expérience, même si dans sa majorité, elle l'a oubliée ou elle tente de le faire.
Autres : Autre chose ? En voilà une question qu’elle est épineuse… Séra possède le pouvoir de s’autodétruire ? De répandre le mal autour d’elle ? De s’attirer des ennuis ? Plus qu’on pouvoir, elle a la contrainte de l’Equilibre. Qu’est-ce là ? Tout en elle se doit d’être équilibre.
Elle se doit de compenser chaque mort qu’elle dispense par une vie qu’elle donne. Chaque souffrance qu’elle inflige ou reçoit par l’équivalent en plaisir. Sans quoi, ce tatouage innocent qui pare son bras droit s’assombrit, cette rose artistiquement apposée sur sa peau fine passe du rose le plus pur à un noir profond, lentement mais surement. Le processus est déjà en cours, la rose est rouge comme le sang, et sa tige a commencé de s’étendre presque jusqu’au coude de la femme. Pourquoi s’étendre ? me direz-vous. Comment compenser chaque mort par une vie ? vous rétorquerai-je. Car Séraphina n’a pas la faculté d’enfanter sur commande, non. Ou si ? Elle enfante des esprits. Des démons. Des djinns. Des génies. Ou comme vous désirez les nommer. Telle est sa magie, et telle est l’épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête, car telle est sa malédiction. En effet, invoquer un esprit ne se fait pas sans dommage, cela requiert de l’énergie, et cette énergie est celle de la jeune femme. Elle se renouvelle, pensez-vous très probablement, comme le sang après une hémorragie, comme la mana dans un roman de fantasy. Hé bien non. A chaque esprit que le monde voit venir, Séra donne une parcelle de son être, un fragment d’âme, un éclat de vie pour compenser celle qu’elle a prise.
Mais a chaque fois qu’elle agit ainsi, la rose fonçant tatouée sur son avant-bras s’étend, lentement, sournoisement, mais sûrement. Si elle ne le fait pas, elle fonce. Alors, quel parti prendre ? Qu’arrivera-t-il quand les pétales incarnats seront couleur d’un ciel de nuit sans Lune ? Qu’arrivera-t-il quand les épines émeraude dessinées d’une main de maître se resserreront autour de son cœur ? Car ces épines lui font aussi mal que le feraient autant de lame de rasoir. Mais à ces questions, nulle réponse, sauf dans l’esprit tortueux de la Déesse. Peut-être ne se passera-t-il rien. Peut-être Séraphina Algul sera-t-elle juste libérée de son complexe d’équité. Et peut-être mourra-t-elle, ou finira-t-elle par cesser d’être, devenant une âme en peine, errante et écartelée. Pauvre âme…
Autrement, on ne la voit jamais se déplacer sans une guitare dans le dos. Elle adore jouer de la musique, et les cordes pincées sont ses instruments favoris. Quelle extase ça va être quand elle tombera sur une guitare électrique...
Armes :La demoiselle est plutôt bien équipée. Dans l’ordre, on a :
- Des poignards, accrochés à l’extrémité de bandes de tissu sombre. L’allonge est à peu près de cinq mètres, et s’il s’agit là d’une arme difficile à maîtriser, elle est redoutablement efficace. L’une des lames est courbe, et l’autre droite.
- Une épée, dite bâtarde, ou épée à une main et demie, c’est-à-dire qu’elle peut se manier à une main comme à deux. C’est une arme de bonne facture sans rien d’exceptionnel, comme on peut en trouver des dizaines sur d’anciens champs de bataille, simplement, elle se rapproche d’un glaive par la forme de sa garde.
- Une gunblade, mélange étonnant d’une épée courte et d’un six-coups. C’est une arme illégale et très rare, puisque peu d’artisans croient en la viabilité d’un tel procédé. Quand elle se déplace en ville, Séra est obligée de dissimuler la gunblade, cependant, autrement, elle la porte dans un étui sur sa cuisse droite. Elle est chambrée en .45 Long Colt.
Comment avez vous connu le forum : Via un top-site ; de là à dire lequel, je me rappelle plus, ça fait des mois que je me demande si je m’inscris ou pas :P
Avez vous des moyens de faire connaître le site autour de vous ? Si oui lesquels : Nan, mes excuses.
[/list]