Un traitre...
Dante regarda l'homme devant lui. Et le problème, c'est que l'homme de main en question ne baissait pas le regard. L'italien n'était pas d'humeur à apprécier le courage de son sous fiffre, quand bien même il paraissait parfaitement calme et serein. Hana Bertinelli, elle aussi, se tenait coite, et attentive, planquée avec l'un de ses cousins derrière une large bibliothèque qui cachait le couloir secret qu'ils avaient empruntés. Et nul doute que leur oncle / père se doutait de leur présence. Mais s'il était au courant, Dante n'y fit pas mention une seule fois ; ni avant, ni pendant, ni après l'entretien, quand il serait terminé. En attendant...
- Tu es censé garder de l'influence sur tes hommes.
- Ecoutez, j'ai pas de preuves...
- Mais des doutes... Au point que tu oses venir me déranger pour de telles broutilles. Est-ce si compliqué de s'occuper d'un homme ? Te serais-tu transformé en bisounours au point de ne pas simplement tuer cette petite merde ?
Oh, là, il y avait de la tension. L'homme devint livide. Il baissa même le regard un court instant, avant de lancer :
- Il a... disparu... Je ne sais pas où... Je suis sur le coup, mais je ne... le retrouve pas.
- Ah.
Dante planta ses mains dans les poches de sa veste, et marcha sur quelques pas. Hana ne vit pas quel trajet il effectua, mais devina qu'il s'était rapproché de son bureau. Hu ho. L'homme de main allait morfler dans peu de temps.
- Et vous espériez que je vous aide.
Oups...
- Ecoutez, je vais le retrouver... Je l'empêcherai de vous nuire, M. Bertinelli.
- Vous avez intérêt.
Hana partit aussitôt. Non pas parce que la mort, ou la blessure d'un homme de main, allait la choquer, mais bien parce que le moment était grave. Il fallait retrouver ce rat, et au plus vite. Hey, l'air de rien, elle aussi était en danger, dans cette histoire. Sauf que Hana Bertinelli ne se lance pas comme ça dans l'action. Hana Bertinelli est trop précieuse pour cela. Alors, Hana Bertinelli se dirigea vers sa salle de gym, comme toujours. Parce que tout le monde dans cette maison savait combien elle était accroc au sport. Il fallut attendre quelques heures pour qu'elle se livre à son autre passion...
Revêtue de son costume violet moulant, une oreillette reliée à la radio de sa moto qui scannait les différentes ondes qui passaient, Huntress attendait. Le bruit était assourdissant, mais s'il y avait quelque chose d'intéressant, son ordinateur de bord le lui décoderait... Il fallut attendre 22h pour que l'ordinateur ne repère l'échantillon vocal d'un des sous-sous-sous-sous homme de main de Dante, et un appel trop court. La voilà qui coupe tout le reste pour entendre juste ce petit morceau de conversation. Très bien, elle sera au rendez vous, elle aussi...
Nancy Callahan... Qui que tu sois, je vais t'avoir à l'oeil... D'ailleurs, la recherche fut rapidement lancée, et pendant que l'ordinateur s'en donnait à coeur joie de farfouiller dans tout ce qu'il pouvait, Hana, elle, se lança à bride abattue à travers la ville. Elle devait intercepté le rat avant qu'il ne prenne contact avec la fameuse Nancy. Ce nom lui disait quelque chose, mais impossible de mettre le doigt dessus. En attendant, le plus urgent, c'était la cible. Hana écuma la ville, à sa recherche. Trouver son portable lui fut impossible, et finalement, en voyant l'heure fatale approcher, elle n'eut d'autre choix que de se rendre au rendez vous...
Huntress laissa sa moto dans une ruelle sombre, et gagna les hauteurs, et le couvert du toit d'un kiosque qui se trouvait non loin du point de rdv. Son arbalète était déjà armée. Il ne restait qu'à attendre la cible... C'est une jeune femme qui se présenta en premier, sans doute cette "Nancy"... Quelques instants plus tard, la rat se montra enfin. Un sourire, un regard plein de haine, et avant même qu'il n'ait pu ouvrir la bouche pour autre chose qu'un "Nancy Callahan ?" que la corde de l'arbalète claqua, et que le carreau ne lui traverse le crâne. Vite fait, bien fait. En espérant que l'homme ait eu la bonne idée de ne pas avoir une version papier de ce qu'il voulait dire. De toute façon, Huntress veillait. Elle n'avait pas l'intention de partir déjà.