Entre livres et maladresse [Pv : Saika]

Début d’après-midi, les cours devaient certainement recommencer puisque le peu d’élèves qui se trouvaient ici, quittèrent la pièce en quelques secondes. Le clame studieux se troubla sous les chaises qu’on bouge, les livres qu’on ferme, qu’on range… L’endroit retrouva sa sérénité, protégeant en son sein le savoir et la connaissance dans un silence immuable.

Silence, silence. Il y avait bien à l’entrée cette personne qui tenait le registre des livres que les élèves empruntaient le troublant de temps à autre par le bruit que faisaient les touches de son clavier. Certainement trop affairée à son travail, elle n’avait pas remarqué qu’il restait encore quelqu’un dans les étalages.

Dans une tenue rappelant les uniformes, la silhouette traversait les rayonnages d’un pas lent. Jupe noire, plissée, arrivant à mi-cuisse, chemisier blanc légèrement déboutonné sur le haut, ne laissant voir que la naissance de sa poitrine, Opium s’était merveilleusement bien glisser dans le rôle de la parfaite étudiante. Ses longs cheveux cendrés s’agitaient dans son dos à chacun de ses pas trahissant la grâce naturelle de la créature.
Puis elle pivota enfin dans une allée, laissant son index glisser sur l’arrête d’une étagère. Et lorsque celui-ci se stoppa, se fut pour effleurer la reliure d’un bouquin. Elle plissa les yeux, dans une petite moue et retira le livre de ses confrères.

" Baudelaire "

Avait-elle soufflé.
Cela ne faisait plus aucun doute maintenant. Opium avait trouvé son bonheur dans la poésie. Dans un geste plus nonchalant, le coude de la créature se posa sur une étagère alors que sa main venait se nichait sous sa tête. Les prunelles ambrés s’enquirent aussitôt de cette nouvelle forme de savoir.
 

C’était en début d’après-midi. Ce jour-là, Saika avait été désigné pour faire, en guise de punition pour l’une de ses éternelles bourdes, le rangement à la bibliothèque, visiblement, le professeur qui l’avait punit avait oublié qu’avec une catastrophe de sa nature, le lieu risquait de se retrouver dans un plus gros bordel encore qu’avant. Les heures passaient, Saika se trimballait des piles de livres et quand les élèves le voyaient, ils détalaient aussi sec. La sonnerie des cours retentit mais Saika n’avait pas cours cet après-midi là.

J’en ai marre de tout ça, c’est pas comme si je faisais exprès à la fin !

Alors qu’il se trimballait une énorme pile de livres lui masquant la vue, il ne vit pas la jeune fille sur son chemin et la percuta de plein fouet. Il s’en suivit un joli fatras. Quand il reprit ses esprits, il était à moitié avachi sur la jeune fille, les livres dispersés un peu partout autour. Il observa un instant la personne en face de lui. Une jeune femme, très jolie, aux longs cheveux cendrés et habillés de l’uniforme des lycéennes. Elle était très belle et semblait avoir un charme presque… surnaturelle. Revenant à la réalité, il se dépêcha de se relever et tendit la main à la jeune fille.

Je suis vraiment désolé, je ne t’ai pas fait mal j’espère.

Les pages défilés sous ses yeux sans qu'elle ne s'en lasse. La lecture lui plaisait. Assez en tout cas pour qu'elle ne voit pas venir ou alors... Ou alors, elle s'amusait déjà avec les files du destin tirant sur l'un d'eux dans un semblant de hasard.

Lorsqu'elle leva les yeux, ce fut trop tard. Elle se sentit partir. Quelques secondes suffire pour qu'elle se retrouve au sol. Elle cligna des yeux à plusieurs reprises, laissant une grimace prendre possession de son visage et lorsque la donzelle voulut se relever, se fut impossible.
Et pour cause. Ses iris ambrés survolèrent l'image du jeune homme et l'espace d'une seconde on aurait pu jurer voir un sourire sur ses lèvres.
Lorsqu'il se releva pour lui tendre une main, le rouage se mit doucement en place, irrésistible.
Une mèche de cheveux glissa, venant entraver son visage alors qu'une main glissa aussitôt sur sa jupe, croisant les jambes au même instant. Elle n'était pas si mauvaise dans la peau d'une lycéenne.
Sa main s'éleva doucement dans les airs dans geste empli de grâce. Ses glissèrent dans une lenteur exquise sur la peau du jeune homme jusqu'à rejoindre sa paume. La main se referma sur celle du maladroit qui n'eut aucun mal à l'aider à se relever.

" Merci "

Le mot s'était échappé d'entre ses lèvres venant taquiner celle-ci d'un sourire pour justifier sa parole. Opium pivota un peu, constatant l'étendu des dégâts dans une petite moue enfantine.

" Je suis vraiment désolé, je ne t’ai pas fait mal j’espère. "

A ces mots, les prunelles de la belle revinrent aussitôt à lui, replaçant délicatement la mèche de cheveux derrière son oreille.

" Ca ira, ne t'inquiète pas. Je ne faisais pas vraiment attention non plus."

En fait ce qui l'inquétait un peu plus c'était tout ce fouilli devant elle. Non pas qu'elle est en horreur le désordre, mais son livre se trouver là. Oui parce que notre chère Opium avait tellement appréciée sa lecture qu'elle comptait bien la continuer un autre jour. Ne tardant pas à reprendre sa moue enfantine, elle observa une nouvelle fois l'étendue des dégâts.
 
Tu ne voudrais pas un peu d'aide peut-être ?

Tout en elle n’était que grâce et élégance, elle était tellement belle que Saika en eut la parole coupé sur le coup. Il frissonna quand elle posa sa main dans la sienne, sa peau était d’une grande douceur. Il la releva facilement et elle le gratifia d’un sourire charmant qui le fit rougir.

Tant mieux, je m’en serais voulut de t’avoir fait mal.

Pour reprendre sa contenance, Saika regarda l’étendue des dégâts, les livres ne semblaient pas abîmés mais ils étaient répandus partout par terre. Il se baissa et commença à les ramasser lorsque la voix de la jeune fille s’infiltra de nouveau à ses oreilles, lui proposant un peu d’aide.

Euh… oui… si tu veux…

Il était gêné par la présence de cette magnifique créature et il essaya de briser le silence comme il put.

J-je m’appelle Saika… e-et toi ?

Tiens, il rougit ? Le mouvement de sourcil fut presque imperceptible. La surprise certainement. Oui, c'était ça. Elle fut presque déçue que se fut aussi rapide. Néanmoins elle ne se laissa pas aller à sa réflexion personnelle et s'approcha de lui alors qu'il commençait à ramasser les livres.
Il lui semblait tout à fait logique, du moins dans son esprit qui n'en trouvait pas toujours, de lui proposer un peu d'aide et lorsqu'il accepta, la chose l'enchanta.
Elle s'agenouilla auprès de lui, les longs cheveux cendrés venant retrouver son dos en s'agitant à peine dans le mouvement, néanmoins suffisant pour révéler l'odeur de la créature. Faible odeur d'encens, rien de bien prenant, juste assez fort pour se manifester.
Une main se posa au sol alors que son buste s'avança au dessus des livres, l'autre venant survoler l'étendue pour s'emparer d'un livre qu'elle déposa près de lui.

Opium. Je m'appelle Opium.

Encore un sourire. Le jeu des convenances humaines lui plaisait drôlement. Et la changeait surtout.
La donzelle réitéra son geste à plusieurs, suivant toujours le même schéma. Ce n'est que lorsqu'elle vit son livre que l'élégance s'envola pour quelques minutes. Les doigts se crispèrent dessus et ramenèrent l'objet de culture vers elle. Ce n'est qu'une fois près d'elle qu'elle reprit ses manières douceureuses.

Tu as un devoir à faire pour te balader avec tout ça ?

Saika vit la jeune fille s’agenouiller et venir prendre les livres, tous ces gestes étaient doux et élégants. A un moment Saika eu l’impression de sentir comme une légère odeur parfumé et se demanda d’où cela pouvait venir…

Il mets de l’encens dans la bibliothèque l’autre maintenant ? Bizarre…

Opium ? C’est assez original…

Quels parents donnent un nom de narcotique à leur fille ? Peut-être était-ce un surnom… Mais si la jeune fille voulait être appelée ainsi alors soit, Saika n’était pas le genre à juger. Il remarqua qu’au milieu de ces gestes doux, elle se crispa soudainement sur un livre qu’elle reprit avec elle avant de reprendre en douceur.

Non, pas vraiment, je suis punis en quelque sorte et condamné à aider à ranger. Et toi, c’est pour un devoir ce livre ?

Opium était toujours mieux que "pavot". Bien sûr qu'Opium était un surnom. Heureusement même. Et cela ne devait échapper à personne. Oui vraiment, quels parents oseraient nommer ainsi leur enfant.

Opium ? C’est assez original…

Ce n'est qu'un surnom.

Reprit-elle dans un sourire mélancolique histoire de donner l'illusion qu'elle ne souhaitait pas aller plus loin sur ce sujet. Une fois le livre de son coeur auprès d'elle, la belle s'éloigna un peu de lui allant chercher ce qui traînait plus loin. A vrai dire, elle s'étonna elle même de s'attacher autant à de simple papier reliés entre eux.

Non, pas vraiment, je suis punis en quelque sorte et condamné à aider à ranger. Et toi, c’est pour un devoir ce livre ?

Punis ?

Reprit-elle en haussant un sourcil. Alors qu'elle relevait la tête vers lui. Plutôt simpliste comme punition. Du moins pour elle ça l'était.
Et puis la phrase repassa dans sa tête alors qu'elle avait fait abstraction du reste.

Ah ?! Ce livre ?

La main frêle se posa doucement sur la couverture du livre. Elle se releva, emportant avec elle dans son ascension le fameux livre. Opium le tourna et retourna un moment entre ses mains avant de lui répondre.

Non, pas pour un devoir. Je devais simplement le lire pour les cours et puis...

Les prunelles ambrées vinrent se pousser en douceur sur son visage et y glissèrent tendrement.

J'ai eu un vrai coup de foudre pour son auteur.

La jeune fille lui répondit qu’il s’agissait d’un simple surnom et Saika vit comme une sorte de tristesse sur son visage, visiblement, le sujet la dérangeait un peu…

C’est un peu original mais j’aime bien.

Elle semblait un peu étonné par sa punition et le jeune comprit qu’il devait peut-être lui expliquer en quoi cela en était une.

Oui, punis. J’ai fais une bourde et résultat, j’ai passé la journée à me trimballer des trucs lourds comme des piles de livres, les remettre en place, etc. C’est très chiant à la longue.

Elle releva la tête vers lui et Saika se remit à rougir instantanément, cette fille avait vraiment un petit quelque chose de mystérieux mais pas désagréable…
Elle tenait un livre à la main et le jeune homme observa la couverture pour voir de quoi il s’agissait.

Baudelaire… shooté à l’opium et à l’absinthe…

Tu lis Baudelaire, tu aimes bien la poésie ?

C'est que l'instinct d'Opium ne la trahit que rarement à l'occasion et surtout pour la remettre à sa place.
La poésie. La chose était un peu nouvelle pour elle. Rien de bien précis encore de son esprit mais l'habileté qu'avait l'auteur à mêler les mots les uns avec les autres la fasciner presque. Les phrases s'enchaîner sans qu'elle n'y trouve lourdeur ou austérité. Le rythme suivait pour la plupart du schéma type dans lequel elle se laissa aller et...

Tu lis Baudelaire, tu aimes bien la poésie ?

Oui. Baudelaire. Sussura Opium, avant de reprendre un peu plus haut. Poète un peu torturé par les femmes.

Son regard s'intensifia. Voilà donc ce qui lui plaisait autant. Baudelaire et son "amour" pour les femmes. L'ambivalence des sentiments qu'elle retrouvait en lui, la troublait un peu.
Elle fixa un moment la couverture sur laquelle était lisiblement écrit Les Fleurs du Mal. Rien que le titre laissait voir le paradoxe qui hantait l'homme. Opium se rapprocha de Saika et lui tendit le livre dans un geste souple.

Une lecture convenable quand on arrive à lire entre les lignes. Tu as déjà lu ?

La réponse à peine susurré de la soi-disant jeune femme donnait des frissons à Saika rien que par son passages dans son oreille, elle avait vraiment un petit quelque de différent… et d’envoûtant…

Torturé par les femmes ? C’est possible ? A moins que ce soit les mélanges qu’il s’enfilait qui lui faisait ça…

Opium semblait envoutée par ces écrits, comme si il y avait à l’intérieur une réponse à une grande question existentielle…
Elle vint ensuite vers lui en lui montrant la livre, sa grâce et sa beauté troublaient le jeune homme qui rougissait façon tomate bien mûr…

Et bien… j’ai essayé une fois ou deux… mais ca ne m’a pas intéressé…

Le jeune homme eut ensuite un petit rire nerveux et la regarda avec son grand sourire.

Désolé, je ne dois pas être très réceptif à ce genre poésie…



[HJ- pardon pour mes remarques bizarres, mais j'ai jamais pu encadrer Baudelaire ]

Elle plissa les yeux alors que son sourire s'étiola un peu plus sur ses lèvres lorsqu'il s'excusa. Elle commençait sérieusement à le trouver mignon dans sa gène constante. Il faut bien l'avouer, le voir rougir ainsi ne peut l'amener qu'à sourire d'avantage. Son égo s'y complait. Voilà tout.

Désolé, je ne dois pas être très réceptif à ce genre poésie…

Il n'y a pas à s'excuser, chacun ses préférences.

Et puis elle se relève. S'il est toujours agenouillé, la vue ne sera surement pas négligeable.
Les jambes à la peau tannée mèneront à sa jupe comme une invitation muette. Les plis du tissus venant voiler la vision. Impossible de voir plus et plus loin.
 Et puis elle recula de quelque pas, serrant contre sa poitrine le fameux livre. Là, tout prit une allure déconcertante, jurant avec sa lenteur. La jupe se releva un peu dans le mouvement intimer par ses jambes et dévoila la naissance de ses fesses qui se retrouvèrent la seconde d'après, de nouveau cacher. Le tissu reprit sa place contre sa peau, alors qu'elle pivota pour ranger son livre, lui tournant le dos.

La jeune fille lui répondit de sa voix envoutante puis releva avec grâce. Saika avait devant les yeux un spectacle des plus intéressants, de longues jambes fines à la peau tannée que l’on aurait envie de caresser. L’instant d’après, elle fit un mouvement des jambes qui dévoila le bas de ses fesses ainsi qu’un tout petit bout de ses charmants dessous pendant un cours instant pendant lequel le temps sembla tourner au ralenti. Saika se mit alors à déglutir violemment.

Mais qu’est-ce que je regarde moi ?!

Saika se mit à rougir de sa propre gêne et dans un mouvement précipité fit retomber les livres qu’il avait ramassé.

Et merde…

Le jeune homme soupira et recommença sa tâche, espérant ne pas collectionner une nouvelle bourde et il lança un grand sourire à la jeune fille.

Tu peux y aller si tu veux, je risque encore d’en avoir pour un moment.

Son regard chercha un moment l'endroit qui était attribué au livre. Léger déhanchement dans sa recherche, une moue vient prendre place sur son minois. Dans une réflexion intérieur, elle haussa les épaules, insérant le bouquin au hasard.
Ses prunelles basculèrent à nouveau sur le jeune homme lorsqu'elle l'entendit jurer. Haussant un sourcil elle ne put que constater sa maladresse, éprouvant presque de la peine pour lui. Ca ne devait pas être facile tout les jours pour lui de devoir vivre comme ça. M'enfin, Opium n'allait pas le laisser tout seul. Pas maintenant en tout cas.

Eh bien. Pas d'chance.

Un nouveau sourire s'empara de son visage. Comment y résister ? Les masques défilaient sur son visage sans y prendre attache même si celui qui lui allait le mieux était celui-ci.

Je n'ai pas de cours cette après midi, alors rien ne m'empêche de rester avec toi.

Elle revint aussitôt vers lui, pleine de bonne volonté et se ravisa dans sa précipitation. Faudrait pas non plus que sa maladresse devienne contagieuse. Puis elle reprit plus bas feignant les adolescentes génées, baissant la tête. Celle-ci disparu aussitôt sous l'épaisse ses cheveux cendrés, voilant partiellement son visage.

A moins que cela te gène que je reste avec toi.

La jeune fille était toujours souriante, elle avait l’air vraiment gentille et Saika avait du mal à la regarder sans se mettre à rougir tant elle semblait attirante.

Toi non plus ? Et bien ça ne me gêne pas… mais tu as peut-être mieux à faire de ton après-midi que de m’aider à réparer mes bourdes.

Elle baissa la tête, masquant son visage derrière ces cheveux cendrés, cela lui conférait un air mystérieux qui la rendait encore plus fascinante. Saika avait un mal de chien à réfléchir correctement en sa présence, elle exerçait sur lui une sorte de fascination mais ce fut alors qu’il tilta sur un détail.

Dis-moi, tu es nouvelle ? Je ne me rappelle pas t’avoir vu.

A bien y penser, si le jeune homme avait jamais croisé une fille comme elle il s’en serait souvenue ou on lui en aurait parlé si elle était là depuis longtemps. C’est pourquoi dans l’esprit de Saika, il était plus probable qu’il ait à faire à une nouvelle élève…

Je suis découverte.

Un petit rire cristallin à la suite de ses mots. Se faire passer pour une nouvelle élève était assuremment la meilleure chose. Toute fois il fallait s'impliquer un peu plus dans son rôle où elle finirait par se faire avoir.
Et puis un bref sourire alors qu'elle posait les genoux à terre. Ses mains se posèrent aussitôt sur ses cuisses replacent consciencieusement les plis sa jupe. La manoeuvre se réitéra une nouvelle fois. Elle prit appui sur une main qu'elle posa à une vingtaine de centimètre de ses genoux, et se pencha en avant pour attraper plusieurs livres. Dans cette position, la jupe remonta, dévoilant un peu plus son fessier ainsi que son sous-vêtement. Au plus simple, le tissu était blanc et ne comportait aucune fantaisie.
Machinalement, presque comme robotisée, le geste se répéta restant une élégance légère. Sauf que pour cette fois-ci, sa main glissa sur celle du jeune homme. Hm, il semblerait que tout deux avaient l'intention de récupérer le même livre. La main de la donzelle s'attarda un moment avant même qu'elle ne le remarque. Aussitôt, elle a retira, baissant la tête, mimant à merveille le trouble et la gène.

Dé... Désolée.