Danaé s’avançait en sifflotant, après s’être assurée que sa lame était nettoyée et propre. Elle suivait le cours d’une rivière serpentant dans un paysage escarpé, et qui, normalement, devait la conduire vers le camp principal. Tenant sa lame contre son épaule, elle avançait d’un pas tranquille, évitant les cailloux, les racines, et descendant le long des petites buttes qui se dressaient ici et là sur son passage. Danaé, honnêtement, n’était pas fâchée de revenir au camp. Cela faisait maintenant plus d’une semaine qu’elle était partie, seule, vers une grotte. Elle s’était sentie honorée que les Amazones lui confient une mission sans l’assortir d’une supérieure, mais la solitude, malgré tout, finissait par lui peser un peu. Et, pour Danaé, «
solitude » rimait surtout avec «
abstinence sexuelle ». Elle se touchait toute seule, bien sûr, mais ça n’était pas pareil... Frustrée, Danaé s’était littéralement défoulée sur les quelques animaux sauvages et autres créatures qui étaient venus l’attaquer, que ce soit dans la grotte, ou sur le chemin y menant, ou en repartant. En plus, elle n’avait rien trouvé dans cette foutue grotte, ce qui la frustrait encore plus.
*
Bah, j’aurais tué un grizzly, au moins... C’est toujours mieux que rien, après tout...*
La rivière se précipitait, devenant un peu plus rapide, signe que Danaé approchait d’une cascade. L’eau était assez chaude. L’Amazone n’avait pas remonté le lit de cette rivière jusqu’à sa source, mais il était probable qu’il devait y avoir une source volcanique à proximité. La région était assez sauvage et reculée. Tout était possible. Les Amazones préféraient généralement se poser loin des villes ou des endroits fréquentés, afin d’être un peu plus tranquilles pour bivouaquer. Danaé estimait qu’il lui fallait encore deux jours de marche, en dormant peu, pour rejoindre le camp.
Elle cessa de suivre le sentier, qui l’aurait amené juste devant Rozalia (à ce moment, Danaé ignorait toutefois qu’une femme était à proximité), et préféra passer sur l’eau, afin de longer un chemin qui lui permettrait de gagner un peu de temps. Elle s’avança ainsi sur de l’herbe, étouffant ses pas (bien qu’il y ait une cascade, sa petite taille faisait qu’elle ne faisait que peu de bruit), et, alors qu’elle allait longer le bord, elle crut entendre... Des bruits d’éclaboussures. Surprise, Danaé s’arrêta immédiatement, pensant à une quelconque créature venue nourrir ses enfants, ou se nourrir. Prudente, l’Amazone se rapprocha ainsi du rebord, s’approchant d’un buisson. Si c’était un monstre, mieux valait se méfier...
Sa surprise fut de taille en voyant des vêtements éparpillés sur des rochers, et une femme nue, de dos, trempant dans le bassin chaud, à quelques mètres à peine de la cascade. Une légère vapeur s’échappait de l’eau, signe qu’elle devait être bien chaude, parfaite pour un bain. De dos, la femme ressemblait à une espèce de nymphe avec sa délicieuse peau, ses formes sveltes, ses hanches, et l’eau qui ruisselait sur son dos, formant des espèces de gouttes qui allaient se perdre sur ses fesses.
*
Par Artémis la grande, aurais-je des visions ?! Ou est-ce que la Déesse, dans son infinie bonté, a décidé de me récompenser pour la mort de ce grizzly ?*
Il fallait dire que Danaé était l’une des Amazones les plus productives. Avant de quitter le clan pour ce voyage, elle avait fait l’amour avec trois femmes, et espérait avoir au moins réussi à en féconder une. En tant que guerrière, c’est à elle que revenait l’honneur de féconder les travailleuses, et autant dire que Danaé adorait ça ! C’était presque comme sa juste et légitime récompense. Et, après tout, elle avait tué dans cette grotte un énorme grizzly. Le combat avait été difficile, car un ours était une créature particulièrement féroce.
Silencieuse et muette, Danaé ne bougeait pas, entre plusieurs branches et des buissons. La voir était difficile, et elle observait cette femme, son dos, sa nuque, ses cheveux superbes... Elle était... Elle était aussi belle qu’une Amazone devrait l’être, mais il était peu probable qu’elle en soit une. Quoique... Danaé ne prétendait pas connaître toutes les Amazones, mais il n’y avait aucune raison pour qu’Andromaque envoie une autre femme. Alors, qui était-elle ? Danaé l’observa un peu plus attentivement... Et comprit qu’il s’agissait d’une humaine, et non d’une nymphe.
Elle avait une tenue d’aventurière, et un arc, objets qu’elle avait posé à proximité. En hauteur, Danaé se mit à l’observer, et à saliver sur le corps de cette femme. Elle sentait son désir monter en voyant ce corps superbe.
Danaé la matait.