Cette position était assez grotesque, à bien y réfléchir, et relativement instable. Ceci étant dit, le sexe était, par nature, grotesque et instable. Des positions ridicules, enfantines, mais qui étaient la saveur du monde. Le pied de Félicia tapait contre les lèvres d’Aoki, mais c’était aussi vrai pour elle. Elle sentait contre son nez les doigts de pied de la belle Japonaise, et c’était relativement normal. Elles se serraient l’une contre l’autre, après tout, et leurs jambes remontaient naturellement. Félicia était celle qui permettait à ce duo de ne pas s’affaler lamentablement. Ses bras solides maintenaient Aoki, et elle utilisait ses talents pour remuer en harmonie, ondulant son bassin pour que leurs lèvres intimes se frottent, la peau rose humide glissant sur l’autre, provoquant comme des frissons électriques. Ça collait un peu, et la Chatte Noire en soupirait, vibrant sur le lit, ses mains continuant à tenir les doigts d’Aoki.
« Haaa... Haaaa... !! » gémissait-elle.
Elle sentit ensuite Aoki lui lécher le pied, l’embrasser, et le titiller. Fermant les yeux, la Chatte Noire ne tarda pas à lui rendre la monnaie de sa pièce, confirmant ainsi ses penchants fétichistes. Félicia était une perverse, et ce n’était certainement pas avec Aoki qu’elle allait s’assagir. Au contraire, la belle Japonaise lui donnait l’occasion d’approfondir sa perversion, de l’accepter librement, sans tabou. C’était tout ce que la femme souhaitait, et Félicia se laissait pleinement aller, continuant à remuer son bassin, à onduler, et encore et encore, leurs cris entrecoupés de gémissements résonnant dans la petite pièce. Le lit se couvrait de tâches de sueur et de traces de cyprine, et elle léchait et mordillait le pied d’Aoki avec une certaine passion, glissant sa langue dessus, frottant son nez sur la plante de ce dernier, avant de lécher chaque doigt de pied, les titillant et les mordillant. C’était bon, tout simplement. Félicia glissait lentement, s’envolant peu à peu vers le nirvana, vers la jouissance et l’orgasme.
Elle jouit en même temps qu’Aoki, et cessa de lécher le pied de la femme. Son menton glissa sur ses doigts de pied, ses doigts se crispèrent, et elle jouit avec plaisir, sa tête basculant ensuite en arrière dans un ultime soupir, et elle relâcha ensuite la pression, le corps en sueur. Ses fesses baignaient sur une sorte de flaque qui s’épaississait contre son bassin, et elle reprenait lentement son souffle, comblée. Ah, Aoki ! Diable, si elle l’aimait, cette petite ! Félicia reprenait lentement son souffle, et sentit alors Aoki se déplacer. Elle n’eut même pas à relever la tête qu’elle sentit Aoki avancer le long de son corps, pour se lover tendrement contre elle, glissant sa tête dans le cou. Elles étaient à l’envers sur le lit, et le pied de Félicia s’enfonçait dans une tête d’oreiller toute froissée. Les deux femmes s’embrassèrent à nouveau, tendrement, et Félicia posa une main sur la nuque d’Aoki, en appui, l’autre allant lui caresser le dos, filant le long de son corps pour gratter un peu ses belles fesses.
Le baiser fut relativement bref, et, lorsqu’il se termina, Aoki se permit une petite remarque, qui fit doucement sourire la Chatte Noire :
« Quand tout ce sera arrangé, j'aurais quelques surprises à enfiler, rien que pour toi bien sur. Sois juste un peu patiente, d'accord ? »
Félicia raffermit sa prise sur les fesses d’Aoki, se contentant juste de les caresser, d’en apprécier la rondeur, la douceur, et la fermeté, et lui répondit, avec un sourire :
« Alors, ne m’aguiche pas comme ça, ma belle, car j’aurais du mal à rester patiente... »
Aoki était progressivement en train de s’endormir, et Félicia devait admettre que le cocon de chaleur et de sexe qui régnait dans cette pièce ne l’aidait pas du tout à conserver les yeux clos. Quand Aoki se réveillerait, Félicia serait toujours là. Elle ne comptait pas la laisser seule, et, comme elle l’avait dit à Aoki, elle faisait confiance à d’autres membres du SHIELD pour pouvoir retrouver Rose, ou neutraliser l’Éventreur.
L’agent Koenig arrêta sa voiture dans un léger soupir des amortisseurs devant l’immeuble de la Toussaint. Avec ses Ray Ban et sa chemise à carreaux, il était l’archétype du touriste américain qui venait de se perdre dans le quartier. Il faisait plutôt chaud, et Koenig était seul. Cependant, il n’était pas inquiet. Quelques jeunes traînaient dans la rue, il y avait un vendeur à la sauvette ; et des immeubles décrépis. Ils auraient bien besoin d’un bon ravalement, et ça ne le changeait pas trop par rapport à East Los Angeles. Les toits étaient justes un peu plus pointus ici. Néanmoins, il était bien à la bonne adresse, et éteignit son GPS, avant de le ranger dans la poche intérieur de la voiture, et de sortir, mettant une veste en cuir qui dissimula son Glock dans son dos. Il ferma la voiture, la verrouilla, puis se rapprocha de l’immeuble, atteignant rapidement le trottoir.
Rose Marigold vivait ici. À partir des informations de Wheeler, transmises par Hardy, le SHIELD avait retrouvé les traces de Rose Marigold. Elle était venue à Seikusu il y a quelques mois, et travaillait dans un petit restaurant, en tant que serveuse... La vie était une foutue roue qui ne cessait de tourner, comme dirait l’autre. Koenig se rapprocha du perron, et, constatant que la porte était fermée, appuya sur un numéro au hasard, jusqu’à ce qu’on lui réponde. Il annonça, de sa voix la plus sincère, et dans un japonais presque impeccable, seulement teinté par quelques intonations rappelant qu’il était originaire du New Jersey, qu’il était un locataire ayant oublié ses clients, qu’il était affreusement navré, et demandait qu’on l’ouvre. Très rapidement, il entendit la sonnette caractéristique de l’ouverture de la porte, et la poussa.
Franck Koenig était suffisamment intelligent pour ne pas se remuer tout de suite vers l’appartement de Marigold. Il préféra plutôt fouiller les boîtes aux lettres. Koenig chercha celle de Rose, et, quand il l’eut trouvé, il sortit de ses affaires son jeu de rossignols, et crocheta la serrure. Rien de bien difficile. L’affaire lui prit moins de dix secondes, et il vit, à l’intérieur, un sacré paquet de lettres et de prospectus.
*Visiblement, Mlle Marigold n’a pas relevé sa case depuis longtemps...*