C'était inespéré pour Jad : avant sa mort, rencontrer une divin, une vraie. Cette ville était pleine de surprises. Elle était d'ailleurs exactement comme il l'imaginait : extravaguante, changeante, lunatique, indécise. C'était incroyable. Et l'environnement, ici, semblait emplis d'une sensation de folie qui l'affectait également. C'était incroyable de sentir son esprit troubler par une telle folie. Il avait déjà ressentis quelque chose de similaire en ayant été dans une chambre capitonné pendant plusieurs jours, recevant régulièrement une dose de médicament hallucinogène, à sa demande bien entendu, souhaitant parcourir les tréfonds de ses propres pensées. C'était vraiment incroyable.
Elle se mit à lui tourner autour, en le nommant mortel, lui serrant la main, tout en jouant avec un couteau dans la main. Il ne savait pas vraiment si elle tenterait de le tuer, ou si ce couteau était un instrument de son pouvoir, comme le trident de Poséidon, la tête de démon de Shiva ou les mâlas de Bouddha. Il allait mourrir au final, sans doute, alors s'en inquiétait été stupide.
Le décor changea soudainement : il revoyait la scène qu'il avait vécu quelques secondes auparavant, mais les secondes étaient stoppées... le temps était arrêté ! Allons, reprendre ses esprits, avant que la folie ne le possède entièrement. Mania lui expliqua son destin, sous-entendant que tant qu'ils restait ici, il "vivrait", tant qu'elle restait dans sa tête. Il observa autour de lui : alors ce monde était l'intérieur de sa tête. Il aimerait le visiter, à l'occasion...
Elle tenta de toucher mon double fantomatique, se soldant par un échec, bien entendu. Elle grogna un peu, en silence, bien que je l'endentai dans ma tête, avant de se retourner vers moi. Elle me proposa un marché, étrange. Soit je mourrai sans elle dans ma tête, sois elle demeurait dans ma tête et me protégeai. En tant que divinité, elle devait avoir le pouvoir de me protéger. Mais l'idée de l'avoir toujours dans ma tête... me dérangeait.
« Puissante déesse, je dois reconnaître que votre proposition est intéressante, et je ne doute pas que votre compagnie doit être agréable, ou au moins passionnante. Mais mon esprit, trop cartésien et logique, ne saurait satisfaire votre soif de folie et de démence. Comment pourrai-je rendre hommage à votre grandeur dans ces conditions ? Non pas que votre accord n'est pas alléchante, mais je crains ne pas être le plus désigné pour cette offre. »
Je m'observai tomber, en suspension dans l'air, immobile, le regard vide de toute émotion de peur et de stupeur. J'étais serein. Je le faisai remarquer à la déesse :
« Vous voyez mon visage : il est serein. Même au bord de la mort, où est donc ma folie ? Nul part. Je ne suis pas un fou, je suis même beaucoup trop logique. »
Je soupirai doucement, avant de finalement mettre les mains dans les poches, résigné.
« J'ignore si cela en vaut la peine, et si vous y gagnerez à loger dans mon crâne, à habiter mes pensées... tellement logiques. »