Je m'ennuyai ferme ! C'était intenable ! Pupuce m'avait parlé d'un portail traversant les dimensions, pour passer d'un monde à un autre, et je lui avais ordonné de m'y guider. Je m'étais attendu à un monde intéressant, avec des hommes sexy, musclé comme des monstres, et des femmes séduisantes et attrayantes sorties tout droit d'un rêve. Et à quoi j'avais le droit, finalement ? A des paysans tout droit sortis d'un épisode de sitcom américain, et des grosses vaches laitières à peine plus sexy qu'un pelle a tarte, déguisé comme des pantins de carnaval. C'était affligeant.
La rue était bondée, en plus de cela. Je n'aimai pas me sentir aussi à l'étroit dans une rue aussi grande. J'avais envie de tuer quelques-uns de ces passants, d'ordonner à Pupuce de s'en charger, mais là, je ne pouvais pas : j'avais trop envie de le martyriser en premier.
« Alors ? J'espère que tu aimes le cadre de l'endroit. »
« Tu veux rire ?! Depuis qu'on est arrivé ici, je n'ai rien vu d'intéressant : pas un beau gosse, musclé et tout ; pas une jolie pucèle à dévergonder ; pas une boutique de vêtement médiévale à dévaliser. Autant dire que je ne m'amuse pas du tout ! »
Je parlai ouvertement dans le vide. Les passants me regardaient bizarrement, sans se douter du seigneur des morts présent près de moi. Je le fixai vers l'ombre formé par sa capuche, avec une grande colère. Autant dire que la seule envie que j'avais était de lui faire payer cette insolente remarque : il était clair que je ne m'amusai pas.
« Peut-être devrais-tu bien regarder : dans ce monde, les gens ne sont pas comme toi. Tu as des hommes chats, des monstres emplis de vice, aux désirs inavouable. Tu pourrais t'amuser comme tu aimes le faire. »
« Peut-être bien, mais pour cela, il aurait fallu que tu me conduises dans un autre coin que cette ville de paysan et plouc ! »
Je craquai mes doigts, prête à infliger sa correction à mon serviteur, mais celui-ci ajouta :
« Mais tu as de quoi faire, si tu vas aux bons endroits. Cette auberge, là, par exemple. »
Je me tournai vers la dîte auberge. L'auberge du Coucher de Lune. Etrange nom, mais bon, j'acceptai de laisser une chance à mon esclave, lui jetant un regard entendu. Il avait intérêt à ne pas me faire perdre encore une fois mon temps.
J'entrai dans l'auberge qui ressemblait presque à un comptoir d'alcoolique notoire. L'odeur était exécrable, mais qu'importe. Quelques regards s'étaient dirigés vers moi, la plupart des pouilleux sifflants discrètement en voyant mon décolleté que formait ma robe pourpre sur ma voluptueuse poitrine. Je m'approchai du bar, tranquillement, m'installant en face du comptoir, et soupira : lorsque je sera seul avec Pupuce, je lui ferai payer ça. Que des loques, des traines-savates, pas un bel aventurier dans ce taudis.
« Servez-moi une bière, et vite fais ! »
La barmaid s'intrigua de cette façon de parler, mais s'éloigna et apporta une bière me rapporta ma bière. Je pris la choppe et liquida la moitié d'un trait, en essuyant ensuite ma bouche avec mon index. J'observai ensuite la salle dans son ensemble, et un type en ressortis finalement : un homme d'age mûr, buvant un scotch dans un bon verre. Finalement, je n'allais peut-être pas perdre sa soirée.
« Salut mon beau. Qu'est-ce que tu fais ici à cette heure-ci ? Tu n'as pas une femme à rejoindre peut-être ? »
Je glissai doucement vers lui, collant presque l'homme à l'épaule en souriant d'un air entendu. Je voulais m'amuser ce soir et un homme comme lui, il n'y avait rien de plus... expérimenté avec une jeunette dans mon genre. L'idéal pour une soirée tout en poésie et... plaisirs.