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[FINI] Les ailes flamboyantes d'un Phénix [Yamagashi-senseï]

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Yamagashi Hitomi

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Re : Les ailes flamboyantes d'un Phénix [Yamagashi-senseï]

Réponse 45 dimanche 12 août 2012, 21:27:03

Clara est vraiment chargée à bloc. Je la comprends. Tokyo est déjà une ville oppressante, alors avec les souvenirs qu'elle y a. Je dois la tirer à travers la foule pour ne pas la laisser trop regarder autour d'elle. La lycéenne guette, je le vois bien. Trop de gens, trop de visages, trop de mouvements. Rien d'étonnant à ce qu'elle soit sur les nerfs, mais je crains que le surplus de stress la fasse craquer. Ce ne serait pas forcément une mauvaise chose, au contraire. Ça la défoulerait avant l'entrevue programmée avec sa mère. Seulement là, devant tout le monde, ce serait pire que mieux. On va déjà se trouver un coin pour souffler un peu, faire une vrai pause en tête à tête après le train bondé.

" Je... J’ai l’adresse de ma mère en stock... Et j’ai de quoi payer un hôtel...
- Je connais un-Khya ! "

Deux groupes de doigts viennent de me rentrer sous les côtes, ce qui m'a fait lâcher ce cri débile en sursautant. je me mets à pester en me retournant.

" Makiko ! Baka ! "

Cela fait un petit bout de temps qu'elle n'a pas eu l'occasion de me faire ce coup-là, pourtant l'habitude est encore bien présente. Makiko aussi est bien là quand je me retourne. Elle n'a pas tant changé. Je ne m'attendais pas à la trouver là en tailleur noir, pantalon bien sûr, si élégante. Mais son sourire est le même, ainsi que la force avec laquelle elle m'écrase entre ses bras. Et comme elle prend le sac de randonnée avec, autant dire que je passe au pressoir.

" Je suis contente de te revoir, Hitomi-chan ! Tu m'as manquéééééééééééé !
- Toi aussi... Makiko... chan... J'étouffe...
- Who pardon ! "

Elle me relâche pour se gratter l'arrière de la tête avec un grand sourire alors que je reprend mon souffle. À force de s'entraîner et de se battre en compétition, ce qu'elle fait depuis toute gamine, Makiko n'a jamais connu sa force. Et avec ses cheveux courts en bataille, la brune a toujours tout eu du garçon manqué. Mais je suis bien placé pour savoir qu'il une femme là-dessous, et non des moindres.

" Comment tu as su que j'arrivais ?
- Je savais pas, je passe mes journées ici depuis que j'ai reçu ta lettre. Je te connais, je savais que t'allais me faire des cachotteries. "

J'ai à peine le temps de rougir qu'elle se tourne vers Clara pour incliner la tête.

" Désolée, Kaiba Makiko. Enchantée de te connaître. "

Je remarque soudain derrière Clara une affiche sur un arrêt de bus. L'affiche d'un film qui va bientôt sortir : "Saints And Sinners 2 : Blood Of My Blood ". Et il n'y a qu'une personne au-dessus de la phrase "Be badass and kick some ass". La finesse absolue, ça lui va comme une gant.

" Trois minutes et deux répliques, hein ?
- Je voulais que t'aies la surprise.
- Et c'est moi la cachottière... "

Sur ce la brune s'éloigne en nous invitant à la suivre pour ne pas nous laisser en rade comme une mal élevée. Et bien sûr en précisant ce dernier point. Je me retrouve seule face à Clara, et je n'en mène pas large.

" Désolée. Je voulais profiter du voyage pour la revoir vite fait, mais je pensais pas qu'elle camperait devant la gare. Et je lui ai pas dit ce que je venais faire... Si tu préfères on prend un taxi. "

Makiko sur l'affiche : http://cdn1.gelbooru.com//images/1321/6d9b51eb377d0047c405098df5209094.jpg?1532650

Mélinda Warren

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Re : Les ailes flamboyantes d'un Phénix [Yamagashi-senseï]

Réponse 46 mardi 14 août 2012, 19:59:02

Sa casquette sur la tête, Clara recherchait un taxi, concentrée, et toujours aussi nerveuse. Tokyo... Cette ville maudite... Elle n’avait eu que des merdes ici. C’était la ville des désillusions et des espoirs brisés. Son seul désir était de retourner dans le premier train en partance pour Seikusu, mais ce ne serait pas... Pas mâture. Les liens du sang vous collaient jusqu’à la mort. Rien n’était plus important que la famille selon Mélinda, et la vampire ne serait pas contente d’apprendre que Clara avait choisi de s’enfuir plutôt que d’affronter ses responsabilités. Et Clara ne voulait pas fuir encore. Elle regarda brièvement l’arrêt de bus, sachant que les taxis étaient généralement à côté, lorsqu’Hitomi poussa un cri. Surprise, Clara sursauta, et se retourna, prête à frapper dans le vif... Quand elle vit une curieuse femme à côté d’Hitomi.

« Makiko ! Baka ! »

Makékoi ? « Baka », ça elle le comprenait, vu le nombre de fois que Shii le lui avait répété. Mais l’autre ? C’était quoi ? Une manière d’éternuer ? Ou un nom, tout simplement... Ça devait correspondre au nom de la femme qui se tenait devant Hitomi, et qui avait fichu une frousse mortelle à Clara, qui était déjà suffisamment perturbée comme ça. Qui donc était cette cintrée décérébrée ? Bizarrement, son visage lui disait quelque chose... Curieux, car elle ne l’avait jamais vu ! Ça, elle s’en serait souvenue... Et elle ne connaissait pas suffisamment Hitomi pour connaître toutes ses anciennes copines de Tokyo. Les deux femmes commençaient à parler entre elles, et Clara fronça les sourcils.

*Non mais vous gênez pas, hein ! Vous voulez peut-être une tasse de thé, non, tant qu’à faire ? Ah, les gonzesses !* songea Clara.

On sembla alors se rappeler de sa présence. Croisant les bras, Clara était soupçonneuse. La femme portait un tailleur noir assez élégant, mais qui jurait avec son allure, avec ses sourires, avec la manière dont elle avait abordé Hitomi... Elle s’inclina devant Clara, parlant sur un ton plus sérieux.

« Désolée, Kaiba Makiko. Enchantée de te connaître. »

La lycéenne hocha la tête :

« Clara... De même. Et... Y a pas mal... Enfin, je crois... »

Makiko et Hitomi semblaient se connaître, et même plutôt bien s’apprécier. Clara était sûre qu’elle l’avait sauté... C’était son genre, de toute façon. Clara n’ajouta rien, essayant de se dire où elle avait déjà vu cette femme, car elle était sûre de l’avoir déjà vu. A nouveau, les deux femmes s’entretinrent entre elles, puis Makiko s’éloigna, tandis qu’Hitomi présenta ses excuses à Clara :

« Désolée. Je voulais profiter du voyage pour la revoir vite fait, mais je pensais pas qu'elle camperait devant la gare. Et je lui ai pas dit ce que je venais faire... Si tu préfères on prend un taxi. »

Clara haussa les épaules.

« Nope, vous avez l’air de bien vous entendre, toutes les deux... Et puis, ça me fera des économies, comme ça. J’espère juste que je ne dérangerais pas. »

Une réflexion stupide. Clara emboîta le pas d’Hitomi, et vit alors, en jetant un coup d’œil, l’affiche... Ce fut le titre qui attira son regard. « Saints and Sinners 2 ». Elle avait vu le premier il y a plusieurs semaines, ayant acheté le DVD (les fonds de Mélinda permettaient tout à fait d’acheter des films en bonne qualité, plutôt que de télécharger des Divx). Dans le genre bourrin, elle avait été régalée. Un film de brutes jusqu’au bout des ongles : scénario creux, personnes stéréotypés, actions de gros bras, où ça tirait dans tous les sens. Stallone aurait pu faire ce film. La critique avait démoli S&S, une critique y voyant « un film vulgaire, inutilement sanguinolent, pour adolescents attardés », une autre s’affligeant de ce « naufrage », peignant « un film écrit par un ado de quinze ans un lendemain de cuite ». S&S, comme son nom l’indiquait, impliquait des nonnes follement sexy qui se retrouvaient du jour au lendemain en train de combattre des trafiquants de drogue surpuissants, surarmés, violents, bêtes et méchants, le tout dans une ambiance électrique, avec des musiques de metal pétaradantes à tout berzingue, et des explosions dans tous les sens, avec des gros plans sur des paires de nichons.

Si S&S n’avait pas eu un très bon accueil critique, il s’était bien vendu, suffisamment pour que les producteurs décident de faire une trilogie, et d’y inclure plus de fantastiques. Sûrement des zombies (c’était la grande mode), et des nonnes en string (c’était un caprice du producteur exécutif ; sans ça, il n’aurait jamais signé, car il avait eu une éducation catholique, et avait rêvé de voir une nonne en string). Le sous-titre de S&S 2 était prometteur. Une phrase de deux mots, avec à chaque fois le même : « blood ». Au moins, le public était averti. Clara sursauta en voyant le visage de celle qui tenait l’affiche. C’était... Par la malepeste, c’était Makiko ! Clara n’en crut pas ses yeux, fixant l’affiche, plantée comme deux ronds de flancs, et dut presque se donner une claque pour entrer dans la voiture. Sa première tentation fut d’écrire à Shii qu’elle était avec « une putain de star », même si participer à un film comme S&S 2 ne faisait pas vraiment de soi une star.

Clara, à l’arrière de la voiture, enfila sa ceinture, et lâcha assez rapidement :

« Vous êtes bien plus sexy que l’héroïne du premier volet ! »

Il y avait effectivement des chances pour que Makiko et Clara s’entendent plutôt bien.

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Yamagashi Hitomi

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Re : Les ailes flamboyantes d'un Phénix [Yamagashi-senseï]

Réponse 47 mercredi 15 août 2012, 15:52:55

" Mais bien sûr que non, tu nous dérangeras pas. "

Pour le coup c'est plutôt nous qui la dérangeons. On est venues pour elle, et pour un événement très important de sa vie. Avec Makiko je ne fais que retrouver une copine pour souffler un peu. Je sourie en invitant Clara à suivre. Et je remarque bien vite que Makiko est dans une situation aussi bonne qu'elle le disait. Ce n'est pas une voiture qu'elle a : c'est tank. Et dedans une vraie berline, flambant neuve.

" Vous êtes bien plus sexy que l’héroïne du premier volet ! "

Makiko lâche un de ses éclats de rire en démarrant.

" Haha ! Merci. Mais elle n'est pas mal non plus. On partage les premiers rôles. "

Je connais cette façon de finir ses phrase. Makiko ne dit pas tout, et à voir comme elle essaie de se concentrer sur sa conduite elle en a bien envie. Moi aussi, en voyant son sourire. La blonde a dû en voir de toutes les couleurs avec une fille de sa trempe. Pour une bavarde pareille, se retenir devant moi doit être un vrai calvaire. Si Clara n'était pas là j'aurais tous les détails, sans les demander.

" Le premier était une vraie daube, j'ai adoré. Mais attend-toi à du changement ! Les combats sont beaucoup mieux... En fait cette fois ils sont chorégraphiés.
- Par elle.
- Héhé !
- N'essaie pas de jouer les modestes quand je suis là, Makiko-chan.
- Si on a une amatrice, je pense que ce qui l'intéressera le plus c'est qu'on voit Archangel. "

Archangel. Si je me souviens bien c'est la seule héroïne dont on ne voit rien dans le premier volet. Une ombre, une voix à la radio, un fusil à lunette caché quelque part qui n'arrête pas de braquer les fesses de ses copines. Et surtout...

" C'est toi qui la joue ?
- Oui !
- Ne me dis pas que tu sors cette réplique pourrie !
- Suck ma bullit, ya bitch !... Mais moi je le dis en face avec un fusil à pompe. Et je leur dit de sucer tout un tas de trucs, en fait. "

Elle lance un regard et un clin d'œil dans le rétro.

" Si tu veux de l'action et des nonnes en string : tu vas être servie ! "

Au fil de la discussion c'est la ville défile autour de nous. Les rues ont changé, pourtant j'ai peur de reconnaître l'endroit où nous allons.

" Tu... Tu habites où, au fait ?
- Comme si t'avais pas deviné. "

Je m'effondre sur ma place du mort, une main sur les yeux. Elle ne va quand même pas me faire ça ? Je la connais trop pour imaginer que c'est une blague. On avance bien vers l'appartement où je vivais pendant mes études. Donc celui où on a vécu ensemble, dont on a intensément honoré chaque pièce et chaque meuble encore et encore. L'endroit que je ne peux pas imaginer sans me souvenir de tout ce que j'y ai fait avec Makiko et les autres. En un mot...

" Notre appart'. "

Sixième étage, vue imprenable sur la fac. Quatre chambres autour d'une grande pièce qui fait à la fois cuisine et séjour. Je me demande bien ce qu'elle a pu en faire, et surtout si elle vit seule. Ça m'étonnerait, elle ne nous aurait pas invitées dans ce cas. Et connaissant également son goût pour les salles de sport surpeuplées, je parie qu'elle n'y passe plus trop de temps.

" Donc j'ai deux chambre d'ami et... Bin l'ancienne chambre de Yukio sert toujours à rien...
- En fait on...
- Ose dire le mot hôtel et je te traine de force pour t'enchaîner à ton lit. "

Au moins elle n'a pas parlé de me mettre dans le sien devant Clara. Je me doute bien que la lycéenne n'est pas dupe. Mais j'ai déjà assez honte sans en rajouter... J'espère qu'on va éviter les grosses gaffes. Je n'ai pas envie de raconter ma vie à Clara sachant qu'on va devoir se séparer dans si peu de temps. En fait ça m'ennuie déjà assez qu'elle ait rencontré Makiko, et qu'elle soit sur le point d'entrer dans l'un des derniers refuges de mon passé que Seikusu n'a pas contaminé.

Mélinda Warren

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Re : Les ailes flamboyantes d'un Phénix [Yamagashi-senseï]

Réponse 48 jeudi 16 août 2012, 00:39:27

« Si tu veux de l'action et des nonnes en string : tu vas être servie ! »

Clara fit un sourire amusé, mais elle était ailleurs... Makiko avait l’air d’une espèce de timbrée surexcitée, mais l’esprit de Clara se focalisait surtout sur le lendemain... Elle reverrait sa mère, elle reverrait Tiffany, et, dans ces circonstances, apprécier les amies d’Hitomi était difficile. Clara se sentait définitivement de trop, avec ces problèmes, et ce malgré tout ce qu’Hitomi pouvait lui dire. Elle n’en voulait pas à la senseï ; Clara savait qu’elle était un boulet pour elle. Son passé était lourd à porter. Impliquer Hitomi était une erreur de calcul, mais, maintenant, Clara pensait comprendre pourquoi Mélinda l’avait fait, et pourquoi elle avait décidé de forcer Clara à se rapprocher d’Hitomi.

*Elle voulait me montrer que j’étais dans l’erreur, que je réalise que cette femme ne peut rien pour moi...*

Les individus sont individualiste par nature, lui avait dit Mélinda sans émettre de jugements. C’était une simple constatation ; un être humain pensait avant tout à son propre intérêt, et c’était une chose normale. On ne pouvait pas en vouloir à Hitomi de profiter de l’occasion pour revoir une amie, et oublier Seikusu. Ça avait du être dur pour elle aussi... Abandonner Mélinda et toutes les promesses que la vampire lui offrait... Et faire tout ça au nom de l’amour... Ça sonnait tellement cliché, mais ça ne se faisait pas sans regrets. Et encore, Clara était sûre qu’il n’y avait pas que Mélinda. Elle ignorait dans quelle situation Hitomi s’était embarquée, mais ça devait sûrement être compliqué. Clara, donc, était forcément de trop.

L’immense voiture s’arrêta près d’un immeuble. Le quartier n’avait rien à voir avec celui où elle avait vécu quand elle était avec Kenji. Il n’était pas enfumé, surpeuplé, avec des murs en carton, des bâtiments décrépis et poussiéreux, et si proches des lignes de train que tout tremblait quand un train approchait. C’était un quartier bien plus agréable, et les trois femmes entrèrent dans un vaste appartement. Vu comment Hitomi semblait gênée, ça semblait lui rappeler quelque chose. Un appartement commun, peut-être ? Clara ne savait pas grand-chose de Tokyo, mais elle avait vu l’université, à proximité.

« Donc j'ai deux chambre d'ami et... Bin l'ancienne chambre de Yukio sert toujours à rien... »

Yukio... Une femme qui était inconnue pour Clara, mais qui l’aidait à comprendre. Sûrement un ancien appartement pour la colocation que Makiko avait racheté. Clara regarda encore un peu plus Makiko, et se dit qu’elle devait tout à fait être le genre d’adulte à squatter les consoles de jeux vidéos de ses enfants pour jouer à des jeux violents. Elle avait choisi de rester dans un appartement qui lui rappellerait ses études. A la place de Clara, Mélinda aurait tout de suite diagnostiqué une femme qui ne voulait pas vieillir, et en aurait disserté sur le caractère éphémère de la beauté humaine. Clara, elle, voulait juste qu’on lui fiche la paix, appeler Shii, et obtenir son réconfort. Elle en demandait déjà suffisamment à Hitomi, et comprenait les messages implicites de cette dernière. Ne viens pas me faire chier, Clara, je suis avec une amie, et j’ai besoin de me détendre, moi aussi.

Les détails grivois de la vie d’Hitomi ne l’intéressaient pas vraiment, en ce moment. Elle aurait tout à fait pu s’enfermer avec Makiko dans une chambre et faire le tour du propriétaire qu’elle n’en aurait absolument rien eu à secouer. Clara avait bien d’autres soucis en tête, et décida donc de préciser ces détails. S’éclaircissant la gorge, elle parla :

« Ne vous en faites pas pour moi, j’ai juste besoin d’un lit pour dormir cette nuit. »

Et, sans attendre qu’on l’invite, elle commença à explorer, poussant les portes, et choisit la plus petite et la moins meublée. Probablement celle de feu Yukio. Elle retira sa casquette, posa son sac à dos, regarda les deux femmes, puis leur ferma la porte au nez. Elle avait besoin d’être seule, de faire le vide dans sa tête. Elle avait le trac, quelque chose de terrible. Ça remontait dans son ventre à lui en faire mal. Elle se sentait proche du vide, à marcher sur un fil invisible, telle une funambule, tanguant sous les effets du vent. Elle ne s’assit même pas sur le lit, mais contre le rebord du mur, et enfila ses écouteurs sur ses oreilles, mettant de la musique, et repensa à son passé, tandis qu’Avenged Sevenfold se mit à rugir dans ses oreilles.

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Yamagashi Hitomi

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Re : Les ailes flamboyantes d'un Phénix [Yamagashi-senseï]

Réponse 49 jeudi 16 août 2012, 03:58:31

" Ne vous en faites pas pour moi, j’ai juste besoin d’un lit pour dormir cette nuit. "

Puis en moins de deux minutes elle file dans la plus petite chambre. En fait le temps pour Makiko d'ouvrir le frigo pour proposer à boire. Après avoir suivi la lycéenne du regard, je viens m'adosser au plan de travail de la cuisine. Exactement à la même place que dans le temps quand j'étais dans cet état. Je ne cherche plus à cacher mon abattement. La tête et le regard bas, le dos voûté. Makiko me tend une canette de bière, ce qui me fait sourire en la prenant. Comme à l'époque. Puis elle va poser ses fesses contre le bord de la table en face de moi, et lance un rapide regard vers la porte qu'a franchie Clara.

" Mal élevée ou mal lunée ?
- Les deux. "

Et quoi ? Je me sens mal de le dire mais c'est un fait. Comme Makiko était entrée dans la partie, je pensais qu'au moins ça pourrait aider un peu. Mais niet. Et je me retrouve à imposer des retrouvailles heureuses à une jeune fille qui va en vivre de très douloureuses. Je soupire en levant ma main libre à mon visage pour essuyer une ou deux larmes, rien que d'y penser. Aoki, Gabriel, Mélinda... J'ai consciencieusement foiré avec eux, ça je ne me le cache pas. Même avec Kyle pendant un moment. Mais ils ne m'ont pas aidée non plus. Chaque fois que j'ai essayé de passer les murs derrière lesquels ils se cachaient, ils m'ont repoussée. Ils ne savent pas à quel point eux m'ont démolie, parce qu'ils ne savent pas qui jétais avant de les rencontrer.

" T'as vraiment pas l'air bien. "

Je relève les yeux vers elle, et même avec ironie je sourie. Je ne suis pas bien, je pense que je vais avoir du mal à l'être à nouveau. Trop de plaies ouvertes qui s'accumulent ces derniers temps. Mais ça me fait du bien d'entendre Makiko me dire ça, parce qu'elle a toujours été la seule. Au début les autres aussi commençaient comme ça si je n'avais pas l'air dans mon assiette. Mais après ma tentative de suicide il n'y avait qu'elle pour ne pas sauter au plafond au moindre frémissement de mes lèvres. Il n'y avait qu'elle pour ne pas me traiter comme un verre en cristal.

" Je suis fatiguée... Si jamais tu mets les pieds à Seikusu : fout le camp aussi vite que tu peux. Cette putain de ville va avoir ma peau. "

Et il n'y a qu'avec elle que je parlais comme ça. Il n'y a qu'avec elle je pourrais le dire tout autrement, ou dire tout autre chose sans craindre qu'elle passe à côté de l'essentiel. Je descend quelques petites gorgées de bière.

" T'es plus coriace que ça.
- Pas sûre.
- T'as retrouvé ton mec. Et t'es venue aider cette file. Alors jusque là je trouve que tu te défends pas mal... Je t'avais prévenue, Hitomi : ici on vivait entre gentils, mais dehors c'est la jungle. Pas besoin de te rappeler Yukio... "

Je baisse à nouveau les yeux vers ma bière. Yukio. Plus d'un an à se faire passer pour une fille, dans le seul but de pouvoir rester près de celle qu'il aimait. Puis quand les masques étaient tombés le père de Sakura l'avait traîné plus bas que terre, assez pour qu'elle le prenne en pitié et le quitte pour ne pas lui faire plus de mal. Aujourd'hui ils sont mariés et parents. Makiko n'a pas à en dire plus : je sais très bien où elle veut en venir. Quelque part sur la route il a fallu que j'aide ce pauvre gars à se tenir droit. Plus que Makiko il a fallu que je lui apprenne à devenir un homme, qui s'était si bien travesti que tout le monde s'était laissé grugé, mais un homme quand même.

" Clara n'est pas Yukio. Elle... J'y arrive plus, Makiko... Tous les gens que j'ai rencontré, dès que je suis devenu proche d'eux j'ai bousillé leurs vie...
- Bin tiens ! Dit pas des conneries pareilles. T'es un vrai trésor, Hitomi. Y'en a au moins un qui s'en est rendu compte, là-bas... Et les autres, de ce que je vois : c'est toi qu'ils ont essayé de bousiller. "

Elle joue la nonchalance, la copine presque blasée qui prend tout à la légère. Et une fois de plus elle n'a pas besoin de continuer. Aoki est à part, bien sûr. Les choses ne se sont pas si mal passées. Mais Gabriel, et surtout Mélinda : ils ont essayé. Pas toujours intentionnellement, mais ils ont tout fait pour me mettre à genoux. Et sans Kyle je leur aurait cédé. Mais je suis là, je suis venue dans un but bien précis. Je pose ma bière à moitié vide et je me décolle du plan de travail. Je fais ce que la brune qui me regarde en tentant de ne pas trop étirer son sourire m'a appris : je me relève et j'y retourne.

" Prépare à bouffer, j'ai faim.
- Huhum !
- S'il te plaît.
- J'préfère. "

Direction la chambre. Celle dans laquelle Clara attend, et que quelqu'un de tout autre a occupé. Je frappe sans avoir de réponse, et au bout d'une poignée de seconde je ne me gêne pas pour ouvrir. Je suis chez moi, en tous cas bien plus qu'elle. Mais je reste dans l'embrasure de la porte, appuyée contre le montant les bras croisés. Je la regarde sans sourire ou lui faire les gros yeux, le temps qu'elle enlève ses écouteurs. Puis en avant.

" Désolée. Makiko et moi on a vécu beaucoup de choses ensemble, et comme on s'est pas vues depuis longtemps je suis contente de la revoir. Mais c'est pas pour elle que je suis venue. En fait je comptais attendre que tu repartes pour l'appeler... Tu savais très bien qu'on rentrerait pas à Seikusu ensemble, Clara. mais on en est pas encore là. C'est pour toi que je suis là, si ça te plaît pas fallait le dire plus tôt. Alors arrête de faire comme si t'étais venue toute seule. "

Le temps de souffler je reviens à la charge. Je dis ce que je pense.

" Et ne viens surtout pas me dire ce que je ressens ou ce que je pense. Mélinda a essayé et elle n'a jamais rien compris, sinon elle aurait fait de moi ce qu'elle voulait en deux temps trois mouvements. Si elle comprenait t'aurais revu ta mère et ta sœur depuis longtemps. Quand tu vas les revoir ce sera dur, quoi qu'il se passe. Même si elles te tombent dans les bras tu vas devoir choisir jusqu'à quel point tu veux qu'elles sachent ce que tu as vécu. Et ça va leur faire mal, surtout à ta mère. "

Je quitte le montant de la porte pour m'approcher d'elle. Toujours sérieuse, mais pas sévère.

" Je sais que j'en rajoute, mais là je te dis exactement ce que je pense, Clara. Ce sera pas quelque chose que tu devras subir, et tu pourras pas te battre ou fuir non plus. Tu devras tenir, c'est tout ce que tu pourras faire. Et ça, Mélinda ne peut pas te l'avoir appris parce qu'elle ne sait pas le faire. Tu peux me croire, sur ce point je la connais mieux que toi. Et là t'es en train de subir, Clara. Quand j'ai ouvert la porte et que je t'ai vue comme ça, seule dans ton coin, en train d'attendre, la première idée qui m'est venu c'est que t'attendais Kenji pour en prendre plein la gueule. "

Je dois bien la fermer une petite seconde pour souffler. Je suis presque au bout.

" T'es pas toute seule : je suis venue ici pour toi. Je suis venue t'aider à tenir. Faire les choses par toi-même ne veux pas dire que tu dois les faire seule. Si tu crois que ça m'emmerde d'être venue tu mets dans le mille. Mais ce qui m'emmerde c'est pas de t'accompagner. Ce qui me tue vraiment : c'est que je tiens assez à toi pour vouloir t'aider de mon mieux, jusqu'au bout. Même si après ça on devra se dire adieu. Alors je t'en supplie : ne fout pas tout en l'air parce que tu crois avoir de bonnes excuses. T'as aucune excuse. Et si t'as mauvaise conscience suffit de me voir comme un tampax émotionnel : quand t'auras fini de saigner j'irais à la poubelle. "

Mélinda Warren

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Re : Les ailes flamboyantes d'un Phénix [Yamagashi-senseï]

Réponse 50 samedi 18 août 2012, 15:06:19

Clara, effectivement, se morfondait dans la chambre, en proie à ses démons intérieurs. Ils revenaient l’assaillir par vagues successives, des voix méchantes qui ne cessaient de mettre en exergue ses défauts, de l’attaquer, de l’agresser, et qui revenaient sans que Clara ne leur ordonne de venir. Elle se réfugiait dans la musique qu’elle écoutait, dans sa playlist qui diffusait également des morceaux de Shii, des musiques moins explosives, plus tristes, plus calmes, plus adaptées à ce qu’elle ressentait en ce moment. Elle écoutait ainsi une musique de choix, Maybe Tomorrow Is A Better Day, tout en essayant de faire le vide, tâche très difficile, dans sa tête.

*Tu les as abandonnés. Tout ce qui a suivi est de ta faute, Clara.
Tu te crois forte, mais tu n’es qu’une épave. Toute ta force de caractère n’est que du flan, un masque que tu imposes aux autres pour dissimuler tes faiblesses. Toi et moi, nous savons très bien ce qu’il en est, nous savons très bien pourquoi tu agressais ces intellos dans le lycée.
Que serais-tu sans Mélinda ? Rien d’autre qu’une épave, un déchet. Les gens te regarderaient avec mépris, car c’est tout ce que tu mérites. TU LES AS ABANDONNÉS. Il n’est pas de pire CRIME que ce que tu as FAIT, Clara ! Mais tu ne peux pas t’en vouloir, car tu es comme ton père, dans le fond. Tu connais le dicton, Clara, hein ? Une pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre qui l’a fait fleurir. Tu es LÂCHE et FAIBLE, comme lui, une MINABLE, et RIEN de ce que TU pourras FAIRE ou DIRE ne viendra jamais changer cet état de fait. Tu comprends, j’espère ? C’est dans tes GÈNES !
*

On toqua à la porte, mais elle n’y fit pas attention. A l’instant, Marko affirmait dans ses oreilles qu’il était convaincu que demain serait un jour meilleur, et elle vit ensuite Hitomi entrer. Soupirant, Clara arracha ses écouteurs de ses oreilles. Elle était toujours assise contre le mur, presque en position fœtale, perdue dans ses pensées. Hitomi se mit à parler, à lui tenir le crachoir en lui offrant un discours assez long, dans lequel elle tentait de se justifier, et de prouver à Clara qu’elle était venue à Tokyo pour elle, et que Makiko aurait du être les festivités après Clara.

*Une belle petite brune pour se remettre du calvaire de m’avoir supporté ?*

Clara ne savait plus trop quoi penser, et se sentait fatiguée. Elle ferma les yeux. Tout ce qu’elle avait envie, c’était qu’Hitomi lui foute la paix. Elle avait envie de lui gueuler dessus, de lui dire d’aller se faire foutre, de se faire enculer par une armée de gorilles en rut, mais aucune de ces insultes ne sortait de sa bouche. Elles auraient été fausses, de toute manière. Elle se contenta de fermer lentement les yeux, son corps émettant quelques discrets tremblements, au fur et à mesure qu’Hitomi montait à l’assaut. Elle ne marchait pas vers elle, mais les mots qu’elle lançait lui faisaient l’effet de coups de poings dans le corps, cherchant à rompre son armure.

« Je sais que j'en rajoute, mais là je te dis exactement ce que je pense, Clara. Ce sera pas quelque chose que tu devras subir, et tu pourras pas te battre ou fuir non plus. Tu devras tenir, c'est tout ce que tu pourras faire. Et ça, Mélinda ne peut pas te l'avoir appris parce qu'elle ne sait pas le faire. Tu peux me croire, sur ce point je la connais mieux que toi. Et là t'es en train de subir, Clara. Quand j'ai ouvert la porte et que je t'ai vue comme ça, seule dans ton coin, en train d'attendre, la première idée qui m'est venu c'est que t'attendais Kenji pour en prendre plein la gueule. »

Aucune excuse... Non, Clara n’en avait aucune. Elle les avait abandonnés, et les avait laissés s’écrouler toutes seules, sans jamais revenir en arrière. Elle avait fait sa petite vie à Seikusu, sans se douter des ravages que sa fugue provoquerait. Clara ne sourcilla même pas de voir à quel point les discours d’Hitomi revenaient sans cesse à Mélinda, comme si elle essayait de se comparer à elle, de se séparer d’elle, de se montrer qu’elle n’avait pas besoin de la vampire dans sa vie... Clara pensait que c’était là un fieffé mensonge, mais elle avait déjà suffisamment de problèmes comme ça sans se soucier des problèmes entre la senseï et Mélinda. Elle savait qu’elle était le dernier véritable lien qui unissait encore la vampire à Hitomi, et elle savait que Mélinda avait ramené Hitomi pour que ce lien se termine, et pour qu’il ne reste plus rien d’Hitomi que des souvenirs, des souvenirs qu’on entasserait dans les placards, et qui, progressivement, seraient ensevelis sous la montagne d’autres souvenirs. Mais, pour le moment, Hitomi était bien là, face à elle, et Clara ne dit rien.

Elle fixait le sol, et finit par parler au bout d’un temps interminable, se sentant à nouveau sur le point de pleurer, se rappelant ce qu’elle avait vu dans la lettre. Elle en voulait à Mélinda, lui en voulait de ne pas lui avoir dit dans quel état était sa famille, lui en voulait d’avoir cherché à rentrer en contact avec elle (et, bien que ces deux raisons étaient contradictoires, ça n’empêchait pas que Clara les ressente), elle en voulait à Shii, elle en voulait à Hitomi, elle en voulait même à cette Makiko dont elle ne savait rien, si ce n’est qu’elle était timbrée et avait tout du garçon manqué, la beauté en plus, elle en voulait à sa mère, elle en voulait à son père, elle en voulait à Kenji (même si il était mort), elle en voulait à sa sœur... Et, en définitive, elle en voulait surtout à elle-même.

« Je les ai abandonnés » finit-elle par dire sur un ton faible.

Quelques sanglots vinrent ponctuer cette affirmation. Ça n’avait rien à voir avec Mélinda. Bien au contraire, c’était elle. Ça avait toujours été elle, qui était faible. Elle secoua lentement la tête.

« Je n’ai aucune excuse à fournir... J’ai fui, je suis partie avec un minable, et je le suis toujours... »

Un déchet dont la société voudrait se débarrasser, voilà ce qu’elle était. Elle sentit une envie irrépressible de pleurer, envie qu’elle tentait de refouler en fermant les yeux, en les fermant à en sentir ses oreilles trembler, à s’en faire mal. Ses iris s’humidifiaient, sa vision se troublait.

« Comment je peux les aider, alors que je suis incapable de m’aider toute seule ? »

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Yamagashi Hitomi

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Re : Les ailes flamboyantes d'un Phénix [Yamagashi-senseï]

Réponse 51 mardi 21 août 2012, 17:59:30

Mélinda doit déjà bien rigoler en imaginant ce qui se passe. En tous cas elle s'en paiera une bonne tranche quand Clara lui racontera. La lycéenne est en train de craquer, et ce n'est pas forcément un mal. Ce n'est pas ça qui va faire rire la maîtresse vampire : c'est le petit goût de vengeance qu'aura toute cette histoire. Elle me connaissait mal, mais juste assez bien pour savoir que je m'en mêlerais et que j'irais au bout quoi qu'il en coûte. Je ne pense pas que les choses tourneront si mal que ça, au contraire. Si toutefois Clara ne tient pas le choc je devrais la laisser partir brisée, et j'aurais beaucoup de mal à encaisser cet échec. Si elle tient le coup et arrive à se relever pour aider sa famille je devrais la laisse partir quand même. Mélinda savait peut-être depuis le début qu'entre nous plus rien n'était possible, ou peut-être pas. Ça ne change rien. Elle m'aurait fait du mal jusqu'au bout.

Mais ce n'est pas à Clara de payer pour ça. Elle est peut-être ou peut-être pas l'instrument de la vengeance de Mélinda. Ça ne doit pas compter. Elle est une personne à laquelle je tiens, et pour laquelle je peux encore être là quand elle en a besoin. Ce serait plus facile de la coller à la porte, de jouer la mauvaise foi pour cacher à quel point ça me fait mal. J'ai essayé une fois, et je n'ai pas été capable d'en rester là. Et maintenant c'est à elle que je dois un dernier effort. J'ai très peu de temps pour lui enfoncer dans le crâne qu'elle est plus forte qu'elle le croit, et qu'elle a voulu le montrer à tout le monde. D'ailleurs elle doit bien savoir qu'elle ne trompait personne, et ça doit être encore plus insupportable.

Je la rejoins à grands pas pour m'accroupir en face d'elle alors qu'elle commence à pleurer. Je tend la main pour lui caresser la joue, et l'inviter à relever les yeux vers moi.

" Tu as raison : tu es incapable de t'aider toute seule. Mais c'est parce qu'on ne peut aider que les autres. Je suis là pour ça, et Makiko aussi. "

Je me mord la lèvre un instant. Mon cœur vient de s'emballer d'un coup, et j'ai les yeux qui commence à chauffer. J'avale ma salive.

" Tu crois que je voulais t'expédier vite-fait et aller m'envoyer en l'air ?... Non. Je suis venue pour t'aider, vraiment. Mais quand tu seras partie, moi j'aurais besoin de quelqu'un pour m'aider à encaisser. "

Je souffle un bon coup. Je dois me battre pour lui dire tout ça, et c'est vraiment difficile d'enchaîner aussi vite. Deux idées vraiment douloureuses me tournent dans la tête : je me défonce pour quelqu'un qui ne pourra plus être mon avis, et je fais peut-être plus de mal que de bien.

" Regarde-moi, Clara. Tu n'as pas à t'en vouloir. Tout le monde est faible et tout le monde fait des erreurs à un moment ou un autre. Tu ne pouvais pas rester avec elles et avec ton père. Tu ne pouvais pas refuser de croire à ce que Kenji te promettait. T'arrêtes pas de dire que je suis une chaudasse alors tu peux me croire : les manques affectifs et les minables ça me connaît un peu. "

La différence c'est que moi, les minables, je les perçais à jour assez vite pour les lourder.

" Elles ont besoin de toi, Clara. Et toi aussi tu as besoin d'elles. Tu avais toutes les raisons de fuir avec ce minable, parce que personne ne voulait te retenir assez fort. C'est si tu recules aujourd'hui que tu n'auras pas d'excuses. Tu n'as pas le choix, de toutes façons. Et tu as une chance d'au moins mettre un terme à tout ce que vous avez subi en étant séparées. "

Ma main quitte son visage pour dévaler son bras. Je la prends par la main et je serre sans la quitter des yeux.

" J'ai toujours su que tu cachais tes faiblesses en emmerdant le monde. Mais je ne serais pas là si je ne te croyais pas plus forte que ça. "

Mélinda Warren

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Re : Les ailes flamboyantes d'un Phénix [Yamagashi-senseï]

Réponse 52 mercredi 22 août 2012, 01:55:17

Toute cette pression, toute cette pression, c’était trop dur... Si seulement Mélinda avait voulu venir avec elle... Clara se sentait étrangement tellement forte en sa compagnie. Séparée d’elle, elle affrontait ses propres démons, avec pour seule alliée... Une prof’ ! C’était risible ! Clara se serait volontiers giflée pour s’être mise dans une telle situation, et n’arrivait plus à refouler ses larmes. Prostrée dans un coin de la chambre, elle fermait les yeux, sentant ses derniers s’humidifier, et versa de nouvelles larmes. Hitomi, de son côté, se rapprocha d’elle, et se mit à lui parler. Clara ne dit rien, mais écouta. Hitomi essayait de la réconforter. Elle sentait la douce main de la prof sur sa joue, et sentait son cœur se serrer dans sa poitrine, devenir de plus en plus lourd. On en a gros, comme dirait l’autre. C’était le cas pour Clara, mais ça n’avait rien d’humoristique ; elle en avait sacrément gros.

« Regarde-moi, Clara », demanda-t-elle.

Clara obéit, relevant ses yeux rougis, ses joues gonflées. Elle ne se retenait plus de pleurer. Hitomi remuait le couteau dans la plaie, lui certifiant qu’elle était venue pour elle, et qu’elle s’enverrait en l’air avec Makiko ensuite. Si ça pouvait lui faire plaisir...

« Tu n'as pas à t'en vouloir. Tout le monde est faible et tout le monde fait des erreurs à un moment ou un autre. Tu ne pouvais pas rester avec elles et avec ton père. Tu ne pouvais pas refuser de croire à ce que Kenji te promettait. T'arrêtes pas de dire que je suis une chaudasse alors tu peux me croire : les manques affectifs et les minables ça me connaît un peu. »

Elle pleura à nouveau, et des sanglots jaillirent de sa gorge. Clara pleurait comme une sale fillette, et elle avait envie de se gifler encore plus pour ça. « Tout le monde est faible »... Si elle avait été en meilleur état, Clara aurait pu se dire qu’une autre femme aurait pu tenir le même discours. Peut-être que ça ne pouvait jamais marcher entre Mélinda et Hitomi pour ça : parce qu’elles se ressemblaient bien plus qu’elles ne désiraient l’admettre. Les deux avaient des manques affectifs, et un ego disproportionné, les amenant sans cesse à rejeter sur l’autre l’échec de leur relation. Clara n’était toutefois pas une conseillère conjugale, et cette réflexion partit aussi vite qu’elle était venue. Elle se blottit contre le corps d’Hitomi, et se sentit céder. Ses murs s’écroulèrent devant ce torrent de sentiments, cette espèce de déferlante qui la balaya, et la força à évacuer le trop-plein. Elle ne pouvait pas vraiment dire qu’elle souffrait, mais... C’était comme s’il y en avait trop d’un coup, et que son corps se doive de pleurer pour évacuer tout ça.

« Dé... Désolée... ! »

De nouvelles larmes jaillirent, alors qu’elle se pressait contre le corps d’Hitomi, sa tête posée entre ses seins. Elle finit par la tourner, renifla, essaya de se calmer, son nez frottant du coup entre les deux délicieux seins de la senseï, avant qu’elle ne relève la tête, et ne se mette à parler.

« Je... Je le pensais pas vraiment, vous... Vous savez... C’est... C’est juste que-que... C’est parce que je tenais à vous... Vous avez beau avoir faits tourner en bourrique ma gardienne, je vous aime bien quand même... »

C’était honnête, au moins. Clara écarta lentement sa tête, et baissa les yeux. Une main passa sur ses derniers, et elle entreprit de se relever, avant de prendre dans sa main celle d’Hitomi, et de lui faire un petit sourire.

« Je sais que ça ne changera rien, mais... Je suis triste que ça ait pas pu marcher entre vous et... Enfin, vous voyez, quoi... Je suppose que c’est mieux ainsi... Mais j’en suis pas franchement sûre... »

Elle soupira longuement, et relâcha la min d’Hitomi, puis haussa les épaules.

« Enfin... On s’en fout, de toute manière... »

Clara soupira, et, fidle à elle-même et à ses changements d’humeur, sortit, et se mit à parler d’une voix forte :

« Makiko-san, avez-vous un genre de console de jeux vidéos où il faut éclater des zombies avec une batte de base-ball ? Ça me ferait le plus grand bien ! »

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Yamagashi Hitomi

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Re : Les ailes flamboyantes d'un Phénix [Yamagashi-senseï]

Réponse 53 vendredi 24 août 2012, 22:27:55

Tourner en bourrique ? Elle est bien bonne, celle-là. On s'est consciencieusement et copieusement pourri la vie, toutes les deux. C'est peut-être d'avoir retrouvé Kyle, ou d'être dans cet appartement, en tous cas ça fait moins mal qu'avant d'y penser. Après tout, on est toujours mieux qu'ailleurs dans sa chambre. Bizarre que Clara ait filé directement ici, où j'ai dormi pendant des années. Le peu que j'ai dormi ces années là. Mine de rien cette chambre en a vu. C'est peut-être mon côté irlandais, j'imagine le petit lutin qui aurait pu se cacher dans cet appartement. Il n'aurait été joyeux tous les jours.

En tous cas Clara semble s'être bien défoulée. Je lui caresse le visage pour en chasser les larmes qui lui ont échappé. Et mon sourire n'est pas si forcé que ça.

" Je sais, Clara... Moi aussi je regrette. Mais c'est mieux pour tout le monde. "

J'en suis de plus en plus convaincue, mais pas elle apparemment. Au moins elle a retrouvé un peu de contenance. Elle veut se soigner en massacrant du zombie sur grand écran ? Connaissant mon ancienne coloc' ça doit pouvoir se faire.

" C'est dans l'ancienne chambre de Yukio ! Montre-lui, Hitomi-chan !
- Finalement t'en as fait quelque chose, alors ?
- Ouais, comme j'ai dit : ça sert à rien. "

Et pour servir à rien... Je guide Clara à deux enjambées de là, dans une chambre à peine plus grande que la mienne. Même si je suis surprise de le voir, je dois dire que je m'attendais à ce genre de choses : une grand écran plat posé sur un meuble avec au moins trois consoles de jeu. À l'autre bout de la pièce un canapé et une table basse à roulette. Des manettes, télécommandes, boîtes de jeu qui traînent partout, et même des vêtements. D'ailleurs je file ramasser ces dernier, morte de honte que Clara voit cet endroit dans un tel état.

" Makiko-chan ! T'es toujours aussi soigneuse !
- Je me suis vachement améliorée !
- Et tu fais quoi là-bas, toute seule ?
- À manger ! T'as dit que t'avais faim ! Ho ! Clara ! Fait pas attention, les jeux sont sans doute pas dans les bonnes boîtes ! "

Génial ! Clara est à peine calmée que c'est moi qui stresse. Je passe devant la lycéenne en m'excusant, les bras chargés de pantalons de pièces de kimonos, de vestes, de sweats, de débardeurs, et même un string qui dépassait d'entre les coussins. Déjà que lorsqu'elle n'habitait pas seule elle était une vraie tornade. Je file vers la cuisine avec le tas de linge pour trouver la grande brune en train de jouer du couteau sur une bande de pauvres poissons morts. Heureusement que le bac à linge sale est toujours au même endroit. Je tasse tout en pestant.

" Je croyais que t'avais fait le ménage !
- Je pensais pas qu'on irait dans la chambre de Yukio...
- Et qu'est-ce que tu fais, là ?
- Des sashimis.
- Tu vas encore ruiner la cuisine. "

Makiko se fige une seconde, et moi aussi. Soudain elle pose le couteau pour éclater de rire.

" Tu t'entends, ma pauvre ! On dirait qu't'habites encore ici ! "

J'arrive à en sourire, même si mes lèvres sont crispées. C'est vrai que d'un coup j'ai l'impression que je suis à la maison, que Sakura va sortir de sa chambre, les cheveux ébouriffée, au bras de Yukio. C'est la pression, et le fait de me retrouver ici, avec cette ado attardée de Makiko. Tant de choses n'ont pas tellement changé. Peut-être que je veux agir comme à l'époque pour me convaincre que moi non plus ? Je soupire en secouant la tête, le front baissé dans une main. Reprend-toi, Hitomi ! Tu as changé, comme tout le reste. On ne revient pas en arrière si facilement, on ne revient pas du tout en arrière. Et même si on pouvait, est-ce que ça vaudrait le coup ? Non, et pour une très simple raison. Kyle.

Makiko ne me laisse pas le temps d'en placer une. Elle s'essuie les mains sur son tablier avant d'ouvrir le frigo et de me charger les bras de cannettes de sodas et de jus de fruit.

" Va t'occuper de ton élève, sensei ! "

Je lui sourie avant de vite aller trouver Clara, qui n'a sans doute que l'embarras du choix dans tout ce bazar.

" Alors ? Tu as trouvé ton bonheur ? "

Mélinda Warren

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Re : Les ailes flamboyantes d'un Phénix [Yamagashi-senseï]

Réponse 54 samedi 25 août 2012, 04:45:07

Va pour l’ancienne chambre de Yukio, alors... Clara se fit l’idée d’une pièce remplie de toiles d’araignées sinistres, de sacs de poussières, de meubles en ruines... Alors qu’elles traversaient le couloir y conduisant, la lycéenne sentit sa poche vibrer contre sa peau, et s’empara rapidement de son portable. L’annonce « 1 nouveau message » apparut sur l’écran du portable, mais elle n’eut pas le temps de le lire, car elle entrait dans la chambre du question...

« On dirait la mienne quand Shii n’a pas fait le ménage... » commenta brièvement Clara, une ou deux secondes après avoir missa tête à l’intérieur.

C’était en effet un beau bordel. Il y en avait partout. Des fringues qui s’étalaient par terre, sur le lit, des boîtiers de jeux qui étaient ici ou là. Bioshock, Left 4 Dead... Elle voyait brièvement les jaquettes, tandis qu’Hitomi, étrangement morte de honte, s’amusait à ramasser les fringues. Elle ressemblait à ce personnage des mangas surexcité qui poussait de grands cris hystériques en voyant une situation compliquée, et qui se transformait en une espèce de Flash, nettoyant en vitesse grand V l’intérieur de la pièce. Mains dans le dos, Clara s’écarta poliment, tandis qu’Hitomi, chargée comme un docker, sortit de la pièce.

*’Sont space, ces nanas...* se dit Clara.

Elle haussa les épaules, et pensa alors à consulter son message. Il était concis, mais parvint malgré tout à lui arracher un joli sourire. Il émanait de Mélinda :

« Tu n’es pas seule, je pense à toi. Sois forte, et ne doute pas de tes capacités, ma grande.

M.
»

Tu n’es pas seule... Un aveu à peine voilé. Mélinda n’avait pas envoyé Hitomi avec Clara pour qu’elles se réconcilient, mais bien pour que Clara crève l’abcès. Cette dernière avait l’affreux sentiment de s’être fait manipulée par Mélinda, d’avoir été amenée à raconter son si douloureux passé à une femme qu’elle ne reverrait plus jamais qu’à travers l’intermédiaire de bulletins de notes... Mais c’était du Mélinda tout craché. Il n’y avait qu’elle pour faire ça. Néanmoins, il n’y avait pas que de l’amertume dans le cœur de Clara à la lecture de ce message, mais aussi du plaisir. C’était la preuve que Mélinda s’intéressait à elle. Clara hésita à répondre, ne sachant pas trop quoi lui dire. Merci de t’être foutue de ma gueule ? Gros bisoux tout pleins ? Elle décida de ranger son portable, et se pencha dans une quête aussi difficile que se réconcilier avec sa famille : trouver un jeu vidéo. Elle ouvrit la boîte d’un Call of Duty, et vit deux jeux en jaillir, l’un tombant sur la moquette. Dead Space 2 se battait en duel avec Battlefield 3. Une hérésie qui aurait amené bien des noobs à pousser des cris désespérés. Clara s’empara de Dead Space 2, et le mit dans le lecteur. Défourrailler des Nécromorphes à tire-larigot, leur éclater les membres et aplatir leurs sales gueules sur le bitume de la station spatiale de la Méduse, c’était tout ce dont elle avait besoin.

Elle eut le temps d’avancer dans un couloir avant que son téléphone ne se mette à sonner. Ce n’était pas un message, mais un appel. Grognant, Clara s’empara de l’objet, et vit le nom de l’individu qui venait la déranger : Shii. Soupirant lentement, puis arquant un léger sourire, Clara prit l’appel. Shii voulait se renseigner, et Clara lui parla donc de sa journée. Comme il n’y avait, ma foi, pas grand-chose à raconter, elle eut rapidement fait le tour, venant ensuite à l’essentiel.

« Je suis sûre que ta mère sera folle de joie de te revoir... Tous ses courriers vont dans ce sens.
 -  Je sais, répondit Clara. Mais ça ne rend pas les choses faciles pour autant. »

Shii la tint brièvement au courant des actualités du manoir. Là aussi, il n’y avait pas grand-chose à raconter. Akira continuait à préoccuper Mélinda, et cette dernière semblait avoir une idée. Shii n’en savait pas plus, et Clara, de toute manière, s’en foutait pour le moment. Elle était surtout préoccupée par sa mère, et sa conversation avec Shii, cette brave Shii, se termina bien rapidement. Soupirant lentement, Clara s’approcha ensuite du téléviseur, et commença à jouer... Cinq minutes, avant qu’Hitomi ne débarque.

*C’est un complot...*

« Alors ? Tu as trouvé ton bonheur ? » s’enquit-elle.

L’intéressée se contenta d’hausser les épaules, et montra l’écran, où Isaac était en train d’affronter dans un métro où il flottait des Lurker bien moches.

« Yep ! Vous avez apporté de la boisson ? Je veux bien un soda ! »

Clara le réceptionna, l’ouvrit, et but quelques gorgées, avant de se tourner vers la senseï. Leur dernier moment d’intimité... Mais il ne se passerait rien de ce genre-là. Cette époque était révolue, pour le meilleur et pour le pire. Sur le coup, Clara se rappela qu’Hitomi devait probablement ne pas connaître l’existence d’Akira... Il aurait sans doute été intéressant de lui en parler, de lui dire qu’elle n’avait plus à s’en faire pour Mélinda, car elle avait désormais une remplaçante... Rien que pour savoir ce qui brillerait dans son regard : du soulagement ? Ou de la jalousie ? Ça pourrait être tentant... Mais Clara réussit à tenir sa langue. Si Mélinda ne lui en avait pas parlé, c’était bien qu’elle ne lui faisait plus confiance, et qu’elle ne voulait plus l’impliquer dans ses affaires. Qu’elle fasse sa vie avec son mec, et basta !

« Merci... » fit-elle en buvant son soda.

Son estomac se mit alors à gargouiller, et Clara rougit.

« Je... Je crois que j’ai un petit creux... » avoua-t-elle.

DC d’Alice Korvander.

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Yamagashi Hitomi

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Re : Les ailes flamboyantes d'un Phénix [Yamagashi-senseï]

Réponse 55 lundi 27 août 2012, 22:11:48

J'imagine que le carnage méthodique que Clara perpètre en HD est bon signe. Je pose les réserves de boisson sur la table avant de m'asseoir à côté d'elle et... Et quelque chose me serre le cœur. À l'avoir comme ça, si près de moi mais si concentrée sur autre chose, j'ai l'impression d'être déjà redevenue une étrangère. J'ai beau m'être faite à l'idée ça fait mal de se prendre ça en pleine poire. Je m'enfonce dans le canapé pour siroter un jus de pomme d'un air absent. Mon regard dérive de l'écran vers la fenêtre. Je n'ai plus rien à faire qu'attendre. Attendre la nuit, puis le lendemain, la rencontre avec la famille de Clara, puis son retour à Seikusu. En fait je commence à me dire que si les choses ont l'air de bien se passer avec sa mère, je m'esquiverais sur le moment. Elle partagera ça en rentrant avec toutes celles qui ne sont pas venues.

Toutes celles que je ne reverrais jamais, du moins pas comme avant. Bordel ! Le jour où j'ai rencontré cette conne j'aurais vraiment dû l'envoyer en colle. Si j'avais su à quel point elle allait me briser le cœur je n'aurais pas hésité. Mais je l'aime encore assez pour m'inquiéter pour elle, c'est plus fort que moi. Ça se tassera avec le temps. De toutes façons elle ne m'a jamais aimée pour ce que j'étais, seulement pour ce qu'elle voulait faire de moi. Comme toutes les autres, à en juger par ce que j'ai appris ces derniers temps. Je ne pense pas qu'elle trouvera ce qu'elle veut en s'y prenant comme ça, mais je ne peux même plus le lui dire. Elle prétend chercher une mère, mais ce sont les parents qui font leurs enfants, pas l'inverse. Et je n'étais pas une gamine brisée quand je suis tombée entre ses griffes.

Je me passe une main sur le visage en soupirant. Inutile de ressasser. Tout est déjà fini entre elle et moi. J'espère juste que ça ira bien pour tout le monde. Quand Clara parle à nouveau je mets une petite seconde à percuter.

" Makiko prépare des sashimis. J'espère que ça te va ? "

Je suis claquée. Je voudrais déjà être à demain soir, que tout soit fini. Quelle conne j'ai été, d'un bout à l'autre ! Au moins dans vingt-quatre heures elles seront toutes loin pour de bon. Je pourrais enfin mener la petite vie tranquille qui m'attend avec Kyle. Être avec un super-héros n'a rien d'une petite vie tranquille à première vue, mais comparé à ce que Mélinda prétendait m'offrir ce sera le paradis. Plus qu'à passer cette soirée, tenir encore un peu pour Clara, et cette partie de ma vie sera derrière moi.

Je commence même à digérer ce qui me reste en travers de la gorge depuis déjà longtemps. Avant la Vampire et Gabriel, je n'avais jamais eu à quitter des gens en si mauvais termes. Encore moins des proches qui vivraient encore dans la même ville que moi. Je me suis déjà séparée de beaucoup de monde, en fait je ne fais que ça. De ma vie de famille à mes amours ou mes amitié, tout ne s'est finalement fait qu'entre deux voyages. les choses ont toujours été ainsi. Le temps que je passais avec les gens était compté. Je n'avais pas une seconde à perdre puisque quelqu'un devrait repartir chez lui, déménager à la fin de l'année. Je pars au quart de tour dans tous les domaines parce que le temps est trop précieux. Mais ça ne m'avait jamais joué un tour pareil.

Et même si c'est encore loin de prendre la pas sur tout le reste, une idée très simple commence à faire son chemin : dommage, mais de toutes façons on collait pas ensemble. J'espère que Mélinda finira par s'en rendre compte elle aussi.

Je suis soudain tirée de mes pensées par un coup contre mon mollet. Makiko se penche déjà pour déposer ses plateaux de sashimis et d'amuse-gueules. Tradition culinaire japonaise et mal-bouffe ? une vraie métaphore de la grande brune. Elle n'a pas besoin d'ouvrir la bouche, je lis ses reproches dans son regard. Je me redresse sur le canapé alors qu'elle va s'asseoir à l'autre bout, à côté de Clara.

" Dead Space 2 ?... On aurait peur de se faire mette un score sur Black Ops ? "

Je ne sais pas trop comment Clara va le prendre, mais Makiko pioche déjà la boîte de Borderlands pour l'ouvrir sur le disque de Call of Duty. Après tout ça ne lui fera peut-être pas de mal de s'amuser avec quelqu'un qui s'y connaît dans ces trucs-là.

Mélinda Warren

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Re : Les ailes flamboyantes d'un Phénix [Yamagashi-senseï]

Réponse 56 mercredi 29 août 2012, 23:00:34

« Makiko prépare des sashimis. J'espère que ça te va ? »

Hochement de tête confirmatif. Tant que c’était comestible, c’était tout ce dont Clara avait besoin. Elle hésita un peu, mais, comme elle n’avait rien à dire à Hitomi, elle préféra retourner sur Dead Space 2. Elle espérait juste que toute cette histoire se terminerait rapidement. Une page était en train de se tourner dans sa vie, une page très importante, et elle essayait de ne pas y repenser, sachant qu’y songer ne l’amènerait qu’à angoisser encore plus. Elle se concentra donc sur les horreurs pixellisées défilant sur l’écran plat, ouvrant le feu avec Isaac, rechargeant son Cutter-Plasma pour viser les Lurker et les éclater dans des soupirs et des hurlements. La mort digitalisée lui permettait de s’absorber... Jusqu’à ce que Mikako entre avec les plats. A l’envie de massacrer tout ce qui bouge sur grand écran se mélangea celle de satisfaire son estomac. Elle accepta donc sans hésitation les plats de Makiko, tandis que cette dernière s’installait à côté d’elle.

« Dead Space 2 ?... On aurait peur de se faire mette un score sur Black Ops ? » la nargua-t-elle.

Touchée à vif, Clara fronça les sourcils, et répliqua rapidement sur le même ton :

« Hey ! J’ai réussi à tenir jusqu’à la dix-huitième manche toute seule contre les zombies ! Tu parles à une pro’, ma petite ! »

Le défi était lâché, les paroles dites. Impossible de revenir en arrière. Les rangs des zombies allaient devoir recruter sous peu à la fin de la soirée, mais c’était tout ce dont Clara avait besoin. Que cette soirée passe le plus vite possible. C’était ça qui la tuait, cette attente, ces longues heures inutiles avant d’arriver aux choses sérieuses. Comme quand on se préparait à passer un Oral important en étant convoqué à 08h00, tout en sachant qu’on le passerait à 10h00. Deux heures interminables, où tout ce qu’on espérait était de passer ça, afin d’en être débarrassé, et de profiter le plus longtemps possible de cette courte période d’insouciance, celle entre l’examen et les notes. On aurait ensuite tout le temps de pleurer, que ce soit de joue ou de colère. Clara était dans cet état. Le processus était enclenché, et elle ne pouvait plus revenir en arrière. Elle ne souhaitait donc qu’une seule chose : que ça passe vite, qu’elle fasse une grasse mat’, afin de se réveiller à 11h30, d’avoir le temps de se doucher, de manger un truc, d’enfiler quelque chose, puis d’aller déposer la lettre, et, ensuite, d’attendre au café en priant tous les Dieux de Terra pour que ça se passe vite.

Clara se coucha donc assez tôt, à 23h. A l’heure des poules pour elle. Elle remercia Makiko pour son hospitalité, et se rendit dans la première chambre qu’elle avait vu, et se glissa dans le lit, laissant Hitomi et Makiko. Le soleil la fuyant comme la peste, elle tenta de se replonger dans Mosby. 23h05. A 23h15, en réalisant qu’elle lisait toujours la même page, Clara reposa le bouquin, sortit son portable, et envoya des SMS. Elle répondit à Mélinda, puis à Shii, et envoya d’autres textos à d’autres connaissances qui lui demandaient si elle voulait passer chez elles dans la nuit. Ça risquait d’être compliqué. Il fut 23h35 quand elle tenta enfin de s’endormir. Éteignant les lumières, Clara enfila ses écouteurs, et ferma les yeux. Signs of Life l’accompagna dans son sommeil. Les paroles la guidèrent, formant comme un écho à ses propres pensées : « Your love is a kiss, my undying wish/Designed to retrace the signs of life »...

Elle se réveilla à 01h15, se rendormit, se réveilla à 02h50, émergea une nouvelle fois à 04h00, et le sommeil la quitta définitivement à six heures du matin. Clara avait bougé un peu partout dans le lit, ignorant si elle avait rêvé ou cauchemardé. Elle avait l’impression d’avoir fait un cauchemar, mais ne s’en souvenait plus, n’ayant que des images confuses. Elle attrapa machinalement son portable, et constata qu’elle avait reçu, à 02h27 très précisément, un message de Mélinda, un peu plus complet que le précédent. Presque un roman écrit sans aucune abréviation. C’est à ça qu’on reconnaissait ses messages. Le langage est une trop belle chose pour qu’on le charcute avec des abréviations stupides, expliquait-elle de sa voix de velours, tranchante, autoritaire, mais empreinte de douceur.

« Je sais que tu penses que je t’ai joué un vilain tour, et que tu aurais sans doute préféré que je vienne avec toi, Clara. Mais tu dois savoir que je n’aurais pas été un bon soutien. Tu me connais ; j’ai trop souvent tendance à monopoliser la conversation et l’intérêt des gens. Voilà pourquoi j’ai préféré charger Hitomi de t’accompagner.

Sache qu’on n’oublie jamais d’où l’on vient. Le seul moyen d’aller de l’avant et d’évoluer, ce n’est pas en fuyant, mais en affrontant les fantômes de son passé. Je sais que tu en es capable.

M.
»

Pour que Mélinda se confie autant, il fallait probablement qu’elle ait fait auparavant l’amour. Elle avait du envoyer le SMS avec une fille entre ses seins, le corps en sueur, pianotant sur les touches avec une seule main, l’autre jouant avec les cheveux de la femme avec qui elle venait de faire l’amour. Oui, Clara l’imaginait bien dans cette position. Elle bâilla, entrouvrit délicatement la porte. Il était alors 06h20. C’était l’aurore à Tokyo, et elle s’assit dans la cuisine, les yeux perdues dans le vague, et bâilla à nouveau.

*Me voici au Jour-J... Et je ne fuirais pas.*

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Yamagashi Hitomi

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Re : Les ailes flamboyantes d'un Phénix [Yamagashi-senseï]

Réponse 57 dimanche 02 septembre 2012, 16:56:18

J'ai mal dormi, ou plutôt j'ai peu dormi. J'ai cogité une bonne partie de la nuit, pour digérer, toute seule dans le lit de Yukio et Sakura. je n'allais pas m'envoyer en l'air ou même dormir avec Makiko alors que Clara était à deux portes. Ça ne l'aurait pas choquée, mais je crois que je me serais sentie encore plus mal. J'ai tout tourné et retourner dans ma tête pour finalement me dire qu'on avait évité le pire. Mélinda aurait pu me tuer ou me transformer de force. J'aurais pu craquer et lui attirer des tonnes d'emmerdements. Elle n'aura pas la mère de substitution qu'elle attendait de moi, et je n'aurais pas la fille adoptive que j'aurais dû voir plus tôt. Mais est-ce que les choses auraient vraiment été ainsi ? Je pense plutôt qu'on aurait fini par se rendre complètement dingues l'une l'autre. Et si Clara s'en sort grandie on aura au moins réussi à faire quelque chose de positif toutes les deux.

Elle vont me manquer, toutes ces petites écervelées. Mais je pouvais pas tenir la place que Mélinda voulait me donner dans leur tribu.

Je suis réveillée aux environs de six heures et demi par Makiko. Avec sa subtilité habituelle, elle vient tirer le coussins sous ma tête pour m'en donner un coup, me faisant grogner de mécontentement. Encore une chose qui n'a pas changé. Makiko est une bête de concours, elle se lève toujours tôt pour s'entraîner, quitte à rattraper dans la journée le sommeil qu'elle a rogné sur sa nuit.

" Ton élève est déjà debout, mauvaise prof ! Lève tes grosses fesses ! "

J'enfile un pantalon de pyjama et un T-shirt avant de sortir de la chambre. Une main entre de me gratter les cheveux, l'autre devant la bouche alors que je bâille à faire trembler les vitres. Et j'arrive dans la cuisine au radar avec un sourire. Heureusement que Clara a les cheveux roses, sinon je ne suis pas certaine que je la remarquerais. Makiko se dirige déjà vers la porte.

" Je reviens d'ans une demi-heure, bande de limaces ! La douche a intérêt à être libre ! "

Je souffle un petit rire fatigué en m'approchant de la lycéenne.

" Ne fait pas attention, elle toujours comme ça le matin. Pendant trois ans on a pas eu besoin de réveil à cause d'elle. "

J'arrive à portée pour lui masser le bras. Vu sa tête je ne lui demande pas si elle a bien dormi. Moi j'ai cogité sur des problèmes déjà réglés. Elle, son épreuve est encore devant.

" Ça va ? "

Puis une fois qu'elle m'a répondu, je me tourne vers les placards.

" Qu'est-ce que tu prends au petit déjeuner ? "

ça ira forcément mieux avec quelque chose dans le ventre. En tous cas, pour moi, ça marche en général.

Mélinda Warren

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Re : Les ailes flamboyantes d'un Phénix [Yamagashi-senseï]

Réponse 58 lundi 03 septembre 2012, 00:01:40

Clara, qui comptait profiter un peu d’un moment de solitude, fut assez décontenancée. Makiko était debout, et Hitomi également. Avec des yeux ronds, surpris, elle regardait les jeunes femmes.

« Je reviens dans une demi-heure, bande de limaces ! La douche a intérêt à être libre ! »

Ce à quoi Hitomi rapidement, alors que la tempête Makiko venait de sortir :

« Ne fait pas attention, elle toujours comme ça le matin. Pendant trois ans on a pas eu besoin de réveil à cause d'elle. »

Ça, Clara voulait bien le croire... Clara n’arrivait pas à croire qu’elle s’était réveillée si tôt. Fervente défenseuse des bienfaits de la grasse matinée, se lever à une heure si matinale était assez inattendue pour elle. Peut-être que Makiko était une ancienne soldate, ou avait pour père un général ? Connaissant Hitomi, ça ne l’étonnerait même pas. Elle ne dit donc rien. Hitomi semblait complètement dans le coltard. Est-ce qu’elle avait aussi mal dormi qu’elle ? La question était permise... Clara n’était pas idiote ; quitter Mélinda, c’était douloureux, même quand on avait un petit ami merveilleux... Et, diable, il avait intérêt à être formidable, pour compenser ce que la perte de Mélinda signifiait ! Hitomi devait également prendre conscience qu’elles ne se reverraient plus jamais aussi intimement, qu’elle n’aurait plus jamais l’occasion de pouvoir revoir le corps nu de Mélinda allongé près d’elle, de pouvoir partager des moments d’intimité avec ses élèves, loin des tables et des interrogations.

« Ça va ? »

Léger sourire fatigue et las.

« Ça ira mieux ce soir. »

Inutile d’en dire plus là-dessus. Dans quelques heures, Clara avait rendez-vous avec son passé. Il y avait largement de quoi perturber n’importe qui. Ça lui faisait comme une indécrottable boule dans le ventre, une boule qui ne partirait pas facilement. Tout ce que ça lui provoquait, c’est une envie furieuse d’aller squatter les toilettes. Pour le coup, elle comprenait un peu mieux ce qu’un étudiant devait ressentir quand il se réveillait à 07h, et qu’il avait un Oral à 09h. Le temps qui défile lentement, cette impression d’absence, cette envie d’en finir, de passer le cap, peu importe qu’on ait réussi ou non l’examen.

« Qu'est-ce que tu prends au petit déjeuner ? »

Elle haussa les épaules.

« Un chocolat chaud avec des tartines grillées et du beurre, ça m’ira très bien. »

C’était un petit-déjeuner à la française, mais c’était ce qu’il y avait de meilleur. Comme Hitomi était près des placards, elle la laissa préparer, tandis qu’elle inspectait la ville par l’une des fenêtres de la cuisse. Tokyo ne dormait jamais. On ne pouvait donc pas dire que la ville était en train de se réveiller. Seikusu était une grande ville, mais, face à Tokyo, elle ne valait rien. C’était presque une cité-État, tant elle était vaste. La surpopulation était le problème majeur de Tokyo, à tel point que des architectes développaient des projets délirants qui faisaient le tour du monde : concevoir une pyramide géante était le dernier projet en date qui avait marqué Clara. Elle avait vu cet article chez Mélinda. Une pyramide d’une taille pouvant accueillir 750 000 personnes, pour la bagatelle de 88 trillions de yens, soit quelques centaines de milliards d’euros. Le projet l’avait amusé, mais resterait surtout théorique.

« Merci, Hitomi... »

S’arrachant de la vue des gratte-ciel et du soleil levant, Clara alla s’asseoir, et commença à manger. Le chocolat chaud lui brûla la gorge, la réveillant. Elle avait une petite mine, ce matin, et de grosses cernes noires sous les yeux. Clara avait très mal dormi, mais n’avait bizarrement nullement envie de dormir. Elle voulait juste en terminer. Elle recouvrit de beurre l’une des tartines, la trempa dans le chocolat, et mordit dedans. La tartine craqua tendrement. Clara regarda Hitomi, et sourit lentement :

« Je suppose que je dois avoir la même gueule de zombie que vous... »

Elle soupira, et regarda sa montre.

« Qu’est-ce qui se passera si Makiko revient, et si quelqu’un est dans la douche ? Je veux dire... Est-ce qu’elle coupera l’eau chaude, ou s’incrustera dans la douche ? »

Makiko avait l’air d’être cette fille franche et explosive qui ne reculait devant rien, et était volontiers sans gêne... Ce qui était autant une raison de l’aimer que de vouloir lui foutre des baffes. Une femme sur laquelle on pouvait compter... Un peu comme Clara, en somme.

DC d’Alice Korvander.

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Yamagashi Hitomi

Créature

Re : Les ailes flamboyantes d'un Phénix [Yamagashi-senseï]

Réponse 59 mardi 04 septembre 2012, 16:49:18

Je fouille les placard pour découvrir que Makiko n'a pas changé. Pour une championne elle n'est pas adepte de diététique. Elle grignote de tout selon ses envie, ne se réprimant que sur les quantités pour ne pas se pourrir la santé. Elle a toujours fait ça. Je trouve donc rapidement de quoi contenter la lycéenne qui revient s'attabler devant un bon petit déjeuner. Pour moi : café, bien serré. J'ai besoin d'un truc qui me fasse croire que je suis réveillée. Ou qui me fasse oublié que j'ai une tronche de zombie, merci pour mon moral.

" Si le miroir de la salle de bain éclate, tu seras fixée. "

Je souffle sur ma tasse en écoutant sa question, qui me fait sourire. L'eau froide ? Makiko m'a fait le coup plus d'une fois. S'incruster ? Elle m'a l'a fait encore plus souvent. Mais elle sait se tenir.

" Non, ne t'inquiète pas. Avec une invitée à la maison elle ne fait pas n'importe quoi. "

Je sirote une gorgée de café brûlant avant de lui sourire.

" Vas-y en première, je la retiendrais au cas où. "

Je préfère ne pas plus aborder ce qui nous attend. Avec ma maladresse habituelle je risque encore de trop mettre la pression. Clara doit déjà en subir assez. En fait Makiko serait bien capable de la rejoindre sous la douche. Rien que d'y penser j'en ai des frissons. Je sais comment elle fait. Elle ne viendrait surtout pas pour se mêler de ses problèmes, d'ailleurs elle ne lui dirait pas grand-chose. On est les meilleures amies du monde, mais à aucun moment il n'y a eu autre choses. On se ressemblait trop pour ça, et les petits soins qu'on avait l'une pour l'autre n'étaient pas amoureux. je ne compte plus les fois où je me suis glissée dans les vestiaires avant une de ses compétitions, où elle m'a rejointe dans les toilettes de la fac avant un exam.

Même quand on se faisait la gueule, on était toujours fidèle au poste pour l'autre. c'est une chose qu'on a jamais eu à se demander, et qu'on ne s'est jamais refusée. Pas de parties de jambes en l'air endiablées, ni même pour le frisson de le faire dans l'urgence. Simplement pour se détendre, Faire jouir l'autre juste une fois comme pour lui souhaiter bonne chance, et chasser ce qui la dérange. la méthode a toujours payé. C'est peut-être ça qui m'a rendue accro, ça qui fait que j'ai tant besoin de m'envoyer en l'air. C'est peut-être aussi ça qui trompe tout le monde. Je m'envoie en l'air par amour, par amitié aussi, pour jouer ou simplement me défouler. En fait on aurait du se glisser dans la chambre de Clara, qui était la mienne, et elle aurait passé une bien meilleure nuit.

Je laisse donc Clara occuper la salle de bain en première. Je ne vais pas lui proposer ça. Mais une fois seule je me mordille la lèvre en rougissant. J'ai honte, mais j'espère que Makiko va vite rentrer... et que Clara restera un bout de temps sous la douche.



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