Va pour l’ancienne chambre de Yukio, alors... Clara se fit l’idée d’une pièce remplie de toiles d’araignées sinistres, de sacs de poussières, de meubles en ruines... Alors qu’elles traversaient le couloir y conduisant, la lycéenne sentit sa poche vibrer contre sa peau, et s’empara rapidement de son portable. L’annonce «
1 nouveau message » apparut sur l’écran du portable, mais elle n’eut pas le temps de le lire, car elle entrait dans la chambre du question...
«
On dirait la mienne quand Shii n’a pas fait le ménage... » commenta brièvement Clara, une ou deux secondes après avoir missa tête à l’intérieur.
C’était en effet un beau bordel. Il y en avait partout. Des fringues qui s’étalaient par terre, sur le lit, des boîtiers de jeux qui étaient ici ou là.
Bioshock,
Left 4 Dead... Elle voyait brièvement les jaquettes, tandis qu’Hitomi, étrangement morte de honte, s’amusait à ramasser les fringues. Elle ressemblait à ce personnage des mangas surexcité qui poussait de grands cris hystériques en voyant une situation compliquée, et qui se transformait en une espèce de Flash, nettoyant en vitesse grand V l’intérieur de la pièce. Mains dans le dos, Clara s’écarta poliment, tandis qu’Hitomi, chargée comme un docker, sortit de la pièce.
*
’Sont space, ces nanas...* se dit Clara.
Elle haussa les épaules, et pensa alors à consulter son message. Il était concis, mais parvint malgré tout à lui arracher un joli sourire. Il émanait de Mélinda :
« Tu n’es pas seule, je pense à toi. Sois forte, et ne doute pas de tes capacités, ma grande.
M. »
Tu n’es pas seule... Un aveu à peine voilé. Mélinda n’avait pas envoyé Hitomi avec Clara pour qu’elles se réconcilient, mais bien pour que Clara crève l’abcès. Cette dernière avait l’affreux sentiment de s’être fait manipulée par Mélinda, d’avoir été amenée à raconter son si douloureux passé à une femme qu’elle ne reverrait plus jamais qu’à travers l’intermédiaire de bulletins de notes... Mais c’était du Mélinda tout craché. Il n’y avait qu’elle pour faire ça. Néanmoins, il n’y avait pas que de l’amertume dans le cœur de Clara à la lecture de ce message, mais aussi du plaisir. C’était la preuve que Mélinda s’intéressait à elle. Clara hésita à répondre, ne sachant pas trop quoi lui dire.
Merci de t’être foutue de ma gueule ? Gros bisoux tout pleins ? Elle décida de ranger son portable, et se pencha dans une quête aussi difficile que se réconcilier avec sa famille : trouver un jeu vidéo. Elle ouvrit la boîte d’un
Call of Duty, et vit deux jeux en jaillir, l’un tombant sur la moquette.
Dead Space 2 se battait en duel avec
Battlefield 3. Une hérésie qui aurait amené bien des noobs à pousser des cris désespérés. Clara s’empara de
Dead Space 2, et le mit dans le lecteur. Défourrailler des Nécromorphes à tire-larigot, leur éclater les membres et aplatir leurs sales gueules sur le bitume de la station spatiale de la Méduse, c’était tout ce dont elle avait besoin.
Elle eut le temps d’avancer dans un couloir avant que son téléphone ne se mette à sonner. Ce n’était pas un message, mais un appel. Grognant, Clara s’empara de l’objet, et vit le nom de l’individu qui venait la déranger : Shii. Soupirant lentement, puis arquant un léger sourire, Clara prit l’appel. Shii voulait se renseigner, et Clara lui parla donc de sa journée. Comme il n’y avait, ma foi, pas grand-chose à raconter, elle eut rapidement fait le tour, venant ensuite à l’essentiel.
«
Je suis sûre que ta mère sera folle de joie de te revoir... Tous ses courriers vont dans ce sens. -
Je sais, répondit Clara.
Mais ça ne rend pas les choses faciles pour autant. »
Shii la tint brièvement au courant des actualités du manoir. Là aussi, il n’y avait pas grand-chose à raconter. Akira continuait à préoccuper Mélinda, et cette dernière semblait avoir une idée. Shii n’en savait pas plus, et Clara, de toute manière, s’en foutait pour le moment. Elle était surtout préoccupée par sa mère, et sa conversation avec Shii, cette brave Shii, se termina bien rapidement. Soupirant lentement, Clara s’approcha ensuite du téléviseur, et commença à jouer... Cinq minutes, avant qu’Hitomi ne débarque.
*
C’est un complot...*
«
Alors ? Tu as trouvé ton bonheur ? » s’enquit-elle.
L’intéressée se contenta d’hausser les épaules, et montra l’écran, où Isaac était en train d’affronter dans un métro où il flottait des
Lurker bien moches.
«
Yep ! Vous avez apporté de la boisson ? Je veux bien un soda ! »
Clara le réceptionna, l’ouvrit, et but quelques gorgées, avant de se tourner vers la
senseï. Leur dernier moment d’intimité... Mais il ne se passerait rien de ce genre-là. Cette époque était révolue, pour le meilleur et pour le pire. Sur le coup, Clara se rappela qu’Hitomi devait probablement ne pas connaître l’existence d’Akira... Il aurait sans doute été intéressant de lui en parler, de lui dire qu’elle n’avait plus à s’en faire pour Mélinda, car elle avait désormais une remplaçante... Rien que pour savoir ce qui brillerait dans son regard : du soulagement ? Ou de la jalousie ? Ça pourrait être tentant... Mais Clara réussit à tenir sa langue. Si Mélinda ne lui en avait pas parlé, c’était bien qu’elle ne lui faisait plus confiance, et qu’elle ne voulait plus l’impliquer dans ses affaires. Qu’elle fasse sa vie avec son mec, et basta !
«
Merci... » fit-elle en buvant son soda.
Son estomac se mit alors à gargouiller, et Clara rougit.
«
Je... Je crois que j’ai un petit creux... » avoua-t-elle.