Amis dans tous les moments...[Sentinel Prime]

Elle hésitait. Était-il déjà rentré ou non ? Et d’abord, est-ce qu’il faisait encore ses patrouilles le soir ? Les journaux et autres médias avaient lancé la rumeur de la mort de Sentinel Prime. Chose impossible, car Donna était déjà venue plusieurs fois observer l’appartement de Kyle, et à chaque fois, elle y voyait de la lumière, et la fameuse porte-fenêtre ouverte. Le costume de super-héros n’avait pas été remis depuis un moment, c’est pour cela que tout le monde pensait avoir perdu le héros. Mais Kyle dans tout ça ?


Un mois. Un putain de long mois qu’avaient passé ensemble Kyle et Donna. Ils s’étaient rapprochés, devenant de très bons amis. Les quatre cents coups ensemble ! Lui racontait sa nouvelle rencontre, une jeune femme du nom d’Hitomi et semblait aux anges. Donna qui en était très heureuse pour lui, le jeune homme pensant ne jamais trouver la perle rare. La jeune brune avait même pensé à la rencontrer, mais avait pensé qu’il était encore trop tôt pour cela, et avait pris la décision d’attendre que le couple revienne d’Irlande. Là où la rouquine Hitomi avait emmené Kyle pour lui faire découvrir ses racines…


Mais depuis, plus rien. Pas une visite surprise à l’appartement de Donna, ni à son travail. Pas un coup de téléphone. Aucune conversation internet. Rien. Le vide total. Mais qu’est-ce qu’il s’était passé pour que Kyle réagisse ainsi à son retour ? Il évitait carrément la jeune femme ! Elle ne comptait plus les fois où elle était venue taper à sa porte et qu’il n’avait pas daigné lui ouvrir, ou même lui répondre. Elle s’inquiétait !


Perchée sur l’immeuble d’en-face de celui de Kyle, elle hésitait. Et s’il l’ignorait parce qu’Hitomi était jalouse de Donna ? Après tout, sûrement que Kyle avait parlé de la brunette à sa rouquine, et que leur proximité n’avait pas plus à la demoiselle…Non, mais même si c’était ainsi, Kyle l’aurait avoué à Donna ! À moins que non, pour ne pas la blesser. Ou alors, il s’était passé quelque chose de bien plus grave, là-bas, au pays des leprechauns ?


En tout cas, ce n’était pas en restant sur le toit de l’immeuble que Donna aurait des réponses. Une faible lueur émanait de l’appartement du jeune homme, et la porte-fenêtre menant au balcon était encore ouverte. Alors, c’était le moment. Dans sa combinaison moulante de Wonder Girl, elle s’envola vers le balcon de son ami, passa la porte et referma derrière elle. La clé sur la porte, elle la verrouilla, puis cacha cette clé là où elle cachait le fameux bout de drap.


Et Kyle était là. À moitié nu, en caleçon, avachi sur son canapé, à regarder un film à caractères pornographiques. La table basse ? Elle était remplie de plusieurs cadavres de bouteilles d’alcool. Whisky, téquila, scotch, vodka, bière, et j’en passe. Il avait bu tout cela ce soir, ou bien sur plusieurs jours ? Son regard était vide, son teint blafard. Mais il y avait autre chose qui choqua Donna : il était blessé. S’il-vous-plaît, Sentinel Prime avec une main dans le plâtre ! Avec en prime, quelques hématomes sur le corps, et le bras droit entièrement bandé…Il pouvait résister à bien des chocs, alors comment était-ce arrivé ? Oula, trop de questions se bousculaient dans l’esprit de la brunette.


Mais faisons les choses, une à la fois. Donna ne s’était guère annoncée, et restait muette. Elle s’avança vers la table basse, ramassant chaque bouteille qui traînait, et partit les jeter à la poubelle. Tout cela sans mot. Sur le chemin vers la dite poubelle, elle remarqua un vêtement qu’elle n’avait jamais vu : un costume, paraissant à celui rouge et bleu de Sentinel, mais celui-ci était d’autant plus sombre. Dans une mine triste, elle repassa devant Kyle, qui ne réagissait apparemment toujours pas face à la présence de Donna. Attrapant la télécommande, elle éteignit la télévision, s’installa à même la table basse, y posant ses fesses même si ce n’était guère propre. Tant pis, ça se lave un costume.


Elle était là, face à Kyle, en tailleur. Elle approcha doucement sa main, pour relever le visage du jeune homme, afin qu’il la regarde dans les yeux.


- Et maintenant, si tu me disais ce qui ne va pas…J’imagine que cela concerne Hitomi, n’est-ce pas ?


Sa voix n’était pas sèche, ni rien. Déçue ? Elle l’était un peu. Kyle était son ami et il n’était pas venu vers elle, alors que pour lui, tout allait mal. Son cœur se serrait de voir son ami dans cet état, et se retint comme elle put pour ne pas verser des larmes…

Sur l'écran, Hitomi Tanaka remuait son cul dans une saynette à la con où, vêtue en infirmière, elle se faisait tranquillement déboiter dans un ascenseur par un patient quelconque, ses seins énormes se balançant au grès des coups de reins qu'elle recevait. Si j'adorais cette actrice et ne m'étais jamais caché de ma proportion à mater des films X, ce soir ça ne me faisait rien. Peut-être que la bouteille de Vodka que j'avais descendue durant le reste de la soirée avait été de trop, que c'était ça qui m'empêchait même de bander un peu correctement ? Sûrement. Avant, l'alcool me faisait tourner au quart de tour et me donnait l'impression que je pouvais baiser des filles par wagons entiers avant d'aller casser quelques buildings en sifflotant. Maintenant, l'alcool m'endormait simplement les neurones pour les faire partir dans des délires auto-destructeurs et me faisait pisser des litres, généralement à côté de la cuvette des chiottes.
Pour une fois, je ne soupirais pas uniquement à ma rouquine. Bon, si. Mais pas seulement. Les douleurs qui parcouraient mon bras meurtri me renvoyaient à Snow Burton et à ma cuisante défaite face à elle, défait qui découlait de mes pouvoirs absents, pouvoirs absents parce que Hitomi m'avait quitté. Au final, ma vie ne tournait elle qu'autour de cette petite putain d'irlandaise ? J'en venais à l'insulter après quelques verres et je m'en voulais généralement une fois dégrisé, parce que je n'en pensais pas un mot. C'était à moi que j'en voulais autant qu'à elle et il ne me semblait pas juste de rejetter la faute sur elle. Mais merde, c'était aussi injuste d'être tombé au fond du gouffre pour une seule nana à la con ! Je n'avais jamais fais de mal à personne et je me retrouvais incapable de me débarasser d'un souvenir en guise de récompense ? La belle affaire...

 D'accord, j'aurais dû la rappeller. Prendre mes couilles à deux mains et lui proposer de s'expliquer au calme devant un verre, en terrain neutre. Tenter de recoller les morceaux. Combien de soirées avais-je passées le portable à la main et le numéro affiché, le pouce en suspension au-dessus de la touche d'appel ? Je ne les comptais plus. Et ça finissait la plupart du temps à parler tout seul à la bouteille que je vidais, quand je ne sortais pas dans le costume de Dark. Je l'avais surnommé comme ça, ce nouvel alter-ego. Faute de mieux. Ce que je ne comprenais pas lors de mes périodes de jeûn, c'était pourquoi je bloquais sur Hitomi. Pour la complicité ? Donna était tout à fait à-même de m'en donner plus que mon comptant. Pour le sexe ? Marie et moi ne nous étions pas privés jusque là et j'avais la faiblesse de croire que ça nous plaisait autant à l'un qu'à l'autre. Sans compter Selina, avec qui il m'arrivait de flirter en alternant entre rateaux et baises endiablées. Alors pourquoi Hitomi ? Pourquoi me laisser tellement aller ?
Une chose était sûre : j'avais perdu mes pouvoirs parce que mon esprit avait... je ne sais pas. Décidé que je n'étais plus en mesure de les utiliser depuis l'Irlande. Peut-être une sorte de verrou inconscient, quelque chose du genre. Au final, j'avais même perdu ça.

Quand quelqu'un passa par mon balcon, je ne sursautais même pas. Trop imbibé et fatigué pour ça. Et Tanaka qui se faisait éclater sur une table d'opération par deux chirurgiens me semblait proposer un spectacle correct. Donna -puisque c'était elle- ne prit pas la peine de me saluer et préféra jouer les fées du logis pendant que je comatais, m'interrogeant sur le bien fondé de lui proposer de s'envoyer en l'air ou de lui dire d'aller se faire foutre ailleurs. Parce que c'était elle, je m'abstins de toute remarque et proposition dégueulasse mais grognait quand elle éteignit le poste.
J'avais évité sciemment Donna depuis mon retour au Japon parce que je ne voulais pas avoir d'explications à fournir, parce que je voulais m'en sortir seul. Et parce que, par fierté, je refusais qu'elle constate d'elle-même la déchéance dans laquelle je m'enfonçais jour après jour. Mais c'était prévisible, qu'elle forcerait le passage... J'évitais soigneusement son regard, préférant fixer son décolleté sans le voir vraiment.

- J'pas envie d'parler, là. Tu veux pas r'passer d'main ?

D'un revers de la main, je lui désignais mollement la sortie qu'elle avait sû emprunter pour pénétrer chez moi.

- Surtout pour parler de l'autre conne. Salut, Donna.

Point final de la discussion. Du mieux que je le pûs, je me penchais pour attraper la dernière bouteille qui traînait et qu'elle n'avait pas ramassée, un fond de vodka qui allait m'aider à oublier que j'étais un sale con qui avait honte de lui et de ses réactions.

Ah. Il grogne. Voilà la première chose qu’il a daigné faire en voyant Donna éteindre son téléviseur, et ainsi stopper son film porno. D’accord…Bon, au moins, il réagit. C’est déjà un premier pas. Mais même quand la jeune femme le força à la regarder, il déposa son regard sur quelque chose, vous savez, cette chose juste en-dessous de la tête. Spécifique aux dames. Et Donna le remarque, les yeux écarquillés, commençant à piquer un fard, honteuse et en colère contre Kyle. Sur le coup, elle aurait bien aimé lui coller une gifle, mais on ne tape pas un blessé.


Pas envie de parler. Salut, Donna. Il était clair que là, il n’allait pas cracher le morceau, ni déballer quoique ce soit à la jeune femme. Même, il avait attrapé une bouteille quasi-vide, que Donna avait malencontreusement oubliée, pour en finir le liquide qui y restait. Comme si Donna allait le laisser faire ! D’un geste rapide, elle arracha des mains de Kyle cette bouteille. Il sentait assez l’alcool comme ça, alors il n’allait pas rajouter une couche !


- Que ce soit maintenant ou demain, ça reviendra à la même chose. Tu ne seras pas en état et tu ne voudras pas me parler. Mais ne crois pas que j’vais filer, juste parce que tu me le demandes.


Les sourcils de Donna se froncent, voyant l’état déplorable de son ami, qui se laisse bien couler. Elle se releva de la table basse, cherchant bien autour du regard s’il restait une quelconque bouteille. Hop, direction la petite cuisine, l’évier et…L’alcool dans les canalisations. Oh, ça risquerait de ne pas plaire à Kyle, mais tant pis. La jeune femme se permit même de fouiller dans le frigo et dans le placard, attrapant ce qu’elle voyait contenant le moindre alcool, pour le vider dans l’évier. Pas de pitié !


Une chose de faite. Maintenant, allons réveiller le doux Kyle de sa léthargie. Debout, faisant face à ce qui restait de ce pauvre Kyle, elle croisa ses bras sous sa poitrine, avant de finalement s’installer sur le canapé, juste à côté du jeune homme.


- Il s’est donc passé quelque chose avec Hitomi, quand vous étiez en Irlande ? Expliques-moi. Dis-moi…


Il fuyait toujours le regard de la brune, alors qu’elle cherchait ses yeux bleus. En vain. Tant pis. Posant une main délicatement sur l’épaule gauche de Kyle, elle l’invita à se confier sans retenue. C’est toujours la meilleure chose à faire.


- Alors, c’est fini…C’est bien triste, c’est vrai. Même pire que cela. Mais cela ne reste pas une raison pour picoler, ou bien me fuir…Tu savais parfaitement que j’allais finir par venir ici, de force. Et je ne repartirai pas tant que tu ne m’auras rien dit, tant que tu ne te seras pas libéré de cette tristesse qui te ronge…


Elle se rapprocha davantage de Kyle, glissant son postérieur sur le canapé, pour se coller légèrement à lui. Sa tête sur son épaule saine.


- Je te l’ai déjà dit et je vais te le répéter, pour que tu te l’enfonces bien dans le crâne. Je suis ton AMIE. Je suis là pour tous les bons moments, les rigolades et tout ce touin-touin. Mais je suis AUSSI LÀ quand tu vas mal. Je ne suis pas un mouchoir qu’on utilise seulement quand on veut se soulager ! Tu m’as prise, alors tu me gardes. Alors, maintenant, je t’écoute…

Elle me pique ma bouteille. Garce. Mais bon, il m'en reste quelques unes dans la cuisine et j'irais leur rouler une pelle une fois que j'aurais dégagé Donna de chez moi. Je l'aime beaucoup et elle le sait, mais le fait est là : je n'ai pas envie de la voir, pas envie qu'elle s'épanche sur ma situation actuelle et joue les critiques. Donna n'est pas une mauvaise personne, loin de là. Elle est bien meilleure que je ne le serais jamais, qu'Hitomi ne le sera jamais. Donna est de ces personnes qui valent la peine qu'on se battent pour elle, mais ça ne sera pas pour ce soir. Après tout, bah... je n'ai pas envie de me battre pour moi-même. Je n'en ai plus envie. Alors pourquoi le faire pour quelqu'un d'autre ? Que le monde laisse un peu Kyle Macross tranquille ne serait pas franchement un mal. Même me foutre en l'air, je ne pouvais pas ? Ca devenait du grand n'importe quoi et je le signifiais à Donna en écrasant un "putaintufaischiermerde" entre mes dents.

- J'crois bien que si, j'suis encore chez moi aux dernière nouvelles. Reviens demain, c'tout.

Et demain, je ne serais pas là, ou je n'ouvrirais simplement pas. Ou je passerais ma nuit à cavaler derrière la racaille de Seïkusu pour lui éclater les molaires, même si j'avais presque perdu l'usage d'un de mes bras. J'allais finir par me remettre en forme, de toutes façons. A ce moment là, je reviendrais vers Donna avec une nouvelle nana au bras pour lui dire que j'avais été bien con de m'arrêter à la seule Hitomi "Kyle n'est qu'un connard" Yamagshi. Mais pas ce soir.
Tiens, elle se barre vraiment ? Sauf que dans cette direction, c'est ma cuisine. Et mes placards, qui contiennent mes réserves de... OHPUTAIN ! Elle dégage tout dans l'évier ? Elle est pas chiée, merde ! Ca me coûte un pognon monstre, tout cet alcool ! J'essaie bien de me lever, mais c'est plus difficile que je le pensais et me voilà à retomber lourdement sur le cul, grimaçant alors que mon bras blessé est tapé contre moi dans l'action. Voilà le Judas en combinaison moulante qui revient et s'installe à côté de moi qui m'écarte pour signifier ma colère envers ce qu'elle vient de faire. Et voilà que ça commence, qu'elle me parle d'Hitomi. Putain.

- Y s'est rien passé, c'bien ça l'astuce. Voilà, tu sais tout, merci et bon vent.

Je savais que ça ne suffirait pas à convaincre Donna qu'elle avait mieux à faire que de rester ici à vouloir me faire parler, mais j'avais besoin de tenter le coup. Manque de bol, je donnais de l'eau à son moulin. D'un mouvement agacé qui me tire une nouvelle expression de douleur, je dégage sa main posée sur moi.

- Alors, c’est fini…C’est bien triste, c’est vrai. Même pire que cela. Mais cela ne reste pas une raison pour picoler, ou bien me fuir…Tu savais parfaitement que j’allais finir par venir ici, de force. Et je ne repartirai pas tant que tu ne m’auras rien dit, tant que tu ne te seras pas libéré de cette tristesse qui te ronge…
- Ouais, c'est fini ! Parce que c'est une conne, que je suis un con ! Et crois moi, c'est une bonne raison pour boire comme un trou ! Se faire planter par la femme de sa vie, c'est une PUTAIN de bonne raison pour s'envoyer dans le mur ! Et en parlant de force, Donna, m'oblige pas à l'utiliser pour te foutre dehors. J'ai rien à te dire.

La menace est creuse, sans mes pouvoirs je ne ferais pas grand'chose contre elle. Mais Donna ignore aussi que je les ai perdus et je tente de jouer la carte du bluff pour donner du poids à mes mots. Je me trouve salaud de chasser la seule personne qui m'ait tendu la main depuis ma rupture, mais c'est justement parce que c'est Donna que c'est dur de lui montrer... tout ça. Foutrement dur.
Je ne la laisse pas se reposer trop longtemps et me relève pour éviter de la sentir contre moi. Ce n'est pas très glorieux, puisque je titube et dois me tenir à la télé pour ne pas me ramasser par terre.

- J'ai rien à ajouter, c'tout. J'voulais pas te voir justement parce que t'es mon amie, mais tu t'es sentie obligée de v'nir quand même. Maintenant, j'voudrais aller me coucher. Alors, s'il te plait, dégage de chez moi. Ou pionce sans chercher à me sortir les leçons de morale.

Il faut qu'elle obéisse, qu'elle la ferme. Je sens la colère monter en moi malgré l'alcool, ou grâce à lui. Et la colère n'est pas mon alliée. En Irlande, sur le port... Elle m'a coûté beaucoup et je ne veux pas que Donna, ma très chère Donna, en fasse les frais.

- Chier.

- Revenir demain ? Prends-moi pour une imbécile. Si tu sais que j’reviens demain, tu feras en sorte pour que je n’entre pas chez toi.


Mais qu’importe. Elle pouvait très bien forcer le passage, si cela était vraiment le cas. La porte d’entrée facturée, ou bien la baie vitrée brisée. Les deux mêmes entrées qu’à l’habitude, qui lui étaient généralement ouvertes car la bienvenue. Mais si elle devait en arriver là pour lui parler, elle l’aurait fait. Oh, elle aurait remboursé bien évidemment, comme pour ses bouteilles d’alcool d’ailleurs. Donna, qui répond présente comme toute bonne amie, se fait repoussée et menacée par Kyle. Vraiment, là, ça n’allait pas. Indiquant d’un signe de tête le bras du jeune homme, Donna en fit justement la remarque à Kyle, de son état déplorable, répondant ainsi à sa menace d’exclusion.


- Avec ton bras, ta main et ton coup dans l’nez ? Mais vas-y, utilises-la, ta force contre moi. Je m’en fiche, quitte à prendre des coups, je resterai…


Donna n’est pas dupe. Elle avait déjà bien remarqué les blessures de son ami quand elle était entrée dans son appartement. Et Sentinel Prime ne peut être blessé si facilement. Une main dans le plâtre, tout de même ! Il y avait deux solutions. Soit il s’était battu contre quelqu’un de son égal, donc pour Donna inconnu au bataillon, mais dans ce cas-là, la presse en aurait eu vent et Donna l’aurait remarqué également. Soit…Soit il avait perdu certains de ses pouvoirs, pour ne pas dire tous, et malgré cela, il continuait sa bataille contre le Mal, et c’était pris une raclée. La plus plausible ? La deuxième. Mais Donna n’en fit pas part à Kyle. Cela devait être pour lui un second coup de poignard dans le cœur, avec en premier, la fin de son couple avec Hitomi…Même avec toute la volonté du monde, Kyle n’arriverait pas à mettre Donna dehors…Et puis d’abord, on ne met pas un ami à la porte alors qu’il est là pour vous aider !


- Me sentir obligée ? Te faire la morale ? Tu te trompes sur toute la ligne. Mais merde Kyle ! Comment je pourrais te faire la morale sur une histoire d’amour, alors que moi-même, j’ai jamais connu ça ?! Y’a qu’un truc que je te reproche : c’est de te foutre dans cet état, que tu tiens à peine debout, alors que ça ne sert strictement à rien, vu que même avec, tu restes triste.


En quoi l’alcool allait résoudre ses problèmes ? Cela lui fera oublier Hitomi ? Non, du tout. Ca l’aidera à se sentir mieux ? Non, du tout, ça fait tout le contraire. Ca vous met plus en rogne, ça vous rend désagréable, ça vous permet de vous détester encore plus. La bouteille, un vrai fléau. Et il était hors de question pour Donna de laisser Kyle continuer à se détruire ainsi. Et cela, même si Kyle ne fait que la repousser, elle ne compte pas rester les bras croisés.


- Ca ne te fera pas avancer…


Non, vraiment. Regardez un peu ! Il peine à se lever et il est obligé de se tenir à la télé pour pas se casser la gueule ! Toujours assise dans le canapé, un peu choquée tout de même que Kyle répète à chaque fois quelques mots pour qu’elle dégage. Non pas qu’elle parte. Vraiment, qu’elle dé-ga-ge. Elle le faisait vraiment chier alors ? Son cœur s’était un peu serré, tout comme sa gorge. Est-ce qu’il se rendait compte à quel point il était désagréable avec elle alors qu’elle ne cherchait que son bien ? Non, peut-être pas. Encore l’alcool, sûrement.


Donna se leva doucement du canapé, partie assez vite en direction de la chambre de Kyle, en referma la porte, verrouillage à clé, et cacha la clé contre son cœur. Tout comme pour la porte-fenêtre en fait. Il ne pouvait donc plus prendre la fuite face à Donna. Il voulait dormir ?


- Si tu es fatigué, je te conseille de prendre le canapé. Ta chambre est inaccessible. Et je me répète : je ne partirai pas selon ton bon vouloir…Au fait ! Petite question : t’as bu assez pour avoir l’envie de vomir, ou non ? Genre, je te secoue comme un pauvre prunier, tu risques de dégoupiller ? Réponds-moi.


C’était quoi cette dernière question ? C’était très louche, vraiment. Et peut-être que Kyle ne lui répondrait pas, la prenant complètement pour une folle. Mais Donna avait sa petite idée derrière la tête…

Merde. Donna me connaissait trop bien. Ou c'était surtout que j'étais incroyablement prévisible, surtout quand mon degré alcoolique frôlait l'indécence. Bah, je n'avais jamais été très dur à déchiffrer et il suffisait de me connaître un peu pour lire en moi comme dans un livre ouvert. Et Donna avait apprit à me déchiffrer, m'apprivoiser et composer avec mon petit caractère, mes sautes d'humeur et mes maladresses. Peut-être même que l'héroïne en herbe me connaissait mieux qu'Hitomi ? Non, ça, je refusais d'y penser. En amour, je me donnais toujours entièrement, sans mensonge ni faux-col. Ce que j'avais donné à Hitomi, c'était tout ce que j'étais. C'était tout un ensemble qu'elle avait piétiné, écrasé sous sa botte en m'accusant de gâcher sa vie. Ou de manquer de le faire, ce qui revenait sensiblement au même pour moi. PUTAIN ! Gâcher sa vie, moi ? MOI ?
Bon bon. Inutile de m'énerver tout seul. A la conclusion de Donna sur ma proposition de revenir demain, je ne répondis qu'un grognement indistinct qui signifiait tout autant que je n'avais rien à ajouter et qu'elle me faisait chier. Au reste par contre je rétorquais plus intelligiblement, parce que bon, merde.

- N'oublie pas à qui t'parle, là. Si j'te dégage, c'est d'une seule main et sans forcer, pigé ?

Je me demandais si le numéro de grand méchant prenait. J'en doutais, puisque Donna ne bougea finalement pas d'un pouce et préféra commencer à me reprendre de volée, m'obligeant à passer sur la défensive. En temps normal, je ne l'aurais pas fais mais ce soir, la gentille fée de la bouteille m'avait tant et si bien sucé que j'en éjaculais des conneries par gerbes entières. Car oui, se mettre sur la défensive en face d'une personne venue vous soutenir avec la meilleure et plus sincère volonté du monde, ça restait une sacrée connerie quand même. Et voilà ! Ça commençait pour de bon, tout ce que j'avais voulu m'épargner en la rayant momentanément de ma vie en cette période noire me revenait finalement dans la gueule.

- Je n'suis PAS triste ! J'suis déçu, c'pas pareil ! Pis tu m'emmerde, Donna ! Je bois si j'veux et de toutes façons, l'alcool ça m'fait pas d'l'effet ! J'suis sobre, putain ! So-be-reuh ! Et là j'vais m'piauter, pigé ? N'nuit.

Un pas, deux... Ohla, ça tourne. C'est drôle comme avec un peu de vodka dans le sang mon petit corridor tout droit prenait des allures de chemin taillé à même une montagne de guimauve. Ca tangue et ça remue quand on marche ! Obligé de me retenir à un mur en grommellant quelques nouveaux jurons, je vois Donna me passer devant et filer vers ma chambre. Voila ! Elle va m'ouvrir la porte, le lit et me border avec un bisou sur le front, comme le f'sait maman. Fin de la discussion et... Ah. Non. J'entends vaguement la serrure jouer et je pige entre deux nuages chargés d'alcool que l'accès m'est en fait interdit. Là, elle va trop loin et franchement, faut pas déconner.

- Tu vas m'rendre cette clé d'suite, Donna. D'SUITE MERDEPUTAINCHIERCONC'MOIL'PLUSFORTPUTAINMERDECHIERT'ASCOMPRISOOOOH ?

Non mais ! Debout devant elle après avoir (difficilement) quitté le mur, je bombe le torse et serre le poing allant de paire avec le bras valide. Je lui plante mon regard droit dans les yeux -même si j'ai du mal à les trouver, ces cons bougent tout le temps- et peste en crachant à moitié quand je gueule. Alors, chérie, qui c'est qui assure, qui en jette ? C'est toujours moi, même si je te vois en flou et que le simple fait de rester debout me file la gerbe.

- Et puis merde, j'vais la chercher où qu'elle est putain !

Je marche étonnamment droit quand je fonce sur elle en quelques pas amples, attrapant la combinaison qui moule son corps. Aggripée à l'épaule, je la remue du mieux que je peux, mais pas trop quand même. Sinon, je vais dégobiller comme un con, parce que ça tangue foutrement.

- Donne, sinon j'arrache tout ! J'veux dormir dans mon lit et j'veux pas t'parler ! T'as qu'à aller parler à Hitomi si elle s'fait pas baiser par Spiderman et tout les Power Rangers ! C't'une pétasse, t'entends, T'ENTENDS ? UNE PUTAIN D'PETASSE DE MERDE ! Elle s'fait péter l'cul et c'est tout merdeputainsalopeconchierborded'merde ! Je tire sur le tissu tandis que je m'excite comme le dernier des poivrots, mais mon esprit ne voit même pas Donna. Il ne voit qu'Hitomi, qui me regarde et me nargue en riant. C'qu'un pute et j'pense plus à elle, D'ACCORD ? J'm'en fous ! J'M'EN FOUS, FOUS, FOUUUUUUUUUUUUUUUUS ! J'AI PAS B'SOIN D'ELLE ! PAS B'SOIN !

Je gesticule un peu trop et trébuche aux pieds de Donna, un peu lamentablement. Je n'y pense pas, pas plus que ne cherche à chasser les larmes qui envahissent mes yeux qui se mettent à pisser alors que je laisse mes épaules d'affaiser, ma tête s'abaisser.
Vaincu. Encore une fois.

- J'ai pas b'soin d'elle.... pas b'soin...

Les mots, les notes de ma voix... Tout ça se noie dans mes larmes, qui s'accompagnent de sanglots sonores que je ne pense pas à retenir. Je l'aime. Je suis dingue de cette fille qui m'a chassé de sa vie, de son coeur.
Et si j'ai besoin de quelque chose, c'est d'elle.

♫♪♫




- Je le sais très bien, Kyle. Mais ce n’est pas pour autant que je vais bouger d’ici. Me menacer ne sert strictement à rien…


Ah ça, pour servir à rien, c’était certain ! Elle savait parfaitement de quoi il était capable en temps réel. Un bon coup de pied aux fesses de la part de Sentinel Prime à Wonder Girl, et c’est sûr, elle volerait haut dans le ciel. Mais Sentinel n’est plus depuis quelques temps, et son côté « noir » n’était plus à même de blesser Donna. Oh, Donna n’a pas autant de supers-pouvoirs qu’en avait Kyle en tant que Sentinel, mais face à un ami affaibli par sa déprime et la boisson, il n’arriverait même pas à la faire bouger d’un poil.


Et il s’énervait, de plus en plus, alors que Donna ne cherchait qu’à comprendre le comment, le pourquoi de cette situation. Agrippé à la télévision, il se tenait à peine debout, et osait prétendre à Donna qu’il tenait bien l’alcool. Monsieur n’est pas saoul ! La bonne blague ! Sobre ? Mais bien sûr…, murmura-t’elle, juste pour elle-même.


Alors qu’il s’était décidé à aller au lit, Donna l’avait pris de vitesse, fermant à clé, et rangeant la dite clé sous sa combinaison. Et là, c’est le drame ! Il s’énerve encore plus et prend Donna pour un pauvre olivier dont on voudrait en faire tomber les fruits mûrs. Sauf qu’en réalité, c’est plutôt lui qu’il secoue. Kyle avait agrippé la jeune femme pour lui retirer la clé de force, même s’il ne savait pas où elle l’avait cachée. Mais avec le « peu » de force qui lui restait, il n’était pas à même de la faire bouger. C’était lui, le pauvre prunier, et il allait se rendre malade à force. C’était certain. Cela se voyait à son visage que Kyle commençait d’ailleurs à se sentir un peu mal.


Mais alors que Donna crut que son ami allait se calmer, il cria à plein poumon son désespoir, son pourquoi de sa rupture avec Hitomi. Le visage de la jeune femme se fit blanc de surprise. Hitomi aurait…trompé Kyle ? Vraim…Vraiment ? Ca ne pouvait être que la vérité, Kyle ne débiterait pas de mensonge sur elle. Et encore moins à Donna…Mon dieu. Qu’est-ce qu’il a du souffrir en entendant cela sortir de la bouche d’Hitomi. Ou bien l’avait-il surprise avec un autre homme ? Alors que Donna se secoua légèrement la tête pour envoyer balader ce genre de pensées, horribles pour elle, elle vit son ami s’effondrer à ses pieds. Tout en pleurs.


Que pouvait-elle faire face à ça ? Face à cette détresse ? Kyle à ses pieds devant elle, Donna se sentait démunie face à la situation. Ne pas avoir besoin d’elle ? Mais en fait, il criait, hurlait de ses larmes tout le contraire. S’agenouillant devant lui, la brunette le prit doucement entre ses bras, sa tête surplombant celle de Kyle.


- Tu l’aimes…Toujours…Je ne sais pas vraiment comme ça s’est terminé entre vous, mais je pense pas que ce soit dans de bons termes, et que vous vous êtes quittés en colère, sans avoir pris le temps de vous expliquer tranquillement, à têtes reposées.


L’une des mains de Donna se cala dans le bas du dos de Kyle, tandis que l’autre caressait les cheveux de Kyle, les ébouriffant un peu. Son geste était empli de douceur, de tendresse. C’était bien la première fois qu’elle se devait de consoler quelqu’un après un chagrin d’amour.


- Tu l’aimes encore, n’est-ce pas ? Et tu t’en veux de la façon dont ça s’est fini ? Pourquoi ne vas-tu pas la chercher alors ? Au moins pour revenir en bons termes…


Elle n’avait pas beaucoup, voire pas du tout, d’expérience en matière amoureuse. Le seul amour qu’elle pouvait vraiment considérer comme tel, à part celui de ses parents, c’était celui qu’elle portait à Kyle…D’une voix douce, elle souffla quelques mots à l’oreille de Kyle, encore en pleurs.


- Je n’ai qu’un conseil à te donner, Kyle. Demain, fais comme si c’était ta dernière journée sur Terre. Qu’est-ce que tu ferais ? À mon humble avis, tu n’hésiterais plus. Tu irais la voir. Alors prends ton courage à deux mains et vas-y. Dis-lui tout ce que tu as sur le cœur…


Et si aujourd’hui était ton dernier jour, Donna ? Qu’est-ce que tu ferais ? Elle le passerait avec des personnes qu’elle aime. Ses parents, Marie…Kyle…Baboum ! Son cœur se mit à battre plus fort soudainement, affichant une grimace sur son visage. Et aussi, s’il n’y avait plus de lendemain, elle souhaitait faire quelque chose que Kyle aimait aussi.


- Faisons ça…Reposes-toi et demain sera comme ton dernier jour.

Si j'avais encore été moi-même au moment où j'avais refermé mes bras sur Donna quand elle m'avait prit tout contre elle après s'être agenouillée à mon niveau, je lui aurais possiblement brisé la colonne vertébrale. Heureusement pour mon amie, ma force n'avait plus de quoi la blesser mais le geste n'était pas dénué de sens, de puissance. Cette dernière était sentimentale et empreinte de toute la tendresse que je lui portais bien que je n'arrêtais pas de pleurer, enfouissant mon visage dans le creux de son cou que je trempais de larmes chaudes et lourdes. Je ne sentais pas son parfum mais je savais qu'il était là, je ne sentais pas son corps mais je savais qu'elle me soutenait de toutes ses forces. Tout ce dont j'avais envie, c'était de pleurer. D'évacuer cette frustration trop longtemps accumulée. Et quelque part, un peu loin derrière tout le reste malheureusement, je lui témoignais le plaisir que j'avais à la revoir alors que je traversais une bien mauvaise passe. J'aurais voulu que mes sentiments pour Donna prennent le pas sur le reste, mais ma tête était pleine de pleurs et de regrets, ma tête était pleine d'Hitomi.

Je la laissais parler. Pourquoi dire quelque chose alors qu'elle avait visé au plus juste ? Quoique nous ne nous êtions pas quittés en colère. Elle m'avait quitté, et dans une fureur noire. Je corrigerais Donna plus tard, préférant m'occuper pour l'heure de calmer mes pleurs qui ne diminuaient que peu malgré ses tendres attentions. Au moins parvenais-je à me calmer, assez du moins pour acquiéser quant au fait que je l'aimais encore et que je m'en voulais.

- Bien sûr que je l'aime encore ! J'veux pas aller la voir, Donna... Pas maint'nant...Chuis pas prêt. Pas assez...fort.

Le temps. Brigit. La correspondance internet dont j'avais découvert à qui elle s'adressait vraiment. Hitomi voulait qu'on se donne du temps avant de tenter de se retrouver et moi j'avais peur qu'elle ne prenne ce temps que pour elle, pour se reconstruire sans moi. Si elle venait à agir ainsi, je serais à jamais exclu de sa vie et ça me terrifiait. Pourtant, je savais parfaitement que je ne serais pas à même de la retrouver en ce moment, parce que j'étais au fond du trou et je continuais à creuser pour me foutre dedans encore plus.

- J'refuse que demain soit mon dernier jour. J'ai trop à lui dire pour faire ça... Comme ça.

Je reniflais bruyamment avant de m'écarter de Donna pour la regarder de mes yeux rougis. L'alcool faisait un peu moins d'effet, comme si pleurer avait chassé de mon sang quelques degrés alcoolique. Je n'avais plus envie de vomir, mais je ne me sentais encore tout pâteux alors que la tête commençait à me cogner.

- ....On dort dans le canapé.

Je tentais un sourire qui ne me ressemblait pas à grand'chose avant de me relever en titubant, forçant Donna à en faire de même. La pauvre me servit surtout d'appui pour éviter que je ne m'écroule durant les deux mêtres qui me séparaient du sofa sur lequel je tombais finalement comme une masse, tenant comme je le pouvais la main de ma Donna.

- J'suis pas fatig....

Le sommeil me prit aussi rapidement que ça. J'avais beaucoup bu, beaucoup pleuré. J'avais beaucoup à me faire pardonner et à dire, mais ça devrait attendre demain.
Demain...

Pleures mon petit. Dans les bras de Donna, les larmes chaudes de Kyle roulaient sur ses joues avant de tomber lourdement sur le cou de la jeune femme. D’une main douce et tendre, Donna se mit à caresser les cheveux de son ami, tout en essayant de le rassurer de par sa présence déjà. La demoiselle n’était pas douée pour réconforter les gens, du moins, avec des mots. Elle utilisait les gestes, un câlin, une bise, une caresse, pour montrer qu’elle était là et qu’elle le serait toujours. Mais les mots rassurants, réconfortants, ne venaient pas vraiment. Et c’était encore plus compliqué dans des situations comme celle-ci, les chagrins d’amour…


Puis, Kyle se dégagea doucement de l’étreinte de son amie, même si celui-ci peinait un peu à calmer ses larmes. Ce qu’il souhaitait ? Revoir Hitomi bien évidemment, mais pas maintenant. Il se sentait encore trop faible pour cela. Après tout, c’est normal. Leur séparation était encore récente, et Kyle avait préféré jouer les solitaires plutôt que de demander de l’aide ou une oreille pour l’écouter…Malgré que Kyle était encore sous l’effet de l’alcool et en larmes, cela pinçait le cœur de Wonder Girl. Et même si Donna ne pouvait lui répondre que d’un fin sourire. À vrai dire, elle se sentait démunie face à la situation. Les conseils qu’elle lui avait donnés ne semblaient pas le satisfaire…Bien, ce n’est pas grave.


Donna aida son ami à se relever, et servit de soutien pour que Kyle puisse garder l’équilibre en se rendant en direction du canapé. Canapé où il s’affala et s’endormit en 2,7 secondes. Cela fit sourire la demoiselle, qui avait laissé sa main dans celle de Kyle. Mais elle la retira doucement pour ne pas le réveiller. Car en effet, elle n’allait pas rester longtemps. Elle attrapa une couverture qui trainait là et recouvrit son ami pour qu’il ne prenne froid. Quand elle avait fouillé placard et frigo pour trouver et vider son alcool, elle avait remarqué que son frigo était presque vide. Et puis, elle devait bien lui rembourser l’alcool qui avait « saoulé » l’évier…Elle ressortit de son costume la clé de la chambre de Kyle et la déposa sur la table basse, histoire que s’il se réveille et souhaite son lit douillet, il puisse y retourner. Et y ressortit également la clé de la porte-fenêtre qui menait au balcon. Criiic et la voilà ouverte, comme à son habitude.


Et Donna s’envole vers d’autres cieux. Elle aussi a besoin de se vidanger l’esprit. Elle qui a acquiert beaucoup de pouvoirs alors qu’elle n’était qu’une pauvre mortelle, était au fond bien faible. Ou peut-être dirons-nous qu’elle avait les armes mais ne savait pas s’en servir. La brune avait des pouvoirs incroyables, mais n’était même pas capable d’aider un ami…Durant son vol, quelques larmes coulèrent sur ses joues. Son cœur se serrait dans la poitrine et un nœud était apparu dans sa gorge. Heureusement que Kyle était bien dans son sofa en train de dormir. Donna, tu es pitoyable...


Son vol la dirigea vers une petite épicerie, de celle qui reste ouverte 24h/24h. Hop, un petit peu de course, histoire de rembourser Kyle et aussi de lui rendre service en remplissant son frigo (et son estomac plus tard). C’était déjà une chose qu’elle était capable de faire. Ah mais c’est sûr, on attire les regards avec un tel costume, mais ce n’est pas grave. Donna devait aussi faire une ronde, histoire qu’il n’y avait rien de grave ou que les Vilains ne fassent une razzia dans la ville. Non, pour une fois, rien. Les courses à bras, elle se redirigea vers l’appartement de Kyle, où la porte-fenêtre l’attendait grande ouverte. Et Kyle dormait encore, malgré l’heure bien avancée et l’aube qui pointait le bout de son nez. Sans aucune gêne, elle s’occupa de mettre la nourriture dans le frigo, préparant même un grand verre de jus de fruits et quelques pains au chocolat sur la table basse pour lorsque Kyle se réveillerait.


Mais la fatigue se faisait ressentir dans le corps et l’esprit de la demoiselle. Elle n’allait tout de même pas s’installer dans le lit de Kyle, et comme celui-ci était sur le sofa…S’approchant de lui, elle prit place juste à côté de lui, les fesses au sol. Elle plia ses bras pour s’en servir d’oreiller et y déposa son visage. Et ses paupières se faisaient lourdes, mais lourdes…

Le réveil est dur. Mon esprit est comme ma langue : pâteux et sans saveur. La cuite d'hier me martèle encore le crâne et j'ai l'impression que chaque expiration me parfume la gorge au whisky frelaté. Mon corps est à la fois lourd et mou, me donnant l'impression d'être emprisonné dans une masse de chair adipeuse et informe qui m'interdirait tout mouvement concret. La gueule de bois, putain... Je déteste ça ! En même temps, j'ai l'habitude et je sais que ça passera après une bonne douche glacée et un solide petit déjeuner. L'avantage d'être un alcoolique, me dis-je un peu minablement alors que je commence à bouger et que je sens une présence contre moi, que je n'identifie pas tout de suite. Il me faut quelques secondes pour reconnaître Donna qui est endormie sur le sofa, les fesses sur le sol. Je souris. Nous nous sommes déjà endormis l'un contre l'autre à nos retours de patrouille et après ses excercices de vol et la voir ainsi me ramène à de bons souvenirs. La période partagée avec Hitomi, avec Donna et Marie. Elle aurait pû prendre la chambre, cette petite tête !
Remuant difficilement, je me relève sans la réveiller et prends quelque secondes pour me réveiller un peu plus avant de bouger Donna pour faire en sorte de l'allonger sur le canapé, qu'elle puisse achever confortablement une nuit que je n'ai pas rendue facile. Penché au-dessus d'elle, je m'aperçois que ma bouche se trouve à très peu d'espace de ses lèvres si charnelles qui me font fantasmer depuis que je la connais. Je pourrais.... Non, non ! Ca ne serait pas bien ! Merde Kyle, qu'est ce que tu as dans le crâne ? Tu envisage d'abuser de ta meilleure amie alors qu'elle est endormie ? Pauvre connard ! Je me mords l'intérieur de la bouche jusqu'au sang et dépose tout de même un baiser sur la peau de Donna, oscillant entre sa joue et la commisure de ses lèvres.

- Je ne te mérite vraiment pas, soufflais-je dans un murmure.

Je filais dans ma chambre pour me trouver un boxer propre ainsi qu'un pantalon de jogging et je rejoignais finalement ma salle de bain pour m'électriser tout le système nerveux sous un jet d'eau glacée qui me remit les idées en place tout en réveillant mon corps et mes muscles. Frais -ce n'était rien de le dire- et parfumé à l'abricot, j'enfilais mes fringues av   ant d'aller dans la cuisine pour manger un morceau. D'abord, je passais par le salon voir Donna et remarquais enfin le jus de fruits et les pains au chocolat, auquels je ne manquais pas de faire un sort tout en veillant à en laisser pour mon amie que je ne lâchais pas des yeux alors que je mangeais.

Des compagnons comme ça, combien en croiserais-je au cours de ma vie ? Elle, Marie... Et c'était à peu près tout. Loin de les avoir épargnées, je les avais accablées en les mettant de côté. De nous trois, j'étais indéniablement le mouton noir et je devais m'en faire pardonner. Soupirant, je réalisais soudain que ce dont j'avais besoin, c'était d'un peu de tendresse, un peu d'attention. Si j'avais accepté les bras de mes amies à mon retour d'Irlande, me serais-je retrouvé à attendre Hitomi ? Non. Je ne le pensais pas. Je ne l'aurais pas oubliée non plus, mais j'aurais fais sans. Maintenant, c'était trop tard et je n'attendais plus que le moment où je la retrouverais.
Toutefois, je pouvais pas me permettre de passer à côté de cet autre amour. Alors avec douceur, je relevais le buste de Donna pour la prendre contre moi, refermant mon bras sur elle, laissant ma main passer sur ses épaules.
Je ne la câlinais pas souvent. De toutes les femmes que je fréquentais, Donna était celle pour laquelle j'avais le moins d'attentions de ce genre. Parce que je ne voulais pas que ça dérape, qu'on dérive sur quelque chose qui aurait été intense et agréable, mais finalement regrettable.

- Je t'aime, Donna. Je devrais te le dire plus souvent, je crois. Dormait elle ? Je n'en savais rien. Mais me confesser était plus facile comme ça, alors je continuais. Tu as toujours été là pour moi depuis qu'on se connaît et je sais que ça continuera. Je voudrais tellement pouvoir te donner autant... Excuse moi, je suis vraiment un con, parfois.

Le baiser se déposa furtivement sur ses lèvres, cette fois. Rougissant et peu fier de moi, je la redéposais sur le sofa et me relevais pour écrire rapidement un mot que je lui laissais bien en évidence sur la table basse.

P'tite Tête,
Je serais à notre terrain vague, j'ai besoin d'excercice. Je prends des sandwichs et les boissons (jus de raisins, promis !). Si ça te tente de me rejoindre... Ca sera avec plaisir.
Tu trouveras un jogging propre dans le bas de mon armoire.

K.

Terminant de me préparer, je quittais finalement l'appart' pour me rendre sur le fameux terrain, qui s'avérait être dans un coin perdu et tranquille de Seikusu où j'apprenais à Donna le vol en rase-mottes, art plus compliqué qu'il n'y paraissait. Nous y aurions la paix.

Quel drôle de rêve…Vraiment, c’était quelque chose d’étrange, mais qui faisait palpiter agréablement le cœur de Donna. Kyle l’avait pris dans ses bras, chose qui n’arrivait pratiquement jamais. Enfin, le plus souvent, c’était Donna qui le câlinait, et encore. Mais là, c’était différent. Différent dans tous les sens. Ouvrant grand les yeux, se relevant brusquement sur le sofa, la jeune femme effleura doucement ses lèvres pulpeuses du bout de ses doigts. Dans son rêve, ses lèvres roses avaient été embrassées par Kyle. Blushing ! Les joues de la demoiselle devinrent feu à cette idée. Son cœur s’affolait fortement. Mon dieu, mon dieu, mon dieu ! Quel drôle de rêve…



Et Kyle ? Où est-il ? Elle qui s’était endormie les fesses au sol, se retrouvait assise dans le canapé, à la place de Kyle en fait. Il s’était sûrement réveillé et avait mis la jeune femme sur le sofa pour qu’elle ait une nuit correcte. Mmh…Peut-être était-il à la douche ? Mais non, on entendait aucun bruit d’eau, aucun écoulement. Donna était seule dans l’appartement ? Oui, c’était le cas. Elle avait compris quand elle posa ses doux yeux azur sur la table basse. Les cheveux dans tous les sens, la table était couverte de miettes mais restait encore des pains au chocolat. Les yeux rieurs, Donna se mit à sourire doucement. Kyle avait pensé à lui en laisser pour qu’elle déjeune également. Chose qu’elle fit, engouffrant les délicieuses viennoiseries dans sa bouche. Donna découvrit enfin le petit mot sur la table basse. Un petit mot écrit par Kyle, qui lui demandait, si elle le souhaitait, de le rejoindre sur leur terrain vague d’entraînement.



- C’est bien, Kyle…



Enfin, il se reprenait en main. Et cela fit sourire doucement la jeune femme, qui fila dans la salle de bain. Hop, une bonne douche, légèrement chaude, quelques fringues piquées dans l’armoire de Kyle. T-shirt et jogging, pas très glamour, mais on ne va pas à un bal tout de même ! Laissant son costume de Wonder Girl chez Kyle, elle quitte son domicile en passant par la porte-fenêtre. Discrétion, discrétion, nous sommes en plein jour ! Volant rapidement et se posant dans une rue déserte et à la vue de personne, elle mit pieds à terre et se mit à courir pour rejoindre le terrain vague où était encore son ami. Excitée à l’idée de le retrouver, dans tous les sens du terme, même s’il n’allait pas être très frais, elle était toute folle. Elle accéléra le pas, ses enjambées se faisant plus grandes et rapides, mais néanmoins toujours « humaines ».



Enfin arrivée au terrain vague, elle put voir Kyle s’entraîner, dans l’un de ses jogging. Depuis quelle heure était-il ici ? En le voyant ainsi, le feu lui monta aux joues, et son cœur se remit à battre rapidement. Qu’est-ce qu’il m’arrive ? C’est la course ou bien…Kyle ? Retroussant les manches du t-shirt pour en faire un débardeur, elle s’approcha de son ami, qui allait se préparer à courir un peu. Au pas de course, elle le dépasse, le sourire aux lèvres.


- C’est comme ça que tu t’entraînes ?!


Moqueuse. Oui, c’était peut-être un peu méchant, mais c’était aussi histoire de le motiver. Puis, par la suite, elle souhaitait lui faire un cadeau…

J'étais arrivé sur le terrain vague d'un bon pas histoire de réveiller mon corps er je ne pouvais nier que cela m'avait fait un bien fou. Certes, ça n'avait pas été facile. Lorsque j'avais entamé les premières foulées, j'avais senti tout les muscles de mon corps protester et se tordre sous ma peau, tout comme j'avais bien reçu les avertissements de mon estomac quant à son état et son incapacité potentielle à retenir toute la bile qui menaçait de se présenter à ma bouche pour aller prendre l'air. Aprés avoir serré les dents, je m'étais fais violence et était parvenu à mes fins : la petite course tranquille le long du quartier avait débuté et s'était déroulée sans encombre jusqu'au terrain vague.

L'endroit était en fait l'emplacement d'un projet d'immeuble qui avait été abandonné alors même que le gros oeuvre n'était qu'à peine entamé. Le terrain était constitué de bosses et de restes d'éléments de construction et le reste du bâtiment s'avérait être parfait pour s'entraîner aux cabrioles et autres passes de combat. Quand j'avais commencé à revêtir le costume de Dark, mes premiers mouvements s'étaient esquissés dans ces restes inachevés et ces drôles de ruines modernes avaient été mon premier terrain de jeu.
Donna les connaissait tout autant, comme je l'ai déjà dis. Lorsqu'il avait fallu que ses  vols deviennent un peu plus techniques, je l'avais emmenée sur ce terrain et elle avait pût apprendre le rase-motte et les premières acrobaties aériennes. Nous avions passé de bons moments ici, à discuter et à rire. C'était un endroit que j'affectionnais particulièrement depuis que j'y avais emmené Donna et qui constituait d'une certaine façon mon petit jardin secret.

Arrivé là, je m'étais arrêté de courir pour regarder le ciel. Il me manquait presque autant qu'Hitomi et j'aurais donné cher pour le parcourir à nouveau. Je savais que si il m'était interdit, c'était en raison de la fêlure qui parcourait mon coeur. Cette blessure profonde avait un nom et portait une chevelure couleur de flammes...
Secouant la tête alors que j'eus l'impression que les nuages dessinaient les traits d'Hitomi, je commençais une trotte tranquille autour du terrain et me retournais quand une voix rieuse m'interpella. Donna.

- Hey, je fais ce que je peux !

Un sourire, avant que je ne la toise de haut en bas pour la découvrir dans cette tenue qu'elle m'avait empruntée.

- Je sais bien que tu ne t'arrête pas au regard des hommes, mais tout de même... Tu es bien plus sexy en combi moulante. Où même avec ta petite jupe de serveuse, dans ce chemisier un poil trop serré...

Je lui tirais la langue avant d'accelérer le pas, mimant une fuite que je menais finalement à bien en agrandissant les foulées pour disparaître dans le bâtiment qui se dressait tout à côté de nous. Les ruines allaient devenir un temps notre terrain de jeu et je m'y faufilais avec aisance, connaissant l'endroit et fort de ma souplesse acquise au fil du temps passé sous mon costume noir et bleu. Donna allait elle me trouver alors que je sautais sans aucun bruit vers les poutres du second étage, caché dans l'ombre ?
Tranquille, j'attendais qu'elle entre en lice. Un peu de défi entre nous allait changer notre quotidien... 

La course se faisait à grandes enjambées, colorée de sourires joyeux et quelques rires enfantins. Et soudain, Donna ralentit. Ses yeux se font ronds, ses lèvres expirent profondément, puis…Elle stoppe tout, s’arrête brusquement. Le feu lui monte aux joues, tellement qu’elle en reste bouche bée. Qu’est-ce que Kyle venait de dire ? Elle avait du mal entendre, c’est impossible. Donna, sexy ? La remarque de son ami l’avait clouée sur place, et bien surprise, son cœur s’emballant. Ce sentiment qui serre sa poitrine, elle se sent mal. Terriblement mal. Mais il y avait plus mal qu’elle : Kyle. C’est pour lui qu’elle était là. Et le voyant filer à toute allure vers le bâtiment en construction, elle ne peut s’empêcher de reprendre le pas de course, levant le poing fermé vers le ciel, et sur un ton gêné, elle espérait que Kyle l’entende.


- Héééé !! TU TRICHES !


Ce lieu était devenu une sorte de sanctuaire pour les deux amis. Kyle avait appris à la brunette à mieux se servir de son pouvoir, celui qu’elle avait pu découvrir avec lui. Ces constructions à l’abandon, elle en connaissait les moindres recoins. Mais aujourd’hui, elle allait jouer fairplay, sans pouvoir. Tout comme Kyle en fait. Rentrant silencieusement dans le bâtiment, elle réajusta ce jogging trop grand pour elle. Puis, elle prit la base de son t-shirt pour le remonter, englobant ses deux gros seins (sans soutien-gorge), histoire d’avoir moins chaud (et que ça donne à peu près ça). S’avançant doucement, elle était à l’écoute du moindre bruit, le sourire aux lèvres. Cela ressemblait presque à ce fameux jeu d’enfants. Vous savez ?


- Attention, petite souris ou le chat t’attrapera !


Mais le but était tout autre. Il fallait que Kyle sorte de ce cercle vicieux dans lequel il s’était lancé, et un peu d’exercice et une bonne dose de Donna ne lui fera que du bien. Elle en était certaine. Après avoir fouillé tout le premier étage, la brunette s’engagea dans le deuxième, équilibriste sur les poutres d’acier, souple comme un chat…Mais au fond, elle ne le cherchait pas vraiment. Tout vient à point à qui sait attendre, non ? Quelques sons parvinrent à ses oreilles, minimes, mais tout de même. Kyle n’était pas loin, et peut-être que la souris attaquerait pour mieux surprendre l’adversaire ? Dans un sourire malicieux, Donna grimpa sur des poutres plus élevées, faisant résonner sa voix.


- Et maintenant, Kyle, que comptes-tu faire ?


Oui, cette question avait un double-sens. Qu’allait-il faire maintenant, dans ses décombres, et que va-t’il faire en ce qui concerne Hitomi ? Ce n’était pas vraiment le genre de Donna de remettre les choses qui font mal sur le tapis, mais pour Kyle, il en avait besoin pour avancer. Surtout pour se relever. La brunette, elle, n’espérait qu’une chose : c’est qu’il ne la mette plus de côté comme il l’avait fait…Plus jamais…

Après m'être fondu aisément dans les ombres, j'avais en quelques sauts félins rejoins les étages supérieurs du bâtiment. Arrêté à mi-chemin entre le premier et le second, j'avais profité de la vue pour détailler Donna qui m'avait bien sûr suivi dans la course et qui avait prit quelques secondes pour ajuster un peu mieux le jogging qu'elle avait trouvé dans ma penderie. Certes, le tout était trop grand pour elle... Mais le pantalon moulant joliment le galbe de ses fesses hautes et rebondies, ce qui me fît penser dans un sourire presque gêné que la brunette avait somme tout un cul plus joli encore que celui d'Hitomi. L’exercice régulier qu'elle pratiquait, peut-être ? L'étoffe du jogging qui, une fois resserré, soulignait ses hanches et sa chute de reins ? Sûrement. Je n'avais pas le souvenir d'avoir remarqué ça dans sa combinaison de "travail", pourtant.
Voilà qu'elle s'occupait de triturer le tee-shirt, le remontant, le pliant tant et si bien qu'il ne se retrouva qu'à ne couvrir que la poitrine de Donna, rehaussant ses globes de chair qu'elle avait finalement de fermes et généreux. Pour le coup, elle ne valait pas Hitomi. Mais moi qui pouvait me targuer d'être un expert ès nichons, je ne pouvais que reconnaître que ceux là étaient splendides. Immanquablement, je sentis la chaleur caractéristique de l'excitation sexuelle se répandre en moi alors que mon boxer devenait un poil trop serré.
Quelque part, ça avait quelque chose de gênant et c'était cette situation qui me fît réaliser une chose que je n'avais pas compris jusque là : je n'avais considéré Donna en tant que femme, pas une seule fois.

Du jour de notre rencontre aux moments échangés ensemble, j'avais vu Donna comme la soeur que je n'avais jamais eu. Je l'avais choyée, grondée, félicitée, encouragée, fait tourner en bourrique. Bien sûr, je l'avais aimée. De cet amour sans arrière-pensée qu'on porte à un membre de sa famille, un peu comme cette cousine avec qui on pourrait passer la nuit sans qu'il ne se passe jamais rien, sans même que l'idée de la mater alors qu'elle est en string face à nous ne nous vienne à l'esprit. Pas une seule fois je ne l'avais regardée pour ce qu'elle était : une femme splendide et tout à fait à mon goût. Moi qui n'avais eu d'yeux que pour Hitomi depuis qu'elle était entrée dans ma vie, j'en avais "oublié" Donna.
Quelle ordure je faisais, quand même... Maintenant que ma nana m'avait plaqué, je matais ma meilleure amie tout en m'imaginant clairement l'attraper ici et maintenant pour lui faire l'amour contre un des murs encore debout. Elle venait de parler de chat, mais ironiquement c'était elle la souris.

Une contorsion, un saut, un mouvement acrobatique et j'atteignais le troisième sans la quitter des yeux, elle qui demeurait un étage plus bas sans réellement me chercher. Je me déplaçais en suivant son parcours, pestant parfois contre les lattes de plancher vermoulues qui craquaient sous mon poids que je faisais pourtant peser le moins possible. Donna ne semblait pas réagir et lorsqu'elle le fît, ses lèvres s'agitèrent plus que ses membres.

- Et maintenant, Kyle, que comptes-tu faire ?

Bonne question. Peut-être la seule qui valait la peine d'être posée. Je restais silencieux et pensif, laissant filer le temps. Puis je bougeais vivement. Une course au-dessus de la tête de Donna, puis le silence et les échos de frottement de tissu lorsque je sautais dans le vide depuis mon étage pour arriver sur la même poutrelle qu'elle, juste derrière. Le perchoir était trop étroit pour qu'elle se retourne et j'en profitais pour lui fondre dessus sans craindre la chute : Donna saurait nous l'éviter à tout deux et sa force faisait que je n'avais de toutes façons pas à craindre de la renverser.
Voilà que nous étions collés l'un à l'autre, mon buste contre son dos, mon bassin contre ses fesses et mes mains posées fermement sur ses hanches. Pas vraiment la meilleure façon de calmer mon excitation, mais c'était de toutes façons mes instincts les plus primaires qui m'avaient poussé à agir comme ça. Pour ne pas mentir, je me faisais violence pour que mes mains restent sage et que ma voix ne tremble pas quand je me mis à lui parler.
Alors que les premiers mots arrivaient à son oreille, j'ignorais encore si j'avais envie de profiter de la situation ou si je voulais la fuir en m'excusant platement de mon action et de l'envie qui grondait dans mes entrailles.

- Tu baisse ta garde bien facilement, Wonder Donna.... Dès maintenant, il pourrait se passer n'importe quoi....

Ferme ta gueule, Kyle ! Ferme moi cette putain de bouche bavarde qui s'est approchée de l'oreille de ton amie alors que ta voix se terminait sur une note bien trop chaude pour être honnête ! Tu la lâches, tu dégage en riant comme le petit con que tu es et tu fais passer ça pour un jeu ! La fuite, tu connais, non ?

Un soupir. De plaisir contenu, ni plus ni moins. Mes lèvres contre son oreille, qui s'ouvrent pour dévoiler un peu mes dents. Mes dents qui viennent croquer tendrement son lobe. Mes mains qui se déplacent un peu. Juste un peu. Trop pourtant.
Je voudrais fuir.
Je voudrais aller plus loin.
Je voudrais être moins con.
Je voudrais assumer mes actes.

Les deux amis s’étaient lancés dans une partie de cache-cache dans ce terrain vague qui avait vu les premiers essais de vol de Donna. Sur ce terrain, un bâtiment dont la construction était non achevée devint un véritable espace de jeu pour Kyle et la brunette. Ce n’était pas vraiment un jeu dans le fond, ils étaient là pour que le jeune homme retrouve de sa forme, et de son moral aussi. Ainsi, il irait plus facilement de l’avant. Et qui sait, peut-être retrouverait-il Hitomi…


Elle s’était activée à monter les étages, poutre par poutre, sans pourtant autant prendre le soin d’être silencieuse. Non, au contraire, Donna cherchait à se faire voir, que Kyle l’entende, la voit, et l’attaque. L’américaine cherchait à le tester, voir ce qu’il savait faire sans ses pouvoirs. Le chat et la sourie. La brunette pensait être celui qui chassait, mais non. Elle n’était que le pauvre petit mammifère qui ne se cachait pas, et qui remuait sous les yeux du prédateur. Elle était la proie.


Des craquements au-dessus d’elle…Kyle allait enfin sortir de sa cachette, et d’un côté, Donna s’y attendait. Enfin, s’attendant à tout sauf à ça ! Il avait littéralement fondu sur la jeune femme, dans le dos, passant ses bras autour de son amie. Le petit scénario que s’était imaginé Donna relevait plus d’une petite lutte pour tester les capacités du jeune homme, mais ce n’était pas ça du tout ! Déjà qu’ils avaient failli tomber à cause d’un petit déséquilibre de Donna, qu’elle rattrapa rapidement, mais là…On aurait dit qu’il la…Câlinait ?


Son cœur s’emballa. Depuis le rêve qu’elle avait fait ce matin, où Kyle l’embrassait, Donna avait du mal à se comporter normalement avec son meilleur ami. Le moindre compliment, le moindre sous-entendu, le moindre contact, lui rappelaient ce sentiment euphorique qui l’avait pris dans ses songes. Alors, le sentir derrière elle, son torse tout coller contre son dos, son bassin contre son derrière rebondi…Heureusement pour Donna que Kyle ne voyait pas son visage, car cachait légèrement par sa longue chevelure noir corbeau, les joues de la demoiselle prirent des teintes carmin, ou semblable à un rouge pompier. Autant dire qu’elle était mal à l’aise de par cette situation.


De plus, le jeune homme ne faisait rien pour arranger les choses. Jouait-il avec les sentiments de la brunette pour mieux l’ « abattre » ? Pour mieux gagner ce petit duel qui était à l’origine de ce jeu de cache-cache dans les décombres ? Donna ne savait plus comment prendre tout ça, comprenant petit à petit que, peut-être, elle voyait Kyle autrement, même bien plus, qu’un ami. Les gestes et paroles du prédateur ne l’aidaient pas à mettre de l’ordre dans ses pensées. Pourtant, la belle réussit à articuler quelques mots, sans hésitation.


- Et que pourrait-il bien arriver ?


Mauvaise idée…Peut-être que Kyle le prendrait comme un défi à aller plus loin. Mais Donna n’osait rien faire, croisant ses bras, ses mains coincées sous les aisselles, ne sachant trop quoi faire dans cette situation. Son corps réagissait instinctivement, frissonnant légèrement sous les mains de Kyle remontant ses hanches, mais aussi par peur de la suite des évènements. Et lorsqu’il croqua doucement le lobe de l’oreille de la belle, celle-ci offrit un peu plus son cou, là encore instinctivement, alors qu’un court soupir de surprise s’échappa de ses lèvres pulpeuses…