Y'a comme un problême... (PV Magister Aetius Celestus)

Ce soir est une de ces soirées toutes particulières, durant lesquelles je n'ai à écrire aucun article et durant lesquelles je m'ennuie prodigieusement. Je tourne sans cesse entre les quatre murs de mon appartement, au demeurant spacieux, mais rien ne me procure un réel intérêt. Je continue d'errer comme un lion en cage. J'enrage de subir pareilles situations !
Ce que j'aime particulièrement, prouver à ce monde bien trop sage, que d'étranges créatures hantent les ruelles sombres et qu'un monde insolite les accueille en son sein. Pour avoir déjà eu à me retrouver face à certaines d'entre elles, je suis bien placée pour juger de la véracité de mes dires. Mais je veux taper là où ça fait mal. Effrayer la populasse en leur énumérant les frasques de ces différentes créatures et leur noirs desseins quant à la survie de notre espèce. Bien que je ne me sente pas particulièrement concernée, me sentant plus proche de ces créatures que de l'espèce humaine. C'est juste créer un vent de panique qui me procure du plaisir, pas la dénonciation.
Et je tourne encore et encore, quand soudain me vient une idée. Je me précipite vers ma bibliothèque et balaye les vieilles couvertures de mes grimoires du bout de mon index. Ah ! Le voilà ! "Incantation diverses ou comment s'attirer les pires ennuis" Mouais enfin... la fin de ce titre est de moi. J'ai toujours eu une certaine appréhension à invoquer un démon ou une quelconque entité, la chose étant mal orchestrée, pouvant provoquer bien des choses. Et pas que des bonnes. Ce qu'il me faut, c'est de l'inspiration et quoi de mieux que de faire apparaitre sous mes yeux, un de ces démons de légendes qui pourraient me conter quelques unes de ses nombreuses victoires - histoire que je flatte un peu son égo - et par la même occasion, obtenir de lui peut-être quelques capacités supplémentaires.

Je m'attelle donc à la tâche. Je dispose ça et là les bougies nécessaires comme le précise scrupuleusement le bouquin et je dessine à la craie, le cercle de protection afin que je ne vois pas à vivre quotidiennement avec un quelconque monstre biscornu entre mes murs.
Je suis donc fin prête. Assise en tailleur au milieu du cercle, j'ai pris soin d'apprendre l'incantation par coeur afin de ne point perdre ma concentration légendaire.  Ma respiration se régularise alors que je ferme les yeux et prends une profonde inspiration.
- Demon olim clamávi. Coram me ego praecipio vobis. Et afferte mihi munera necessaria fortitudo. Demon olim clamávi.
Je répète cette douce litanie en boucle, jusqu'à ce que je sente un souffle chaud envahir la pièce. Un grondement sourd bourdonne jusqu'à mes oreilles et je reste concentrée autant que cela soit nécessaire, afin de ne pas faillir à ma tâche. Bien que mes yeux demeurent fermés, je peux sentir la luminosité de la pièce s'affaisser au fur et à mesure, jusqu'à ce que l'obscurité soit telle que je vois contrainte d'ouvrir les yeux afin de constater de ma réussite. Ou pas...
Seules deux bougies subsistent face à moi et il règne à présent un froid hivernal dans la pièce. Tout en conservant ma position, je plisse légèrement le regard afin de distinguer la forme se mouvant sous mes yeux. Puis, je reste tétanisée. Je laisse mon regard se poser sur le livre ouvert prés du cercle et je laisse un juron s'échapper d'entre mes lèvres.
Par Merlin, c'est qui celui-là ? Il ne ressemble absolument pas à la description fournie dans le vieux grimoire. Me serais-je trompé quelque part ?

- Et merde... qu'est-ce que j'ai fais....

Bon, alors, quelle heure était-il ? Il regarda la grosse horloge mécanique qui décorait sa salle de travail, son labo de potionnerie, encore un quart d'heure et il devrait rajouter la mixture devant lui les épices et les essences, une fois cela rajouté, la potion d'illusion devrait mijoter pendant un mois sans être touchée, ni remuée, rien ne devait causer le moindre trouble sur la surface du liquide qui se trouvait devant lui, sans cela tout serait à recommencer depuis le début, de même, une minute trop tard, un mauvais ordre, rien qu'un détail ferait planter cet élixir délicat qu'était l'élixir d'illusion, ou comment enfermer un mirage en bouteille ! Des volutes verdâtres malodorants commençaient à monter vers le plafond, enfin, la cheminée plutôt,puisqu'un courant d'air magique et envoyait toute la fumée. La texture de la potion n'était pas non plus très appétissante : il s'agissait d'une sorte de liquide verdâtre ressemblant étrangement à de la gelée, c'était assez écœurant, mais en vendant nje serait-ce qu'une dose, dix centilitres, il pourrait se payer tous ses composants pour un mois de travail et d'expérimentation. Autant vous dire qu'il avait intérêt à ce que cela fonctionne, d'autant plus qu'il allait bientôt être à cours de rates de licornes et de crins de chimères !

Bon un quart d'heure c'était largement de quoi  appeler Shaunzie,d'obtenir sa réponse et de le révoquer. Shaunzeggoroth de son vrai nom était le dirigeant d'une légion démoniaque particulièrement connue, une légion qui comptait bon nombre de massacres, de carnages, tout cela exprimé sur son étendard d'ailleurs, un corps les tripes à l'air faisait office de drapeau....et on le changeait assez souvent de sorte que le corps semblait toujours fraîchement tué, inutile de vous dire pourquoi je crois, non ?

Toujours est-il qu'il avait tout préparé de manière très précise, il avait balayé le sol autour du cercle d'argent sur le sol, de l'argent hérité et fondu et non de l'argent acheté, la valeur émotionnelle imprégnant l'argent hérité le rendait plus résistant, plus fort, plus puissant, que celui qui avait été obtenu par commerce ou par vol, ce cercle traçait une première protection, celle qui luttait contre la chair, ainsi, la personne invoquée, pour peu qu'elle soit de chair, ne pourrait traverser, ni briser le cercle, donc après, il pouvait tracer les autres à la craie suyr le sol de béton, il ne pourrait pas les atteindre, un cercle pour l'esprit à la craie blanche, et un cercle pour l'âme à la craie jaune. La couleur des craies n'avait aucune forme d'importance si ce n'est un repère physique pour Aetius qui pouvait, juste à la couleur, savoir jusqu'où il pouvait avancer vers le démon. En l’occurrence, il pouvait passer le cercle jaune sachant que le démon serait contenu derrière la trace de craie blanche. Il commença à psalmodier, en une langue étrange, gutturale, qu'il peinait à parler tant les sonorités de cette langue étaient difficiles à prononcer pour l'appareil vocal humain. Il s'agissait une langue morte, une langue que l'on appelait eclle des outremondes, une langue commune aux différents plans démoniaques et autres.  L'intérêt était la difficulté, ainsi, il se concentrait sur les mots et laissait agir la magie, le truc c'est que l'on a besoin de fixer la magie sur un canal à haut niveau, et si le mot clé vient sans y penser, on risque les emmerdes, d'où l'intérêt de parler une langue complexe demandant des efforts. Jamais la magie ne devait être traitée à la légère ! Jamais !  C'était plus une source à emmerdes qu'une commodité !

Il cafouilla dans ses mots et se trompa dans cette langue où il avait du mal, résultat ? Et bien c'était simple, l'air se mit à grésiller, et il y eut une petite explosion. Il se sentait tiré vers l'avant !  Pas normal tout ça !  Il se mit à réfléchir à toute bringue et dans un nuage de poussière il disparut de son labo...

La première chose en arrivant dans un nouvel endroit fut une violente quinte de toux à s'en faire cracher les poumons, une belle quinte de toux mais qui ne suffit pas à couvrir les paroles de la jeune femme aux oreilles affinées par le temps, en effet, elle pouvait le demander et la réponse n'était pas évidente à avouer pour lui et il se contenta de la garder en son for intérieur. Il devait avoir une drôle d'allure avec sa tunique brune tâchée qui descendait jusqu'aux chevilles, et en plus, ele était recouverte de poudre blanche. Il s'ébroua comme un chien pour la faire tomber avant de tourner la tête vers l'autre personne présente, dans un cercle !

« Fichtre foutre Shaunzie !  Soit tu as opéré un miracle de la chirurgie esthétique, soit t'as foutu la merde, une merde noire ! Quoi que non, il n'est pas assez fort pour ça....hum, alors t'es qui et je suis où ? »

Le ton n'était pas du tout accomodant, bien au contraire, il était grincheux et le regard exaspéré qu'il lui lançait allait parfaitement avec. Il commençait à comprendre ce qu'un démon invoqué ressentait et se demandait comment Shaunzie avait fait pour ne pas l'étriper au bout d'un moment !

Une fois la surprise passée, je prends le temps d'inspecter ce qui vient de faire irruption devant moi. Oui, je dis bien CE, parce que généralement quand on invoque un démon, rares sont les occasions de se retrouver face à Robert Downey Jr ou quelque chose dans le genre. Je m'attends donc plus à crier d'effroi qu'à soupire de contentement.  Je me frotte les yeux et sursaute presque lorsqu'il s'adresse à moi.
Loin de ressembler au démon calligraphier sur les pages de mon livre, il arbore un longue chevelure que je lui envierai presque et les traits fins d'un homme tout à fait normal. On se perdrait presque dans la profondeur de ses yeux, qui semblent scintiller d'une malice certaine. Contre toute attente, il est beau et le mot défini encore loin la chose. Je fronce légèrement les sourcils, soucieuse de savoir d'où il peut bien venir et ses mots me rappellent vite à l'ordre. C'est bien à moi qu'il s'adresse là ? Sur ce ton autoritaire ? Je serre les dents pour ne pas lui jeter l'encensoir en plein visage et tente à garder mon calme le plus longtemps possible. Après tout, qu'importe qui il soit, il est forcément un personnage mystique, ou quelque chose dans le genre. Le voisin du dessous ne serait pas matérialiser dans mon appartement après une invocation.
Je prends donc une profonde inspiration et tente à répondre à sa remarque.

- Alors, premièrement, c'est VOUS et non TU. On ne se connait pas que je sache et visiblement, ce n'est pas vous que je voulais voir débouler dans mon appartement. Vous êtes à Seikusu et oh et puis pourquoi je continu ! Repartez d'où vous venez !

Je me relève, lui adresse un rapide signe de la main en guise d'au revoir et efface une partie du cercle du pied afin de me permettre d'en sortir et dans la même foulée, je me dépêche de refermer le cercle avec la craie que j'ai à disposition, pour le contraindre à rester à sa place. Je m'empresse de me saisir d'une longue veste trônant sur le canapé, cachant dés lors la tenue quelque peu débraillée que j'arbore. Et bien oui, avoir l'air d'une vanupied devant un démon tout droit sorti des enfers, avec les cornes et tout le tintouin, ça m'importe peu, mais rester tel quel devant un personnage à l'aspect humanoïde et loin d'être repoussant, ma fierté féminine et mon ego démesuré, me poussent à me couvrir.
En quelques enjambées, je me dirige vers le bar, par dessus lequel je me penche pour attraper un verre et une bouteille d'une liqueur opaque. Ne m'occupant guère plus de la présence de l'importun, je me sers un verre et le porte rapidement à mes lèvres, poussant un soupir d'aise en appréciant la saveur.
Satisfaite, je me retourne lentement et m'appuis contre le bar, sentant la colère qui m'avait gagné peu à peu, se fondre sous les effets de l'alcool. Je prends le temps d'admirer le captif de mon cercle un instant, me doutant bien que sa réaction ne tardera pas à se montrer excessive sous peu, mais je me sens étrangement en sécurité.  Le cercle certainement...
 J'avance de quelques pas, sirotant une autre gorgée et je viens m'assoir sur l'accoudoir du somptueux canapé, croisant les jambes en continuant de sonder du regard, l'inconnu devant moi. Oui, d'ailleurs, en parlant d'inconnu, il serait peut-être bon de savoir qui il est et pourquoi c'est lui qui est entré dans la pièce et non...non... l'autre quoi !

- Qui êtes-vous ? Vous semblez tout aussi étonné que moi de vous trouver ici ? A votre apparence, je prétendais que vous n'êtes pas un démon. Un sorcier peut-être ?

Vêtu de la sorte, il ressemble étrangement aux vieux sorciers que l'on voit dans les films ou encore dans quelques bouquins traitant du sujet. Je suis peut-être sur la bonne voie après tout.
Je glisse légèrement de l'accoudoir alors que je prends une nouvelle rasade de ma liqueur et je ne le quitte pas des yeux tandis que mon séant se pose sur l'assise du canapé et que je laisse pendre mes jambes dans le vide par dessus l'accoudoir. Je pose mes coudes sur mes cuisses et appui ma tête dans la paume de ma main. Je trouve la situation presque ridicule à le voir ainsi debout au milieu de mon salon, hagard, se demandant encore certainement pourquoi il se trouve ici, tandis que je suis en train de siroter un verre en ne le quittant pas des yeux, comme si j'assistais à un show télé.
A cette pensée, je fronce d'ailleurs les sourcils. Il ne doit certainement pas apprécier la situation, que je trouve moi amusante et doit se sentir un peu comme un vulgaire lion en cage. Je fais une légère moue, me mordant l'intérieur de la joue, pour finalement hausser les épaules et reprendre une gorgée de mon verre.

Bon, il était prisonnier d'un cercle d'invocation retenant la chair, soit, il y avait de quoi commencer à s'inquiéter, d'autant plus qu'elle semblait prête à le laisser pourrir là dedans ! Il soupira et se rendit compte, non sans étonnement, qu'elle avait réussi à sortir du cercle alors qu'il se faisait encore à l'idée qu'une putain d'humaine l'ait invoqué comme un vulgaire démon ! Il était dans un cercle vétuste mettant en avant une forme d'inexpérience typique au débutant !  Et rien que le fait qu'elle admettre s'être plantée royalement, elle ne s'attendait certainement pas plus à le voir que lui à la voir...mais ça avait de quoi faire rager toutefois ! En effet, il était comme un lion en cage et elle était là, à l'observer comme dans un zoo ou une ménagerie, de quoi bien rigoler pour elle, mais pas pour lui.

Il tenta d'avancer, sait-on jamais qu'elle ait une fausse manipulation, il se heurta à un mur qui l'empêcha d'agir ! Bon sang, il serait bien reparti, et il tenta même de repartir, mais quoiqu'il fasse cela avait le même effet :  un bide total, un néant absolu ! Il ne pouvait pas et dès qu'il tentait de repartir comme il semblait être venu, aussi, il devait sortir du cercle que cette saleté avait foutu autour de lui. Mais si il y avait le cercle de chair, il n'y avait aucune précaution pour l'esprit et pour l'âme, donc il pourrait faire quelque chose, il aurait du mal pour faire si peu, mais il pouvait peut-être briser le cercle. D'ici là, autant feindre l'ignorance. Ainsi, il se mit à regarder dans le vide, réfléchissant, oubliant complètement l'autre.

Elle aurait pu déclencher un sortilège de destruction massive qu'il n'y aurait pas fait attention, alors imaginez que le fait qu'elle veuille commencer à picoler lui passait bien au dessus, mais pas ses questions, il les gardait, ainsi que ses remarques, au fond de sa vielle caboche, il avait l'esprit toujours vif le vieillard, et hors de question de laisser passer une occasion de sortir de ce guêpier. Il soupira et se reprit en main, il fallait détruire ce cercle, mais par quelle méthode si ce n'était le court-circuiter ? Il ne savait pas exactement comment le faire, mais il allait y arriver !  Il ne fallait pas en douter un seul instant !

Mais il était légitime qu'elle ait une réponse à sa question, une réponse à une question aussi stupide, mais légitime, bon, il n'allait pas complètement se plaindre non plus !  La moindre des choses était un minimum de correction, se présenter, mais voilà, il n'était pas de belle humeur, cette humeur qui faisait facilement vaciller tous les espoirs que l'on portait en lui, il n'en demeurait pas moins brillant, très brillant, mais il faisait alors preuve d'une telle mauvaise volonté qu'il était vite pénible et qu'on avait vite marre.

« Qui je suis ? Je suis pas content et couvert de poussière, bon sang, gamine, tu ne crois pas que j'ai autre chose à foutre que d'attendre que tu daignes ouvrir ce cercle ? Si tu ne l'ouvres pas vite, je m'en chargerais moi-même, et ça va faire mal, très mal parce que je ne ferai pas dans la dentelle ! Foi  d'Aetius Celestus, Haut Magister ! »

Il soupira avant de regarder le cercle, s'asseyant pour l'apercevoir de plus près, regardant le travail exécuté. Le trait était sur, ça il ne pouvait pas le nier, mais sans traçage intégré dans le sol, ça, pour lui, c'était de la sottise pure, surtout pour le cercle de chair, capable de retenir un démon qui n'était pas trop puissant, avec un peu de force mentale on pouvait contenir la grande majorité des forces là dedans, pour les autres, sauf si les trois cercles étaient présents.

« Le tracé est bon, la matière n'est pas idéale mais suffit quand on a pas froid aux yeux ! Pour le reste....disons que c'est assez téméraire et inconscient, mais bon, si tu avais réussi, ça aurait suffi, gamine. »

Le respect, ça se mérite, comme tout le reste, et elle n'avait rien fait pour mettre en avant qu'elle méritait un tel respect. Il soupira et dirigea un doigt vers le bord du siècle et voulut tester sa base....même blocage, alors il se releva et se contenta de la fixer, droit dans les yeux.

« Je ne suis pas démon, pas sorcier, tout dépend de ce que tu es, toi ! »

Mais que voilà un personnage fort sympathique dîtes moi. Il ne manquerait plus qu'il morde en plus. Bon, certes, je lui accorde que la situation se trouve être fort désagréable pour lui, enfermé dans ce cercle que je ne concède pas ouvrir pour le moment et je suis d'ailleurs ravie de constater, qu'il fonctionne à merveille. C'est la première fois que j'invoque un démon - ou dans le cas présent, un sorcier de conte de fée - et avouons toutefois, que la chose officie à merveille n'est-ce pas ? Sinon, il m'aurait déjà sauté à la gorge et je doute que j'aurai fait le poids.
Il se perd dans ses pensées, tourne en rond, tente de passer outre les protections pour s'assurer qu'il n'y aurait pas une faille, mais heureuse de moi, ce n'est pas le cas et il semble s'en désappointer d'autant plus.
Je laisse un petit rire s'échapper d'entre mes lèvres lorsqu'il marque son agacement en me sommant d'ouvrir le cercle, sous peine de le faire par lui-même. Ben voyons, est-ce que j'ai une tête à répondre à une demande pareillement formulée ? C'est mal me connaître. Néanmoins, je viens de prendre connaissance de son identité et je fronce légèrement les sourcils. Aetius Celestus. Ce nom ne m'est pas totalement inconnu, mais pourtant, il ne me semble pas l'avoir découvert dans quelques livres. C'est donc cela, c'est un sorcier. Et puissant qui plus est. Bah, après tout, pour l'instant il n'est pas bien puissant, autant que j'en profite.

- Dîtes donc, vous allez pas en plus m'apprendre comment faire mon boulot si ? Bien que vous sembliez bien plus expérimenté que moi, vous n'en restez pas moins le captif pour l'heure, alors je serai vous, je baisserai d'un ton, "grand père" !

Non mais c'est vrai quoi ! Je reprends une gorgée de mon verre et m'allonge un instant sur le moelleux de mes coussins, le regard perdu dans le plafond en réfléchissant à la chose. Peut-être serait-il à même de me donner quelques conseils ? Après tout, tout sorcier qui se respecte, tombe un jour sur plus puissant que lui et dans mon cas, ce n'est pas bien compliqué de me surpasser dans la chose. Si j'arrive à me montrer suffisamment maligne, je pourrai peut-être obtenir de lui de précieuses informations.
Je penche légèrement la tête pour l'avoir dans mon champ de vision et je souris légèrement, amusée de le voir continuer à se triturer les méninges à trouver un moyen de mettre les pieds hors de mon cercle et pourquoi pas, hors de cet appartement tant qu'il y est. Il finit par me poser une nouvelle question mais contredit mon idée première faisant de lui un sorcier. Je fais la moue et me redresse sur l'accoudoir, manquant de renverser mon verre alors que j'en bois une dernière gorgée avant de le déposer sur le dossier.

- Pas un sorcier ? Mais qu'est-ce que vous êtes alors ? Un clow qui se serait échappé d'un cirque voisin ? Pour ma part, je manipule les sciences occultes, c'est un fait sinon vous ne seriez pas là, bien que je ne sois en aucun cas une créature tout droit sortie des enfers. - Je souris légèrement en me rapprochant du cercle, prenant la craie entre mes doigts et la balançant devant son regard - Ca vous agace qu'une simple humaine ait pu vous contraindre à venir ici, hum ? Vous n'êtes finalement peut-être pas si puissant que vous le dîtes...

Et je me relève lentement, reprenant mon verre en main avant de m'écarter et de partir m'assoir un peu plus loin, sur l'un des tabourets de mon bar. Je croise les jambes délicatement et ôte finalement ma veste, les volutes d'alcool commençant à faire leur effet et provoquant une hausse soudaine de la chaleur de l'appartement.
Je balance mon pied devant moi, patientant de voir quelle sera sa réaction et impatiente de savoir tout ce qu'il peut être capable de faire. Je suis certaine que sous ses grands airs, son égo démesuré de mâle consentira à m'apporter quelques précieux conseils. On ressent toujours un plaisir malsain à se sentir apprécier pour ses capacités et d'autant plus lorsqu'on nous demande de nous en offrir les secrets. Je vais donc tenter la manœuvre.

- Dîtes-donc, dîtes moi un peu ce qu'il aurait fallu que je fasse pour que ce cercle se voit être bien plus puissant ? Quelle matière j'aurai du utiliser, monsieur je sais tout ? Puisque visiblement la craie ne suffit pas, même si en attendant elle vous empêche de mettre le bout de votre nez dehors.

Et je souris en reprenant une gorgée de mon verre.

Ah ah ah, très drôle, assurément,cette jeune femme avait un sens de l'humour pour le moins particulier ! Elle avait cru qu'il était à sa complète merci, mais voilà, ce n'était pas le cas, qu'elle tente quoique ce soit et il agirait. Il ne pouvait certes pas sortir de la prison dans laquelle il était, mais il pouvait mettre fin à l'enchantement de manière autrement moins directes, pour peu qu'il soit capable de couper le cercle, le tour serait réglé, mettre une brindille sur le trait de craie suffirait, encore fallait-il attirer quelque chose sur le tracé pour le briser. Mais d'ici là, gagner du temps, hors de question qu'elle tire quoique ce soit de lui ! C'était hors de question qu'il se retrouve là pour longtemps, et hors de question qu'elle lui soutire la moindre information, il ne lui dirait rien, et pour l'atteindre, il lui faudrait briser le cercle, la magie passerait avec peine au travers sans y mettre fin, donc il était protégé en même temps qu'elle l'était.

Il ne s'offusqua pas de sa remarque, même par rapport au « Grand père », il s'en foutait, pendant qu'elle déblatérait ses âneries et qu'elle buvait,  elle ne le surveillait pas vraiment correctement, ou du moins, il doutait qu'elle puisse être aussi attentive que soi elle ne faisait que le surveiller. Entretenir la conversation était important, donc il fallait bien parler, mais pas lui couper la parole. Il soupira et hésita un peu sur l'objet. Pendant un instant il supposa la craie, avant de finalement se rabattre sur un livre, un livre tout en bas de la bibliothèque, donc qui ne ferait pas trop de bruit en tombant, quoique... mais il suffirait d'étouffer celui ci, mais ça allait lui prendre un temps fou et il avait besoin de pousser au delà de toutes ses limites à cause de deux facteurs, déjà le fait qu'il n'avait pas été autorisé à entrer, mais en plus on l'avait enfermé dans un cercle magique....un sacré bordel ! Il aurait bien fait ça, mais canaliser tant de magie aurait été dangereux, ne serait-ce que parce que si c'était mal canalisé à cause de la puissance à amener, une dérive pouvait arriver ! Mais bon, ne perdons pas davantage de temps sur cette idée, il fallait continuer à chercher.

Et pendant ce temps, elle se mettait à le narguer, le narguer sur le fait qu'elle  l'avait eu, sur le fait qu'elle doutait de sa puissance, à croire qu'elle ne savait pas à quoi s'exposer exactement !  C'était étrange le genre de réactions que les gens pouvaient avoir. Elle lui mettait la craie sous le nez, elle ne savait donc pas qu'en magie la distance était importante, et la connaissance aussi ? Elle avait du se dire chouette, un recueil de trucs magiques, incroyable ! Allez hop !  Il s'apprêtait à une puissante décharge pendant qu'elle était proche. Mais elle recula, tant pis, pour se mettre à l'aise, il en avait marre d'être là dedans ! Il allait sortir, par la force.

Et maintenant le pompon !  Elle voulait qu'il l'aide à confectionner un meilleur cercle, le compléter, le rendre plus efficace, plus utile, il eut un petit ricanement, elle voulait être sûre qu'il ne fasse rien, manque de pot, il n'était pas un pigeon, loin de là, il avait mieux à faire en plus ! Il soupira et dit, poliment, ou du moins, aussi poliment qu'il le pouvait.

« Je ne suis pas idiot, gamine, tu te crois hors d'atteinte, inattaquable, et tu me crois assez sénile pour te donner ce que tu veux !  Un démon y est peut être obligé, pas moi !  Tu peux toujours demander, seulement, si je te dis qu'il te manque des cercles spéciaux à faire pour me bloquer complètement, je doute que cela t'aide ! Tu sauras peut être ça si tu me fais sortir de suite !»

Il sourit, il venait d'avoir une idée, une idée dangereuse, mais efficace au possible....ce serait violent, mais radicalement efficace, en contrepartie, il y avait de gros risques, de très gros risques ! Mais bon, il allait pouvoir la mettre à rude épreuve, l'avantage d'un tel cercle ? Il n'existait qu'en surface.Pas bien dur de voir plus loin que le principal, il serait libre d'agir.

« Dis moi, Gamine, tu crois que les voisins savent pour tes rituels ? Non parce que ça va leur faire un choc je pense !  Je compte jusqu'à trois pour que tu ouvres le cercle de ton plein gré, sinon, je le fais voler en éclat. »

Il souriait, et il ne bluffait pas. Il commença à se concentrer.

« Un... »

Une ou deux gouttes de sueur perlèrent de son front.

« deux »

Il appela à lui une force d'une rare violence, et posa sa main sur la barrière invisible, la pièce, sous le flux d'énergie commença à trembler et à vibrer, si ellene le faisait pas il allait peut être faire voler en éclat tout son mobilier et mais principalement, le déluge d'eau qui viendrait de nulle part essuierait le cercle, le faisant disparaître !

« Trois »

Cela n'eut en tout et pour tout qu'un effet très modéré, quand il relâcha la pression, ce ne furent pas ds trombes, mais une fine pluie qui se mit à tomber autour du cercle, sous peu, les traits de craie s'en iraient à cause de l'eau qui mouillait le sol, espérons qu'il n'y avait pas de voisins d'en dessous, sinon, ça allait goutter chez lui !

Mouais... Combien de temps pensez-vous que je vais pouvoir faire durer la situation ? Moi-même, je n'en ai aucune idée. J'ai beau l'admirer sous toutes les coutures, il dégage une certaine aisance qui me laisse à croire que lui-même, malgré les questions qu'il se pose pour sortir d'ici, sait parfaitement ce qu'il finira par faire.
Je ne pense pas qu'il compte que je craque, que je me montre subitement aussi docile qu'un petit agneau et décide de lui ouvrir "la porte", il cherchera donc à agir par ses propres moyens. Et il a d'ailleurs bien raison, parce que je ne suis pas assez stupide pour faire quoi que ce soit d'insensé, comme avoir subitement envie de le libérer chez moi.
Je fronce de nouveau les sourcils sous l'appellation "gamine" et je suis prise d'une envie soudaine de lui balancer l'encensoir en plein dans le visage. Ca romprait le cercle, donc hors de question, mais croyez moi, ce n'est pas l'envie qui m'en manque. Je garde donc le silence, me contentant de sourire en suçotant la petite épée qui porte en son bout une olive, que j'avais laissé à tremper dans le fond de mon verre. Je fais mine de trouver plus d'intérêt à celle-ci qu'à ses propres paroles, en poussant un léger gémissement appréciateur et je m'adosse à la fenêtre avant de sortir de ma poche, mon écrin d'argent contenant mes cigarettes.

Alors que j'allume le clou de cercueil que je viens de glisser entre mes lèvres, je prends soudainement une allure sévère sous ses propos. Qu'est-ce qu'il prépare ? Je ne vois pas en quoi l'informer que j'ai effectivement un voisin en dessous lui apportera quoi que ce soit d'intéressant pour sortir de là. Je glisse mon briquet dans le creux de ma poche et prend l'air pensif en faisant un pas dans sa direction.

- Attendez, vous allez me faire croire que vous allez réduire cet appartement en cendres si je ne vous laisse pas sortir ? Ce n'est pas un peu démesuré tout de même ? Encore une fois, je constate que vous semblez bien soupe au lait et guère patient. Pas top pour un sorcier ça...

Et je tire une bouffée de ma cigarette, tapotant le rebord de la fenêtre nerveusement du bout de mes ongles. Il commence à lancer un compte à rebours et je hausse un sourcil sous le ridicule de la scène. Au chiffre deux, je commence a ressentir comme de drôles de tremblements à travers la pièce et une main sur le mur, je commence à sérieusement m'inquiéter, à trois, quelques gouttes commencent alors à tomber du plafond.
Je reste un instant hagarde, les bras le long du corps, la cigarette au coin des lèvres. Le silence n'est alors troublé que par le clapotis de l'eau sur le parquet et j'en viendrai presque à entendre le coassement d'un corbeau derrière ma tête, comme dans les dessins animés. Quoi, c'est tout ? Mais qu'est-ce qu'il fait ? A part ruiner mon beau tapis persan ! C'est peut-être ce qui me fait le plus enrager. Je m'empresse de faire le tour du canapé pour constater des dégâts et pousse un juron alors que je lève le regard vers lui.

- Bien, je vous félicite. Je suis toute mouillée, je suis bonne pour foutre en l'air mon précieux tapis et alors ? Et mainten....

Mais je ne termine pas ma phrase. Je viens de comprendre soudain alors que mon regard suit le sien. Une flaque d'eau se formant sur le parquet, approche dangereusement du tracé de mon cercle. Je pousse un soupir. Et merde... Même si je me voyais subitement pousser des ailes, je n'aurai pas le temps d'aller jusqu'à lui pour essuyer le sol et reformer immédiatement le cercle et de plus, je suis encore suffisamment sobre pour savoir que m'approcher de lui, ne serait que pure folie.
Je me redresse donc doucement, comme je le ferai devant un fauve en pleine savane et je recule de quelques pas, me rapprochant de nouveau de la fenêtre par laquelle je jette ma cigarette, à présent trempée et infumable. Mon regard oscille entre le sien et le cercle qui à présent, s'efface légèrement à plusieurs endroits.
Il peut dés à présent, aller et venir comme bon lui semble.

Le silence dans la pièce devient pesant à mesure que je constate des dégâts sur le sol. La pluie a cessé de tomber et déjà les lames du parquet se gorgent d'eau et ne tardera pas à salir outrageusement le plafond de mon voisin. Celui-ci étant absent pour quelques jours, il ne risquera pas de venir sonner à ma porte ce soir et constater du charmant bazar qui règne chez moi. Oh et de la présence d'un individu vêtu comme en l'an 40 non plus.

- Bravo. Je dois applaudir c'est ça ? Mais je ne sais pas, quelque chose me chiffonne. Vous aviez l'air drôlement sérieux. Ce ne devait pas être plus grandiose qu'une misérable pluie ce que vous aviez prévu ?

Et j'esquisse un sourire en faisant quelques pas en arrière. Sans le quitter du regard, je prends un torchon derrière le bar et tente à essuyer l'eau qui coule le long de mon corps. Je passe le tissu derrière ma nuque, le long de mes bras en épongeant mes épaules et je finis par le glisser contre mes seins, non sans grimacer un instant en constatant que le tissu colle contre ma peau. Sensation on ne peut plus désagréable.
 Je finis par jeter le torchon au sol et mon regard emplie d'une haine certaine se pose de nouveau sur notre cher invité surprise.

- Dois-je m'attendre à ce que vous me fassiez part de vote toute puissance, OH Magister, à présent ? Je me suis bien fichue de vous alors vous êtes en colère. Ne mentez pas, je vois la veine qui palpite sur votre tempe. Alors allez-y, ne vous gênez pas, retirez donc toute la gloire que l'on peut retirer à décimer une petite sorcière quand on est nous même un grand sorcier. Enfin, sois disant.

Elle critiquait le fait qu'il soit soupe au lait, mais en même temps, il n'avait jamais cherché à être apprécié pour son caractère et il était dans de meilleures dispositions que cela quand on ne l'enfermait pas dans un cercle magique et que l'on essayait pas de le prendre pour une tanche ! Il fallait arrêter un petit peu cette mascarade, qu'elle ne se plaigne pas, les dégâts avaient été minimes et elle devait en être reconnaissante, il aurait pu tout détruire par la flamme et l'ombre !Mais il ne l'avait pas fait, loin de là !

Il fit un premier pas dans la pièce, elle n'avait compris que tardivement l'intérêt de la pluie, mais faire tomber de l'eau du plafond aurait été un jeu d'enfant dans d'autres circonstances. Là il y avait des facteurs affaiblissants. Et de toute manière, il fallait reconnaître une chose simple et efficace : la pluie avait suffi !  Pourquoi en demander plus quand le plus simple suffit ? Pourquoi en faire davantage quand il n'y a besoin que d'un geste et une pensée pour obtenir ce que l'on veut ? C'était bête, mais en même temps, y penser était tout à fait logique ! Et même parfaitement sensé !  Il fallait minimiser la puissance nécessaire à chaque tâche Elle pouvait critiquer sa puissance, mais il allait lui donner une bonne raison de croire en sa puissance, sans le cecle il redevenait le magicien puissant bqu'éil était normalement ou presque à cause du lieu, mais cela importait peu

Oh oui, il allait lui en donner de la puissance, elle voulait voir un peu ce que cela donnerait si il décidait d'agir réellement ! Et bien elle verrait, mais pas tout de suite, il devait d'abord s'expliquer sur quelques points.

« Quand tu seras aussi vieille que moi, gamine, toute fripée, laide et tout ce qui va avec - notamment les vergetures -  tu seras aussi acariâtre que je suis grincheux, car quand on vieillit, tu le verras très vite, on garde ce que l'on peut et le côté soupe au lait est la dernière chose qu'il nous reste quand ce que l'on a s'en va !  Considère ça comme..... - il sembla longuement hésiter sur le terme à choisir -  comme celui delà preuve de l'expérience de la personne, je résolvais déjà des problèmes magiques dont tu n'as pas idée avant même que tu ne sois une lueur lubrique dans l'oeil de ton aieul !  Foutu respect que les jeunes n'ont plus, il mériteraient une bonne raclée de temps à autres, comme autrefois !  Cela ne leur faisait pas le moindre mal, ça mettait juste un peu de plomb dans la cervelle... »

Il soupira et se dirigea vers le canapé, ignorant complètement la jeune femme, il était ruiné par l'eau, mais peu importait au final son état, il savait une chose qui pouvait tout changer. Il ne prononça aucun mot et se contenta de faire un signe de la main, comme si il chassait une mouche intempestive et tout ce qui avait été trempé se retrouva sec, m^me la jeune femme, mais ça, c'était un effet non voulu, il n'avait pas cherché àla sécher elle, mais le canapé et le sol, si il ne reconnaissait pas la valeur de la jeune femme, il savait reconnaître la valeur d'un bien matériel et savait quand il était approprié ou pas, il avait sauvé son tapis persan mais il allait lui détruire autre chose à la place, ça, elle pouvait en être sûre. Pour cela, il suffisait de suivre son regard une fois installé dans un canapé qui n'était même pas à lui pour comprendre ce qu'il visait :  la bibliothèque !  Il allait faire flamber la masse de livres qu'elle possédait, une basse vengeance et pour le peu q'o savait des humains, une police d'assurance ne rembourserait pas pour de l'auto-combustion !

« Tu veux voir de la puissance, gamine ? Très bien, en voilà, mais elle te coûtera le prix du savoir ! »

Une petite énigme en prime, savait-elle ce qu'il voulait dire par là ? Sans doute pas jusqu'à ce que......maintenant !

D'un seul coup, tous les livres de la bibliothèque prirent feu, se consumant à une vitesse alarmante. Il espérait que ses ouvrages de magie de seconde zone seraient avec les autres ! Car un cercle magique incomplet voulait dire livre incomplet ou alors livre sans intérêt ! Il soupira et regarda le joli feu qui semblait ne bruler que les livres et rien d'autre.

« C'est joli, non ? »

Drôle de soirée qui se profile. Certainement à noter dans les annales. Tout du moins, je pense que je m'en souviendrai pendant longtemps. Je ne dois pas être la première à tenter le "diable" de la sorte, en invoquant des démons en tous genres sans vraiment savoir ce qu'elles doivent faire une fois qu'ils seront devant elles, mais moi, j'avais tour prévu. S'il s'était agis de la bonne personne bien entendu et non pas cet ersatz de Merlin l'Enchanteur. Ca change tout de suite la donne. Je me sens un peu - je dis bien un peu - confuse de l'avoir contraint à apparaitre ici, mais également fort désappointée de ne pas le voir partir aussi rapidement qu'il est venu.

Lorsqu'il fait un pas dans la pièce, instinctivement je recule. Sait-on jamais, s'il lui prenait l'envie de me réduire en cendres dans l'immédiat. Mais à cet instant, il préfère parler et... Je peux bailler ? Non mais écoutez le ! Gamine par -ci, gamine par-là... il aime de toute évidence qu'on lui rappelle à quel point il est vieux et décrépit. Je ne fais néanmoins aucune réflexion avant qu'il n'ait pris le temps de se taire. Ce qui semble prendre des plombes ! Je fronce les sourcils, je fais la moue, je tape du pied d'impatience, je baille, je me gratte la tête, autant de chose à faire pour marquer ma hâte à ce qu'il termine son long monologue et finalement, ce moment béni arrive. Je pousse un soupir et me rapproche de la fenêtre, m'appuyant contre d'une épaule.

- Lorsque je serai aussi vieille que VOUS et j'y tiens b*** de m*** ! Donc, quand je serai aussi vieille que vous, j'espère être déjà en train de croupir au fond d'un cercueil, pour ne pas avoir à faire subir aux nouvelles générations, mon aspect négligé. Et suivez mon regard, je parle bien de vous. J'ai l'impression d'entendre mon grand père lorsqu'il me racontait ses histoires d'avant guerre. Par pitié, vous n'avez jamais pensé à écrire des livres pour enfants ? Je suis certaine qu'ils s'endormiraient en cinq/cinq avec vos paroles d'évangile.

Et je prends une nouvelle cigarette dans mon étui, passablement énervée, avec une furieuse envie de le foudroyer sur le champ. Si j'en avais été capable, cela va sans dire. Il se déplace dans l'appartement et prend place sur le canapé après, d'un revers de la main, avoir effacé toute once de flotte dans l'appartement. Moi-même, je me retrouve aussi sèche qu'à l'accoutumée. Je fais une moue appréciatrice. Pas mal. Plutôt pratique même. Bon et à part ça ? Il va me chanter une chanson à présent pour que le ménage dans l'appartement se fasse de lui-même ? Hum... Ca serait également fort intéressant. Oh mais zut à la fin ! Quand est-ce qu'il va mettre les voiles ?!

Alors que je tire docilement sur ma cigarette, voilà qu'il se remet à parler. J'hésite un instant à aller chercher une chaise pour m'asseoir, craignant encore d'entendre la sérénade, mais il coupe court et étrangement, je sens comme un vent de panique m'envahir. Bien, il semble décidé à vouloir me faire part de sa toute puissance et quelque chose me dit que les murs vont trembler. Je me mets sur la défensive et avance d'un pas alors que l'espace de quelques secondes plus tard, j'ai le plaisir (notez l'ironie) de voir ma bibliothèque se fendre sous les flammes. J'en garde un instant la bouche ouverte sous le choc et ma cigarette manque de m'échapper des lèvres. Je sens la colère gronder en moi et je m'empresse de me positionner devant la lourde bibliothèque qui déjà craque sous les poids des étagères se consumant et je me concentre autant qu'il m'est possible de le faire. Les énergies affluent autour de moi, je le sens, mais il me faut bien plus de temps qu'à ce vieux débris pour réaliser une quelconque sortilège.

- Pluvia cadit super flamma

Et l'instant d'après, c'est un torrent diluvien qui s'abat sur les flammes, les étouffant dans l'oeuf. Le souffle court, je constate des dégâts. La bibliothèque tient encore debout, par un sérieux miracle, mais la majorité de mes livres sont perdus à jamais. Je sens les larmes de colère qui affluent dans mon regard et je les efface rapidement d'un revers de la main.
Je fais volte face et me précipite vers le canapé, giflant le magicien aussi fort que je peux le faire.

- Espèce de crétin du troisième âge !! Avez-vous seulement idée de toutes les choses que vous avez ruiné ? Si c'était destiné à détruire mes grimoires, vous l'avez dans l'os ! Je ne suis pas assez bête pour les laisser dans mon salon à la vue de tous ! Mais il... Il y avait... DES SOUVENIRS !

Et  je le gifle de nouveau. La colère est telle que je laisse échapper toutes les énergies que contient mon corps et les ampoules de toutes les pièces explosent en mille éclat, nous plongeant dans le noir.
Seules le bruit de nos respirations trahis nos présences et je sais qu'il se trouve toujours à proximité pour sentir l'étoffe de sa robe grotesque contre ma jambe.

- Vous êtes bien plus puissant, je le concède... espèce de croulant. Mais vous devez être bien trop vieux pour apprécier votre victoire au point de vous faire bander !!!!!

Mouais, celle-là elle était peut-être pas nécessaire mais la colère est telle que les paroles s'en trouvent désordonnées.
A tâtons, je regagne les débris de la bibliothèque, ramassant  le morceau d'une photo à moitié rongée par les flammes et le regard lourd, je me relève, reprend mon verre sur la fenêtre et en avale une gorgée.

- Je vous le ferai payer. Que se soit aujourd'hui ou demain, je peux vous garantir que je vous referai le portrait.

Il avait senti qu'elle s'ennuyait à l'écouter, mais l'ennui d'avoir passé la majorité de sa vie tout seul, c'était qu'il avait ris l'habitude de parler sans avoir d'auditoire et donc il se foutait de la réaction de celui ci, c'était un problème en effet !  Mais bon, que voulez vous,ça pouvait arriver à tout le monde d'agir de la sorte, non ? Enfin, surtout à lui, les autres, beaucoup moins ! Mais il se tut quand m^me, pour observer la réaction de la jeune femme, réaction qui serait, il le savait, instructive, ne serait-ce que dans sa posture déjà, il la sentait lassée de l'entendre parler, ensuite pour ce qu'elle dit, elle semblait résignée à vouloir qu'on la vouvoie. N'avait elle pas compris que le respect ça se méritait ? Qu'elle fasse quelque chose qui mérite son respect, il verrait après. Il se retint juste de le dire à haute voix, pourquoi, il ne le savait pas. Pour le reste, disons qu'il se faisait copieusement traiter de gateaux et d'idiot du village ainsi que d'autres menues choses, mais il les écarta du revers de la main.

Elle éteint le feu magique avec un sort d'eau plutôt réussi, mais un sort de débutant, donc facile à réussir. Ce qui était amusant c'était de la voir passer par une langue aussi aisée que le latin pour pouvoir lancer des sort, enfin, aisée pour lui, il était né à Rome sous l'empire, alors forcément, ça lui paraissait très simple, même ça ne l'était ans doute pas ! Mais il n'était pas là pour parler linguistique.

Sous le coup de la colère il prit une purée de gifle.....et pas avec le dos de la cuillère, non, vraiment belle la gifle, d'ailleurs la joue d'Aetius se teinta d'écarlate. Ainsi, il n'avait rien détruit de magique ? Dommage, enfin bon, il fallait bien qu'il se plante de temps en temps, pour rappeler qu'il était humain à l'origine. Même si en fait, rien n'était détruit, mais ça, elle était trop aveuglée par la colère pour le voir ! D'ailleurs elle lui en retourna une nouvelle à cause de ça.   

Le fait que les ampoules grillèrent toutes d'un coup dans l'émotion  qu'elle ressentait, bravo, ça c'était le signe d'un vrai potentiel magique, ainsi ce n'était pas un coup de bol l'invocation, intéressant. Par conre la remarque suivant de la jeune femme était vraiment insultante. D'ailleursil ne put s'empêcher de lui balancer du tac au tac :

« Tu veux vérifier peut être ? »

Bien évidemment, il savait qu'elle n'en ferait rien, mais bon, comme vous pouvez l'imaginer, il n'était pas du genre à se faire vexer sans rien dire, alors il le disait, et d'ailleurs, quand elle rajouta sa menace, ou sa promesse plutôt, il soupira et se leva. Il fouilla dans ses poches pour mettre la main sur un petit miroir qu'il lança à la jeune femme.

« Toi, t'as vraiment un problème je crois, regarde l'emplacement de ta bibliothèque dans le miroir, et en suite, utilise un peu tes sens de perception magique. Au lieu de penser avec le cœur, pense avec la tête,et tu verras, gamine, que je n'ai rien détruit, j'ai juste inversé le reflet et l'original avant de tout faire brûler. Un truc facile et basique, si seulement tu avais fait preuve de réflexion, tu aurais vu le titre des livres qui étaient inversés à cause du monde inverse du miroir. Mais ça, bien sur, j'imagine que tu n'as même pas chercher à le savoir....arrête de faire mumuse avec des forces quite dépasse et débarrasse-toi de tes grimoires, tu vivras vielle, sinon, avec ta bêtise, tu vas te faire tuer sinon ! »

Il soupira et se leva en grommelant, se dirigeant vers le restes calcinés de la bibliothèque pour  commencer à tracer sur le bois des symboles runiques, oui, des runes scandinaves, elles étaient pratiques car  en plus de simplement former des mots, elles formaient aussi des idées, des fais, d'où leur utilisation pour les sorts,mais après, tant que l'on savait ce que l'on faisait, n'importe quel langage convenait !

« Bon, je te trace les runes et je te laisse te démerder pour compléter le sort et ré-échanger les places, et j'espère accessoirement obtenir des excuses pour les gifles qui n'étaient en rien méritées ! »

Il n'y croyait pas trop, mais qu'avait-il à perdre ? Absolument rien, mais il craignait à ce qu'elle fasse tout planter, car si ils se retrouvaient dans le monde du miroir, il ne voyait pas comme ça comment en revenir , pour la simple et bonne raison qu'il n'en connaissait pas les règles de là bas !

Appuyée contre la fenêtre, je fulmine. J'enrage même de me sentir si impuissante face à ce vieux débris et lorsqu'il évoque le fait de venir vérifier par moi-même mes propos quant à sa virilité, je me sens prise de hauts le coeur. Je m'imagine dés lors accroupie à côté de lui, un petit bâton entre les mains, en train de soulever sa lourde robe de sorcier pour voir quel mystère peut bien se cacher là-dessous. Même si d'apparence, ce crétin demeure d'une beauté à couper le souffle, j'en viendrai presque à jurer que son corps tout entier n'est couvert que de fleur de cercueil et d'hideuses veines prêtes à éclater. Et voilà, haut le coeur de nouveau. A cela donc, je me contente juste de répondre.

- Non merci, je voudrai pouvoir continuer à avoir une vie sexuelle par la suite, sans rendre mon déjeuner sur chacun de mes partenaires en me remémorant votre corps difforme.

Après mes mots, qui ne m'ont d'ailleurs même pas fait sourire, l'esprit bien trop occupé à tenter de se rappeler tout ce qui vient de partir en fumée, je pose mon front contre la fenêtre, lasse et agacée. Le froid de celle-ci semble me redonner du courage et lorsqu'il s'adresse de nouveau à moi, je me retourne. Et j'ai bien fais ! Car il me lance à présent un petit miroir à main, que j'examine sous toutes ses coutures pour en évaluer la valeur, haussant finalement les épaules en constatant que cette vieillerie ne vaut pas un clou et j'écoute patiemment la suite de son nouveau monologue.
J'hallucine, qu'est-ce qu'il est en train de me dire ? Que c'est une illusion ou un truc dans le genre ? Je fais quelques pas dans la pièce, me rapprochant de lui d'un air menaçant alors que mon regard oscille entre sa petite personne et les débris qui caractérisent à présent ma bibliothèque.

- Et comment est-ce que j'étais supposée savoir ça, espèce de vieillard sénile ?! Vous pensez peut-être que j'ai la science infuse ? Et QUELS livres ? Au cas où votre cataracte vous empêcherez de le voir, tout est partie en fumée sur cette bibliothèque !

Je rajouterai presque un "sale con", mais je préfère garder ça pour moi. Ou pour plus tard, car quelque chose me dit que nos joutes verbales sont loin d'être terminées.
Néanmoins, je le regarde poser ses petits cailloux près de la bibliothèque et bien que je tente de paraître attentive, je ne pige que dalle à chacun de ses gestes. Je me mords la lèvre et me retourne, positionnant le miroir devant moi, en profitant un instant pour mirer mon reflet et me recoiffer un peu et je le penche légèrement sur le côté. Il ne mentait pas. Ma bibliothèque est bien là, trônant de toute sa splendeur, mes précieux souvenirs à chacune de leurs places. Mais je fronce les sourcils sous ses derniers mots. Comment est-ce qu'il veut que je fasse ça ? Je n'ai même pas la moindre idée du sortilège qu'il a pu lancer au départ, alors trouver le contre sortilège, autant que j'aille directement me coucher.
Toutefois, je me tiens droite comme un I et écoute ses recommandations - une fois n'est pas coutume - gardant mes réprimandes pour plus tard. Je me concentre, essai de penser avec ma tête, plutôt qu'avec mon coeur, comme il a su si bien le dire et je ferme les yeux. Le silence se fait dans la pièce et j'ouvre un oeil pour voir s'il est toujours là. Affirmatif. Bien, je reprends donc ma concentration. Le vide se fait dans mon esprit quelques instants et oh ! Il faut que je pense à acheter du gel douche demain, je n'en ai plus. Zut alors ! La concentration Snow. Je reprends donc pour la troisième fois et cette fois, j'éclate.
Je me retourne en un éclair, frappant le miroir contre ma cuisse avant de taper du pied par terre, en petite gamine capricieuse que je suis ce soir.

- Vous comptez peut-être rester planter là encre longtemps ? Vous entrez peut-être dans votre phase de fossilisation ? Non parce que franchement va falloir m'expliquer. Je n'ai jamais raté un seul épisode de Charmed et je ne leur ai jamais vu retaper la bibliothèque sans le beau charpentier. Dans Buffy peut-être ? MAIS VOUS VOYEZ BIEN QUE JE N'AI AUCUNE IDEE DE CE QU'IL FAUT FAIRE NON

Et je me retourne de nouveau, reprenant la position en jetant quelques regards dans le miroir pour voir s'il se décide à se bouger le train. De toute évidence, je crois bien qu'il est mort. Ca devait arriver me direz-vous, mais comment je vais me débarrasser du corps moi ? Hmm... Il respire alors je soupire, tapotant nerveusement du pied.

- Si c'est des excuses que vous voulez, vous pouvez toujours faire la demande sur un parchemin et l'envoyer par hibou, j'en prendrai considération plus tard. - et je prends le temps de respirer pour me calmer - Aidez-moi et je me montrerai peut-être plus concilliante....Sinon, je sens que je vais encore faire une connerie. Faudra pas vous plaindre après.

Autant vous dire que ces derniers mots m'ont arraché le gosier.

Et bim, ça, il voulait bien le reconnaître, il ne l'avait pas volé, elle se trompait lourdement sur la difformité de son corps, il avait un corps honorable, peu musclé, certes, mais cela ne valait que parce qu'il réprouvait vivement toute envie de faire une activité physique intense, les activités mentales par contre, ça lui faisait un exercice parfaitement sain à exécuter, et quelle était le meilleur moyen de jouer à un entraînement cérébral qu'une recherche théorique sur l'application d'un champ stérile, ou l'application rétroactive d'un sort d'oubli par rapport aux conséquences sur le cerveau. Et qu'elle le croit ou non, même en ce moment ses partenaires avaient la fâcheuse manie d'en redemander !

Par contre, elle avait du mal apparemment à admettre qu'elle aurait pu le remarquer. Elle le niait en bloc, mais c'était sa négligence qui avait tout en branle, si elle avait été attentive comme elle aurait du l'être devant un autre exploiteur de la magie, si elle avait été plus attentive, si elle avait vraiment été au taquet, elle aurait remarqué, donc, elle était en tort, et elle aurait beau dire quoique ce soit, cela ne changerait rien !Tout ce qu'elle voyait était des décombres, rien de plus,et c'était bien dommage, il y avait du potentiel, mais tellement de gâchis...

Par contre, que pouvait-elle bien avoir contre les vieillards à balancer tout cela, c'était tellement haineux, tous ces propos.....elle devrait se calmer, respirer un bon coup, péter un coup, qui sait, ça irait peut être mieux après ! En même temps, pas dur, suffisait d'un peu de bonne volonté et ça irait comme une lettre à la poste, comme disait les terriens.

Il la regarda réfléchir avec ce miroir, inutilement parce qu'elle n'avait pas à réfléchir, dans ce genre de sort, il n'y a pas à réfléchir, la réponse devait s'imposer d'elle même, sinon, on hésitait au dernier moment, et on faisait des erreurs, seulement, les erreurs, à ce niveau, les erreurs seraient catastrophiques, inverser les deux mondes serait un résultat qui pourrait causer des dégâts irréversibles, ou du moins au delà de la compréhension du mage

Et hop, voilà qu'elle poussait la gueulante, ouais,elle avait définitivement un sacré problème, elle s'énervait vraiment pour trois fois rien !  Crier n'était utile en absolument rien ! Elle ne savait pas, alors peut être que demander une explication ne serait pas de refus, empli de savoir comme il l'était, il estimait qu'il était de son devoir de donner des explications et de transmettre son savoir à qui le méritait. Il aurait sans doute apprécié le lui transmettre dans d'autres circonstances, mais bon, faute de grives, il pouvait toujours lui ramener ses affaires, le reste, il verrait après. Après tout, elle se montrerait PEUT ETRE conciliante. Le peut être changeait tout, enfin bref.

Il se dirigea vers la jeune femme  et la regarda droit dans les yeux, sans rien faire pour l'aider.

« Regarde, observe, et apprends ! »

Il se dirigea vers la bibliothèque et inscrivit un Féhu, dernière rune, sur le sol devant la bibliothèque, et quand il eut fini de l'écrire, il inspira et expira  bruyamment. A peine avait-il expiré qu'il y eut un bruissement dans l'air que peu à peu, la ruine fut remplacée par une bibliothèque et son contenu, intact. Sauf une chose, un livre étrange, qui se trouvait par terre, aux pieds du meuble. Il était écrit à l'envers.....étrange.....oubliant jusqu'à son interlocutrice, il le souleva et commença à le feuilleter. Un grimoire. Il n'avait pas perdu sa journée, surtout qu'il ne l'avait pas, et que rares étaient les possibilités d'étudier  quelque chose venu ainsi d'ailleurs. Hors de question qu'il laisse cette confiture pour les cochons, il l'emporterait et l'étudierait assidûment ! Hors de question qu'elle le garde, même si elle en était la légitime propriétaire. Le tenant fermement, il se retourna vers la jeune femme.

« Alors, contente ? Je t'apprendrai bien ce que je sais, mais je n'aime pas le faire aux malpolies, et encore moins aux personnes qui n'ont rien fait pour le mériter ! »

Les personnes qui vous énervent le plus, sont souvent celles qui ont le plus à nous apprendre. Oui, je sais, c'est d'autant plus agaçant. Mais je dois le concevoir tout de même, cet imbécile semble être un sorcier on ne peut plus puissant et sorcière de premier niveau de mon état, je ne peux que chercher à en savoir d'avantage en sa présence. Aussi, je garde sagement la position en attendant qu'il veuille bien formuler ses explications, sans qu'en plus je n'ai à en demander d'avantage. Certainement chose qu'il demandera, pédant qu'il semble être.
Je suis toutefois extrêmement agacée par chacune de ses remarques. Des personnes telles que lui ne peuvent s'empêcher de croire que tout ce qu'ils savent est à la portée de tout le monde et ne se cachent pas pour nous le faire comprendre par quelques railleries hautaines et dédaigneuses. Foutu sorcier de la renaissance !
Je veux récupérer ce qui m'appartient, c'est un fait, mais je vais pas me mettre à genoux non plus, si ? Après tout, il n'aurait certainement pas apprécié que je déboule chez lui sans son autorisation et que je réduise tout à feu et à sang pour lui sortir la mine enjouée par la suite "Oh ! Mais ce n'est qu'une illusion mouahahahah !" Crétin ! S'il s'agit évidemment d'une illusion, comment aurai-je pu discerner la supercherie ? Celle-ci étant justement faîtes pour berner l'ennemi.

Il se décide alors à me rejoindre et je ne bouge pas d'un poil, poussant seulement un soupir en patientant. Je me retourne lorsqu'il m'informe d'observer et je le vois se rapprocher de la bibliothèque, dessinant quelques glyphes sur le sol. Je fronce les sourcils pour discerner un peu mieux ce qu'il fait et il inspire et expire alors bruyamment. J'arque un sourcil, curieuse de ce qu'il peut bien être en train de faire et dans l'instant, ma bibliothèque reprend dés lors son aspect originel, alors que je ne peux m'empêcher de pousser un "ohhh" significatif de ma surprise.
Effectivement, ça semblait plutôt facile, même si je n'ai strictement rien compris et alors que j'allais m'approcher de lui, je le vois ramasser un de mes livres et le garder avec lui. Pensant d'abord qu'il me le tendrait ou conviendrait d'en parler avec moi, je ne réagis pas vraiment mais constatant alors qu'il engendre un tout autre sujet de conversation, je m'empresse de réduire l'espace qui nous sépare et reprends mon dû, le visage arborant une mine farouche.

- Dîtes-donc, ceci m'appartiens ! Vous n'avez donc pas d'argent pour vous en procurer un ?

Je fais la moue en lorgnant sur la couverture du livre et je fronce les sourcils. Il s'agit du grimoire de ma grand-mère. Que fait-il ici ? Il est normalement bien soigneusement rangé dans le coffre de ma chambre. Je lève un instant le regard vers l'homme face à moi et me retourne, comme si je refusais qu'il sache ce que je suis en train de faire et feuillette le bouquin, une bouffée de nostalgie m'enveloppant dés lors que les premiers mots me parviennent.
Elle me l'a remis lorsque j'ai quitté l'Angleterre, après tout ce qu'il s'y était passé, la disparition de tous ces psychiatres et les doutes qui planaient au dessus de moi et m'a dit qu'il me serait d'une grande utilité. Malheureusement, après de nombreuses recherches, je n'ai jamais su le décrypter. J'ai par instant l'impression que les lettres dansent sous mes yeux, mais je mets rapidement cela sur le compte de la fatigue. Je pousse un soupir, refermant le livre avant de le plaquer contre mon coeur, fermant les yeux en me remémorant quelques moments avec ma grand-mère et je me retourne vers lui, plongeant mon regard dans le sien.

- Cessez donc de jouer les condescendants avec moi. Je ne vous remercierai pas pour avoir réparé quelque chose que vous avez vous même détruit mais ... je baisse un instant le regard vers la tranche du livre, me mordillant la lèvre - Je voudrai vraiment que vous m'aidiez à comprendre ce livre. - je fais une nouvelle moue - Promis, je ne vous taperai plus et je ne vous crierai plus dessus. Sauf si vous le cherchez bien sur...

Et je ponctue ma phrase par un léger sourire avant de détourner le regard.

Que l'on extasie devant le fait de voir la bibliothèque reparaître lui paraissait, si ce n'est inconvenant – et de toute manière, ni lui ni elle ne faisait grand cas des convenances apparemment – complètement absurde, il ne s'agissait ni de belle magie, ni de grande magie, juste un truc, rien de plus ! Un vulgaire tour de passe passe bien utile, combien de fois avait-il utilisé de ce sortilège en deux mille ans ? Car si vous vous y prenez convenablement, faire m^me venir votre double en lui faisant traverser le miroir était possible, mais cela, c'était de la très grande magie, mais pas non plus de la belle, il n'avait jamais trouvé beau de forcer un être à répondre à son appel dans le dédommager d'une manière ou d'une autre, par exemple, en invoquant Shaunzie, il laissait en général dans le cercle, un cigare cubain et du scotch whiskey, choses dont il était si friand !

Mais revenons à nos moutons, elle ne semblait pas apprécier qu'il prenne ce livre, le présentant comme le sien, mais l'avantage avec des livres de magie, il est impossible d'être sur de la propriété dans la présence d'un livre sur un lieu quelconque, et quand il avait transporté la bibliothèque, il était sur et certain qu'il n'était pas par terre, c'était un parasite, un grimoire qui venait de l'autre côté du miroir. Et lui, il possédait déjà deux de ces livres interdits, tellement dangereux qu'il avait été décidé, il y a très très longtemps, lorsque le monde était encore  jeune, de les sceller de l'autre côté du miroir. Le fait qu'elle prétende le posséder était absurde, et même impossible, car non content d'être très rares, seules les personnes ayant à la fois beaucoup de veine et la capacité de changer entre ce monde et l'autre côté du miroir, pouvaient s'en procurer un. Donc c n'était pas le sien, et il voyait d'avantage de la convoitise dans cette volonté de possession que de possession elle même ! Vu ses talents, elle n'avait pas pu se le procurer, et si elle n'était pas autodidacte, son professeur avait du être lamentable !

Enfin bref, les dérives semblaient apparemment impossibles à éviter pour le magister, tellement vieux que la moindre pensée faisait rameuter en masse les autres, donc il devait cesser de trop penser où il arriverait à rien, rien du tout !  Il se concentra d'ailleurs sur ses paroles. Pas de remerciements, ça, c'était couru d'avance, pas de politesse au début, il n'y en aurait pas plus à la fin, il ne fallait pas rêver, et rester honnête avec soi même ! Elle ne l'aurai jamais remercié, ni même pu lui adresser la parole poliment ! Il l'avait compris dès qu'il avait vu qu'elle n'ouvrirait pas d'elle même ce fichu cercle et qu'il avait du le faire lui même !  Enfin bon, si elle pensait réussir à lui faire faire des tours comme un pingouin pour le seul prix d'une récompense, elle se plantait, Aetius n'avait jamais fait quelque chose qu'il ne voulait pas faire depuis qu'il avait commencé à faire mumuse avec la magie ! Et elle n'allait pas lui faire commencer dans cette voie maintenant, même si elle promettait de ne plus le frapper et d'être polie, elle aurait pu lui promettre de faire une de ses danses exotiques complètement due et offerte que sans doute il n'aurait pas vu davantage de motif pour offrir un apprentissage digne de ce nom.

Il soupira, réfléchissant à toutes bringues au moyen le plus rapide de sortir d'ici, de rentrer chez lui et basta, il n'avait plus aucune raison de s'éterniser, et même bien au contraire !  Franchement, il n'avait pour toute hâte que celle de s'en aller, mais elle pouvait crever la gueule ouverte, il ne lui apprendrait rien, elle ne méritait pas cela, elle ne reconnaissait pas le respect normal qu'il pourrait y avoir entre professeur et élève, alors pourquoi chercher à lui apprendre quoi que ce soit pour être traité comme une merde.

« Je pense que je vais décliner cette offre ô combien généreuse ! »

Inutile de préciser exactement l'intonation hautement ironique de cette fin de phrase, si ?  Non mais il ne fallait pas se foutre de la gueule du monde, il ne marchait pas au chantage et encore moins sous une hypothétique menace !

« J'aime enseigner, mais je pense que je mérite mieux qu'une personne qui, pour toute rétribution m'offre d'arrêter quelque chose qui ne devrait même pas être et ce, naturellement !  J'ai vu beaucoup de prétentieux et d'effrontés durant deux mille ans d'existence, gamine, et ne vois pas en ça une insulte simplement deux choses : que tu le veuilles ou non, ton âge est par rapport au mien celui d'une gamine, et ensuit, tu ne m'as jamais donné d'autre manière de t'appeler ! »

Il soupira avant de reprendre:

« Tout enseignement se mérite, et à mes yeux, tu n'as rien fait pour le mériter, et si, pour tout prix à payer, tu me propose un minimum de savoir vivre à respecter, alors je crois que tu es loin du compte, crois-tu sérieusement que je livre comme cela les secrets de l'univers, de l'ordre, du chaos, de la nature, de la lumière, ou de l'ombre ? Non, je pourrai t'apprendre à mettre la mort en flacon, à amener ceux qui ont déjà passé le voile, à déchaîner les éléments primordiaux, te les approprier, t'apprendre à emprisonner l'esprit dans une pièce de monnaie, à couper les sensations ? A prendre à te passer d'eau, de nourriture et vivre quand même ? L'éternelle jeunesse ? »

Il  bougea la tête en signe de négation et  retourna s'asseoir dans le canapé.

Bien. C'est dans ces moments là que j'entends la petite voix de ma mère dans la tête qui me dit "Ca t'apprendra, tu n'as qu'à être polie". Mais n'était-ce pas elle qui me répétait également sans cesse "Ne te laisse pas marcher sur les pieds par ces choses pleines de testostérones et fous les à ta botte" ? Hum.. Il me semble bien que si. Je crois, à présent, que les conseils sont à la mesure de la vérité, mais sont à appliquer en fonction des circonstances.
Bien que je pensais avoir été "aimable", il semble toutefois que ce vieux débris voit les choses différemment, puisqu'il se permet d'ignorer copieusement ma demande, le tout, tinté d'une ironie certaine que je n'apprécie que moyennement. A en juger par mon froncement de sourcils, il peut sans conteste le constater.
Je prends néanmoins sur moi, même si je suis prise d'une violente envie de le faire passer par la fenêtre, pour voir si tout grand sorcier qu'il est, il a apprit à voler. Certes, je risque d'avoir du mal à le faire décoller du canapé, mais avec un peu de volonté, je devrais bien y arriver non ?
Je fais donc quelques pas dans sa direction, contournant la table basse afin de me retrouver face à lui et le livre entre les mains, je l'ouvre de nouveau. Comme à son habitude, il ne m'apporte rien. Je ne comprends strictement rien à ce qu'il pourrait bien me dévoiler et c'est un nouveau soupir qui s'échappe de mes lèvres alors que j'atteins rapidement la dernière page. Je prends le temps de lire les quelques mots écris au stylo et je me mords nerveusement la lèvre inférieure.

"Snow ma chérie,
Je te remets ce livre aujourd'hui, afin de te permettre de savoir tout ce qui fera ta puissance dans le futur. Il saura te dévoiler ses mystères lorsque tu sauras vaincre cette fureur au plus profond de toi et que tu sauras maitriser ta magie.
En attendant, accepte déjà ce bracelet qu'il faudra que tu portes lorsque tu sentiras que tout t'échappe. Il t'aidera à briser cette magie qui te dévore. Utilise le sciemment.
Je t'aime.
Grand mère"

Et relevant le regard vers lui, je lui rejette le livre sur les genoux, ouvert sur la page concernée et reste un instant immobile.
Pour obtenir quoi que ce soit, il doit d'abord me croire. Ca sera la première pierre apportée au moulin. Après, il faudra certainement que je fasse preuve d'un peu plus de diplomatie, que je tente à ne plus l'insulter comme j'aime pourtant aussi souvent le faire. Ca ne sera pas facile en d'autres termes, mais l'occasion est trop bonne de profiter de son savoir avant qu'il ne disparaisse de nouveau, je ne sais où.

- Ecoutez. Je me fiche bien de savoir comme me passer de nourriture ou d'eau, je n'ai pas l'intention d'aller faire un périple dans le désert actuellement. Pas plus que de mettre la mort en flacon, sachant que j'en dispose déjà au bout de mes doigts. Aidez moi juste à comprendre ce livre. Je sens qu'il peut m'être utile - je me mords la lèvre en poussant un soupir - S'il vous plait....

Alors ça, ça m'a couté ! Je m'en serai presque mordu la langue tellement ça a été dur de le prononcer. Mais pourtant, je l'ai fais. Je contourne alors de nouveau la table basse et m'assieds dessus, face à lui, mes genoux repliés entre ses jambes, tandis que je te tapote nerveusement dessus, le regard perdu dans le vide.
Les paroles de ma grand-mère, je les ai parfaitement comprise. Je sais à quoi elle fait allusion en parlant de maîtriser ma magie. Les différents psychiatres que je suis allé consulter - contrainte et forcée - étant enfant, on pu constater que lorsque je suis muée d'une colère noire, je ne peux plus contrôler ce que je fais et il m'arrive souvent que laisser cette haine en moi, détruise tout ce qui m'entoure. Mais hélas, j'ai pu constater par la suite, que la colère n'était pas le seul moteur de ce débordement d'énergie dévastatrice. Lorsque je me trouve dans l'intimité avec un homme, si la passion et l'excitation sont tellement puissantes que mon corps en vient à trembler, cette énergie refait surface et bien que cela ne se soit encore jamais produit, si je venais à perdre le contrôle dans ces moments où l'un et l'autre somemes le plus vulnérables, la catastrophe pourrait être de taille.
Je relève alors le regard vers lui, frappant de mes mains sur mes cuisses, comme pour me donner du courage.

- Voyez-vous.... Et je sais que vous allez prendre un pied monstre à m'entendre dire ça... mais je n'arrive que difficilement à contrôler ma magie lorsque je suis plongée dans un sentiment qui me dépasse totalement. Précisément, la colère ou l'excitation - mon regard ne le quitte pas d'une seconde, même si je sens mes joues légèrement s'empourprer - J'ai déjà tuer sous la colère et je ne me cache pas de dire, que ça ne me travaille pas plus que ça. Mais sous l'excitation....

Je me relève d'une traite, m'approchant de lui en l'encadrant de mes bras, les mains à plat sur le dossier du fauteuil.

- Je vous promets de ne plus me montrer aussi... agaçante. Mais aidez moi à cela et je ferai tout ce qu'il faut pour vous remercier. A commencer par vous aider à sortir d'ici.

C'est un échange de bons procédés non ?