Je sens qu'il bouge derrière moi, je sens son souffle, sa respiration haletante marquant une pause dans ses agissements et je ne ressens plus la pression qu'il exerçait pour me maintenir en place. Quelques secondes plus tard, il réapparait dans mon champ de vision et il peut voir à présent toute la colère qui illumine mon regard. Je peux sentir que mes joues sont confusément rouges et je n'ose qu'à peine bouger alors qu'il reste là, planté de toute sa stature, cherchant certainement à prouver qui porte la culotte, pour employer des termes polis, bien que ce soit plutôt les autres qui me viennent à présent à l'esprit.
Je pourrai le tuer à cet instant si je m'en laissais les moyens. Le clouer sur place, le laisser s'effondrer sur le sol alors que la peur, que dis-je la terreur, se lirait sur son visage alors que je le surplomberai de toute ma hauteur, que je lui démontrerai clairement qui commande, avant de lui assainir le coup fatal. Mais pour une raison qui m'échappe, je ne le fais pas, patientant seulement sagement, les dents serrées au point que je pourrais en sentir craquer l'émail et les poings comprimés à m'en faire blanchir les phalanges.
Je relève un bras pour couvrir ma poitrine qui demeure savamment cachée sous mon soutien gorge et je soutiens son regard emplie de pensées perverses, que je peux aisément deviner.
Il parle un instant et je tourne la tête, agacée par ses jérémiades paternalistes et ce n'est que lorsqu'il me prend vivement par le bras, m'obligeant à siffler entre mes dents, que je capte de nouveau son regard. Cette fois, s'en est trop. Je ne peux pas contenir la colère qui me submerge et je me défais de sa prise d'un seul coup d'épaule avant de me relever à l'aide du canapé, grimaçant sous la douleur lancinante que je ressens dans l'arrière train et le repousse violement, les mains à plat sur son torse.
Cette proximité soudaine m'agace. La droiture de son corps, les centimètres significatifs qui laissent clairement voir que debout, il me domine aisément, me mettent hors de moi. Je le repousse alors encore, plus fermement, le faisant chanceler jusqu'à ce que ses mollets heurtent la table basse et d'une nouvelle poussée, il en perd l'équilibre et tombe les fesses sur la table, renversant au passage tout ce qui s'y trouvait.
Je me retourne alors rapidement, attrapant mon sac et fouille à l'intérieur avant d'en retirer un bracelet d'or, sertie de rubis étincelants. Je rejette le sac sur le canapé derrière moi et je regarde mon trésor un instant, faisant rouler mes dents entre elles avant de finir, dans un geste irréfléchi, par le glisser à mon poignet.
Immédiatement, le bijou, comme animé de volonté propre, enserre ma peau et je fais légèrement la grimace sous la pression. Je replonge mon regard dans le sien.
- Tu veux de l'équité ? En voilà de l'équité ! Ca te vrille de voir qu'une femme qui dispose de certains pouvoirs puisse avoir le dessus sur toi, toubib ! Mais voilà, regarde, je me mets donc à ta hauteur en me privant de toute magie avec cela !
Ma voix arbore un timbre impérieux et prétentieux et j'avance des quelques centimètres qui me séparent de lui, posant un genou sur la table à côté de sa cuisse, tandis qu'une de mes main se pose sur son épaule avant que l'autre ne prenne le col de sa chemise dans une poigne solide. Je rapproche mon visage du sien, n'arborant plus aucune expression et mon regard défi le sien avec autorité.
- Etre cadrée ? Cesse donc de t'adresser à moi comme à une gamine ! Il n'y a que moi qui décide de ce que je veux et personne d'autre ! Et le respect t'a déjà été suffisamment accordé en te laissant la vie sauve, tu n'es pas d'accord ?
Mon corps se presse contre le sien alors que je ne peux desserrer la poigne que j'exerce sur le col de sa chemise tandis que je pose mon second genou sur la table me rehaussant de toute ma taille, le surplombant ainsi de quelques centimètres, le corps légèrement arqué, devant baisser le regard pour capter le sien.
- Et au lieu de prendre un air autoritaire en me contraignant à me dévoiler à toi, à m'ouvrir à toi, commence donc par accepter le fait que te voir me punir ne révèle qu'un désir malsain d'assouvir toi-même quelques fantasmes insatisfaits de domination ! Cesse donc de te mentir à toi-même avant de me voir moi-même le faire !