Question de motivation (Kanamori)

J'entendis la jeune professeur d'excuser, et lui fis un franc sourire. Le premier. Jusque là je n'avais eu que des sourires timides, cachés par ma timidité, mais là ce fut franc, sincère.

" Ne vous excusez pas, la musique est pour moi un loisir, le plus beau des arts. Ce n'est jamais désagréable d'en parler ne vous inquiétez pas ", je décollais enfin les yeux de ses pieds pour lui adresser cette phrase. Ce qui semblait être au départ une réprimande tournait à la discussion un peu touchante par la maladresse des protagonistes. Elle était adorable quand elle perdait son aplomb, elle descendait un peu de son piédestal en somme...

Je perdis un peu pied quand elle changea de registre et quand nous quittâmes les questions un peu personnelles pour bifurquer sur LA question qu'on m'avait posé cent mille fois. Mais qui, chose intéressante, n'avait pas changé de réponse depuis maintenant longtemps.

" Astrophysicien-cosmologiste-épistémologue. Un peu couteau suisse j'admets. " il laissa s'échapper un petit rire, " Les étoiles et le ciel m'ont toujours intéressé. Beaucoup, énormément même ", il fit un petit sourire, " depuis que je suis tout petit à vrai dire. L'astronomie est un domaine qui en recoupe tant d'autres... Les mathématiques, la physique. Le fait de toucher du doigt la beauté de l'Univers... ".

Je levai la tête, pris dans mon discours passionné, et regardai par la fenêtre le soleil qu'on ne pouvait presque plus voir.

" Par exemple, ", il pointa dans le ciel une étoile brillante de mille feux, " on peut voir Vénus, qu'on appelle l'Etoile du Berger. C'est la première à briller le soir. Et plus tard dans la nuit le ciel en est parsemé... C'est à mon sens la beauté de l'astronomie. Coupler à la fois une science exacte et rigoureuse aux songes et à la splendeur du monde... "

D'un coup, je m'entendis parler et partir dans son monologue.

" Excusez moi, j'ai tendance à partir dans de grands discours quand on aborde ce sujet. ", fis-je avec un petit sourire gêné

On dirait qu'au moins il a une passion, et plutôt communicative. Rien qu'à l'écouter parler, et me faire sa petite leçon, je retrouve le sourire. À sans lieues du Kudo-kun qui soupire en classe et se lève mollement de sa chaise comme s'il sortait de la mine pour rentrer au bagne. Il n'hésite pas à pointer la fenêtre du doigt, quitte à se montrer théâtral. Un vrai monologue à la shakespearien, envolé mais pragmatique... Si Shakespeare avait été un jeune Japonais passionné d'astronomie et non un névrosé obsédé par le destin et les luttes de pouvoir.

Soudain il semble se rendre compte lui aussi de cette métamorphose, et devient tout penaud. Mais je n'arrête pas de sourire pour autant, je me retient même un peu de rire.

" Excusez moi, j'ai tendance à partir dans de grands discours quand on aborde ce sujet.
- Tu n'as pas à t'excuser, Kudo-kun. Au contraire, c'est très bien ! "

Je me dirige lentement vers la fenêtre, tout en parlant.

" La voilà, ta motivation. Et tu es largement capable de devenir un couteau suisse de la physique. D'ailleurs vu que tu veux des défis, je pense que trouvera largement de quoi t'amuser là-haut. Il y a une seule chose qui te manque. "

Au fil de mes pas je l'ai laissé derrière moi. Je dois donc tourner la tête, toujours souriante, pour qu'il décocher un petit regard.

" La détermination. "

J'en reviens à la fenêtre, ou plutôt aux étoiles qui naissent dans le ciel. Il fait chaud dans cette salle, qui a encaisser le soleil tout l'après-midi. Mais malgré la veste de mon tailleur anthracite et les bas qui remontent sous ma jupe, la nuit qui tombe me donne un petit frisson. Et je m'explique le dos tourné à Kudo-kun, parce que ce n'est pas vers moi qu'il doit regarder.

" Tu as la motivation pour avancer, et les capacités pour tenir la longueur. Le problème c'est que ton but est trop loin, au bout d'une route sans raccourcis. "

J'arrive pas à croire que ces mots sont en train de sortir de ma bouche, et que d'une certaine manière je suis en train de m'envoler moi aussi. Ce qui me coupe les jambe, métaphoriquement, c'est que je répète presque mot pour ce que mon grand-père m'a dit un jour. Papi Yamagashi n'a jamais été tendre avec moi. Il ne m'a pas dit ce que je suis en train de répéter : il me l'a aboyé dessus un soir de colère, quand j'étais ado et très remontée contre tout le monde. J'ai mis des années à comprendre et aujourd'hui je transmets, gentiment, à ma façon.

Et d'une certaine manière je médite encore cette leçon qu'on apprend pas à l'école.

" Mais ton but ne dois pas être un point lointain que tu mettras des années à atteindre. Tu dois garder ton but près de toi, pour renforcer ta volonté, et suivre une route sans détours. "

Car ton alliée est la Force... Oui, d'accord, ça fait jedi et ça va pas trop avec mon tailleur bordeaux. N'empêche que c'est pas creux, en tous cas pas pour moi. Et juste pour remettre un peu les pieds sur terre, je tourne un nouveau regard, et un sourire, vers mon padawan.

" La détermination. "

Je lui adressai un petit sourire lorsqu'elle se dirigea vers la fenêtre. Je ne pus s'empêcher, malgré le caractère presque solennel de nos discours respectifs, de déposer un léger regard sur le remarquable derrière de ma jeune professeur lorsqu'elle me tournait le dos, et revint à mes moutons peu après. Je l'entendis parler avec ces mots qui sonnaient juste à mes oreilles. Une sorte de fait que j'avais déjà compris, mais sur lesquels personne d'autre n'avait sur mettre les mots. J'avais d'ailleurs un peu de mal à comprendre moi même comment elle avait cerné le problème aussi vite, si ce n'est en vivant la scène elle-même. Je l'aimais bien Yama-sensei. Suffisamment jeune pour sentir le message passer, et suffisamment expérimentée pour que le message ait du sens et soit crédible.

Au delà de la motivation il y avait la détermination. Moi qui croyais que j'étais capable de me battre sans rien lâcher, j'en étais pas vraiment capable. Enfin peut-être, mais il fallait que je le prouve. A moi même, et au monde entier en somme. M'enfin bon, difficile de prouver quoique ce soit quand on est simplement en dernière année de lycée. Ses sourires me gênèrent un peu, et je lui répondis de timides sourires. A vrai dire, si de base j'ai jamais été particulièrement à l'aise avec les femmes (bien que ça se soit arrangé ses derniers temps au lycée), être avec une supérieure hiérarchique -canon qui plus est- ça m'aidait pas à être affirmé.

Je vois...

Je baissai les yeux, me ré-humidifiais les lèvres par habitude, et m'approchai de la charmante rousse, jusqu'à arriver à sa hauteur, juste à côté d'elle, et regardai par la fenêtre. J'avais l'impression d'une certaine complicité qui s'installait. Je me faisais peut-être des films, peut-être qu'au fond elle l'avait déjà fait à X élèves avant. Mais tant pis, j'aimais bien ce moment, trop rare dans ma vie étudiante. On voyait les professeurs plus comme des donneurs de leçons, parfois des érudits (à tort ou à raison d'ailleurs quand on en voit certains), mais jamais comme des êtres humains. Paradoxal quand on sait que je suis fils de prof moi aussi.

Ces mots sonnent particulièrement juste c'est vrai...

Je la regardai, avec un petit sourire en coin,  et lui dis alors:

Quand certains me demandent pourquoi je veux faire ça, je leur demande de lever les yeux... Pas besoin de grand discours au fond, le sujet se suffit à lui même...

En effet, nous étions à la périphérie de la ville. Le ciel n'était peu ou pas parasité par la pollution lumineuse et d'un coup plein d'étoiles apparurent dans le ciel. Certaines brillantes, d'autres un peu moins. Un oeil avisé aura su distinguer les premières constellations.

On dirait que mon petit numéro lui a parlé, finalement je ne suis pas si mauvaise. Mais je suis surprise de moi-même. C'est le première fois que je parle comme ça à quelqu'un. Inutile de fouiller bien longtemps pour trouver ce qui a changé dans ma vie. Kyle. Est-ce que mon super-mec aurait réussi à me mettre du plomb dans le crâne en si peu de temps ? On s'est à peine rencontré qu'on tombait dans les bras l'un de l'autre. Malgré les circonstances plus qu'exceptionnelles, c'est encore trop récent pour décréter que c'est du sérieux. Mais je le pense, j'ai envie d'y crois, et lui aussi.

Et ça m'effraie. Notre histoire encore jeune a rouvert des portes que je croyais fermées à tout jamais. Il a fait ressurgir en moi des choses que j'avais enterrées, et que je pensais ne pas regretter. J'ai peur de lui en parler, d'alourdir encore son fardeau. Mes secrets ne concernent que moi, ils ne mettent personne en danger, mais ils me terrifient bien plus que les siens.

Une frisson me secoue soudain, je me retiens de me masser les bras comme pour me réchauffer. C'est ni le lieu ni le moment de me mettre dans cet état. Ni la bonne compagnie. Quoique Kudo-kun est loin d'être un mauvais parti. Comme les autres je l'avais remarqué à sa façon. Ses cheveux en bataille, et son regard d'éternel rêveur caché derrière ses lunettes. Le tout perché sur une tête plus haut-perchée que la mienne, ce qui ne m'a jamais laissée insensible. Faut-il que je sois amoureuse d'un autre pour l'avoir si simplement oublié. Et pour n'avoir pas eu la moindre idée déplacée pendant notre conversation.

Il est jeune, grand, mignon. Je le découvre sensible et je ne vois pas autrement que comme un élève... Enfin je ne le voyais pas. Il suffisait de m'en rendre compte pour que mon regard se mette à traîner sur son visage et son cou. Je détourne à nouveau la tête vers la fenêtre. Vénus brille toujours de mille feux malgré les autres étoiles qui commencent à poindre autour d'elle. Nha ! C'est pas comme ça que je vais me changer les idées, moi ! Mais faut me comprendre aussi, j'ai jamais vraiment eu à enfermer le physique dans les sentiments. La seule autre vraie histoire d'amour que j'ai eu était bien moins contraignante : chacun à un bout du monde, et la fidélité c'est pour quand on se retrouvait. Sorti de là on pouvait bien se taper toute la population du pays, du moment que c'était pas trop sérieux.

Mais à quoi je commence à penser alors que Kudo-kun est à deux centimètres de moi. Et surtout à quoi je pense après mon petit numéro de sage bouddhiste. c'est bon, il a eu sa petite leçon de vie, moi j'ai fait ma B.A. de la journée. On torche tout ça vite fait et je file m'enfermer dans ma chambre, à double-tours.

" Pas besoin de grand discours au fond, le sujet se suffit à lui même... "

Où on en était déjà ? J'y suis : motivation-détermination-astrophysique. Je hausse les épaules en même temps qu'un sourcil, fixant toujours les étoiles.

" Mouais, enfin... "

Je tourne quand même la tête vers lui, et m'efforce de fixer les monture de ses lunettes plutôt que ses yeux ou le reste.

" Tu vas quand même devoir ramer comme une galère romaine. Parce qu'à la fac tu seras tout seul pour tenir le cap. "

Je laisse échapper un petit rire. le dernier. Après on clos vite fait et je file avant de faire quelque chose que je risque de ne pas assez regretter sur le moment.

" Remarque, tu n'auras qu'à... "

Mais yeux sont descendus d'un cran, vers les siens, et d'un coup ma voix est devenue à peine plus qu'un murmure.

" ... te guider... aux étoiles. "

Ce frisson là je le connais, et c'est pas bon du tout. Sort-toi de là, Hitomi ! Pense à Kyle ! Fout pas tout par terre pour un coup et un peu de tendresse, t'en auras autant que tu veux avec ton super-mec... S'il passe te voir. Entre nos boulots et ses patrouilles, c'est vrai qu'on se voit pas beaucoup. En fait on se voit en coup de vent entre les classes de mises à niveau que je lui donne. Parce que les leçons particulières, je dois avouer qu'elles ne sont pas très scolaires. Mais comment elles font les filles dans les comics pour supporter ça ?

Je me détourne enfin de Kudo-kun. Je ne sais pas de quoi ça a l'air mais je suis bien en train de fuir, et ça me coûte vraiment de gros efforts. J'ai la tremblotte et je dois être rouge comme une tomate. Il fait une de ces chaleurs ici !

" Bon ! J'espère que.. que tu.. que ça va te servir, hein ?... Excuse-moi de t'avoir retenu. "

Mes yeux virevoltent comme une danseuse étoile pour échapper aux siens. Et ça ne m'aide pas à me calmer.

J'étais à moitié en train de songer dans les étoiles, m'efforçant de ne pas commencer à avoir les yeux qui trainent un peu partout. Ouais en général j'peux pas m'en empêcher, j'suis qu'un mec hein. On va dire ça pour éviter les trucs désobligeants. Faut dire que le ciel était magnifique, on avait un superbe temps dégagé. Ok c'était ni le lieu, ni l'endroit, ni même vraiment la personne avec qui avoir ce genre d'activités, mais bon. A vrai dire j'ai jamais refusé la compagnie de jolies filles, et ça m'étonnerait que ça commence aujourd'hui d'un coup. J'étais bien là, la chaleur infernale avait laissé place à une chaleur diffuse, agréable... J'étais à moitié bercé par l'ambiance douce, chaude... Romantique. Non mais j'vais pas me répéter une énième fois, c'pas vrai... C'est une PROF. Probablement en couple, m'étonnerais qu'une belle plante comme ça soit célibataire.

Nous étions en train d'observer la voûte céleste quand elle rompit assez rapidement le silence. Pour me parler de la fac. Ouais normal en même temps. Mais qu'est ce que j'ai encore c'est pas vrai... Ok ce genre d'atmosphère a toujours eu beaucoup d'effets sur moi m'enfin quand même. Elle me fit remarquer qu'à la fac j'allais devoir me démerder seul. Ouais enfin bon à côté j'suis déjà autonome là au lycée, donc bon. J'ai mon appart (plutôt luxueux, merci papa et maman...), j'bosse déjà un peu à côté. J'me débrouille quoi. J'aurai juste à commencer à bosser. Ca serait pas du luxe... Elle s'était tournée vers moi, et me regardait sans me regarder dans les yeux vraiment. Elle devait fixer un peu au dessus de mes yeux. J'avais tendance à fixer directement dans les yeux, m'enfin ça peut être agressif. En même temps, j'suis pas toujours flatté pour mon tact.

D'un coup elle me regarda. Dans les yeux. Sa voix était devenu douce, tout à coup. J'avalai ma salive machinalement, une montée de stress. Ouais de stress. Nan faut que je pense à autre chose, sinon si j'me focalise dessus ça va se voir que j'ai une montée... Ces yeux. Ce bleu d'azur. Cette peau diaphane. Elle était vraiment belle. Mes yeux se plantèrent dans les siens. De toute évidence, on avait quitté le rapport prof/élève. J'avais déjà connu une situation à peu près semblable y a un an. Elle s'était d'ailleurs bien finie... Calme toi Kanamori, calme toi. C'est ta prof, tu vas pas lui passer ta main sur sa joue, tu vas pas la blottir dans tes bras. C'est. Ta. PROF. Enfin bon ça l'empêche pas de trembler... Qu'est ce qu'elle peut être belle. Sa peau claire fait encore plus ressortir ses joues qui se rosissent.

Elle met fin à cet échange de regard.

" Oh non, bien sûr que non ça ne m'a pas dérangé, bien au contraire... "

Attends, j'viens de sortir QUOI? Et avec une voix douce en plus. Comme elle. Mimétisme, tout ça... Je ne pouvais m'empêche de la fixer dans les yeux, un regard doux cette fois, moins solennel ou sérieux qu'au début de notre moment. Mes yeux s'échappèrent dans son décolleté une fraction de seconde avant de se reposer sur ses yeux.
Je compris assez tard que j'étais en train de trembler. Je la regardai... Je ne me lassai pas de ce spectacle... Je vis alors un truc dans ses cheveux. Je sais pas trop ce que c'était, un morceau de pissenlit, un truc quelconque. Ca cassait cette sorte de perfection en somme... Ouais j'commence à m'emballer, j'arrive plus à faire grand chose. J'me rassure en me disant que n'importe qui réagirait de la même manière.

" Excusez moi... ", fis-je en sortant ma main de ma poche et en enlevant ce quelque chose qui trainait dans ses cheveux d'une main tremblante, " voilà, désolé mais vous aviez quelque chose... ". Je m'interrompis, la voix tremblante elle aussi. Je somatise pas mal mon stress à vrai dire. Je fis un petit sourire timide, gêné et en coin (ouais rien que ça), " Dans les cheveux... "

A vrai dire j'suis pas pressé pour rentrer. J'avais rien à faire à la maison. Elle peut-être mais bon, elle est adulte après tout. Elle sait gérer son temps.

Je m'accroche mais c'est de plus en plus difficile. J'ai beau savoir que c'est la chose à faire, l'idée de rentrer à la maison pour me retrouver toute seule me fait horreur. Et encore, il faudrait que mon bad boy plaqué flic de colocataire ne soit pas rentré. À ce compte-là autant... Je m'en veux d'être comme ça. J'ai besoin de contacts humains depuis que je suis toute gamine, si je n'avais pas mon câlin avant d'aller au lit je ne dormais pas de la nuit. Sauf que ça fait un bout temps que ces contacts sont devenus adultes. Les petits câlins ne suffisent que quand ce sont des personnes très spéciales qui me les donnent, et je peux compter ces personnes sur les doigts d'une seule main.

J'essaie à peine de me mettre au régime sec, par amour en plus, que Kudo-kun me tombe pour ainsi dire tout cuit dans le bec. Un grand et séduisant bonbon qui attend innocemment que je le croque. Et elle fait envie, cette friandise toute douce. Le bout de ses doigts passe dans mes cheveux et m'effleure à peine le cuir chevelu. Ça suffit à dynamiter ma volonté. Je la laisse s'effondrer en baladant mon regard sur chaque trait gêné du visage de ce jeune rêveur, haut perché dans les étoiles.

Désolé, Kyle. Je ne peux pas résister, mais je ne t'aime pas moins pour autant.

Je souris aux excuses de Kudo-kun, et viens cueillir au bout de ses doigts ce quelque chose redevenu insignifiant. Et je le laisse tomber sans plus m'y attarder.

" Merci. "

Je recule m'asseoir au bord d'un table, les cuisses croisées sous ma jupe mais déjà les genoux bien visible. Je me mets dos au mur d'une certaine façon, il n'a plus qu'à faire un pas en avant. Ma main monte lisser les cheveux que Kudo-kun a dérangés alors que mon regard dérive, et mon visage dérivent vers la fenêtre. Je ne doute pas qu'il en profite pour admirer le spectacle, et je lui laisse un temps bien calculé.

" Je demande depuis quand c'était là ? Et pourquoi personne ne me l'a dit avant ?... Mais j'ai remarqué que vous me regardiez tous beaucoup moins qu'avant... Peut-être que vous m'avez assez vu ?... Je suis plus vraiment nouvelle. Sans doute que maintenant, pour vous tous, je ne suis plus qu'une prof de plus. "

Mon regard revient sur lui, soudainement. J'ai bien pensé à le prévenir d'une manière ou d'une autre, mais autant en profiter pour m'amuser un peu. Et il reste une chance qu'il soit trop impressionné par ce soudain changement dans les attitudes, ces petites provocations qui commencent à poindre. S'il part en courant mon problème sera résolu, s'il reste je n'y penserais plus pendant un moment. Mais je doute que ma petite inquiétude mensongère le pousse à la fuite.

" Ou je suis devenue moins jolie ? "

Je ne manque vraiment pas d'air de dire ça alors que je suis la première à me trouver belle...

Alors que je m'excuse, elle m'adresse un sourire en me regardant. Je vois qu'elle remarque que je suis gêné. En même temps, c'est pas bien dur à remarquer. Moi qui, quasiment toute l'année, ai toujours été inexpressif pendant les cours, ne souriant pas ni rien, me voir commencer à légèrement rosir ça devait se remarquer. Surtout quand on voit que j'ai le teint clair, très clair. Faut dire que je sors pas des masses, et que je suis vraiment pas un adepte du bronzage.

Elle vient récupérer ce petit quelque chose au bout de mes doigts et cet infime contact entre nos peaux déclenche chez moi une inspiration profonde que je ne peux contrôler. Une montée d'adrénaline je suppose. Elle s'assoit sur le bord d'une table et passe la main dans ses cheveux. Un véritable tableau, elle ne pourrait être plus belle. Son regard sur le côté, je ne peux m'empêcher de laisser mon regard tomber dans son décolleté. Mère Nature faisait décidément des choix, et elle savait se montrer particulièrement aimable, agréable et généreuse avec quelques élus... J'étais face à une de ses nymphes de toute évidence... Je me ressaisis avant que le regard se fasse trop insistant. Bien que nos rapports avaient apparemment changé, tout du moins pour le moment, je ne pouvais pas me permettre de me faire attraper. Juste un coup d'oeil, y a pas de mal à regarder brièvement...

Elle vint à me parler du fait que personne ne lui avait fait remarquer le petit truc dans ses cheveux. Elle s'inquiétait de sa beauté. Ca m'a paru bizarre au premier abord qu'elle puisse dire un truc pareil. Elle me semblait sûre d'elle, douter de ce fait... Mais je n'allais pas la rembarrer. Pas mon genre. Je ne pouvais pas, et puis j'ai l'habitude de rassurer les gens. J'ai mes défauts mais j'pense pouvoir dire que je suis d'un naturel gentil...

" N...Non! Bien sûr que non! " fis-je en m'avançant vers elle par réflexe.

Ma main s'avança vers son visage pour la rassurer et effleura sa joue du bout de ongles. Je sais pas pourquoi j'ai fait ça. Réflexe encore, m'enfin bon c'était fait, si elle me rembarre j'm'excuse, j'lui dis que c'était involontaire et puis j'me barre; et j'me colle au fond de la classe jusqu'à la fin de l'année et j'me terre dans ma trousse.

" Vous êtes toujours... Très belle... " fis-je en ayant ma voix qui se fit de plus en plus douce, presque effacée...

Bizarre, d'habitude quand je me montre entreprenante ça vire à la catastrophe. Mais là rien. Je suis à l'aise, il ne l'est pas vraiment. J'arrive à le décoder assez bien, et il saute à pieds joints dans le piège. Mon petit air anxieux et abattu fait son effet, et Kudo-kun le pas en avant qui manquait. Il a même l'air un peu catastrophé de me voir comme ça. C'est mignon. Ses doigts frôlent à peine mon visage alors sa voix s'efforce de chasser mes doutes imaginaires.

" Vous êtes toujours... Très belle... "

Ça fait plaisir à entendre, mais est-ce que ça doit suffire à me rassurer ? J'hésite. Je ne veux pas trop jouer sur sa pitié au risque d'appeler des sentiments forts. Je ne vais quand même pas lui faire. D'un autre côté je ne peux pas non plus lui sauter dessus comme une sauvage. Même si j'en ai envie. Je sais que c'est mal. C'est même l'une des pires choses que j'ai faites, même si je l'ai pas encore faite. Et au lieu de me ressaisir pour me barrer en courant je reste là, à draguer Kudo-kun, bien décidée à lui faire du rentre-dedans jusqu'à ce que ce soit lui qui r... C'est à devenir dingue.

Mais ce n'est pas plus qu'un bruit de fond dans ma tête. Je rougie à ce compliment que je crois sincère, et qui lui au moins n'en a pas que l'air. Je sourie à mon jeune prétendant comme la rassurée des indécises, ou la plus traîtresse des mangeuses d'hommes.

" Merci, Kudo-kun. Ça fait du bien de l'entendre parfois. "

À peine si mon sens moral, tassé dans un coin, risque un petit murmure pour me rappeler que Kyle arrête pas de me le dire. Et m'auto-traiter de garce une dernière fois. Kudo-kun est si près de moi que sa présence étouffe ces maigres pensées. Je n'aurais qu'à me redresser un peu pour l'embrasser, lui n'a qu'à baisser les yeux pour plonger dans mon décolleté. Il n'ose pas tant que mon regard fait encore obstacle, aussi je m'arrange pour lui ouvrir la voie.

Je me laisse aller un peu en arrière et baisse les yeux vers sa veste. Je ne le dévore pas du regard, je veux juste lui laisser une occasion de plus. Je lui permets de se rincer l'œil, pour qu'il en espère plus et finisse peut-être par le demander.

" Toi, tu es un jeune homme très mignon. J'imagine que les filles te remarquent. "

De l'art de mettre mal à l'aise un jeune homme bien élevé. Et fort heureusement je viens de percuter un petit détail. Il n'est pas habillé comme à son habitude. Ça joue pour moi sur trois tableau. Un petit prétexte au contact physique, en lissant un pan de sa veste. S'il essaie de reculer je n'aurais qu'à serrer les doigts pour le retenir. Et surtout je peux le mettre encore plus mal à l'aise.

" Pour qui tu t'es fais tout beau, aujourd'hui ? "

Je commence à être grisée par ce jeu, et par ce frisson malhonnête. Si c'est ce qu'elles ressentent, je comprends que même les femmes les plus dévouées soient parfois infidèles.

Bon bah elle m'a pas rembarré. J'me suis pas mangé de gifle, en même temps ça m'aurait vraiment étonné. Plus ça va, plus je me dis que... J'me demande si... J'arrive pas à m'enlever cette image de la tête. L'imaginer, nue dans mes bras, nos lèvres collées... Rien que de l'imaginer j'ai mes joues qui rosissent sans que je m'en rende pleinement compte. J'aime pas rougir, rosir. Ca laisse transparaître ce que je pense, ce que je ressens. J'ai toujours tenu à mon indépendance à ce niveau là, le fait d'être quasi-incernable. J'me rappelle même de profs qui avaient jamais été capables de trouver le ton pour me parler. Ca me fait plutôt sourire en y repensant, j'me trouvais intouchable. Et là...

Elle rougit à ma phrase. Bon signe. Bon, quitte à faire une boulette, si j'ai une opportunité je tente. Faut savoir de temps en temps saisir les chances qui se présentent. J'me motive et j'trouve le courage de tenter un truc si j'ai de la place pour. Elle se laisse aller un peu pencher en arrière. J'ai du coup une vue splendide sur sa généreuse poitrine... Volontaire ou pas? Aucune idée, mais là, j'vois qu'elle regarde ailleurs. Mes yeux tombent dedans, et le léger rosissement qui était très fin jusque là tend de plus en plus vers le rouge au fur et à mesure du temps que passent mes yeux dans son décolleté. Une sensation de chaleur diffuse qui se répand en moi... Du désir. Du plaisir aussi. Elle me fait un compliment, j'ai pas l'habitude et ça m'a toujours énormément gêné. J'vais tenter une pirouette dont j'ai le secret pour éluder ma gêne...

" Oui, les filles me remarquent. Mais pas toujours pour les bonnes raisons " fis-je avec un sourire mêlé d'un petit rire timide, tandis que mes yeux quittèrent son décolleté.

Je crois qu'elle l'a pas vu, enfin j'en suis pas sûr. J'suis quand même resté plusieurs secondes dedans... Je sens une montée de désir, et une montée d'autre chose d'ailleurs... C'est léger pour l'instant, en même temps si ça devenait vraiment visible, je saurai pas où me mettre. Cette situation me rappelle de précédents flirts qui s'étaient en général bien passés. J'avais eu pas mal de bol dans ce genre de cas. Enfin elles avaient mon âge et y avait pas un rapport hiérarchique entre nous...

Elle me demande d'un coup pourquoi je suis habillé comme ça. C'est une ouverture, allez je tente.

" Un entretien d'embauche en ville, ce midi... Ca vous plait comme tenue...? " fis-je avec un petit regard malicieux, un sourire en coin et la tête légèrement penchée sur le côté pour accentuer l'amusement que j'en tire.

J'lui laisse de la place si elle veut tenter quoique ce soit. Y a juste X réponses possibles qui permettraient un certain... Avancement dans notre histoire. Sait-on jamais hein. On est sur le fil du rasoir, et j'ai un peu l'impression qu'à tout moment on peut basculer d'un côté ou de l'autre de la ligne jaune. Vu l'heure, doit y avoir personne dans le batiment. On est à l'opposé du réfectoire, donc on est à peu près sûrs d'avoir la paix, personne devrait venir nous déranger. On était entièrement seuls. Les couloirs résonnaient énormément, si bien que si quelqu'un devait rentrer dans le batiment on l'entendrait de très TRES loin. J'ai regagné un peu de confiance, elle a pas l'air complètement fermée à toute idée de ce genre... J'espère vraiment ne pas me planter...

Les bonnes raisons ? Ce serait un point intéressant à développer, mais je passe bien assez les bornes pour m'épargner un jeu trop long et prenant. En tous cas il ne retient pas ses regards autant que la prudence le voudrait. Il prend confiance ? On dirait bien, et c'est culotté de sa part. Je le surpasse de quelques années et beaucoup d'expériences. Pour la plupart des élèves sur lesquels j'ai mis le grappin, ce fossé était infranchissable.

Mais Kudo-kun a l'audace de tenter, juste assez prudemment.

" Un entretien d'embauche en ville, ce midi... Ca vous plait comme tenue... "

Je penche la tête sur le côté, mes doigts vont et viennent le long de sa veste avec plus de légèreté. Je les suis du regard avec une petite moue et un haussement d'épaule.

" C'est... sérieux. Pour un entretien d'embauche ça présente bien, mais ça ne va pas avec tes cheveux. "

Je laisse ma main descendre en peu plus bas, au niveau de sa ceinture, mais sans quitter sa veste.

" En fait ça ne va pas avec toi. C'est beaucoup trop... "

Je cherche un mot qui pourrait convenir, le mot. Je ne veux pas lui mentir, je ne veux pas le rabaisser, je veux faire monter la tension. Je ne lui donnerait pas les sentiments que je réserve à un autre, ça ne l'empêche pas de me plaire. Alors ce mot : trop commun ? Trop propre ? Collet monté ? Indéniablement pour un jeune rêveur, mais ça ne me satisfait qu'à moitié. Trop habillé ? Trop terre-à-terre ? Trop pesant ? Celui-ci irait d'autant mieux à un passionné de physique. Encore un peu loin de l'idée...

Ha ! J'ai trouvé.

" Beaucoup trop lisse. "

C'est exactement ce que je cherchais. Cette fois je n'hésite plus poser ma main sur lui pour remonter vers son torse. Je sens son corps à travers sa chemise, son cœur qui bat vite. Anxiété ou hésitation ? Sans doute un peu de la première, j'espère plus de la deuxième. Et mes yeux remontent également, jusqu'à son visage.

" Si je t'ai retenu après le cours, c'est parce que la plupart des autres professeurs ne voulaient pas te parler directement. Ils sont comme beaucoup : ils n'aiment pas trop ce qui n'est pas sorti du moule tout propre et poli. Et nous sommes un peu là pour ça : pour poncer et polir les élèves, lisser leurs aspérités. "

Je suis toujours en train de le draguer. Il n'y a qu'à entendre ma voix soupirante et voir que ma main ne l'a pas quitté. Je prends juste le temps de faire honneur à son intelligence. Même en me levant pour le repousser doucement vers les tables derrière lui, je ne dois pas la laisser vraiment agir.

" Mais parfois c'est du gâchis. Parfois on tombe sur un diamant brut, comme toi. Tu es sensible, passionné, cultivé, intelligent. Tu comprends beaucoup de choses. Par exemple, tu comprends quand une femme a envie de toi, même quand c'est une de tes profs. Tu comprends qu'elle ne devrait pas le montrer, et que tu ne devrais pas rester. Tu comprends ce que ça pourrait vous coûter à tous les deux. Mais quand elle le montre tu restes. "

Je me perche sur la pointe des pieds pour finir par un murmure à son oreille.

" Alors tu dois comprendre que tu ne peux plus partir, maintenant que tu l'as laissée voir elle aussi. "

Ma main vient se poser sur son entrejambe. Évidemment que j'ai vu ! J'ai même guetté bien avant que ça ne se montre. Et depuis que j'ai vu, c'est devenu encore plus flagrant.

Je sens ses doigts jouer et faire des aller-retours sur ma veste. Sentir ses ongles à travers ma veste me rend tout chose... A vrai dire à ce niveau là j'avais jamais vraiment été fan des trucs ultrahardcore, j'avais toujours préféré les trucs simples, doux... Qui flattent ma sensibilité en somme. Et sentir ses ongles sur ma veste me procurait des frissons... Incontrôlés. Moi qui ai toujours pu me vanter de mon self-control, de mon côté indifférent et blasé; des qualités qui m'ont servi dans de nombreuses situations. Et qui m'ont desservi dans de nombreuses autres. En fait, j'avais tendance à tout rationaliser, raisonner, calculer. Si au lycée et en exam ça sert pas mal (et ça m'avait sorti de cas difficiles), en amour, et de manière générale dans les relations humaines, parait-il que c'est désagréable d'être face à un mur. J'suppose que c'est la sensation d’iniquité, de se savoir à découvert tandis que l'autre était impassible, neutre. Certains pensaient même que mon allure de pierre cachaient un coeur du même matériau. Alors qu'au contraire je suis parfois même plus sensible qu'eux, des fois même trop...

Elle me parle alors de ma tenue, sur laquelle elle cherche ses mots. J'étais confiant à ce niveau là, c'était une de mes seules tenues correctes, mais celle là elle était assez classe, j'l'aimais bien. Ceci dit, apparemment elle ne m'irait pas, j'étais assez surpris sans le montrer et je continuai à l'écouter. Jusqu'à ce qu'elle mette le doigt dessus, elle serait trop lisse. Plutôt bien vu, j'dois avouer. C'est assez paradoxal de critiquer à moitié le système (et les codes qui vont avec), si c'est justement pour se caler sur ces dits-codes. Et c'est vrai que c'est paradoxal, mais l'infime lueur de coquetterie qui réside en moi avait eu raison de ce paradoxe. Et puis bon, c'est pas comme si j'avais le choix, comme elle le dit elle même, pour un entretien d'embauche ça présente bien. Mieux que mes habituels T-shirt et rares polos.

Elle enchaine sur deux-trois phrases sur le rôle des profs, et le pourquoi de ce qui était devenu un rendez-vous. Elle s'était levée et me poussait légèrement vers les tables derrière. Ca s'annonçait bien. Pas pour la morale mais bon. Son petit speech collait parfaitement à ce que je pensais: un moule abscons dans lequel on accepte ou non de se caler. Et de toute évidence je refusais. Elle continue en me décrivant et en parsemant ses phrases de compliments. Pas habitué. Je rougis et un fais un petit sourire gêné.

Soudain son discours prend une autre forme, au delà des lieux communs elle parle de nous deux, de l'instant, du présent. Certaines phrases, certaines locutions, certains mots font *tilt*. " envie de toi... ". Elle me présente la situation de sa voix douce qui berce mes oreilles et je ne peux m'empêcher de poser ma main gauche sur sa joue. Allez c'est bon là, elle a avoué, j'ai une prise de risque minimale. J'crois pas à un piège ou à une mauvaise farce. Puis même si c'est le cas j'ai des moyens de contre-attaquer. Donc là rien, c'est bon j'suis en roue libre. Elle avoue, et me fait avouer d'une certaine sorte, puisqu'au moment ou elle présente ma position actuelle je ne peux m'empêcher de laisser échapper un sourire franc mais bref. J'avoue que bien que cela me gêne énormément, j'aimai être flatté et être cerné. La sensation d'être important sans doute. La sensation d'être compris également.

Elle se met sur la pointe des pieds, je le sens, et elle vient me glisser quelques mots à l'oreille de sa voix devenue tendre. Alors je pourrais plus partir... D'habitude quand on me sort des trucs comme ça, ça me motive à essayer. Mais là non. Elle formulait sa phrase comme si j'étais tombé dans un piège, tombé entre ses griffes. Et bah à vrai dire, j'voulais bien être sa proie... Et d'un coup, l'éclair qui brise la nuit. Sa main qui s'était jusque là cantonnée à ma ceinture (et j'avais bien senti ça, et ça avait encore plus renforcé mon intimité) était descendue plus bas. J'vais pas mentir en disant que je m'y attendais pas. Mais ça surprend quand même un peu. Elle avait remarqué ou c'était une coïncidence...?

Mon coeur battait la chamade, et je sentis mon rythme cardiaque jusque dans ma gorge. Les hostilités étaient ouvertes. Ma main encore sur sa joue passe dans sa nuque et je ne peux m'empêcher de lui déposer un baiser. Tendre. Doux. J'me voyais mal partir dans quelque chose de fougueux où on se saute dessus. J'connaissais, c'était pas le problème. Jusque que je voulais contrôler un peu le début pour éviter que ça parte totalement en live. Enfin bon ça m'empêchait pas de laisser ma main droite sur ses hanches tomber inexorablement, lentement durant le baiser, jusqu'à ce qu'elles se posent sur ses fesses. Une fois arrivé là, je plaquais son bassin contre le mien. Plus de barrière prof-élève, on était simplement des personnes consentantes.

Il embrasse bien. Sa langue est tendre, elle ne cherche pas bêtement à partir le plus loin possible. Il n'y a donc pas que pour la guitare qu'il prend le temps de se perfectionner. Rien que d'y penser je frissonne en me demandant ce qu'il va faire de ses doigts le moment venu. Ma main s'échappe juste à temps pour le laisser m'attirer contre lui. Doux étau dans lequel je me retrouve prise. Je sens sa virilité qui presse contre mon ventre au travers des vêtements, et ses mains emprisonnent délicieusement mes fesses. Mais son baiser n'en reste pas moins mesuré.

Je laisse s'envoler quelques soupirs quand nos jeux de langue le permettent. Je fais onduler mon corps, remuant entre ses main et son membre prisonnier, qui doit étouffer dans son pantalon. Mes mains sont passées sous sa veste pour caresser ses flancs et son dos, tâter un peu ce qui n'est pas facilement visible sous les uniformes scolaires ou les T-shirt lâches. On est déjà beaucoup trop habillés pour ce qu'on fait, et la chaleur que ça engendre. Mais je préfère attendre la fin du baiser pour me montrer plus pressante.

Quand elle finit par arriver je passe furtivement la langue sur mes lèvres, comme retenir un peu le goût des siennes.

" Ça, ce serait une bonne raison pour les filles de te remarquer. "

Ça et ce que je sens toujours pousser contre mon ventre. Mais ce n'est pas encore le moment. Mes mains remonte sur sa poitrine pour se glisser sur ses épaules, sous sa veste. Et je me cambre un peu en arrière pour lui laisser la place de déboutonner la mienne. Enfin, s'il y pense malgré mon décolleté qui les cache les boutons à son regard.

Je prends mon temps, je savoure l'instant présent. Verbe particulièrement bien choisi et de circonstance en l'occurence. Je sens son expérience, elle embrasse bien. Le moment est agréable, et j'oublie à cet instant précis toute notion de culpabilité, ou d'une mauvaise conscience qui viendrait troubler notre tendresse. Je serre son bassin contre le mien. Je me doute qu'elle doit sentir mon excitation monter mais bon, je suis plus à ça près. De toute manière, c'est inéluctable qu'on arrive à cette issue là. Parait que ça flatte les nanas de voir qu'elles arrivent à "dresser" un gars... 'Fin j'en sais rien. Notre baiser est tendre, doux. Elle soupire à intervalles irréguliers, j'adore l'entendre. Avoir des preuves qu'on se débrouille pas trop mal, c'est toujours plaisant. Et ça rassure.

Je sens ses fesses bouger sous mes mains pendant notre, nos baisers, et j'adore ça... J'commence à avoir chaud, malgré le fait que la température dans la pièce soit en chute libre avec la disparition du soleil. La luminosité est devenue faible, mais je la distingue encore bien. Ceci étant dit je ne sais pas combien de temps ça va durer...

Elle passe sa langue sur ses lèvres. *gloups* J'avale ma salive par réflexe, ce geste m'a toujours énormément excité... Quelques frissons me parcourent le dos sous l'effet de ses caresses. La tension est devenue palpable, et bien que tout soit tacite et dans le non-dit, ce qui avait été un moment d'entre-deux il y a encore quelques minutes avait été décidément tranché de manière nette et sans bavure.

Elle me fait une petite remarque, et je fais un petit sourire. Je ne répondrai pas parce que je ne sais pas quoi répondre, et parce que je pense que les gestes sont bien souvent plus explicites que la parole.

Elle se cambre en arrière. Je dépose rapidement et furtivement mes lunettes sur une table juste à côté. J'essaye de prévoir un minimum. Chassez le naturel, il revient au galop on dira... Est-ce que je profite de sa position pour la pousser en arrière et ainsi me mettre au dessus? Parait pas mal, mais pas maintenant. On est habillé, si jamais ça, ça change, bah pour se désapper ça sera pas super pratique... Je déboutonne son chemisier d'une main tandis que l'autre passe sur sa joue par de lentes caresses, alors que je la regarde dans les yeux.

Il ne relève pas mon petit compliment, mais sa main s'active. Il en est déjà à déboutonner mon chemisier alors que je laisse ma veste glisser de mes épaules. Doué de ses doigts, l'apprenti guitariste astrophysicien. La plupart des élèves qui sont tombés entre mes griffes étaient bien moins habiles, et mesurés. Quand d'autres commenceraient à lutter pour retenir leurs pulsions et leurs fantasmes, il prend simplement le temps. Il est en confiance, maintenant. Je le sens, et ça m'excite. C'est moi qui vais devoir me retenir.

Découvrir ses yeux sans la légère déformation de ses lunettes m'aide un peu. Ça ne le rend pas laid, loin de là. Ça change. Son regard a l'air un peu plus sombre, sans doute parce qu'il est libéré des montures noires. Mes mains glissent le long de sa chemise pour la quitter alors que ma poitrine se dévoile un peu plus d'un bouton à l'autre. Je me laisse déshabiller, flatter la joue par sa main, en appréciant le spectacle de ses yeux. ils vont vite descendre en découvrant ce que je cachais sous mon chemisier.

Rien de spectaculaire, à part bien sûr ce dont la nature m'a généreusement pourvue. Mon soutien-gorge noir n'a même pas un peu de dentelle pour égayer. Mais le noir, c'est toujours élégant. D'ailleurs l'agrafe se trouve dans mon dos, une nouvelle épreuve pour la dextérité de Kudo-kun. Ma jupe remonte bien assez pour cacher encore ce que j'ai assorti à cette première pièce de lingerie. Il se l'imagine peut-être déjà, sachant que je porte des bas.

Je profite de la reddition du dernier bouton de mon chemisier pour débarrasser mon jeune partenaire de sa veste. Puis je le laisse profiter de sa découverte, libérant de-ci de-là un bouton de sa chemise, sans me presser.

Son chemisier est enfin déboutonné, tandis que notre langoureux baiser se termine. Je la regarde, ma main toujours sur sa joue. Je lui jette un regard tendre, tandis que je fonds dans sa nuque pour l'y embrasser. Ca restait un truc que je savais bien faire. Ma main gauche, naguère sur sa joue, enlève son chemisier et ensuite la plaque contre moi en se posant dans son dos. C'était plus ma prof à cet instant précis, mais simplement une femme avec laquelle je passais un bon moment. A vrai dire dans ce genre de positions, d'actions, on pense pas aux divers fossés sociaux et hiérarchiques qui peuvent nous séparer. On ne pense plus à ce qui nous sépare, mais simplement à ce qui nous rassemble. A l'autre. Mes lèvres douces glissent dans sa nuque que j'embrasse langoureusement.

Je profite du fait qu'elle ait le buste simplement vêtu de ses sous-vêtements pour en profiter pour y glisser ma main dessus. Un bel et élégant soutien-gorge noir, une de mes couleurs préférées pour ce genre de vêtements. Avec le rouge. Pas de dentelle, tant pis, mais à vrai dire c'est accessoire. Pas besoin d'artifices pour rendre le moment plus enivrant et excitant encore qu'il ne l'est déjà. Ma main droite caresse son opulente poitrine, glisse sur la galbe de ses seins, passe au milieu, avant de se fixer sur son sein et de le caresser. Même si, ici, caresser est un terme un peu trop... Doux. Je le "malaxais" (j'aime pas le terme mais bon il retranscrit mieux la réalité) carrément.

Une fois que j'eus quitté son cou, je la regardai dans les yeux. Pas besoin de verres correcteurs, elle était déjà magnifique comme ça. Elle jouait avec les boutons de ma chemise, sur une espèce de faux-rythme. On prenait notre temps, bien qu'on avait tous les deux envie de nous presser. D'arriver aux choses sérieuses. Mais je n'allais pas me précipiter. Mes yeux suivent mes deux mains qui arrivent sur ses seins et je profite du spectacle. Quelques secondes, après tout elle a d'autres attributs. Je me remis à l'embrasser. A mon sens c'est la base, l'unité de tout, le baiser.

Ma main droite repassa dans son dos, et je dégraphai son soutien-gorge. Je voyais pas vraiment l'utilité qu'elle pouvait avoir à le garder. J'avais eu une relation qui avait duré pas mal, et j'avais eu à en dégrapher des soutiens-gorges. Normal donc que j'y arrivai du premier coup. Ca pour sûr, j'étais plutôt confiant niveau dextérité. Je l'étais un peu moins quant à la "conclusion" mais on y était pas. J'enlevai son soutien-gorge fraîchement dégraphé et me remis à lui caresser ses seins. Leur rondeur, leur bout déjà durcis. Je sentais qu'elle aimait le moment, et ça me faisait encore davantage apprécier cet instant.