Deuxième soir suivant la pleine lune. C'était le jour de l'arrivée de la nouvelle cargaison d'esclaves. Albriech était friand de nouvelles têtres féminines et il en avait souvent besoin, la seule qui survivait généralement à une nuit avec lui, enfin, une nuit, façon de parler, disons juste que pour lui, les esclaves étaient des biens à usage souvent unique. Aliphera en arrivait à les plaindre quand il voyait les corps quitter la pièce, mais en même temps, elles n'étaient que des objets, un peu comme elle. Sauf qu'à cause de Silence, on devait faire attention à ce qu'elle restât en vie et en état de communiquer avec lui. Donc ça limitait les dégâts, même si Aliphera s'y pliait, pas de gaieté de cœur, mais elle estimait clairement ne pas avoir le choix, on était pas trop brutal non plus.Pas doux, certes, mais pas assez brutal pour lui faire perdre connaissance et pour les dégâts physiques, disons que tout était réparable dans une certaine mesure.
En tout cas, la cargaison nouvelle était arrivée et maintenant, c'était à Albriech de décider et Aliphera angoissait. Blottie contre Silence alors que l'aube se levait, elle refusait de partir. De se déplacer, on l'avait menacé, et elle avait envoyé paître le serviteur transmettant les menaces. Hors de question de se déplacée, allongée comme elle l'était sur le flanc de son dragon adoré, il était chaud et le doux vas et viens de l'animal, qui, au rythme de sa respiration,faisant doucement gonfler son ventre sur lequel elle était allonger. Silence, lui, dormait de tout son long, paressant dans la lueur blafarde du soleil matinal. Il ne faisait pas spécialement chaud, mais le soleil était clair et réchauffait lentement l'atmosphère.
Finalement uen escouade de gardes vint la déranger et la força à descendre, soit elle obéissait ; soit Albriech viendrait lui même la chercher. Et ce disant, on lui lança un grand sac contenant ses pièces d'armure. Bien évidemment, aucun ne se détourna tandis qu'elle se changeait, elle savait parfaitement ce que les soldats pensaient d'elle, elle était déjà allé faire le service des baraquements, autre mot pour désigner le fait de devoir se mettre au service des soudards, quel que soit leur grade !
Enfin prête, parée comme pour la bataille, elle se rendit au marché aux esclaves, qui n'était pas réellement un marché mais une foire d'attribution. Lieu où étaient attribués les esclaves achetés par l'ordre. Chose inhabituelle, son nom fut prononcé et on lui affecta une jeune femme associée au rôle de celle ci : ombre. Heu sans doute, en effet, si on savait ce que ombre voulait dire....en fait, cela signifiait juste que le seigneur d'Aemeria lui avait affecté un mouchard. Il s'agissait d'une esclave qui allait très sérieusement espionner tous ses faits et gestes et tout rapporter à qui de droit ! C'était la merde !
Elle s'approcha, on lui tendit la laisse, et elle la saisit pour emmener l'esclave prostrée sur l'estrade, elle allait l'emmener vers Silence, une petite dizaine de minutes de marche dans un calme plat. Ses vêtements ne couvraient pas grand chose de la jeune femme, hélas, c'était ainsi que les esclaves se vendaient. Elle lui ferait enfiler la robe qu'elle portait quand elle était auprès de Silence qu'ils ne tardèrent pas à atteindre. Elle lâcha la laisse pour aller prendre la robe, elle était sobre simple, et noire.
« Voila pour que tu aies une tenue décente ! »
Elle revint et en lui laissant le collier typique des esclaves détacha la laisse et lui tendit la robe, qu'elle s'habille, sans la laisse, ce serait plus facile. La robe montait jusqu'en haut du cou, pas de décolleté, rien. A part la tête les mais et les pieds, on ne voyait pas un seul endroit de peau nue. Aliphera reprit sa position sur le ventre du dragon.
« Bon, je m'appelle Aliphera, et toi, comment t'appelles-tu, pauvre petite chose ? »