Toutes mes excuses au staff pour la longueur, si vous y tenez, je vous résumerai tout ça,même si j'avoue ne pas encore savoir quoi enlever xD
Nom/Prenom/Surnom :Aliphera, elle ne porte pas de nom de famille, seules les personnes ont un nom de famille, les esclaves n'en mérite pas, même les affranchis. Pour es surnoms, ils sont divers, on peut citer notamment Dame aliphera, la dame-dragon, votre grandeur, la maitresse de la mort, la reine sans trône, la dame ailée, (aliphera veut dire ailée en latin), la reine putain.
Âge : 28
Sexe : féminin
Race : humaine
Orientation sexuelle: bi par défaut, elle n'a jamais vraiment eu le choix, mais si la faire coucher n'est pas dur, la faireaimer ça et la faire aimer quelqu'un est presque impossible
Description physique : Jeune femme au corps musclé par de longues heures d’exercice quotidien, elle pourrait être séduisante si l’on oublie certain détails comme l’énorme balafre qui parcoure son flanc droit, marque d’une lame au cours d’un combat, une marque au fer rouge sur son sein gauche, symbole de son appartenance à l’ordre du dragon (ce sera développé plus loin, dans l’historique). Ses lèvres pleines qui feraient rêver bon nombre d’hommes n’esquissent un sourire que trop rarement, toutefois, avec de la chance, de profil et en plein brouillard, on pourrait imaginer qu’un sourire se fendant sur son visage la rendrait encore plus belle qu’elle ne l’est déjà. Souvent vêtue d’une tenue noire, quand elle ne porte pas son armure en écailles de dragon, elle porte une robe simple, noire, n’ayant pas besoin de plus pour mettre en valeur sa beauté, et n’estimant surtout ne pas mériter plus.
Elle porte bon nombre de tatouages sur le corps, qui sont le symbole de statut social dans l’ordre. C’est en effet soit par tatouage, soit pas scarification que l’on marque son statut ou que l’on est marqué.
Beauté glaciale, son regard d’un bleu clair plus froid que la mort laisse présager qu’elle est inaccessible, ce qui n’est pas loin de la vérité puisque son amour ne va réellement pas à l’espèce humaine en général. C’est avec le temps et une infinie patience que l’on pourrait atteindre son cœur de glace.
Avec son entrée dans l’ordre du dragon, elle a lié sa vie à celle de Silence alors que ce dragon n’était qu’un œuf, mais ce lien complètement perverti et corrupteur la dévore de l’intérieur, tout comme le dragon anciennement asservi. Cette maladie se présente comme une de soudaine crise ou son corps se met à fumer et à devenir brulant. Ces crises se manifestent à intervalle irrégulier et durent en moyenne entre une demi-heure et trois jours en fonction de sa gravité. Toutefois, au travers du lien qui les lie, la jeune femme a gagné une quasi-immortalité puisqu’elle fait face à une régénération des cellules des plus rapide. Le seul moyen de la tuer définitivement est de retirer le cœur qui bat encore de son corps pour le bruler, puis lui couper la tête.
Silence, le dragon, puisque c’est le terme qui s’applique à sa race, fait partie d'une race très ancienne, l'une des premières à avoir foulé la terre, les dragons de tempête les appelle-t-on, car dans les anciennes légendes, c'était sur les ailes de cette race de dragon que venaient les mauvaises nouvelles. Mis cette race est, raconte-t-on, disparue, il faut croire que non. Ils se distinguent du reste de la masse des dragons par quelques détails, en effet
il y a toutd'abord cette marque de naissance sur leur front, une marque doré comme si du métal en fusion avait été versée dedans, ensuite, il y a le fait qu'ils aient deux paires de cornes au lieu d'une. Pour le reste, il s'agit d'un dragon assez classique, assez bateau même, tant au niveau des ailes, même si elles sont particulièrement grandes, le rendant, en plein vol, plus large que long, qu'au niveau du reste, ses écailles, plus dures que l'acier, sa taille assez conséquente une fois adulte, et chez cette espèce, cela vient extrêmement vite (pour une idée de l'échelle, regardez en bas à droite de l'image, y a une personne et un cheval, pour vous donner une idée de la taille).Il ne possède pas de souffle ardent, mais par contre, il peut souffler des bourrasques. Dernier détail, là d'où vient notre jeune amie, les dragons sont divisés en deux catégories, les dragons de guerre et les dragons de chasse, Silence appartient à la deuxième catégorie, son vol est silencieux, on le voit bien avant de l'entendre, contrairement à un dragon de guerre qui fait, aux dires de Silence : « un barroufe à faire perdre ses tripes au gibier avant même d'être repéré ! »
Caractère : Jeune femme énergique, elle ne supporte pas de rester en place plus de cinq minutes la poussant presque à l’hyperactivité. Ayant le sang très chaud, elle s’énerve très facilement, et même quand elle ne s’énerve pas, elle n’hésite pas à faire payer chèrement chaque détail qui ne lui convient pas, elle est très rancunière, trop peut être. N’ayant aucune patience il est inutile d’entamer un débat contre elle ou cela finira au bout d’une pique dans la cour de l’aire. Mieux vaut la brosser dans le sens du poil.
Pétrie d’honneur et de fierté, lorsqu’elle donne sa parole, elle la tiendra à tout prix, préférant mourir plutôt que de se trahir. D’une loyauté à toute épreuve, elle a juré fidélité à l’ordre du dragon et obéira quoi qu’on lui demande tant que l’ordre émane des instances supérieures de l’ordre. Et ce, même si on lui ordonne de donner son corps aux membres de celles-ci. Mais il ne faut pas se leurrer, elle ne prendra aucun plaisir à cela et se murera dans un mutisme et une passivité la plus totale.
Chez elle, aucun comportement n’est doux, hautaine, supérieure, condescendante, elle a tendance à ne pas chercher à comprendre les autres, ils sont différents, ils ont tort, qu’ils lui prouvent le contraire par le fil de l’épée, le vainqueur a raison, le perdant ne mérite que la mort dans l’oubli.
Loin d’être maniaque, elle est même plutôt brouillonne, elle reste néanmoins inflexible sur un seul point, l’hygiène, ça elle estime qu’il s’agit de la base, surtout au niveau des cheveux (poux et puces), le BA ba, et donc, elle a tendance à ne pas supporter de parler, vivre avec une personne dont l’hygiène est un tant soit peu éclipsée. Elle a beau être désormais une grande dame, elle est d’origine bien plus basse que le roturier lambda.
Aliphera est une personne qui a du mal à accepter le reste de l’humanité comme son égal et elle est presque incapable de l’aimer. Tout son amour est dirigé envers une seule chose, les « dragons ». Elle les aime plus qu’elle-même, c’est un amour sans doute à sens unique en majorité, sauf vis-à-vis de Silence qui semble adorer sa cavalière et amie plus qu’il ne le devrait. C’est d’ailleurs lui qui lui a montré la vraie valeur e sa propre vie, qui n’avait aucune importance jusqu’à présent.
Elle connait la raison de la soumission des dragons à l’ordre, et bien qu’elle soit écoeurée, elle respecte son serment vis-à-vis de l’ordre en n’agissant pas contre cette drogue qu’ils sont forcés d’ingérer, toutefois, bien qu’elle le niera toujours, elle sèvre lentement Silence de cette horreur, lui rendant peu à peu ses facultés mentales et son instinct. Elle commence d‘ailleurs à prendre peur devant certaine de ses réactions.
Histoire : Commençons le jour de sa naissance, dans un tas d’ordures ou sa mère la mit au monde, perdant la vie par cette occasion. L’avantage du tas d’ordure par rapport aux simples pavés des coins de rue où ils se cachaient des hypothétiques marchands d’esclaves, c’est qu’au moins, il y a un peu de chaleur évitant à la mère de mourir de froid pendant l’accouchement, même si dans ce cas précis cela ne changea pas grand chose.
Elevée par sa grande sœur, elle vécut dans une maison de passe miteuse ou celle-ci travaillait, ayant accouché très peu de temps avant d’un enfant mort né, elle avait le lait nécessaire à la croissance de la petite Aliphera, nom donné en référence à celui de sa mère. On a vu meilleur milieu pour élever une enfant, mais bon, elle se contentait de ce qu’elle avait.
Il n’eut aucun incident pendant presque les dix premières années de sa vie, elle passait souvent ses journées dans le grenier, qui avait été aménagé comme une chambre à son attention, pour ne pas voir ce que sa sœur appelait quand elles étaient seules les messieurs bizarres qui venaient la voir.
Seulement voila, la veille de son dixième anniversaire, un homme ivre arriva, ayant payé très cher pour que Shezira, prénom de sa sœur, s’occupe de lui, elle n’était pas une putain de bas étage comme on en voyait beaucoup dans les rues, non, elle avait un minimum de classe, un minimum de qualité de service.
L’ivrogne ne voulut rien de ce qu’elle lui proposa, se contentant de la bloquer à même le sol sur le dos, et de la rouer de coups jusqu’à ce qu’elle soir inerte, lèvre éclatée, du sang coulant de son nez, les yeux qui vireraient bientôt au violet puis au marron. Ce n’est que là qu’il prit son plaisir, jouant avec son corps, et pas que sexuellement, jusqu’à ce que celui-ci prenne des angles étranges, normalement impossible pour un être humain.
Aliphera avait tout suivit depuis le grenier, les cris inhabituels poussés par sa sœur l’ayant affolée. Elle s’était retrouvée bloquée au dessus, assistant à toute cette violence complètement gratuite de la part du client, muette de stupeur et aussi effrayée qu’il était possible de l’être, ce qui le trahit, puisqu’elle en eut tellement peur qu’elle en eut une incontinence sur place, et cette urine dégoulina entre deux lattes du plancher atterrissant sur le crâne rasé de l’homme qui leva la tête et parla d’une vois forte :
« Allez descend de la ! J’ai payé pour cette chambre et tout son contenu ! Qui…qui…qui que t…tu s…sois je m’amu… m’amamu… m’amuserai ! »Il empestait l’alcool à 10 Km à la ronde et devant l’inaction d’Aliphera, il tenta maladroitement de la faire descendre, ce qu’il réussit, pour le grand malheur de celle-ci : il profita et abusa de cette petite fille sans vergogne, lui volant la seule chose qu’elle avait si ce n’est sa sœur : son corps.
Trois semaines plus tard on retrouvait le corps de cet homme, les tripes à l’air, sous un pont, à moitié mangé par les rats, et sans doute même certains mendiants. Après une enquête sommaire, Shezira fut utilisée comme bouc émissaire, elle avait morflé à cause de lui, c’était logique qu’elle soit coupable, faux mais logique. Elle fut égorgée par l’un des propriétaires du lupanar à l’entrée de celui-ci et offert comme festin aux chiens. Quand à Aliphera, elle se retrouvait à la rue, seule, livrée à elle-même.
Elle passa presque trois ans à crever de faim, volant quand elle pouvait, défendant sa croute autant que possible. Un quignon de pain rassis était un vrai luxe. Mais que voulez vous, elle n’avait pas vraiment le choix, quand on tiens à survivre, son amour propre, on se le met là ou je pense. Quand elle pouvait, elle gagnait un peu d’argent, c’était souvent la même tâche, que ce soit un homme ou une femme qui le demande, cette tâche qu’elle considérait avilissante mais qu’elle exécutait, parce qu’il fallait bien vivre. Son corps ne lui appartenait plus vraiment, sa vie lui échappait, pouvait on vraiment dire qu’elle vivait ? J’en doute fortement. Ce n’est pas une vie, c’est une sous vie, de la survie. Sans plus.
Durant ses péripéties, elle finit par tenter de voler la mauvaise personne, et cela conduisit à une nouvelle vie. L’homme qui l’avait prise la main dans le sac ne la punie pas mais fut surpris par son regard qu’elle lui braquait droit dans les yeux, un regard de glace emprunt de défi en même temps, comme si elle lui disait : « Et bien vas y, fais quelque chose pour me punir ! » Peut être fit-ce par pitié, peut être fut-ce pour une autre raison, en tout cas, il l’emmena avec lui, prétextant une esclave en fuite devant la mine suspicieuse des autorités locales. Il la battit sommairement, punition pour le vol, et voyant toujours cette lueur de défi dans ses yeux, il la prit avec lui et l’offrit à un de ses amis qui partait en voyage et avait besoin d’un faire valoir pour l’aider. Autant la rendre utile et vu qu’elle semblait assez sauvageonne, si il lui arriverait quelque chose sur le trajet, et bien ce ne serait pas grave, il la laisserait crever sur place, comme ça, il aurait un fardeau en moins.Et si le voyage en lui-même ne présenta pas d’intérêt, ou du moins, pas assez pour être narré, la finalité en revanche mérite qu’on s’y attarde. Il s’agissait d’un lieu assez impressionnant, dans un immense cratère volcanique définitivement scellé par magie. Encore aujourd’hui, cette scène était limpide dans sa mémoire.
*Ils arrivaient en haut de la montagne, son « propriétaire », oui, c’était cela, le terme abject dont il se voyait affublé, lui avait lié les mains à une sorte de collier auquel était accroché une sorte de chaine qu’il tenait fermement dans la main par une sorte de poignée en cuir. Il ne voulait pas que la jeune fille s’échappe, pas une troisième fois, il en avait eu marre de la voir ainsi tenter à chaque instant de s’échapper.
Tellement occupée à voir le paysage il ne fit pas attention et lui rentra dedans, ne voyant pas la raison de sa stupeur, elle ne comprit cela qu’une fois qu’il recommença à marcher. Devant elle se tenait une immense muraille, sans doute bien vingt pieds de hauteur, dont les murs passés par les ans avaient pris une couleur presque blanche, et les portes se démarquaient de cet ensemble par leur couleur noire. Elles étaient simples, juste un peu cabossées par des chocs, sans doute un envahisseur quelconque qui tenta de conquérir cet endroit.
Elle restait bloquée ainsi, ne pouvant bouger, écrasée par la magnificence de cet endroit. Elle fut tirée de sa rêverie par un coup sec sur la laisse qui la fit tomber au sol, tête la première, heurtant une pierre volcanique. Sonnée par le coup, elle fut incapable de se relever, son maitre dut tirer sur la laisse vers le haut pour la forcer à se relever quitte à l’étrangler si elle n’obéissait pas. C’était ainsi que ça fonctionnait, non c’était ainsi qu’il fonctionnait. Pour les autres elle ne savait pas.
Il s’approcha en tirant son esclave derrière lui, et, utilisant le heurtoir en forme de tête de dragon, il signala sa présence. On entendit un peu d’agitation, on entendit un peu de bruit, puis les gonds grincèrent horriblement pour faire bouger l’énorme porte qui faisait au moins deux pieds d’épaisseur, pour les défoncer, il y avait du boulot. Beaucoup de boulot, de force, et surtout d’huile de coude. Ça, c’était l’essentiel.
La porte ne s’ouvrit pas complètement, juste assez pour permettre le passage de deux personnes et d’une monture. Et quelle ne fut pas la surprise de notre jeune esclave quand elle vit que les portes n’avaient pas été ouvertes par des attelages de cheveux, mais par des dragons, des animaux qui faisaient entre deux mètres et trois mètres de haut. Elle était émerveillée par tant de magnificence. Ces magnifiques animaux servaient à faire bouger les portes, chaque muscle tendu par l’effort nécessaire. Devant ce spectacle, elle se sentait insignifiante, un grain de poussière dans les rouages d’un moulin.
« Ah, Antros ! Te voila ! Les mages du sang ont dit que tu n’allais pas tarder alors on t’attendait ! Très bien, la réunion va pouvoir avoir lieu comme prévu ! » Il dévisagea ensuite la jeune esclave.
« Tu sais ce que je pense de ça Antros, tant que tu seras dans les murs de mon aire, je ne veux pas d’esclave, pas ici. »Son maître fit la moue, puis il se tourna vers la jeune fille et la détacha avant de partir vers le centre de la citadelle d’Aemeria où il devait avoir ses quartiers, ou du moins, un lieu pour dormir au chaud. Bien que la saison hivernale soit finie depuis un bon mois, on sentait dans les hauteurs comme ce cratère que la période des températures froides n’était pas définitivement terminée. La jeune femme souffla dans ses mains, ses doigts étaient froids et elle était frigorifiée, rajoutons à cela qu’elle ne savait pas ou elle était, et elle était seule, comme souvent.
Elle était à la fois terrifiée et émerveillée, à la fois terrorisée et admirative. Elle était complètement perdue dans un monde qu’elle ne connaissait pas du tout. Elle ne savait ni quoi dire, ni quoi faire, mais ne tenant plus en place, elle finit par commencer à vadrouiller un peu dans cette cité de murs blancs, mais toute son attention se rapportait à ce qui faisait pour elle la vraie beauté du lieu : ces Léviathans dressés ou du moins, obéissant aux dirigeants de la ville.
Elle ne comprenait pas comment ces splendides bêtes pouvaient être aussi obéissantes et aussi serviles que des chiens. Pour elle cela semblait être aberrant. Ces créatures pouvaient écraser la piétaille qui fourmillait autour sans même y penser. C’était la petite bête qui maitrisait la grosse. Elle ne pipait mots mais s’approchait d’un des dragons les yeux pétillant, tout simplement folle à l’idée de s’approcher ainsi du danger, mais en même temps timide, comme si elle hésitait, son maitre ne lui avait donné aucun ordre, oh et plus elle s’en foutait, après tout, elle n’avait rien à demander à personne !
Elle continua de se rapprocher quand un homme d’un âge avancé, si ce n’est très avancé la percuta violemment. Elle ne pensait pas qu’un vieillard puisse avoir autant de ressource. Elle se retrouva au sol, sous ce vieil homme, complètement bloquée du haut de ses treize années sous la poigne de fer du vieil homme. Que voulait cet homme ? Assouvir ses bas instincts ici même ? Juste commettre un péché de chair ? Si c’était ça, elle ne se défendrait pas, d’abord parce qu’elle ne pourrait pas, et en plus, parce que de toute manière elle ne tirerait rien de cela, elle avait trop subi pour avoir le moindre plaisir à ce qu’elle pensait qui allait arriver, et puis, de toute manière, elle n’éprouverait rien, à part une présence étrangère.
Mais ce qu’elle attendait ne vint pas, en effet, tout ce qu’elle sentit ce fut un vent cinglant et brutal qui passa au dessus de son crâne et et au dessus du vieillard en cessant tout aussi vite. Le dragon venait de balayer les environs de sa queue fauchant deux imprudents, et peut être trois si elle n’avait pas été jetée à terre avant. Le coup l’aurait sans doute tuée, et pour ça, devait-elle remercier le vieil homme ou le haïr ? Elle n’était qu’une esclave et si elleavait pu, elle se serait donné la mort depuis un certain moment. Mais c’était contraire à ce qui était gravé en elle, la mort était abjecte, plus encore que la vie.
Le vieillard se releva, en la percutant il avait perdu l’équilibre et était tombé sur elle. La jeune femme avait pu sentir son souffle dans son cou et en avait frémis de dégout, mais quand il avait proposé de l’aider à se relever, elle avait refusé et avait prestement repris des appuis en reculant un poil, par sécurité. Elle n’avait pas peur, non, elle savait que ce qu’elle avait, son corps comme sa vie, elle n’en faisait pas ce qu’elle en voulait.
Il esquissa un sourire avant de prendre la parole, sa voix était semblable à un morceau de fer qu’on raclerait sur un rocher, rien de bien agréable, mais ses mots étaient doux, calmes, posés, comme si il avait préparé un discours depuis longue date pour lui parler. C’était des plus étrange, mais à voir la tête des badauds, ce devait être monnaie courante de le voir parler ainsi, mais cela voulait dire aussi qu’il devait être un homme important puisqu’on le reconnaissait.
Il lui parla des dangers que les dragons était, il lui parla aussi du fait que le seul que l’on pouvait vraiment approcher sans crainte était son propre dragon, et donc que ces gens qui pouvaient les approcher étaient des personnes exceptionnelles, c’était les membres de la petite armée qui protégeait la ville, oh pas grand monde, elle le saurait plus tard, une cinquantaine de dragons de chasse, une trentaine de dragons de guerre, à peu près une dizaine de milliers de fantassins et cinq mille cavaliers, sans bien sur prendre en compte la garde spéciale du seigneur de l’ordre qui regroupait deux cents soldats d’élite avec des cuirasses en écaille de dragon.
Ce vieil homme lui fit un long discours sur la cité, son but, ses merveilles, bref, tout ce qu’il avait accumulé au fil des ans. Il en savait des choses. Il parlait, parlait, parlait tant et si bien que la foule se rassemblait hors de portée du dragon. Il n’avait pas une voix agréable, mais pour conter, ça il savait, et rudement bien. Et même notre petite surexcitée était captivée et ne cillait pas. Elle buvait les paroles du vieil homme comme si c’était des paroles de foi qu’un homme illuminé par l’esprit d’un être supérieur, comme si de l’écoute attentive dépendait la suite des évènements, dépendait sa vie.
Et personne ne pouvait savoir à quel point il s’agissait d’une vérité. Qui aurait pu croire en tout cela hormis le vieil homme lui-même ? Car après tout, il avait beau être un vieillard un peu sénile sur les bords et au milieu, peut être avait il décelé chez cette jeune fille qui s’était involontairement présentée à lui, quelque chose que les autres n’avaient pas vu, quelque chose qu’il avait été le seul à percevoir et pourtant qui crevait les yeux, enfin, les siens en tout cas.
En effet, elle avait bien quelque chose en elle, comme une sorte d’étincelle ne se manifestant que chez une minorité de gens, quelque chose qui la rendait précieuse, une esclave en or pour certains, une servant de platine pour d’autres, chacun pouvait y voir ce qui l’intéressait. Mais rien, ni personne ne pouvait comprendre l’ampleur de ce don que mère nature lui avait confié pour la « dédommager » de sa vie actuelle. Il suffisait pour cela qu’elle tombe sur le bon maitre, le bon mentor.
Et parce que cet homme avait lui-même ce don dans une moindre mesure, il la comprenait et semblait prêt à l’aider. La foule se dispersant, il l’emmena à l’écart, la tenant par l’épaule toujours avec cette force qu’elle n’arrivait pas à cerner, elle ne comprenait, après tout, pas le moins du monde d’où sa force pouvait venir, le vieillard osseux étant des plus chétifs. Elle n’eut donc pas vraiment d’autre choix que de le suivre, mais était-ce un mal ? Après tout, elle avait été tellement captivée par ce qu’il avait dit qu’elle espérait un peu en savoir plus.
Le vieillard au sourire légèrement édenté la maintint comme ça pendant un moment, pour la conduire dans un endroit particulier. Cela semblait être le centre de la ville, puisque tous les chemins paraissaient y mener. Il s’agissait d’une sorte de petite forteresse aux hauts murs blanc nacrés, comme si ils suintaient la magie. Le long des murs, des plantes grimpantes se mélangeaient pour donner un florilège de couleur des plus magnifiques. Se mêlaient ainsi glycines et rosiers grimpants au dessus d’un lit de verdure cadré de pavés blancs impeccablement nettoyés.
Elle n’eut pas franchement le temps d’en apercevoir plus puisqu’on la poussa vers une petite porte en métal étincelant qu’elle fut forcée de franchir. Sa vie avait pris fin, une autre commençait.
Aliphera ne savait pas ou on l’avait emmenée, mais il y faisait chaud, très chaud, bien trop chaud. Cela s’expliquait d’abord par la présence de fosses faisant le tour de la pièce dans toute sa longueur remplies de braises maintenues incandescentes et de braseros. Mais il y en avait tellement, on se demandait à quoi tout cela pouvait bien servir, ou du moins, toutes les personnes ne connaissant pas cet endroit se demandaient à quoi cela pouvait bien servir. Pour les autres, c’était bien plus qu’une salle surchauffée plongée dans la pénombre que seules les lueurs fournies par l’incandescence éclairaient.
Au milieu de cette salle immense il y avait un bassin que l’on ne remarquait que par les volutes de vapeur qui s’en élevaient. Quiconque se serait trempé là dedans aurait été très gravement ébouillanté aussi, mieux valaient ne pas s’approcher. Le vieillard l’entraina autour du bassin. Elle était en sueur, il semblait ne pas éprouver le moindre désagrément du à la chaleur. C’était étrange. Que lui était il arrivé pour qu’il ne ressente pas les effets de la chaleur ? Elle était de plus en plus mal à l’aise en compagnie de ce vieillard étrange.
Au bout de la salle, impossible à apercevoir depuis l’entrée dans l‘état actuel de la luminosité, se dissimulait un escalier en colimaçon qui semblait monter ou du moins c’est ce que laissait présager les premières marches qu’elle apercevait désormais, aux pieds de celui-ci. Elle leva un regard sur le vieil homme et vit qu’il lui indiquait de< monter ces marches. Sa mine s’était renfrogné, son regard s’était durci. Maintenant, il avait ce regard froid, une expression figée dans le froid le plus total. Pourquoi ? Elle avait de quoi se le demander.
La montée lui parut interminable, et quand enfin, elle parvint au bout des marches il la poussa en avant, la força à pousser la porte qu’y s’y trouvait, elle s’y brula la main tellement la poignée était bouillante, la fit pousser un petit cri, tant de surprise que de douleur. Elle recula alors, se heurtant contre le vieillard qui ouvrit la porte comme si elle avait été normale, comme si il ne ressentait pas cette chaleur, c’était de plus-t-en plus curieux comme disait un personnage célèbre de Lewis Carroll.
Cette nouvelle pièce était toujours aussi chaude mais fit frissonner la jeune femme, il y avait quelque chose qui la gênait ici. Ou plutôt quelqu’un puisque la seule chose qu’il y avait dans cette pièce en tout et pour tout qu’un mobilier normal agrémenté de divers aliments, de la viande surtout. Et au milieu, un homme, un géant, un colosse se tenait sur une sorte de petit trône en pierre.
Le colosse avait le teint halé, les yeux d’un bleu pâle presque hypnotique mais en même temps plus froid que la mort. De quoi prendre peur. Le crâne rasé, il était couvert de tatouages tribaux macabres, un anneau d’or à l’oreille droite était accroché à un anneau jumeau à la narine du même côté par une chainette d’or. Il était vraiment effrayant.
Aliphera suait à grosses gouttes, tant à cause de la chaleur qu’à cause de la peur qu’inspirait le colosse devant elle. En même temps, il y avait de quoi, même son sourire le plus doux qu’elle verrait par la suite, aurait de quoi faire réfléchir une vessie toute seule. La douceur n’était pas un mot qu’il comprenait, comme la compassion d’ailleurs. Donc un sourire tout en dent de sa part n’avait rien pour réchauffer l’ambiance.
Devant le vieillard, et ce après quelques instants de défie, le monstre humain courba l’échine, posant un genou à terre. Puis il prit la parole, une voix grave et en même temps enjôleuse, mais qui donnait, comme le reste de son être, des frissons dans le dos.
« Père, je suis heureux de vous revoir ici. Soyez le bienvenu chez moi – l’amertume transpirait dans sa voix, apparemment cette position, il ne l’avait clairement pas choisie. Toutes ces formalités, au ton qu’il utilisait, montrait qu’il tournait en ridicule ces manières de faire – veuillez pardonner le désordre, mais ne pouvant quitter cet endroit, et ne pouvant pas faire venir qui ce soit ici, je me contente d’attendre et de tout jeter par la fenêtre de cette prison quand il y a trop de bordel. »La voix du vieillard était monotone, égale du début à la fin, garder un tel calme était incroyable. On voyait qu’il avait pris le pli des sarcasmes de celui qui était son fils apparemment.
« Justement, cela va changer, je te confie ce morpion, fais moi de cette gamine une guerrière. Elle a le don draconique, et toi tu es le plus grand guerrier que cette ville n’a jamais connu… »« Oh ? Serait-ce un compliment père ? Je n’en espérais pas tant avant votre sénilité ! J'en suis estomaqué ! »La prise se raffermit sur l’épaule de la jeune esclave, le vieil homme faisait ce qu’il pouvait pour garder son calme, puis il la lâcha finalement et la poussa sur le colosse et lui tourna le dos.
« Occupes-t-en, Albriech, forme la et ramène la prête à tenter son épreuve, je me fous de la méthode. Je te laisse la possibilité de sortir d’ici et d’aller où il te semblera nécessaire pour son entrainement. Mais ne crée pas de désordre ou tu le regretteras amèrement. »« Oh j’ai peur, regardez père, mes genoux tremble tout seul ! »Le vieillard sortit sans un mot de plus et elle se retrouva ainsi, seule avec la plus grande peur de sa vie.
*
**
La jeune femme fit un bond en arrière, pas assez rapide pour éviter le poing d’Albriech qui s’enfonça dans son thorax, lui coupant la respiration temporairement. Elle tomba au sol incapable de reprendre son souffle, alors, pour encrer son erreur dans sa mémoire, il lui donna des coups de pied dans les ôtes jusqu’à ce qu’il entende la jeune femme, désormais âgée de dix sept ans, gémir, et parfois même, selon son humeur, hurler de douleur, puis il la relevait et ils reprenaient l’échange de coups. Cet entrainement plus que violent, avait rendu la jeune femme très résistante, et elle ne vivait que pour réussir à lui faire mordre la poussière, une haine farouche était née envers cet homme qui la formait. Quelqu’un aurait pu faire un jeu de mot pourri en disant que le jour, il la tapait et la nuit il se la tapait, et ce, de manière plus que régulière, puisqu’elle avait été forcée de vivre avec lui dans cette sort de prison dont, elle avait compris, il ne pouvait sortir qu’un certain laps de temps, ces tatouages était faits pour le rendre dépendant de cet endroit à un point tel que sauf si on lui fournissait une autre source de magie, il ne pouvait sortir.
Donc elle encaissait les coups qu’il lui envoyait essayant s’être assez vive pour esquiver et frapper, essayant d’être assez habile pour tromper sa vigilance et réussir à ouvrir sa panse et faire sortir les boyaux de son corps pour s’en faire une écharpe. Mais si encore cela n’avait concerné que lui mais il avait recruté des professeurs pour combler les domaines qu’il ne connaissait pas, et comme il l’avait convenu avec eux, Aliphera devait payer en nature ses leçons. C’était une nouvelle façon de l’humilier, de la rabaisser, de lui rappeler qu’au final elle ne vivait que parce qu’il le voulait bien, et comme il voulait.
Autant vous dire que ces dernières années avaient été un enfer, mais comme elle n’avait pas eu le choix, elle avait enduré, elle avait hurlé, elle avait supplié qu’on lui octroie la mort. Rien à faire. Elle avait bien compris son importance, et elle avait exactement compris la réalité des choses, elle n’avait le droit qu’à une chose, vivre pour le moment, et elle était à la fois précieuse et complètement dénuée du moindre intérêt, c’est fou comme son existence était paradoxale !
Ces années avaient fait d’elle une guerrière affirmée, enfin, sauf pour Albriech qui la voyait toujours comme la pire des loques, comme une simple trainée, et il se faisait un plaisir de le lui rappeler de manière constante. Alors qui avait raison à son sujet ? Personne sans doute car elle devait être un mélange savant entre les deux.
Enfin, un beau jour, qu’elle identifierait par la suite sans doute comme le plus beau jour de sa vie misérable, en effet, l’excitation montait au sein de la cité, tout le monde murmurait qu’il arrivait, tout le monde murmurait que la sélection allait commencer, ils espéraient beaucoup de sang, beaucoup d’action, ils espéraient que la compétition serait rude et que les compétiteurs se donneraient, « a fond » comme ils disaient, c’est-à-dire qu’il n’hésitent à pas tuer leurs adversaires sans aucun scrupule, puisque de toute manière ils pourraient le faire en toute impunité.
L’effervescence était telle que de violentes disputes éclataient facilement au sein de la ville, des gens relativement imbibés, bien sur, cela n’allait pas bien loin grâce aux forces de l’ordre, omniprésente à cette période, sauf quand lesdites forces étaient les personnes qui déclenchaient ce genre d’hostilité, ce qui n’était pas moins courant, c’est dire l’état général des lieux.
A la sonnerie de la grande cloche, tout le monde se dirigea vers la porte nord, la plus large, la foule s’agenouilla et attendit, lentement, les portes s’ouvrirent au maximum pour laisser entrer une créature immense dont chaque pas faisait trembler le sol. Un dragon venait de prendre place ici même, entrant d’un pas lent dans la ville avec grâce. Aliphera n’avait jamais rien vu d’aussi beau et d’aussi dangereux, mais peut-être était-ce la raison de sa beauté en fait, ce Léviathan aux couleurs azurées n’eut qu’un léger mouvement de l’œil, fixant la position d’Aliphera un court laps de temps.
Sur le dos de la bête se tenait un homme debout dans une tenue de la même couleur ainsi que de divers dégradés. De son visage, on ne voyait que ce qui était en dessous du nez, le reste étant caché par un voile opaque. Lui par contre, il avait clairement tourné la tête vers elle et la fixait, ou du moins il semblait la fixer sans ambiguïté.
Le dragon Azuré avançait lentement dans l’allée que la foule lui avait laissée. Il se dirigeait vers le palais central, et personne n’osait bouger, n’osait lever le regard vers l’animal, non vers l’être supérieur, et vers son cavalier, à défaut d’autre terme plus approprié, celui-ci semblait être le meilleur qu’elle connaissait. Personne n’avait donc vu que la jeune femme qu’était Aliphera fixait droit dans les yeux le cavalier. Bien évidemment, elle ne savait pas ce qu’elle faisait, et peut être était ce dans ce dernier trait d’innocence qu’elle portait en elle qu’on ma vit pour la première fois telle qu’elle était, et pas telle qu’on l’avait fait. On ne voyait pas seulement la putain guerrière ayant subi tous les outrages, mais aussi la jeune enfant qui n’avait connu la misère que pour mieux la remplacer par l’horreur. C’était l’impression qu’elle avait, avoir été transpercée jusqu’au cœur, l’impression que son âme venait d’être mise à nue.
La foule, lentement se releva, formant un immense cortège suivant le dragon et les quelques cinq cent soldats qu’il avait à sa suite. Il ne fallait pas s’y méprendre, ils n’étaient pas là pour maitriser l’animal, mais pour l’empêcher de se rebeller, au cas où, ce qui ne serait sans doute pas assez mais laisserait le temps aux escouades de contrôle des dragons récalcitrants d’intervenir. Elle ne l’avait jamais vu, de sa vie, rien ne s’était produit de semblable depuis son arrivé en ces murs, mais apparemment cet évènement était suivi de grandes fêtes et les célébrations suivraient pendant plusieurs jours. Enfin, on ne lui avait pas annoncé grand-chose de plus, elle vivait avec le monstre de la tour, donc on l’évitait quand bien même on ne lui avait pas laissé le choix. Enfin bref, elle avait reçu l’ordre de rentrer juste après que le dragon ce soir arrêté devant le palais central, ce qu’elle fit, et quand elle entra dans les lieux qui lui étaient devenus si familier, elle sentit que quelque chose n’allait pas, et même pas du tout, quelque chose de différent était là, quoi, elle ne le savait pas.
Un homme se tenait au centre des eaux brûlantes, on le voyait à peine dans la lueur tamisée de la pièce, mais elle qui avait l’habitude de passer par cette pièce le remarqua tout de suite, elle entendit sa respiration, elle sentit son parfum épicé, elle l’entraperçut à la lueur des braises, et quand elle passa à côté de lui, il sourit en coin.
La chaleur ne semblait pas lui faire davantage d’effet qu’à elle ou à Albriech, il y avait de quoi être impressionné, très impressionné, et ce, surtout elle qui avait l’habitude de voir les personnes presque défaillir ici quand elles entraient. Ainsi, il attirait l’attention, mais ses ordres étaient clairs, elle devait remonter jusqu’à la salle dans laquelle il la faisait survivre plus que vivre, mais la porte des escaliers était fermée.
« Reste ici ma grande, j’ai à te parler et à te montrer quelque chose d’important à te montrer, tu as vécu aux crochets de la cité pendant toutes années, maintenant tu vas gagner ta croute, Albriech n’a pas été là juste pour jouer avec toi, quoique ce soit très tentant, et qu’il ne se soit pas gêné pour profiter de tes avantages… »Il posa la main sur l’épaule de la jeune femme et d’un mouvement bien plus puissant que ce à quoi elle s’attendait, et elle finit dans le bassin. Elle s’attendait à être ébouillantée vive, mais rien ne vint, la température était tiède alors que la vapeur indiquait clairement que l’eau était bouillante. Quelle sensation étrange. Puis, doucement, le bassin sembla s’enfoncer dans le sol. Elle en fut déstabilisée, elle ne connaissait pas les propriétés de ce bassin. Lentement, Aliphera et son interlocuteur des plus mystérieux s’enfonçaient dans les abîmes de la terre .
Elle resta longuement silencieuse, épiant chacun des mouvements de la personne qui l’accompagnait. Elle ne lui faisait aucunement confiance, mais en même temps, à qui aurait-elle pu faire confiance ? C’était une question qui pouvait sembler étrange si on ne connaissait pas son histoire, mais quand on la connaissait, qui pourrait le lui reprocher ? Sa vie se résumait à de la servitude, des raclées, et des humiliations. Personne n’avait fait mieux que cela. Ah si, quelqu’un lui avait sauvé la vie pour mieux la briser après, ce vieillard qui l’avait confiée à Albriech.
Enfin leur chute ralentit pour finalement se stopper devant des escaliers. Il lui prit le poignet et l’entraina avec lui dans les marches qui continuaient à s’enfoncer sous terre. La chaleur augmentait au fur et à mesure qu’ils descendaient, c’était la preuve qu’ils étaient bel et bien au cœur du volcan sous la ville. Lentement, la lumière du jour pris de plus en plus d’importance, jusqu’à débarquer dans une grande cavité sans doute d’une bonne centaine de mètres de hauteur, et sans doute plusieurs hectares de surface. Et errant en ces lieux, plusieurs dragons dont la couleur variait selon l’individu, mais en général, hormis de rares exceptions, les teintes de rouge, d’ocre et de brun, étaient les couleurs les plus courantes, mais certains étaient bleu nuit, azurs, vert feuille et bien d’autres couleurs plus exotiques.
Au total elle devait avoir une petite centaine de dragons sous les yeux, et au centre de la grotte, sur des charbons ardents, une petite dizaine d’œufs bruns avec au milieu, un œuf qui se démarquait des autres par sa couleur noire, comme si la oquille absorbait la lumière autour.
« L’œuf noir est assez dur pour être approché, quand tu repartiras de la grotte tu auras un compagnon de route, un être qui partagera ta vie, et une mission sacrée à remplir, mais avant, suis moi. Il y a des règles que tu dois connaitre et des formalités que tu dois remplir. »Des formalités ? De quoi parlait-il ? Elle ne comprenait pas. Et on voulait lui confier un œuf ? Pourquoi ? Elle n’était rien ni personne. Et sur le coup, elle était perdue, elle ne comprenait pas vraiment, non, en fait elle ne comprenait rien. Bien sur elle espérait que cela veuille dire qu’elle ait son dragon à elle, cette idée était complètement farfelu, mais en même temps, elle ne pouvait pas s’empêcher d’y penser, comme une idée parasite.
L’homme qu’elle pouvait désormais détailler à la lumière croissante du jour, grand et très fin, presque frêle, ce que démentait sa force, au crâne presque rasé et aux yeux de miel, l’emmena plus ou moins de force, fermement et elle le suivait sans protester, non pas qu’elle ne le pouvait pas, elle aurait peut-être été capable de se débattre, de le gêner assez pour qu’il emploie la force. Mais à quoi bon ? Franchement, quoiqu’il ait comme intention, cela ne valait pas la peine de commencer à faire du tapage, un tapage qui ne l’avancerait pas, quoique cela ait fait accélérer le temps qui la séparait de sa mort, ce qui était peut être une bonne chose en soi. Personne ne l’aurait regrettée.
Il l’entraîna vers le fond de la caverne où attendait un vieil homme avec devant lui un pupitre sur lequel reposaient divers documents. Ce vieil homme lui disait quelque chose, mais où l’avait-elle déjà vu ce type-là ? Elle était incapable de se rappeler de cela, à moins que……SI ! Ça y est ! Elle le remettait ! Il s’agissait du vieil homme qui l’avait livrée en pâture à Albriech ! L’un des hommes qu’elle avait fini par haïr le plus au monde et qu’elle s’était juré de tuer un jour. Mais là n’était pas le moment.
« Nue et à genoux devant moi ! »
Un ordre sec qui ne souffrait aucune désobéissance, elle se laissa faire quand on lui retira sa tunique, non sans certains contacts des plus désagréables accompagnés de regards lubriques de la part les quelques gardes qui lui retirèrent ses vêtements.
« Alors jeune fille, tu as bien grandi dis-moi ! - Sa voix démentait son discours, tout comme son expression. – Bon et bien puisque le temps est venu il faut y aller… »
Et là, jusqu’à la tombée du jour elle répéta des serments alors qu’une vieille femme, une prêtresse sans doute, dessinait des symboles sur son corps marqué par l’entrainement. Les litanies s’enchainèrent ainsi jusqu’au milieu de la nuit ou elle vit une sorte de tisonnier chauffé à blanc brandit devant elle, il était équipé d’un embout représentant un dragon. Avait-on l’intention de la marquer comme une bête ? Elle s’attendait à ce qu’on lui brule une partie du corps, mais alors qu’elle était obnubilée par le fer de marquage qu’elle ne rendit pas compte tout de suite de ce qui se passait.
Ayant fait fi des mains baladeuses, elle n’avait pas fait attention de celle qui courait sur son sein, tirant sur le téton avant de le tirer et de le trancher net, ce qui lui fit pousser un cri de douleur alors que dans la foulée, quelqu’un appliquait sur la plaie le marqueur au fer rouge.
Indescriptible douleur. Direction l’oubli de l’inconscience.
Quand elle revint à elle, elle se trouvait seule dans la grotte, toujours nue, sur le sol très chaud, voir presque brulant sous le coup de la lave en fusion qui devait circuler dans les entrailles du volcan, et sans doute sous le coup des flammes qui dansaient continuellement sous l’œuf dont on l’avait rapprochée. Elle se releva, sa tête lui tournait légèrement, son sein le faisait souffrir atrocement, el la sensation qu’elle avait dans son bas ventre ne lui rappelait que des moments pénibles dignes de nausées voir pire encore. Elle tenta de bouger son bras sans résultat, ce qui lui fit atrocement mal. Elle se laissa retomber sur le dos et tâta la partie endolorie près de l’épaule. Rien de cassé, par contre, le fait qu’elle ne pouvait pas le bouger confirma qu’elle avait l’épaule démise et quelques contusions. Rien de bien sérieux ou de bien grave.
Pour confirmer la sensation de dégout profond qu’elle éprouvait, elle laissa glisser sa main entre ses cuisses, y préleva une infirme partie du liquide visqueux et collant qui s’y trouvait, rien qu’au toucher, elle avait deviné de quoi il s’agissait, et elle se demanda si ses homologues masculins subissaient aussi des outrages semblables. Elle en doutait fortement. Encore, si il n’y avait que là qu’ils avaient laissé leur immondice, mais non, même pas. Elle le sentait très bien ailleurs aussi. Ces porcs ne savaient rien faire de mieux. Enfin, disons plutôt que c’était ce qu’ils faisaient de mieux. Piller, tuer violer.
**Tu as mal ? J’ai mal moi aussi ! Ou suis-je ? Qui suis-je ? Et qui tu es ?**Cette voix raisonna dans sa tête comme venu de nulle part, et dans l’état actuel des choses, une seule pensée lui vint :
*Silence*
**Qui est Silence ? Moi ? Oui. Je suis Silence.**
*Silence***Je suis là. Tu es qui toi ?**
*J’ai mal… je veux…mourir***Non, reste avec moi, je veux que tu restes avec moi. Tu vas aller mieux. J’ai besoin de toi.**[/i][/b]
Elle sourit avant de perdre à nouveau connaissance. Un sourire si rare sur son visage qu’il le faisait resplendir malgré l’état lamentable dans lequel elle se trouvait. Ici, dans cette odeur mélangeant celle des fluides corporels masculins et celle de la chair brûlée et dans la douleur permanente l’empêchant de faire le moindre mouvement, elle souriait comme une enfant. Elle ne savait pas ce que c’était de se savoir accompagnée, de se savoir aimée, de savoir qu’elle avait quelqu’un sur qui elle pouvait compter. Le sourire d’une enfant heureuse.
Un léger craquement retentit, mais ce craquement ne fit pas l’effet de ce qui brise généralement la magie d’un instant. Non, il le prolongeait et le faisait devenir réalité. Une petite forme noire pas plus grosse qu’un mâton brisa la coquille de l’œuf et vint se blottir contre elle, une de ses ailes, déjà assez grande pour dépasser en envergure la taille de son propre corps, du bout du museau à la pointe de la queue, vint recouvrir avec douceur, une faible parcelle du corps de la jeune femme avant de lui murmurer avec douceur, toujours sans parler, comme s’il lui parlait dans son esprit.
**J’ai faim. J’ai soif. Où suis-je ?**Il n’eut aucune réponse, sourire aux lèvres, elle avait sombré à nouveau dans l’inconscience.
Quand elle revint à nouveau à elle, elle trouva quelque chose d’étrange, elle n’était pas sur le sol de pierre bien chaud de la cavité. De tout évidence on avait fini par venir la chercher. Elle portait une chemise de nuit de soie noire de jais, elle n’avais jamais porté une telle matière auparavant et le confort qu’elle en tirait était des plus agréable. Cela contrastait étonnamment avec ce qu’elle avait déjà subi par le passé. Elle avait été entièrement lavée, et ses ecchymose était recouverts d’une sorte de crème à la forte odeur de plantes assez fortes, presque nauséabonde, mais elle rêvait d’un bain de cette crème, les endroits sur lesquels elle avait été appliquée étaient les seuls endroits de son corps qui ne lui faisaient pas mal. Peu importait la personne responsable de cela, elle avait bien fait les choses, allant jusqu’à bander le bras et le bloquer avec une attelle composée de morceaux de bois bien dur, contre sa côte. Elle le sentait de nouveau mais on l’avait empêché de le bouger pour le moment. C’était sans doute mieux ainsi.
**TU ES REVEILLEE !!!!**
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Ce cri explosa dan sa tête, lui rappelant qu’avant de tomber inanimée, elle avait terriblement mal à la tête. Cette voix, elle ne lui était pas inconnue, où l’avait elle entendue ? Elle ne se souvenait pas vraiment. En même temps, tout était confus dans sa tête, quoi de plus normal après de tels faits !
Elle commença enfin à détailler la pièce qui l’entourait. Tr7s lumineuse, ses murs d’u jaune pastel semblaient agrandir cette pièce dont les dimensions étaient plus grandes que n’importe quelle chambre dans laquelle elle ait couchée, hormis celle d’Albriech et de certains de ces amis. Mais il ne fallait pas se remettre ces horribles choses dans la tête pour le moment. Le mobilier contrastait avec la pièce puisque les meubles étaient d’un bois d’ébène, faisant ressortir les murs, et maintenant qu’elle regardait mieux, les symboles gravés en minuscules lettres d’argent sur les murs. Elle ne les comprenait pas, mais une chose était sûre, sans eux, la pièce aurait été dénaturée. C’était comme si il s’agissait de l’essence même de la pièce.
Elle cessa de s’occuper de la décoration pour porter attention à son sein meurtri en retirant chemise de nuit et bandages. La brûlure avait bien désinfecté la plaie et la cicatrisation était en bonne voie, ce n’était pas tout à fait cela mais elle n’aurait plus mal sous peu, cela ne saurait tarder.
Un bruit d’objets brisés lui parvient ainsi que les cris de frayeur de plusieurs personnes d’un âge avancé qui devaient se trouver dans le couloir, accompagnés d’un léger rugissement, plus pour intimider qu’autre chose, avant que les portes ne volent en éclat et qu’un animal noir d’encre de la taille d’un petit cheval ne se jette sur le lit ou plutôt sur Aliphera, puisque c’était elle qu’il visait.
Elle plongea en arrière et de son bras valide elle chercha à tâtons le poignard qu’elle dissimulait toujours dans son lit, avant de se rappeler que ce n’était pas elle qui s’était installée là, aucune chance que la lame de défense d’extrême urgence soit là quand on y repensait. Aussi, faute de pouvoir mieux faire, elle ne bougea plus le moindre muscle.
** ça va mieux ? J’étais inquiet ! Et puis oncle Albriech aussi était très, très, inquiet, mais quand je t’ai senti je suis toute suite venu.**
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« Silence… »
Elle voulait faire cesser la voix dans sa tête, elle ne comprenait pas cela l’effrayait. Et puis, parlait d’un oncle Albriech ? Pas cet Albriech ? Il y en avait un autre dans la cité ? Elle était complètement à côté de le plaque, mais une langue très baveuse et un museau tout humide vint ne nicher dans son cou, et là, tout lui revint, l’œuf, les débris de coquille, tout. Des larmes coulèrent de ses yeux, elles n’étaient ni de tristesse ni de joie, mais d’un mélange indescriptible des deux.
**Tu veux quelque chose maman ? C’est quoi cette eau qui te sors des yeux ? **
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Non en fait elle ne comprenait plus rien, bloquant sur ce terme l’associant à une maternité quelconque. Elle tenta de le repousser pour se dégager et se lever quand sous le poids du bébé Léviathan, les pieds du lit cédèrent. Et le fracas qui s’ensuivit rameuta une demi-douzaine de membres du personnel et une dizaine de gardes. Et si les domestiques s’enfuirent en voyant la bête posée sur le lit et en partie sur Aliphera, les gardes ne se laissèrent pas démontés et du bout de leur lance, tentèrent de faire bouger la créature jusqu’à ce que le monstre tourne son regard d’azur vers eux et qu’ils ne manquent de déféquer dans leur froc. Puis ils restèrent plus ou moins figés en attendant la suite.
« Pousses-toi ! Et pourquoi tu m’appelles ainsi ? Et puis comment tu sais parler ? »
Puis elle vit la chaine qui pendait, et compris que pour venir lui faire des fêtes ainsi, il avait carrément du arracher ses liens. Bon sang si une chaine ne résistait pas, qu’est ce qui pourrait bien lui résister ? Elle doutait que quoique ce soit puisse le retenir contre son gré. Aussi prit elle le parti de le serrer contre lui, sa voix, c’était saz voix qu’elle avait entendu dans sa tête, elle s’en rendait compte maintenant. C’était lui qui lui avait offert le premier instant de bonheur qu’elle ait eu. Il s‘écarta pour ne plus être posé sur elle, puis il lui dit.
**On m’a dit que maman c’était celle qui nous faisait naitre, alors c’est toi ma maman, non ? Et puis, je parle parce que…je ne sais pas et toi ? Pourquoi tu parles ? **
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Elle en restait coite avant de se mettre à sourire sans pour autant répondre au dragon et elle demanda aux gardes depuis combien de temps elle était là. Presque une semaine à l’extérieur qu’ils lui répondirent, mais qu’il fallait mieux demander un maitre des guérisseurs. Lui le saurait vraiment. Avant d’ajouter sur un ton moqueur :
« Bienvenu dans la chambre du vieillissement ! »
Puis ils se turent devant le regard du dragon.
*
* *
Elle ouvrit la bouche et vomit, il ne restait que de la bile. Depuis plusieurs jours comme celui-ci, elle se sentait nauséeuse au point e devoir arrêter tout ce qu’elle faisait. C’était vraiment dur à supporter pour elle, être malade ainsi depuis deux semaines sans interruption. Mais le plus délicat était le comportement de Silence dans cette histoire. Ils étaient tellement liés que lorsqu’Aliphera avait un élan de remontée gastrique, le dragon aussi, mais comme son anatomie était différente, il ne régurgitait pas son diner, mais projetait un peu d’acide. Aussi avait il du être confiné à part, pour la sécurité des habitants, dans une carrière de sable à une vingtaine de lieux au nord ouest de la cité.
Elle avait raz le bol de vomir comme ça à tout bout de champ, mais omme Albriech continuait son entrainement en toute tranquillité, se foutant royalement de son état, elle devait aller chez le médecin lors des brèves pauses qu’il lui offrait. Des différents médecins de la ville, elle privilégia la personne qui s’était déjà occupé d’elle dans la salle de repos accéléré. Cette salle avait été enchanté par magie pour accélérer le temps intérieur, ainsi, il se passait trois quatre jours dans la pièce quand il en passait un à l’extérieur. C’était le secret de la guérison très rapide de tous les habitants gravement atteints. Les sortilèges étaient si complexes, que même le plus grand savant actuel en la matière de la cité avait du mal à s’y repérer. C’était une véritable œuvre d’art pout tout sorcier se respectant.
La femme d’un certain âge l’accueillit avec réserve, il était tard le soir, et elle était de toute manière un peu grincheuse, mais si elle avait beau râler avant, pendant, et après son travail, elle le faisait toujours bien, de sorte que l’on supportait ses ronchonnements sans broncher. A première vue, elle ne comprit pas, puis quand elle demanda à la jeune femme où elle en était dans ses saignements, elle comprit et son visage s’illumina. La jeune femme n’avait pas saigné depuis bientôt trois semaines. Il y avait beaucoup de retard, ce qui ne laissait entendre qu’une chose. Elle allait enfanter. Et si la vieille femme s’en faisait une joie, pour Aliphera, c’était une abomination.
Quoiqu’elle fit par la suite, rien ne fonctionna. Elle fit en sorte dans un premier temps, de se donner volontairement mal au ventre avec des aliments nocifs à la santé, pour elle comme le bébé. Rien à faire, cela n’avançait à rien. Le parasite était toujours présent. Elle ingurgita certains poisons dans l’espoir que cela tuerait la chose avant que l’antidote ne fasse effet. Petit à petit, elle dépérissait lentement, complètement dévastée par la monstruosité de la chose, elle était enceinte de l’un de ces tortionnaires sadiques et lubriques. Que pouvait-elle faire d’autre que de vaincre cette horreur, ce nouveau monstre à qui on la confrontait ? Absolument rien. Et le pire dans tout ça c’est que lui, il survivait sans aucune difficulté comme si le sort s’acharnait sur elle comme un forcené.
Après les tentatives telles que celles du poison, elle passa à un autre genre de moyens, l’exercice au combat à outrance. Peut être faisait-elle même exprès de ne pas protéger comme il faut son abdomen pour que les coups atteignent cette partie, elle tenta aussi de le déloger en envoyant un coup sec et rapide avec un bâton dans son vagin, en allant le plus profondément possible, espérant tuer le monstre. Elle se fichait de sa propre douleur, ça lui passait bien au dessus. Elle voulait juste qu’il cesse d’exister.
Les semaines passaient et rien n’y faisait. La mère de son arrondissement allait vers des méthodes de plus en plus extrêmes pour se débarrasser de cette souillure, cette saleté. Et un jour, à bout de nerf, elle prit un poignard, pleura un bon coup, murmura aux ténèbres qui l’entouraient un pardon à Silence, et, utilisant la lame, elle finit par se l’enfoncer jusqu’à la garde dans l’abdomen, espérant en finir, si ce n’est avec ça, avec la vie elle-même, mieux valait mourir que continuer à porter cette chose en son sein. Elle sentit les chairs se déchirer sur le passage de la lame au niveau du nombril. Puis elle se laissa tomber en arrière, sur le sol dallé. Avait elle réussit ? Oui, au moins, elle en était débarrassé, définitivement que ce soit au travers de la mort du petit ou de sa propre mort. Aucun adieu ne lui traversa l’esprit, juste un merci et des excuses silencieux à Silence pour le peu de temps de bonheur qu’elle avait pu passer grâce à lui.
Le sommeil éternel, la mort. Vide. Silence. Oubli. Néant. Chaos Originel. Révélation. Elle se voyait libre, dans les airs volant avec grâce en solitaire, aucune attache, aucune limite, aucun regret. Bonheur absolu. Elle en aurait presque senti le vent dans ses cheveux, l’humidité sur son visage. Mais alors la douleur la rappela à elle. Elle inspira une bouffée d’un air frais à l’odeur de sang alors que ce liquide perlait de ses lèvres vermeilles. Son ventre la brulait. Si elle avait voulu, elle aurait pu tenter d’apercevoir ses viscères qui respiraient à l’air libre désormais.
A ses larmes se mêlaient la tristesse d’un autre être, plus loin, qui, dès qu’il avait senti la douleur, avait pris son envol, arrachant simplement les chaines qui le retenait dans la carrière de sable, et arrivait à tire d’aile, autant que son corps encore menu pouvait lui permettre. Et quand la silhouette noire passa sur la cité pour d’abattre dans la cour, les villageois eurent tellement peur qu’ils coururent se cacher, barricadant leurs portes, calfeutrant leurs fenêtres, autant effrayés comme des moutons devant le loup.
Seulement il ne la voyait nulle part. Il lui semblait qu’elle était là, mais il ne la ressentait pas, il était convaincu d’une présence que ses sens lui disait absents. Alors il comprit, l’une des première fois où il s’était inquiété de cette manière, c’était lorsqu’elle avait du rester dans la tour chez Albriech, il était alors juste un dragonneau et n’avait rien pu faire si ce n’est attendre en bas. Aujourd’hui, capable d’effectuer de longs vols sans se fatiguer en se laissant planer, il était largement capable de faire trembler une tour pareille, pour peu qu’il y mette son poids. Mais quand il le fit, il put à peine faire vaciller la tour, juste la faire trembler, et alors qu’il se laissait glisser au sol il hurla mentalement le nom de celle qu’il aimait par-dessus tout,
Si Aliphera l’entendit, elle fut incapable de répondre, et ce ne fut qu’enfin lorsque l’on remarqua sa présence dans une flaque de sang qu’on la transporta dans la salle où la distorsion temporelle avait lieu. Elle y resta évanouie, dans une sorte de coma voulu par les herboristes et autres praticiens pendant presque un mois. Et si la nouvelle de son rétablissement la laissa de marbre, au plus grand étonnement des médecins, le fait que son enfant soit décédé fut pour elle un grand réconfort, et encore plus quand elle apprit qu’après de tels dégâts, elle ne pourrait plus en avoir. Elle avait sans le savoir, faiit d’une pierre deux coups, et deux bons coups qui plus est. Car elle ne se faisait pas d’illusions, elle subirat encore les assauts de ces soldats barbares, ces bouchers ne savant que tuer et violer. Toutefois, elle se garda bien de montrer trop ouvertement sa joie. Par principe, et c’est à peine si elle esquissa l’ombre d’un sourire. La vie reprit son court.
*
* *
Cela faisait bientôt une petite année qu’Aliphera avait guérit de cette blessure qu’elle avait sciemment provoqué pour se débarrasser de l’horreur grandissant dans son ventre. Depuis ce temps, elle avait commencé à apprendre à vivre avec ce dragon qu’elle considérait comme un ami, et sans doute même plus, qu’une simple monture comme beaucoup. Et si sa conversation était des moins fournies, pour elle ne savait quelle raison, elle ne pouvait cesser de penser à lui. Il était une partie d’elle, et elle était une partie de lui.
Faute d’avoir droit à mieux, elle n’avait aucun droit après tout, si ce n’est celui de vivre, ou plutôt de survivre. Quoique non en fait, survivre c’était vivre au dessus, elle était au dessous d’une vraie vie, si le terme sous-vivre avait existé, il aurait été parfaitement adapté à la situation.
En effet, elle vivait encore chez Albriech, dieu sait pourquoi ils n’arrivaient pas à lui trouver un logement de fonction dans les aires avoisinantes. Mais le comportement de celui-ci avait changé, mais pas vis-à-vis d’Aliphera si ce n’est dans ses rapports physiques qu’il entretenait avec elle. Oh la douleur était présente, c’était une composante naturelle chez lui. Elle avait seulement changée de forme, elle était devenue plus insidieuse, plus perverse, moins directe. Oh les séances d’entrainement ne la couvraient pas de la possibilité d’être battue à mort, loin de là même, c’est comme si, faute de mieux, il se défoulait à ce moment-là. Quand on parlait de douleur plus insidieuse et plus perverse, on pouvait pensé à un petit rectangle de cuir de quelques pouces, entre cinq et sept, de long et deux de large, dans laquelle une série de petits clous avaient été plantés, dépassant volontairement. Elle avait du porter ce genre d’objets un peu partout sur le corps, les pointes s’enfonçant dans sa chair. L’une des fois ou cela l’avait marqué, il s’était agi de l’intérieur de sa cuisse droite, à quelques pouces à peine de son intimité, sachant qu’il la prit sauvagement malgré cet objet encore fixé dans sa chair. Une autre fois, elle avait du le porter juste en dessous de la gorge, ou encore au poignet. Croyez-moi, manier une arme à deux mains ayant le poignet ainsi meurtri ne fait que contribuer à la chute de l’arme, à la diminution du sang dans le corps, au risque de s’évanouir pour mieux subir les outrages de ses adversaires.
Si dans un premier temps il n’y eut qu’une seule plaquette, plus le temps passa, plus elle dut en porter jusqu’à un nombre de cinq au maximum. C’était selon son envie, selon son humeur, selon le comportement d’Aliphera durant les petits plaisirs qu’il s’offrait… Etrangement, si Aliphera le voyait monstrueux et horrible, silence avait une autre opinion de lui. Ainsi selon lui, Albriech l’aidait à la rendre forte. Pourquoi ? Il n’en savait rien mais bon, il le sentait, c’est tout.
Les réflexions de silence étaient rarement abouties. Et plus le temps passait, plus il avait du mal à penser, et parler clairement jusqu’il y a quelques mois, se plonger dans le mustisme le plus total, aussi avait-elle décidé de voir pourquoi cela arrivait. Elle hésita longtemps, mais elle finit par avoir plus de mal à ne pas s’inquiéter malgré l’avis des spécialistes en draconologie quand il se mit à ne s’exprimer de manière instinctive, des grognements audibles, et des projections, des flashs dans la tête d’Aliphera, des images, des odeurs, des gouts, des sensations. Aussi, décida-t-elle de passer à l’acte, de comprendre pourquoi elle avait vu les facultés mentales décliner lentement mais surement, c’était un véritable déchirement pour elle.
La vérité peut être parfois bien cruelle et l’on peut comprendre alors qu’elle se dissimule sous un mensonge des plus immondes. Certaines choses ne devraient jamais être sues, c’est pourquoi les vérités sont enterrés dan le terreau du faux semblant. Peut être que si la vérité avait éclaté au grand jour, le monde ne serait plus, peut être au contraire, qu’il se serait contenté de renaitre de ses cendres tel un phénix, non, juste comme une existence qui cède sa place à une autre, d’ailleurs c’est cela que l’on appelle un renouveau, le renouveau du monde n’est qu’un nouveau monde créé à nouveau.