Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

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Until The Last Back (Terra Hero Team)

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Rinako Yukimitsu

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    Humaine,Celkhane, dans l'armé pour luté contre l'esclavage

Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 60 jeudi 12 juillet 2012, 17:15:41

Elle peut pas m'électrocuter jusqu'à ce que je perde connaissance au lieu de me faire subir ses conneries ? Me tenir la jambe trois plombes sur sa balafres pour finir sur peu importe. Évidemment que peu importe. Je m'en fous de sa vie. Je ne compte pas lui laisser plus de place dans la mienne qu'un paragraphe dans mon rapport, et une décoration quand je l'aurais tuée. Sur ce point-là elle peut bien me penser à côté de mes pompes. J'aimais déjà bien Nika quand j'ai eu envie de la cramer, alors celle-là : elle cause à un mur. Et alors ? Je connais les règles du jeu, je n'ai pas appris qu'à me battre. Rayka la Pute n'est qu'une traîtresse et une terroriste. Pour changer ça elle n'a qu'une solution : renverser le Conseil pour écrire l'Histoire à sa place. Puisqu'elle a opté pour la violence, ça suppose qu'elle devra me tuer. Et si elle ne me croise pas sur sa route, si elle prend les commandes de Caelestis : ça ne me gênera pas plus.

C'est fou ce qu'on a déjà comme points communs, mais ce ne fera pas de nous des alliées, encore moins des amies. Même si elle avait raison en disant que je ne sais rien, ce n'est certainement pas d'elle que je veux apprendre. La seule chose qui pourrait encore la sauver de moi, c'est la logistique qu'elle pourrait mettre dans la tronche de Mastermind et des Formiens. Parce que la mission que je me suis fixée ne me plaît pas. Éliminer Mastermind revient à sauver les miches des Annexiens et de leur supposée éminence grise. Je dois déjà choisir le moindre mal, ce que je vis comme un échec en soi. Grâce à moi, les Formiens vont pouvoir continuer à enlever, séquestrer et violer des femmes. Les transformer en incubateurs avec une méthode toute sauvage et instinctive. Et j'ai de moins en moins de facilité à me convaincre des avantages de cette option. Dans le fond, ne vaut-il mieux pas qu'ils nous tuent toutes ?

Alors qu'elle aille se faire foutre avec sa science de la vie et ses raisonnements.

" Quand le sens du devoir se heurtera à ton humanité, Rinako, car cela arrivera, que feras-tu ? "

Je réalise seulement qu'elle vient de me poser une question. Honnêtement ça rentre par une oreille et ça sort par l'autre.

" J'en ai aucune idée, et de toutes façons t'en as rien à foutre. T'as passé trop de temps chez les Ashnardiens, ma vieille. De quoi t'espères me convaincre ? Je suis la seule à remarquer que je suis ta prisonnière ? Sérieusement tu crois que je vais me ranger de ton côté après m'être faite droguer, frapper et électrochoquer ? En plus les putains de pinces me scient les bras ! Alors si tu crois que tes conneries m'intéressent, là tout de suite : tu te fous le doigt dans l'œil ! "

Bien sûr, le doigt que je viens de lever pour imager le propos n'est pas mon index. Il est un peu plus long.

" Tout ce qui m'intéresse dans ta balafre, c'est si ta gueule viendra avec quand je vais la déchirer ! Mais comme je peux pas vérifier tout ce que je veux c'est que tu me foutes la paix ! Alors crache ta putain d'histoire, qu'on en finisse ! Promis : je ferais semblant d'être choquée ! De toutes façons je serais pas sincères parce que je m'en branle ! "

Et puisqu'elle ne me grille toujours pas, je lui lance un sourire en coin. Je me moque d'elle, ouvertement.

" T'as jamais été comme moi. T'es exactement le même genre de connasse que celles pour qui je bosse. Si tu voulais leur passer dessus : t'avais qu'à te lancer en politique. Et si t'arrives à les déboulonner sans que je m'occupe de toi, j'en aurais rien de plus à foutre de ta vie. Je sers Caelestis. Le Conseil peut bien crever, ça m'empêchera pas de dormir. De toutes façons les sièges ne sont jamais vides longtemps... "

Et après c'est moi la gamine. Depuis que je suis en service j'ai éliminé des trafiquants d'armes et d'esclave, sauvé plusieurs dizaines de leurs victimes, et depuis ce matin c'est les Formiens que je repousse. Il faut bien que quelqu'un s'en charge. Si je dois me salir les mains et faire des choses monstrueuses pour continuer je n'hésiterais pas. Si je dois porter les péchés des politiciennes pour garder mon accès à l'armurerie je le ferais. Parce que j'ai besoin d'armes pour repousser les Formiens, libérer des esclaves, et buter des esclavagistes. C'est ça, mon sacrifice.

Pardon, maman. Il n'y a que devant toi que je pourrais en avoir honte... Mais tu n'es plus là.

Terra Hero Team

Légion

Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 61 samedi 14 juillet 2012, 21:12:38

« Alors, posez-les, qu’on en finisse. »

Rozalia était légèrement impatiente, mais surtout nerveuse. Tôt ou tard, les renforts arriveraient. Il fallait juste tenir d’ici là. Elle espérait que Rinako et Nika n’avaient pas fait trop de conneries, mais, à vrai dire, elle se doutait bien, les connaissant, qu’elles risquaient justement d’énerver leurs geôliers. Pour Nika, c’était une certitude absolue. En revanche, pour Rinako... La Celkhane était impulsive, brave et courageuse, mais bien plus sensible qu’elle ne voulait le laisser croire. Dans une telle situation, Rozalia ne la voyait pas céder en larmes, plutôt s’énerver, et c’était justement ça qui risquait de lui être fatal. Ces types ne plaisantaient pas.

« Que savez-vous d’ExCorp et de la Ruche ? »

Sur le coup, Rozalia fut prise à contrepied. Comment ces gars pouvaient-ils bien connaître la Ruche ? C’était l’un des nombreux termes officiels et officieux employés pour désigner cette immense complexe souterrain qui était sous Tekhos, et qui avait été démantelée. Se raccrochant à ce qu’elle savait, Rozalia lâcha :

« ExCorp était un puissant groupe industriel spécialisé dans l’armement et la recherche militaire.
 -  Était ?
 -  Aux dernières nouvelles, la justice a prononcé la dissolution de la société.
 -  Officiellement, ExCorp n’existe plus. Tout comme la Ruche. Officiellement, bien entendu. »

Rozalia fronça les sourcils, se doutant de ce que l’homme voulait dire. Elle secoua la tête, et lâcha, amère :

« Qu’est-ce que vous voulez dire ?
 -  Vous le savez très bien. »

*
*  *

Nika continuait à tomber, vivant une expérience hors du commun. Elle était comme Bowman à bord du Discovery One, se rapprochant de l’orbite de Jupiter pour découvrir un immense monolithe noir qui l’amenait à découvrir les mystères et les splendeurs de l’univers. Elle tombait sans arrêter, frôlant des planètes, voyant des civilisations, des arbres immenses avec des huttes, des créatures gigantesques de la taille de gratte-ciel, tandis que les voix continuaient à lui parler, et qu’elle se sentait partir. Elle se voyait plonger dans des champs kaléidoscopiques.

*Savoir... Le savoir de la perpétuelle infinie...*

Des étoiles explosaient, donnant lieu à des supernovas qui fauchaient des systèmes solaires entiers, balayant des millions, voire même des milliards d’années de civilisation, d’Histoire, balayant les écosystèmes pour ne laisser que le cimetière de glace de l’espace. La destruction programmée de l’Univers à travers sa reconstruction, dans un cycle perpétuel et éternel de chaos. Et Nika passait à travers les explosions des étoiles, s’enfonçait dans les trous noirs, comme si rien ne pouvait l’arrêter. Elle traversait les galaxies, elle chevauchait les étoiles et les constellations, s’enfonçant à chaque fois dans des planètes. C’était comme un tour de manège géant, un simulateur aux sensations incroyables. Elle se sentait mourir, vivre, renaître, disparaître, prenait conscience qu’une entité supérieure semblait la dominer

Et Nika, progressivement, commençait à comprendre.

*
*  *

Rayka écouta Rinako cracher sa colère... Et elle finit par secouer la tête. Une vraie Celkhane... Ça, elle ne pouvait pas le nier. Têtue, butée, arrogante, colérique... Mais sa fureur n’était qu’un masque. Dans le fond, elle était terrorisée. Elle était loin de chez elle, prisonnière, et Rayka pouvait à tout moment lui faire sauter la cervelle. Cette perspective était d’ailleurs de plus en plus tentante, et, si ça n’avait tenu qu’à elle, elle aurait depuis longtemps abattu cette insupportable gamine. Mais elle n’était pas responsable de toute cette opération.

« Entendons-nous bien, petite conne lâcha-t-elle alors sur un ton sévère et froid. Je te hais. Je hais tout ce que tu représentes, je hais ton visage, je hais tes cheveux, je hais ton patriotisme celkhan exacerbé. Si ça ne tenait qu’à moi, je t’aurais depuis longtemps ouvert la poitrine, et t’aurait fait bouffer ton propre cœur. Tu crois que je veux juste changer le Conseil ?! Que je me bats pour une alternance politique ?! Tu es tellement conne et imbue de toi-même que tu en es pathétique. C’est tout Caelestis que je veux raser ! »

Voilà qui était dit. Sans ombrages. Rayka sentait la colère monter, et décida de se calmer. Elle secoua lentement la tête, et fit signe à l’un de ses hommes. Immédiatement, Rinako eut droit à une nouvelle séance d’électrochocs, et Rayka la regarda, avec un sourire malsain et pervers, se tortiller sur la chaise. Elle reçut alors sur son ordinateur un message, et le consulta. Elle fronça les sourcils, le lisant attentivement, puis un nouveau sourire vint éclairer ses lèvres. Reportant ensuite son attention sur Rinako, elle fit finalement signe d’arrêter cette séance.

« Tu crois donc qu’on n’a rien en commun, ma belle ? Tu es donc conne à ce point ? Tu crois vraiment que tu es venue ici de ton plein gré ? Tu crois vraiment que tu aurais pu survivre jusque-là si Il n’avait pas décidé de te laisser survivre, si Il n’avait pas choisi d’envoyer ses troupes mettre ton joli petit cul en pièces ? Nous avions besoin d’une Celkhane, et, quand Il a vu que tu avais des problèmes avec un Annexien, alors, Il nous a envoyé te sauver. C’est toi qu’Il veut, car c’est toi qui lui permettra de détruire Caelestis. Tu crois donc vraiment que tu es de taille contre Lui ? Tu ignores tout. Ton arrogance te masque la réalité. Tu es toute seule, Rinako. »

Rayka décida de l’achever, avec un léger sourire :

« Tes copines ne sont pas des Celkhanes. Nous en avons eu la confirmation il y a quelques minutes. Elles sont donc sans intérêt. Je vais de ce pas aller ordonner leur exécution. »

Rayka s’écarta de Rinako, et s’empara d’un appareil de transmission.

« Madame ? crachota une voix.
 -  Nous avons confirmation qu’elles ne sont pas Celkhanes. Abattez-les.
 -  Bien, Madame. »

L’ancienne Celkhane regardait silencieusement Rinako. On entendit un peu de bruit depuis le transmetteur, le déclic d’une arme, et...

*BANG !*

Satisfaite, Rayka éteignit alors le transmetteur.
DC d’Alice Korvander.

Consultez ce topic pour une présentation détaillée de mes personnages.

Pour une demande de RP, je vous encourage, soit à poster sur le topic susmentionné, soit à envoyer un MP sur mon compte principal.

Rinako Yukimitsu

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    Humaine,Celkhane, dans l'armé pour luté contre l'esclavage

Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 62 dimanche 22 juillet 2012, 17:52:28

" Entendons-nous bien, petite conne. Je te hais. Je hais tout ce que tu représentes, je hais ton visage, je hais tes cheveux, je hais ton patriotisme celkhan exacerbé. Si ça ne tenait qu’à moi, je t’aurais depuis longtemps ouvert la poitrine, et t’aurait fait bouffer ton propre cœur. Tu crois que je veux juste changer le Conseil ?! Que je me bats pour une alternance politique ?! Tu es tellement conne et imbue de toi-même que tu en es pathétique. C’est tout Caelestis que je veux raser !
- Et t'étais obligée de me tenir la jambe un quart d'heure pour en arriver là ? "

Je suis une ado en colère avec des convictions en béton armé, donc le cauchemar vivant des tous ceux qui viennent me déblatérer des raisonnements tortueux et des menaces. Alors forcément : je prends fessée sur fessée. Et à base d'électrochocs la fessée fait très mal. Tout mon corps se tend et se cambre sur la chaise. Mes mâchoires se serrent tellement fort que j'ai l'impression que mes dents vont se briser. Je le souhaite même, que ce soit fait pour de bon. Mon esprit agressé cherche par un refuge pour échapper à la douleur mais il ne trouve que... La terre ?

Quand la torture prend fin je retombe mollement assise sur ma chaise. Mes muscles sont pris de spasmes à cause des impulsions électriques qui tardent à se dissiper. Je suis à bout de souffle et ma tête me fait souffrir le martyr. Est-ce que j'ai fantasmé, ou est-ce que j'ai bien ressenti la terre à travers mes pieds ? Pendant un instant il m'a bien semblé percevoir tout ce qui se passait autour de moi, au niveau du sol. Mais avec ces menottes... Ou les électrocutions parasitent leur effet ?

Penser à tout ça me demande déjà un effort considérable, alors suivre ce que Rayka est en train de me dire... Heureusement que ça pique ma curiosité, sinon je n'écouterais même pas. Il, Lui. Je sais pas de qui elle parle, mais je crois que j'ai une vague idée. Je relève des yeux larmoyants vers ma tortionnaire.

" Il peut toujours courir. "

Comment je n'y ai pas pensé plus tôt ? Une troupe comme celle-là dans la zone de quarantaine, derrière les lignes formiennes. C'est pourtant la seule explication logique : Rayka est sous l'influence de l'ennemi, peut-être depuis le début. Mastermind, Overmind ou une autre monstruosité : peu importe. Si elle est bien l'esclave de quelqu'un ça change tout.

" Tes copines ne sont pas des Celkhanes. Nous en avons eu la confirmation il y a quelques minutes. Elles sont donc sans intérêt. Je vais de ce pas aller ordonner leur exécution.
- Quoi ? Non ! "

Mais tu parles qu'elle va m'écouter. Quand le coup de feu éclate à travers les parasites de la radio, je joins mes poignets pour glisser les doigts sous les bracelets des menottes. Quitte à me faire avoir par une marionnette, je ne vais pas me laisser faire. Et une de mes deux compagnes d'infortune est peut-être encore en vie. Ryaka vient se planter devant moi.

" Il est impatient de te rencontrer. Et de te renvoyer sur Caelestis. "

En guise de réponse je lui envoie un coup de pied à l'intérieur du genoux, et un autre en pleine face alors qu'elle chute. La réponse ne se fait pas attendre : une nouvelle séance d'électrochocs. Je tombe de la chaise, tordue par la souffrance de la tête aux pieds. Mais doigts se crispent sur les bracelets des menottes. Et alors que Rayka se relève en vomissant encore plus d'insultes et de promesses de punitions de la part de son mystérieux chef, je ne pense qu'à une chose : le feu.

Je ne sais par quel miracle mais j'arrive à rouler sur le ventre pour cacher ce qui se passe à mes poignets. Ça marche, je sens le métal qui s'attendrit sous doigts. Mais la séance s'arrête trop tôt, me laissant étalée au sol. Rayka vient s'accroupir à côté de moi et me tire les cheveux pour me faire relever la tête.

" C'est ça, gaspille tes forces. Ce sera encore plus facile pour Lui de... "

Je lui fait fermer sa grande gueule d'un coup de coude. Et c'est reparti pour un tour, peut-être un cran au-dessus. La douleur est insoutenable, je n'arrive plus à penser à autre chose. Je veux crever pour échapper à ça. Mais soudain j'explose. Ce qui se passe ensuite ne m'est arrivé que rarement. En fait je ne l'ai jamais vraiment vécu, je l'ai vu sur des enregistrements de sécurité. Ceux des nuits où je faisais des cauchemars, quand je transformais ma chambre en cheminée volcanique sans me réveiller. Je ne commande rien. L'air et le feu m'enveloppent, me portent. Les menottes tordues et fondue restent au sol alors que je me relève d'un bond. Les pinces ne tardent pas à les rejoindre et les deux connards de Rayka sont trop choqués par la torche humaine qui vient de s'embraser sous leurs yeux.

Je charge le premier pour le percuter d'un puissant souffle d'air enflammé. Il s'écrase contre la machine de torture qui se brise et l'électrocute. Je suis un courant d'air, une flamme à peine consciente. Le deuxième n'a que le temps de porter la main à sa ceinture que je le fais voler à travers la tente. Puis au tour de Rayka. Elle dégaine vite, mais pas plus vite que le vent. Elle tend à peine son pistolet que ma main se referme dessus. Tordre le métal n'est pas difficile : une simple question de température. La commandante mercenaire doit lâcher prise et reculer, le visage déjà aussi rouge que son propre sang.

" S'Il me veut : Il va m'avoir ! "

Je tourbillonne sur moi-même, libérant un puissant souffle enflammé qui fait s'envoler la tente et envoie au sol tout ce qu'elle contient. Puis je fonce à travers le camp et lançant tellement de flammes dans tous les sens que personne ne peut voir où je me trouve. Autant essayer de trouver une flamme dans un incendie, ou un courant d'air dans une tempête. Hommes, femmes, véhicules : je fonce dans tout ce que je vois et rien n'est assez lourd pour pour résister aux bourrasques qui m'accompagnent. Mes pouvoirs ont pris le dessus, mon corps veut filer comme le vent, se répandre comme le feu. J'ai peut-être tué Rayka pourtant j'ai fait le maximum pour l'épargner. Je suis peut-être en train de perpétrer un carnage alors que je préfèrerais garder tous ces gens en vie, au moins le temps de savoir à quel point ils sont volontaires dans leur entreprise.

Si Rozalia et Nika sont encore en vie, je risque de les tuer sans même m'en rendre compte. Mais je n'ai plus assez de volonté pour reprendre le contrôle. Le vent se déchaîne à travers les tunnels, les flammes attaquent tout ce qui peut brûler, et l'immense grotte tremble chaque fois que mes pieds touchent le sol. Je suis devenue une catastrophe naturelle, furieuse et aveugle. Plus rien ne peut m'arrêter, la seule chose à faire est de se terrer dans un coin en attendant que ça passe.

Terra Hero Team

Légion

Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 63 lundi 23 juillet 2012, 14:07:21

« Qu’est-ce que vous voulez dire ?
 -  Vous le savez très bien. »

Oui. Oui, Rozalia le savait, mais elle avait peur de ce que ça impliquait. Quelles étaient les motivations de Mastermind ? Les Héroïnes n’avaient jamais vraiment réfléchi à cette question, mis à part Overlord. Encore une fois, Rozalia ne pouvait que se reprocher de ne pas avoir écouté plus attentivement cette dernière. Quelqu’un d’aussi puissant ne pouvait sûrement pas attaquer Tekhos pour de simples raisons idéologiques liées au sexe. Overlord avait toujours été convaincu que Mastermind dissimulait quelque chose, et que le complexe tekhan souterrain illégal n’avait été que la partie émergée d’un vaste iceberg. Visiblement, un autre volet de l’énigme se dessinait, et Rozalia avait tout d’un coup très peur de voir ce qu’était la partie immergée. Elle ignorait ce que Mastermind cherchait, mais déclencher une violente guerre entre Formiens et Tekhans n’étaient sans doute que la partie émergée de son plan.

« ExCorp a certes été démantelé, et liquidé, judiciairement parlant, mais ce n’est pas pour autant que tous les fonds détournés par ses dirigeantes se sont volatilisées, expliquait patiemment l’homme. ExCorp s’est... Réincarné.
 -  Comme un phénix ? »

Il y eut un bref moment de flottement, et Rozalia était certaine que l’homme s’était mis à sourire.

« Oui. Comme un phénix. Et vous, je pense que vous avez fait partie des emmerdeuses qui... »

L’homme s’interrompit soudain, et Rozalia entendit clairement le bip de son transpondeur. L’homme pesta, et reçut la communication.

« Madame ? »

Un petit moment de silence. Tournant la tête, Rozalia serra les dents. Elle réalisa qu’ils étaient désormais seuls. En intimité. Ce n’était pas spécialement censé la rassurer. L’obscurité absolue régnait dans cette pièce.

« Bien, Madame. »

L’homme se redressa alors, récupéra un objet que Rozalia analysa comme un pistolet, et le pointa tout simplement vers elle. Dans l’un des reflets de la lampe qui l’éclairait et l’éblouissait à moitié, elle vit le canon de l’arme, et ferma les yeux. Elle allait mourir ainsi ? Elle espérait que ce ne serait pas trop rapide. On dit que, aux portes de la mort, toute la vie se met à défiler devant vos yeux. C’était un foutu mensonge. Rozalia ne sentit rien d’autre que le néant, et une légère forme d’anxiété. Mourir ainsi, c’était trop bête, quand même. Elle sentit le temps se suspendre, et...

*BANG !*

Rozalia eut un léger frisson, se tendit sur le siège, et se demanda quand la douleur viendrait. Bizarrement, elle ne ressentait rien. Est-ce qu’elle était déjà morte ? Non, impossible... Elle entendit un corps s’effondrer lourdement, et rouvrit alors les yeux. Elle vit alors le cadavre de celui qui avait pointé une arme avec elle, avec une partie de la tête en moins. Le transpondeur s’était éteint, et Rozalia leva la tête, voyant une forme s’avancer. La lampe qui l’éclairait s’éteignit brutalement, et un néon sur le plafond s’alluma en grésillant. Rozalia distingua alors les contours d’une forme invisible, avec un pistolet qui semblait tenu en l’air. Le camouflage optique se découpa alors, et Rozalia eut un sourire.

« Tu as mis le temps !
 -  Le camp est lourdement gardé se justifia la femme. J’étais là depuis cinq minutes, mais... Si j’étais intervenue tout de suite, ça n’aurait pas été drôle. »

Elle portait une cagoule noire, qu’elle retira rapidement. Rozalia vit le délicat visage d’une autre Celkhane : Ghost. Cette dernière se dépêcha d’appuyer sur un bouton, libérant les entraves magnétiques de Rozalia, qui se releva immédiatement, et récupéra l’arme du type qui avait été refroidi. Elles n’avaient même pas le temps d’un baiser.

« Nika est en danger, il faut aller la secourir.
 -  Bizarrement, elle ne se trouve pas dans les cellules de détention, mais dans un complexe de sécurité.
 -  Il faut croire qu’elle a du leur taper sur le système... »

Un léger sourire de la part de Ghost.

« Ravie de te voir là, en tout cas.
 -  J’étais dans le secteur. C’est le bordel, là-haut. Les Tekhanes ont demandé au Conseil d’envoyer des troupes, et j’ai réussi à rejoindre les volontaires. Quand les lunettes de Killer ont émis un signal d’urgence, Brainstorm l’a relayé jusqu’à moi. J’ai fait du mieux que j’ai pu, ensuite. »

Rozalia entendit des bruits de pas précipités. Des gardes venaient probablement voir ce qui se passait, et ramasser les détritus, à savoir son hypothétique cadavre. Il y eut alors une violente explosion, et toutes les lampes s’éteignirent brutalement, avant de se rallumer subitement. Rozalia se précipita, avec Jill, vers la fenêtre, et elles virent une grosse tente s’envoler, tandis qu’une espèce de tornade de feu faisait fuir dans des hurlements des mercenaires.

« Je crois que Rinako a l’air furieusement énervé...
 -  Elle prend exemple sur Nika ?
 -  Je crois bien. »

Soupir. Ghost secoua la tête, et s’approcha des bracelets qui avaient enchaîné Rozalia. Elle les retourna, et en sortit de petits cristaux.

« De l’obsidienne... Bizarre...
 -  Comment ça ? demanda Rozalia, qui reprenait peu à peu conscience.
 -  L’obsidienne sert à entraver les effets magiques, mais toutes les académies magiques s’accordent pour dire que ces cristaux ne sont pas très efficaces contre des individus ayant un potentiel magique élevé. C’est à cette fin que la dymérite existe.
 -  Ne la joue pas à la Elaine, Jill, je sais tout cela... lâcha Rozalia, fatiguée et agacée.
 -  Okay... Ce que tu ne sais peut-être pas, c’est que les Celkhanes suivent des tests magiques plus importants que ce qu’on croit, et que le Sergent Rinako a été détecté comme une femme avec un potentiel magique énorme. En tant que Celkhane, Rayka devrait savoir cela. L’obsidienne ne suffisait pas à limiter les effets de sa magie. Pourquoi utiliser de l’obsidienne, alors ? Ça n’a pas de sens... »

Dehors, Rozalia entendait des coups de feu, des hurlements, et de violentes explosions. D’immenses torchères de feu semblaient se dresser.

« Je me demande si elle n’est pas une Source... nota pensivement Rozalia.
 -  Non, lâcha tout de go Ghost. Elle est juste une magicienne au potentiel gigantesque, et, comme toutes les magiciennes manquant d’expérience, de fortes émotions peuvent lui faire péter les plombs. La magie la domine entièrement, et elle est incapable de se contrôler. Elle continuera jusqu’à épuiser toutes ses réserves.
 -  Il faut aussi sauver Nika... »

Les deux femmes se regardèrent, et s’attribuèrent automatiquement les rôles.

« L’armurerie est à côté du poste de sécurité. Ce dernier est de l’autre côté du camp. Je vais essayer de calmer la petite Celkhane de mon côté. »

Il suffisait pour cela qu’elle retourne à son équipement, et trouve son fusil de précision qu’elle avait dissimulé, avant d’entrer dans ce bureau. Il y avait là ses munitions spéciales, notamment des munitions précieuses, extrêmement rares, qu’elle n’avait pu se procurer que grâce à l’aide d’Overlord : des fléchettes avec de la dymérite. Si elle arrivait à toucher Rinako, cette dernière serait incapable d’utiliser sa magie. L’inconvénient, c’est qu’il faudrait que son organisme élimine toute la dymérite, ce qui pouvait prendre quelques heures. Mais elles n’avaient pas d’autres solutions.

Rozalia ouvrit la porte. Les gardes s’étaient éloignés, et elle fila. Ghost, elle, passa par la fenêtre, et sauta sur le sol, activant son camouflage optique. Le sol trembla sous ses pieds, manquant la faire tomber. Dans la cour principale, le chaos régnait. Les soldats tiraient avec rage sur la tempête de feu, mais n’avaient pas le temps d’ajuster les tirs. Rinako ressemblait à un ange du chaos, fauchant les ennemis, les pulvérisant. Les voitures explosaient. Ghost fut un temps ébahie par ce spectacle macabre et sinistre, mais non moins magnifique. Elle vit un corps exploser dans les airs, s’envolant avant de s’écraser sur un toit. Une Jeep démarra, avec une femme qui tenait la mitrailleuse. Elle tenta de tirer, mais un jet de feu vint sur elle, et la Jeep explosa.

*Allez, remue-toi les fesses !*

Ghost se dépêcha, courant. Elle grimpa un escalier de maintenance à l’arrière d’un préfabriqué, et arriva sur le toit, où elle vit son équipement, derrière un autre préfabriqué. Elle s’abrita derrière, s’accroupit, sortit le chargeur de son fusil de précision, et ouvrit une boîte noirâtre dans son sac à dos, qui contenait toutes ses munitions. Elle décida d’opter pour une balle à blanc, l’ouvrit, et répandit à l’intérieur un liquide translucide. De la dymérite. Elle fourra ensuite la munition dans le chargeur. Une seule balle. La dymérite était trop précieuse pour qu’on la gaspille. Elle avait néanmoins à disposition un autre chargeur contenant des munitions perforantes.

*Ils se remettront bien vite de leurs émotions, et, même si tu es dangereuse, une balle te tuera aussi facilement que n’importe qui...*

La moitié du camp brûlait, mais les tueurs étaient des professionnels. Rinako se battait sans aucune stratégie, envoyant des rafales de feu un peu partout, oud es ondes de vent qui fauchaient parfois violemment les ennemis. Une lame de vent découpa ainsi un mercenaire, lui arrachant ses membres et le coupant en deux. Prudemment et soigneusement, Jill visait, ayant fait un zoom important. Rinako bougeait malheureusement sans cesse, et tout son corps était auréolé de feu, rendant difficile de la distinguer avec les flammes. Elle cessa de respirer, afin de limiter autant que possible les tremblements de sa main, et finit par appuyer sur la gâchette.

La balle fila, découpant l’air, et elle était à peine partie que Ghost avait appuyé sur le bouton permettant de relâcher le chargeur, et rentrait immédiatement l’autre. Le tir fendait l’air, se rapprochant de Rinako, dont la main tendue répandait une langue de feu sur trois tueurs qui hurlaient de douleur. La balle passa à plusieurs mètres au-dessus d’un tueur qui avait pointé son fusil à pompe sur la Celkhane, se rapprochant d’elle. D’autres hommes et femmes sortaient d’un bâtiment en feu, en toussotant et en éternuant, enflammés. D’autres étaient brûlés à vif, et se tortillaient sur le sol.

*Cette femme représente un danger pour Caelestis et pour Tekhos. Dans un tel état de rage, elle ferait un massacre.*

Si elle avait été plus vieille, Jill l’aurait sans doute abattu. Elle était d’un patriotisme exacerbé, et toute menace potentielle se devait d’être éliminée. Néanmoins, Rinako était jeune, énergique, et c’est ce qui l’avait décidé à tirer une balle à blanc. Le tir l’atteignit en pleine tempe. En moins d’une seconde. Perfect shoot. Les flammes et les bourrasques s’éteignirent brutalement. La balle avait rebondi sur la tempe de la Celkhane, et la dymérite fut absorbée dans son corps, se répandant rapidement dans son cerveau. Rinako cessa de léviter, et tomba à genoux.

Les mercenaires furent légèrement surpris, une surprise qui dura quelques secondes, et qui fut suffisant pour Jill. Elle ouvrit le feu rapidement. Son premier tir faucha la gorge de l’homme armé d’un fusil à pompe. Son sang se répandit sur le sol, alors qu’il s’écroulait sur le sol. Sans attendre, elle visa un autre mercenaire, larguant de puissantes balles perforantes. Une balle atteignit les joyeuses d’un autre tueur, et une troisième atteignit un mercenaire au niveau du cœur. Ce dernier se tenait sur l’escalier de sortie d’un préfabriqué, et il se mit à tomber.

Ghost espérait que la femme avait compris qu’elle devait la rejoindre, car elle ne pourrait pas la protéger éternellement.

« Remue-toi le cul... » soupira-t-elle.

Ghost était de l’autre côté de la cour. Il allait falloir courir ! Car les mercenaires lâchaient également leurs bêtes, comme de gros chiens d’assaut qui semblaient impatients d'aller déchiqueter la juteuse Celkhane.
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Rinako Yukimitsu

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 64 mardi 24 juillet 2012, 15:45:15

Je ne comprends pas tout ce qui se passe autour de moi. Je vais trop vite pour vraiment voir. Je distingue des gens, ils pointent vers moi des choses qui crachent des flammes. Mes flammes sont plus grandes et plus chaudes. Elles partent dans toutes les directions pour tout dévorer. Elles volent devant moi pour ouvrir la voie, filent sur les côtés pour me protéger, traînent derrière moi pour me couvrir. Le vent me porte mieux et plus vite que mes jambes ne l'ont jamais fait. Mes jambes ne me servent plus à rien, ni mes bras. Mes yeux sont le dernier lien entre le monde et moi. Et le monde est devenu minuscule, il se limite à cette grotte dans laquelle je me sens piégée.

Je sens l'odeur de la fumée. Le tissu, le plastique, l'essence, la poudre et la chair brûlent. Ça pue, je n'aime pas cette fumée, elle m'agresse et elle me fait peur. Des traits filent autour de moi, des gouttelettes lourde percutent parfois mon corps. Ça fait mal, je n'aime pas ça, ça me fait fait paniquer encore plus. Les gens qui restent m'attaquent ou me fuient, ils me veulent du mal. Ils sont dangereux, je ne les aime pas, je dois les tuer. Je ne le veux pas, je ne veux plus rien. Je ne sais plus comment ou pourquoi je suis venue jusqu'ici, je sais ni comment ni pourquoi je vais en sortir. Mais je le dois. Je n'ai plus de volonté, de désirs ou d'émotions. Je ne ressens que la douleur et la peur qui me poussent à me battre de toutes mes forces. Il ne me reste que l'instinct de survie, je suis un animal acculé qui fait le tour du piège en cherchant une sortie. Mon existence entière ne se résume qu'à cela, tout le reste a brûlé et la tempête en a dispersé les cendres.

Mon corps n'est plus qu'un pantin de chair douloureux porté par le vent et caressé par les flammes apaisantes. Autour de lui le chaos est total. Je vois des gens qui lèvent des armes vers moi, mais je les dépasse déjà et le feu les balaie. Je vois quelque chose de gros qui commence à avancer et dessus quelqu'un qui tourne une arme vers moi. Les flammes et le vent arrivent avant moi, percutent le véhicule pour le retourner et je m'en suis déjà détournée quand j'entends une explosion. Je ne trouve pas de sortie. Ici il n'y a que de la fumée, de la poussière et des gens qui me veulent du mal. Je dois partir quitte à tout raser et creuser moi même un tunnel vers l'air libre.

Soudain quelque chose explose près de moi. Je baisse les yeux vers une traînée blanche qui descend devant un bâtiment. Il y a deux personnes, la première fait sauter sa grosse arme de son épaule pour la recharger, l'autre tire. Une deuxième roquette qui vient droit sur moi, mais que les flammes font exploser bien avant. Je fonds sur les deux menaces puis ce sont elles qui fondent alors que je m'engouffre dans le bâtiment. Dans cet espace confiné je suis forcée de ralentir pour ne pas m'écraser contre mur. Je dois... Je dois... reprendre... le contrôle...

Le couloir étroit ravagé par les flammes me contraint à l'accalmie, et ma volonté tente de percer à travers l'instinct. J'en ai mal au crâne. Je ne suis pas un animal, je ne suis pas arrivée ici par hasard. J'essaie désespérément d'attraper les morceaux éclatés de mon esprit, mais les rassembler est aussi difficile que monter un château de carte pendant un tremblement de terre. Maman. Caelestis. Rayka. Lui. Mastermind... Nika et Rozalia ! Je repars comme une boule de feu qui défonce une porte et arrive à l'air libre. Retour au chaos, mais je tente malgré tout de me calmer. J'arrive même à m'arrêter et reprendre pied au sol. Mon corps est à bout de force, mes jambes me portent à peine et l'instinct reviens au galop pour me porter. Je tend le bras vers trois soldats, qui ont sûrement remarqué mon état de faiblesse, et les noie dans les flammes.

Soudain quelque chose percute ma tête et m'envoie au sol. Mes pouvoir ont disparu à nouveau, il ne me reste plus que mon corps. Je tente de me relever mais je m'étale face contre terre. Je ne suis pas en état. La drogue, les coups, les électrochocs et maintenant les gouttelettes de métal fondu qui me brûlent la peau. Je souffre tellement que j'en suis épuisée, je n'arrive même pas à crier. Mon corps brisé reste lourdement écrasé au sol. Il refuserait de bouger si je le lui demandais. Je ne le lui demande pas, je suis même trop fatiguée et sonnée pour ça. Mes yeux entrouverts et brouillés par les larmes ont à peine la force de tourner dans leurs orbites.

Je vois des soldats qui avancent en tirant, tous vers le même point de la cour. Ils aboient des ordres et des consignes, quelque chose à propos d'un tireur isolé. Ils passent autour de moi comme si j'étais déjà morte. Est-ce que je le suis ? Je suis pas certaine de respirer encore. D'énormes molosses passent à leur tour, à toute vitesse en suivant les ordres de leurs maîtres. Puis je sens un souffle dans mon dos. J'entends un grognement et... je sens quelque chose, un liquide chaud qui coule autour de mon bras.

Une paire de rangers entrent dans mon champ de vision, je lève les yeux pour ne découvrir qu'une ceinture, une main qui tient un couteau et en essuie la lame ensanglantée sur un pantalon militaire. Le couteau regagne son fourreau à la ceinture, les jambes de plient. Ryaka. Elle passe ses bras sous mon corps et me jette sur son épaule. Je vois le sol défiler, un molosse égorgé qui finit de se vider de son sang, et encore le sol qui défile. Puis peu à peu, mes yeux se ferment.

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 65 mercredi 25 juillet 2012, 17:09:56

Rinako avait pété les plombs, et offrait à Rozalia une parfaite diversion. Sonnée, cette dernière reprenait peu à peu pied avec la réalité. Elle avançait le long d’un couloir grisâtre. Les lumières clignotaient furieusement, tandis qu’elle entendait des cris et des explosions. Elle avait presque l’impression d’être sur un champ de bataille. Rozalia se mit à courir le long du couloir, quand ce dernier se mit à trembler. Elle trébucha, et ceci lui sauva la vie. Sur sa droite, il y avait une série de vitres crasseuses donnant sur la grotte, et toutes ces vitres explosèrent quand des jets de feu jaillirent au-dessus de sa tête. Une odeur de brûlé et de soufre vint emplir ses narines. Redemption se redressa, approchant d’une cage d’escaliers, et vit deux mercenaires descendre rapidement.

« Il faut la stopper !
 -  Vite ! »

Il n’était pas bien compliqué de comprendre de qui ils parlaient. Elle les laissa prudemment passer, et descendit également l’escalier. Il était en fer, avec des barres rouillées, mais elle cessa de les suivre. Elle le vit se ruer vers la cour principale, avant qu’une grosse boule de feu ne les fauche dans des hurlements. Rozalia perdit quelques précieuses secondes en voyant une tornade géante de feu. Elle espérait que Ghost arriverait à la calmer, mais la tireuse d’élite n’y arriverait pas toute seule. Sans perdre plus de temps, Rozalia courut le long d’un autre couloir. Elle ignorait vraiment où elle allait, mais, fort heureusement, elle ne tarda pas à trouver un plan d’évacuation. Repérer l’armurerie et les quartiers de haute sécurité ne fut pas difficile.

Comme elle l’avait pressenti, ces deux structures se tenaient à l’arrière de la base. La femme les rejoignit rapidement, et constata quelque chose d’anormal. Le quartier de haut sécurité était accessible par une grosse porte en béton armé. Cette porte était ouverte, et quatre gardes se tenaient devant... Rien d’anormal jusqu’ici, si ce n’est qu’ils étaient tous morts. Rozalia se pencha sur les corps. Il y avait des traînées de sang partout, et, si elle vit des impacts de balles sur l’un des gardes, elle vit, en revanche, sur un autre, que son corps avait... Avait comme explosé par endroits. Ça, ce n’était pas Rinako... Rozalia se releva, et contempla silencieusement la porte entrouverte. Elle ne voyait pas l’intérieur du couloir, mais avait le pressentiment qu’il devait y avoir derrière quelque chose de macabre. Elle s’y aventura néanmoins, et ne fut pas déçue.

Il devait bien y avoir une douzaine de cadavres à l’intérieur. Le sang, naturellement, était partout dans un petit couloir. Des traînées écarlates recouvraient les murs, le sol, avec des flaques ici et là. Certains corps de soldats avaient totalement explosé, ne laissant plus que des squelettes fumants et couverts de sang. Rozalia s’avança lentement, mortifiée par ce macabre spectacle. Mentalement, elle se demandait qui avait bien pu faire ça, mais, dans le fond, elle le savait très bien. Elle n’arrivait juste pas à l’admettre. Elle continua à s’avancer, et finit par voir une porte ouverte. Deux cadavres à l’intérieur. Des soldats dont les têtes avaient explosé.

*Nika... Ce ne peut être que Nika... Elle les a tous massacrés... Mais... Comment ?*

Rozalia entendit une puissante explosion, et tourna la tête. Elle sortit à nouveau de la pièce, et remonta le long du couloir, pénétrant dans l’armurerie. Elle constata que quelqu’un avait fouillé, en balançant un garde à travers la fenêtre de la petite armurerie. Sur une table, Rozalia trouva ses effets personnels, la broche de Rinako, mais les lunettes de Nika n’étaient plus là, tout comme ses armes. Elle ne voyait pas pourquoi les mercenaires les auraient entreposés ailleurs. Rozalia serra les dents. Nika ne devait sûrement pas être très loin. Redemption s’avança, récupéra sa dague et son arc, ainsi que son transmetteur.

« Ghost, tu t’en sors ?
 -  Ça vire au cauchemar, lâcha une Ghost paniquée. Ils ont emmené la Celkhane, et... Putain ! Ils sont trop nombreux !
 -  J’arrive, j’arrive ! »

Rozalia éteignit la transmission, et courut vers Ghost. Cette dernière, en effet, était dans une situation critique. Rinako était trop sonnée pour faire quelque chose, et l’une des mercenaires, que Ghost avait reconnu comme étant Rayka, une criminelle internationalement recherchée, l’avait emmené avec elle, tandis que les tueurs ouvraient le feu avec rage sur la planque de Ghost. Elle avait du se planquer derrière le préfabriqué où elle se tenait, et entendait les balles crépiter autour d’elle, s’écrasant contre le mur du préfabriqué où elle se planquait. Sans perdre son sang-froid, même si ses mains se mettaient à trembler, Jill ouvrit son sac àdos, et retira certaines parties de son fusil à lunettes, en mettant d’autres, et parvint ainsi, en un temps record, à transformer son sniper en un fusil d’assaut.

Ce fut là qu’elle entendit les aboiements. Jill grogna, et se dépêcha de déposer son fusil d’assaut pour sortir de sa ceinture un pistolet. Une arme de poing qui serait plus indiquée contre les chiens, tout en attrapant dans son autre main un couteau de combat. Les combats au corps-à-corps n’étaient clairement pas sa spécialité, mais elle avait reçu une formation malgré tout. Elle pointa l’arme, et vit le premier chien débarquer depuis l’escalier extérieur, bondissant vers elle. Elle ouvrit le feu, et son tir explosa une partie de la tête du chien de combat, le tuant sur le coup dans un petit jappement. Jill aimait bien les chiens. Mais, quand sa survie était en jeu, il fallait savoir faire des sacrifices. Un autre chien jaillit, et Ghost le loupa. La créature bondit vers elle, visant sa gorge avec ses immenses crocs. Ghost tenta de réfréner la panique qui montait, en utilisant son adrénaline. Le chien tomba sur elle, et elle tenta de le retenir avec sa main gauche. Ses dents claquaient dans le vide, à quelques centimètres à peine du visage de la Celkhane, qui se débattit avec lui, avant de le planter à plusieurs reprises dans le bide avec son couteau. Un coup sec, suivi d’un autre coup. Le chien perdit progressivement sa férocité, le sang se mettant à couler sur le sol, et Ghost put le pousser.

Elle vit alors un homme monter. Malheureusement, elle n’avait plus son pistolet, qui avait roulé à un bon mètre. Le tueur avait un fusil d’assaut dans les mains, et le pointa vers Jill, qui lança la seule arme dont elle disposait : son couteau. Elle visa entre les deux yeux, et atteignit l’épaule. Le couteau se planta dans le manteau blanc du type, qui, du coup, loupa son tir. La rafale longea le corps de Jill, la poussière se soulevant à chaque balle. Sans attendre plus longtemps, la soldate roula sur la gauche, récupérant au passage son arme, et ouvrit le feu. Elle toucha l’adversaire à la cuisse et à l’épaule, le faisant tomber par l’arrière. Soufflant lentement, Ghost attrapa son fusil d’assaut, et ouvrit le feu, afin de calmer les tueurs qui s’apprêtaient à monter. Les balles durent filer au-dessus de leurs têtes, les contraignant à un peu plus de retenue.

*Bordel, bordel, bordel, me voilà dans de beaux draps ! Du calme, Jill, inutile de paniquer...*

Pour autant, elle paniquait. Ghost était faite pour l’infiltration, la couverture, le soutien, pas pour la ligne directe. Ses mains tremblaient nerveusement, sans qu’elle ne parvienne à se calmer. Elle entendait les ennemis parler entre eux, et devinait la présence d’une bonne vingtaine de tueurs en contrebas, pointant leurs armes sur cette position. L’un des tueurs arma son lance-missiles, visant le préfabriqué, et largua un tir. Le missile fusa en l’air, et explosa au contact du préfabriqué. Il y eut une violente explosion. Les murs frêles, presque inexistants, de l’habitacle, explosèrent, et la déflagration souffla Ghost. Trois tueurs en profitèrent pour s’élancer sur le toit, et pointèrent leurs armes sur la Celkhane sonnée, qui en avait encore perdu son arme.

Jill toussait. Elle s’était reçue sur le corps des débris, et voyait trouble. Ses oreilles sifflaient, et elle vit, juste devant elle, son pistolet. Mais elle n’aurait jamais le temps de le prendre. Elle tendit malgré sa main gantée, partiellement déchirée ici et là, pour s’emparer de l’arme, quand une flèche vint atteindre dans la gorge l’un des trois hommes. Surpris, les tueurs se tournèrent vers l’origine cette flèche, mais une autre jaillit, et abattit le deuxième tueur. Jill avait alors attrapé le pistolet, et ouvrit le feu. Au moins six balles filèrent, explosant la poitrine de son adversaire, perçant son gilet pare-balles.

Quelqu’un l’aida alors à se redresser, et elle entendit à nouveau des sons :

« Abattez-les !
 -  Elles ne peuvent pas s’échapper ! »

Tournant la tête, Ghost vit Redemption, qui essuya quelques traces de sang venant salir le visage parfait de la blonde.

« Ni... Nika ?
 -  Envolée... Mais je crois qu’elle est le cadet de nos soucis, maintenant... »

Ghost ne pouvait qu’acquiescer. Les mercenaires se rapprochaient lentement.

« Et Rinako ?
 -  J’ai... J’ai échoué... avoua Ghost.
 -  C’est con. J’avais réussi à récupérer sa broche. »

La Celkhane ne put que rire. Les mercenaires se rapprochaient. Il avaient des mitraillettes, des fusils à pompes, des lance-grenades, et ceux avec les lance-missiles visaient le toit. Jill et Rozalia étaient dans le fond, ce qui faisait qu’on ne pouvait pas les voir depuis le sol.

Pendant ce temps, Rayka était en train de s’éloigner avec d’autres troupes. Le camp était obsolète, maintenant. Les Tekhanes finiraient de toute manière par le remarquer. Il fallait donc suivre les ordres, et prendre le large. Et Il voulait la Celkhane. Pourquoi ? Rayka l’ignorait, mais elle ne comptait pas discuter les ordres. Sans doute voulait-Il la contrôler, la dompter, la maîtriser. Elle doutait qu’il y arrive, mais elle ne l’aurait jamais dit ouvertement.

« Pressez l’allure ! »

Le groupe avançait dans une galerie, à côté d’une espèce de char d’assaut souterrain*. Ce redoutable engin avançait avec des chenilles, et n’avait pas de canons, privilégiant des espèces de longs tuyaux crachant des jets de feu dans tous les sens. Un appareil parfait pour nettoyer les galeries, et qui avait été volé à l’armée tekhane.

« En restant sur cette galerie, nous devrions éviter les patrouilles tekhanes. »

Les mercenaires étaient pressés, et Rayka finit par s’arrêter, décrétant une pause. Elle relâcha Rinako, l’attachant par de solides cordes, et la calant contre les murs. La Celkhane semblait toujours aussi perdue. Elle était à point pour le Maître. Rayka lui fit un sourire guère rassurant, promenant le bout de sa lame sur les belles joues de Rinako.

« Tu piques de sacrées crises de colère, toi, ma petite perle... Je comprends mieux pourquoi Il te veut. Mais je ne souhaite prendre aucun risque. »

Rayka se releva, et sortit un pistolet, plaçant des cartouches spéciales. Elle tira un jet électrique sur le corps de Rinako. La douleur devait être atroce, car ce jet allait irriter tous ses nerfs pendant plusieurs secondes. La douleur resterait ensuite latente pendant plusieurs minutes. Rayka s’écarta ensuite pour aller s’occuper de son itinéraire. Rinako, de son côté, restait là, et devait alors entendre des murmures... Une énigmatique voix qui semblait lui parler. Une voix issue des profondeurs de son esprit ? Un mécanisme d’autodéfense inconscient ? Difficile de le savoir... C’était la voix de sa mère.

« Rinako... Rinako... Tu es forte, Rinako, tu es ma fille... Ces gens te tueront... Et tu ne peux pas me rejoindre à ton âge... Rinako... Rinako... Rinako... Sens le souffle froid remontant le long de ton échine... Il n’y a rien d’attirant à aller là où je suis, Rinako... Bats-toi... »
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Rinako Yukimitsu

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 66 samedi 28 juillet 2012, 19:55:11

Je suis ballotée, enfin je crois. Je sens quelque chose appuyer contre mon ventre mais les yeux fermés je n'arrive pas à savoir où je suis, ou plutôt comment. Où sont le haut et le bas ? j'ai vaguement l'impression de sentir mon corps tiré dans une direction mais j'ai l'impression qu'il pèse dans une autre. je ne distingue ni les bruits ni les odeurs qui m'entourent. Il y en a, pourtant je n'arrive pas à faire le tri. Je me sens étrangement... Je ne sais pas. Je ne suis pas bien, mais je ne suis pas mal non plus. Je m'en fous ou je n'arrive pas à me sentir concernée par ce qui peut se passer. Tout est noir dans ma tête, mon esprit est vidé autant que mon corps et c'est... reposant, enfin je crois.

Mais faut bien que ça cesse. j'entrouvre les yeux par réflexe quand on me met par terre. Posée ou jetée : mystère. Mon corps est manipulé, je ne me défend pas malgré les pointes de douleur ça et là. quelque chose me cisaille les poignets et les chevilles. Je me fais ficeler comme un rôti et je ne résiste pas plus. Je ne vois que de la lumière et de vagues mouvements, tout est flou. Quelqu'un est tout près. On me relève et je vois une silhouette qui peine à se dessiner. Je sens quelque chose de froid et pointu contre mon visage. Une voix lointaine me parle je n'arrive pas à saisir tous les mots. Il est question de colère, ou de risques. La silhouette s'éloigne.

Soudain je sens quelque chose. Tout mon corps se tend et tremble, mes yeux se ferment à nouveau d'eux-mêmes pour pleurer encore plus. C'est horrible, il me semble. De la douleur qui se arrive en continue pendant une éternité, puis persiste ensuite quand mes muscles se détendent. Je ne sais pas lequel de mon esprit ou de mon corps est le plus engourdis. Je sens qu'il se passe des choses mais je ne fait que deviner qu'on m'agresse. Et je sombre à nouveau dans le vide. Je ne veux pas me réveiller, je pense même que je ne le dois pas.

" Rinako... "

Quoi ?

" Rinako... "

Cette voix... Maman ?

" Tu es forte, Rinako, tu es ma fille... "

Maman... Non... Ça peut pas être toi...

" Ces gens te tueront... Et tu ne peux pas me rejoindre à ton âge... "

Et pourquoi pas ? Ils t'ont tuée, toi... Et ils se foutaient de ton âge... ou du mien.

" Rinako... Rinako... Rinako..."

Arrête, maman... Arrête ça ! Je t'en supplie !

" Sens le souffle froid remontant le long de ton échine... "

Je ne veux pas... Tout ce que je sens encore c'est que tu me manques...

" Il n’y a rien d’attirant à aller là où je suis, Rinako... "

Toi, tu y es !... Pourquoi, maman ?!... Pourquoi tu reviens maintenant pour me dire ça ?!... Moi je ne t'en ai jamais voulu, même à l'époque où je ne comprenais pas !... Je faisais tout ce que tu voulais du mieux possible !... J'étais pas toujours très sage, mais j'étais gentille, avec tout le monde !... Elles te disaient toutes que j'étais une bonne fille et je faisais tout pour l'être !... Et quand tu souriais, moi j'espérais !... Mais tu repartais toujours !... C'était pas à toi que j'en voulais : c'était à moi !... Et quand tu... quand tu n'es pas revenue... je m'en suis voulue encore plus...

Je n'avais pas été assez sage et gentille... Je n'avais pas été une fille assez bonne pour sa mère veuille rester près d'elle... Maintenant je sais que les choses ne sont pas aussi simples... Je sais tu ne voulais faire de moi une excuse pour laisser prospérer toutes ces ordures et souffrir toutes leurs victimes... Je sais pourquoi tu partais au risque de ne pas revenir... Je le sais, puisque j'ai suivi tes pas...

Alors pourquoi ?!... Maintenant que c'est à moi de te retrouver, pourquoi tu ne veux pas de moi ?!


" Bats-toi... "

Pourquoi, maman ?... Je me suis battue toute ma vie pour que tu sois fière de moi, même quand tu n'étais plus là... On ne revient pas toujours et c'est toi qui me l'a appris... Elles ont été assez nombreuses à me le répéter quand je pleurais toutes les larmes de mon corps... Elles m'ont dit que tu n'avais pas eu de chance, que parfois les choses tournaient mal et qu'on y pouvait rien... Elle mont dit que...

Soudain mes yeux se rouvre. Je serre les dents sur la douleur atroce qui courre encore dans tous mon corps. Je n'ai plus de forces, plus de pouvoirs, je suis pieds et poings liés. Je suis plus impuissante encore que je devais l'être en sortant du ventre de ma mère. Ma vision trouble me permet à peine de distinguer un pistolet qu'une main range dans son holster, accroché à une ceinture. Ce ne sont pas mes muscles qui tirent pour relever ma tête : ce sont les nerfs. Je n'ai plus qu'eux. Mon corps est encore secoué par des spasmes quand je découvre le visage balafré de la femme qui se tient devant moi.

" Rayka... "

Ma voix est tellement enrouée que je dois avoir l'air de grogner. Elle s'accroupit devant moi avec un sourire moqueur, et soutient sans mal mon regard.

" T'es pire qu'une teigne, toi.
- Je vais pas... te tuer... "

Son sourire se teinte de surprise, puis d'ironie.

" Tu me rassures. À te voir comme ça, j'avais encore un doute.
- Je vais... te...
- Me massacrer ? Me torturer ? Me faire payer ? Dit-moi si je chauffe ou je brûle.
- Te ramener. "

À voir comment son visage narquois se ferme, inutile de préciser où. et c'est à mon tour d'élever un sourire, ou au moins d'essayer.

" J'ai hâte de voir comment tu vas t'y prendre ! "

Elle se relève pour ordonner à un de ses hommes de me porter à sa place. On dirait que j'ai réussi à faire vraiment peur à la grande méchante Rayka. J'espère qu'elle m'a vraiment prise au sérieux, parce que je ne plaisantais pas. Mais pour l'instant je ne suis pas en état. Ma tête retombe avec un soupir, mes yeux se ferment à nouveaux.

Elles m'ont aussi dit... que tu t'étais battue jusqu'au bout...



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Légion

Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 67 lundi 30 juillet 2012, 02:34:55

Rayka était irritée par le toupet de cette petite femme. Elle ordonna au convoi de reprendre la marche. Le temps leur était compté, et elles allaient devoir slalomer entre les forces tekhanes dispersées dans la région. Elle hésitait sur la conduite à tenir. Elle ne rêvait que d’une chose : tuer cette insupportable gamine. Mais Il ne le voulait pas. Il avait ordonné qu’on la lui amène, et elle ne reviendrait pas sur ses ordres. Il était derrière tout ça, et elle savait qu’Il avait raison, qu’Il ne pouvait la décevoir. Le char se remit en marche. Elle regarda Rinako. Elle s’était à nouveau évanouie. Et ce fut à ce moment que le doute la saisit.

*Elle est peut-être morte susurrait une voix dans sa tête. Tu es la première à savoir que les Celkhanes sont physiquement et mentalement plus fragiles que ce qu’elles aiment à croire. Elle est éloignée de tous ces proches, et est émotionnellement au bout du rouleau. Peut-être que tu l’as achevé... Tu devrais vérifier... Et, quand bien même elle serait morte, Il ne pourrait t’en vouloir. Il a déjà une Celkhane : toi. Que pourrait-il bien faire d’une écervelée comme toi ?*

Rayka s’arrêta alors. Elle fit la moue, ayant soudain une idée en tête, et se tourna vers le garde qui se tenait derrière elle.

« Dépose-là, j’ai besoin de vérifier quelque chose. »

L’homme ne posa aucune question superflue, sachant combien Rayka pouvait être autoritaire, et qu’il valait mieux ne pas la contrarier. Celkhane un jour, Celkhane toujours. Il laissa retomber la frêle magicienne, et Rayka se pencha vers elle, l’observant silencieusement. Elle prit alors son pouls pendant plusieurs secondes et lâcha alors, sur un ton sentencieux :

« Elle est en train de mourir. »

Elle annonça ça sur un ton froid et détaché. Le garde à côté d’elle tiqua.

« Vous êtes sûre ? lâcha-t-il.
 -  Vous n’avez qu’à tâter son pouls. »

Le garde obtempéra, et posa ses doigts sur la tempe de Rinako. Immédiatement, l’homme que Nika avait appelé Mastermind agit. Il n’était pas bien difficile de modifier la perception d’une chose aussi fluctuante que prendre le pouls d’une femme. S’il n’avait pas agi, le garde aurait cru que Rayka, soit s’était trompée sur son diagnostic, soit était folle, car, si le pouls de Rinako était assez faible, il était régulier, stable, et indiquait juste que la Celkhane était dans les pommes. Au lieu de ça, il en arriva au même résultat que Rayka, et ne dit rien, sachant que cette dernière n’aimait pas l’insubordination.

« Il ne risque pas de vous en vouloir ?
 -  C’est sans importance décréta Rayka. Elle n’était qu’une option dans notre plan. »

Rayka était loin, bien loin de savoir à quel point elle se trompait. Mais on ne pouvait que la comprendre ; Il ne lui avait rien dit, car Il n’en avait pas saisi l’utilité. Mastermind suivait son propre projet, et ce plan n’impliquait pas encore la mort de ces créatures, ces Héroïnes qu’il manipulait depuis les évènements de Tekhos Metropolis. Son plan allait bientôt se concrétiser. La caravane partit donc, laissant Rinako au milieu de la galerie, seule, abandonnée.

*
*  *

Ghost et Redemption étaient dans une fâcheuse posture. Devant le préfabriqué, un soldat avait sorti un lance-missiles, et le pointait vers le préfabriqué. Le tir les tuerait pour de bon, et il visait soigneusement cette structure, lorsqu’une voix se mit à résonner dans sa tête.

*Vise plus haut... Tu n’es pas foncièrement sûr que l’explosion les tuera, car les préfabriqués ont été construits avec un acier résistant. En revanche, si tu vises la paroi au-dessus d’elles, elles seront écrasées.*

Le tireur hésita à appuyer sur le bouton permettant d’envoyer le missile. Deux de ses collègues s’impatientèrent.

« Bordel, tu attends quoi ? Il faut qu’on en finisse ! »

L’homme hocha la tête, et leva le canon de son arme, visant la paroi, au-dessus du préfabriqué. Il appuya alors sur le bouton, et le missile se fracassa contre la paroi. Il y eut une violente explosion, et les rochers se mirent à tomber dans un éboulement tonitruant. Il y eut de la poussière partout, et le préfabriqué ne supporta pas cet éboulement. Il se rompit sur ses fondations, les planches en acier cédant Quand la poussière commença à redescendre, il n’y avait aucune trace des cadavres. Les mercenaires se tournèrent vers le capitaine, qui était le seul habilité à donner des ordres, et qui allait logiquement demander à ce qu’on retrouve les corps, pour s’assurer que ces diablesses étaient mortes.

Une voix vint toutefois dans son esprit, et lui glissa une meilleure idée :

*Le trajet est long, et vous avez déjà perdu trop de temps. Personne n’aurait pu survivre à une telle chute. Il faut reprendre la route. Ordonne le départ pour rejoindre vos positions et passer à la suite des opérations.*

Le capitaine hocha la tête, et lâcha d’une voix forte :

« Inutile de perdre des heures à fouiller les décombres. On s’en va avant que les Tekhanes ne débarquent ! »

Les mercenaires hochèrent lentement la tête, et le suivirent sans poser de plus amples discussions. Ils laissèrent un camp massacré, que les sentinelles tekhanes trouveraient effectivement dans une heure ou deux. Elles auraient bien du mal à comprendre ce qui avait pu se passer dans le coin. Ghost et Redemption, quant à elles, parvinrent difficilement à s’extirper des rochers. Elles n’avaient du leur survie qu’à un petit bouclier de protection tekhan que Jill avait, et qui avait dressé une espèce d’écran ayant amorti la plupart des rochers. Le générateur du petit bouclier était toutefois épuisé, le gadget ne servant donc plus à rien

Elles poussèrent des gravats pour s’extirper des débris. Redemption fut la première à sortir, et aida Ghost à sortir.

« C’est pas passé loin, cette fois ! »

Ghost et elle soufflaient longuement, reprenant leur souffle. Rozalia avait des écorchures et des ecchymoses un peu partout, mais tout cela était superficiel. Pour Ghost, en revanche, c’était un peu plus grave. L’une de ses chevilles avait souffert, et elle peinait à rester debout.

« Et je n’ai plus qu’un seul flingue... » lâcha-t-elle avec un sourire contrit.

Elle essaya de marcher en avant, mais boitait, et manqua tomber. Jill, en sueur, alla s’asseoir contre un rocher, tandis que Rozalia observa sa blessure. Elle pissait le sang.

« J’ai vu une infirmerie pendant que je descendais chercher Nika... Je vais aller chercher de quoi...
 -  T’as pas le temps pour ça, Rozalia...
 -  Ça, c’est à moi d’en décider !
 -  Je peux marcher, j’ai juste... Besoin de repos. En d’autres termes, il faut que tu te dépêches. On a encore une Celkhane et Nika à récupérer, mais je crains de ne pas pouvoir t’aider... Ne t’occupe pas de ma blessure, je vais me rendre à l’infirmerie, me faire un bandage, et j’attendrais soigneusement l’armée tekhane.
 -  Je ne peux pas te laisser ici !
 -  Tu le peux, et tu le feras rétorqua la blonde. Tu veux qu’il m’arrive quoi ? Les mercenaires sont partis, et les Formiens ne passeront pas par là. L’armée tekhane va bientôt débarquer, et je fais partie de l’armée celkhane. Il ne me sera pas bien difficile de les convaincre. »

Rozalia fit la moue, comme si elle pesait le pour et le contre. Mais elle devait bien reconnaître que Jill avait raison, et qu’épiloguer ne serait que contreproductif. La femme afficha donc un léger sourire, puisse pencha vers Ghost, et l’embrassa sur le front.

« Merci pour ton aide. »

Elle allait partir, quand Ghost lâcha :

« Attends ! »

Elle sortit de sa poche un petit objet, qu’elle balança vers Rozalia.

« C’est encore un prototype, mais il permet de détecter les ondes psychiques que les Annexiens émettent entre eux. Il émet des ondes, et balaie la zone, et repère les signaux psychiques. Les Annexiens ne sont rien de plus que des télépathes, on peut donc les repérer.
 -  Qu’est-ce que tu veux que j’en fasse ? »

Ghost reprit son souffle, et enchaîna :

« D’après ce qu’on sait, les blessures laissées par certains Annexiens ne sont pas sans effet secondaire. Il est possible que l’Annexien qui a blessé Nika ait, en la blessant, laissé une part de son âme en elle... Cette parcelle est en train d’essayer de se servir du corps de Nika pour créer une connexion télépathique avec l’Overmind. Mais Nika n’est pas une télépathe, alors elle doit avoir des espèces de crises psychiques. Quand elle aura une de ces crises, cet appareil devrait la repérer. »

Rozalia hocha la tête. Nika, effectivement, avait été blessée à la joue par l’Annexien. Ghost indiqua ensuite par quelle direction Rayka avait filé, et elle s’élança par là, traversant une longue galerie. Elle courait rapidement, et finit par apercevoir, au bout d’une quinzaine de minutes, un corps allongé sur la galerie. Surprise, elle s’arrêta, pesant le pour et le contre. Un piège ? C’était probable... Rozalia attrapa un caillou, et le lança vers Rinako. Ce dernier résonna contre le sol en ricochant, mais personne ne se manifesta. Elle s’avança alors très lentement, pensant à l’existence d’hypothétiques mines, mais n’heurta aucun fil. Attrapant d’autres cailloux assez gros, elle les lança dans toutes les directions, mais il n’y eut aucune explosion. Rozalia était pour le coup bien trop naïve pour penser que les mines de proximité ne se laissaient pas berner aussi facilement, mais, comme elle ne vit aucune explosion, elle se rua vers Rinako, et la prit dans ses bras.

« Rinako ! Rinako ! On se réveille, petite Celkhane ! Allez, allez, vite ! J’ai un cadeau pour toi ! »

Dans une main, Rozalia tenait en effet la broche de la Celkhane.
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Rinako Yukimitsu

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 68 dimanche 05 août 2012, 15:21:06

Citer
Je suis dans un tunnel. Il fait sombre, l'air est irrespirable. Il fait chaud aussi. Une chaleur étouffante, agressive. Un poids m'écrase le dos. Je suis à peine capable de me traîner à quatre pattes. J'avance. Je ne cède pas, car je n'ai pas le droit de céder. Je lance mes bras en avant l'un après l'autre, et je tire. Je transpire de partout, j'ai même des frisson. Le sol est brûlant, je le sens. la sueur me pique les yeux et les larmes suffisent à peine la diluer pour que je garde les paupières ouvertes. Je suis écrasée par la fatigue, pourtant je tiens. Je le dois. Je suis une Celkhane. Un jour je serais une grande soldate, une guerrière, des dizaines de vies dépendront de moi. Comme maman. Je suis née pour ça, pour tenir jusqu'au bout.

Pourtant je m'effondre. J'arrive encore à ramper un peu, puis la fatigue l'emporte... Trop lourd... Je ne peux pas me relever... Mes yeux ne veulent plus s'ouvrir...

Je suis dans un tunnel. Il fait sombre, l'air est irrespirable. Ça pue la fumée, tout sent le cramé et les vapeurs toxiques. Pourtant j'ai froid. Je suis si fatiguée. Mes yeux ne sont qu'entrouverts. Je prends une grande inspiration et lance mon bras en avant. La poussière me fait tousser alors que mes doigts se crispent sur le sol de sable et de graviers. Je tire mais je n'arrive à me traîner que sur une poignée de centimètre. J'entends encore la voix de ma mère, des échos dans ma tête. Elle me dit qu'ils vont me tuer, mais maintenant ils ne sont plus là. Elle me dit de me battre mais je suis toute seule. Elle me dit des choses auxquelles j'ai répondu, et qui maintenant n'ont plus de sens. Je m'accroche à ces mots aussi fermement qu'en tirant sur mes bras pour ramper, mais je ne trouve pas la force.

Mon visage finit par retomber contre le sol. Malgré les cailloux pointus je le trouve bien assez confortable... J'ai envie de dormir... Je peux plus rien faire d'autre...

Citer
Je suis allongée, sur le dos, les bras le long du corps. Est-ce que je suis morte ? Je ne sais pas. Mes yeux refusent encore de s'ouvrir. Je sens que je suis sur quelque chose de dur, d'inconfortable. Quelque chose me recouvre et me compresse des pieds jusqu'au cou. Ma tête est un peu relevée. J'ai chaud, je transpire encore. Mais l'air que je respire est frais. Mes lèvres sont sèches, elles collent. Il y a quelque chose sur mon visage. C'est fin, ça coure un peu partout. Je n'arrive toujours pas à ouvrir les yeux ou à bouger. Et je sens encore quelque chose d'autre. Ça tire ce qui me couvre en restant appuyé le long de ma hanche. J'essaie de parler, mais je n'arrive qu'à pousser péniblement une plainte enrouée. J'ai l'impression que ma gorge est bourrée de verre pilé.

Soudain la chose que je ne peux pas voir disparaît de ma hanche. Mon cœur s'emballe. J'ai peur. On m'a raconté des tas d'histoires sur les Formiens. Ils capturent des femmes pour leur faire des choses horribles, dans le noir. Est-ce que c'est ce qui va m'arriver ? Je tremble en sentant une présence qui bouge lentement près de moi, qui passe au-dessus de moi. Mais ce qui vient se poser sur mon front n'a rien d'horrible, ni de sombre. Un baiser tendre, dont je reconnais tout de suite les lèvres.

" Ça va aller, mon petit ange... Ça va aller. "

Maman...

" Maman... "

Je n'arrive qu'à soupirer comme pour la retenir, mais elle n'est déjà plus là depuis si longtemps. J'ouvre péniblement les yeux pour découvrir le visage de Rozalia. J'ai mal au crâne, et encore plus de mal à revenir à cette foutue grotte formienne. Mon esprit a un pied dans cette chambre d'hôpital à Caelestis. La première fois que ma mère m'y retrouvait en rentrant de mission, elle indemne et moi en soins intensifs. À peine cinq mois avant que je ne la perde, c'est elle qui avait failli me perdre. Et même si je l'ai vécu moi-même, je sais que pour elle le calvaire a été encore pire. J'ai passé trois jours dans le coma, maintenue en vie par des sondes, des pompes et des moniteurs. Mes poumons tellement dégradés qu'ils n'apportaient plus assez d'oxygène à mon sang, les yeux et toutes les voix respiratoires rongées par les émanations toxiques, et les tissus musculaires effilochés par le poison infiltré dans mon sang. Quelques minutes de plus dans ce conduit et c'est ma mère qui aurait accompagné un cercueil au mémorial.

On s'était faites engueuler, sévèrement. Toutes les gamines de la bande, plus encore celles qui avaient été tenues pour responsables. On nous avait même menacées de nous coller des puces pour garder un œil sur nous en permanence. Pour des enfants qui rêvent de devenir soldats le parc d'attraction ne suffisait pas toujours. On s'amusait souvent dans les conduits d'aération de la caserne ou de l'aéroport militaire, pour jouer à la guerre contre les Formiens. Et ce jour-là une fille avait tiré les cheveux de son petit frère, parce que selon elle il avait bien fallu un traître à la botte de l'ennemi. Le petit frère s'était enfui en pleurant... vers les échangeurs thermiques des générateurs de l'aéroport. Et je n'avais même pas réfléchi avant d'ordonner aux autres d'aller chercher du secours. Parce que du haut de mes six ans j'étais partie le chercher dans ce que je savais être l'un des endroits les plus dangereux de l'archipel. Je ne m'étais même pas demandée ce que ma mère aurait fait à ma place, parce que la question ne s'était pas posée.

Je l'avais retrouvé déjà à l'agonie, et blessé, le tibia brisé en train de pisser le sang. Je l'avais chargé sur mon dos et je l'avais traîné aussi loin que possible, juste assez loin pour que les secours nous retrouvent à temps. Trois jours de coma, puis trois semaines d'observation pour moi. Pour lui bien plus longtemps, l'affaire lui avait coûté sa jambe, un œil et un poumon. Mais il avait survécu, et sa grande sœur n'avait plus jamais osé lui faire de mal. Alors pour se faire engueuler : on s'était toutes faites engueuler. Moi la tête brûlée, la méchante grande sœur, et les autres qui avaient suivi. Bien sûr le petit blessé y avait échappé, trop jeune et bien assez puni pour son inconscience. On y avait eu droit de la part de tout le monde, des parents au personnel de l'aéroport. Une seul personne avait pris notre défense en bloc : ma mère. Et elle l'avait fait quitte à risquer la cour martiale pour insubordination.

Je me souviens encore de la scène, quand elle nous avait défendues bec et ongles devant tout le monde. Nous toutes alignées comme devant un peloton d'exécution, et elle en train d'engueuler ses propres supérieures. En train de leur rappeler qu'on voyait toutes nos mères partir pour des endroits dangereux, dont elles risquaient de ne pas revenir. Qu'on ne pouvait que prendre d'elles cet exemple qu'elles le veuillent ou non. Et que quand la connerie qui aurait pu coûter des vies avait été commise, on avait toute suivi l'exemple au mépris des conséquences. Que sa propre fille avait mis sa vie en péril pour en sauver une autre et qu'elle en était fière. Que le reste de la bande était parti chercher des secours en sachant très bien qu'elles y récolteraient la danse de leurs jeunes vies. Et qu'on avait si bien suivi l'exemple qu'on n'avait pas hésité à faire tout ça pour le garçon du groupe. Cette dernière pique lui avait valu une mise à pied.

Et c'est en me remémorant tout ça, en revivant la crise dans ma tête d'un bout à l'autre, que je sens monter la colère. Une évidence telle que je me maudis de ne pas l'avoir vue. Cette voix dans ma tête pendant que j'étais dans le coaltar, c'était bien celle de ma mère. Mais les mots n'étaient pas les siens. Rozalia aurait moins de mal à se faire passer pour elle même si ma mère était blonde, rien qu'en me tenant dans ses bras elle est bien plus proche du personnage. Ma mère ne me parlait jamais de mort, de choses froides. Il n'y a qu'avec moi qu'elle se donnait le droit de ne pas parler du pire, même après qu'il ait failli arriver. Et surtout, surtout, elle ne m'a jamais dit que j'étais sa fille. Ça tout le monde me l'a dit, et je le sais. Dès mes plus jeunes années j'étais la petite tête brûlée, la digne fille d'une grande tête brûlée. Elle ne m'a jamais appelée sa fille, ou ne m'a jamais dit que je l'étais. Pour elle, j'étais son petit ange.

Je serre les dents, et les doigts en m'agrippant à la tenue de Rozalia. Les larmes aux yeux je prends ma broche pour faire jouer un pouce tremblant sur ses anneaux. La voix de ma mère ne tarde pas à chantonner doucement.

" La nuit tombe doucement, et... "

Je fais jouer à nouveau mon pouce pour passer la petite comptine. La plus belle berceuse du monde, vu que ma mère l'a imaginée rien que pour moi. Mais si je ne la fais jamais écouter à personne, c'est parce que je sais très bien qu'elle n'est pas si géniale, et que même aussi doucement ma mère chantait comme une casserole. Si on me le faisait remarquer je pense que je ferais un massacre en règles. Je relâche l'anneau. Queles secondes de silence s'écoulent.

" ... Ça va aller, mon petit ange... Ça va aller. "

Des larmes de colères me montent aux yeux alors que je m'accroche à Rozalia pour me relever. Puis j'avance de quelques pas, toute tremblante. De faiblesse d'abord, puis très vite de rage. Je remets ma broche en place. Cette voix qui a résonné dans ma tête n'était pas ma mère. Ma mère ne m'aurait pas parlé comme ça, elle n'aurait pas oublié que j'étais son petit ange, surtout pas pour me dire des choses que je pouvais me dire moi-même. Des choses que je suis en train de me dire, parce que j'ai entendu sa vraie voix me promettre que ça va aller. Je suis en plein territoire formien. Quelque chose ou quelqu'un a profité de ma faiblesse pour s'insinuer dans ma tête, et il a fait une grave erreur en usurpant la voix de ma mère avec son petit discours.

Une saloperie bien mégalo, tellement convaincue de sa supériorité qu'elle ne fait même pas attention. Ça va aller, mon petit ange... C'est pourtant pas compliqué, et ça aurait largement suffit. C'est tout ce dont j'aurais eu besoin pour repartir. Mais ça ne suffisait pas à une saloperie obsédée par le contrôle. C'était trop peu, trop vague, ça laissait trop de pistes. Ça ne faisait pas confiance à la gamine pour repartir toute seule. Ça n'était pas la voix de ma mère. C'était celle d'une ordure inhumaine qui est entrée dans ma tête pour violer mes souvenirs les plus précieux et intimes, et essuyer sa queue télépathique dans les ailes de mon ange à moi.

Je serre les poings et souffle longuement. Puis je me tourne vers Rozalia.

" Merci d'avoir ramené ma broche. "

Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi. Je suis loin d'être remise de tout ce que j'ai subi, mais je suis bien réveillée. Et je sens que mes pouvoirs reviennent doucement. Qui ou quoi ? Lui, Le fameux marionnettiste qui tire les ficelles de Rayka. Mastermind. Je ne sais pas pourquoi elle m'a abandonnée dans ce tunnel, mais c'était une grave erreur.

" Je suis prête. On trouve cet enfoiré, on le tue et je le réduis en cendre. "

On fera pas plus simple comme plan. Ma mère est morte, il aura intérêt à mettre le paquet pour se servir d'elle à nouveau. Trop confiant dans l'ascendant qu'il croyait avoir sur une gamine à qui sa maman manque terriblement, il a grillé son joker. Il m'a même rendue folle de rage, mais en tant qu'orpheline j'ai appris à la contenir, ma rage.

" Où est Nika ? "

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 69 dimanche 05 août 2012, 21:25:25

« Maman... »

Un délicat soupir s’échappa des lèvres de Rinako. La Celkhane émergeait progressivement du sommeil dans lequel elle était, revenant à la réalité. Rozalia la regarda silencieusement, faisant la moue, comprenant bien mieux pourquoi Nika l’avait engueulé dans le bunker... Ça semblait appartenir à une autre vie, alors que c’était tout récent. Rozalia maintint le petit corps de la magicienne entre ses bras. Elle semblait alors extrêmement fragile, extrêmement faible. L’une des mains de Redemption vint caresser sa joue.

« Ça va aller, Rinako, ça va aller... »

Le temps pressait. Rayka était en train de s’éloigner, mais Nika aussi, et l’endroit était toujours infesté de Formiens. La situation était de plus en plus critique. Heureusement, ce n’était pas dans le genre de Rozalia de paniquer, mais il fallait bien reconnaître que la situation ne se prêtait guère aux réjouissances.  Elle avait du abandonner Ghost, ce qui était une défaite pour Rozalia. Sa devise était de ne jamais abandonner personne, et, même si elle savait que la Celkhane pourrait se défendre, la savoir seule, blessée, en territoire ennemi, la terrorisait. Et puis, il y avait aussi Nika. Nika, qui était en fuite, quelque part dans les corridors... Nika, qui était envahie par un Annexien... Ça faisait beaucoup pour les épaules de Rozalia... Et elle devait aussi veiller sur Rinako. Bien qu’elle ne soit pas une Héroïne, mais une soldate celkhane, elle restait aussi une petite fille. Cet aveu qu’elle venait de faire... Ce Maman, c’était... C’était la preuve que Rinako n’était pas aussi forte qu’elle le voulait, et que sa force était sa faiblesse. Elle reposait sur sa colère, sur sa rage, mais sa rage reposait sur sa souffrance et sur sa solitude.

*Ta puissance est comme un colosse aux pieds d’argile, Rinako... En toute logique, je devrais t’assommer, et te ramener avec Ghost... Tu n’as rien à faire ici. Tu devrais être à Caelestis, à rigoler avec tes copines, à en embrasser une, à pester sur tes contrôles, à attendre la fin de soirée pour aller faire les magasin, à regarder des films idiots, mais qui te feront rire comme une baudruche...*

Oui, Rozalia aurait du la soulever. Rinako n’était pas bien lourde, et elle ne pouvait pas utiliser sa magie. Elle aurait pu l’emmener auprès de Ghost sans problème. Pourtant, elle ne le fit pas. Rinako, non seulement lui en aurait voulu à mort, mais aurait de toute manière fait tout ce qui était en son pouvoir pour revenir. Rozalia espérait juste ne pas faire une bêtise, mais elle ne voulait pas sous-estimer la Celkhane. Rinako émergeait peu à peu, cessant de délirer. Elle avait pris la broche, la triturant entre ses doigts, avant de finalement se redresser, et de marcher un peu. Rozalia en profita pour consulter l’appareil que Ghost lui avait délivré. Il n’émettait rien, et elle pesta, tandis que Rinako était prête à se remettre en chasse.

« Où est Nika ? »

Le ton était ferme, mais tranchant. Rinako allait mieux, et se forçait à paraître forte. Le résultat était plutôt convaincant. Rozalia fit la moue, et donna à Rinako quelques explications. Elle lui expliqua qu’elle s’était reçue une balle de dymérite, et qu’elle ne pouvait pas utiliser sa magie pour le moment. Les effets seraient temporaires. Rozalia dut ainsi lui expliquer qu’elle avait laissé une alliée en arrière, une autre Héroïne, une Celkhane. Il était peu probable que Rinako la connaisse.

« On n’a pas pu sauver Nika... Car elle s’était déjà sauvée toute seule. »

Rozalia lui reparla du combat contre l’Annexien, et de la blessure que Nika avait eu. L’Annexien était un adversaire particulier, dont les griffes étaient imbibées de poison.

« On n’a pas tué l’Annexien... Cette fumée noire qui s’échappait de son corps... Il est rentré dans l’esprit de Nika... Et essaie de la transformer. Elle a massacré tous ses gardes, et Ghost m’a donné cet appareil pour que je puisse la pister. »

Rozalia s’avança le long de la galerie.

« Tout ce qu’on a à faire, c’est attendre qu’un signal psychique soit émis... Je suppose que Nika doit être en train de se battre, et elle aura besoin de nous. »

Redemption avança le long de la grande galerie, et partit alors sur la gauche. Elle grimpa par un petit talus, s’engageant dans une galerie bien plus étroite, et aida Rinako à monter. De cette manière, elles auraient moins de chance de tomber sur des patrouilles tekhanes. Rozalia hésitait à encourager Rinako, à lui dire que tout irait bien. Elle avait trop peur que la Celkhane le prenne mal. Le conduit était très étroit, forçant Rozalia à avancer courbée, jusqu’à débarquer dans une grotte. Rozalia se laissa descendre, et s’avança un peu... Et l’appareil vrombit alors. Elle regarda le détecteur greffé à son poignet, et vit un petit point blanc clignoter furieusement.

« Nika ! »

Elle n’était pas très éloignée. Rozalia s’avança rapidement, traversant cette profonde grotte, jusqu’à atteindre, au bout de cinq ou dix minutes, l’emplacement où Nika était...

C’était une vaste rivière souterraine, probablement la même que celle où elles avaient auparavant affronté les fourmis géantes. Sur sa droite, il y avait une imposante cascade au loin, et, sur sa gauche, une grande rivière souterraine. L’endroit était immense, faiblement éclairé par quelques rayons de soleil.

« Nika ! s’exclama Rozalia d’une voix forte. Nika, je sais que tu es là ! Nika ! Tu as besoin de moi ! De nous ! Nika ! »

Rozalia s’avança, longeant la rivière. Elle ignorait si l’eau était profonde ou non, mais elle supposait que non. Elle fit un essai, se penchant. Le courant n’était pas rapide, il y avait donc peu de chance qu’elle soit emportée. L’eau lui arriva à mi-hauteur. Elle était froide. Redemption allait vers l’autre côté.

« Nika ! Nika ! »

La voix de Nika lui répondit alors. Elle émanait de la paroi.

« Va... Éloigne-toi, Rozalia, je... Je ne le contrôle pas... »
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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 70 samedi 11 août 2012, 03:52:25

De la dymérite. J'aurais du reconnaître, mais la douche froide que ça m'a collé ne m'a pas laissée reconnaître grand-chose. Tout n'est encore très clair dans ma tête, à vrai dire c'est un foutoir monstrueux. Et la saleté qui coule dans mes veines ne va pas aider. je retient toujours mes émotions, ou au moins je les contrôle pour ne pas me transformer en torche humaine comme au camp. Mais privée de la menace j'ai tendance à perdre de vue la nécessité de me contrôler. La dymérite me rend complètement irascible. Avec une journée pareil ce sera encore pire. La dymérite me fait l'effet d'être un lézard dont on a coupé la queue et qui glande en attendant que ça repousse. Plus de pouvoir, plus d'armes : ça y est, je suis la gamine que tout le monde voit au premier abord. J'en ai pour des heures à retrouver ma pleine puissance. Et je vais être en dents de scie.

" Et merde ! "

Ça commence. Nika est sous influence ennemie. Comme si on n'avait pas encore assez de chances de se faire buter ! En plus elle a laissé nos seuls renforts au camp, sans penser à ramasser un flingue par terre. Et je fais quoi si une bestiole arrive ? Je lui crache à la gueule ? Jusque là Rozalia s'était plutôt démarquée pour son sens tactique, mais là franchement ! Je voudrais faire les cent pas pour me calmer un peu. Impossible, je traîne des pieds jusqu'à la paroi alors que la belle brune finit de tout me raconter. C'est bien joli de vouloir retrouver Nika ! On fait quoi quand elle nous tombera dessus ? Les deux dernières expérience que j'ai avec des femmes contrôlées par l'ennemi ne m'ont pas fait bonne impression. Rayka doit être au bout des traces de chenilles qui se déroule par terre.

L'autre espèce de fourbe qui a voulu me faire éclater le crâne dans le bunker : elle est devenue quoi ? Je commence à en avoir marre. Et je préfère m'énerver que de commencer à paniquer. Il y a de quoi ! On est en territoire ennemi, cernées par les mercenaires et les Formiens, un tiers de notre effectif a retourné sa veste, on doit éliminer une super-cerveau qui peut s'inviter chez les autres n'importe quand. Sans armes, ni pouvoirs, ni la moindre putain d'idée de ce qui se passe : j'ai l'impression d'être aussi utile qu'une enclume dans le sac d'un parachutiste ! Pourtant je vais bien devoir faire avec pour éliminer le méchant et sauver toutes ces demoiselles ! Et le monde aussi, j'oubliais...

J'évite de trop l'ouvrir en suivant Rozalia pourtant j'en ai bien envie. Je me sens lourde, lente, maladroite. Je réagis à deux à l'heure. J'ai mal partout, les membres qui tremblent encore par moment en souvenir des décharges électriques. Je me traîne comme un boulet. Mais sert les dent et je m'essuie les yeux de temps en temps. Je suis crevée, je n'ai plus que la rage pour me faire avancer. Je suis allée trop loin pour reculer. Raison de plus pour réussir, et faire carton plein ! Nika me doit encore une cuite, j'ai promis à Rayka de la ramener au bercail, et je dois encore une vengeance à l'enfoiré qui a pris ma mère pour un pantin. Et que personne ne vienne me dire que je suis inconsciente ou débile : tout ce qu'on fait depuis dix heures du matin est débile et inconscient. Deux femmes pour ça ? Il aurait fallu une armée entière et la plus grosse tête nucléaire de l'arsenal de Tekhos.

Nous débouchons finalement dans une immense grotte. La rivière souterraine apporte un peu de fraîcheur, et ça fait un bien fou.

" Nika ! Nika, je sais que tu es là ! Nika ! Tu as besoin de moi ! De nous ! Nika !
- Doucement, on sait pas ce qui traîne dans le coin. "

Visiblement Rozalia ne comptais pas sur l'effet de surprise. Je reste un peu en retrait, de l'eau jusqu'à mi-cuisse. J'agite les doigts. Allez, bordel ! On se réveille ! Il faut au moins que j'arrive à sortir un peu de chaleur. Et l'autre qui beugle. On va se faire couper en tranches.

" Va... "

Je me retourne. Nika. Je ne la vois pas mais je recule vers Rozalia.

" Éloigne-toi, Rozalia, je... Je ne le contrôle pas... "

D'après ce que j'ai compris, Nika a fait un vrai carnage au camp. Et elle personne ne lui a collé de bâton dans les roues. Donc c'est tout vu : on est mortes. Enfin, au moins moi. Elle n'a prévenu que sa copine et ça m'étonnerais que j'y échappe... Ou alors celui qui la contrôle me veut aussi ? Après tout je serais une pondeuse de première pour les Formiens : ils sont peut-être capable de me faire transmettre mes pouvoirs à une progéniture. Et comme jusqu'ici la logique du pire est la meilleure. J'aurais mieux fait de me jeter de l'archipel quand j'ai appris pour mes pouvoirs. Ces trucs me gâchent la vie, qu'ils soient actifs ou pas.

" Fait chier ! "

Je me retourne vers Rozalia et lui pique sa dague. Mais je la lui rend immédiatement. Je la lui colle dans les main me tournant à nouveau pour me plaquer dos à elle, puis je guide la lame jusque sous ma gorge. Et je l'y garde.

" Depuis que je suis arrivée tout le monde en a après mon cul. "

C'est sans doute le meilleur moment pour ça. En un éclair je vois défiler tous les morts qui ont parsemé ma vie. Les corps de ma mère et de ses sœurs d'armes, sur des civières ou dans des cercueils. Je revois le Mémorial où mon corps à moi ne reposera pas car personne ne viendra le chercher ici. Les ennemis que j'ai tués, leurs agonies, leurs regards, leurs lèvres entrouvertes alors que leurs poitrines s'affaissaient pour la dernière fois. Et je me mets à trembler. J'ai peur de mourir. Je l'ai parfois démenti, souvent caché, rarement oublié. Mais maintenant, sachant ce que je pourrais faire entre les mains de l'ennemi. Maintenant que l'étau se resserre : j'ai encore plus peur de survivre.

Sans lâcher la main de Rozalia, je relève les yeux vers elle. Je serre les dents et j'essaie mais je sens bien que je ne cache pas tout. L'armée peut être une vocation, un idéal, une voie de garage, une erreur : elle reste avant tout un travail... Et en signant on sait que mourir fait partie du boulot. Je ne me voyais pas finir comme ça. Pourtant c'est le seul recours que je vois.

" Mastermind me veut vivante... Ne le laisse pas m'avoir. "

Si me supprimer est tout ce que je peux faire pour au moins le ralentir, alors il n'y a pas hésiter.

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 71 samedi 11 août 2012, 12:54:29

« Fait chier ! »

Rozalia tourna la tête, mais n’eut pas le temps de faire grand-chose que Rinako prit l’une de ses dagues, et se la planta sous la gorge, comme si elle tentait de se suicider. Redemption la regarda en fronçant les sourcils, ne comprenant pas à quoi cette dernière jouait. Était-elle tout simplement inconsciente ?

« Depuis que je suis arrivée tout le monde en a après mon cul. »

Lentement, Redemption comprit que la jeune Celkhane était moralement épuisée. Une fois qu’elles auront mis la main sur Nika, il faudra faire une pause. Rinako ne tiendrait pas longtemps comme ça. Elle commençait à comprendre que l’armée n’était pas comme dans les jeux vidéos ou les programmes de simulation. La théorie se confrontait à la pratique, et le choc était toujours violent, en laissant parfois certains sur le carreau.

« Mastermind me veut vivante... Ne le laisse pas m'avoir. »

Rozalia ne disait rien. Intervenir pouvait amener Rinako à agir pour de bon. La dague de Rozalia était assez tranchante, et l’eau la retarderait. Si elle pensait que Rinako ne faisait que du cinéma, Redemption ne voulait pour autant pas l’amener à se trancher par erreur. Elle avait le regard fixé sur la Celkhane, sur sa belle gorge et sur la lame qui la coupait en deux, prête à la trancher.

« Rinako... » murmura Rozalia, nerveuse.

L’Héroïne entendit alors du mouvement en hauteur. Levant la tête, elle comprit que Nika n’était pas loin, et semblait souffrir. L’appareil de Ghost se mit alors à vrombir dangereusement, émettant de nouvelles et fortes vibrations. Rozalia paniqua, et une nouvelle onde mentale explosa alors, au milieu d’un hurlement hystérique. L’onde de choc renversa Rozalia et Rinako, soufflant la première qui disparut dans l’eau.

*La bouche fermée, garde la bouche fermée !*

Sa tête heurta le sol, elle roula par terre. L’onde de choc avait agité cette petite rivière, et elle continua à rebondir, jusqu’à parvenir, plus par miracle qu’autre chose, à s’agripper à un rocher qui sortait du sol. Plus de peur que de mal, fort heureusement. Rozalia se redressa lentement, sonnée, et vit que Rinako ne s’était pas tranchée la gorge. Une forme apparut soudain en l’air. Nika ! Nika qui... Qui lévitait dans les airs ? Par tous les Anges ! Rozalia n’en croyait pas ses yeux. Nika semblait ailleurs, yeux clos, et son corps flottait dans les airs. Elle se rapprocha lentement de sa partenaire, et le sort sembla se rompre. Nika tomba dans l’eau, inanimée, et Rozalia la rattrapa, la soulevant.

« Nika ! Nika, putain ! »

Rozalia se dépêcha de retourner au rivage. Nika était inanimée, mais son pouls battait toujours. Elle prit sa température. Chaude. Redemption se redressa en soupirant, et aida Rinako à revenir sur la terre ferme.

« Il faudra qu’on parle, Rinako, glissa Rozalia. Mais, pour l’heure, je crois que tu ne verras aucune objection à ce qu’on se repose. »

Redemption alla s’adosser contre un rocher en soufflant lentement, et ferma les yeux. Dommage que Rinako ne soit pas encore capable d’utiliser sa magie, elle aurait pu confectionner un feu. De toute manière, se déplacer était impossible, avec Nika dans cet état. Il faudrait déjà attendre que la jeune Tekhane aille mieux. Plusieurs minutes s’écoulèrent ainsi, avant que Rozalia ne décide de rouvrir les yeux, de reprendre son souffle, lentement, et de se mettre à parler :

« Je sais que ce que je vais te dire ne va pas forcément te plaire, mais je pense que tu commences à le réaliser. Être une militaire, Rinako, ce n’est pas difficile parce qu’on affronte des ennemis, qu’on combat, qu’on souffre et qu’on se blesse. Quand on affronte quelqu’un, l’adrénaline nous permet de nous surpasser, de nous croire invincibles... Alors, partant de là, un affrontement n’est pas la chose que tu dois craindre... Mais ça, je suppose que tu le sais, non ? »

Elle parlait sur un ton calme et détendu, essayant de remettre de l’ordre dans ses pensées.  Elle leva une main pour désigner la région :

« C’est de ça, véritablement, dont tu dois réussir à passer outre. Cette absence, quand on ne sait plus quoi faire, quand on ne peut plus contacter le QG, quand une mission devient de plus en plus périlleuse, et que tu as l’impression que tu vas mourir. Dans ce genre de situations, un combat peut être même libérateur, et te redonner confiance en toi... Quoi qu’il arrive, Rinako, tu dois toujours te dire que tu t’en sortiras, tu dois t’accrocher à la moindre parcelle d’espoir, et ne laisser aucune place, même la plus infime qui soit, au doute. Tu dois être une fanatique de la vie, Rinako, et ne laisser aucun espace à la Mort. Car, dans ton métier, le doute est un lent poison, la souffrance quelque chose à exclure. Tu as choisi une voie difficile, Rinako, une voie qui implique un mental d’acier, et, quand bien même tu n’aimes pas qu’on te le dise, tu es encore assez jeune. Rassure-toi, tu te débrouilles à merveille pour ton âge... A vrai dire, je pense qu’à ta place, il y aurait longtemps que j’aurais tourné de l’œil... »

C’était un long discours, et Rozalia ignorait totalement si Rinako y sentirait des échos, ou si elle parlait dans le vide. De toute manière, puisqu’elle était lancée...

« Dis-moi ce que tu as sur le cœur, Rinako... Ce qui te chagrine au point que tu veuilles te mettre un couteau sous la gorge... J’ai besoin de savoir si je peux toujours avoir confiance en toi. Est-ce que c’est toujours le cas ? »
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Rinako Yukimitsu

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 72 samedi 11 août 2012, 18:17:27

Je reste plantée dans l'eau avec le couteau sous la gorge. Qu'elle vienne, la marionnette ! Qu'elle essaie de m'attraper ou d'attaquer Rozalia ! Même l'annexien qui tire les ficelle doit être capable de comprendre. Après tout, ses minions foncent à l'abattoir par légions entières. Ce n'est pas le même sens du sacrifice que de se poser en bouclier humains, mais il doit y avoir assez de raccords. Et soudain l'onde de choc m'envoie valdinguer dans l'eau. Je me retrouve à m'agiter sans repères sous la surface. Je bois la tasse mais je ne lâche pas l'arme. L'instinct de survie ne me laisse pas le choix. Je gesticule en cherchant un équilibre, ou au moins le haut et le bas. C'est peut-être de sentir le manche lacé de cuir entre mes doigts, mais je bataille dans la brume boueuse. Je lance mes mains et mes jambes à la recherche de la surface. De l'eau, encore de l'eau, de la caillasse au fond, puis de l'eau et... De l'air ! Mais je dois m'y reprendre quelques fois, la bouche obstinément fermée, pour enfin me rétablir.

Je retrouve l'air pour prendre une inspiration qui me brûle la gorge et les poumons. Mais comme ça fait du bien ! Puis je commence à nager pour trouver une profondeur où mes pieds touchent le fond. Le courant m'a vite embarquée à perpèt', et je dois encore me fatiguer un peu plus pour revenir. Nika a réapparu et en la voyant allongée aux pieds de Rozalia j'ai peur pendant un instant. En approchant je m'essuie les yeux, et je croise les bras. Cette flotte est gelée, et à l'air libre c'est encore pire. Je grelotte et je claque des dents. Visiblement Nika ne saigne pas, ni lame ni flèche plantée dans son corps. Elle est inconsciente.

Je viens me tasser au pied d'un gros rocher, en hochant la tête à la proposition de Rozalia. Et je soupire les yeux fermés. Cette journée de merde n'en finira-t-elle jamais ? Je crois qu'un sourire s'étire sur mon visage quand mon esprit va caresser une rêve fou : me réveiller dans mon lit. Je voudrais rouvrir les yeux pour me retrouver dans ma chambre, et voir la porte s'ouvrir au bout de quelques seconde sur le visage de ma mère. Que toutes ces années n'aient été qu'un long et affreux cauchemar, qui disparaîtrait avant le petit déjeuner. Et quand ma mère me le demanderait, moi-même je ne saurais pas pourquoi je la serre si fort dans mes petits bras avant de partir pour l'école. Pourtant je pourrais peut-être lui dire à quel point je l'aime.

Mais non. La grotte, le cauchemar, et encore une femme qui me parle comme à une gamine. Et je dois vraiment faire pitié comme ça. Une gamine qui a voulu jouer les grandes filles, qui n'a pas tenu le rythme et qui reste assise, frigorifiée. J'écoute, et je comprend parce qu'il n'y a rien de vraiment nouveau pour moi. Et j'hésite à utiliser l'arme que j'ai dans la main. Les lambeaux de rêves qui flottent encore dans ma tête, et la jeune femme bien réelle étalée sous mes yeux me disent que c'est la solution raisonnable. Au lieu de ça je me traine jusqu'à Rozalia pour me blottir contre elle, trouver un peu de chaleur pour dissiper mes frissons. Elle doit bien se rendre compte que ce n'est pas le besoin de tendresse maladif d'une gamine bouleversée, ou pas seulement. et c'est d'autant plus claire que ma voix est chevrotante, ponctuée de claquement de dents.

" Je suis gelée. "

Je laisse s'écouler un peu de temps avant de répondre, la tête posée contre l'épaule de la brune. Je les mes idées se tasser, passer au tamis pour retenir ce que je vais dire. Je ne fais pas vraiment le tri, il se fait tout seul. Si bien que quelques minutes plus tard les mots se mettent à sortir tout seuls.

" Quand j'étais petite, ma mère passait beaucoup de temps en opex. Je passais beaucoup de temps avec d'autres filles de militaires, et les enfants des réfugiées. Un jour on jouait près d'un endroit dangereux, et un garçon un peu plus petit que moi y est allé. Et je suis allée le chercher. Depuis il a autant de synthétique que d'organique dans le corps. Mais il est vivant parce que je suis allée le chercher. "

Et les mots s'enchaînent avec une évidence qui me surprend.

" J'étais déjà une soldate à l'époque, ma mère m'avait élevée comme ça. Et je n'ai pas été la première orpheline de l'archipel. Toutes mes amis vivaient avec la même peur, pas seulement pour leurs mères mais pour celle des autres. Quand l'une d'elle ne revenait pas, on se demandait toutes qui serait la prochaine. On le disait pas, mais on le pensait. À six ans. Et on parlaient déjà du jour, dans des années, où on ramènerait le corps d'une d'entre nous à ses enfants. on était des gamines, on en jouait, mais au fond de nous on savait que ça viendrait pour certaines. Je savais que ça viendrait pour moi. À quelques mois près, c'est ma mère qui aurait pu me perdre. "

Je me colle un peu plus contre la brune. Le froid passe doucement, mais il n'y a pas que ça qui me fait frissonner.

" Rayka... La commandante des mercenaires. C'est une Celkhane. Mastermind la contrôle, et elle a voulu me convaincre de la rejoindre. Elle m'a dit qu'il me voulait vivante, que je faisais partie de son plan. Elle a parlé de détruire Caelestis, et même si c'est pas sa priorité il y viendra. Et... Et je crois que... Je crois qu'il est entré dans ma tête, au moins une fois. Ce matin Recon a essayé de nous tuer, et c'était une vrai dure comme toutes les soldates de son arme. Rayka était la meilleure soldate de Caelestis quand elle a changé de camp. Et... "

Je tourne les yeux vers l'autre brune, qui est encore endormie devant nous.

" Je connais pas Nika... Mais elle non plus c'est pas une tendre... "

Je relève les yeux vers Rozalia. J'ai évidemment une larme ou deux qui coulent, mais ce n'est pas comme si j'étais en train de faire un caprice. Je suis dangereuse, mortellement dangereuse. Je l'ai su à la seconde ou les première flammes ont jailli de mes doigts. Recon, Rayka, Nika : aucune d'elle ne m'arrive à la cheville en matière de destruction aveugle. Si je devais suivre le regard d'un autre, je ferais beaucoup trop de mal. Et si j'arrivais à vivre avec, ce ne serait plus moi.

" Moi aussi je dois te faire confiance... Si on en arrive là... Jure-moi que tu ne les laisseras pas m'avoir. "

Terra Hero Team

Légion

Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 73 samedi 11 août 2012, 23:32:22

Rozalia accueillit le petit corps trempé et tremblant de Rinako Cette dernière expliqua avoir froid, et Redemption se contenta d’un léger sourire, tout en ne disant rien. Les mots viendraient tout seul, et elle se contenta de poser sa main sur le bras opposé de Rinako, de la maintenir contre elle, tandis que la Celkhane, progressivement, vint à se confier. Elle commença par lui dire qu’elle avait toujours été une soldate, et, silencieusement, Redemption nota les similitudes entre le passé de la Celkhane et le sien. Ceci la rendit étrangement triste et nostalgique, la replongeant à l’époque où elle vivait dans les forêts et écumait les villages, elle et ses Rats. Elle avait toujours été une commandante. Aujourd’hui, elle avait toujours un groupe à diriger, des rates dangereuses et puissantes, mais qui avaient besoin d’être dirigées. Rinako en vint ensuite à exposer ses craintes : que Mastermind ne parvienne à la contrôler, comme il avait contrôlé Recon et Rayka. Parler de Rayka amena Rozalia à sourciller. Elle connaissait l’histoire de cette femme... La vraie, pas la version officielle. Mais la raconter à Rinako ne serait peut-être pas la meilleure chose à faire. Elle était déprimée, épuisée, et remettre en cause sa loyauté envers Caelestis ne pourrait apporter que de mauvais choses. Parfois, la vérité devait savoir attendre.

Le regard des deux femmes finit par se croiser. Les yeux de Rinako étaient rouges, signe qu’elle était probablement sur le point de pleurer. Rozalia savait ce quelle allait lui demander, mais elle priait pour que les lèvres de la Celkhane ne formulent pas cette demande, priait pour qu’elle se contente de lui demander un câlin, quand Nika se réveillerait... Mais ce ne fut pas ça que Rinako demanda, et ce qu’elle dit fut assez douloureux à entendre !

« Moi aussi je dois te faire confiance... Si on en arrive là... Jure-moi que tu ne les laisseras pas m'avoir. »

Elle savait très bien ce que cela impliquait. Rinako était trop intelligente, trop futée, pour qu’on lui mente. Elle savait que les risques que Mastermind la contrôle étaient sérieux... Et elle se sentit responsable. Nika n’avait jamais voulu que Rinako vienne, c’était elle qui avait insisté. Sans doute s’était-elle revue en Rinako, plus jeune, invincible, vadrouillant sur les routes... Une courageuse tête brûlée que rien n’effrayait. Rozalia ferma lentement les yeux. Ses lèvres remuèrent, trahissant son désarroi, et elle soupira longuement. Quand elle les rouvrit, elle ne put empêcher ses yeux de s’embuer, et de laisser une larme couler de sa joue. Elle ne répondit pas directement à Rinako ; elle ne le pouvait pas. Ce que ça impliquait était trop pour qu’elle se permette d’y répondre d’emblée, pour qu’elle puisse le faire.

« Tu sais, Rinako, je suis une orpheline, moi aussi... Mais je n’ai même pas le moindre souvenir de mes parents... J’ai grandi dans un orphelinat affreux, où nous étions maltraités, battus, et destinés à être des esclaves pour entretenir les finances de cet orphelinat décrépi. C’est là-bas que j’ai accompli mon premier meurtre, en exécutant le directeur de l’orphelinat. Toute ma vie, j’ai eu charge d’âmes. Avant Nika et les autres, il s’agissait de vauriens, de petits gredins qui avaient à peu près ton âge. On braconnait dans les fermes, on détroussait des chariots et de petits commerces... »

Rozalia parlait lentement, les souvenirs revenant à la surface, remontant sans qu’elle ne puisse les stopper. Elle ferma à nouveau les yeux, soupirant, et secoua la tête, navrée et irritée. Elle soupira à nouveau, et regarda Rinako, puis lui fit un petit sourire mélancolique. Son pouce se posa alors sur les lèvres de Rinako, les caressant très doucement.

« Je suis bien moins forte que ce que j’en ai l’air, Rinako... Et toi, tu es bien plus forte que ce que ton joli petit corps frêle semble en dire. Mastermind en a après toi, oui, et je me demande même s’il ne nous manipule pas depuis le début... Bon sang, il y a de quoi en devenir paranoïaque... »

Sa main avait libéré les lèvres de la Celkhane.

« J’ignore quelles sont ses intentions, mais je suis convaincue que détruire Caelestis ou Tekhos n’est pas ce qui l’intéresse. Appelons ça une intuition. Je ne pourrais malheureusement pas te protéger de lui, Rinako. Pas toute seule... Je ne voulais pas le faire, mais je crois que nous n’aurons pas le choix. Je ne connais qu’une seule femme qui soit à même de pouvoir combattre Mastermind... Je serais incapable de faire ce que tu me demandes, Rinako. Si jamais tu devais tomber aux mains de l’ennemi, je ferais ce qui est en mon pouvoir pour te neutraliser, oui, mais je ne pourrais jamais aller plus loin. »

Plus elle y réfléchissait, et plus elle avait le sentiment qu’elle n’aurait pas le choix. Elles étaient initialement venues sur une intuition, intuition qui venait de se confirmer. Mastermind était là, et les ordres d’Overlord étaient, à ce sujet, très précis. Elle l’avait déjà affronté, et avait compris qu’aucune des Héroïnes ne pouvait l’affronter. Il était un télépathe hors norme, et seule Isabelle, avec sa foi inébranlable, pouvait le faire chanceler.

« Mastermind n’est pas invincible, Rinako. Il est comme tous les prédateurs. Il veut te donner l’impression qu’il est partout, et que tu ne pourras rien faire contre lui, mais tu dois garder foi en toi et tes capacités. En toi, en ton identité, et en ce que tu es. Car il explorera toutes tes failles pour parvenir à ses fins. Rayka était un coup facile. Après ce qu’elle a vécu, elle voue une haine éternelle à Caelestis. Et, de toute manière, je pense que je vais aller prévenir Isabelle. C’est... »

Rozalia ne put terminer, car elle entendit Nika tousser. Elle tourna la tête, et vit cette dernière entreprendre, lentement de se redresser. Elle se retourna, s’appuyant sur ses avant-bras, et éternua à nouveau.

« Arff... Putain de bordel de merde ! » lâcha-t-elle.

Elle avait l’air d’aller mieux.
DC d’Alice Korvander.

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Re : Until The Last Back (Terra Hero Team)

Réponse 74 jeudi 16 août 2012, 18:32:30

Disons que l'avenir est réjouissant. Je suis au bout du rouleau mais c'est pas le moment de douter, bien sûr. Comme si j'étais pas une bombe atomique désarmée que Mastermind n'a qu'à se pencher pour ramasser. Je suis une militaire professionnelle et une arme de destruction massive vivante : je n'ai pas le droit de tomber aux mains de l'ennemi, quelque soient ses intentions. Ça aussi on nous l'apprend, et on nous y prépare. Certaines d'entre nous sont trop dangereuses pour se faire capturer, il faut bien un moyen de protéger les autres quand on devient une menace. Je ne garde pas un pistolet que pour les cas où mes pouvoirs ne seraient pas suffisants. Mais je ne l'ai plus. Si on en arrive là je devrais trouver un autre moyen.

Si on en arrive là, je ne peux pas écarter cette option. On en a toutes trop pris dans les dents. Mon corps est harassé, perclus de douleur et empoisonné à la dymérite. Je me traîne à peine au bon rythme à force d'acharnement. Je suis tout simplement un boulet. Jusque là j'ai été utile, ça je ne dis pas. Mais depuis l'Annexien je suis un poids mort et ça ne fait qu'empirer. Ça n'a rien d'extraordinaire vu la journée qu'on a eu. Alors la drogue, les coups, l'obsidienne, les décharges électriques, ma crise de fureur et la dymérite en point d'orgue : je ne suis plus en état de les aider. En fait sur le coup je ne suis plus en état d'aider qui que ce soit. En plus Rozalia ne m'a pas remonté le moral en me racontant sa vie. Je devrais la laisser continuer sans moi et rebrousser chemin pour trouver une patrouille tekhane. En plus elle va appeler du renfort qui sera utile contre Mastermind.

" Arff... Putain de bordel de merde ! "

J'imagine que ce réveil est plutôt bon signe, mais ça ne suffit pas à me faire sourire. Je me décolle de Rozalia pour m'adosser au rocher, toujours assise. La fine équipe qu'on forme : une meneuse qui s'effondre, une tueuse contaminée par un Annexien, et un gamine fatiguée. je ne suis pas du genre à reculer, mais ça commence à faire beaucoup. Être une magicienne sans pouvoir me flingue le morale pourtant je n'ai pas que cette corde à mon arc.

Je tourne la tête vers Rozalia et je lui donne une tape mollassonne sur la cuisse pour attirer son attention.

" Dit à ta copine d'apporter une arme pour moi. "

Mon regard repart puis reviens comme je pense à quelque chose.

" Et un petit truc à manger. "

Puis je commence à frictionner les cuisses en regardant Nika émerger. J'ai encore froid mais ça passe, en revanche je commence à m'engourdir. Je dois réveiller tout ça. Et tant que j'y suis, j'arrive un tirer un petit sourire pour Nika.

" J'étais sûre que t'attendrais la fin de la séquence émotion pour te réveiller. "


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