Le petit personnage était un peu étrange et il venait apparemment de donner un papier à une jeune femme, le visage fermé. Louane n'avait pas l'intention de l'interroger à ce sujet, ça ne la regardait pas du tout. Lorsqu'elle se rassied, il soupira puis se remit à sourire. D'humeur boudeuse, elle ne le regarda même pas, sourcil froncé, croisant les bras pour ne plus prononcer un mot. Elle s'attendait ) ce qu'il lui dise quelque chose mais Musica, enfin de retour, l’interrompit d'une claque derrière la tête. Difficile de savoir s'ils s'appréciaient vraiment ces deux là. Le petit homme se contentait sans doute de se montrer respectueux envers le Dieu mais rien de plus. La kitsune, elle, regardait ailleurs, tirant toujours la gueule. Elle du cependant finir par le regarder et lui porter un minimum d'attention puisqu'il lui prit les mains pour s'adresser à elle. Inutile de dire qu'elle avait toujours un regard froid et agacé. Elle se fichait bien qu'il le laisse en plan pour régler ses petites affaires. C'était son droit après tout. Mais pas ici, pas à cet endroit ! Louane ne connaissait que trop bien ces tavernes et ces auberges bourrés de types louches et de marchands d'esclaves prêt à sauter sur la moindre occasion. D'ailleurs, Musica l'avait très bien compris. Lui, un esclavagiste ? Elle avoua que cette idée lui avait ta traversé l'esprit mais elle l'avait bien vite repoussé. Un marchand d'esclave ou un esclavagiste quelconque n'achète pas deux robes et deux sacs à main à sa marchandise, hein ? Bref. Il se voulut rassurant mais elle ne se relâcha pas pour autant. Il interpela une serveuse hybride, tout comme elle, pour commander à manger. Bonne idée. Ça l'aiderait peut-être à être de meilleure humeur. Elle s'échappa des mains de l'homme et retourna bouder un peu contre son mur. De toute manière lui faire la morale ou se mettre en colère contre lui en public ne pouvait lui apporter que des ennuis. Elle préférait éviter qu'il ne ressorte son pendentif magique pour essayer de la tuer.
Musica se décida alors à lui expliquer ce qu'il était exactement et quel était son but. Alors seulement elle tendit l'oreille et se concentra un peu plus. C'était pas trop tôt. Suivre un inconnu c'était pas dans ses habitudes. Alors comme ça, il était un Dieu, mais seulement un Dieu en devenir. Ah ! C'était pas pareil, hein ! Enfin bon ça ne changeait pas grand chose pour elle au final. Une malédiction en plus ? Oh bah le voilà gâté avec ça ! Et en gros, il cherchait des fidèles, des alliés. Et qu'il passait le plus clair de son temps sur terre au lycée pour ne pas s'ennuyer. Est-ce qu'elle y était déjà allé ? Louane soupira.
- La dernière fois que j'ai mis les pieds sur terre on m'a prit pour une mendiante et on m'a envoyer voir ailleurs en me regardant comme si j'étais une bouse au milieu d'un champ de coquelicots ! Pourtant j'avais prit soin de cacher mes oreilles et ma queue. Haaaaan et dire que je vais devoir porter un bonnet et un manteau long à longueur de temps même en plein été ! Toi qui est un Dieu, même en devenir, t'aurais pas une formule magique pour arranger ça ?
Histoire de te rendre utile. Ça elle préféra pas l'ajouter parce qu'il risquait de le prendre mal encore. Et c'était pas son intention. Enfin, la nourriture arriva. Louane retrouva immédiatement son sourire et son regard brillant. A peine les plat disposé et la serveuse partie, elle se jeta sur son plat, affamée. Pour la demoiselle, il y avait deux choses essentielles dans la vie. Survivre et manger. Dormir venait en suivant. Quoi ? Chacun ses priorités. Pour Musica c'était de devenir un Dieu et elle d'avoir de quoi se payer un lit et de la pitance. Au bout d'un moment, après avoir prit une gorgée d'eau elle lança :
- Désolée de m'être montrée un peu agacée tout à l'heure mais faut me comprendre. Tout mes compagnons d'orphelinat avec qui j'ai grandit se sont fait embarquer par des esclavagistes. Je devais avoir une bonne étoile parce que moi, la veille, j'avais quitté l'établissement pour me débrouiller seule et retrouver mon père. Sinon à l'heure qu'il est, Dieu sait ce qu'on serait en train de me faire subir !
Elle eut un frisson de dégoût. S'il y avait bien une chose qui la terrorisait c'était ça. Elle ne voulait pas finir comme ça, et penser à ses compagnons d'enfance était très douloureux pour elle. Elle avait l’impression, en quelque sorte, de les avoir abandonné.