Le printemps... Dans la ville comme dans les boisés parsemant les alentours de la grande muraille c’était la saison des amours, et les habitants autant de la forêt que de Nexus semblaient s’en donner à cœur joie, ces derniers étant plus bruyants que les animaux. Dans ce moment de l’année, beaucoup de gens célibataires venaient me voir, me demandant de louer mes esclaves… La majorité des hommes étaient trop pauvres pour se permettre une de mes esclaves, alors ils venaient quémander ma clémence, pour une location, seulement durant le temps qu’ils se vident un peu et me rapportent ma marchandise. Mais voilà, la location ferait diminuer, de beaucoup, la valeur de mes produits et ça c’est loin d’être ce que je veux. Donc, à chaque printemps, j’engage quelqu’un pour tenir ma boutique, lui demandant de sortir à grands coups de pieds les gens qui viennent pour une location.
J’étais en dehors de la ville, dans une des forêts avoisinantes. Le printemps étant comme une petite pause pour moi, je me permettais de rester plus loin de mon domaine et ainsi pouvoir prendre du temps libre pour chasser. La chasse au cerf Terrannide, qui était plus petit et plus rapide que la race se retrouvant sur Terre, était mon hobby préféré, j’adorais chasser ces petites bêtes, il fallait dire aussi que son goût était ce qu’il y avait de meilleur!
Patron, je ne comprends pas pourquoi vous tenez tant à chasser cette bête, il y en a du frais au marché!
Ça me permet de relaxer un peu, de changer mes idées… Maintenant, vous trois, plus un son!
Les trois hommes me suivaient, pas à pas, sans faire aucun son; ils étaient plus doués que moi pour la chasse, mais ils n’étaient là que pour transporter les carcasses de ce que j’allais tuer. Soudain, une odeur nous vint aux narines; un cerf venait tout juste de marquer son territoire. C’était, en théorie, fait pour attirer les femelles à lui, les cerfs se servant de cette technique d’accouplement, mais quelque chose me disait qu’il ne s’attendait pas à voir des prédateurs arriver. Quelques minutes de marche, et nous vîmes le cerf, quelques mètres plus bas, broutant l’herbe d’une rivière qui s’était asséchée, ne laissant qu’un filet d’eau sinuer entre les pierres.
M’assurant que l’arbre, qui servait autre fois de pont entre l’une et l’autre des rives ne cède sous mon pas, je marchai en silence sur ce perchoir naturel, une flèche en joue dans la machine qu’était l’arc. Prenant en compte la distance et le vent, avec un tel appareil, une brise peut facilement faire échouer un tir, contrairement à un pistolet où je n’aurais qu’à tirer en plein centre du corps pour qu’il s’effondre. Mais voilà, c’était un arc que j’avais entre les mains, et non mon Desert Eagle, je devais donc compenser. Un « crac » se fit entendre alors que je décochai ma flèche. Le bruit avait été si infime que le cerf ne s’en était pas rendu compte, mais la flèche qui avait atterri à quelques mètres, dans une racine, ne lui échappa pas, et l’animal détala comme un lièvre. L’arbre était tellement vieux et empli d’humidité que le bois avait cédé sous le pois de mon pied gauche, ce qui avait fait perdre la précision du tir. Retournant sur la rive tranquillement, m’attendant à ce que d’autres parties de l’arbre ne cède, je fis signe à mes hommes de descendre où le cerf se trouvait.
Il nous fallut encore deux heures de pistage pour retrouver un autre cerf, ou était-ce le même? Peu importe. M’assurant que cette fois rien ne m’empêcherait de mettre la main sur ce cerf, je mis une flèche dans l’arc, le bandai et tirai. Le pauvre n’eut aucune chance, elle alla se loger droit dans la gorge du pauvre animal. Courant, le corps penché pour ne pas me faire repérer par un prédateur quelconque, j’arrivai à coté du corps du cerf mourant, qui lâchait des plaintes. Sans perdre une seconde, je sortis mon couteau avant de le plonger dans les muscles du cou, achevant ainsi la bête.
Transportez-le sur vos épaules, on va voir s’il y en a d’autres. Je pr…
Un nouveau craquement retentit, mais cette fois ce n’était pas nous. Une branche sèche qui était accrochée à un arbre, à plusieurs mètres du sol, pendouillait mollement. Mais je n’eus pas le temps de la voir, je me retournai en tirant une flèche, en direction du bruit. Un écureuil, mort transpercé d’une flèche dans le ventre, retomba lourdement sur le sol. Retournant chercher ma flèche, je continuai à regarder dans les airs, l’arc en joue et prêt à tirer.
Ce n’est qu’un écureuil, patron. Je ne crois pas que4 vous devriez chercher autre chose.
Un écureuil est trop léger sur pattes pour briser une branche, c’est surement autre chose… Messieurs, en chasse.