Je suis le Vagabond Solitaire.De tous temps, des légendes parlaient de gens comme moi. L'Histoire regorgent de célébrissimes pèlerins qui arpentaient les routes pour prêcher une parole divine, une philosophie, ou transportant dans sa besace nombre d'histoires dont il régalait oralement les curieux qui, parfois, osaient s'aventurer autour du feu qu'il avait dressé à l'entrée d'un village, et de la même façon il remerciait ceux qui lui offraient un toit et un peu de nourriture.
Moi aussi, j'ai des histoires à raconter, mais je n'en vis pas. Si je marche inlassablement, défiant les éléments, le temps, l'espace, les obstacles et les règles, c'est par choix et non par contrainte. Je mange et m'habille de ce que je trouve ou de ce que l'on me donne.
Je ne suis pas un redresseur de tort, pas plus qu'un brigand errant. J'arrive toujours au moment où l'on a besoin de moi. Je ne rechigne jamais à donner mon aide. Sachez me convaincre et je vous prêterais volontiers mon bras, mon arme ou ma tête.
Oh, ma tête... Elle est si banale que peu de gens se souviennent réellement à quoi je ressemble. Portant toujours de quoi me protéger de la poussière des chemins, comme un épais foulard sur la partie inférieure du visage, et parfois des lunettes, il est difficile de m'identifier en me voyant simplement passer dans la rue. De plus, contre la rigueur du soleil et de la pluie, mon crâne se voit souvent couvert par un chapeau à larges bords, une capuche ample de tissu ou quoi que ce soit qui me tombe sous la main et me convienne.
Pour mon corps, je reste fidèle à mon manteau de cuir, pris sur le cadavre d'un chasseur de prime alors même que je n'étais qu'adolescent. Ayant perdu mon père quelques heures plus tôt alors même qu'il faisait, selon ses mots, « une nouvelle tentative pour sauver l'humanité », j'étais maintenant sans foyer et sans but. Aussi, porter l'oripeau d'un homme qui vécut pour tuer, qui allait et venait au gré de ses contrats, me semblait un symbole assez parlant.
La rumeur me décrit brun clair, ou blond foncé – rien n'est sûr. Elle me dit plutôt grand, avec une certaine carrure. Elle parle parfois de cicatrices, de balafres. J'ai même entendu une fois sur mon compte qu'il me manquait un œil ! Je souris peu, parce que peu de situations m'en donnent l'occasion. Je ne suis pas un rabat-joie pour autant. J'aime m'amuser comme tout un chacun.
Là où tout le monde s'accorde, c'est que je suis mal rasé, mal coiffé, que j'ai peu de manières, une politesse courtoise et rien d'autre.
En dessous de mon manteau ? Peu m'importe. Vêtements communs, costumes riches, combinaisons de travail. Là encore, je me sers sur ce que je trouve, sur mes envies du moment, sur les personnes que je tue, parfois. Je subsiste ainsi.
Sans doute cela vient de mon enfance. Avant la fuite de mon père, et donc de la mienne, nous vivions cloîtré dans une prison idyllique, un paradis souterrain où ne nous rendions pas compte du manque de liberté que nous avions. Certains pensaient même qu'en-dehors, il n'y avait plus rien. Que nous étions ce qui restait de l'espèce.
Et le paternel est sorti. Je n'ai pas eu le choix, je l'ai suivi, car les autorités menaçaient ma vie en pensant que je pourrais, peut-être, savoir où il était parti. J'ai fuit. J'ai passé trois semaines dans un monde des plus hostiles, devant tout apprendre de ce qui m'entourait. Au bout de ce périple, je l'ai retrouvé, lui. Il m'apprit toute sa vie : Scientifique, dévoué à une cause que beaucoup trouvaient absurde et utopique. Je me mis en tête de l'aider. Le lendemain-même, on l'assassina pour entraver son action.
Je n'ai jamais connu ma mère, et je n'avais plus mon père. J'avais quitté l'endroit où j'avais grandi, où étaient tout mes amis. Que vouliez-vous que je fasse ? Je suis parti. J'ai emprunté la première route qui venait sur un coup de tête. Depuis, je ne regrette rien.
La vie m'a appris bien des choses. La liberté, par exemple. Je n'obéis à aucune règle. Je fais ce que je veux, quand je veux. Si quelqu'un veut me brider, je l'élimine. Si je dois mourir pour cela, tant pis.
J'ai, à mon bras, un appareil que je dissimule souvent. Si bien qu'il fait aussi partie de ma légende. C'est une technologie supérieure à tout ce que vous pourriez espérer voir. Cet énorme bracelet était pesant, au début, et depuis, il fait partie intégrante de mon corps. D'abord, il mesure, en temps réel, l'ensemble de mes fonctions vitales. Il enregistre absolument tout ce que je dis, et où je vais. Ce sont les fonctions de base, celles qui n'ont rien d'exceptionnelles... Mais il y a plus poussé encore : La machine m'avertit quand il repère une menace. Si quelqu'un m'en veut, si quelqu'un est méfiant, voire si quelqu'un en veut à ma vie, la machine le détectera. A moi de faire la part des choses.
Il a nombre d'autres fonctionnalités. Il peut être plongé sous l'eau, résiste au feu, au froid extrême, et même aux explosions. Il stocke les données que je veux y mettre. Et, pour couronner le tout : Il a des tas de musiques stockées.
Mais ce n'est pas sa fonction principale. Étant implanté à moi depuis ma plus tendre enfance, l'engin connaît mon ADN par cœur... Et sait comment le modifier. Il lui suffit de quelques heures pour me transformer complètement, de la tête au pied. Chevelure, forme du visage, taille, poids, sexe même, couleur de peau. La seule limite étant le logiciel implanté, qui ne permet que quelques variation. Je ne désespère pas trouver quelqu'un qui aurait un upgrade du soft de ma machine... et repousser ses limites.
Je suis le Vagabond Solitaire. J'espère vous croiser sur ma route.