Easy lover / She'll get a hold on you believe it
La musique défilait dans ses Oreilles, par le biais de ses écouteurs, alors que Kate faisait ses courses. Elle ressortait du supermarché, et continuait ses courses, en se rendant dans un endroit un peu différent : un agréable sex shop dans les abords de la Toussaint. Il faisait jour, et, si le quartier de la Toussaint n’était pas recommandé pour les belles femmes seules, le jour, il y avait peu de risques, surtout dans certaines parties du quartier. Ce sex shop s’inscrivait avec d’autres commerces et boutiques, tel un cinéma, dans la volonté de la municipalité de redynamiser le quartier, de lutter contre le taux de chômage indécent, et de reconstruire toute cette zone urbaine désolée, qui se ghettoïsait de plus en plus. On pouvait louer les efforts de la collectivité, et, de plus, les articles n’étaient pas particulièrement chers... Du moins, par rapport à d’autres boutiques.
*Non pas que je sois particulièrement pauvre, bien sûr, mais je ne tiens pas à ce que Barbara me sermonne de dépenser notre argent dans des culottes en cuir...*
La belle rousse était en train de chercher une tenue en cuir qui pourrait bien lui aller. Dans ses oreilles, Phil Collins et Philip Bailey chantaient en duo sur toute la difficulté qu’il y avait à rompre d’une femme qu’un homme aimait terriblement, mais sans pouvoir la changer. Toute une histoire. Kate s’en souciait personnellement assez peu, mais elle aimait bien la voix de Phil. Elle était en train de choisir une tenue pour une soirée spéciale qu’elle prévoyait dans un club. Une soirée sadomasochiste. Elle se voyait bien y inviter Stéphanie. Ce serait bien son style, après tout.
Elle y songeait, et remarqua alors une jeune adolescente. Surprise, Kate en oublia un peu les combinaisons en cuir, et regarda l’adolescente. En soi, il n’y avait rien de curieux à ce qu’une ado soit dans un sex shop, mais quelque chose avait attiré l’attention de Kate. Elle tenait à la main un curieux gode, étonnant un peu la jeune femme. Lesbienne convaincue, elle n’avait jamais compris comment les femmes pouvaient éprouver du plaisir en s’enfonçant un truc en plastique dans le corps. Kate préférait sentir les doigts fins et délicats d’une femme, c’était tellement mieux ! M’enfin, ça n’avait rien à voir avec la situation actuelle, et elle se corrigea. Il y avait quelque chose qui l’étonnait chez cette fille. Le fait qu’elle semblait nerveuse, qu’elle regardait furtivement autour d’elle, qu’elle donnait l’impression d’être... D’être suivie, d’éviter les vendeuses, de soigneusement veiller à ne pas se faire remarquer. Elle prit plusieurs sous-vêtements (les plus onéreux), et fila en cabine d’essayage. Kate se força à observer les plus proches articles disponibles, à savoir des vêtements très courts, quand l’adolescente finit par ressortir... Sans aucun des articles qu’elle avait pris ! Kate la laissa s’éloigner un peu, puis jeta un coup d’œil dans la cabine d’essayage... Où elle constata qu’il n’y avait rien !
*On a pas de quoi payer, ma jolie ? Hum...*
Voler un string, un soutien-gorge, et un gode Frankenstein, ce n’était pas, en soi, un crime particulièrement grave, mais ça restait une infraction. Kate hésita sur la conduite à tenir. Dans sa voiture, elle avait son costume. Il fallait toujours l’emmener, peu importe les circonstances ; Barbara était pointilleuse là-dessus. Tandis que la jeune fille sortait, Kate réfléchit donc. C’était une fille assez mignonne, et, comme on dit, quand on commence à voler petit, on prend progressivement de l’assurance... Et Kate était parfois assez vieux jeu, surtout envers l’éducation.
*En théorie, je devrais laisser couler, mais... Pourquoi ne pas lui donner une bonne leçon ?*
Cette idée la fit sourire, d’autant plus que la fille était belle, et qu’elle avait visiblement besoin d’en savoir un peu plus sur le sexe ; Kate n’était nullement objective là-dedans, puisqu’elle était lesbienne, et n’éprouvait aucun plaisir avec les hommes. A dire vrai, la dernière fois qu’elle avait couché avec un homme, elle avait vomi sur lui, ce qui, non seulement avait profondément découragé l’homme, mais aussi convaincu Kate de ne rester qu’avec des femmes. Elle sortit sans rien acheter, et fila dans sa voiture, puis démarra, retrouvant rapidement la jeune fille. Elle s’engagea dans une rue, et fila sur un parking, puis arrêta là le véhicule.
Sans trop traîner, Kate sortit, et enfila son costume. Il était inhabituel qu’une chauve-souris sorte en plein jour, mais, parfois, il y avait des exceptions... Utilisant son Bat-grappin, Kate alla se loger sur un toit, et s’accroupit, observant l’adolescente. Elle s’engageait dans des rues désertes et silencieuses, assez dangereuses, Kate la suivant de près. Finalement, Batgirl se décida à intervenir, alors que la jeune fille était dans une ruelle où de la fumée s’échappait d’une grille d’égout. Elle se laissa tomber, et atterrit juste derrière la jeune fille. Elle posa ses mains sur ses épaules, et parla rapidement :
« Voler, c’est mal, petite colombe, glissa-t-elle. On commence toujours petit, avant d’avoir les yeux plus gros que le ventre. »