Estelle gardait les yeux grands ouverts. Elle était en mouvement, bien sûr, puisqu’une immobilité permanente n’aurait fait qu’attiré les soupçons sur elle davantage. Son souffle était cependant calme et régulier, malgré l’ambiance à la fois macabre et festive qui règnait dans cette pièce immense. Tous ces gens déguisés étaient des plus curieux... Des « vampires », disait-on. Ridicule! Estelle ne croyait plus au vampire depuis déjà très longtemps! Mais alors, comment avait-elle fait pour se retrouver ici? Pour comprendre, reculons légèrement dans le temps...
Quelques heures plus tôt, Estelle vagabondait ça et là dans des régions de la ville plus ou moins fréquentées. Qu’importe le danger, elle savait se défendre toute seule, après tout! Elle ne craignait pas les loups, ni les bandits des bois. Elle se prenait pour une héroine de roman. Ce genre de roman fantastique qui ne laissait de place à l’échec et dont l’auteur ne permettait pas la moindre blessure sur le personnage principal. Dans ces pensées curieuse, Estelle Létrange se sentait confiante. Elle avait aboutti dans un quartier situé près de la sortie de la ville, et avait surpris une étrange conversation. Un truc se préparait. Un truc spécial, disait-on. Quelque part, dans une demeure éloignée, il y aurait une fête ou un truc comme ça. Ce n’était pas sûr, c’était des rumeurs, mais Estelle était une insatiable curieuse, et elle décida de tendre l’oreille davantage alors que ces messieurs et dames discutait sur une terasse. L’évènement aurait lieu au manoir, à l’extérieur de la ville. Une fête? Dans un manoir? On disait que le propriétaire était louche... Bah...peu importe! Estelle pensait qu’il s’agissait d’une occasion parfaite pour s’inviter, s’empiffrer et peut-être même mettre la main sur quelques objets de valeur! Elle était donc partie en suivant les indications d’un passant, qui avait également tenté de la dissuader de cette idée.
Que craignait-elle, après tout? la route fut plus longue qu’elle ne l’aurait pensé, elle qui détestait marcher! Mais après un peu plus d’une heure, car elle avait trainé les pieds, elle apperçut au loin cette fameuse demeure. Comment allait-elle entrer? Mmmh... La jeune fille se fit alors discrète et contourna une partie de la grande demeure jusqu’à une fenêtre ouverte ou reposait une tarte. Pourquoi des aliments? Les vampires ne buvaient-ils pas simplement du sang? Amusée, elle y alla avec la « logique », pensant alors que les humains qui leur servaient de nourriture avaient besoin de s’alimenter pour avoir un sang de qualité. C’était bête, comme idée. Estelle regarda par la fenêtre de la cuisine, puis se débarassa de la tarte en la cachant dans son estomac. Elle s’assura qu’il n’y avait personne dans la pièce pour se glisser à l’intérieur du manoir. Elle frotta ses vêtments poussiéreux et, au même moment, une jeune fille entra dans la cuisine, un bol de punch dans les bras. Elle sursauta en voyant Estelle, renversa le bol, fit demi-tour dans son état de frayeur, mais glissa dans le punch et tomba au sol, se cognant durement la tête.
Estelle crut qu’elle était morte, mais elle s’était tout simplement évanouie. Décidée à passée inaperçue, elle troqua ses vêtements et mit la petite robe de servante de la jeune fille, qui faisait sa taille. Elle cachait le corps de l’évanouie sous une table drapée d’une nappe rouge et sortie, le blanc de sa robe légèrement tachée de punch rouge.
C’est ainsi qu’elle se retrouva au milieu de tout ces autres humains, les yeux écarquillés devant la scène qui s’offrait à elle. De vrais vampires... partout! Partout! Ils buvaient au poignets de leur fontaine vivante, comme des bourgeois. Réalisant qu’elle était dans le pétrin le plus total, Estelle tâcha de passer inaperçue, se glissant facilement derrière d’énormes vases aux plantes exotiques, contre un mur et dans un coin de la grande salle. Elle avait peur, elle ne se le cacherait pas, maintenant qu’elle savait qu’il s’agissait de réels buveurs de sang.
Quand la voix d’un homme retentit, racontant qu’il y avait un imposteur, elle pensa qu’il parlait d’elle. De qui d’autre, sinon? Elle ne voulait pas rester là, il fallait qu’elle s’en aille par où elle était arrivée. Doucement, et prenant l’air le moins louche possible, elle se faufila parmis les autres humains et se dirigea vers la cuisine. Malheur! D’autres venaient de découvrir la jeune évouie sous la table! Changement de plan... Elle se cacherait dans le manoir même! La jeune fille voulu se faufiler vers les escaliers, et une main lui attrapa le poignet. Elle hoqueta de surprise, tourna la tête vers l’individu et un long frisson parcouru son échine. Quand il la relâcha, elle prit ses jambes à son cou, montant les marche à quatre pattes et se sauva à toute vitesse dans un couloir.
- Putain putain putain putain putain! ne cessait-elle de jurer.
Elle prit d’autres couloirs, et d’autres encore, voulant perdre quiconque tenterait de la suivre. Elle voulut ouvrir des portes, mais certaines étaient vérouiller. Elle finit par descendre un escalier, retournant sur l’étage du bas, mais pas dans la même salle, bien sûr. Elle prit un escalier qui la mena dans un sous-sol. Elle ouvrit la porte et tout était noir. Derrière elle, elle ferma la porte et descendit d’autre petites marches, la main sur la rampes, jusqu’à ce que ses yeux puissent voir dans l’obscurité. Une cave à vin, constata-t-elle. Ou un sellier, si elle se souvenait du mot approprié.
Elle erra dans cet endroit sans un bruit, le souffle court, et regarda les énormes tonneaux emboités là.
Plouc!
Elle mit le pied dans une flaque écarlate. Du vin, vit-elle. Du moins, elle pria pour que ce soit bien du vin, dans ces tonneaux! Elle se dirigea au fond de la salle vers une petite fenêtre qui était en hauteur. Elle ne pouvait pas l’atteindre... Elle attrapa donc l’un des plus petits tonneau et le fit rouler jusque sous la fenêtre. Prenant pied dessus, elle grimpa et voulut ouvrir la fenêtre. Un verrou! Merde!
Qu’allait-elle faire, maintenant?