L'ignorance n'excuse pas la naïveté [Hyenda]

Après-midi classique au lycée de Seikusu. Il faisait chaud, le soleil tapait fort, les élèves s’ennuyaient dans les salles de cours, et ceux qui avaient la chance de ne pas y être flânaient dans les cours du lycée. Le lycée de Seikusu présentait cet avantage d’être relativement grand, et de proposer des espèces de carrés de verdures dans les coins, où les élèves pouvaient se reposer près des bancs. C’était ici qu’on pouvait trouver Mélinda. La redoutable petite vampire avait normalement un cours de mathématiques de deux heures à suivre, mais la vampire ne comptait nullement le suivre. Elle avait toujours eu horreur des mathématiques, et préférait plutôt passer l’après-midi avec plusieurs de ses « amis ». Le terme d’esclaves semblait plutôt judicieux. Assise sur un banc, elle avait à ses pieds, allongée dans l’herbe, deux femmes qui lui caressaient d’une main ses jambes, tandis que d’autres se comptaient de profiter le soleil, écoutant de la musique dans des écouteurs.

« On devrait quitter le lycée et aller en ville », proposa la fille assise à côté de Mélinda, qui lui caressait le ventre.

Cette fille s’appelait Clara, et elle était du genre à vouloir fuir les cours le plus vite possible. Mélinda sourit en la regardant. Écoutant son inspiration, Clara l’embrassa tendrement, et Mélinda se laissa faire, ses mains posées sur le dossier du banc. L’une alla se déplacer pour caresser Clara dans le dos, poussant un peu dessus. La tête de Clara alla alors se poser sur les jambes de Mélinda, qui lui caressa son joli visage avec ses longs ongles pointus.

« Et pour faire quoi ? Retourner à la borne d’arcade ? Les clubs de strip-tease sont fermés à cette heure, et les intellos que tu adores martyriser sont en cours…
 -  A t’entendre, j’ai l’impression d’être une fille dépravée…
 -  Parce que ce ne serait pas le cas ? » répliqua Mélinda en souriant.

Clara lui mordilla un doigt pour la venger, et Mélinda redressa la tête en arrière. Vu sous cet angle, elle avait l’air de ressembler à une espèce de dirigeante, mais c’était bien ce qu’elle était, après tout. Elle ferma les yeux, profitant de la chaleur sur son corps. Même pour un vampire, c’était agréable !

Hyenda n'avait pas cours, libre de faire ce qu'il voulait prendant cette heure de permanence, il ne resta pas à la bibilothèque comme il aimait à le faire souvent, mais décidait, pour son premier jour de se rendre davantage sociable !
 
Ainsi, il flanait à travers les couloirs, sans vraiment savoir où aller, il ne croisait pas grand monde. Les fenêtres du lycée laissaient passer un soleil chaleureux et qui invitait à la détente.

"Vu ce temps, que j'en profite pour aller dehors, que ce ne soit pas du temps de perdu, pensa-t-il"

Ce qu'il fit, ou du moins tenta de faire, ces couloirs n'avaient pas beaucoup de pitié pour un nouveau, ils avaient l'air de tous se ressembler ! Toutefois, au hasard, Hyenda finit par arriver, sans trop savoir comment, à l'air libre.

"Et bien, que de surprises dans ce lycée, entre une directrice plutôt charmante, des élèves toutes plus belles que les autres, des espaces verts attirants également !"

Et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit, sur un des bancs, trois élèves, dont deux qui s'embrassaient ! Il entendit le mot strip-tease ensuite, et vit l'une des filles mordiller le doigt d'une deuxième...

Cette deuxième lui semblait bizarre... Même si elle portait la tenue des lycées, elle ne semblait pas d'ici, dans son comportement envoutant, sa nature, elle avait une aura, une présence qu'il ressentait jusqu'ici, l'espace autour de lui semblait se réduire à la vue d'une personne aussi intimidante.

La jeune fille fit finalement attention à lui, son regard croisa le sien. Et quel regard...

« J’ai soif », lâcha Mélinda.

Suite à cet ordre, Clara tendit une main pour récupérer son sac à dos, qui traînait négligemment sur le sol, et l’ouvrit, sortant une bouteille d’eau fraîche, afin de la tendre à Mélinda. Sans la remercier, Mélinda prit la bouteille d’eau, et s’abreuva la gorge. Si c’était bon, l’eau, dans ces circonstances ! Elle but plusieurs gorgées, et remarqua alors quelqu’un qui les observait. Ce n’était pas un surveillant, c’était déjà ça… Même maintenant, après avoir passé des mois avec Mélinda, on trouvait toujours des pions suffisamment ahuris pour venir dire à Mélinda ce qu’elle devait faire, surtout quand elle séchait obstinément les cours. Celui-là avait l’air d’être un lycéen… Ahuri, indéniablement, elle le regarda en fronçant les sourcils, résistant à l’envie de lui lancer une saillie mordante… Ce gars ne lui disait rien. Elle regarda Clara, qui avait fermé les yeux, essayant visiblement de dormir sur les confortables jambes de sa Maîtresse, quand cette dernière se rappela à elle.

« C’est qui, ce type ? »

Clara, qui savait toujours tout des derniers potins, ouvrit un œil, avant de tourner sa tête, pour voir l’homme, et haussa les épaules.

« Un nouveau… Hayden, je crois, ou quelque chose comme ça. Tu es sûre de vouloir passer ton après-midi ici ?
 -  Je réfléchis, Clara, je réfléchis…
 -  Mais on se fait chier ! protesta-t-elle. De mon humble point de vue, on serait bien mieux… A l’école élémentaire !
 -  Ah oui ?
 -  On pourrait les racketter, ou en foutre un à poil et le balancer dans une poubelle…
 -  Tu es vraiment incorrigible, toi… » fit Mélinda en souriant, caressant les joues de Clara avec son doigt.

Mélinda releva la tête, en regardant le nouveau. Comment s’appelait-il, déjà ? Helsen ? Bah, peu importe… Avec ses lunettes, il avait un l’air branché de l’étudiant plus que du lycéen, et elle ne tarda pas à lui parler.

« Hey, ‘‘Mr. Cool’’ ! Tu sais que c’est impoli d’écouter les conversations sans se présenter ? En tant que plus belle fille de ce lycée, se présenta-t-elle en toute modestie, je pourrais me vexer, et t’inscrire à la prochaine session du ‘‘Tour’’ plus rapidement ! »

Le « Tour » était une invention de Mélinda. Elle ne vivait pas dans les dortoirs du lycée, et ne savait donc pas s’il y avait du bizutage ici, mais, si Hemingway, ou quel que soit son nom, était vraiment nouveau, alors il ne devait pas le savoir non plus… Mélinda allait donc pouvoir s’amuser, et faire ainsi plaisir à Clara, car, dans le fond, elle aimait bien faire plaisir à ses esclaves… Surtout quand c’était au détriment des autres.

Le regard de cette... fille le glaçait, à peine l'avait-elle vue qu'elle fronçait les sourcils. Il la trouvait desagréable, et en même temps elle obnubilait ses pensées, il ne pensait même pas à l'autre fille, à l'air soumise, qui lui parlait. Hyenda essaya tant qu'il put de se montrer distant face à ce regard rabaissant. Il l'avait même cru entendre l'appeller "type", qu'est-ce qu'elle pouvait être méprisante!

C'est alors qu'elle s'adressa à lui :

« Hey, ‘‘Mr. Cool’’ ! Tu sais que c’est impoli d’écouter les conversations sans se présenter ? En tant que plus belle fille de ce lycée, je pourrais me vexer, et t’inscrire à la prochaine session du ‘‘Tour’’ plus rapidement ! »

Effectivement cette fille imbue d'elle même pouvait lui en causer des problèmes.

Hyenda décida de ne pas montrer qu'elle le destabilisait, c'était certainement ce qu'elle recherchait, se satisfaire de sa propre domination face aux êtres qu'elle devait considérer comme "inférieur".

"Tu sais que c'est impoli de parler si haut? Il est impossible de ne pas vous entendre tu sais... Sinon, qu'est-ce que c'est que le "tour"? Je suis nouveau, et je n'en ai pas entendu parler..."

Pour un petit nouveau, il était assez prétentieux… Elle fronça à nouveau les sourcils quand il répliqua. Clara, de son côté, regardait tour à tour l’élève et Mélinda. La vampire ne répondit pas pendant plusieurs secondes, méditant sur ce qu’elle voulait dire. De quel droit un misérable vermisseau osait-il lui répondre ? Pour elle, cet élève était l’archétype même de l’humain classique. Elle, elle était une vampire, une femme naturellement supérieure, et elle ne comptait pas laisser un bouseux de campagne la prendre de haut, même s’il avait un air franchement craquant… Hitomi avait été sa seule exception dans ce lycée jusqu’à maintenant.

« J’ai une voix qui porte naturellement fort, lança-t-elle. C’est à ça qu’on reconnaît les dirigeants. Quant au « Tour »… Il change à chaque fois. Si ma mémoire est exacte, la dernière fois, le candidat devait ramasser des crottes de chiens dans la rue en portant une couche-culotte. C’est la petite tradition de Seikusu… »

Elle le faisait marcher, naturellement. Clara, de son côté, regardant désormais l’élève, son visage étant caressé par la main de la belle Mélinda. La vampire continua à fixer le jeune homme, et enchaîna rapidement :

« Comme tu es nouveau, je vais mettre ton insolence sur le compte de cette ignorance propre aux jeunes arrivants. Mais je vais être claire : si tu ne veux pas qu’on te réveille au milieu de la nuit pour te balancer à poil dans la décharge publique, parle-moi avec le respect naturel dont j’ai droit. »

La vampire se tut, et fixa Clara en souriant. A dire vrai, elle attendait des excuses, mais elle doutait d’en avoir. Ses différents acolytes, de leurs côtés, regardaient la scène, coupant leurs musiques, des sourires en coin éclairant leurs visages. Ils connaissaient bien Mélinda, et savaient que, parti comme il était parti, le jeune élève risquait fort de devenir un objet de distraction sous peu. Il fallait bien avouer qu’Hyenda n’avait pas de chance. Commencer sa première journée avec Mélinda, ce n’était clairement pas tomber sur la meilleure camarade possible !

Hyenda était fatigué, il voulait profiter du soleil, et cette jeune fille l'importunait, pourtant, elle est très séduisante, Hyenda jeta un bref coup d'oeil aux seins de Mélinda, ils ont l'air ferme et beaux !

Mais son caractère l'agaçait et, même s'il n'était pas certain de l'existence de cette "tour", elle en parlait avec tant de convictions qu'il avait du mal à ne pas y croire.

« J’ai une voix qui porte naturellement fort, lança-t-elle. C’est à ça qu’on reconnaît les dirigeants. Quant au « Tour »… Il change à chaque fois. Si ma mémoire est exacte, la dernière fois, le candidat devait ramasser des crottes de chiens dans la rue en portant une couche-culotte. C’est la petite tradition de Seikusu… Comme tu es nouveau, je vais mettre ton insolence sur le compte de cette ignorance propre aux jeunes arrivants. Mais je vais être claire : si tu ne veux pas qu’on te réveille au milieu de la nuit pour te balancer à poil dans la décharge publique, parle-moi avec le respect naturel dont j’ai droit. »

Hyenda rit face à tant d'orgueil de la part de cette fille...

"Un dirigeant serait quelqu'un qui a une voix qui porte naturellement? Hyenda rit, oses me dire que tu y croies! Je me sens un peu à mon desaventage, tu ne veux pas plutôt venir faire un tour, sans tes acolytes, que tu me racontes quelle est cette histoire de tradition?"

Mélinda était loin d’être une « petite conne arrogante », comme certaines lycéennes l’affublaient. Elle se considérait comme une créature, non pas arrogante, mais tout simplement fière et réaliste. Que ce soit par sa nature, par son apport à la société, son intellect, ou même ses expériences sexuelles, elle était supérieure à tout ce lycée. Rares étaient les humains qui avaient à ses yeux suffisamment d’importance pour qu’elle daigne leur accorder un peu d’importance, comme Hitomi, mais ce garçon-là, avec se lunettes bleues et son début de barbe, se rangeait plutôt du côté de ceux dont elle prendrait un malin plaisir à les embêter. Si c’était son premier jour, elle se devait de fêter ça.

Naturellement, elle l’avait vu reluquer sa poitrine. Comment aurait-elle pu ne pas le voir ? En tant que femme d’affaires, qu’esclavagiste confirmée, qui s’amusait, tant à récolter des esclaves qu’à les dresser, elle savait interpréter les regards. Le regard était le meilleur moyen de savoir ce qu’une personne pensait. Sourcils froncés, yeux écarquillés, paupières qui clignotaient rapidement, etc… Des gestes légers, rapides, furtifs, mais fondamentaux. Le lycéen avait regardé brièvement sa poitrine, indiquant au moins ses orientations sexuelles… Quoique… Dans son orgueil, Mélinda était convaincue que même un homosexuel jouirait avec elle. Il fallait quand même avouer qu’elle présentait un charme de petit ange certain, le genre de femme qu’on rêvait d’avoir avec soi, sans pour autant se dire que cette beauté innocente devait bien dissimuler quelque chose.

Le lycéen lui proposa de lui servir de guide, et cela amusa les hommes et les femmes autour de Mélinda, qui se contenta d’un léger sourire amusé.

« Tu nous prends pour un office du tourisme ? » lâcha quelqu’un.

Mélinda s’humecta légèrement les lèvres, et finit par répondre, poussant Clara.

« Clara ? Je t’autorise à aller t’amuser dehors… Je vais… Je vais aller montrer à ce jeune homme quelles sont les traditions à respecter. »

Clara fronça les sourcils, et Mélinda la regarda. Elle savait ce qu’il fallait dire pour amener Clara à faire ce qu’elle voulait.

« Dans moins de vingt minutes, Shii sortira de sa classe.
 -  Oh ? Hum… Je sais ce que je vais faire, alors ! Je vais lui dire ce que je compte faire, rien que pour la voir essayer de m’en empêcher… »

Un sourire en coin éclaira les lèvres de Mélinda. Shii était une autre de ses esclaves, l’opposé total de Clara. Clara avait toujours aimé la faire souffrir, et c’était encore plus vrai maintenant que les deux femmes vivaient ensemble. Clara n’en ratait pas une pour embêter Shii, que ce soit avec des remarques salaces, des claques dans les fesses, ou en la rejoignant dans son lit. Mélinda s’extirpa de son groupe, marchant tranquillement vers le lycéen.

« Alors, que veux-tu savoir ? Et où est-ce que tu veux te promener ? »

Un tel engouement désintéressé et bienveillant de la part de Mélinda dissimulait toujours quelque chose.

Cette jeune fille, bien qu'arrogante, était impressionante... et surtout intéressante! Hyenda avait un important faible pour ceux qui se montraient différents des autres, plus originaux, et cette fille l'intéressait, il avait envie... d'une certaine manière d'être proche d'elle, il sentait qu'elle pouvait lui apporter beaucoup et qu'il n'en trouverait jamais deux comme elle.

C'est pourquoi il tenta le tout pour le tout et lui demanda si elle pouvait l'accompagner.

« Alors, que veux-tu savoir ? Et où est-ce que tu veux te promener ? »

Elle acceptait, il avait envie de pouvoir passer du temps avec elle, elle lui changerait les idées de ceux qui ne pensent qu'à se mêler dans la foule. Elle dégageait un charme peu commun et qui le séduisait d'une certaine manière. Son corps l'attirait alors que sa personnalité l'intimidait et le mettait sous le charme également.

"Et bien, je ne connais pas encore l'endroit, ce serait plutôt à toi de me désigner un endroit où aller, lui dit-il dans un sourire"

Mélinda s’approcha de l’homme, oubliant ses esclaves. Elle ignorait encore exactement ce qu’elle allait bien pouvoir faire avec lui, mais elle se faisait confiance ; les idées ne tarderaient pas à affluer. L’homme ne répondit pas vraiment à sa question, se contentant de lui préciser que c’était à elle de lui désigner un endroit. Faisant la moue, elle ne tarda pas à répondre.

« Tu as déjà vu le meilleur endroit du lycée : la porte de sortie, indiqua-t-elle simplement. Pour le reste, Seikusu est un lycée. Il n’y a rien à en dire de plus, ou presque… Mais ça, tu le découvriras par toi-même. »

Inutile de lui parler de toutes les spécificités de ce lycée, le jeune homme les découvrirait tout seul, et bien assez rapidement. Mélinda comptait lui donner un petit aperçu, et avança lentement, réfléchissant.

« Je m’appelle Mélinda. Maintenant, si tu me disais ce que tu faisais ici ? »

La vampire devait en savoir plus sur lui, réfléchissant à ce qu’il convenait de faire. Ses pas la rapprochaient des bâtiments où les cours avaient lieu, et elle commençait à sentir les idées affluer. Elle allait s’amuser avec lui, tout simplement.