Poison Ivy renifla ses pétales, tandis qu’Isamu sembla se détendre. Il lui parla, arguant qu’il comptait partir. Qu’il fasse donc ! Il était d’un ennuyeux ! Poison Ivy préférait renifler ses fleurs, sentir les odeurs de la nature, tandis qu’Isamu revint sur le sujet qui lui tenait à cœur : faire d’elle un cancer qui provoquerait le chaos et la ruine. Là encore, Poison Ivy le laissa parler, sans répondre, et finit par se retourner quand elle l’entendit ouvrir la porte.
« Si vous avez envie de me parler, je serais encore un court instant à l'auberge, pour récupérer mes dernières affaires. »
Là encore, Ivy ne dit rien, se contentant de le regarder. La porte finit par se refermer, et la jeune femme se retourna, continuant à inspecter ses plantes, puis s’approcha d’une partie du mur, qui s’écarta rapidement. Le lierre, les tentacules, bougèrent, permettant à Poison Ivy de passer par un couloir qui l’amena dehors. Le soleil éclairait la ville par intermittence, à travers d’immense set d’énormes branches. Un énorme feuillage qui se dressait dans le ciel. Poison Ivy descendit le perron de son palais. La place publique était prête, avec un cocon au centre, comprenant une mousse tendre et délicate, au milieu des incubateurs, qui étaient vides.
« Bonjour, Mère ! lança un homme. Avez-vous trouvé des candidats pour… ?
- J’avais trouvé un homme, fit Ivy en lui caressant les cheveux, mais je crois qu’il va se désister… Et oui, mon mignon, certains hommes n’aiment pas se faire plaisir… Mais ne vous inquiétez pas, la cérémonie aura bien lieu… »
Tout en marchant, dans une végétation aussi luxuriante, Poison Ivy avait retrouvé sa peau verdâtre. Elle avança, jusqu’à ce que quelqu’un s’approche d’elle rapidement, essoufflé.
« Mère ! Mère ! Mère ! »
Poison Ivy le regarda. Quint, l’un des chasseurs du village, qui avait pour habitude de s’éloigner de Greenheaven afin de trouver des daims et des biches. L’un des meilleurs chasseurs du village, qui utilisait ses nouvelles propriétés pour se fondre encore plus efficacement dans la nature. Il avait doublé ses scores de chasse depuis qu’il avait rencontré Ivy, parvenant bien plus facilement à entendre les bruits de la forêt, et à se mélanger à l’intérieur, afin de ne plus apparaître comme une menace.
« Que veux-tu ? »
D’une voix essoufflée, Quint lui parla des immenses armées dehors, à la lisière de la forêt, qui marchaient vers Greenheaven. L’armée avait la bannière de l’Ordre, mais il avait reconnu des bataillons de Nexus et d’Ashnard. Visiblement, les deux empires avaient répondu, envoyant des contingents, qui avaient formé une armée commune, sous la bannière de l’Ordre. Quint avait repéré des armes de siège, des balistes incendiaires, des hommes en armure, des mages… Ivy l’embrassa pour l’aider à se détendre, lui assurant qu’elle avait les choses en main. Cette histoire, toutefois, l’ennuyait, dans la mesure où elle devrait peut-être remettre à jour ses projets, vis-à-vis de cette cérémonie publique.
La foule ne tarda pas à arriver, se concentrant autour de la place publique. Toute la foule finit par arriver, et Ivy resta au centre, observant l’assistance en souriant. Il y avait derrière elle sa plante en forme de lit nuptial végétal concentrique. Elle observa son peuple, sentant la protection de la forêt. Il lui suffisait de fermer les yeux pour voir la forêt brûler, les arbres se disloquer, les hurlements du peuple, les hommes en armure en acier enfonçant leurs épées dans les cadavres… Essayant de se concentrer, Ivy rouvrit les yeux, revenant au moment présent, et ne tarda pas à parler. Ce petit incident devrait être évoqué, naturellement, mais pas tout de suite. Pour l’heure, Poison Ivy avait de plus amples prérogatives.
« Habitants de Greenheaven, je suis heureuse de vous voir tous ici ! Quand je suis arrivée il y a quelques semaines, Greenthornway était un village sinistre, lugubre, désolé, où vous n’étiez pas heureux, où vous crouliez sous les impôts et sous le joug d’un seigneur incompétent. Depuis que j’ai repris ce village en main, il y fait bon vivre, et vous êtes plus heureux, plus libres, plus joyeux, et plus productifs. Mais ce n’est pas suffisant ! Je me dois aussi de veiller à votre éducation, et notamment celle des plus jeunes, ce qui explique notamment pourquoi j’ai tenu à ce que vos enfants soient là. »
Parmi la foule, on trouvait effectivement de jeunes filles et de jeunes garçons.
« L’éducation que vous avez reçu est une éducation mauvaise, vicieuse, et il est de mon devoir d’éviter que cde schéma ne se reproduise avec les plus jeunes d’entre vous. L’éducation que vous avez reçu pose comme fondement que le sexe est une chose mauvaise, une chose dont nos plus jeunes devraient être protégés. Là d’où je viens, on appelle ça le puritanisme, et c’est une doctrine mauvaise, inutile, et hypocrite. Hypocrite, car on considère que montrer aux jeunes les plus belles choses que la vie offre est néfaste, plus néfaste que de leur montrer la mort, la violence… Là d’où je viens, le monde est un monde de violence perpétuelle, parce que les hommes sont plus habitués à vivre dans la violence que dans l’amour, et dans tout ce que l’amour implique. Je ne prétends pas changer cet état des choses, mais, pour vous en tout cas, je le ferais. Voilà donc pourquoi, à partir de maintenant, chaque Vendredi, deux individus volontaires feront l’amour en public.
- C’est immoral ! » tonna une voix.
Tournant la tête, Poison Ivy remarqua l’aubergiste, qui venait de parler, et s’avança vers elle. Il désigna d’un doigt l’un des enfants.
« Vous n’avez pas le droit de faire ça ! Ils ne sont pas à l’âge nécessaire pour comprendre ! »
Ivy se permit de lui rire au nez.
« Là d’où je viens, et sur ce monde aussi, un enfant de cinq ans peut voir un meurtre de manière très fidèle. Ne croyez-vous pas que quelqu’un qui voit la mort de ses yeux est en âge de voir l’amour ?
- Vous n’êtes qu’une sale pédophile, et je… ! »
Un tentacule jaillit brusquement, fouettant l’aubergiste au visage, le renversant sur le sol.
« Ne revenez jamais m’insulter ainsi ! vociféra Poison Ivy. Je me contente de les éduquer sexuellement, de leur montrer ce qu’est l’amour, afin qu’ils ne voient plus cela comme une chose taboue, une chose dont il faudrait se cacher, mais comme la chose la plus naturelle au monde ! Ils n’ont pas l’âge requis pour ressentir de tels désirs, c’est un fait, mais ce n’est pas une raison pour qu’ils ne voient pas par eux-mêmes ce qui les attend. Pour tout vous dire, je rêve d’une société utopique qui serait la reproduction exacte de la Nature, une société où la notion de « famille », avec tout ce qu’elle entraîne de négative, serait supprimée au profit de la communauté, de la société. Comme dans une ruche… »
L’aubergiste entreprit de se relever. Ses yeux fusillaient Ivy du regard, mais elle n’en tint pas compte, préférant reporter son attention. Elle désigna d’un doigt Lana, et, d’un autre, un homme, Jason. Les deux s’avancèrent. L’aubergiste choisit de partir, se massant la joue.
« Ceux qui sont choqués ont le droit de partir. Je ne force personne. Après cette séance, je devrais toutefois m’entretenir avec vous tous. Pour l’heure, il est temps d’honorer les attributs dont la Nature nous a doté ! »
Lana et Jason se déshabillèrent rapidement, sous les regards étonnés des plus petits. Ivy ne se sentait nullement gênée de leur offrir un tel spectacle. Pourquoi l’aurait-elle été ? Elle ne faisait que les éduquer, loin de la schizophrénie de la société, de cette société qui vous disait quand vous aviez dix ans que le sexe était mal, avant de vous dire à vingt ans que ne pas pratiquer le sexe était mal. Lana et Jason s‘assirent sur le cocon, et commencèrent à s’embrasser. Qu’ils étaient beaux… Deux beaux corps jeunes et superbes… Ivy les regarda silencieusement, avant de s’approcher des spectateurs, commençant à faire une tournée de baisers, en embrassant chacun, caressant avec ses mains les cheveux des plus jeunes. On alla parfois lui peloter les fesses, et elle prolongea plusieurs baisers, serrant contre elle les hommes ou les femmes qu’elle embrassait.
« Vous êtes un bénédiction, Mère… lâcha une femme.
- Je sais… » lui répondit-elle en lui offrant un autre baiser.
Elle se déplaça ensuite vers un homme, et l’embrassa tendrement, avant de se retourner, se glissant dans ses bras, souriant en voyant Lana empalée sur Jason. Elle ne s’était pas trompée en choisissant Lana. Yeux mi-clos, elle hurlait son bonheur, et semblait particulièrement heureuse. Le soleil effleurait son corps très clair, luisant dessus, lui donnant presque l’allure d’une sainte.
« La Madame, elle souffre ? » demanda une jeune fille à côté d’Ivy, qui avait l’air inquiète.
Poison Ivy sourit, et prit la jeune fille entre ses mains, la soulevant, la tenant dans ses bras.
« Oui et non… Disons qu’elle souffre de bonheur…
- Comment ça ? s’étonna-t-elle. Elle est bruyante… »
Ivy se contenta de sourire, délivrant un baiser sur la joue de la jeune fille, puis la reposa. Ses phéromones influaient dans l’air, et elle se demandait si la scène n’allait pas virer en une espèce de grosse orgie. Ce ne serait pas pour la déranger, mais il fallait aussi qu’elle leur parle…