Depuis qu'elle était au service de son nouveau Maître, le Maître Migaran, Kyoko devait bien se l'avouer, la vie n'était plus douceur et rire. Pourtant, elle l'aimait ce Maître et elle faisait tout son possible pour le satisfaire. Elle n'était pas esclave par choix, mais par éducation. Jamais personne n'avait sous entendu devant elle qu'un terranide puisse avoir une autre voie que celle là. Elle était vouée à devenir son esclave servile et obéissante. Elle se contentait de cette vie, n'ayant aucune volonté de changer les choses, cela lui semblait trop loin, impossible à faire.
En ce jour, ils étaient parti en cortège. L'esclavagiste ramenait sa nouvelle acquisition, trouvé au hasard d'un voyage. Lui dans une calèche et elle dans une cage accroché à celle ci. Kyoko mesurait combien le temps s'était rafraîchi, l'hiver s'installait. Elle avait l'impression que le froid s'insinuait dans ses veines et qu'il lui glaçait les os. Elle se sentait infiniment fragile, fêlée. Elle avait froid, affreusement froid et jamais elle ne s'était sentie si seule et si perdue. Elle fermait les yeux, cherchant le calme au fond d'elle. Lorsqu'elle rouvrit ses mires, elle constata que le soleil commençait à décliner. Peu de temps après, le cortège s'arrêta. Elle fut enfin autorisé à sortir. Ses muscles étaient douloureux de n'avoir pu bouger pendant des heures. Pendant que les gardes s'affairaient à monter un campement, Kyoko s'occupait de son Maître qui lui avait réclamé un massage dans la calèche.
Une fois le camp installé, le Maître fut convié à rejoindre sa tente. Kyoko vit alors une sorte de petit chapiteau à la couleur rouge ostentatoire. La tente était grande et contenait un lit fait de coussins avec la place suffisante pour plusieurs personnes. Il y avait au centre un feu qui brûlait tranquillement, rendant l'atmosphère de la pièce de fortune chaude et accueillante. Très vite, la terranide s'affaira à concocter un plat digne de son Maître, du moins avec les moyens du bord. L'esclavagiste savoura les mets et donna les restes à sa nouvelle esclave. Elle devait s'en contenter si elle ne voulait pas mourir de faim.
Quand il eut terminée de se nourrir, l'homme, repu, se leva et toisa du haut de sa lourde stature la jeune terranide. Elle savait ce qu'il lui restait à accomplir, déshabiller son Maître, avec autant de douceur qu'elle savait le faire. Elle plia les vêtements qu'elle rangea sur le coté alors que le Maître s'allongeait sur le moelleux de sa couche. Elle voulu se coucher au sol, à ses pieds, mais il grogna sa négation.
- Vas dormir dehors, je ne veux pas être dérangé.
- Mais Maître il...
- Si le froid te gêne, tu peux toujours demander l'asile aux gardes...
Elle eut un hoquet en l'entendant, elle savait pertinemment ce qui allait se passer si elle rejoignait ces brutes. Elle avait le choix, la morsure du froid ou la brûlure d'un corps à corps. Elle préféra le froid. Elle était toujours vierge et n'avait pas envie, puisqu'elle avait le choix, de ternir cette virginité par des assauts brutaux. Elle salua son Maître et sorti de la tente. Elle referma les rideaux et s'éloigna un peu du camp, évitant de croiser le moindre garde qui n'aurait de cesse de lui rappeler sa condition. Elle s'en fut s'écartant inexorablement du campement.
Elle ne pourrait pas dormir dans une telle fraîcheur alors elle devait marcher pour réchauffer ses membres. Une promenade nocturne en somme. Elle traversa les bois entourant le camp, sur une petite dizaine de mètres. Elle se retrouva dans une autre clairière, plus grande et plus brumeuse. Elle ne distinguait pas, malgré ses yeux de tigre, à moins de deux mètres devant elle. Et pourtant, elle avançait, sans crainte, comme attirée par quelque chose. Une odeur. Une odeur particulière et troublante. Un sentiment étrange la parcourait. Un bien être. Quelque chose de puissant et enivrant. Elle en oubliait son Maître. Elle oubliait les gardes. Plus rien d'autre ne comptait que la découverte de la provenance d'un tel arome qui envahissait son corps et son coeur. Au risque de tomber sur quelque chose de dangereux...