- En effet, belle Anéa, tu as la chance d'être face à Shikyotsume ... ou à son corps mortel, du moins. J'ose espérer que tu comprends maintenant pourquoi je ne suis pas intervenu avant ton arrivée. Les dieux sont soumis à certaines règles et Zeus doit déjà avoir envie de m'arracher les griffes pour m'être si souvent mêlé des affaires mortelles, entre autres choses.
- Attendez un petit peu ! Vous avez bien dit Zeus ?
Anéa en tomba littéralement sur les fesses. Tous ses principes tombaient à l’eau. L’existence d’un dieu unique, pfiou ! Parti en fumée ! Elle avait ses yeux remplis de surprise. Elle se secoua la tête, les idées en place. Déjà lui, Shikyotsume, dieu des félins. Déjà ça à assimiler. En plus, y’avait Zeus ? Mais c’est de la mythologie ça, des mythes ! Disparus depuis des lustres ! C’est impossible…Les mains sur ses genoux, le regard dans la sol de la salle, elle inspira un grand coup avant de reprendre la parole, comme fébrile…
- Vous…Vous êtes en train de me dire…que le panthéon grec…existe ?
Si elle était encore debout, elle serait une nouvelle fois tombée au sol, le cul sur le marbre de la salle. Alors qu’elle était perdue dans ses pensées à s’en donner mal au crâne, le Protecteur Félin caressait une de ses panthères qui était venue réclamer de l’attention auprès de son dieu.
- Je te rassure sur un point, même si le fait que je ne sois pas intervenu puisse sembler lâche, sache que je protège les âmes de ces braves guerriers, ils ont donné leur vie pour protéger ce qui leur était cher et il est tout à fait approprié que je leur offre une après-vie digne d'eux. Il existe, vois-tu, un plan qui n'existe que dans mon esprit, les âmes de mes défunts fidèles y vont directement. Là, ils vivent comme ils le désirent et la projection de mon essence divine veille sur eux. Ils y sont heureux et un jour, chacun d'entre eux pourra revoir les personnes qui leur sont chères. Je suppose que c'est un peu comme cela que fonctionne ton dieu à toi, hm ?
Les paroles de Shikyotsume ramenèrent brutalement Anéa à la réalité. Elle posa sa main gauche sur son front pour voir si elle n’était pas fiévreuse, un mal de tête la prenant fortement.
- C’est une sorte de…paradis pour vos fidèles en fait. Oui, Dieu a créé le Paradis pour ceux qui le méritent. Mais cela est assez hiérarchisé cependant. Enfin, ça a l’air bien plus compliqué que pour vous…
Elle ne voulait pas s’attarder sur le Paradis et des anges dont elle ne fait plus partie. Expliquer aussi la naissance de l’Enfer serait bien trop longue et difficile à décrire au dieu félin. La jeune femme finit, malgré tout cela qui la perturbait pas mal, à se relever doucement pour se tenir correctement devant cette divinité autre que Dieu. Autre divinité ? Attendez un peu. Mais qu’est-ce qui le prouvait après tout ? Il pouvait très bien se prendre pour ce Shikyotsume sans l’être. Bon, y’avait tous les petits et grands félins dans la salle, et puis justement en parlant de la salle, elle paraissait telle un temple en réalité. Mais Anéa avait quand même des doutes.
- Et qu’est-ce qui me prouve que vous êtes bien une divinité, hein ?
Ce Kuroda, ou Shikyotsume, peu importe, se leva tranquillement et se dirigea vers l’ange, lui caressant même sa joue de son doigt griffu. Anéa fronça légèrement des sourcils, ne se sentant pas trop en confiance. Toujours cette méfiance de l’autre hein…
- Maintenant, si tu doutes toujours du Panthéon, je peux toujours te montrer quelque chose de plus concret, une petite bénédiction de Shikyotsume. Même si cela ne dissipe pas tes doutes, cela reste une récompense tout à fait convenable. Qu'en penses-tu, belle Anéa ?
- Ce que j’en pense ?
Son regard se fit davantage froid, ses yeux devenant d’un bleu glacial. D’un geste, elle agrippa le poignet de Kuroda, cessant brusquement la caresse dont il faisait preuve sur la joue d’Anéa. L’ange, des fois, n’était pas très aimable, surtout dans ce genre de situation. Quoi comprendre ? Quoi savoir ? Comment reconnaître le vrai du faux ? Anéa était d’un caractère assez naïf mais avec toutes les rencontres qu’elle avait pu faire, surtout celle avec Samaël, elle restait perpétuellement sur ses gardes.
- Je n’ai que faire de votre soi-disant bénédiction. Il y a bien longtemps que je n’ai plus besoin de ce genre de choses. Ce que je pense alors ? Que je devrais vous laisser avec vos petits êtres poilus. J’ai, justement, d’autres chats à fouetter…
Elle souhaitait sortir, ne pas croire tout ce qu’il lui avait dit. Mais il n’était jamais bon de tourner le dos à quelqu’un, surtout quand on ne savait si l’on avait affaire à un ami et à un ennemi.