Un martélement. Quand Jessika avoua n'être autre que Kyô, ce fut un violent martelement, qui sacagea littéralement la cage thoracique de la déesse. Elle resta béhate, l'écoutant sans comprendre, sinon avec un temps de retard monumental. Cette fille, à ses pieds, pleurant à chaudes larmes, était Kyô. Dans l'instant, l'idée qu'elle s'était faite de lui, en pensant qu'il était un enculé moyen, se modifia aussitôt. Kyô était, en réalité, un putain d'enfoiré. ( Si tous ces termes vous choquent, remplacez par "Bip" ). Immobile, interdite, elle encaissa ses paroles, sentant une sorte de haine profonde envahir son organisme, et une tristesse poisseuse noyer son cerveau. Et, alors, qu'elle allait parler ...
Un martélement. A nouveau. Quand Hadés entra, et dévoila le jeu, l'enjeu, les régles de cette partie, qu'ils venaient de jouer à ses dépens, elle cru être dans un mauvais rêve. Elle ne bougea cependant toujours pas, stoïque, regardant la scéne se passer comme si elle n'était qu'une spectatrice. Sa seule réaction, après, un long silence, fut de serrer les poings, les yeux rivés au sol, comme une adolescente humiliée par ses camarades de classe. La comparaison, d'ailleurs, était presque bonne ...
Puis elle osa parler :
- Hades, rends-lui son apparence.
Un ordre froid, implacable, sur un ton autoritaire que même Zeus n'oserait contredire.
- Tu t'es assez foutu de moi aujourd'hui, alors fais-moi juste ce petit plaisir.
Elle s'alluma une nouvelle cigarette, avec une lenteur infinie, et regarda Hades, puis Kyô, son regard oscillants entre ces deux personnes.
- ... Salauds. J'ai beau être parfois mesquine, je ne me joue jamais des autres, grâce à des coups aussi bas ... Décidement, il n'y en a pas un pour sauver l'autre.
Elle aurait pu ajouter " Bandes de cons ", mais ne leur fit pas cet honneur, préférant tourner les talons et s'éclipser dans ses appartements, non loin d'ici, pour choir sur une méridienne, les yeux grands ouverts, son visage ne reflétant rien. Inerte, elle planta sa cigarette entre ses lèvres, et essuya une larme qui peinait à naitre sur sa peau diaphane. Je les hais. Elle n'était pas ravagée, mais se sentait profondément humiliée par cet affront.
Parce que Kyô venait de voir une Héra presque humaine, confiante, capable de ressentir ne serait-ce qu'un soupçon de sympathie envers une personne ... Elle qui était si froide, si distante, habituellement ... Ah, elle détestait cela. Quand ils étaient enfants, Hades jouait souvent à la mettre en rogne, mais là ... Il dépasse les bornes. En faisant cela, ils s'étaient mis Héra à dos, à coups sûr. Et ça, c'était peut-être la pire chose qui pouvait arriver à une personne. La colère d'Héra, oui, était terriblement redoutée.
- Et on se demande pourquoi j'ai quitté Olympe ... soupira t'elle, inspirant une nouvelle bouffée de tabac, s'incendiant les bronches avec délectation.