Bonjour à tous. La tradition de mon pays, lointain et aujourd'hui disparu, est de placer le nom de la ville en premier, puis le prénom de la mère de l'individu, et enfin le nom de l'individu. Moi, je m'appelle Zynoe Khara Florah. Autrement dit, je m'appelle Florah. Ma mère est Rodon Valena Khara. Je suis née à Zynoe. C'était un petit village qui n'existe plus aujourd'hui, tout comme mon pays. Ma culture. Mes proches. Mon peuple. J'étais une Princesse. La quatrième dans la ligne de succession, grâce à mon père. Mais aujourd'hui, ça n'a plus d'importance. Je suis l'une des deux Survivants de ce pays. Et ceci, à cause des Dieux.
Oui, vous m'avez comprise. C'est les dieux qui sont responsable de mon malheur. A l'origine, mon peuple était pacifique. Il était au service des Dieux, les honoraient, les fournissaient parfois en Grandes Prêtresses ou en Grands Prêtres. Un jour, l'une de mes sœurs a commit l'atroce "crime" de surprendre un dieu -Apollon- en train de violenter une servante du temple. Elle a aussitôt alerter la ville, mais le dieu en question a coupé toute communication en dehors des murs de l'enceinte. Il a rasé la ville ensuite. Je n'y étais pas. Mon frère non plus. Lorsque nous avons su ça, nous avons décider de prendre des mesures punitives. Nous avons refusé de continuer à servir ceux qui se défaisaient si facilement de leurs plus fidèles et fervents croyants pour éviter un jugement.
Les Dieux ont tentés de nous faire changer d'avis, et ils ont failli réussir. Le Roi d'autrefois fois avait plié le genou face à eux. Le peuple le suivait. Mais ma soeur était morte. J'ai refusé. Mon frère aussi. Il a même fait l'offense de lâcher trois chiens d'attaque sur les divinités. Évidemment, c'était un acte purement motivé par la rage et le désespoir. Ça n'a pas abouti. Les chiens se sont évanouis en fumée. Et à la place de mon frère, il y avait un gigantesque chien à trois tête. Je ne vous avais pas dit que mon frère s'appelait Cerbère ? Non ? Bah voilà. Il a été condamné à garder les enfers, à servir d'animal de compagnie à Hadès et Perséphone. Et moi ? Moi j'ai utilisé les poisons. Des poisons volatiles, qui se sont répandus dans l'air que respiraient les dieux. Ils ne sont pas sensibles aux poisons, mais celui-là leur fait momentanément perdre leurs pouvoirs tandis qu'il anesthésie les simples humains. J'avais inhalé le contre-poison, auparavant, aussi quand les dieux sont redevenus mortels, j'ai attaqué. Armée d'une dague, j'ai poignardé le premier dieu qui passait. Hélios. Mais je n'ai pas bien visé. Je l'ai seulement blessé. J'ai vite été maîtrisée par d'autres. Je n'ai jamais su leurs noms. Je ne les ai pas vu. Mais ils étaient puissants, même en être humain mortel. Sans doute un dieu ayant l'habitude de guerroyer, ou de manier des armes, outils, etc..
Toujours est-il que j'ai été arrêtée dans ma lancée. J'ai été enchaînée, un peu comme Prométhée. Prométhée, qui a créé les humains. Mon peuple a été le premier créé, d'où notre position "privilégiée" par rapport à eux. Prométhée est en quelques sortes mon grand-père. Mes parents étaient immortels. Mais vulnérables s'ils étaient blessés. Moi, je ne le suis qu'à demi. Mon frère également. Enfin, l'était. Durant notre châtiment, nous sommes immortels. Pour regretter chaque jour nos actes. Mon frère a fini par s'oublier, et à devenir comme la race canine. Le lien que nous avions, qui restait constamment présent dans notre esprit, s'est dégradé. Ce n'est plus des émotions humaines que j'ai reçue. Mais des émotions canines. Et chaque jour, alors que je subissais un supplice pareil à Prométhée (sauf que moi, c'est le coup de poignard donné à Hélios que je recevais, juste en-dessous du coeur), je recevais davantage encore de ces émotions.
Et puis enfin, alors que les siècles ont passé, le supplice à prit fin. Les hommes ne croyaient plus dans les dieux. Leurs pouvoirs étaient amoindris. J'ai été libérée. Mais pas mon frère. Il était trop profondément canin pour redevenir humain. Sa présence dans mon esprit était affaiblie. J'ai alors voyagé. Beaucoup. J'ai appris beaucoup également. J'ai découvert que j'avais un étrange pouvoir. Celui de faire sortir des personnages d'une image, ou d'une histoire. Les personnages ainsi en vie pouvaient rester sortis près d'une journée maximum. Et je ne pouvais pas rappeler le même personnage durant une lune après. J'ai survécut comme je le pouvais, passant une journée par moi avec mon frère sous sa forme canine. Car il n'y avait aucune mention de lui sous forme humaine, et ma mémoire occultait ce passage de mon esprit.
J'ai fini par atterrir au Japon. Les gens ne me posaient pas de question. Pour eux, je n'était qu'une femme de dix-neuf ans, attirée par les hommes types mauvais garçons, ou alors très dominateurs. C'est vrai que je n'ai pas l'air dangereuse. Juste étrange. Ma chevelure neige, mon regard argenté opaque (qui n'est pas aveugle cependant)... Je ne suis pas très grande non plus, mais mon corps est proportionné. J'ai une poitrine qui pourrais paraître menue sur d'autres femmes plus grande, mais sur quelqu'un d'un mètre cinquante-trois, elle est tout à fait généreuse. Ma taille est fine également, et ma longue chevelure tombe plus bas que le creux de mes reins. Je suis donc certes petite -quoique plus grande que certaines femmes nippones- mais menue de silhouette et mes attraits ressortent mieux ainsi. Je porte également la cicatrice -presque invisible sur mon teint diaphane- du dernier coup de poignard porté avant l'arrêt de la malédiction. Il n'a pas pu être soigné car la magie divine était trop faible.
Bon après, c'est sûr, j'ai mon caractère. Je ne suis pas facile à vivre parfois. Je m'emporte souvent, je m'embrase rapidement... Je ne lâche pas prise facilement... Je suis du genre obstinée. Par exemple, je suis toujours furieuse contre les déités du panthéon grec. J'ai d'ailleurs appris récemment que certaines refaisaient surface, dans un monde découvert au hasard de mes pérégrinations dans les rues de Seikusu. Je suis de nature volontaire et enjouée, mais quand j'ai appris cela, je me suis renfermée. Je suis plus taciturne. Plus grognon. Je me vexe parfois pour un rien à présent, et perds vite patience lorsque quelque chose ne se passe pas comme prévu. Oui, la nouvelle du retour des divinités ravive ma rancœur. Malheureusement, je n'ai aucuns moyens de le leur faire payer, ce qu'ils ont fait. Pas les tuer (ils existent pour l'ordre des choses), mais leur faire ressentir peine, douleur, honte. Ce n'est plus qu'un rêve, un fantasme. Un fantasme du genre différent de ceux que je nourris d'ordinaire. Oui, je l'avoue, j'aime assez les situations où le sexe devient sauvage, brutal. J'aime sentir ma liberté se réduire un peu -de manière provisoire cependant !- et j'aime me faire un peu malmener. Certains me diraient maso, je ne contredis pas qu'une pointe de douleur corse le jeu de manière agréable.
En tous les cas, me voilà devant vous, et j'espère que les dieux grecs entendront ce message : Si je le peux, je vous ferais payer. Non. Quand je le pourrais. Je n'aime pas être défaitiste... Bref. Ne vous pointez pas devant moi la bouche en coeur, ça ne fonctionnera pas.